Le ciel dans son immensité et sa complexité a pourtant pris les couleurs fades de l’ennui pour Neven. Qu’importe ce qu’elle y fait elle finit par y perdre tout intérêt, soupirant de lassitude au fur et à mesure qu’elle avance. Elle a déjà tout vu, tout fait, tout découvert – il ne lui reste plus rien d’autre et pourtant, comme n’importe quelle autre ouranie, on attend d’elle qu’elle continue d’y séjourner pour l’éternité. L’éternité ? Ça lui fait peur à Neven l’éternité, devoir faire la même chose jusqu’au restant de ses jours. Elle a trop d’énergie pour rester au même endroit à répéter les mêmes actions, comment pourrait-elle continuer ainsi alors qu’elle s’ennuie déjà ? Elle se sent à l’étroit, coincée dans une routine qui ne l’émerveille plus. Et quand elle regarde toutes les autres ouranies qui continuent leurs tâches comme si de rien n’était, elle se sent bien seule malgré l’immensité du ciel.

Alors que la lune monte progressivement dans le ciel, la nymphe s’éloigne donc du restant du groupe pour prendre un peu de temps pour penser à elle, seule. Elle flotte entre les différentes constellations avant de finir par se poser à côté du Bouvier, placé par Déméter elle-même. Du haut de son perchoir elle peut observer le monde mortel qui, de plus en plus, attire son attention et sa curiosité. Elle a beau connaître par cœur les récits que l’on compte là-haut, à l’Olympe, sur les dangers de ce monde où les mortels corrompus tuent leurs frères et mangent leurs enfants, elle ne peut s’empêcher de se demander comment les mortels vivent, à quoi ils ressemblent, s’ils sont vraiment si différents qu’eux. Des fois elle se surprend à rêver d’une vie ailleurs, dans ce monde, loin de la routine de l’Olympe et des tâches habituelles que l’on attend d’une ouranie comme elle.

Perdue dans ses pensées, elle ne remarque pas tout de suite la présence d’une personne à côté elle. Après tout, ce coin du ciel est devenu son refuge, aucune autre ouranie ne souhaitant aller si loin de leur foyer si rassurant. Il n’y a que Neven et ses idées délirantes pour aller se poser à côté du Bouvier. Tournant la tête lentement, c’est non sans quelque surprise qu’elle découvre non pas une autre nymphe céleste, mais une femme qu’elle ne croit n’avoir jamais vu encore. Au-delà d’ignorer son identité, ce qui la surprend le plus – et la charme – c’est la magnifique paire d’ailes qui l’entoure, semblable à celles d’un ange.

« Je pensais être la seule à traîner dans ce coin, surtout à une heure pareille. » Prononce-t-elle doucement, un sourire sur les lèvres. Nulle doute qu’une rencontre pareille, bien loin de la monotonie de son quotidien, s’annonce tout à fait intriguante.