La Guerre et la Torche se rencontrent autour d'un verre

Enfin je reprenais du service ! Certes, ce n'était pas une mission qui risquait de me fatiguer mais au moins, je pouvais me rendre utile. Mon but aujourd'hui : trouver de nouvelles recrues. J'avais reçu un nom qui était apparemment dans la lignée de nos idées. Je devais donc aller le sonder, voir s'il pouvait potentiellement entrer dans nos rangs. Le tout était de trouver ce type. J'avais fait ma petite enquête et apparemment, j'avais des chances de le trouver dans un bar de New York.

Manque de chance, le quartier qu'on m'avait indiqué regorgeait de bars. J'allais y passer l'après-midi et une bonne partie de la soirée aussi... Sentant déjà la gueule de bois qui m'attendait, j'entrais dans le premier. Au bout d'une bonne heure, je ressortis. Il n'y avait définitivement aucun demi-dieu ici. Je répétais ce petit manège dans plusieurs avant d'entrer enfin, en milieu de soirée, dans le bon bar.

Je m'affale sur une banquette. Un serveur s'approche de moi. En soupirant, je commande une bière. Je regarde autour de moi avec fatigue. Franchement, c'était une plaie cette mission ! La prochaine fois, ce serait sans moi...

Soudain, un jeune homme pose une bière devant moi :

"Bonsoir et bienvenue, j’espère que vous passerez une excellente soirée et si vous avez besoin de quoi que ce soit appelé moi…"

Je relève la tête et l'observe alors qu'il s'éloigne. Je plisse les yeux. Pas de doute, j'y suis ! Ou du moins, ce gars-là est un sang-mêlé. C'est déjà un bon point. Je me redresse donc un peu et commence à siroter ma bière tranquillement, attendant que le bar se vide un peu, observant le barman. Au bout d'un moment, il revient vers moi, s'assied et plante son regard dans le mien.

"Tu viens de la part de qui ?"

Je soutiens son regard avec un petit sourire malicieux. Je termine ma bière avant de répondre :

"Pas de ta mère si c'est ce qui t'inquiète... Je suis Adriane."

Pas question d'ajouter, comme je le faisais d'habitude, mon lien de parenté avec Arès. Pas que ça me dérange. Très franchement, je me moquais de qui était mon paternel et de l'effet que ça pouvait avoir. A la Résistance, c'était même plutôt un atout d'avoir mon père... Au moins, on me laissait tranquille et on savait pourquoi j'étais là.

Non. Pas la peine de le préciser car le but n'était pas de parler des Dieux mais plutôt d'un monde où ils n'existeraient pas... Je devais trouver un moyen d'amener le sujet sur la table. Pas évident. Le moindre faux pas et notre cause serait dévoilée. Et puis je me souvins : la Colonie savait. Je me lançais donc :

"J'ai entendu dire que toi et les autres là-haut, c'est pas la grande amitié ?"

La Guerre et la Torche se rencontrent autour d'un verre

En m'écoutant, le demi-dieu ne se démonta pas le moins du monde. Il commença par se présenter. Démineurs. Franchement, ses parents n'avaient pas choisi le nom le plus passe-partout... Pas facile de se fondre dans la masse mais le demi-dieu semblait très bien s'en sortir. C'était déjà un bon point pour lui.

Heureusement, aussi, j'avais tapé dans le mille.

"Tu as bien entendu. J’ai perdu comment dire la foi envers mon parent divin donc oui ce n'est pas la grande amitié entre eux et moi. Tu as besoin de renseignement supplémentaire ? Tu m’excuses une petite minute ?"

Je le regardais, faisant tous les efforts du monde pour ne pas être bouche-bée. Ce garçon avait un culot monstre. Il avait intérêt d'assurer derrière, de ne pas seulement être une grande gueule. Je le regarde se déhancher sous les yeux des clients bien alcoolisés. Vraiment, ce type a une assurance monstre. Je le laisse revenir à ma table, sirotant toujours ma bière déjà bien entamée.

"Excuse-moi, je suis encore au boulot… Donc veux-tu savoir quelque chose ? Veux-tu une démonstration de qui je suis ? Veux-tu que je te montre de quoi je suis capable ? Si oui attends moi dehors, dans la ruelle à droite dans deux minutes le temps que j’attrape mon paquet de clopes et dise à mon boss que je vais faire une petite pause… "

Je hausse un sourcil, un petit sourire sur le visage. Je n'ai même pas le temps de répondre qu'il est déjà parti. Avec celui-là, c'était tout ou rien : soit j'allais l'adorer soit j'allais vouloir le tuer. Si je devais le recruter, mieux valait la première option...

Mais au moins, il avait l'air motivé. Je déposais un billet sur la table, sous la bière et me levais pur sortir. Je rejoins l'endroit indiqué, m'adossais à un mur et l'attendis, bras croisés. Il finit par apparaître dans la ruelle et je me lance avant même qu'il n'ait le temps d'ouvrir sa grande bouche :

"Je ne suis pas là pour voir l'étendue de tes pouvoirs. Plutôt pour savoir si on peut avoir confiance. Les éléments qui désertent au bout d'une semaine, ça fait tâche... Alors ?"