Turning back on each other

Pandore se réveilla en sueur. Un cauchemar. Des formes mouvantes dans son esprit et des paroles sombres qui martelaient son crâne. Un cri. Une odeur de sang qui brûle les narines. Il est mort. Il git devant elle et elle ne peut pas le voir. Fahrenheit aboie. Il est mort. Par sa faute. Elle ouvre ses paupières mais seul le noir lui répond. Elle ne pouvait donc jamais être tranquille, continuant incessamment ses cauchemars qui la ramenait aux moments douloureux de sa vie. Un dieu l'avait il maudite pour qu'il en soit ainsi ? Ils pouvaient tous avoir une raison de le faire. Quelle heure était il ? La jeune femme n'en avait aucune idée. Ce qui était sur c'était que la respiration calme et périodique des autres résistantes laissait croire qu'elle venait de se réveiller en pleine nuit. La brune resta allongée sur le dos, jouant nerveusement avec ses doigts, essayant de se calmer. Mais chaque fois que son sommeil reprenait, l'odeur revenait. Les cris revenaient. L'horreur reprenait son cours.

6:35. Le réveil sonne. Mais en réalité Pandore ne s'est pas rendormie. Elle se lève, se tient à son lit pour trouver l'équilibre alors que la tête lui tourne. Elle avait laissé Fahrenheit à ses parents pour le week end. Son chien ne pouvait pas toujours l'accompagner en mission et elle ne voulait pas qu'il s'ennuie en restant enfermé au QG. A contre coeur elle attrape la canne blanche qu'elle se souvient avoir posé sous son lit. Elle la laisse pliée pour le moment, n'ayant pas besoin de ça pour se déplacer dans le QG. Pandore, l'esprit toujours embrumé par la nuit interminable qu'elle venait de passer se hâta d'aller prendre une douche. L'eau chaude apaisa un peu son esprit tourmenté mais les cris faisaient écho dans son esprit et ne la laissaient pas. Aujourd'hui allait être un de ces jours difficiles où elle ne pouvait dire à personne que ses cauchemars la hantaient. Elle sortit en hâte, attrapa les vêtements de la pile de droite qui correspondaient à un pantalon noir et une chemise rayée fluide. La demi-déesse attrapa deux de ses poignards et les glissa au niveau de ses avants bras. Elle ne savait pas ce qu'elle avait comme mission mais deux précautions valaient toujours mieux qu'une. Des baskets blanches vinrent terminer d'orner sa tenue tandis qu'elle attrapait sa canne d'une main.

Descendant les escaliers elle prit un rapide petit déjeuner et demanda à quelqu'un de regarder pour elle le panneau des missions. Manifestement elle n'était plus au ménage ! Bonne nouvelle. Enfin quelque chose de positif, elle allait sortir de la cage. L'air frais allait la calmer et la délivrer de cette ambiance qui l'oppressait. Avant qu'elle n'ait pu demander avec qui elle était le jeune résistant qui l'avait informé était parti.

Pandore arriva dans le hall, se déplaçant en longeant les murs, pour éviter tout contact avec qui que ce soit. Elle aurait même aimé faire sa mission seule, mais cela s'averrait compliqué. La jeune fille espérait glisser silencieusement sur les murs quand quelqu'un l'interpella.

« Salut Pandy ! »

La voix de Matthew avait une teinte que Pandore ne connaissait pas. Un sourire s'afficha sur son visage. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas passé de temps seule à seule avec lui et ça ne pourrait que leur faire du bien à tous les deux. Leur relation quasi fusionnelle en avait pris un coup lorsqu'il s'étais mis en couple avec la meilleure amie de Pandore : Alesya. Depuis elle évitait du mieux qu'elle pouvait de les déranger et elle ne voulait pas avouer à Matthew que leur complicité lui manquait, il y aurait vu quelque chose là où il n'y avait rien à voir, enfin c'est ce qu'elle s'efforçait de se dire.

"On dirait bien que tu es avec moi pour cette mission !"

En fait elle était rassurée d'être avec lui. Le seul bémol était qu'elle ne pouvait pas avoir l'air mal aujourd'hui, il penserait que c'est à cause de lui, et ce ne l'était qu'en partie. La jeune femme devait donc jouer le rôle qu'elle avait tant l'habitude de jouer : la jeune fille heureuse. Il lui suffisait juste de repenser à son frère et sa joie de vivre repartait. Pandore tendit sa main vers Matthew pour se rendre compte d'où il se trouvait. Il prit sa main et la posa sur sa joue et une fois que l'ombre se matérialisa dans son esprit, elle s'approcha et posa un baiser sur sa joue. Elle faisait toujours ça pour dire bonjour à Matthew et c'était une des rares traditions qu'elle s'autorisait toujours. Elle avait abandonné l'idée de tout autre contact à cause de sa relation avec Alesya, sachant que sa meilleure amie le prendrait très mal et serait probablement jalouse. Pandore n'était pas du genre à se laisser marcher dessus pour quoi que ce soit mais elle faisait pour une fois dans sa vie, une concession pour son amie.

« - Alors quel est le programme ? »

Lui demanda t-elle en dépliant sa canne blanche. Cela la dérangeait moins de l'avoir en sa présence, puisqu'il ne la jugeait pas. Il fut un temps où elle se serait accrochée à son épaule, à son bras ou tout simplement à sa main mais elle ne voulait pas paraître déplacée, sachant au fond d'elle qu'elle regrettait l'absence de proximité qu'elle avait maintenant avec lui.

Turning back on each other

Ils sortirent du bâtiment. Pandore emplit ses poumons d'air et elle se sentit mieux.

« Rien de spécial, du repérage dans New York. »

Tout simplement. Pandore comprit pourquoi elle n'était pas toute seule pour cette mission. C'eût été stupide de penser qu'elle pouvait faire quelque chose par elle-même n'est ce pas ? La jeune fille se dit qu'il fallait qu'elle arrête de broyer du noir, de toute évidence elle ne pouvait pas faire du repérage par elle-même, c'était juste pragmatique. Elle se ressaisit et marcha aux côtés de Matthew sans vraiment parler, ne voulant pas être la première à entamer la discussion. Mais pourquoi ? Trois mois plus tôt elle serait déjà en train de faire le pitre. Quelques petites minutes passèrent avant que son ami ne lui arrache littéralement sa canne des mains. Pandore s'arrêta, un peu choquée par ce qui venait de lui arriver, mais surtout parce qu'au milieu de New York elle n'avait aucun repère. D'autant plus qu'en ces journées de week end il y avait beaucoup de monde dans lesrues et que son agoraphobie croissait à la vitesse de l'éclair. Elle entendait des bruits partout. Des claxons, des voix étrangères, des bruits de pas, des portes qui claquent, des allures pressées, des annonces publicitaire, le japement d'un chien à qui on a écrasé la queue. Elle ne connaissait rien de tout cela, rien à quoi se raccrocher. Sa tête lui tourna et elle fit un pas en arrière. Mais quelques secondes plus tard elle sentit le contact de Matthew qui prit sa main pour l'accrocher à son bras. Et ce fut tout. Le silence total. Toutes les voix, tous les bruits avaient disparu. Ce fut comme si Pandore avait repris contact avec la vie. Les voix disparurent et elle s'accrocha délicatement à son bras comme une ancre qui pouvait la guider. Elle n'était plus perdue dans un monde étranger qui lui voulait du mal. Elle était avec Matthew et tout allait bien.

"« C’est mieux non ? »

Les traits tirés de Pandore s'apaisèrent et elle lui sourit en reprenant leur marche. Et la question lui vint à l'esprit. Pourquoi Matthew lui avait il arraché sa canne ? Pensait il que ça la rendait pathétique ? Probablement. Ce petit nuage de pensée noire elle décida de le ranger au placard. Rien ne servait de se poser cette question, il pouvait tout simplement préferer ne pas marcher avec une canne qui balaye devant lui et c'était tout à fait compréhensible. Ou alors... Ou alors il voulait lui aussi que tout soit le plus normal possible.

« - Beaucoup mieux. »

Lui dit elle alors. Beaucoup mieux. Tout allait beaucoup mieux. Sa journée, ce moment et leur amitié. Ou en tout cas elle en avait l'impression.

Turning back on each other

Ils se déplacèrent pendant un bon quart d'heure dans New York au milieu des passants bruyants. Il n'en fut pas longtemps à Matthew pour que cette situation calme le dérange et qu'il veuille faire autre chose. Il lui proposa alors d'une voix ennuyée:

« Bon, visiblement y’a rien ici. On va boire quelque chose en attendant ? Un café ? »

La jeune fille haussa les épaules. Il est vrai qu'ils s'ennuyaient à mourir et qu'ils n'avaient clairement rien de mieux à faire alors autant prendre un café tous les deux. En même temps elle redoutait ce temps de parole et avait besoin de se tenir en mouvement constant pour garder son esprit occupé quand Matthew était dans les parages ces temps-ci. Elle acquiesça finalement et il la mena à la terrasse d'un café où elle prit un double chocolat chaud chantilly et lui un café. On voyait rien qu'à la commande la gourmandise de l'une et la retenue de l'autre.

« De toute manière, les missions repérages, ça ne sert à rien donc bon… »

Pandore esquissa un petit sourire. Il n'avait pas totalement tort. Là ils ne pouvaient pas réellement faire quoi que ce soit d'intéressant puis en général les monstres ne se baladaient pas dans la ville en pleine journée pour tuer des demi-dieux. Et au pire qu'ils en tuent des sangs-mêlés, ça lui en ferait toujours moins à descendre ensuite. La jeune fille but son chocolat chaud. Franchement, il passait plutôt bien et la réchauffait. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas pris le temps de se pauser à un café le temps d'une demi heure et elle en avait même oublié le délice.

« Alors, comment ça va toi ? Ça longtemps qu’on ne s’est pas retrouvé que tous les deux ! »

Pandore releva la tête vers Matthew. Elle était tellement occupée par sa boisson, probablement que son esprit voulait être dirigé vers quelque chose d'autre que lui, qu'elle en avait un instant oublié sa présence. Elle lui sourit. Comment lui expliquer gentiment qu'elle l'évitait ? Lui et son grand amour pour Alesya ? Par le mensonge bien sûr, comment autrement ?

« Ouais j'étais un peu prise ces temps-ci je suis pas mal sortie et peu restée au QG la nuit. Mais je suis contente de te voir un peu. »

Lui dit elle alors. Bien sûr elle aurait pu lui proposer de l'accompagner dans ses nombreuses soirées mais elle savait que cela n'aurait pas été pareil. Elle n'aurait pas pu se permettre de draguer ouvertement des garçons parce que Matthew, en bon meilleur ami, l'en aurait empêché. Mais là elle avait enfin pu faire ce qu'elle voulait et cela l'avait détendue.

Turning back on each other

Matthew répondit probablement à son sourire et Pandore termina sa boisson. Elle commanda rapidement à la serveuse un petit truc à manger, une part de flan pour tout vous avouer, parce qu'elle avait très faim. Elle reporta son attention sur Matthew tout en dégustant la patisserie. Elle avait posé l'assiette au milieu pour qu'il puisse en prendre s'il voulait. Pandore aimait bien manger mais elle était tout de même partageuse, enfin, avec certaines personnes.

« Ah oui ! J’ai entendu parler de te sorties avec Alice… »

Il y avait dans sa voix non pas cet enthousiasme voyant qu'elle s'amusait quand même, mais ce ton de reproche que prennent les parents quand ils réprimandent leurs enfants. Quoi ? Matthew était touché par les sorties nocturnes de son amie. Et pourquoi ? Il n'aimait pas Alice, ça elle le comprenait pas qu'ils ne s'entendaient pas tous les deux, mais pourquoi lui faire des reproches à elle... Ce n'est pas non plus comme si elle allait rester toute sa vie au QG sans sortir. Il fallait bien qu'elle voit des gens, enfin, façon de parler, mais qu'elle rencontre des garçons. Pandore avait 24 ans tout de même et si pour elle s'était déjà ce qu'elle considérait comme un âge avancé, elle aurait aimé, sans pour autant le dire à qui que ce soit, trouver un homme avec qui elle pourrait avoir une relation stable. Mais cela ne tombait pas en claquant des doigts (bon cela ne se trouvait probablement pas non plus à trois heures du mat en discothèque). Mais même. Le ton qu'avait pris Matthew, elle ne l'avait pas apprécié. Est ce qu'il la jugeait en ce moment même ? Oui il la jugeait. Lui qui s'était constitué son meilleur ami et qui, faisant cela, avait fait la promesse implicite de ne pas la juger. Voilà qu'il le faisait. Pandore eu un haut le coeur et repoussa son assiette loin d'elle. Il avait quoi bon dieu !

« On est sorties toutes les deux c'était sympa. Elle aussi s'ennuyait un peu au QG.»

Il est vrai que déjà Alice ne passait pas beaucoup de temps là-bas, ses nuits encore moins, exceptées celles avec Cyril. Matthew devait probablement penser que la stripteaseuse avait une mauvaise influence sur Pandore. Peut être n'avait il jamais remarqué que Pandore avait toujours été la méchante, la mauvaise personne, et qu'il ne s'en rendait compte que maintenant. Elle avait sorti sa phrase sur un ton calme comme à son habitude, mais elle avait oublié de sourire. C'est le problème quand on ne voit pas les expressions des autres, on en oublie parfois les siennes. La jeune femme replaça une mèche de cheveux qui tombait devant son visage, comme si elle avait pu la gêner de regarder Matthew dans les yeux. Quelle tête faisait il en ce moment là ? Les passants devaient bien se demander ce qu'il se passait entre les deux personnes. Le silence allait s'installer mais avant qu'il ne puisse s'imposer Pandore reprit la parole :

« Et toi avec Alesya ? Ca roule plutôt bien nan ? tu ne m'avais jamais dit que tu étais attiré par elle. Pourtant on se dit tout. Moi je t'aurais dit s'il y avait eu quelqu'un... »

Cette fois-ci, elle n'oublia pas le sourire, avait pris une voix enjouée et une posture décontractée comme deux amis qui se parlent. Ne pas le faire s'énerver, mais l'amener sur une piste sur laquelle il ne pourrait pas marcher sans glisser. Bon elle avait un peu remis en cause la question de tout se dire dans leur amitié mais bon manifestement il ne partageait pas ses secrets amoureux avec sa meilleure amie. C'était frustrant. Elle garda son visage tourné vers lui, attendant ce qu'il pourrait bien dire pour répondre à cet accusation détournée.

Turning back on each other

Comment allait il bien pouvoir se sortir de ce pétrin là ? Matthew ne devait pas être très habitué aux tours manipulateurs de Pandore et elle non plus n'aimait pas trop utiliser ce genre de choses sur lui mais pour une fois elle se sentait pas un désir irrépressible de le coincer. Elle voulait qu'il avoue. Mais qu'il avoue quoi ? Elle même ne se comprenait plus tellement.

« Et bah, oui tout se passe bien… Je sais que j’aurais du te le dire et je l’aurais fait, si j’avais pu ! Mais, la vérité c’est que le matin, en me levant, je n’avais aucune idée de que je serais avec elle, le soir. Je n’étais pas attiré par elle mais, elle est vraiment géniale alors, je me suis dit qu’avec le temps… J’allais finir par vraiment l’aimer. »

Quelque chose en Pandore s'éveilla. Il ne l'aimait pas. Pourquoi était elle heureuse ? Non non elle devait être triste pour elle, énervée contre lui qu'il lui mente. *Matthew comment peux tu faire du mal à Alesya ? Et pourquoi est ce que ça me fait autant de bien ?* Pandore chassa cette pensée de son esprit. Elle est vraiment géniale, oui ça elle l'est, sinon Pandore qui lui ressemble tant ne serait pas sa meilleure amie et elles ne formeraient pas une bande d'inséparables, que l'aveugle aimait bien appeler les trois Grandes, filles des trois Grands. Ca envoyait du pâté. Pandore sourit intérieurement en pensant à son amie. Il ne savait pas qu'il se mettrait avec elle. Ah donc il n'avait que de l'amitié pour elle. Leur couple était donc un mensonge... D'un côté elle plaignait Alesya parce qu'il se jouait d'elle, de l'autre quelque chose lui disait que ce n'était pas si mal car c'était leur couple qui l'avait éloignée de Matthew. Pandore sortit une cigarette de sa poche et un briquet de l'autre. Elle s'alluma sa cigarette.

« Et tu y crois réellement à ce que tu viens de me dire ? »

Lui demanda t-elle avant de reprendre une bouffée de fumée et de pourrir ses poumons oui on lui disait tout le temps elle était au courant. Il y avait quelque chose de pas certain chez Matthew, comme s'il n'était pas réellement convaincu par ses paroles. Mauvais mensonge, quelque chose manque, mais quoi ? Pandore lui avait demandé ça sur un ton assez posé comme elle l'aurait demandé à n'importe qui, mais insufflant en lui l'idée qu'il se trompait peut être. Matthew voulait il réellement tomber amoureux d'Alesya ? Et si oui pourquoi avoir dit oui tout de suite et ne pas avoir attendu. C'est en attendant, dans le manque de la personne que la passion se serait formée.

« Parce que moi pas. L'amour ça vient pas comme ça Matthew, pas parce que tu en as envie, ça te tombe dessus sans que tu n'aies rien demandé. Tu vous fait plus de mal en t'étant mis avec elle qu'en l'ayant refusé. »

Elle repensa à la seule personne qu'elle ait jamais aimé. Mort. Mis en pièce par un minotaure. Tiens donc. Tous les gens qu'elle aimait avaient des problèmes avec les dieux et le monde mythologique, foutu père. Enfin non pas son père, son géniteur, ne confondons pas les torchons et les serviettes. L'amour ne se commandait pas. Il arrivait un matin toquant à la porte sans avoir crié garde, sans avoir annoncé sa visite. Et tout d'un coup il vous emplissait tout entier, vous empêchait de tout et régissait le moindre de vos mouvements. C'était si prenant, on était si peu libre que Pandore avait décidé de ne plus jamais retomber amoureuse. Mais l'on ne décide pas elle le savait, et elle avait beau combattre autant qu'elle pouvait, elle ne pourrait passer l'éternité à se fuir.

Turning back on each other

Pandore tira une nouvelle fois sur sa cigarette. Matthew n'aimait pas Alesya et à l'avis de Pandore il n'était pas près de l'aimer. Fallait elle qu'elle en parle à sa meilleure amie ? Celle-ci semblait heureuse pour le moment avec Matthew et elle ne voulait pas que ce soit elle qui lui gâche son bonheur. Non il se débrouillerait tout seul pour une fois Pandore ne prendrait pas part aux problèmes. D'habitude elle aimait bien foutre le boxon, mais là ce n'était même pas elle, et il n'y avait pas de bagarre, en somme rien de bien intéressant à part un coeur et une ou deux amitiés brisés.

« Alesya le sait. Elle sait que je ne l’aime pas comme elle m’aime. Mais elle est géniale Pandy ! J’ai conscience qu’elle mérite mieux que moi. Mais je fais des efforts. Et je sais bien que l’amour ne vient pas comme ça. S’il était si facile à contrôler, ça se saurait… »

Elle le sait. Bah voyons, comme s'il lui avait dit. Bien sûr qu'elle était géniale cette fille sinon Pandore ne serait pas son amie. Cette dernière hocha la tête d'approbation. Elle était d'accord avec ce que son meilleur ami venait de dire. Il faisait des efforts, il ne jouait pas avec elle, tant mieux. C'était bizarre comme discussion. Pandore ne se souvenait pas avoir parlé ne serait ce qu'une fois amour avec quelqu'un. Avec un garçon sur sa meilleure amie encore moins. Elle termina sa cigarette et chercha de la main un cendrier sur la table. Cela eu pour effet de presque faire tomber le verre vide, mais elle le trouva son cendrier. La jeune femme y déposa son mégot et elle allait ouvrir la bouche lorsqu'elle fut prise de court par une phrase qu'elle n'aurait mieux pas du entendre.

« Mais, en vérité, je ne vois pas ce que tu y connais. Parce que toi, tu ne cherches peut-être pas l’amour, mais s’il a le malheur de te tomber dessus, alors tu prends peur et tu fuis. Donc, franchement, tu es vraiment mal placée pour me dire quoique ce soit, parce que moi, je n’ai pas baissé les bras, contrairement à toi. »

Pandore reçut la remarque comme un poignard dans le ventre. "S'il a le malheur de te tomber dessus". Non elle avait été heureuse, elle avait été très heureuse grâce à l'amour, puis son statut de fille de dieu l'avait rattrapé. Oh non elle ne l'avait pas fui son premier amour. Elle l'avait chéri jusqu'à sa mort. Et elle avait coûté sa mort. Il se croyait au dessus de tout le monde le Matthew ? Moi j'ai une histoire avec Alesya alors moi je connais tout mieux que Pandore qui n'y connaît rien parce que la seule chose qu'elle fait c'est se taper des mecs en soirée ? Non ce n'était pas comme ça que ça fonctionnait. Pandore n'y connaissait pas rien. Et son détournement de l'amour était volontaire. Les sons et les odeurs de son cauchemar de la veille lui revinrent à l'esprit. Est ce que Morphée essayait de lui envoyer un quelconque signe ? Elle n'y pensait guère mais en tout cas elle ne croyait pas au hasard. Les nuages du ciel s'assombrirent. Pandore n'était pas contente. Pas contente du tout. Son esprit et son coeur bouillonnaient de rage. Son cauchemar lui brouilla l'esprit et elle commença à parler, sans savoir qu'elle parlait à voix haute.

« C'était bien. 18 ans pour se fiancer c'était bien. Tu comprends ? On s'aimait vraiment. Tu comprends ? L'amour de ma vie. Ils l'ont tués. Tu comprends ? Un cadavre. Déchiqueté. L'odeur du sang dans mes narines. Je le sentais sur mes mains. Tu comprends ? C'était poisseux. Des morceaux de peau partaient avec. Jason a crié. Fahrenheit a aboyé. J'ai couru. Tu comprends ? Si c'est ça l'amour. Je veux le fuir. Tu comprends ? »

Les nuages continuaient de s'amonceler dans le ciel. Il pleuvait désormais. Le souvenir de Pandore s'estompa et elle n'aurait su dire si elle avait parlé à voix haute ou non. Elle avait eu ce moment d'absence où tout paraît si flou. Mais sa colère n'était pas dissipée. La tristesse prenait tout de même le dessus. Elle répéta alors

« Continue de penser que je n'y connais rien, que j'ai baissé les bras. Il n'y avait plus rien qui vaille la peine de se battre. Rien sauf un souvenir de sang et de mort. »

Et elle s'était battue. Contre les responsables. Contre le responsable. Et elle continuait de se battre, et elle continuerait jusqu'à ce qu'il soit enfermé dans les profondeurs du Tartare. Un éclair zébra le ciel de New York. Pandore voulut se lever pour s'en aller, mais elle ne pouvait pas. Elle n'avait pas encore payé. On ne vole pas les gens ce n'est pas bien. Elle pencha la tête sur le côté droit. On fuit tous quelque chose et toi Matthew, qu'est ce que tu fuis ?

Turning back on each other

Pandore ralluma une cigarette qui s'éteignit aussitôt. Et là elle se rendit compte qu'il pleuvait et que le tonnerre grondait. Oups. Parfois quand elle avait des absence ou que ses sentiments prenaient trop le dessus ça partait en cacahuètes. Elle pesta intérieurement. Merde ! D'habitude elle arrivait à gérer ça et cela ne lui était pas arrivé depuis si longtemps ce genre de problème. Elle se concentra et les nuages noirs disparurent, la pluie cessa, et les passants interloqués levèrent la tête vers le ciel, se demandant pourquoi la météo était si changeante depuis les dix dernières minutes. Probablement à cause du dérèglement climatique, c'était toujours la faute du dérèglement climatique. Pandore ricana intérieurement. Ouais c'est ça, l'orage qui fait que quatre pâtés de maison est du au dérèglement climatique et il disparaît en vingt secondes, mais oui... Que les mortels étaient stupides. Elle réussit alors à allumer sa seconde cigarette. Enfin. Bon vu toute la merde qu'elle venait de déblatérer elle avait intérêt à se reprendre et à faire comme si de rien n'était. C'était du passé. Enterré.

« Je ne pense pas que tu n’y connaisses rien. Ni même que tu as baissé les bras. Sinon, tu ne serais pas là. En fait, j’ai dit ça car j’étais en colère. Car, visiblement, tu en connais beaucoup plus que moi. Tu as raison, même si je souhaite de tout cœur tombé amoureux d’Alesya, ça n’arrivera pas, et je le sais. Je le lui dirais. »

Ah bon il se contredisait maintenant ? Il n'assumait pas ce qu'il disait ? Bon manifestement il voulait se faire pardonner. Ca fait mal de se prendre ce genre de révélations en pleine gueule n'est ce pas ? Bien sûr que son amie avait toujours raison. Elle savait qu'il avait parlé sur un coup de tête mais la résistante n'avait pas apprécié. Il fallait dire qu'elle était susceptible quand elle le voulait. Et oui il avouait enfin que jamais il n'aimerait Alesya. Elle n'avait pas assez le goût du risque pour lui. Trop gentille et attentionnée et surtout bien trop accro à lui. Enfin c'est ce que Pandore pensait. Au moins il allait être franc. Mais bon qu'est ce que ça allait donner encore ? Elle ne le quitterait probablement pas et lui ne voudrait pas lui faire de mal. De toutes manières cela ne regardait pas Pandore.

« Et, je crois qu’il y a encore des choses pour lesquelles il faut se battre. Et qu’il ne faut pas baisser les bras. Je ne peux pas comprendre ce que tu as vécu, mais en tant que demi-dieux, on a tous vécu des trucs pas faciles. Mais, il ne faut pas baisser les bras. Et, je sais que c’est ce que tu fais, que tu continues à te battre. Je m’excuse pour tout à l’heure, j’ai été injuste. »

Mais bien sûr qu'il y en a ! Il faut bien qu'elle détruise son père, les dieux et tout ceux qui les aiment. Ca y est il lui faisait une petite scène de morale genre je comprends ta douleur, film à l'eau de rose. Beurk. Son petit discours exaspéra Pandore. Voilà ils avaient parlé elle avait eu un petit moment de faiblesse c'était passé c'était derrière. Elle n'aurait pas du montrer sa faiblesse elle le savait, mais elle n'avait pas réellement fait exprès. Double merde. Bon au moins il s'excusait c'était déjà ça.

« Bon on va pas faire de ce petit souvenir un film pour demoiselle ou tout e monde se met à pleurer. Mes parents organisent une soirée dans deux jours y'aura pleins de gens j'ai pas envie de m'emmerder ça te dit de venir ? »

Les parents de Pandore faisait partie de cette société de gens riches qui donnent des soirées avec d'autres gens riches et où les enfants doivent venir et faire genre d'être amis. Mais d'un elle se les était déjà tous fait, et de deux, le un avait fait que toutes les filles la détestait. Donc Pandore n'avait pas envie d'y retourner, la dernière fois elle avait failli faire pleuvoir sur une fille. Il s'en était fallu de peu, vraiment de peu. Mais bon si son ami venait cela pourrait être drôle. Elle ne savait même plus pourquoi était cette soirée : pour une œuvre caritative ou pour un anniversaire peut être un truc du genre. Enfin encore une raison de faire la fête pour la haute quoi.

« Je te préviens ce n'est pas une question mais une obligation, et c'est costard noeud papillon. »

Finit elle avec un sourire. Oui vous imaginez bien qu'on ne se réunit pas en jogging basket bah nan. En plus Jason n'était pas à New York pour le week end. Top. Si Matthew ne venait pas ça allait vraiment être l'ennui total. Et puis il n'avait aucune raison de pas venir, là-bas il y avait tellement de trucs à manger que même les Skywalker n'avaient plus faim après. Avec leurs montagnes de petits fours et les fontaines de champagne. Bon bien sûr il y avait le côté mondain de la chose où tout le monde s'inquiétait pour elle : "oh mais tu ne fais pas d'étude ?", "tes yeux vont mieux ?", "tu es ravissante", "qui est ton ami ? ton fiancé ?" que des questions stupides qui ne valaient aucune réponse. Non elle ne faisait pas d'étude mais elle serait jamais pauvre, ses yeux ne guériraient jamais, elle savait qu'elle était belle et elle n'était pas fiancée à son ami. Ces gens de commères qui posaient milles questions pour pouvoir ensuite jaquetter au déjeuner du lendemain sur des potins mondains. Exaspérant. La partie du monde de Pandore qu'elle aimait le moins. Mais elle faisait avec.

Turning back on each other

Alors qu'elle continuait tranquillement de fumer, persuadée que de toute façon il ne pouvait pas refuser son invitation, il lui répondit :

« Et bah, si gentiment demandé, je viendrais. Avec le nœud papillon si tu y tiens. Même si ça gratte et que c’est l’horreur. »

Pandore sourit à Matthew. Si gentiment demander cela la fit même rire. Il faisait un effort pour que tout redevienne comme avant, et cela plaisait à la jeune femme, elle se leva, laissa un biller, ne sachant pas réellement combien avait coûté le tout mais probablement pas plus de dix dollars.

« Tu viens on rentre ? Manifestement on pourra faire un rapport clean. Les monstres se tiennent tranquille et au pire c'est pas réellement eux notre cible mais plutôt les dieux. »

Elle avait dit ça d'une voix assez forte, mais sa cécité l'empêchait de voir tous les regards tournés vers elle. Une aveugle doublée d'une folle devaient ils se dirent. Elle attendit que Matthew se lève et lui tende so bras pour s'y accrocher. Ils rentrèrent tous les deux au QG en discutant.