La gamine

Pandore descendit les escaliers de la résistance qui menaient jusqu'à l'entrée. Alice lui avait dit de venir par téléphone en début de matinée. Intriguée par la demande de son amie, elle avait pris un rapide petit déjeuner, une gauffre en fait, et était descendue donc dans le hall pour alker à la rencontre de son amie. Pandore marchait en tenant Fahrenheit par sa laisse et se laissait guider par lui. Il devrait reconnaître facilement Alice puisqu'il l'avait souvent vu, bien qu'elle ne l'emmenait pas dans leurs embarquées nocturnes.

« Alice t'es là ? »

Dit l'aveugle en mettant un pied dans le hall, finissant de descendre les marches. Le hall était calme mais elle sentait des gens descendre derrière elle et d'autres arrivant de la cuisine. Bizarre. Pourquoi tant de monde ici ? Est ce qu'Alice avait envoyé ce message vocal à tout le monde ? Pandore n'aimait pas les foules, enfin, elle était agoraphobe, encore une chose qui l'énervait plus que tout mais à laquelle elle ne pouvait rien, maudit soi celui qui l'avait faite comme ça.

La voix de son amie n'eut pas le temps de lui répondre que le berger australien tirait sur sa laisse en aboyant, chose qu'il ne faisait jamais, sauf dans certains cas de figure très précis. Soit il y avait un obstacle qu'elle devait éviter, mais dans ce cas-ci les aboiements avaient un nombre et une intonation précise, soit il rencontrait un ennemi, mais pareil elle l'aurait reconnu. Cette fois c'étaient des aboiements sans réelle signification. La seule chose que pensa Pandore fut non pas que quelque chose effrayait son chien, il avait vu tellement de choses qu'après tout cela ne pouvait plus rien ne pouvait lui faire peur, mais qu'il avait flairé une nouvelle odeur qui ne lui plaisait guère. Il grogna un peu. Il grognait de la même manière lorsqu'il s'approchait d'Adriane d'ailleurs. Pandore fronça les sourcils, désorientée. Elle suivi tout de même son fidèle compagnon en laissant échapper un

« Je... Qu'est ce qu'il se passe ? Tais toi Fahrenheit tu reconnais Alice quand même. »

Son chien se calma sur l'ordre de sa maîtresse et Pandore avait atteint son amie. Elle lui lança un sourire, ses lunettes de soleil sur les yeux. Elle restait dans l'incompréhension la plus totale quant à la réaction de son chien lorsqu'ils étaient entrés dans le hall mais se dit qu'elle verrait cela plus tard.

Matthew se leva encore à moitié endormi. Il enfila un pantalon et un tee-shirt.  Il se frotta les yeux avant de sortir en vitesse du dortoir.  Apparemment, tout le monde se levait et allait dans l’entrée. Avec un bâillement, il pénétra donc dans  le hall voir ce qu’il s’y passait.

Ce qu’il  y vit lui causa un choc. Alice et une petite fille. Bon, ça ok. Mais Alice en train de faire un câlin à une petite fille. Une Alice affectueuse. Le fils d’Eris se demanda même s’il ne rêvait pas.  Il s’approcha, les sourcils froncés. Il vit Pandore avec un air totalement perdu.

La petite fille avait au maximum six ans. Et, plus il la regardait, plus il trouvait de la ressemblance avec Alice. Oh, mince alors ! Elle aurait eu une fille ? C’était fort possible vu son attrait pour les relations humaines. Bon sang, elle aurait quand même pu prévenir avant de la ramener ici.

Matthew ne put cependant s’empêcher d’avoir de la peine pour la petite. Pas qu’Alice soit une mauvaise mère, non. Rien que par le câlin, cela se voyait qu’elle l’aimait. Mais Alice n’était pas très aimée par ici et bien que le demi-dieu n’est rien contre elle, les autres c’était moins sûr.

Il espérait tout de même que personne ne serait assez bête pour se venger sur la gamine. Il passa près de Pandore et lui murmura discrètement :

« Bon, là, y’a un truc bizarre. Alice est là avec une gamine de cinq-six ans. Elle lui ressemble vachement, je pense que c’est sa gosse. »

Puis, il s’approcha de la fillette en lançant un regard interrogatif à Alice.  Finalement, il sourit à la petite fille. Après tout, ils n’allaient pas tous restés là à la regarder comme une bête sauvage. Il s’accroupit pour être à sa hauteur et dit :

« Bonjour, moi c’est Matthew ! Et toi, tu t’appelles comment ? »

Il sent Adriane s’approcher et la voit méfiante.  Normal. Il espérait que ça n’allait pas éclater trop vite mais il connaissait Adriane et il savait qu’elle ne s’en prendrait jamais à une enfant. Mais les autres, rien n’était moins sûr. Comme Méduse par exemple. La fillette lui répond :

« Kelly. »

Matthew sourit à la petite fille et dit :

« Oh, c’est un très jolie prénom ça ! »

Méduse arrive et s’accroupit à côté de lui. Il se crispa directement. Il n’aimait pas du tout ça.

« Bonjours petit Ange… Fille d’Arès. Je suis Tatie M. Comment vas-tu petit cœur ? »

Le fils d’Eris fut content qu’Alice sorte son épée et menace Méduse. Au moins, elle ne ferait rien comme ça. Le seul truc ennuyeux était que si ça venait à dégénérer, Kelly n’avait pas besoin de voir ça.

Soudain, les paroles de méduse le percutèrent. Fille d’Ares ? Non. Et bien si, apparemment.  Enfin, Ares quoi. Un dieu. Alors qu’elle était résistante. Enfin, elle avait bien dit que c’était pour détruire la colonie et non les dieux qu’elle était là.  Bon après tout, ce n’était peut-être pas sa fille. Peut-être seulement sa petite sœur ?

Cette dernière le démentit :

« Avant que vous ne vous posiez trop de question cette enfant est... de moi. »

Bon voilà qui réglait la question.  Ensuite Sora arriva et elle éloigna la petite. Matthew la remercia silencieusement. Il se releva et fit face à Méduse. Il lui jeta un regard des plus noirs en lui faisant bien comprendre que si elle tentait la moindre chose, elle le paierait cher. Lui aussi soutenait Alice sur ce coup. Même si elle avait fricoté avec Ares. En plus parmi tous les Olympiens, Ares quoi ! En plus, ça voulait dire qu’elle était aussi la demi-sœur d’Adriane. La tête de Matthew allait littéralement explosée.

Instinctivement, il se mit devant Alice. Pas pour la protéger, non, il n’avait pas envie de se faire tuer, simplement pour montrer qu’il la soutenait. La tension était à son comble et il espérait juste que ça n’allait pas exploser pour de bon…

La gamine

Pandore sentit un troupe s'agglutiner tout autour d'elle et d'Alice. Un peu perdue elle sentit la présence de quelqu'un derrière elle et reconnu Matthew à son parfum. Elle sourit tandis qu'il se penchait pour lui expliquer un peu la situation, ayant sûrement remarqué son trouble.

« Bon, là, y’a un truc bizarre. Alice est là avec une gamine de cinq-six ans. Elle lui ressemble vachement, je pense que c’est sa gosse. »

Pandore fronça les sourcils. Alice avait une fille ? De cet âge là ? Mais elle avait vécu où la pauvre enfant ? Pandore se demandait comment Alice faisait pour trouver le temps de l'éduquer. Elle savait très bien que son amie serait une bonne mère, et qu'elle ne pouvait pas refaire les erreurs de sa mère. Alice forcément était protectrice envers sa fille. Pandore n'avait pas de doute, mais des questions, plein. C'était probablement à cause de la petite fille que Fahrenheit avait aboyé et la phrase balancée par Méduse vint appuyer le tout. Fille d'Arès. Comme Adriane. Alice et Arès. Cette môme était une trois quart déesse qui risquait d'en faire baver surtout si elle avait le caractère de ses parents et grands parents. Bizarre qu'Alice n'ai jamais parlé de son enfant. Comme d'autres d'ailleurs...

« Oh regarde maman le chien se gratte !»

Avait prononcé l'enfant. La voix se grava dans l'esprit de Pandore. Une voix d'enfant, douce et fluette, peu sûre d'elle devant tant d'adultes et de visages inconnus. Il y avait de quoi. Pandore elle même ne savait pas où donner de l'oreille. Tout le monde parlait, tout le monde voulait connaître le petit bout de chou (qui forcément devait être jolie). Quelle bande d'abrutis ils allaient juste réussir à l'effrayer la pauvre. Ce n'était pas un animal de foire. Pandore entendit un bruit de métal. Ohoh. Alice avait manifestement sorti une épée. Mais contre qui ? Contre Méduse ? Bizarre tout ceci, bizarre. La gorgone n'était en effet peut être pas l'image réconfortante qu'elle avait voulu donner à l'enfant. Pandore se décala un peu du groupe et se heurta à sa soeur Sora qui, elle ne le savait pas, tenait l'enfant dans ses bras.

« Oh pardon Sos' je ne t'avais pas vue. »

Logique d'un côté, encore heureux presque. Elle fit un petit sourire à sa soeur et Fahrenheit tira sur sa laisse.

« Salut, Kelly c'est ça ? Je suis une amie de ta maman et une demi soeur de ton papa. Je pense que tu n'as pas peur de mon chien mais si c'est le cas il est très gentil, il a été dressé pour guider les aveugles. »

Continua t-elle en souriant dans le vide. Elle n'avait pas pris la voix niaise que les gens prennent avec les enfants, mais une voix douce, car elle savait l'être. Pandore comprenait bien que si Alice avait amené sa fille à la résistance, elle et la petite risquait de se voir plusieurs fois surtout qu'elle était en réalité sa tante du côté de son père, puisque Pandore est la demi soeur d'Arès, et sa tante éloignée du côté de sa mère, puisqu'elle est la cousine d'Alice. Cela faisait beaucoup de lien de parenté.

La situation montre d’un cran quand Méduse adopte un ton méchant et dit d’une voix pleines de sous-entendus :

« Alors Alice… Il semblerait que tu as trouvé un moyen de déclarer la paix avec nos vieux ennemis. Tu peux en être fière… Tout comme ta merveilleuse fille. »

Alice avait l’air de se retenir sérieusement de ne pas lui bondir dessus et franchement, Matthew fut un peu étonné. Elle se montrait vraiment mature. Par contre pour la Gorgone c’était autre chose… Car elle continua en regardant Adriane :

« Bravo. Tu dois être contente de te découvrir une nouvelle petite sœur, aussi mignonne. »

Bon, cette fois-ci elle allait trop loin. Il était grand temps de la réduire en bouillie elle, et sa voix sarcastique. De toute manière, Adriane ne tarderait pas à le faire, s’il ne le faisait pas donc… Mais avant qu’il puisse réagir, Alice prit la parole :

« Oui elle est contente ! Et que cela te déplaise ou non Méduse cette gamine est bien plus aimé que tu ne le seras jamais ! Ne la mêle pas à tout ça, si je l'ai ce n'est pas comme monnaie d'échange avec les dieux ! C'est MA fille et personne ne lui fera aucun mal ! »

Si Matthew doutait qu’Adriane soit si contente que cela, il était d’accord avec elle sur le fait que la petite ne devait pas être mêlée à cela. Elle enchaîna après sur le fait qu’elle était sans doute une traînée et qu’elle s’expliquerait plus tard avec Adriane. Le fils d’Eris s’en fichait complètement de la vie sexuelle d’Alice, et il pensait vraiment que c’était ridicule que les autres s’en importent autant. Bon, pour la fille d’Ares, c’était concevable, parce que ça rendait la situation vraiment étrange mais pour les autres… Elle faisait ce qu’elle voulait de son corps. Surtout que ce n’est pas comme si la Résistance existait déjà à l’époque !

Alors que ça commençait vraiment à chauffer, Sora intervint :

« Tout le monde, que tout le monde se calme. Vous voulez vous mettre sur la gueule ? Très bien, faites-le ! Mais attendez que la petite ne soit pas là ! »

C’était surprenant étant donné que ce n’était pas le genre de Sora de se mettre en colère comme ça. Mais c’était légitime.

« Nous sommes la Résistance, si nous nous déchirons pour savoir qui est en tort ou non, nous ne valons rien. »

Finalement, la petite toujours dans les bras, elle monte les escaliers en jetant un dernier regard sur l’assemblée devenue silencieuse. Matthew prend la parole :

« Elle a raison, vous savez. Ça n’est pas parce qu’on s’insulte ou qu’on s’entretue que ça va changer quoi que soit. La petite restera toujours la fille d’Alice et d’Ares même si ça ne nous plaît pas. »

Il haussa les épaules.

« Après, si ça vous fait plaisir de prouver qu’on ne vaut pas mieux que la colonie en nous disputant pour un oui ou pour un non, et bien allez-y ! »

La gamine

Tout le monde commençait à se crier dessus. Ca commençait à chauffer au sein même de la résistance. Méduse avait essayé de pas faire peur mais manque de bol venant d'une gorgone on ne pouvait que se sentir agressé, résultat tout le monde était contre elle et en plus Adriane se plaignait qu'Alice ait eu un gosse avec son père. Globalement c'était ce que la jeune femme avait compris sans trop prendre part à tout ce qui se passait autour d'elle, un peu perdu par le nombre de gens qui étaient trop près d'elle. Elle posa sa main sur l'épaule de Sora quand celle-ci essaya de calmer le jeu. Bon Pandore pensait qu'il valait mieux ne pas se mettre sur la gueule tout court mais bon en privé c'était déjà une meilleure idée que devant Kelly. La pauvre gamine n'allait rien comprendre à tous ces gens qui étaient du côté ou contre sa maman, et surtout elle ne pourrait pas comprendre qu'elle suscitait ces débats.

Sora s'éloigna d'elle et Pandore reperdit tout repère. Et merde elle était partie où ? Devant le discours qui s'ensuivit de la part d'Alice, elle en déduisit qu'elle avait du partir dans une pièce annexe avec Kelly pour ne pas qu'elle entende la suite de ce qui se passait. En soi Pandore n'était pas choquée que son amie ait une fille avec un dieu ou avec n'importe qui. Il fallait bien que cela arrive vu le nombre de personne qu'elle avait mise dans son lit. Et la jeune femme doutait que les autres soient réellement surpris. Peut être un peu plus de la part d'un dieu, mais concrètement, qu'est ce qu'elle en savait hein ? Arès étant le dieu de la guerre il ne devait pas être trop mal non plus. Pour tout avouer Pandore n'en voulait pas le moins du monde à son amie, et elle la soutenait contre quiconque qui dirait quoi que ce soit sur les pratiques d'Alice. Non seulement cela ne les regardait pas mais en plus elle avait probablement très bien élevée sa fille depuis alors où était le problème ?

« T'inquiète Alice. Franchement tu peux avoir un enfant avec qui tu veux cela ne regarde personne d'autre que toi, je suis sûre que tu es une super mère et que nul ici n'osera dire le contraire. »

Elle avait pris la parole s'étant tu pendant tout le reste de la conversation. Bon il ne fallait pas abuser. Adriane ne comprenait pas ? Et alors ? On avait pas besoin de se justifier de tout non plus. Pandore avait parlé avec un sourire fans le vide, ne sachant pas trop où se trouvait son amie parmi les résistants. Sur ces paroles elle intima à son chien de se lever d'un claquement de la langue et tourna les talons pour retourner à ses occupations.

Matthew vit Adriane se mordre les lèvres avant de finalement craquée et dire :

« Certes. N'empêche que vous comprendrez que j'ai un peu de mal avec l'un de nous fricote avec mon taré de géniteur ! »

Au moins comme ça, c’était sorti. La gorgone prit bien soin d’en rajouter une couche. Matthew ne comprenait vraiment pas ce qu’elle faisait dans la Résistance à part foutre la merde. A ses yeux, elle ne méritait que le Tartare…

« A la bonne heure ! Je suis contente qu’un demi-dieu est du bon sens. Je te soutiens ma petite Adriane. Même si cela doit t’importait. »

Levant les yeux au ciel, le fils d’Eris la regarda tourné les talons et rajouté d’un ton hautain :

« Je vous laisse à vos futilités. J’ai des choses plus intéressantes à faire. A bientôt mes enfants. Hahaha. Sssssss »

Au moins, ils en étaient débarrassés. D’un autre côté, Alice faisait une drôle de tête. En fait Matthew ne l’avait jamais vu ainsi. Ce n’était même plus de la colère, ça dépassait ça. Le fils d’Eris l’écouta parler, les sourcils froncés. Il comprit soudain qu’Alice ne s’en fichait pas du tout, comme elle avait voulu le montrer. En fait, elle avait l’air carrément fragile dans cet instant. Il se demanda si la fille d’Hadès avait souffert du regard péjoratif des autres sur elle avant. Et même si ça n’avait pas été le cas, il était plutôt clair que, à présent, il était hors de question pour elle de laisser juger sa fille. Matthew n’avait absolument aucun avis sur Alice. Si on lui avait demandé jusqu’à maintenant ce qu’il pensait d’elle, il aurait répondu qu’il n’en pensait rien. Mais à présent, il se rendit compte qu’il avait changé d’avis et qu’elle avait quelque chose qu’il était décidé à creuser. Pandore prit la parole :

« T'inquiète Alice. Franchement tu peux avoir un enfant avec qui tu veux cela ne regarde personne d'autre que toi, je suis sûre que tu es une super mère et que nul ici n'osera dire le contraire. »

Puis, la fille de Zeus quitta la pièce et il se rendit compte qu’il était désormais seul avec Alice et Adriane. Et surtout, qu’il n’avait plus rien à faire ici. Avec un dernier regard vers les deux filles, il suivit Pandore sans un mot.