Nathanaël était à la colonie depuis quelques semaines. C'était les vacances d'été et le reste du temps il vivait en France avec ses deux soeurs triplées et sa mère. Mais les vacances en Amérique c'était pour lui le moyen de sortir un peu de cette vie complètement monotone. Ils étaient tous les trois installés dans le même bungalow, celui de leur père : Thanatos. En fait on aurait pu croire que le bungalow de Thanatos serait à son image, noir et froid, comme la mort, mais il était plutôt vide. Manifestement Thanatos ne faisait pas dans le sentiment. Nathanaël avait passé du temps chez un ami fils d'Hermès, alors pour le coup chez eux c'était la folie il y en avait de partout, mais dans son bungalow à lui l'austérité des lieux était flagrante, comme si le dieu estimait ne pas avoir d'enfant. Les façades étaient toutes simples et quelques tableaux représentant l'animal que Nathanaël détestait par dessus tout : le papillon. C'était le symbole de son père après tout c'était normal qu'il y en ait, et mieux valait ça qu'une faux, quoi qu'il y en avait une au dessus de la morte d'entrée, histoire de dégoûter tout ceux qui voudraient y rentrer.

Nathanaël fixait le plafond. Pour une fois il s'ennuyait. Ses entraînements de la matinée s'étaient soldés par deux victoires pour un échec. Il s'était battu contre un fils d'Héphaïstos qui devait faire bien trois fois sa taille, sans parler du poids et de la carrure. Autant vous dire que ce n'était pas gagné d'avance pour le gringalet qu'était Nath. Le Français décida d'aller manger un bout et sortit de son lit sur lequel il se reposait. Il marchait tranquillement lorsqu'au détour d'un arbre il sentit quelqu'un le percuter violemment. Et bien, les demi-dieux devraient marcher encore plus vite tiens, ils étaient vacances merde quoi ! Le garçon fut un peu sonné sur le coup, pas du tout prêt à une chose pareille, et regarda qui était à l'origine de cette brusquerie. C'était une jeune fille un peu plus petite que lui en taille, probablement également en âge. Elle lui fit un sourire et lui tendit la main. Les traits du garçon se décrispèrent :

"Bonjour. Désolée. Moi c'est Adriane."

Il regarda la main qu'on lui tendait. Nathanaël n'aimait pas vraiment le contact, et n'osa pas lui serrer la main. Déjà il ne faisait pas ça avec ses amis mais alors avec des inconnus. Attendez quoi, Nath n'avait pas d'amis ? Ah oui, au temps pour moi. Il la regarda et esquissa un demi sourire gêné

" - C'est pas grave."

Il ne lui dit pas son nom, elle n'avait pas besoin de le savoir. Il reprit sa route, il fallait qu'il mange ne l'oublions pas, ses entraînements lui avaient donné faim et il fallait grandir s'il voulait pouvoir prendre sa revanche contre le molosse qui lui avait mis une bonne raclée.

Alors que Nathanaël continuait tranquillement son chemin vers l'antre de ses désirs, la jeune fille se retrouva de nouveau face à lui, mains sur les hanches, l'empêchant de passer. Sérieusement ? Elle était vraiment collante celle-là. Pourquoi elle ne le laissait pas tranquille ? Nathanaël hésita à faire semblant de passer pour un fou, à parler tout seul à des morts, ou alors tout simplement à immobiliser cette fille avec ses pouvoirs. Le problème était qu'il ne connaissait pas les pouvoirs qu'elle avait et que les siens n'étant pas très offensif comparés à la plupart des élèves de la colonie, il pourrait bien se retrouver sur le sol en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Alors oui Nathanaël voulait vraiment partir, mais il n'était pas suicidaire ou inconscient.

" - Tu ne mangeras pas tant que je ne connaîtrais pas ton nom. Et c'est pas la peine de jouer aux ténébreux avec moi. Tu me fais pas peur."

Bah voyons. Le brun leva les yeux au ciel. Qu'est ce que le monde avait enfin contre lui ? On ne pouvait pas le laisser tranquille tout seul ? Être le "ténébreux" comme elle le disait si bien. Nathanaël eu un petit rire, non il ne lui faisait pas peur, parce qu'il n'était pas foncièrement mauvais et qu'il se fichait pas mal de combattre, qu'il n'avait pas "envie" de faire peur. Mais si elle voulait vraiment le voir terrifiant, il pensait que ce serait possible. Pourtant, il ne voulait pas se donner tant de peine pour cette fille qui ne voulait rien d'autre que lui extirper son prénom. Il le savait, cela commençait par là puis on lui demandait son âge, le nom de ses parents, sa vie, comment il était arrivé là, ses pouvoirs... Et puis en un rien de temps on en savait trop sur lui.

" - Je m'appelle Thomas. C'est bon je peux aller manger maintenant ?"

Dit-il en se dégageant de l'autre fille et en passant à côté pour rejoindre la cantine. Sérieusement ce n'était qu'un demi mensonge. Thomas c'était son deuxième prénom, et puis elle l'avait soûlé à lui demander ça à l'heure du déjeuner. La nourriture, c'est sacré. Qu'est ce qu'elle ne comprenait pas là-dedans, c'était pourtant simple ! Le fils de Thanatos pesta intérieurement. Dans son pays, la nourriture était vraiment importante, enfin on disait bien la France comme pays gastronomique. Et ici les gens semblaient avaler un burger de temps en temps. Qu'ils étaient fous, ne comprenaient-ils pas le plaisir de déguster un bon repas pendant deux heures ? Avec une dizaine de fromages ? Probablement que ce n'était pas leur culture.

Après s'être débarrassé de la fille, Nathanaël avait foncé droit sur le réfectoire où il était à présent assis, tranquillement en train de déguster tout ce qu'on avait bien pu lui proposer. Surtout des cacahuètes et des pistaches, dont il raffolait, mais il avait face à lui une assiette pleine de frite et deux burgers qui n'attendaient que d'être mangés, alors qu'il en avalait un premier. Ne me demandez pas comment ce garçon faisait pour être si maigre en mangeant autant. C'était un véritable ventre sur pattes, surtout pour son âge.

Alors qu'il dégustait tranquillement son repas pantagruélique dans son coin, sans que personne ne perturbe son moment de solitude, la jeune fille revint à la charge. Elle n'était pas du genre à baisser les bras, cela ne faisait aucun doute. Mais que lui voulait-elle ? Pourquoi lui ? Il n'avait rien demandé.

" - Je sais que tu ne t'appelles pas Thomas. Alors maintenant, écoute-moi bien : je ne sais pas pourquoi tu veux m'éviter mais t'as intérêt de trouver une bonne excuse ! "

Nathanaël finit son hamburger d'une bouchée et en attrapa un autre, l'écoutant parler en mâchant nonchalamment. Ce qu'il détestait encore plus que le fait qu'on l'emmerde quand il se dirigeait vers la nourriture, c'était qu'on l'emmerde quand il mangeait. Mais la tête déconfite de la fille qui lui faisait face, sa mine déçue et sa voix entre colère et incompréhension, tout ceci ne rendait rien de très crédible. Certes elle se voulait effrayante, ou autoritaire, mais cela ne fonctionnait pas du tout et arracha un petit sourire à Nathanaël. Peut-être que les autres élèves de la colonie étaient impressionnés par elle : lui, pas.

" - Ecoute Ariane c'est ça ? Tout le monde n'a pas envie d'être pote avec toi. Tu vois moi par exemple, la seule chose dont j'ai envie là maintenant c'est de manger tranquillement les deux burgers qu'il me reste, de m'empiffrer de frites avec énormément de mayonnaise, et d'avoir les doigts gras de nourriture. Alors ton petit caprice relevant de je ne sais quel complexe que tu as, il me fait tout simplement rire."

Disant cela, il picora quelques frites puis pointa du doigt son assiette à l'autre pensionnaire :

" - Mais pour te montrer que je ne t'en veux pas. Toi qui semble penser que la terre entière t'en veut si elle n'est pas ton amie, je veux bien partager mes frites avec toi. Et croire moi, c'est quelque chose."

Il ponctua sa dernière remarque d'un sourire. En fait elle était plutôt marrante parce que sous ses airs de dure, elle voulait tout de même comprendre ce qui ne clochait pas chez elle pour qu'il refuse d'avoir une conversation avec elle. En soi ce n'était pas qu'il s'en fichait, enfin si, mais ce n'était pas qu'il ne voulait pas avoir de conversation spécialement avec elle, c'était juste qu'il ne voulait pas qu'on l'emmerde. Si elle se tenait tranquille il pourrait se comporter de façon un peu plus civilisée, mais hors de question qu'il utilise une fourchette. Manger les frites ça se fait avec les doigts !

Elle avait marmonné qu'elle s'appelait Adriane et pas Ariane avec un D comme dans débile, puis elle avait dit un truc sur la mayonnaise qu'il n'avait pas vraiment écouté. Peut-être que c'était pour dire qu'elle était meilleure en France, et si c'était ça, il était totalement d'accord. Mais passons, il l'avait retenue par ses paroles et elle avait décidé de rester. Et merde, elle qui allait lâcher l'affaire. Le fils de Thanatos se dit qu'il avait peut-être raté son coup cette fois-ci. Elle avait le laisser tranquille et sa dernière phrase avec tentative de gentillesse exagérée, s'était avérée fonctionner. Adriane, puisque désormais il avait imprimé son nom, attrapa une ou deux frites. Et bien voilà, il avait en quelque sorte brisé la glace, même s'il n'était pas toujours convaincu de vouloir faire la causette avec elle pendant des heures, il se contenterait de répondre à ses questions qui, il n'en doutait pas, allaient pleuvoir sur lui comme des petits pains.

" - Très bien, je promets d'être sage. Dis-moi, les burgers et les frites, t'as pas peur de devenir un énorme machin bouffi ?"

Et bien cela promettait, si elle se pliait à ses règles ils pourraient peut-être s'entendre. Nathanaël eut un mouvement de recul en se prenant à penser une chose pareille. Et puis quoi encore, être amis pendant qu'il y était ? Personne n'était ami avec Nathanaël, il était trop : bizarre, seul, distant, taciturne, renfermé, noir. C'était ce que disaient les gens naturellement lorsqu'on leur demandait ce qu'ils pensaient de ce garçon. Il attrapa un autre burger dans lequel il croqua à pleines dents, et fut amusé de voir qu'en fait Adriane était en train de se gaver de frites. Elle faisait semblant d'être au dessus mais en fait... En fait non il n'avait pas peur de devenir gros. Il s'entraînait tellement dans cette fichu colonie et il était d'un naturel maigre, qu'il n'était pas du tout sûr de grossir, voire même plutôt l'inverse.

" - Nan j'ai pas peur de devenir un énorme machin bouffi. Et toi, t'as pas peur de devenir une vieille fille aigrie à sauter sur tout le monde pour les harceler ?"

Il prit une nouvelle bouchée avec un sourire taquin. En fait il trouvait ça drôle toute cette histoire. Cette fille était plutôt comique, et clairement il ne savait pas pourquoi elle s'était accrochée à lui comme ça. Peut-être qu'elle n'avait pas l'habitude qu'on lui dise qu'on en avait rien à foutre d'elle, mais bizarrement, il en doutait. Quelque chose dans le comportement de cette fille tendait à une recherche désespérée de lien avec autrui, que ce soit amical ou non, mais Nathanaël se rendit compte qu'elle semblait vouloir se faire respecter, et ne pas aimer la défaite. C'était peut-être pour ça qu'elle s'accrochait tant à lui, parce que justement, il n'en avait rien à faire d'elle. A la base. Mais plus elle parlait, plus il lui trouvait quelque chose d'intéressant, et l'analyser, émettre des suppositions sur un tel énergumène était fascinant.

Elle n'avait pas eu tête qui donnait envie de rire. Mais Nathanaël s'en fichait totalement. Après tout, elle pouvait bien lui lancer continuellement son regard plein de haine cela ne changerait rien à sa vie. Il avait quoi à craindre d'elle hein ? Pas grand chose à vrai dire. Elle ne pouvait pas le tuer, et elle n'allait pas le faire, et puis il ne venait ici que pendant les vacances, alors elle ne pouvait pas non plus lui pourrir la vie. En somme, il n'avait rien à perdre à ce qu'elle ne l'aime pas. Mais il ne lui montrait pas du ressentiment, lui et son petit sourire narquois qui ne le quittait pas. Il faut dire que finalement il gagna, puisqu'elle arrêta de le fusiller sur place et continua de se gaver de frites (littéralement elle était en train d'en avaler plus que son estomac ne pouvait contenir) ce qui fit sourire Nathanaël, enfin quelqu'un qui aimait manger comme lui ! Elle lui lança finalement

" - Te harceler ? Et qui voudrait te harceler mon cher ? Moi je suis simplement polie mais apparemment, tu ne sais pas ce que c'est."

Voilà qu'elle lui donnait du mon cher désormais. Il y avait vraiment quelque chose de bizarre chez cette fille. Elle était bipolaire ou quoi ? Le fils de Thanatos fronça les sourcils lorsqu'elle tira la langue avant de finir ses frites. Ok c'était une gamine en fait. Elle la jouait adulte mais finalement elle tirait la langue, c'était tout de même un petit peu contradictoire toute cette histoire. Et la politesse elle ne connaissait pas ? Il partageait avec elle, ce n'était pas une raison pour qu'elle finisse entièrement son plat. Donc non elle n'était pas réellement polie. De plus, la politesse aurait été de le laisser tranquille et de ne pas littéralement le coller depuis qu'ils s'étaient rencontrés.

" - Au fait, tu ne m'as même pas dit d'où tu es. Et c'est ta première fois au Camp ?"

Nath haussa un sourcil, trop occupé à terminer son dernier burger. Et alors, elle n'avait pas non plus dit d'où elle venait non plus. Manifestement elle était une habituée de cette colonie, qui était encore au bout de deux mois passés là, un peu étrangère pour lui. De toute façon il ne cherchait pas vraiment à s'intégrer, mais seulement à passer ses vacances loin de chez lui. C'était la première année qu'il était venu, il à l'exception de ses deux soeurs, il ne connaissait pas d'autres enfants de Thanatos. C'était un peu normal puisque leur père n'était pas réputé pour être volage ou quoi que ce soit. Quand vous êtes coincés aux Enfers forcément... Nathanaël ne pensait pas souvent à son père, la seule chose qu'il se demandait c'était pourquoi il était tombé sur sa mère, et comment ils s'étaient rencontrés. Elle ne lui avait jamais dit, cela l'intriguait. Il reporta son attention sur Adriane et se leva :

" - Tu ne m'as rien dit sur toi non plus."

Lui répondit-il. Dévoiler sa vie n'était pas vraiment le plus grand fort de Nathanaël. En réalité le Français préférait garder sa vie pour lui, elle n'était pas bien palpitante de toute façon. Qu'il était nouveau, elle le savait déjà, qu'il était Français, peut être que son accent pourtant peu prononcé l'avait trahi, qu'il avait des soeurs triplées, il ne voyait pas ce que cela pouvait lui faire, que son père était Thanatos, c'était négligeable. Le reste... il n'y avait rien à dire. Il commença à s'éloigner, les mains dans les poches, sachant pertinemment qu'elle allait le rejoindre au pas de course, parce qu'il sentait que c'était ce genre de personne qui ne vous lâchent pas jusqu'à ce qu'elles aient obtenues ce qu'elles cherchaient.

Adriane c'était ce genre de filles qui ne lâche rien. La pensée de Nathanaël en était là. Il avait l'impression qu'elle n'en démordrait pas, qu'elle continuerait de le suivre, de s'accrocher à lui comme une sangsue, à la recherche d'information, de connaissance, qu'elle allait happer petit à petit pour finir par le prendre tout entier. Cette image vola un sourire à Nathanaël. Ce devrait être marrant en fait, enfin, pas pour le supplicié bien sûr... Quelques secondes plus tard et elle était déjà de nouveau à sa hauteur. Bingo, elle l'avait suivi. Il en fallait peu à Nathanaël pour savoir qu'elle n'aimait pas qu'on lui tienne tête, ni d'ailleurs qu'on l'évite ou qu'on en ai rien à faire d'elle. Une fille somme toute banale. Quoi que... Quelque chose lui disait qu'elle était différente. Mais elle semblait tellement coller à cette image de l'enfant de la colonie parfait, celui qui gagne tous les combats et rêve de gravir les échelons ici, alors que lui ne demandait qu'une chose, rentrer chez lui. Ce n'était pas qu'il n'aimait pas la colo, il n'était tout simplement pas fait pour vivre ici. Salomé et Alma s'y plaisaient, se faisaient des amies, il était beaucoup plus solitaire et renfermé, trop loin de son pays, de ses vieux livres, et trop atypiques pour que quiconque se décide à l'approcher. Et lorsqu'ils le faisaient, un simple regard noir ou une phrase mal placée suffisait à leur faire comprendre qu'il n'était pas ici pour se faire des amis, mais bien pour passer les vacances en paix, seul sous un arbre dès qu'il le pouvait, à discuter avec ceux que tout le monde appellent les "amis imaginaires", que lui connait plutôt sous le nom de "spectres". Adriane était bien l'une des premières à lui résister. C'était probablement cela qui le perturbait tant chez elle, c'est qu'il tombait sur la seule personne qui se contrefichait de son indifférence, en quelque sorte il aimait cela.

" - Moi y a rien de bien passionnant. Arès a engrossé ma mère qui me l’a toujours reproché. J’ai fui en Italie parce que je suis de là-bas mais ça s’est pas très bien passé… Alors je suis retournée à New York et après quelques temps, on m’a amenée ici."

Elle avait tout répondu d'une traite, sans prendre le temps de respirer entre deux phrases, comme si toute sa vie, au moins treize années, se résumaient simplement à ces deux phrases. C'était bien triste comme notion des choses. Mais il fallait bien commencer quelque part n'est-ce-pas ? Nathanaël analysa ce qu'elle venait de lui dire. Fille d'Arès... il en courait les sentiers dans cette forêt des enfants d'Arès, tous arrogants et trop surs d'eux, et Nathanaël détestait devoir combattre contre eux, parce qu'ils étaient trop forts. Heureusement la plupart étaient stupides. Alors les coups bas de Nathanaël et sa stratégie un peu plus développée que le je-tape-dans-le-tas, ça fonctionnait pour limiter la casse. Elle avait fui, mais fui qui, les monstres, sa mère, sa vie ? C'était que cette fille commençait à avoir un certain intérêt. Nathanaël fronça les sourcils alors qu'un sourire étirait son visage l'instant suivant. L'Italie était un très beau pays, lui était simplement français, mais il avait souvent voyagé là-bas avec sa mère, ou avec le collège (c'était le seul avantage de faire latin). Adriane avait de la chance de l'avoir comme terre natale, même s'il était fier d'être Français.

" - Et toi ? C’est qui ton divin parent ou parent divin ?"

Elle avait repris son souffle. Nathanaël la regarda lui lancer un sourire puis haussa les épaules. Est ce que c'était si important que cela de savoir qui était son parent divin ? Il ne considérait pas que cela faisait la personne, même s'il était vrai que certains traits de caractère se retrouvaient chez les demi-frères et soeurs. Mais Nathanaël ne pouvait pas savoir lesquels venait de Thanatos, bien qu'ils étaient facilement identifiables. A part ses soeurs, personne à la colonie n'était revendiqué comme l'enfant de Thanatos. C'était tout de même normal, la Mort ne doit pas s'unir charnellement à une femme tous les quatre matins, et si avoir un enfant n'était pas dans ses plans, trois avait bien dû le bouleverser assez pour qu'il reste sage par la suite. Le demi-dieu mit ses mains dans ses poches et la regarda froidement :

" - Thanatos."

Le silence se fit un instant dans la forêt, comme si tous les êtres avaient retenus leurs souffle, le vent lui-même s'étant calmé, c'était étrange comme même la nature pouvait comprendre qu'il ne fallait pas jouer avec la mort. Adriane elle aussi le dévisagea. C'est sur, on en croisait pas tous les jours. Puis Nathanaël éclata de rire et brisa à nouveau le silence. Le garçon sortit un paquet de pistache de sa poche et l'entama. Oui. Nathanaël avait toujours un paquet de pistaches sur lui et si quelque chose y trouvait quelque chose à redire, c'était tant pis pour lui. Il décortiqua le petit aliment vert et en jeta les coquilles au sol :

" - Que te dire de ma si intéressante personne... Il rit à nouveau. Je suis Français, j'ai des triplées et j'adore les pistaches. Rêve pas cette fois t'en auras pas."

Il s'impressionna lui-même. Etait-il en train de s'ouvrir à quelqu'un ? C'était chose très étrange que ce qui se passait là : il aimait jouer les faux hautains comme il y en avait tant parmi les demi-dieux, mais Nathanaël était une personne très simple, à tous points de vues. Peut-être que cette Adriane valait le détour finalement. Quelque chose en lui l'espérait, sinon elle lui aurait fait perdre son temps et cela aurait vraiment été dommage.