L'hiver était là et bien installé, Déméter avait probablement dû se séparer de Perséphone qui était rentrée au enfer et vu la température glaciale qu'il faisait, elle devait être très triste, j'aurais bien voulu la réconforter, mais moi...je ne pouvais pas la voir, c'était la lois. J'avais la boule au ventre, la gorge sèche et les genoux qui jouaient des castagnettes et se cognaient entre eux...aujourd'hui, entrainement au combat à armes réelles, voilà ce qui n'allait pas dans cette journée d'hiver.

Je me dirigeais vers l'arène de combat avec les pieds de plombs et je suppliais tout les dieux de l'olympe ou d'ailleurs de ne pas me faire combattre contre des enfants d'Arès, d'Athéna et D'Artémis et de Hadès, de Zeus et de Poséidon...contre personne en sommes et pourquoi pas qu'on soit un chiffre impair et que je doive m'entrainer à combattre contre de l'air ?

Pourquoi c'était toujours sur moi que ça tombait ? Moi qui n'était qu'amour et gentillesse, qui me refusait à ôter la vie à qui que ce soit et qui n'aurait pas fait de mal à un moustique venu me piquer le petit orteil ou un autre endroit difficilement accessible quand ça gratte...pourquoi devais-je apprendre à combattre ? Moi j'étais pacifique et je préférais pour-parlementer pendant des heures pour un compromis plutôt que de passer 10 minutes à toquer une épée contre une autre sous couverture d'un jeu de pouvoir bestiale, dépassé et à mes yeux complètement inadapté à la vie telle qu'elle était à présent.

L'Arène était à présent bien en vue et j'avais cette impression oppressante d'être un condamné à mort dans une arène du temps romain, je n'avais pas la moindre chance contre mon adversaire puisque mon niveau au combat était proche de - 5000 sur l'échelle. En plus, mon épée était lourde et pas du tout pratique et avec ma chance voilà que je devais commencer à combattre et si je simulais une appendicite ? Non...je ne voulais pas qu'on m'ouvre le ventre pour une fausse alerte.

Je tremblais de partout comme une feuille en m'avançant dans le cercle de combat, ma position pas très assurée et l'épée à moitié levée que je n'arrivais même pas à brandir correctement, j'avais l'air pathétique! C'était un garçon qui avait l'air de s'y connaître, c'était certain...j'allais finir avec la tête en moins.

"HUM... sinon on ne pourrait pas plutôt...faire passer quelqu'un d'autre de plus expérimenté ? Non parce que je pense qu'il me mettrait trop facilement KO et ça ne serait pas très instructif pour lui..." Dit-je d'une vois pas du tout rassurée et très hésitante, le professeur rétorqua de suite que ça n'était pas pour lui apprendre le combat, mais pour moi apprendre à combattre...se faire trucider à son premier cours était effectivement un moyen très éducatif par-ici, je l'avais oublié.

L'hiver avait ce don passionnant que de me rendre paresseux. Tout devenait un effort surhumain qui avoir pour but de m'écarter de ma douce et précieuse couette qui n'attend que moi. Et pourtant, malgré cela, je devais la quitter. Déjà parce que j'étais à la colonie pour les vacances d'hiver, mais qu'en plus de ça, j'étais en retard. Entraînement au combat, entraînement au combat... Un bon coup d'épée invisible et on en parle plus du combat ! Surtout que concrètement, à part des monstres, je voyais pas trop sur quoi j'allais taper d'autre. Un monstre, on lui enfonce du bronze céleste dans le ventre et hop, y'en a plus. Suffit juste que j'arrive rapidement derrière le monstre, que je lui enfonce mon épée et on en parle plus. Mais non, Chiron avait décidé que j'étais trop sûr de moi sur ce coup-là, que j'avais besoin d'entraînement encore et encore. Depuis le temps que je viens à la colo, je pense que je sais très bien faire une estocade.

Bon, c'est pas tout ça, mais c'est qu'on m'attend. Je m'habillais en vitesse, gobait un biscuit sans gluten, sans lactose et 100% BIO qui traînait dans mon bungalow avant de passer par l'ouverture, de râler sur la température trop froide et de partir en direction de l'arène. Je m'étais mis à courir, et plus je prenais de la vitesse, plus tout ce qui était autour de moi semblait ralentir. C'était le côté positif de ma supervitesse. Il avait fallu le temps, mais avec une bonne dose de concentration j'arrivais à calculer correctement ma trajectoire. Pas comme la première fois où ça m'est arrivé et que je m'étais pris un mur en pleine face. Dans tous les cas, je regardais droit devant moi, évitant les sangs-mêlés qui étaient sur ma route comme je le pouvais. Je franchis l'entrée de l'arène et me mis à freiner, un peu comme dans un cartoon, les pieds en avant. Cependant une couche de verglas se trouvait sur mon chemin, ce qui m'emporta un peu plus loin que prévu et je finis dans le cercle de combat.

-Désolé pour... Pour.. Le retard ! Fis-je en haletant.
-Bah tiens, comme vous êtes là Monsieur Baker, vous allez rester avec la miss ici présente pour votre entraînement. lança l'entraîneur.
-Ah. Lâchais-je en regardant la personne avec qui j'allais devoir me battre. Bah euh, bonne chance ! Je ne savais absolument pas qui c'était, et sans présomption, je pensais pouvoir la battre sans trop de difficulté. Je pressais ma bague contre la paume de ma main et celle-ci prit la forme d'une épée fine à double tranchant en bronze céleste. Je pris alors une position d'attaque, attendant l'ordre de début le combat.

Le choc de l'épée contre le sol me fit grimacer. C'était pas super agréable comme bruit. La jeune fille en face semblait avoir peur de moi. Pourtant j'étais pas si terrifiant, si ? Surtout que bon, quand je me présente en tant que fils d'Iris, on me répond souvent "La déesse des arcs-en-ciel ?", ce qui n'a pas forcément la même dégaine que "Je suis fils d'Arès, dieu de la guerre". Enfin bon, les fils d'Arès avaient souvent une tête d'idiot et un demi cerveau même pas fonctionnel. Enfin bref elle ramassa son épée et moi j'attendais. Malgré sa panique, je savais que l'hyperactivité qui touchait tous les demis-dieux lui permettraient de se protéger des premiers assauts.

Le sifflet retentit, signe du début du combat. Je savais qu'elle n'ouvrirait pas les hostilités, alors je l'ai fait. Je donnais un coup d'épée de face qu'elle para, comme je l'avais prédit. Nous échangions des coups encore et encore jusqu'à un moment où nous nous retrouvions l'un face à l'autre. Mon épée était levée en position de défense. C'était un peu orgueilleux, mais j'avais pas vraiment envie de me faire battre par quelqu'un qui tremblait comme une feuille. Depuis le temps que j'étais à la colonie, ça m'ennuierait de me ridiculiser de la sorte. Surtout que l'entraîneur me fixait dans mon dos, j'en étais sûr. Bon bah quand faut y aller, faut y aller, non ? J'utilisais un de mes couteaux suisses : ma supervitesse. Ca m'épuisait plus rapidement que quand je ne l'utilisais pas, mais au moins ça me permettrait peut-être de gagner.

Alors tout ralenti autour de moi. Les gens qui regardaient le combat se mire à bouger beaucoup plus doucement, l'entraîneur semblait figer dans la glace, et mon adversaire semblait respirer tout doucement. Moi, j'avançais normalement, comme si tout allait bien. Ca surprenait toujours au début, mais je m'y habituais vite. Puis j'avançais, décidant de taper de mon pommeau dans son dos pour la faire tomber en avant. J'avançais normalement parmi ces êtres ralentis.

Cependant, quelque chose que je n'aurais pas soupçonné ce passa : elle m'asséna un coup d'épée dans le bras : j'aurais du la voir venir pourtant. Je veux dire, tout bougeait au ralenti, mais elle avait eu comme un réflexe. Cette foutue hyperactivité liée à un instinct de survie m'avait coûté ma victoire. Tout reprenait une vitesse normale autour de moi tandis que j'haletais pour reprendre mon souffle. Quelque chose de chaud glissait le long de mon bras et je vis une coupure peu profonde mais qui me piquait un peu. J'attrapai mon épée et la retransforma en bague tout en ravalant ma fierté.

J'hochais la tête en direction de mon adversaire pour la remercier pour se combat. J'avais plaqué ma main contre ma plaie, et l'entraîneur m'autorisa d'un signe de tête à aller me faire panser. Je pris donc la direction de l'infirmerie sans piper mot. J'étais stupéfait. J'étais tellement persuadé de pouvoir gagner que j'avais oublié contre qui je me battais. En face de moi, ce n'était pas des simples mortels ou des monstres bêtes comme des balais, mais des demis-dieux, des enfants d'immortels programmés pour se battre et vaincre.

-Di immortales... Grommelai-je dans ma barbe tandis que je sortais de l'arène.