J’étais tranquillement assis sur mon lit en train de lire un livre sur la mythologie grecque quand je reçus un coup de fil. Je répondis, méfiant. C’était le livreur de pizzas, qui imbécile qu’il était, ne trouvait pas mon immeuble. Il était surement en train de vagabonder dans la rue, perdu. Et je devais le payer pour ça ? En grognant tout un tas d’injures plus originales les unes que les autres, j’enfilai mes baskets. Me retrouver dehors, avec tout un tas de monde ne m’enchantait pas vraiment, mais, j’avais faim et je pourrais passer outre. Depuis quelques temps, j’allai mieux.

Je marchai donc dans la rue à la recherche d’un pauvre livreur égaré quand quelqu’un attira mon attention. Je me retournai vivement. Devant moi, était un jeune de seize ans que j’avais déjà vu. Des souvenirs envahirent mon esprit.

Je descendais de mon immeuble terrifié. Ma première hallucination. Mais, si c’était vraiment une hallucination, pourquoi un jeune homme était étendu par terre devant moi, dans une marre de sang ? Mon instinct de médecin fut plus fort que ma peur. Bien que je sois neurochirurgien, j’avais quand même les bases. Il était encore vivant. Mais tout juste. Alors, après lui avoir administré les premiers secours, je le ramenai à l’hôpital où il fut pris en charge tandis que j’étais condamné à attendre dans la salle d’attente, couvert de son sang. Quand un médecin vint m’annoncer qu’il allait s’en sortir, je fus extrêmement soulagé. Mais, je ne voulais pas le revoir. Alors, je me levai, et m’en allai, le condamnant à ne jamais savoir comment il s’était retrouvé là-bas.

Le voir ainsi, debout, en pleine forme me toucha. Je me disais, que c’était grâce à moi, qu’il marchait maintenant. Qu’il vivait. Je l’interpellai donc, oubliant complètement ma pizza.

« Salut ! Tu es Percy, c’est ça ? »

Qui sait, peut-être se souvenait-il de lui, mais il ya avait peu de chance vu qu’il n’avait été conscient qu’une petite seconde et que dans ces moments là, le cerveau efface les souvenirs traumatisants.

Il recula de quelques pas, une mine inquiète sur le visage. Il était méfiant et franchement, il avait moins de chance de finir par terre vidé de son sang. Donc tant mieux.

« Heu oui, je suis Percy, Percy Norin, on se connait ? »

J’hésitai à lui dire qui j’étais et avant que je puisse ouvrir la bouche ? Un type avec une casquette ridicule s’approcha de nous. Il tenait une pizza fumante dans les mains. Je le regardais, agacé.

« Et bah, ce fut dur ! Donnez-moi ça ! Et n’attendez pas que je vous paie, surtout ! »

Le livreur qui avait l’air tout jeune déglutit. Sûrement un stagiaire totalement paumé. Il allait surement prendre dans son argent de poche pour payer la pizza. Et vu que je ne suis pas le grand méchant de l’histoire, je sortis de ma poche un billet et je lui donnai. Il me remercia d’un hochement de tête et partit en courant. Je regrettai un peu d’avoir été si dur avec lui, mais bon, tant pis. Je regardais Percy en souriant :

« Cela fait trois heures que j’attends cette foutue pizza. »

Je lui tendis ma main libre :

« Je suis le Dr Lawrence. »

Ce qui en fait est totalement faux puisque j’ai perdu le droit d’exercer. Le voyant toujours perdu :

« J’étais là quand… En fait, c’est moi qui t’es amené à l’hôpital quand tu te vidais de ton sang. »

Je toussotais plutôt gêné, je ne savais pas vraiment dans quoi je m’embarquai en fait. Le soleil commençait à se coucher et mon estomac réclamait à manger aussi je dis :

« Tu veux venir manger la pizza ? Mon appart’ est juste là… on pourra parler de tout ça. »