Matthew venait de passer une journée affreuse. Son envie la plus profonde était de tout oublier. Alors, ses pas le dirigèrent automatiquement vers un bar le plus proche. Ses pieds foulèrent le sol newyorkais sans même qu’il y réfléchisse. Il devait être tellement mal ces derniers temps qu’il devait connaître tous les bars de la ville. Utile. Mais triste. Il fourra ses mains dans les poches et marcha la tête vide de toutes pensées. Il poussa la porte du pub et entra avec un signe de tête pour le barman. Il s’assied au comptoir et commanda un verre.

Il observa distraitement les clients et sursauta légèrement en voyant une tête connue. Sa main se porte instinctivement à sa chevalière. Warren McLiven. Un vieil adversaire. Il n’y avait que deux issues possibles à cette rencontre. Soit Matthew quittait le pub sans faire de vague ou vice-versa, soit Warren et lui décidaient de se battre. Le fils d’Eris n’avait ni l’envie, ni le courage de s’embarquer dans un duel maintenant. D’autant plus que son adversaire était redoutable et que la victoire n’était clairement pas assurée. Quant à partir, et bien, il voulait quand même boire son verre.

Alors, il choisit une troisième issue. La trêve. Il ne doutait pas que tous deux étaient assez intelligents pour savoir quand se battre et quand ne pas le faire. Alors, il commanda un deuxième verre et le prit pour s’installer en face de Warren. Il prenait certes un risque, mais au fond de lui, il savait que pas tant que ça. Il lui tendit sans rien dire et s’assied sur une chaise.

- Ça fait longtemps qu’on ne s’est pas recroisé, dit-il avec calme.

Il lui tendit le verre. Il avisa sa main de métal et se rappela de toutes les horreurs qu’il avait subi à la Résistance. Il se souvenait également d’un de ses cours d’histoire. Lors de la Seconde Guerre mondiale, les soldats allemands et les soldats français avaient fait une trêve le temps de passer Noël ensemble. Ils avaient mangé, ri, partagé des souvenirs et avaient recommencé à s’entretuer le lendemain. Il supposa que si d’autres le faisaient, eux aussi le pouvaient.

J'attendis que tout mes élèves soient partit de l'arène pour ranger à mon tour mes affaires et tout mettre dans mon bureau à la grande maison. Je fermai à clef après y avoir récupéré des clefs de voitures. J'allai en dehors de la Colonie et y trouvait la cachette où j'avais mis la petite voiture, c'était une ancienne voiture destiné à la casse mais que j'avais commencé à rénover il y a deux ans. Luke m'y avait aidé mais nous n'avions jamais finis le projet. Je l'avais donc finis seul y a quelques semaine sur plusieurs soirs. Je la pris et me dirigeai vers New York, direction le Glory & Gore !

Arrivé dans la ville je me garai non loin du fight-club, mis ma capuche de mon sweat et me dirigeai mains dans les poches vers le dit lieu. Une fois à l’intérieur je combattis quasi jusqu'à mort et comme souvent je remportai le combat. Après tout ils n'étaient pour la plupart que de simple mortels pas forcément entraîné, quant à moi je me battais depuis dix ans contres d'autres combattants aguerris et des monstres. Alors forcément un petit combat à mains nues, c'était mon domaine ! Mais je devais bien avouer qu'une fois l'un d'entre eux m'avait mis à terre et j'avais cesser le combat. Mais si je venais là c'était pour défouler ma rage. Au moins ici j'avais un avantage alors que contre des monstres ou des résistants, je pouvais plus facilement perdre. Mais il ne faut pas s'y tromper: ici ce n'était pas pour autant facile !

Après avoir fait mes combats de la soirée, j'en sortis et avant de rentrer j'allai dans le bar non loin de là, j'y allais quelque fois en sortant du club. Je m'assis à une table et attendis qu'on vienne me demander ce que je voulais. Mais au lieu de ça un homme vint s'asseoir à ma table en me donnant un verre. Je tournai la tête de la fenêtre pour le voir et je fus surpris, j'eu un mouvement de recule et instinctivement je mis mes mains sur mes bracelets métallique à mes poignets, prêt à dégainer.

Warren était sur la défensive. Chose largement compréhensible. Néanmoins, Matthew resta calme, se contentant de le regarder et son manque d’animosité sembla rassuré l’Allié, qui ne semblait pas non plus avoir envie de se battre. Le fils d’Eris salua son intelligence et fut content de voir que le fils d’Héphaïstos acceptait la trêve tacite qu’il venait de lui proposer. Il attrapa son verre dans sa main encore intacte et répondit sans le quitter des yeux :

- En effet ça remonte à quelques mois...

Matthew hocha la tête. Warren leva son verre avec un sourire :

- A quoi trinquons-nous ? Pas aux dieux je suppose ?

Le fils d’Eris sourit presque malgré lui, face à cet humour légèrement décalé. Enfin, on pouvait rire de tout, disait-on. Warren le démontrait. Il était heureux, étrangement que cette rencontre se passe bien. Il avait presque l’impression que la guerre n’était qu’un jeu que l’on pouvait arrêter à tout moment. Et cela lui faisait du bien de dédramatiser la situation. Matthew leva son verre à son tour en confirmant :

- Ce n’est pas le toast idéal, non… Je pense qu’on devrait trinquer au fait d’être encore tous les deux en vie. Ce qui est un exploit, on peut le dire.

Il entrechoqua son verre contre celui de son interlocuteur avec un sourire avant de boire une gorgée d’alcool. Il accueillit avec bienvenue la brûlure caractéristique dans le fond de sa gorge avant de s’abimer dans le silence afin d’observer Warren. Outre sa main replacée par un membre de métal, il avait beaucoup changé depuis le jour où il s’était fait capturé. Il supposait que les tortures qu’on lui avait fait subir n’y était pas pour rien. Ils avaient des tortionnaires plus qu’efficaces à la Résistance et manque de bol, il était tombé sur Alice. Alors, l’on pouvait dire que compte tenu des circonstances, il se portait plutôt bien. Il soupira et lui dit :

- Tu as changé depuis que l’on s’est vu.

Et nous trinquâmes, je bus donc un peu avant de poser mon verre quand il parla à nouveau:


Je soufflai du nez, amusé, à sa remarque. Je souris un peu et regardai mon verre avant de finalement répondre après quelques secondes.


J'agitais un peu ma main mécanique en souriant doucement.


Et sur ce je bu à nouveau. Je n'étais pas fier de cela, d'avoir quasiment tué des enfants, et je n'avais en aucun cas à le dire à Matt mais qui de mieux que son ennemie pour lui dire vos pêchers ?


Et je lui fis un clin d’œil en souriant avant de finir mon verre. Je faisais bien évidement allusion à notre combat dans la forêt lors de la fuite. Encore une fois j'admirais ce combattant, c'était vraiment un adversaire honorable et j'étais même fier d'avoir survécu contre lui. Bon certes c'était grâce à l'arrivé des alliés qui sont arrivés juste à temps avant qu'il ne m'achève, mais j'avais tout de même tenu quelques minutes de combat. Dans l'état dans lequel j'étais ça m'avait largement suffit croyez moi !

La situation été étrange: lui et moi avions voulu nous tuer il y a de cela quelques mois et pourtant à présent nous buvions un verre ensemble. Après tout est-ce que toute cette guerre ne pourrait s'arrêter autour d'une table ? Avant d'être torturé, bien qu'étant entraîneur de combat au corps à corps, je prônais le dialogue. Pour moi la guerre est futile et ne permet que de verser du sang pour en nourrir la terre. Et je ne pense pas que Gaïa apprécie tant que ça le sang, quoique... m'enfin bref ça n'était pas le sujet !

Warren souffla du nez amusé. Visiblement, Matthew n’était pas le premier à le lui faire remarquer. En même temps, si lui, un simple ennemi l’avait vu, il n’osait imaginer ses proches. Cela devait être dur de s’adapter à un tel changement.

- Ah ça... en effet j'ai changé. En bien ? En mal ? Hum... ça je ne sais pas. Mais oui j'ai changé. Déjà rien que ça, fit-il en agitant sa main mécanique.

Matthew devait reconnaître que c’était déjà beaucoup de se faire amputer d’un membre.

- Et ensuite ça m'a rendu plus... plus fort je dirai. Enfin du moins plus dur. Si tu veux tout savoir d'ailleurs... j'ai même été jusqu'à tabasser des gamins de la Colo...

Matthew ne dit rien, se contentant de boire une gorgée. Warren ne voulait certainement qu’il commence à faire de la psychologie et la fierté ne brillait pas dans ses yeux. Loin de là. Alors Matthew ne prit même pas la peine de juger. De toute manière, c’était de leur faute non ? Aux Résistants ? Non. Plus de la faute de la guerre. Peut-être était-ce pour cela qu’il ne ressentait aucune culpabilité.

- Et au faite... j'avais pas pu te le dire la dernière fois mais... tu déboîte mon pote.

Un franc sourire éclaira le visage du Résistant, au souvenir plus que musclé de leur combat dans la forêt. Certes, il avait l’énorme avantage que Warren soit dans un très mauvais état, mais clairement, le combat aurait pu être serré. Il finit son verre avant de dire :

- Toi aussi… Je serais curieux de voir ce que tu donnes en pleine forme… Je pense que j’ai de quoi me méfier.

Pendant un instant, Matthew oublia la Guerre. Pourquoi ne pas se comporter en gens civilisés ? Au fond, il doutait que l’être humain soit capable de vivre sans guerre. Il y a toujours une bonne raison. C’était triste, mais malheureusement, c’était ainsi. Pourtant, si chacun arrivait à faire un effort… Comme Warren et lui, un dialogue serait certainement possible.

Oulah... je crois qu'au fond de moi je ne préférais pas savoir. Après tout j'étais presque sûr que ce combat serait presque sans fin et qu'à la moindre erreur de l'un, l'autre perdre. Et ce quelqu'un pouvait être moi... J'étais plutôt fier de lui avoir survécu dans l'état dans lequel j'étais, mais j'étais loin de vouloir découvrir si oui non je pouvais lui échapper en étant en pleine forme. Je levais la main pour qu'on nous amène d'autres verres puis me penchai un peu plus sur la table.


Je ris doucement avant de me remettre bien sur mon fauteuil, détendu.


Je secouai doucement la tête en riant à moitié et regardant par la fenêtre, il faisait nuit et il pleuvait.


Je soupirai un peu en haussant les épaules avant de regarder Matthew à nouveau.


Le serveur nous apporta deux verres de plus. Je le remerciai et re-bus un peu.


Je mis le bras sur le dossier du fauteuil sur lequel j'étais et tenais mon verre dans l'autre main. Je crois bien que j'étais presque plus détendu en face d'un ennemie qu'avec certains jeunes que j’entraîne à la colo...

Il sourit :

- Je ne suis pas sûr de vouloir connaître l'issus du combat !

Matthew rit de concert avec Warren. Il n’avait pas tort. Peut-être n’aurait-il même pas l’occasion de le savoir. Il l’espérait parce que, dans le cas contraire, ça voudrait dire qu’une nouvelle bataille avait eu lieu.

- Aaahh... nan mais sérieux quoi... pourquoi se bat on ? Hein ? On dirait simplement des gosses qui veulent un jouet et qui se tape dessus au lieu de se parler.

Il secoua la tête en riant à moitié tandis que Matthew s’abima dans ses pensées en regardant distraitement la pluie tombée par a fenêtre. Warren était loin d’avoir tort. Quoique, même des gamins auraient sûrement été plus intelligents.

- Tu sais... y’a des jours où j'ai presque voulu vous rejoindre. Mais bon... je suis loyal envers ma maison et puis même si en soit les dieux ne sont pas présents pour nous, l'un d'eux reste mon père alors... Au fond je vous comprends quand même, comme je nous comprend nous. Ce que je ne comprends pas c'est pourquoi on fait autant de morts inutiles des deux cotés...

Le serveur amena des verres que l’allié avait commandé et Matthew le remercia d’un signe de tête avant de boire une gorgée.

- T'en pense quoi toi ? De tout ça je veux dire ?

Le fils d’Eris posa son verre sur la table avant de dire pensivement.

- Je pense que chacun au début, avaient de bonnes raisons pour être dans un camp ou l’autre mais que ça a clairement dégénéré. Quand je vois certaines batailles, je me dis qu’on en a presque oublié notre but… On s’est tellement tapé sur la gueule que maintenant, un Allié est un ennemi, point. Et inversement. On en oublie de voir la personne en dessous.

Il but une gorgée en soupirant, poursuivant sa pensée :

- Enfin, c’est sans doute la Guerre qui fait ça… Même avec toute la volonté du monde n’aurait pas pu y changer… Certains d’entre vous pense qu’être résistant est synonyme d’être un gros psychopathe…

Il rit doucement.

- Je veux détruire les dieux et oui pour cela j’ai fait des choses mauvaises. Je l’assume entièrement. Tuer des gamins par surprise… c’est pas franchement mon délire. Et c’est pareil pour la plupart des gens de mon camp. Mais comme je t’ai dit, ça a dégénéré… On est vu comme les méchants. Je le comprends mais je pense que chaque camp a commis des trucs horribles. Je comprends ta vision comme la mienne.

Il tritura sa chevalière, pensif :

- Je pense pourtant qu’avec de la communication, on arriverait à faire autre chose que des morts.

Je réfléchis un instant à ce qu'il disait, il avait tout à fait raison. Et en soit nous partagions tout deux la même vision des choses.


Je finis d'une traite mon verre avant de le reposer sur la table.


Je proposais à un ennemie d'aller faire une virée en voiture comme si nous étions deux policiers en ronde dans New York... absurde non ? Mais j'avais envie de rouler et puis au moins en voiture nous étions loin des oreilles indiscrètes qui pouvaient éventuellement traîner dans le bar où nous étions. C'était surtout ça que je voulais éviter.
Je sortis les clefs de ma voiture pour lui montrer.


Je dis mes derniers mots en fronçant mes sourcils comme pour faire peur avant de rire. Si il y a bien quelqu'un qui pouvait ne pas me craindre, bon d'accord il y en a plein d'autre mais voilà chut..., c'était bien Matthew. En quelque sorte mon opposé chez les résistants. Mais j'étais certain que si nous avions eu les mêmes opinions concernant les dieux nous aurions pu être véritablement ami.

- Demis-dieux, dieux, mortels... tous ne sont bon qu'à se taper sur la gueule pour une raison ou pour une autre. Et ce depuis des millénaires... Et comme tu le dis : on ne peut rien y faire.

Matthew opina tristement. Il n’y avait pas d’exceptions. Des guerres partout, pour tout le monde, pour n’importe quelle raison. Un cercle vicieux auquel personne n’échappait. Tous rêvent d’un monde en paix et cette paix, ils espèrent l’obtenir en faisant la guerre. La logique de certains épatait toujours Matthew. Le fils d’Eris était conscient que son camp avait déclenché une guerre. Il l’assumait pleinement et ne prétendait pas contrairement à certains que c’était pour la paix. Non, il avait conscience des morts qui en découleraient et bien que lui, personnellement souhaite éviter cela, il ne pouvait pas, à lui tout seul, prétendre résoudre tous les conflits sans violence. Parce que le monde avait toujours fonctionné ainsi. En faisant la guerre pour obtenir ce que l’on veut. Alors, non, un homme seul, malgré tout son bon vouloir, ne pouvait pas y remédier. Ni deux, d’ailleurs.

- Dis... ça te dirai d'aller faire un tour en voiture ? J'ai la mienne qui est garé pas loin. Comme ça on pourra continuer de discuter à travers la ville.

Il hésita un instant avant de finir son verre d’une traite en opinant. Il n’aimait pas l’idée des oreilles indiscrètes et des monstres qui risquaient de les sentir. Warren lui montra ses clés :

- J'ai pas envie de rester à porter des oreilles de tout le monde et pis j'ai envie de rouler à vrai dire. Alors ? Est-ce que ça te tente ? Ou tu as peur que je te tue par surprise sur la route ?

Matthew fixa le demi-dieu ennemi, un sourire amusé face à sa figure faussement menaçante. C’était étrange à dire mais il s’entendait mieux avec son ennemi qu’avec la plupart des nouvelles recrues qu’il entraînait à la Résistance. Quant à l’idée de se faire tuer par surprise ? Et bien ça sera sa punition pour avoir une confiance absurde envers l’Allié. Ridicule mais Matthew l’estimait trop, le respectait trop, pour croire à un coup bas pareil.

- Tu devrais toi avoir peur. Je suis le méchant résistant près à tout pour tuer. Toi-même tu sais.

Il dit tout cela d’un sourire amusé avant de laisser de la monnaie sur la table avant de suivre Warren dehors. Il le suivit jusqu’à sa voiture en s’allumant une cigarette. Il en proposa une à l’Allié en tirant sur la sienne. Ils arrivèrent devant la voiture :

- Belle caisse.

Il monta sur le siège passager avec un soupir :

- Je suis sûr qu’on aurait pu être amis tu sais. T’es un gars bien. Et je te respecte. Y’a pas grand-monde que je respecte.

Je ris et nous partîmes vers ma voiture après avoir payé nos boissons.


Je refusai poliment la cigarette qu'il me tendit et allumai le moteur, nous étions partit pour une virer dans la New York nocturne...


Je tournai la tête vers lui le temps de lui répondre, légèrement amusé:


S'en suivit un petit rire. Mais j'étais sincère, Matt avait beau être chez l'ennemie, il n'était plus mauvais que moi. Surtout en ce moment où j'étais assez... violent à la Colonie.


Je soupirai tandis que nous roulions dans les rues illuminées de la grosse pomme.


Aaaahh... ce que c'était apaisant, simplement rouler tranquillement, n'allant nulle part en particulier.

- C'est sympa mec, vraiment. Et tu sais quoi ? Crois-moi je te respecte aussi.

Matthew sourit en regardant distraitement les lumières qui éclairait New York. Il ne savait pas s’il le méritait ce respect, car il admettait avoir fait des choses cruelles par simple plaisir. Cette noirceur qui croupissait en lui et jaillissait par moment, il avait fini par l’accepter mais il essayait le reste du temps, de faire les choses bien. Il ne savait pas quelle impression il dégageait mais il éprouvait une sorte de fierté à l’idée de ce respect. Peut-être était-ce pathétique, mais il s’en fichait.

- Et pour la voiture elle peut ! J'y ai passé je ne sais combien de semaines dessus ! Elle était complètement foutue, prête à la casse. J'ai payé quelques dollars le gars qui tenait la casse en question et je l'ai retapé. Au début avec un ami, puis je l'ai fini seul. Je t'avoue que c'est loin d'être ma plus belle invention mais j'en suis très fier tout de même, et pis elle me sert pas mal.

Il sourit en l’observant plus en détail. Lui qui avait du mal à monter une simple étagère, il admira le talent de Warren. Cette voiture était vraiment une réussite.

- Des fois j'hésite presque à abandonner tout ça et à partir loin, très loin... tu sais loin des emmerdes. Nan mais sérieux quoi... une guerre, avec des gosses en plus ! Et pis les dieux... les monstres... avant que je ne sache que ce monde existe j'avais une vie bien plus simple. Je ne dis pas que je regrette ma situation, mais parfois l'idée de tout claquer et de partir pour de bon me tente. Et toi Matt ? T'aime cette vie ? Ou t'as déjà pensé à faire autre chose ?

Matthew rit un peu. Un rire jaune. S’il aimait cette vie ? La blague. Avec une grimace :

- Je te mentirais si je te disais que c’est le cas. Quand j’étais petit, j’avais une vie toute tracée. Des études puis, je reprenais l’entreprise de la famille avec mon frère. Un truc tranquille, une vie simple. On peut dire que le fait d’être un fils d’une déesse ça a foutu pas mal de choses en l’air. Mais honnêtement, je crois que j’étais pas fait pour ce monde de riches… J’étais excité comme un gosse quand j’ai débarqué à la colonie… Les monstres, les dieux… c’est… wow ! Au début du moins…

Il soupira légèrement avant de reprendre :

- Puis y’a eu Chronos et j’ai rejoint la résistance… Je ne peux pas dire que j’aurais préféré ma vie dans l’entreprise Schaeffer parce que j’en sais rien. En revanche, je peux dire qu’être le fils d’Eris, bah j’aurais préféré que ce soit pas le cas… Mais, j’ai fait de superbes rencontres que je ne regrette absolument pas… Mais c’est clair que tout plaqué pour aller me la couler douce, ça m’a déjà traversé l’esprit…

Cette idée lui donna le sourire. Il fixa un instant l’Allié avant de dire :

- Mais on peut pas tout abandonner comme ça… Tu te rends compte que la plupart des demi-dieux qui vont se battre sont des gosses ? Ils ne connaissent rien à la vie et ils vont mourir pour une cause qu’ils n’embrassent même pas entièrement !

- Nan en effet tu as raison, et c'est d'ailleurs l'une des principales raisons qui me font rester. Toi et moi sommes de "vieux" sangs-mêlés. C'est vrai quoi on a quand même la chance d'avoir dépassé l'adolescence, ce n'est pas le cas de tous les demis-dieux. Mais les autres, ceux que j’entraîne à la Colonie, la plupart viennent à peine de dépasser les dix ans ! Mais en tout temps il y a eu et il y aura des guerres, c'est inévitable, en revanche ce qu'il l'est ce sont les morts. Cette guerre pourrait se régler bien autrement... je ne dis pas de la jouer au bras de fer entre Aldric et Dionysos ou Cyril et moi, mais de là à envoyer des mioches pour faire nos guerres... Mais dans fond c'est peut-être nous les plus bête et les plus méchant : nous protégeons les dieux alors que c'est leur combat à eux, et pour cela nous nous battons aux coté d'enfants... Vous au moins la plupart sont déjà assez grand, je ne crois pas avoir vu d'enfant d'une petite dizaine d'année si ? Mais tu me diras ceux qui ont seulement entre 15 et 20 ce n'est pas mieux...

Encore une fois, ils étaient sur la même longueur d’onde. Quand Matthew entraînait parfois les nouvelles recrues qui n’avaient même pas l’âge de voter, il était rempli de culpabilité quand il se disait que la plupart mourrait. Il se rappelait même que l’un était venu le voir afin d’apprendre à se battre parce qu’il haïssait son père, sous prétexte que ce dernier qu’il avait été abandonné par son parent divin. Quand Matthew lui avait demandé des précisions, l’adolescent lui avait appris que son père, s’il lui envoyait des cadeaux chaque année, ne se déplaçait jamais pour son anniversaire. Des exemples aussi désastreux que cela, il en avait à la pelle. Des gamins paumés qui échouaient à la Résistance...

- Même si je comprends ton camp, je ne sais pas si tu te rends compte que c’est quand même après les dieux que la Résistance en a. Ils laissent des gamins se faire tuer… Alric, Cyril… Moi… On ne souhaite pas votre mort. De toute manière, vous ne méritez pas la mort. C’est inutile et tu as raison, il y a des meilleurs moyens de régaler ça…

Il soupira avant de dire ironique :

- Tu sais ce qui m’a fait détester les dieux ? C’est Luke… Tu sais, le fils d’Hermès… Lors de la bataille à New York, j’ai pris conscience, et ce n’est que mon avis, que les dieux s’en foutaient de nous… Est-ce que tu crois… que dans quelques années, une autre rébellion aura lieu parce que lors d’une quelconque bataille, les dieux n’auraient rien fait ? Que tout ça, c’est qu’un putain de cercle vicieux ? Qu’on est coincé à l’intérieur et qu’on est tous condamné à y crever…

Je soupirai puis restai sans dire mot quelques seconde. Au tournant d'une rue je finis par répondre:


J'arrêtai finalement la voiture sur un parking totalement désert à cette heure-ci et me tournai vers lui en mettant un coude sur le dossier.



Je regardai autour de nous et finis par enlever les clefs du contact.


Je souris, je ne voulais bien sûr pas un combat à mort ! Juste simplement un combat amicale comme nous faisions à la Colonie. Après tout les captures l'étendards étaient bien plus violent. Et cela pouvait paraître stupide de lui proposer ça car il aurait pu se prendre trop au jeu et me tuer mais je pris le risque. J'avais une forme de confiance en Matt qui me fit penser qu'il n'essayerait pas de me tuer durant le combat.

- On est d'accord ce n'est pas à la Colonie à faire la guerre pour les dieux... Mais tu sais ce que j'en pense ? C'est que oui : il y aura toujours des gens pour se rebeller. Mais cela ne s'applique pas qu'aux dieux, regarde le monde, regarde l'Histoire... Après tout, je pense que l'humanité n'est rien de plus qu’une espèce vouée à se faire la guerre et à remettre en cause le système mise en place. Là pour nous, le système c'est les dieux. Que le système soit bon ou mauvais, et rien ne l'est totalement, il n'y a ni noir ni blanc, tout est toujours gris, eh bien je pense qu'il y aura toujours des gens pour le contester. En ce qui concerne les dieux cela se légitime par le fait qu'ils n'agissent pas... Mais tu sais quoi ? Même si je continuerai de protéger ces fainéants et continuerai de faire le rempart face à la résistance, j'emmerde cette guerre et tout ce qu'elle implique. Matt, tu es presque plus pour moi un ami que certaines personnes de mon camp, cette guerre n'a vraiment aucun sens... je me répète je sais mais... pff... !

Matthew comprenait parfaitement là où Warren voulait en venir. Ils étaient pareils. Ce même désir d’arrêter cette guerre idiote, cette même noirceur que ce combat futile a fait naître. Mais ils n’avaient pas les mêmes convictions. Au fond, leur relation résumait la guerre. Des demi-dieux semblables avec des croyances différentes. Merde que c’était con ! Il s’arrêta dans un parking désert avant de couper le contact. Matthew regarda autour de lui, surpris.

- Dis... ça te dirait un petit combat amical ? Sur ce parking ?

Matthew trouvait la proposition étrange. Et dangereuse. Pour eux deux. Il suffirait qu’ils se prennent trop au jeu pour que cela entraîne la mort de l’un d’eux. Idée stupide qu’il accepta immédiatement un sourire aux lèvres. Cela lui changerait de l’entraînement qu’il faisait aux nouveaux résistants. Il avait envie de combattre un adversaire comme Warren. Qui plus est, il ne pensait pas être plus en danger que lorsqu’un petit nouveau trébuchait sur le sol épée à la main.

- Avec grand plaisir !

Il sortit de la voiture et se plaça en face de son adversaire en dégainant son épée. Warren fit de même et le combat s’engagea. Matthew devait reconnaître que cela changeait de la dernière fois. Il était plus vif et plus rapide que dans la forêt, ce qui était normal, en soi. Plusieurs fois, il failli être désarmé ou débordé et il esquiva de justesse une botte de l’allié. Il sentait son souffle s’accélérer et il se sentit incroyablement vivant. Une sensation délicieuse. L’espace d’un instant, il lui sembla avoir le dessus. Dans l’ensemble, il était impossible pour lui de savoir qui gagnerait. Il n’arrivait pas à prévoir sur le long terme. Il allait enchaîner avec une feinte quand il se sentit valdinguer sur le sol. Abasourdie, il releva la tête et se retrouva, sans rien comprendre, face à un énorme monstre. Le Minautore…

On sortit donc et nous commençâmes un combat qui se voulait détendu mais qui aurait surtout pu durer des heures. En effet si début j'avais l'avantage, il reprit vite la main en me mettant en difficulté. C'était pour cela que j'appréciais Matthew: jamais je ne pourrai être sûr de perdre ou de gagner. Mais quand je dis que le combat aurait pu durer des heures, c'était sans compter sur l'arriver d'un élément perturbateur. Là en l’occurrence, se fut le Minotaure qui vint nous interrompre. Alors que je voyais déjà Matt me désarmer, le sol se mit à trembler et quand nous tournâmes la tête, l'homme taureau se trouvait là.


J'eu un mouvement de recul et riai presque.


Je lançai un regard complice à Matt et hochai la tête pour lui signifier que j'étais prêt. Je fonçai alors sur le monstre et glissai sous ses jambes au dernier moment. Il se retourna pour me faire fasse et offrit parfaitement son dos à Matthew, quel con cet hybride quand même... Mais alors qu'il allait me frapper, j'esquivai ses coups et lorsque je sentis le bon moment, je me lançai sur le coté pour lui entailler la cote avec l'une de mes épées. Puis je me retrouvai à coté de Matthew et lui criai


Tout en fonçant vers lui, je sautai donc sur le dos abaissait de Matt et pris une impulsion pour aller sur la tête du monstre. Je créai ensuite une étincelle en cognant une épée contre mon bras de métal et me concentrai dessus pour la faire grossir. Je fis aller la flamme nouvellement créée dans les yeux du Minotaure. Je ne sais pas ce que fis Matthew mais cela sembla fonctionner car je sentis l'équilibre du mi homme mi taureau se perde peu à peu jusqu'à finir écrouler sur le ventre. J'avais bien évidement sauté avant mais me fit une petite entorse à la cheville, mais très légère. Je boitillai légèrement vers mon "ennemie" et le pris dans mes bras en lui tapotant dans le dos.


Je regardai le monstre au sol en secouant doucement la tête avant de regarder Matt à nouveau.


Étonnamment ce monstre m'avait limite fait du bien, j'avais décharger ma rage pour ce soir mais rien ne valait un vrai combat contre un monstre. Je ne savais pas ce que Matthew voulait faire par la suite mais en ce qui me concernait j'avais eu assez de combat pour ce soir.

Matthew bondit sur ses jambes alors que Warren laissait échapper une exclamation de surprise. Un sourire très con apparut sur le visage du fils d’Eris.

- Bah alors mon gros qu'est-ce que tu fais là ?

L’Allié lui offrit un sourire complice et Matthew fit un mouvement avec son épée. Warren courut et glissa entre ses jambes. Cet idiot de monstre le suivit et se retourna, lui tournant le dos. Avec un ricanement – peut-être un peu hautain – le Résistant bondit en avant pour lui lacérer le dos de sa lame. Il esquiva un mouvement brusque du taureau et en un rien de temps, le fils d’Héphaïstos se retrouva à ses côtés.

- BAISSE TOI !

Comme s’il était tout à fait logique d’obéir à un de ses ennemis, Matthew s’exécuta sans même hésiter un seul instant. Il sentit une pression sur son dos baissé et il vit Warren bondir au-dessus de lui. Rapidement, il aperçut une flamme qui sembla distraire le taureau assez longtemps pour que le fils d’Eris lui plante son épée dans la poitrine. Le taureau s’affaissa lentement devant lui et l’Allié eu juste le temps de s’écarter. Warren le rejoint en quelques pas et le prit dans ses bras. L’espace d’un instant, il faut se l’avouer, il se crispa. Il n’était pas du tout tactile et encore moins avec un homme censé être son ennemi. Mais, il se rappela vite que l’homme qu’il avait en face de lui méritait vraiment le respect alors il sourit.

- T'as assuré Matt ! Ahahah nan mais regarde le quoi... le Minotaure... même pas foutu d'achever un fils d'Eris et un d'Hephaistos... Bon bah finalement je crois bien qu'on l'aura eu ce combat !

Matthew hocha la tête avec un sourire en fixant le monstre. Hors de question pour lui de reprendre ce combat qui n’aurait très certainement jamais de fin. Il supposait donc que la fin de leur petite entrevue s’achevait. Alors il se tourna vers Warren et dit avec un sourire :

- Et bien, ça m’a fait plaisir de me battre… mais surtout de parler avec toi.

Il regarda la lune et se dit qu’il était sûrement tard.

- Je vais rentrer, maintenant. Mon appartement n’est qu’à une centaine de mètres.

Il lui tendit la main d’un geste amical.

- La prochaine fois que l’on se verra, ce sera certainement sur un champ de bataille alors je ne vais pas dire que j’ai hâte, mais tu comprends l’idée.

Matthew enfonça les mains dans ses poches et tourna les talons avec un sourire. Finalement, la guerre n’était pas si inévitable. Et cette rencontre surprise le lui avait prouvé.