We were friends before

Myria et Chris

Il fait bientôt nuit, les premières étoiles commencent à montrer le bout de leur nez, je leur souris timidement. Je n'arrive pas à me faire à ce climat doux, cette chaleur est enivrante, ça me donne envie de me poser dans l'herbe et de dormir, en laissant le vent me servir de couverture et laisser les fleurs me faire le plus doux des matelas. Me laissant penser à mon futur.

Je ferme les yeux et resserre mon châle sur mes épaules, le froid de la Russie me manque, au moins, si on a envie de mourir, il suffit de se promener dehors, le gèle et la neige se charge de vous de faire un cadavre ambulant. Ici, je ne peux pas, seul l'angoisse de mon fiancé me tue à petit feu. Je le crains plus que je ne voudrais le faire croire. Je voudrais croire que cela me rend indifférente, ce n'est pas le cas. J'entends le tic tac d'une horloge dans mes oreilles, elle me rappelle que chaque secondes qui passent me rapproche de lui, je ne pourrais pas lui échapper. Non, je ne le crains pas, c'est mon devoir en tant qu'épouse que je répugne plus que tout au monde. Nous sommes au 21 ème siècle et pourtant, je dois agir comme une femme d'il y a un siècle. La cours se veut progressiste mais en vérité, c'est tout le contraire, seul des traditions oubliées font figures d'autorité.

Je traverse la protection de la Colonie, encore une fois, on me met dans un cocon protecteur, je n'ai pas le droit de voir le vrai monde, je suis trop fragile, trop faible aux yeux de mes supérieurs, si seulement ! J'en ai marre que l'on décide pour moi, avant, cela ne me dérangeait pas, mais maintenant, je voudrais avoir une emprise sur mon existence, juste l'effleurer au moins ...

Je m'arrête, j'ai entendu un bruit, je porte la main sur ma rapière qui ne quitte plus ma hanche désormais. Je ne veux pas dégainer maintenant, je veux savoir qui s'approche de moi.

"Qui vient là ?"

Ma voix est impériale, je me montre forte et froide, seulement à l'intérieur, je claque des dents si fort que je me retiens de hurler de toutes mes forces, il semblerait que je ne sois pas la plus courageuse des femmes ...

Code by Sleepy

Vas y, serre les poings, fonce, ne pense plus. Écoute la voix dans ta tête, écoute ses murmures incessants, laisse toi faire, redeviens la marionnette que tu as toujours été. Cours, frappe, tue, brûle, et même si tu meurs, ne t'arrête jamais. Tes pieds martèlent le sol, tu as tant envie de t'arrêter, mais tu en es incapable. La voix est omniprésente, tu as envie d'hurler tant elle crie dans ton esprit. Cours, frappe, tue, brûle. Commet le plus grand massacre que la Colonie ait jamais vécu. Putain. Comment t'as pu en arriver là ? T'avais du contrôle, un peu, sur elle, avant, non ?

Tu t'arrêtes brusquement. Elle est insidieuse, elle te frappe de l'intérieur, tu vas tomber. Tu marches lentement entre les arbres de la forêt, doucement. Soudain, une voix. Bordel de merde, qui se promène ici ? Ils sont à l'intérieur, normalement, non ?

" Qui vient là ?

Tu connais cette voix, mais qui est ce ? Elle t'est plus familière que toutes les autres voix, ce son qui coule doucement contre l'air froid de l'automne. Oublie, ce n'est qu'une impression, fausse. Tu marches, et tente d'apercevoir ton interlocuteur.

Et lorsque tu la vois entre les arbres, tu manques un arrêt cardiaque. La voix se tait, la voix te regarde. Que vas tu faire ? Elle ne se rappelle pas de cette personne, surement l'avais tu rencontrée avant son arrivée. Tu serres les dents, tu ravales les larmes. Tu t'approche sur un peu d'elle et tu souffles :

" ...Myria... "

C'est elle, c'est bien elle. Ton amie de vacances, celle qui venait de Russie. Vous aviez peu parlé, vous étiez jeunes et pourtant son souvenir était toujours aussi limpide dans ton esprit. Mais bon sang, que faisait elle à la Colonie ?! Elle n'était pas une demi déesse, si... ? Mais si c'est le cas, alors tu ne peux pas les attaquer. À la vue de cette pensée, la voix hurle, vocifère, rugit, aboie dans ton esprit. Tout est si strident, et ton mal de tête empire. Et pourtant, tu ne la quittés pas des yeux. Tu veux, tu dois tout oublier. La Résistance. Tu veux la rejoindre, tu veux aller avec eux. Ta main quitte ton pistolet caché.

Tu ne vas rien lui faire, tu veux juste... La rejoindre. Les rejoindre, pour elle.

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Myria & Christopher

" ...Myria... "

Enfin je vois d'où vient le bruit et je m'arrête, je reconnais ces traits, ce visage.

"Chris ... !"

C'est lui, c'est bien lui ! Je me précipite à sa rencontre, il se tord de douleur, je vois les perles de sueurs sur son front, mais qu'est-ce qu'il t'arrive ? Je détourne la tête pour voir un pistolet qui s'échappe de ses mains. Il ... il voulait se tuer ? En pleine forêt ? Il souffre tellement qu'il veut en finir avec la vie ? Je m'y refuse ! Je donne un coup de pied vers l'arme qui s'en va au loin. Ce n'est pas avec moi que le sang coulera, certainement pas. C'est tellement facile de céder à la violence, il faut savoir y résister !

Je lui touche le visage, je me rapproche de lui, il souffre tellement ! Je ne peux rien faire ! Je me contente juste d'utiliser mon pouvoir d'harmonie avant de me rabattre, il ne sert à rien si Chris n'est pas animé par la colère. Mais je ne peux pas le laisser comme ça, ce serait inhumain !

"Chut ... c'est moi, je suis là, dis moi ce qu'il t'arrive, laisse moi t'aider Chris, je refuse de te laisser souffrir une seconde de plus."

Je lui caresse le visage, lui enlevant la sueur, j'essaie d'avoir un contact visuel mais je n'y arrive pas, il souffre tellement que ses yeux bougent dans tous les sens, je ne vois qu'une lueur folle danser, mon dieu ! On dirait que le Diable essaie de prendre le contrôle de son corps !

Je me retourne, vers la frontière de la Colonie, l'infirmerie est juste en contrebas ... Si je pouvais le déplacer ... et je regarde Chris. Aucune chance que je puisse faire quelque chose s'il ne m'aide pas, il est trop massif pour moi. Je le regarde implorante.

"Il faut que tu m'aides à bouger, je vais te soigner, je te le promets !"

Et je me glisse sur son flanc pour passer ma tête sous son aisselle pour le soutenir, je serre les dents, il est si lourd ! Je n'arriverai pas à le porter ! Mais je ne bronche pas, c'est lui le martyre, pas moi.

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Myria s'arrête brusquement. Surement t'a-t-elle reconnu. La voix se déchaine, et pourtant elle semble plus silencieuse que jamais. Tu n'as envie d'entendre que ton ancienne amie parler, tu as envie qu'elle te rassure, qu'elle te dise que tout ira bien. Tu veux pleurer, et pourtant tu ne dois pas laisser paraître l'émotion.

" Chris... ! "

Tu souris. Tu dois sourire, peu importe si ça a l'air vrai ou pas. Ça ne l'est pas. Ta tête hurle, la voix vocifère. Tu vois flou, tu sens les battements répétitifs de ton coeur contre ta tempe. Myria donne un coup de pied dans ce foutu pistolet. Pourquoi est-ce que t'es aussi débile, pourquoi tu l'as apporté ? Tu serres les dents, et tente de maintenir ce sourire qui n'en est pas un. Ah putain, non, t'en peux plus, tu fermes les yeux. Elle s'approche, elle te touche le visage. Tu te mords la lèvre inférieur, tu retiens les larmes un peu plus longtemps. Juste quelques secondes de plus, ne parait pas faible devant elle.

" Chut ... c'est moi, je suis là, dis moi ce qu'il t'arrive, laisse moi t'aider Chris, je refuse de te laisser souffrir une seconde de plus. "

C'est trop, tu laisses couler une larme sur ta joue gelée par le froid ambiant. Myria te touche le visage, ce contact te fait tant de bien. Tu as besoin d'elle, tu laisses couler des larmes sur ses mains. Tu esquisses un sourire triste, désormais que ta gorge n'est plus serrée tu n'as plus de mal. Elle enlève la sueur de ton visage, tu n'en peux plus, tu veux aller avec la Colonie. Tu murmures :

" Je souffre à cause de la voix... Ell-...

Non, tais toi, ne dis pas plus. Elle n'a pas besoin de savoir. Tu continues, la gorge nouée :

" Tu m'as manquée. "

Elle se retourne, tu suis son regard des yeux. La colonie. Mais lorsque son regard implorant effleuré le tien, tu sais que quelque chose ne va pas. Tu es prêt à tout faire pour elle, tu dois l'aider. La voix va fermer sa gueule pour une fois, et cette fois ci sera la bonne.

" Il faut que tu m'aides à bouger, je vais te soigner, je te le promets ! "

Tu fais un pas, pour tenter de l'arrêter, tu ne mérites même pas son attention. Et pourtant tu veux rester avec elle, comme un enfant blotti dans les bras de sa mère, tu as envie de pleurer ta vie sur son épaule. Elle fait passer ton bras sur son épaule. Tu ne fuiras rien cette fois. Tu n'es pas la voix, ce n'est pas toi le lâche. Tu laisses couler quelques larmes de plus et tu marches à ses côtés. Le poids est équilibré, désormais.

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Myria & Christopher

Il pleure, des larmes de douleur, de chagrin, de regret ? Je ne sais pas. Je voudrais pouvoir faire quelque chose, autre chose que de paniquer et essayer d'avoir l'air sa savoir gérer la situation.

" Je souffre à cause de la voix... Ell-..."

"Quelle voix ?!"

Mais avant que je puisse l'interroger là-dessus, il se ravise et change sa phrase, pourquoi est-ce qu'il évite le sujet ?

" Tu m'as manquée. "

Je m'arrête, le souffle coupé, c'est la première fois que l'on me dit ça. Au fond, je suis déçue. Pas par Chris, je n'ai pas envie de frapper un mourant, mais ce n'est pas de cette bouche que j'aurais voulu prononcer ces mots. Je voudrais que ce soit lui. Mais ce serait trop lui demander. Je suppose que je ne l'entendrais jamais, en même temps, est-ce que je le lui dirais ? Je ne pense pas.

Je me reconcentre sur Chris, essayant de faire disparaître la tristesse de mon visage, je lui fais un sourire chaleureux. Ne laisse jamais voir ce que tu penses, ne soit que chaleur et bienveillance, enterre la tristesse au fond de ton âme. Ne soit jamais abattue, même quand on te critique, de toute façon, qui ira essuyer tes larmes ? Personne, parce que la seule personne prédisposée à ce poste ne veut pas te voir, et tu ne veux pas le voir non plus.

Nous traversons la frontière et ça fait tilt dans ma tête, Chris ne peut pas traverser la frontière sauf ... si c'est un demi-dieu. C'est pour ça qu'il est malheureux ? Il se fait attaquer par les monstres ? Etant la fille d'Harmonie, je ne souffre pas vraiment de ce problème. Finalement, je tombe à genoux au pied du pin de Thalia. Je ne pourrais pas le porter plus longtemps.

Je le prends contre moi, sa tête contre mon buste, je le berce doucement, il tremble de partout, ses muscles sont tendus au maximum, on dirait qu'il va bondir d'un moment à l'autre, j'en ai presque peur. Il est beaucoup impressionnant que moi. Il pourrait me tordre le cou facilement ... Je secoue la tête.

"Qui est cette voix Chris ? Elle te fait mal ?"

Je vois la Grande Maison au loin, je ne pourrais pas l'emmener là-bas, il ne me reste plus qu'à chercher les secours ... mais je refuse de le laisser seul. Il pourrait faire une bêtise.

"Je suis là maintenant, tout ira bien."

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Myria semble inquiète. Elle demande :

" Quelle voix ?! "

Puis, tu changes de sujet. Lorsque tu lui dis qu'elle t'avais manqué, elle semble se pétrifier. Son souffle est coupé, elle cesse de marcher. Elle tente de cacher sa tristesse apparente par un sourire chaleureux ; en vain. Qu'as tu encore fait ? Surement n'aurais-tu pas du dire ça.

Tu restes là, penaud. Tu marches encore un peu. Tu espères, tu pries pour qu'elle ne voit pas que tu es en train de te vider de ton sang. Pourquoi ce gars avait il lancé la balle ? Heureusement, cette dernière n'était pas dans ta chair. Mais ta côté droite est à l'air libre, le sang se vide jusqu'à ce qu'une tâche pourpre apparaisse sur ta veste qui cachait la blessure depuis avant votre rencontre.

Elle te prend contre elle, te berce lentement. Tu fermes les yeux et laisse rouler sur tes joues quelques larmes glacées. Il ne faut pas qu'elle prenne connaissance de ta douleur, tu la méritais. Tu as eu une sentence juste.

" Qui est cette voix Chris ? Elle te fait mal ? "

Tu hoches lentement et péniblement ta tête. Elle continue :

" Je suis là maintenant, tout ira bien. "

Tu te mord la lèvre inférieure, et te relève avec peine. Chacun de tes muscles semble peser une tonne, c'est surement le plus grand effort que tu es jamais fsit. Tu tousses, et voit un peu de sang sur ta main. Tu lances un regard à Myria. Elle a dû voir, elle a dû comprendre. L'infirmerie. Ta vue se brouille, tu te sens basculer. Non, reste droit, reste fort, ne flanche pas devant elle. Où est l'infirmerie ? Bordel de merde. Tu vois une maison imposant là-bas. Il faut y aller,  maintenant. Tu peux pas mourir, pas comme ça, pas maintenant. Ta vue est brouillée mais tu avances. Tu prends la main de Myria. Si tu meurs, tu veux qu'elle soit ton dernier souvenir. Tu avances, tu marches.

***

Tu ouvres lentement les yeux. Où es-tu ? Tu es dans un lit blanc, un bandage sur ta côte. Tu voudrais bouger, mais tu sais que c'est une mauvaise idée. Tu viens te frotter légèrement les yeux, poussant un long soupir. Tu te sens bien ici, même si tu ne sais absolument pas où tu te trouves.

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Myria et Christopher

Il tousse, sa respiration est haletante, il relève la tête, ses lèvres sont en sang, il s'est mordu ? Je regarde sa main, elle est ensanglantée ! Pourquoi est-ce qu'il saigne ? Pourquoi cet idiot ne m'a rien dit ? Il me regarde avant de s'effondre. Il me tombe dessus, j'en ai le souffle coupé, il est beaucoup trop lourd pour moi ! Je me dégage avec toutes les peines du monde, je me dirige en courant à l'infirmerie.

"De l'aide ! Vite !"

Personne ne bouge, je me mets à hurler:

"Maintenant !"

Finalement, deux garçons viennent m'aider, Je cours vers Christopher, il est en train de se vider de son sang, les garçons le transportent tant bien que mal à l'infirmerie et les enfants d'Apollon s'occupent aussitôt de lui, il a perdu énormément de sang mais il a été pris à temps.

Je reste à ses côté tout le restant de la nuit, sans ciller, je lui tiens la main. Je regarde chacun de ses traits enfin détendus. Je souffle enfin un peu, je le préfère allonger et en vie que souriant et mourant. Finalement, il ouvre les yeux au petit matin, je lui souris.

"Ne bouge pas, tes blessures vont se ré ouvrir ! Tu es en sécurité maintenant."

Je lui caresse le visage:

"Veux-tu manger quelque chose ? Boire ?"

Je me lève, mes muscles me brûlent mais je m'en fiche, il s'est réveillé et c'est la seule chose qui compte.  

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Tu ne te souviens pas de ce qu'il s'est passé ensuite. Tu es tombé, tu as entendu ... Oh, ce grésillement qui te martelait les tympans. Ton cerveau ne comprennait rien, il n'arrivait plus à assimiler les images entres elles, à se souvenir de... Bon sang... Ta tête hurlait, la voix se tapissait dans l'ombre. Elle observait, elle attendait, elle souriait. Froide, terrifiante, et ce sourire. Ce long sourire blanc, sanglant. Et Myria criait, toi tu ne pouvais rien faire. Au final tu t'en foutais du sang, c'était juste ce silence dans ta tête. Normalement elle parlait, maintenant la voix souffrait sans rien dire. Elle s'estompait lentement, et pourtant ? Et pourtant tu savais qu'elle allait retourner te torturer bientôt. Tu fermais les yeux, sentant la douleur de celui qui s'est trop battu sous tes paupières. Les cris de Myria... Que dit elle ? Elle a besoin d'aide ? Si c'est le cas, il faut se relever... Mais tu en es incapable, la douleur te consumme comme de l'ombre dans la lumière. Un monstre ? Non... Penser est trop dur. Tu sombres dans l'inconscience.

Quel est ce contact ? Ils reviennent te chercher. La Résistance. Mais quelle heure est-il ? Tu te sens faible, plus incapable que jamais. La main est douce, ça ne peut pas être la main sanglante et usée des résistants. Tu as peur, tu as trop mal pour ouvrir les yeux. La Colonie, c'est là où tu te trouves, c'est eux. Tout est moelleux, convivial, doux. Ils ne sont pas comme ça là-bas... Oh, c'est si silencieux. Où est-ce que la voix est partie ? Elle reviendra, et continuera à te hanter. Mais être éveillé t'es si dur, tu sens des picotements dans chacun de tes membres. Le sang...

La Colonie t'accueille, te sers de refuge. Tu ouvres les yeux, et la première chose que tu vois est le visage parfsit de Myria. Chacun de ses traits est éclairée par un léger voile de lumière dégagé par le soleil levant. Tu analyses l'endroit rapidement sans trop bouger. Tu es dans une maison en bois, il y a quelques autres lits à côtés de toi, et vu l'intensité de la lumière, il doit être 8 heures. Il est tôt mais... Tu ne t'es jamais senti aussi bien, malgré tout ce que tu as vécu. Myria remarque que tu es éveillé et s'exclame :

" Ne bouge pas, tes blessures vont se ré ouvrir ! Tu es en sécurité maintenant. "

Tu esquisses un léger sourire. Elle est rayonnante, et sa voix et si... Magnifique. Tu hôches légèrement la tête. Tu te sens libre, comme si tu avais eu un couteau dans tes veines pendant toute ta vie et que, comme ça, il s'était enlevé. Tu fermes légèrement les yeux, repensant à ta rencontre avec Myria, à ces souvenirs géniaux que tu avais eu avec elle. Chaque seconde avec elle était un moment au paradis, un bonheur utopique. Chaque moment avec elle était une fête, et tous les mauvaises choses en devenaient des bonnes avec elle.

Ses doigts passent sur tes joues, ce contact est revitalisant. Tu as l'impression de vivre à nouveau en sa compagnie. Elle te demande ensuite :

" Veux-tu manger quelque chose ? Boire ? "

Tu as vraiment une faim de monstre, et ta gorge est aussi aride que le Sahara. Tu souris un peu et répond, de ta voix rauque :

" Je veux bien de l'eau... Et à manger, un peu... S'il te plait. Mais ne t'inquiète pas, je serais bientôt sur pieds. Mais tu es là depuis longtemps ? "

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Myris

" Je veux bien de l'eau... Et à manger, un peu... S'il te plait. Mais ne t'inquiète pas, je serais bientôt sur pieds. Mais tu es là depuis longtemps ? "

Je me dépêche de lui apporter un verre d'eau et la bouteille, un verre ne sera pas suffisant. Je l'aide à boire, ça ne sert rien de lui répondre s'il n'a pas assez de salive pour répondre, je le regarde avec plein de douceur avant de répondre.

"J'ai veillé sur toi toute la nuit, j'avais peur que ton état se dégrade."

Je me lève de nouveau, je suis assaillie par les crampes et je voudrais dormir, je suis presque sûre que mes cernes arrivent au niveau de mes genoux. Et manger, j'ai vraiment faim. Je m'écarte. Pourquoi est-ce qu'il était à la Colonie ? Pourquoi est-ce qu'il est blessé ? Je sais que ce ne sont pas des monstres qui l'ont autant amochés, ce sont les hommes ? Qui a-t-il provoqué pour être au bord de la mort ? Je cherche désespérément à savoir qui lui a fait du mal. Je ne comprends pas. Pourquoi est-ce qu'on peut faire du mal à un autre être vivant ? C'est absurde !

Je quitte la pièce, je suis naive et innocente, je le sais parfaitement, on ne cesse pas de se moquer de moi à cause de cette caractéristique. Je veux croire qu'un monde sans guerre est possible, je veux y croire en vérité, à quoi bon se battre pour être finalement détruit ? N'est-il pas possible de construire ensemble ?

Je suppose que le chaos est une forme d'harmonie, horrible, sanglante mais sur ce tableau, rien ne détache, pas de bleu, de vie, juste la mort.

Discorde et Harmonie.

Les deux sont intimement liés, l'un ne peut exister sans l'autre, comme la Lune et le Soleil. Si la discorde est détruite, je n'existe pas. Mon existence est donc de me trouver au bord de ce gouffre, cette frontière froide et indistincte pour le restant de mes jours ? A espérer que des jours meilleurs naîtront ? En sachant qu'ils ne viendront pas, le monde n'est pas noir ou blanc, il est gris. Atrocement gris. Je ne peux espérer le blanc en sachant que quelque part dans ce monde, le noir triomphera. Non, il faut espérer le gris car c'est la seule chose qui puisse tenir.

Je sais parfaitement que je fonce droit devant, vers ce néant, je ne peux pas faire autrement, j'ai vécu dans les hautes sphères, pour comprendre la douleur, je dois la vivre, je dois l'endurer, une immense fardeau que je ne pourrais jamais porter seule mais personne ne viendra.

Je reviens vers Chris.

"Dors, je vais retirer à présent."

Je m'éloigne à grand pas, chaque pas me plonge un peu plus dans la noirceur, j'ai peur mais qui viendra me plaindre ? Je suis une princesse, et il est hors de question que je montre le moindre signe de faiblesse, la faiblesse, c'est pour le peuple, la couronne doit toujours être forte, parce que nous sommes le bouclier, le premier et le dernier rempart.

Je chasse mes larmes par un grand sourire.

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Tu fermes les yeux un instant, et tu te sens pendant ne serais-ce qu'une seconde comme Myria. Le choc est fort. Elle doit vivre des choses affreuses, pire que ta plaie qui te fait pourtant atrocement mal. Tu n'as envie que de l'aider, mais comment ? Tu réouvres les yeux et la regarde un peu. Ses cernes sont si importantes que tu voudrais lui céder ta place dans ce lit. Il faut qu'elle se repose, tu ne mérites pas cette attention de sa part. Elle te donne un verre d'eau et une bouteille. Tu laisses le liquide couler comme le nectar des dieux dans ta gorge. C'est si... revitalisant. C'est le mot. La voix faible et usée par l'épuisement de Myria retentit :

" J'ai veillé sur toi toute la nuit, j'avais peur que ton état se dégrade. "

Tu te mors la lèvre et la regarde. Pourquoi a-t-elle fait ça ? Elle n'était pas obligée.

" Myria... "

Tu retiens les larmes et secoue un peu la tête. Elle n'était pas obligée, elle ne pouvait pas ! T'es qu'un tocard de la Résistance, et elle une princesse Russe, une fille parfaite. Elle quitte la pièce. Oui, il vaut mieux. Tu soupires un peu. Tu vois bien qu'elle se pose des questions, mais pour l'instant tu n'y répondras pas. Où est-elle partie ? Surement va-t-elle se reposer, et elle l'a mérité.

Tu t'apprêtais à replonger dans le sommeil lorsque tu entends doucement les pas de la jeune femme sur le plancher. Tu rouvres les yeux. Elle déclare :

" Dors, je vais retirer à présent. "

Tu hoches lentement la tête. Tu es si épuisé, comme si une sangsue t'avait retiré toute ton énergie. En moins d'une minute, tu es à nouveau plongé dans un sommeil lourd.