On ne sait jamais comment les choses tourneront [PV Neven]

On ne sait jamais comment les choses tourneront

.ft. Neven

Cette fille, je l’avais toujours détestée. Enfin, il y a longtemps, très longtemps. On ne s’aimait pas à cause de ma soeur, une autre muse. Je ne l’aimais pas, et Neven était amie avec elle, du coup… voilà quoi. Enfin bon. En des centaines d’années d’existence, on a le temps de changer et d’apprendre, c’est ce qu’il y a de bien avec l’immortalité. On change. On se modifie soi-même tout en poussant le monde autour de nous à changer. Un privilège de dieux. Et de créatures, pour le temps de leur vie.

Enfin bon. Tout cela pour dire que j’avais changé, et elle aussi. À vrai dire, assise dans mon salon, devant ce que les humains appellent la télévision, avec mon chocolat chaud, c’est elle que j’attends. On se voit. Pas assez souvent à mon goût, j’aimerais la voir plus, mais bon. Nos métiers obligent. Depuis qu’elle a retrouvé une de mes filles, je l’aide comme je peux et donc, nous sommes obligées de nous voir de temps en temps. Comme là. Je lui donne de l’argent pour aider ses recherches. Tant des Drachme que de l’argent humain. Après tout, être déesse et être célèbre, ça paye.

Prenant une gorgée de ma boisson chaude, je regarde les images qui défilent sur l’écran. Encore le mal, partout. Je tente d’embellir les vies humaines avec ma musique, mais c’est une chose ardue. Après tout, le mal est partout dans leur monde. La corruption, les agressions, les meurtres, les pots de vin, l’alcool au volant et j’en passe. Sans compter les tragédies que nous, les dieux, déclenchons chez eux. Les "catastrophes naturelles".

Je soupirais et posait ma tasse sur la table, me dirigeant vers la cuisine. Connaissant un peu ses goûts maintenant, je voulais lui préparer une boisson qui serait prête lorsqu’elle arriverait. Je préparais donc ce dont j’avais besoin, me disant qu’ainsi, ce serait fait. Et puis, cela me donnait autre chose à faire que d’écouter cette "télévision".

FICHE PAR DITA | EPICODE

Neven filait à toute vitesse, craignant d’arriver en retard à son rendez-vous. Entre la Colonie, les demi-dieux qui se manifestaient à travers tout le continent et ses propres histoires de cœur, elle avait parfois du mal à joindre les deux bouts. Oui, même la vie d’une quasi-immortelle était parfois dure à gérer ! Heureusement, elle pouvait parfois prendre le temps de souffler un peu et d’oublier tout ce bazar le temps d’une après-midi – une après-midi comme celle-ci par exemple, où elle se rendait chez son amie (et accessoirement Muse) Melpomène.

Certes, avec Mel, ça n’avait pas vraiment bien commencé. En raison d’une vieille dispute entre elle et Uranie, la Muse que Neven servait à l’époque, elles avaient du mal à se supporter. Mais l’eau avait coulé sous les ponts : Neven avait été virée de l’Olympe et avait commencé à chercher les sangs mêlés égarés tandis que Mel entamait une carrière musicale parmi les mortels. Un jour, la nymphe avait découvert une petite fille, enfant de sa vieille ennemie… Et elle l’avait recontactée, connaissant le désir de la Muse de s’occuper de ses enfants. Cet évènement avait marqué le début de leur amitié et à présent, elles essayaient de se voir aussi souvent que possible, même si c’était toujours un peu compliqué.

Neven arriva devant l’appartement, essoufflée après avoir parcouru une telle distance à une vitesse pareille. Remettant en place sa robe, elle lissa ensuite sa masse de cheveux colorés et sonna, sortant de son sac une sorte de glacière : connaissant les goûts de la Muse, elle savait que celle-ci adorait la crème glacée. En espérant que celle-ci soit encore glacée après avoir traversé la moitié de New York…

La porte s’ouvrit, découvrant l’immense appartement que Mel s’était offert avec les revenus gagnés de sa carrière musicale. Fallait-il préciser qu’une autre partie de cet argent était versé à l’ouranie pour l’aider lors de ses expéditions ?

« Salut Mel ! » S’enthousiasma la nymphe en bondissant vers son amie. « J’ai pensé à t’apporter de la crème glacée, faudrait juste la conserver au frais avant qu’elle se transforme en crème liquide. » Dit-elle d’un air amusé, ses yeux pétillants de malice.