La forêt environnante était un endroit parfait pour contribuer aux recherches d’Alejandro. Il y était déjà venu une première fois et il avait pu constater la présence de phénomènes étranges. Il avait cru voir, une fois, des sortes de sirènes s’envoler d’un cours d’eau sans que celles ci ne se méfient une seconde du promeneur. Il s’était dit qu’elles ne le voyaient sûrement pas, en tout cas, ce jour là, il n’avait pas prit son appareil photo pour immortaliser ces incroyables personnages. Mais maintenant, il possédait tous les équipements dont il avait besoin. Ainsi, il s’était mis en tête de retrouver ces sirènes mais au bout de quelques heures de recherche, le journaliste avait fini par se rendre compte qu’il était totalement perdu et qu’il n’avait pas retrouver la rivière. Alejandro s’asseya contre un arbre en essayant de se rappeler tous les chemins qu’il avait emprunté. Il dut se rendre à l’évidence, il avait tout oublié.

Soudain, une jeune fille et un homme avec des pieds de chèvre passèrent devant lui. L’enquêteur se leva, surpris, et décida de les suivre discrètement. À un moment, il vit la fille disparaître en se transforlant en arbre, laissant l’homme à moitié animal perplexe d’avoir perdu sa trace. Sauf qu’Alejandro n’en avait pas perdu une miette. Tellement émerveillé par cette transformation, il en avait oublié d’allumer son appareil photo. Tant pis, il allait suivre cette magnifique créature jusqu’à ce qu’elle soit dans de bonnes conditions pour être prise en photo.
L’objectif pointé vers l’arbre, l’homme attentit patiemment que l’arbre redevienne une femme. La patience l’avait récompensé car en sentant une agitation de la part de l’arbre, il avait prit une rafalle de photographies. Parfait, il avait tout puis en plus, le flash ne s’était pas déclenché. Il souffla un instant, fier de lui mais il se remit rapidement en route pour la suivre, ayant envie de la voir se retransformer à nouveau.

Emporté par un puissant désir de reprendre à nouveau cette beauté en photo, il s’était caché dans un buisson pour la photographier. Cependant, la lumière était moins forte dans cette partie de la forêt et le flash automatique se déclencha. Alejandro poussa un juron en voyant la créature se faufiller derrière un arbre et décida de sortir de sa cachette. Il se dirigea doucement vers l’arbre, poussé par une irrémédiable envie de la voir de plus prés (c’était plus fort que lui) et se retrouva nez à nez avec la fille, qui terrifiée, ne s’était pourtant pas enfuie. L’appareil photo autour de son cou, il décida de lui parler:

- Bonjour … vous ... vous êtes magnifique … vous êtes quoi au juste ?

La créature planta ses yeux dans ceux d’Alejandro. Elle avait l’air particulièrement surprise, l’homme se disait qu’elle ne devait pas croiser des humains tous les jours. En tout cas, la fille était vraiment mignonne physiquement et ne ressemblait pas du tout à un monstre. Le journaliste se demandait même s’il ne s’était pas trompé car son imagination aurait pu lui jouer des tours. Cependant, il était certain d’avoir bel et bien pris en photo la transformation de la fille car les preuves étaient là, enregistrés dans son appareil photo.

- Ce que je suis ? Ben... Une fille...

La fille se rapprocha de lui. Alejandro était assez anxieux, il sentait ses pulsions d’enfance remonter à la surface mais avait du mal à les contrôler. La découverte de cette créature avait tout d’excitant mais le problème était qu’il détenait des photographies compromettantes sur elle et qu’elle allait bientôt le soupçonner s’il restait trop longtemps avec elle. Apparemment, elle ne comptait pas dévoiler son identité trop facilement et le journaliste sentait qu’il aurait du mal à la faire parler. Les créatures de ce monde mythologique, qui le passionnait tant, semblaient être discrets dans leurs actions afin de ne pas tomber entres les griffes d’un humain. Pourtant, Alejandro savait qu’une grande majorité des humains ne pouvaient pas les voir donc elles ne craignaient rien. Cela voulait donc dire que les créatures tenaient au secret des légendes et cela constituait donc une épreuve de plus pour le journaliste car ces bêtes n’allaient jamais collaborer avec lui.

- Euh… d’accord mais pourquoi êtes-vous toute seule en plein milieu de la forêt ?

Alejandro sentait qu’elle surveillait du coin de l’oeil son appareil photo et pouvait ainsi découvrir ce qu’il détenait. Il fallait absolument qu’il récupère sa carte SD si la créature tentait de s’approprier l’ appareil ou de le casser même. Il dirigea lentement sa main vers son appareil photo puis dit un léger compliment, pour tenter de détourner son attention:

- Moi je fais des photos de la forêt … La nature est plutôt belle vous ne trouvez pas ? Je dirais même qu’elle est aussi belle que vous.

- Je me promène... Pourquoi ? Je n'en ai pas le droit ? Et vous, d'abord, que faites-vous ici ?

Alejandro s’employait à réfléchir à une stratégie pour éviter les questions de ce genre. Si l’homme adorait interroger les autres, il n’aimait pas particulièrement l’inverse. Pourtant, grâce à  des années de carrière, il avait appris à esquiver la curiosité des autres. Déjà, cela lui était déjà arrivé de faire face à une personne interviewée qui ne voulait pas répondre explicitement aux questions. À l’époque, ses tentatives pour apprivoiser ces types de personne étaient infructueuses ; d’ailleurs il était énervé au plus au point lorsqu’il ne réussissait pas. Mais après réflexion, il avait trouvé en ces gens un mystère intriguant dans leur volonté de conserver leurs secrets. Le journaliste avait alors appris grâce à eux, à garder une certaine dignité et à cultiver le mystère pour échapper aux retournements de situation comme il y faisait actuellement face.
Après avoir évité une question sur sa présence, Alejandro n’était pas totalement rassuré. Il sentait que la créature n’allait pas en rester là et il fallait à tout prix trouver un moyen de s’échapper de ses griffes. Il ne comptait pas rester trop longtemps avec elle, sa stratégie allait devenir inefficace et son plan, tombé à l’eau.

- Me...Merci. Je peux les voir ? Les photos ?"

Alejandro tenta de contenir sa panique. Cette saleté allait lui faire perdre la tête. De plus, si elle voyait les photos qu’il avait prise, il serait fichu. Le regard rempli d’innocence de la jeune fille avait en plus quelque chose de craquant auquel il avait du mal à résister. Il fallait que le journaliste se concentra davantage pour inventer une excuse. Il avait remarqué que la créature n’était pas insensible aux compliments, il allait donc jouer sur cette carte.

- Oh… elles ne sont vraiment pas terribles… vous savez, j’ai assez mal choisi mon heure car maintenant, la lumière n’est pas du tout bonne et les photos sont vraiment trop contrastées… Je pense que je reviendrai une prochaine fois, quand le temps sera meilleur.

Et une excuse classique pour ne pas montrer ses photos. Maintenant, Alejandro afficha son plus beau sourire de séducteur pour tenter d’éloigner la conversation sur les photographies et s’approcha d’elle.

- En tout cas ces photos ne seront jamais aussi belles que vos yeux. Une beauté comme vous ne devrez pas se promener seule dans la forêt, ce serait trop dangereux… On pourrait rentrer ensemble n’est ce pas ? D’ailleurs, quel est votre petit nom ? 

Malgré tous les préjugés que les mortels portaient sur les monstres, celui qui se trouvait en face d’Alejandro ne semblait pas dénué d’esprit. Cette jeune fille avait des airs de princesse timide mais l’homme sentait qu’elle cachait bien son jeu. La manière insistante dont elle le regardait trahissait presque son plan. Son regard était si exagéré que cela flairait la comédie à plein nez. Mais, il ne voulait pas la vexer. Il fallait qu’il la mette à l’aise afin qu’elle soit en confiance et qu’elle le laisse repartir sans le soupçonner. Alors, il jouait le même jeu qu’elle, il échangeait avec cette fille, ce même regard adorable qu’il savait efficace et conservait son petit sourire en coin, apparemment si séduisant. Le journaliste n’essayait même pas de cacher son attirance pour la créature qu’il trouvait si jolie. Pourtant, ce serait idiot de flirter avec elle ! Ce serait comme collaborer avec l’ennemi. Donc, il se disait qu’il ne fallait pas que son jeu dépasse la réalité.

- Je m'appelle Aliénor. Et je ne rentre pas avec des inconnus. il va falloir me dire votre nom et au moins quelques petites choses sur toi pour être sûre que vous n'allez pas m'assassiner dans les bois…

Toujours aussi méfiante, Aliénor avait décliné son identité presque ouvertement, montrant ainsi qu’elle n’avait rien à cacher (ou presque). Alejandro devina qu’elle optait pour la même stratégie que lui et cela le rendit mal à l’aise. La petite avait quand même du répondant ! Il posa une main sur l’arbre le plus proche, de manière à la dominer, et continua son jeu, toujours sur un ton aguicheur:

- Enchanté Aliénor, je m’appelle Alejandro. Vous voulez savoir des choses sur moi ? Je suis d’origine chilienne et argentine, il se trouve que je suis un excellent cuisinier et le bien le plus précieux que je possède, est une tortue de compagnie qui a fait fuir ma première compagne. Ah, et j’aime bien rencontrer des jolies filles , mais pas forcément pour les assassiner si vous voyez ce que je veux dire …

Il conclut sa phrase par un petit clin d’oeil. Alejandro avait omis le fait qu’il était journaliste. Il n’était pas dupe, si jamais la fille apprenait son métier, elle allait vite comprendre ses intentions. Mais curieuse comme elle était, Aliénor allait bientôt demander sa fonction. Comme il avait prévu le coup, l’homme pensait répondre qu’il était phorographe pour un magazine qui parlait de nature, ce qui correspondait plutôt bien avec sa tenue d’aujourd’hui.

- Alors Aliénor, vous ne voulez toujours pas rentrer avec moi ? C’est dommage, j’en aurais profité pour vous montrer de belles images de forêt que j’ai faite récemment.

Il bluffait. Mais au pire, il pourrait toujours chercher des images d’internet ; les créatures n’étaient pas forcément au courrant du fonctionnement des technologies modernes.

- Très bien. On peut faire ça, j'ai très envie de voir vos photos. Vous allez par où ?

En réalité, cela aurait bien arrangé Alejandro si elle était davantage méfiante. Si elle avait refusé de le suivre, il aurait pu s’enfuir gentiment sans que cette fille ne le rattrappe. Mais le mortel était comme tenté de se prêter à ce jeu du chat et de la souris. Il était comme ça, il avait toujours besoin de prendre des risques. Mais d’un autre côté, s’il s’enfuyait comme un lâche, il se serait fait griller. Si le monde des monstres se passait comme à son ancien collège à Santiago, la fille appellerait du renfort et il se serait sûrement fait tabasser par des monstres beaucoup plus coriaces qu’une simple fillette qui se transformait en arbre. Alejandro n’avait pas le choix, il devait utiliser son intelligence pour parvenir à ses fins.

Mais quelle intelligence ? Le fait de se rendre compte qu’il ne savait plus où il était le rendit penaud. Le pauvre journaliste venait de se rendre compte qu’il avait atterri ici complètement par hasard et qu’il ne savait plus où était le chemin. Il était coincé et cela jouait en faveur d’Aliénor.

- Hum … comment dire … Je suis un peu perdu … connaissez-vous un chemin pour rejoindre la route ?

Le seul avantage à cela était qu’il allait gagner un peu de temps. Ainsi, il pouvait réfléchir à la suite de son plan … Il avait pensé à utiliser des photos qui provenaient d’internet. Mais dans le passé, il travaillait réellement pour un magazine qui parlait de nature, il suffirait donc de ressortir de vieilles photos qu’il avait prise dans le temps … Sinon, il avait pensé à un autre plan: celui de détourner l’attention d’Aliénor. Il avait remarqué qu’elle n’était pas insensible à son charme mais tombera-t-elle amoureuse de lui ? Elle semblait quand même assez maligne …

- Et tu - on se tutoie hein - tu fais quoi dans la vie, si ce n'est pas trop indiscret ?

C’était qu’il attendait. Au moins, cette fille était plutôt prévisible. Alejandro afficha - pour la dixième fois de la journée - son saint piternel sourire charmeur et lui mentit:

- Hé bien je travaille pour un magazine pas hyper célèbre qui parle de nature et un peu de sciences … Même si c’est passionnant, j’aimerais changer de branches - sans mauvais jeu de mots - et peut être travailler dans des magazines féminins. Je pourrais peut être croiser des filles aussi jolies que vous … Quoique, les arbres et les fleurs me manqueraient un peu … et vous… euh toi ?

Alejandro avait l’impression d’être piégé malgré toutes les stratégies qu’il avait opéré jusque là. Il pensait même qu’il s’était fait avoir tout seul au moment où il s’était mis à adresser la parole à cette créature. Il aurait dû s’en aller juste après avoir fait ses clichés. Mais sa curiosité l’avait poussé à questionner cette Aliénor. Depuis, même s’il avait réussi à éviter quelques questions, il savait au fond de lui qu’il était piégé depuis le début.

- En fait, je suis gardienne des forêts. Garde-chasse quoi. Alors les blagues sur la nature, je connais. Du coup, si vous voulez de l'aide sur les photos que vous venez de prendre. Le nom des arbres, tout ça... Je peux vous aider.

Sans s’en rendre compte, le journaliste fronça les sourcils. Il avait du mal à savoir où cette fille voulait en venir exactement. Il savait seulement qu’elle mentait puisqu’il était au courant de ses origines divines et ainsi venait de révéler qu’elle n’était pas sûre que le jeune homme l’ait vu se transformer. Enfin non, Alejandro tentait de convaincre qu’elle savait absolument tout quand même sinon ce ne serait pas drôle.

À vrai dire, Alejandro attendait juste le moment où la créature allait le percer à jour. En effet, il concoctait dans sa tête le dernier plan qui pourrait sauver sa peau. Même s’il n’en avait pas l’habitude, il allait utiliser la menace. Mais comment déterminer la venue de ce moment ? Aliénor semblait tellement calme et souriante à cet instant qu’il ne pouvait rien voir venir. Quand il pensait que tout se jouait à son appareil photo, le journaliste en transpirait presque d’inquiétude.

- Hum non merci ça ira. Dans le pire des cas, je consulterai un dictionnaire ou truc comme ça.

Il en avait marre de ce petit jeu. Difficile d’échapper à la vigilance de cette fille ! N’avait-elle pas autre chose à faire que d’être ici avec lui ? Il avait du mal à dissimuler son agitation, il avait peur que son côté hyperactif se réveillait. Ce trouble allait le trahir à coup sûr !

- Sinon pas trop dur ton métier ? Je veux dire, tu l’exerces pied nu quand même, ça doit être terrible avec toutes ces bestioles qui traînent sur le sol.

- Pas vraiment. J'aime la nature et c'est très agréable. Tu devrais essayer un de ces jours.

Vu le ton qu’avait employé Aliénor pour répondre à Alejandro, le journaliste se doutait que la créature en avait marre de ce jeu aussi. En même temps l’un comme l’autre était déterminé de la manière alors les deux savaient bien qu’ils n’arriveraient à rien. Le jeune homme se contenta de sourire bêtement car il ne savait pas trop quoi répliquer mis à part qu’il souhaitait se débarrasser d’elle.

Étrangement, Aliénor se mit à marcher devant Alejandro. Celui ci soupçonnait un mauvais coup même si son attitude pouvait être excusable dans la mesure où il lui avait dit qu’il ne connaissait pas le chemin pour sortir de la forêt. Alors, il ne lui posa aucune question, reportant son attention sur son plan qui risquait de tomber malheureusement à l’eau. Il lui restait pourtant un dernier plan, le plus lâche mais peut être celui qui fonctionnera le mieux: s’enfuir. Alors oui, il risquait de perdre la face mais il considérait de toute façon qu’il allait jamais la revoir. Enfin, il n’eut pas le temps de mettre son plan à exécution. Soudain, Aliénor tomba sur lui, le réveillant de ses pensées.

- Désolée, ces satanés racines... Mais la route est juste là alors je vais vous laisser.

Elle fit instantanément demi tour. Alejandro ne comprenait pas sur le moment car sa réaction était assez bizarre. D’ailleurs, elle lui avait pas dit qu’elle allait le racompagner …? Ses yeux se portèrent sur son torse et ne vit plus son appareil photo à l’intérieur de la housse. Il paniqua pendant une demie seconde avant de comprendre et de foncer retrouver Aliénor. Elle ne s’était pas encore enfuie très loin et s’apprêtait à allumer l’appareil. Pris d’une colère noire, il se jeta sur elle, de la manière manière qu’un rugbyman sur un ballon et la plaqua violemment au sol.

- Tu comptais faire quoi avec mon appareil photo hein ?!

Il espérait que dans sa chute, Aliénor n’avait pas cassé son appareil photo. Il finit par le lui arracher et vit l’objectif très abîmé. Pourvu que les photos prises ne soient pas perdues !

Alejandro venait d’être découvert. Il savait bien que ce moment allait arriver mais peut être pas aussi tôt. Il était en train d’examiner la situation: il venait de se faire voler son tendre et précieux appareil photo par un arbre sur pattes, s’était jeté sur elle avant de lui crier dessus. La situation en était presque rocambolesque mais ce genre de chose devait bien arriver de temps en temps, surtout s’il s’était mis à fréquenter le monde des dieux et de tout ce qui allait avec.

Aliénor releva la tête vers le jeune homme, le visage crispé par la colère et le regarda avec un air de défi. La petite créature toute timide n’était plus ce qu’elle était. En voyant son jolie minois fendu par l’animosité, Alejandro commença à prendre peur. Il se disait qu’il aurait dû se méfier d’elle plus tôt. Il ne connaissait pas assez bien les créatures mythologiques tellement qu’elles étaient nombreuses. Il aurait dû être plus sur ses gardes car après tout, peut être que le monstre n’était pas juste capable de se transformer en arbre, peut être pouvait-elle se transformer en quelque chose de plus féroce encore…

- Je pense que tu le sais. Efface ces photos ou je te jure que tu ne sortiras jamais d'ici.

La menace n’avait tardé à arriver. Le journaliste fronça les sourcils, cachant tant bien que mal son inquiétude. Il fallait faire attention à elle, sa menace était réellement effrayante. Si Aliénor n’avait vraiment que la capacité à se transformer en arbre, elle pouvait tout de même appeler ses autres amis créatures, plus voraces, pour découper le pauvre mortel en morceau.

Résigné, Alejandro reprit son appareil photo et appuya sur le bouton de démarrage. L’écran resta noir, rien ne voulut s’afficher. Il secoua plusieurs fois son appareil avant se tourner brutalement vers la créature, l’air énervé. Son accent était terrible lors de ces moments.

- Mais qu’est-ce t’as fait à ma càmara ?! Rien ne veut s’afficher ! Tu l’as complètement détruite ! T’es contente hein ?

Alejandro était pris d’une colère noire. Il avait beau le secouer dans tous les sens, son appareil photo ne voulait pas s’allumer. En plus de contenir des photos très importantes, l’objet lui avait coûté une fortune. Il en était dingue et dire que c’était cette créature qui avait l’air tout à fait innocente qui l’avait détruit. Comment allait-il faire pour écrire son article sans ses précieuses photos ? Il ne pouvait pas retourner dans cette forêt, il avait des chances de retomber sur cette fille qui lui avait assez causé de tort. De plus, si elle en parlait avec ses copains monstres, le journaliste n’aurait aucune chance de revenir vivant de son excursion. Mais cette forêt semblait regorger d'espèces surnaturelles, il ne pouvait pas baisser les bras comme ça. Son projet aboutirait seulement s’il constituait des preuves pour son dossier.

- Tu m'as cherché. Tu sais très bien qu'il était hors de question que tu repartes avec ces photos.

Le chilien ne répondit pas et soutient son regard. Il n’allait pas se laisser démoraliser par cette fillette. D’ailleurs cette dernière décida de faire demi tour et de repartir. Alejandro en était enfin débarrassé et pouvait mettre sa situation au clair. Son appareil photo était détruit mais n’y avait-il aucun autre moyen de récupérer ses photos. Il réfléchit puis eut soudainement la bonne idée de retourner son appareil photo et d’ouvrir le petit “tiroir” qui contenait sa carte SD, autrement une carte qui contenait tous ses clichés. Elle ne semblait pas abîmée, le jeune homme la mit directement dans sa poche, juste avant qu’Aliénor revienne sur ses pas, l’air coupable.


- Je suis désolée pour ton appareil. Tu aurais dû m'écouter on n'en serait pas arrivés là.

Il afficha un sourire moqueur. Si la carte était saine et sauve, toutes ses photos n’avaient pas disparues. Mais évidemment, il n’allait pas le lui dire. Il jeta son appareil photo par terre et répondit:

- Je n’écoute pas les créatures comme toi.

Et il s’en alla, avec l’intégralité des photos dans sa poche.