Renaissance

Voilà plusieurs mois que Jade s'était réfugiée en Bretagne, là où personne - à part Cal, son aîné - n'aurait l'idée de la trouver. Mais dans le fond, son cœur lui hurlait de retourner à la Colonie, là où était sa véritable place ; son esprit, lui, n'y était pas opposé, à part sur un point. Hors de question de revenir dans cet état, souillée jusqu'à la moelle, au plus profond de son être, qui plus est en ne se remettant pas sérieusement à l'entraînement.

Et elle avait repris l'entraînement, après quelques temps à se morfondre, après la visite de Cal et de sa copine Adriane : le fait qu'il s'emporte à cause de son départ sans un mot lui avait rappelé que la Colonie était réellement son foyer, et qu'elle se devait de la protéger en tant que Sentinelle. Si elle avait pu récupérer rapidement une certaine forme physique, il lui restait encore un poids psychologique à gérer : son dernier passage à la Résistance avait été quelque peu traumatisant, et elle n'arrivait pas à passer outre pour rentrer.

La question qui trottait dans son esprit désormais, c'était : comment revenir avec un boulet pareil ? Brocéliande était peut-être une terre de magie, elle n'apportait pas spécialement de réponse, ce qui frustrait la demoiselle. Pourquoi, quand on avait besoin d'eux, les dieux ne se manifestaient pas ? Hermès, par exemple, pourrait se pointer et tenter de la rassurer, comme il l'avait toujours fait... Minute. S'il ne pouvait pas le faire là maintenant tout de suite, c'est qu'il lui était arrivé quelque chose, ce qui inquiéta Jade. Pas au point qu'il soit mort, vu que les dieux étaient immortels, mais quand même...

Plus le temps passait, et plus la Sentinelle désespérait de ne pas pouvoir se défaire de son boulet psychologique. Aussi, un jour, décida-t-elle de se rendre au lac de Comper, là où selon la légende vivait la célèbre Dame du Lac, gardienne d'Excalibur, dans l'espoir que quelque chose s'y passerait. Et il fallait croire que là-haut, quelqu'un en avait décidé ainsi, et pas n'importe qui...

Cela faisait des mois que les Dieux ne nouaient pratiquement plus aucun contact entre le monde des mortels et eux. Ils semblaient avoir complètement disparu de la surface de la Terre et le contact entres les demis dieux - qui était déjà très difficile - s’effaçait peu à peu. La Résistance était devenue une des plus grosses préoccupations des divinités. L’heure était grave, l’organisation avait frappé une fois et pouvait à n’importe quel moment frapper une seconde fois. Des réunions étaient souvent organisées et qui débouchaient souvent sur des mésententes. Artémis y assistait de temps en temps même si elle avait du mal à se sentir concernée par la situation. Les chasseresses n’étaient pas spécialement visées par les résistants. Pourtant, elles voulaient s’engager quand même dans cette guerre infernale juste par affection pour la colonie. La Déesse ne pouvait pas leur en vouloir, à vrai dire, elle était même fière d’elles. Voir son éducation porter ses fruits la rendait aussi fière qu’une mère qui voyait son enfant diplômé.

Mais n’étant pas très préoccupée par les assauts de la Résistance, elle pouvait encore garder contact avec les sangs mêlés. Délaissés par leur parent, elle les voyait dans un état pathétique mais ne pouvait pas y faire grand chose. Enfin si. Quelque fois cela lui arrivait de recruter des chasseresses en plus. C’était un peu mal de profiter de la situation mais personne ne les forçait à rejoindre la chasse après tout.

Ce jour là, elle avait remarqué un appel à l’aide lancé par une certaine Jade Taylor. C’était une fille d’Hermès qu’elle connaissait assez bien car elle avait tenté dans le passé, de la faire devenir chasseresse car elle avait toutes les qualités requise pour l’être: bonne baguarreuse, maligne etc… Celle ci avait refusé mais n’avait pas tâché sa réputation. Elle était une véritable battante aux yeux d’Artémis et ne méritait pas ce qui lui arrivait.
La Déésse de la chasse apparut à Brocéliande, terre connue de la Bretagne, petite région de la France où elle n’avait pas mis les pieds depuis belle lurette. Elle aperçut le dos voûté de la fille d’Hermès et s’approcha doucement.

- Tu attendais un miracle ? Il faut croire que parmi toute la famille, je suis la seule à encore me préoccuper de l’état des alliés. Les plus meurtris dans cette histoire … Allons ma nièce, parle-moi.

Renaissance

Perdue dans sa prière et ses pensées, Jade ne se rendit pas compte de suite que quelqu'un l'avait rejointe. Ce fut quand la personne parla qu'elle se retourna vivement :

Tu attendais un miracle ? Il faut croire que parmi toute la famille, je suis la seule à encore me préoccuper de l’état des alliés. Les plus meurtris dans cette histoire … Allons ma nièce, parle-moi.

Artémis. Déesse Chasseresse. Sa tante, qui avait tenté une fois de la recruter parmi ses Chasseresses, ce que la demoiselle avait refusé poliment. Avec un soupir de soulagement, Jade se détendit avant de se relever pour répondre :

Les plus meurtris... C'est un fait. Mais bon, on a fait ce qu'on a pu, je suppose.

Elle reporta son regard sur l'eau cristalline du lac avant de serrer les poings et de reprendre :

Mais là... Je ne suis plus que l'ombre de moi-même, ma tante. Je ne me reconnais plus depuis ce jour, personne ne me reconnaîtrait... Je me cache pour échapper à quelque chose, je ne suis plus rien. Il est où le temps où je vivais plus ou moins insouciante à la Colonie, où père venait me voir souvent ?
D'ailleurs, il est passé où ? Je me doute bien qu'il a un problème, mais sais-tu de quelle nature il est ?

Se tournant vers sa tante, Jade posa sur elle un regard brillant, un regard qui appelait au secours :

Je t'en prie... Tu es la seule à être venue me voir, je t'implore de m'aider...

Et puis elle s'effondra, en larmes, aux pieds de la déesse. Des larmes qu'elle gardait le plus profondément enfouies en elle depuis tout ce temps, des larmes de rage, de fatigue, de désespoir, de honte. Effectivement, elle n'était plus que l'ombre d'elle-même, l'ancienne Jade était morte ou du moins mourante, et il faudrait vraiment un miracle pour qu'elle redevienne comme avant.

Quand elle vit ce visage totalement meurtris, Artémis eut un véritable choc. Jade… Soit ses yeux lui jouaient des tours, soient elle avait vraiment changé. La dernière fois qu’elle l’avait vu, c’était pour lui proposer de devenir chasseresse, totalement bluffée par ses qualités de combat au tir à l’arc et par sa grande précision au tir à l’arc. Maintenant, elle semblait si faible, comme réduite à un âge où l’on avait peur de tout. Pourtant, son physique avait changé. La Déesse avait dû plonger dans ses vieux souvenirs pour qu’elle puisse se rappeler de la beauté fraîche et insouciante qu’avait la fille d’Hermès lorsqu’elle était à peine sortie de son adolescence. Ce spectacle la désolait terriblement. La vie pouvait parfois être si cruelle…

- Les plus meurtris... C'est un fait. Mais bon, on a fait ce qu'on a pu, je suppose.

La jeune femme reporta son regard sur le lac. Sa mélancolie s’accordait bien à l’ambiance plutôt calme que renvoyait l’étendue d’eau. Son eau bleu n’était pas vraiment rayonnante, sûrement parce que le temps n’était pas au rendez vous. À vrai dire, la Bretagne n’était pas la région la plus attractive en ce qui concerne le climat. Mais là n’était pas la question.

- Mais là... Je ne suis plus que l'ombre de moi-même, ma tante. Je ne me reconnais plus depuis ce jour, personne ne me reconnaîtrait... Je me cache pour échapper à quelque chose, je ne suis plus rien. Il est où le temps où je vivais plus ou moins insouciante à la Colonie, où père venait me voir souvent ?
D'ailleurs, il est passé où ? Je me doute bien qu'il a un problème, mais sais-tu de quelle nature il est ?
Je t'en prie... Tu es la seule à être venue me voir, je t'implore de m'aider...

Et elle avait prononcé ces derniers mots dans une telle douleur, qu’elle se mit à genoux pour implorer l’aide d’Artémis. Rares étaient les personnes qui se mettaient dans un tel état devant elle. La Déesse de la lune n’était pas le genre de personne à se laisser malmener par la vie. Elle était d’une dureté sans failles et elle apprenait à ses chasseresses d’adopter cet état d’esprit pour ne pas se laisser faire lorsqu’elles vivaient des heures bouleversantes. Artémis, le coeur battant, ne se laissa pas gagner ses émotions malgré le spectacle. Elle tenta de se contenir et de garder la tête haute.

- Ton père est très occupé en ce moment… comme la majorité des Dieux. Je ne peux pas t’en dire plus… Ressaisie toi ma belle, ne baisse pas les bras.. Écoute, j’ai bien une idée mais… comment dire ? Ce n’est pas quelque chose qui est fait pour les cas comme toi…

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Là, pour le coup, même si elle était littéralement en train de se vider de son eau tellement elle pleurait, Jade avait presque honte. Pleurer devant la déesse la plus ferme, celle qui savait faire preuve d'une dureté sans faille, qui montrait assez peu ses émotions, c'était que la situation devait être grave. Et de fait, elle l'était. Mais Artémis était également une déesse qui savait faire preuve de bonté, si elle était descendue de l'Olympe c'était bien pour cette raison, non ?

La déesse attendit quelques instants avant de lui lancer avec douceur et fermeté à la fois :

Ton père est très occupé en ce moment… comme la majorité des Dieux. Je ne peux pas t’en dire plus… Ressaisie toi ma belle, ne baisse pas les bras.. Écoute, j’ai bien une idée mais… comment dire ? Ce n’est pas quelque chose qui est fait pour les cas comme toi…

Un cas comme moi ?, demanda Jade en reniflant et tentant de se reprendre en séchant ses larmes d'un geste rageur. Suis-je donc irrécupérable ? Dois-je mériter tout ce qui m'arrive ? Je ne suis qu'une simple mortelle, bannie et détestée par sa famille mortelle et dont le côté divin n'attire que des ennuis...

Elle donna un coup de pied rageur dans le caillou le plus proche, l'envoyant par le fond, avant de s'asseoir sur le bord du lac et de soupirer :

En plus, je pense que tu vas me demander de rejoindre la Chasse, or là... Ce serait aller contre la première de tes règles. Et je doute que tu veuilles passer outre, même pour ta nièce.

Elle se recroquevilla en ramenant ses genoux sous son menton et, fixant le lac, elle soupira de nouveau :

M'enfin... Je suppose que tu as entendu mon appel, alors... C'est quoi ton plan ?

- Un cas comme moi ? Suis-je donc irrécupérable ? Dois-je mériter tout ce qui m'arrive ? Je ne suis qu'une simple mortelle, bannie et détestée par sa famille mortelle et dont le côté divin n'attire que des ennuis...
En plus, je pense que tu vas me demander de rejoindre la Chasse, or là... Ce serait aller contre la première de tes règles. Et je doute que tu veuilles passer outre, même pour ta nièce.
M'enfin... Je suppose que tu as entendu mon appel, alors... C'est quoi ton plan ?

Artémis ne broncha pas. Laisser aucune émotion décomposer son visage était sa qualité première. Qu’elle soit face à une jeune fille totalement désemparée ou pas ne changeait pas son humeur. Elle voyait des filles comme Jade tout le temps et elle pouvait témoigner qu’à travers les siècles, les mortelles ne changeaient pas. Au moindre problème, elles perdaient toutes leur joie de vivre. La Déesse avait déjà recruté dans la chasse, des filles dans un sale état mais qui parvenait quand même à se construire. Peut être grâce à la chasse justement qui semblait un bon moyen psychologique pour surpasser ses difficultés.

Être chasseresse c’était avant tout faire preuve de sang froid et de bien savoir gérer les mauvaises situations. Être chasseresse, c’était aussi savoir être solidaire, avoir l’esprit d’équipe et parvenir à combattre un difficulté en se serrant les coudes. Alors au moment où Jade avait évoqué la chasse, tous les souvenirs d’Artémis refaisaient surface. Des petites demies déesses malmenées par la vie qui s’étaient transformées en vraies guerrières prêtes à prendre leur vie en main. Alors en quoi la Chasse était elle quelque chose de méprisable ? Les chasseresses étaient de vraies battantes qui étaient peut être mieux entraînées que les demis dieux à la colonie.

- Hum je vois … Tu as raison, je comptais te demander de devenir une chasseresse en échange de mon pouvoir … mais je ne vois pas ce qui te répugne tant à en devenir une même pour quelques semaines seulement. Je pense, qu’au contraire, ce serait un bon moyen de te reconstruire à l’abris des regards et à adopter ce que j’appelle “l’esprit chasseresse”. Crois-moi, tu seras bien plus forte après.

Artémis laissa un silence s’installer entre les deux femmes. La Déesse réfléchissait, était-ce vraiment bien ce qu’elle allait proposer à Jade ? N’allait-elle pas à l’encontre de principes que les Dieux avaient instauré. Mais, les principes devenaient de plus en plus désuètes. Habituée à ne plus beaucoup fréquenter ses camarades, elle pouvait se dispenser de respecter certaines règles. En fait, elle en avait marre de ces conditions vieilles de plusieurs milliers d’années. Artémis comptait bien faire changer les choses, que cela concerne sa vie privée ou les lois divines.

- Mon idée ? Je vais te purifier tout simplement. Et les “cas comme toi” sont les criminels, je ne parlais pas de ta … bon. Accepte-tu d’être purifiée en échange de quelques semaines dans la peau d’une chasseresse sans t’y engager pour l’éternité? Ce ne sera qu’à ton avantage.

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La Sentinelle ne réagit pas de suite lorsque la voix de sa tante retentit pour lui répondre :

Hum je vois … Tu as raison, je comptais te demander de devenir une chasseresse en échange de mon pouvoir … mais je ne vois pas ce qui te répugne tant à en devenir une même pour quelques semaines seulement. Je pense, qu’au contraire, ce serait un bon moyen de te reconstruire à l’abris des regards et à adopter ce que j’appelle “l’esprit chasseresse”. Crois-moi, tu seras bien plus forte après.

En soi, l'idée de rejoindre la Chasse, même temporairement, ne dérangeait nullement Jade. C'était le fait de ne plus être vierge qui la gênait, elle qui était très respectueuse des règles et pointilleuse vis-à-vis d'elles, notamment par rapport à Artémis. Car dans le fond, elle l'admirait, même si elle ne le montrait pas : elle était fière, elle était libre, elle était tout simplement elle-même. Et rien que d'y penser, la jeune femme voulait reprendre du poil de la bête et marcher dans les pas de sa tante.

Elle tourna légèrement la tête quand Artémis reprit :

Mon idée ? Je vais te purifier tout simplement. Et les “cas comme toi” sont les criminels, je ne parlais pas de ta … bon. Accepte-tu d’être purifiée en échange de quelques semaines dans la peau d’une chasseresse sans t’y engager pour l’éternité? Ce ne sera qu’à ton avantage.

Jade s'autorisa un certain moment de réflexion : elle voulait repartir de zéro, et l'offre d'Artémis était tentante. Plus que tentante même... Même si cela impliquait de ne plus avoir de relation avec un garçon - Warren, pour ne pas le citer - et qu'elle devrait rester sage pendant un moment... Mais elle avait toujours été sage à ce niveau-là, alors bon.

Prenant une grande inspiration, Jade fit face à sa tante et, soutenant son regard, lui répondit :

J'accepte ta proposition. Si ça peut me permettre de protéger mon foyer par la suite, et tant que je peux retourner à la Colonie ne serait-ce que pour les rassurer sur mon sort... Ça marche comment, du coup ?

Artémis restait totalement calme et impassible. À chaque mots qu’elle prononçait, elle surveillait la réaction de Jade. La Déesse se voulait être convaincante sans pour autant paraître insistante. Tout l’art de la rhétorique résidait dans la construction de son discours. Elle devait la flatter tout en essayant de rester neutre vis à vis de son problème. La divinité aurait pu être soupçonnée de profiter de la situation d’une pauvre demie déesse en situation critique. Ce qui semblait être un appel à l’aide devenait un compromis. Tout était dans la psychologie de la grande chasseresse, pas d’aide sans payer sa dette. Cela pouvait avoir l’air d’être quelque chose de trop cruel par rapport au mal être de la jeune fille. Mais c’était une juste une question de principe, la déesse jugeait légitime d’agir comme elle le faisait. D’autant plus que visiblement, tout était bénéfique pour Jade, elle allait se reconstruire de la meilleure manière possible donc c’était profitable en dépit du léger sacrifice qu’elle allait faire.

- J'accepte ta proposition. Si ça peut me permettre de protéger mon foyer par la suite, et tant que je peux retourner à la Colonie ne serait-ce que pour les rassurer sur mon sort... Ça marche comment, du coup ?

La grande Artémis esquissa un léger sourire qui traduisait une certaine satisfaction. Elle était fière d’avoir réussie à convaincre cette fille. Elle ne doutait pas de son talent mais à vrai dire, elle n’était pas non plus à l’abris d’un refus. Vu le caractère de Jade, cette dernière aurait pu très bien refuser. Mais le désespoir qui l’avait gagné la rendait sûrement plus apte à se laisser guider par une personne qui était potentiellement capable de la sortir de ce pétrin. Elle fit un grand pas pour se rapprocher de la fille de son frère et posa une main sur son épaule. Le geste était calme et contrôlé, elle devait gagner entièrement la confiance de sa nièce.

- Bon tu as donc accepté ma proposition. Sache que tu ne vas pas pouvoir revenir en arrière et ce même si au dernier moment, tu ne te sentirais pas à la hauteur. Je n’aime pas qu’on me fasse retourner en arrière. Mais, tu as l’air déterminé à changer, alors j’ai confiance.

La Déesse réfléchit un instant. Il fallait trouver exactement la bonne formule pour pouvoir purifier Jade. Aucune erreur ne serait tolérée. Les conséquences pourraient être dramatiques et en plus, elle détestait se tromper. Si cet accident arrivait, elle s’en voudrait pour une éternité. Sa fierté serait totalement blessée.
Elle fixa sa nièce du regard et posa sa deuxième main sur son autre épaule. Le lac derrière la demie déesse était calme, comme peu préoccupé par ce qu’il allait arriver. La nature passait en arrière plan, se retirait même pour permettre à Artémis de se concentrer. Le calme était présent, elle pouvait enfin se lancer.

- Per voluntatem deorum quod universa natura, tibi gratias ago anima vestra. Liberat desperandum, odio, vae. Facti sunt alium. Facti sunt optimum.

Lorsque la Déesse prononça ces termes latins, une douce lumière se mit à émerger de ses mains. Jade se transformait en une autre personne. La lueur qui émanait d’elle, donnait naissance à une nouvelle femme. L’ancienne femme meurtrie se noyait dans l’ombre de la demie déesse qui se projetait sur le lac.

Voir Jade se transformer en quelqu’un d’autre était comme voir la naissance d’un enfant. Artémis n’avais jamais vu la naissance d’un nouvel être humain - mis à part les animaux - et voir ce qu’on pouvait communément appeler une renaissance la rendait presque émue. La dernière fois qu’elle avait purifié un humain datait de plusieurs siècles. Elle se rappelait à peine de cet épisode, ne se voyait juste que prononcer les quelques mots qui pouvaient permettre à un individu de se transformer en quelqu’un de “meilleur”. Elle avait du coup oublié l’émotion qu’une transformation pareille lui faisait. La Déesse se demandait d’où venait cette émotion qui ne lui ressemblait. Était-ce parce qu’elle n’avait pas eu la chance de mettre un enfant au monde ? Remettait-elle l’impuissance de donner la vie sur sa capacité à transformer une personne ? Elle ne saurait le dire. Elle demanderait probablement l’avis de son frère ou de quelqu’un d’autre de sa famille un jour où elle y penserait.

Jade brillait de mille feu, c’était d’ailleurs tout à fait sublime. Artémis ne put s’empêcher d’esquisser un petit sourire de satisfaction, quand elle réussissait quelque chose, elle ne pouvait s’empêcher de se féliciter intérieurement. En plus, la demie déesse semblait vraiment être heureuse. Cette dernière regarda une boule de feu entre ses mains - sûrement un pouvoir qu’elle venait d’acquérir - et dit avec admiration:

- Wow... C'est étrange mais pas désagréable comme sensation.

Puis la transformation arrivait à sa fin. Jade semblait radieuse et surtout heureuse pour le plus grand plaisir d’Artémis. Cependant il fallait que la Déesse la prévienne des effets indésirables psychologiques qui pouvaient naître cette purification comme la nostalgie de son passé ou une insatisfaction par rapport à sa nouvelle vie. Mais bon, elle aurait tout le loisir de lui expliquer cela quand elle aura intégrer les chasseresses et qu’elle sera plus disponible. Maintenant, la jeune fille semblait encore un peu déstabilisée.

- Avant de partir... Moyen de repasser à la maison rapidement ? Je crois... que j'ai vu quelque chose qui m'attend là-bas.

Artémis fronça des sourcils, interpellée. Elle ne savait pas où voulait en venir sa protégée. Elle la regarda avec des yeux attentifs, en se demandant si elle avait tout fait bien comme il fallait et croisa les bras.

- Je ne te suis pas ma chère Jade… Fais comme tu l’entends mais attention aux effets de la purification, elles ne sont pas encore parties, j’ai bien peur que tu ne sois trop faible. Mais si tu as besoin d’aide pour faire ce que tu as à faire, je suis là.

HRP: