Elle avait toujours trouvé ce genre de jeu génial. D'accord, Grace était une demi déesse, elle se battait plus avec des arcs et des flèches plutôt qu'avec un fusil, mais elle devait avouer que ce genre de distraction était plutôt pas mal. Les humains avaient nommé ce jeux le "paint ball". Le but était simple, balancer des billes de peinture sur l'adversaire sur un terrain vague à thème. Après sa pseudo mort suite à l'aventure incroyable "Neal & Grace" elle avait eu besoin de décompresser. Les Chasseresses étaient partis plusieurs fois en expéditions mais Grace avait toujours eu besoin de plus. Et quelque chose qu'elle n'avait pas ressentit depuis longtemps commençait à refaire surface. Et  chaque fois, le médaillon maudit de sa mère qu'elle portait autour du coup lui brûlait la peau. Neal Evans. Elle devait bien avouer que ce fils de Déméter lui manquait un peu. Allons bon, elle s'amusait vraiment avec lui !

Elle esquiva une nouvelle rafale de billes bleue. Ses adversaires étaient des tireurs d'élites ! Elle se planqua derrière un bosquet, consciente que son mini short en jean était tout sauf approprié pour ce genre sports. Oh, son débardeur kaki aussi d'ailleurs... Il n'y avait que ses bottes à lacets qui rentraient dans le thème. En clair, le genre de tenue plutôt provocateur qu'aucune fille n'osait mettre dans ce genre de situation. Et pour mieux se camoufler, elle avait opter pour vert foncé comme couleur de cheveux. C'était classe non ? Elle se mis en position et tira une nouvelle fois, atteignant sa cible, parfait. Oh, elle aimait ça. C'était tellement bien de pouvoir se lâcher comme ça, sans réellement blesser les gens.

Le chef siffla dans son sifflet rouge vif, fin de la première manche. Les joueurs sortir en courant du terrain pour aller boire un coup et Grace prit tout son temps. Elle n’ôta pas son casque, elle avait bien retenue les consignes. Et puis soudain, on lui tira une balle dans les mollets. Elle se retourna vers l'endroit ou devait se trouver le tireur. Encore un de ces crétin qui n'avait rien pigé à la règle. Furieuse, elle se dirigea vers un cagot d'où semblait provenir le tir. Elle le contourna et le trouva, le tireur de mollet.

Non mais t'es con ou t'es con ? La partie est finie débile !

Oui, Grace était légèrement irritable depuis l'épisode de sa pseudo mort. Elle était encore plus insupportable qu'avant. Pour couronner le tout, elle se jeta sur lui et lui ota son masque d'un geste rapide. Oui, elle aimer bien voir la tête des gens quand elle leur gueulait dessus.

Neal ?

Car c'était bien lui. Oh elle n'aurait pas du être surprise ce n'était pas lui qui était censé être enterré quelque part dans la forêt, mais elle. Mais le voir ici... Il c'était passé combien de temps après leurs aventures ? Son visage s'illumina et sa couleur de cheveux changea immédiatement et enfin, elle retira son masque. Elle jeta son matériel à terre et enlaça le jeune homme. Elle lui murmura un "tu m'as manqué Neal..." au creux de l'oreille.

Tu m'as sauvé tu sais ? J'étais quasi morte mais ton pollen... - elle ria un peu - ton pollen à déclenché une réaction allergique et je suis revenue. Je te dois beaucoup stupide fils de Déméter.

Elle ne le lâcha plus, toujours à moitié écrasé sur lui. Et dans le feu de l'action, elle l'embrassa, parce qu'elle en avait toujours eu envie et que quelque part, elle trouvait le moment très intime.

Allongé dans l'herbe, juste derrière une petite bute de terre, Neal s'appliquait à viser. Il voyait un adversaire, là, juste en face de lui. Le type se faufilait entre deux buissons et hop, enjambait une branche. Une cible facile pour un demi-dieu s'entraînant souvent dans le coin. Une dernière hésitation et le fils de Déméter appuya sur la détente. La balle partit telle un boulet de canon et une tache orange s'étala bientôt sur le plastron du gars. « Magnifique ! » Un grand sourire éclaira le visage du demi-dieu, qui avait tout au plus dix-neuf ans. Deux secondes après, le sifflet du maître du jeu retentit et Neal émergea de sa cachette, conscient d'avoir fait un bon score. Ah, si Volt l'avait vu ! Mais Volt n'était plus à ses côtés depuis quelques temps. Depuis leur dispute, en fait. Et son demi-frère commençait vraiment à lui manquer mais il savait que s'ils se retrouvaient tout de suite, Neal serait aussitôt agacé par l'autre enfant de Déméter. Choses compliquées que les relations fraternelles. Bref, le sang-mêlé tripota le fusil en marchant vers le rassemblement, cherchant à remettre la sécurité. Et le coup partit. Tout seul ! Neal n'avait vraiment pas fait exprès pour le coup. Il respectait les règles car il voulait pouvoir revenir ensuite. Son nouvel objectif : devenir un bon tireur, trouver un cyclope amical ou un fils d'Héphaïstos et lui demander une arme à feu aux balles en bronze céleste. Ce serait... Idéal pour son mode de vie, on va dire.

Mais Neal se voilait la face. S'il était là, c'était certes pour s'entraîner, pour devenir plus fort, plus efficace et tout ce qu'on voulait mais... Eh bien c'était aussi pour oublier. Neal Evans, le grand sans-coeur devait oublier une fille. Oh, ce n'était pas n'importe quelle fille, bien sûr, c'était... C'était sa nana, celle avec qui il avait vécu des trucs géniaux et extraordinaires, celle avec qui il s'était simplement amusé. Il ne l'avait vu que deux fois, la seconde s'était soldée par sa mort à elle. Et maintenant, il errait comme une âme en peine en essayant de s'adonner à des activités de plus en plus violentes histoire de passer à autre chose. Le pistolet, c'était juste une lubie, un truc pour s'occuper l'esprit et se donner un objectif qui ne soit pas peine perdu. Sa balle partie malencontreusement avait apparemment touché quelqu'un puisqu'un type surgit brutalement devant lui en l'injuriant, le sortant de ses pensées noires. Son masque vola tout aussi subitement et il leva les mains en signe d'excuse. Eh oh, fallait pas exagérer, elle était pas morte la nana non plus, y avait pire dans la vie. Et puis le monde s'écroula.

Ou se reconstruisit, il ne savait pas trop. La fille furieuse retira son masse ; le coeur de Neal sursauta et un élan de joie, de soulagement, l'envahit brutalement. Grace, car c'était bien elle, se jeta à son cou et il lui rendit son étreinte. Il s'accrochait à elle comme si elle allait brutalement disparaître. Il l'avait vu mourir, elle était morte... Et elle était là, aussi. Alors Neal ne dit rien et se contenta de la serrer fort. Grace l'embrassa, il lui rendit son baiser. Dans l'instant, il n'existait plus qu'eux deux. Les sifflements du maître du jeu ne parvenaient plus à eux, ils étaient seuls. Seuls avec leurs retrouvailles, seuls avec leur intimité, seuls avec leurs interdits. Car Neal était un vagabond et Grace une chasseresse. Les deux n'allaient pas ensemble et c'était voué à l'échec. Pourtant, Neal l'aimait. Il le savait à présent. Il n'avait pas pleuré son mie, il avait pleuré son amante. Deux fois avaient suffi, c'était le coup de foudre. Pourtant - et ça lui fit mal au coeur - il rompit cet instant. Il la repoussa doucement mais fermement alors qu'il crevait d'envie de lui rendre son baiser. « On n'a pas le droit, Grace, tu le sais. » Un ton un peu dur pour des paroles qui le tuaient. Neal adressa le sourire le plus neutre qu'il possédait dans son répertoire à la jeune fille, l'éloignant de lui. « Je suis content de te savoir en vie. » Des paroles digne d'un manuel de savoir-vivre. Il avait envie de danser, de chanter, de tirer des balles multicolores dans tous les sens pour fêter ça mais non, il n'avait le droit qu'à ça, qu'à ces paroles impersonnelles et vide de sens et d'émotions. C'était... triste. « Je n'aurais jamais pensé au pollen. » C'était vrai, mais Neal s'en foutait, du pollen. Il était juste le plus heureux des hommes, là, maintenant.

Tu sais très bien où je fou les règles qu'on m'impose Neal...

Elle lui sourit et croisa les bras sur sa poitrine. Non mais. Raah ce Neal, il était aussi coincé qu'un... Bref. Elle se doutait bien qu'il allait dire ça, elle même le pensait très fort. La connerie même des Chasseresses du 21 siècle. C'était horrible. Grace avait toujours su qu'on ne pouvait pas empêcher ce genre de choses. Et évidement Grace, qui était d'ordinaire assez fermé à ces choses là, avait jeté son dévolu sur... lui. Et tout le monde pouvait en témoigner, ils formaient un drôle de duo. Le responsable siffla une nouvelle fois et Grace leva son arme – fausse mais terrifiante quand même – vers lui et l'injuria. Il y avais toujours des boulés pour gâcher ses rares moments d'émotions. Elle se leva et sortit du terrain d’entraînement avec Neal. Elle jeta l'arme dans les bras du type – qui avait les yeux grands comme une soucoupe,s sans doute le fait de voir une fille différente de celle qui l'avait fait rentrer quelque minutes avant – et entraîna Neal dans un coin à part, loin des gros qui buvait une bière en rotant et chantant.

Ça te dis pas d'aller ailleurs ? J'adore ce jeu, mais l'ambiance d'à côté...

Le regard de la fille d'Aphrodite vers les gros buveurs de bière en disait long. Oui, elle préférait éviter d'être bourré une deuxième fois avec le fils de Déméter, de terminer à moitié morte en bas d'une chute d'eau. Avec lui, tout pouvait arriver, parce que c'était Neal, et avec lui, les choses étaient jamais faciles. Le terrain de paintball était situé à proximité d'un petit restaurant, perdu en pleine cambrousse, mais le lieu ferait l'affaire. Elle s'installa à la table la moins visible pour le comptoir, histoire que personne ne viennent les interrompre. Grace n'aimait pas être dérangé.

Alors Neal, quoi de neuf depuis l'autre jour ? Tu es devenus abonné au paintball pour noyer ton chagrin ?

Bien sûr qu'elle le taquinait. Grace était une as dans ce genre de trucs. Elle n'était pas la fille d'Aphrodite pour rien. Pourtant, rien qu'un fois, elle aurait aimé être la fille de quelqu'un d'autre, de deux simples êtres humains. Pas de dieux stupides, pas de groupes de pauvres vierges et intouchables paumé et de stupides lois que personne ne voulait respecter. Grace avait souvent réfléchis à la manière de contourner cette règle. On pouvait la contourner, bien sûr. Mais au u jour où l'autre, Artémis s'en rendait compte et hélas, la punition pouvait tomber. Elle ne voulait pas voir Neal devenir un lapin, ou un de ces animaux en quoi Artémis aimait transformer les hommes. Et elle... elle ne voulait pas terminer en statue ou en lapin aussi.

Tu sais, je pense qu'on peut faire avec. Après tout...

Elle se retint de citer Hélène et Pâris, qui étaient de bon exemple en la rentière mais leur histoire n'avait pas été toute rose. Elle attrapa les mains du jeune homme assit en face d'elle. Oui, ça Artémis ne pouvait rien avoir à redire contre ça. Il y avait juste le problème de la malédiction de sa propre mère qui la faisait souffrir, mais Grace se savait assez forte pour gérer ce genre de choses.

Enfin je veux dire, si tu veux. Moi j'oblige personne hein ? Je propose juste une idée.

Pour une fille de la déesse de l'amour, Grace avait envie de prendre une pelle, et d'aller creuser un trou pour s'y enterrer. Cupidon devait s'arracher les plumes de ses ailes. Mais elle devait bien l'avouer, elle savait pas plaire, mais pour tout le reste, elle était archi nulle.

Neal avait envie de céder, de s'abandonner un peu pour une fois, mais il ne le pouvait pas. Pas cette fois du moins. Il maudissait le choix de Grace d'avoir rejoint les chasseresses. Il ne savait même pas ce qu'elle avait pu y gagner. Le fils de Déméter ne la connaissait presque pas, en fait. Il savait simplement qu'elle s'appelait Grace Turner, qu'elle avait été à la Colonie - où il n'avait jamais fait attention à elle, trop occupé par ses petites histoires idiotes d'adolescent - et qu'elle était la fille d'Aphrodite. C'était peut-être là que ça coinçait. Aphrodite n'était pas un ange, et question gentillesse, c'était l'une des déesses qui avaient le plus à apprendre. Elle était capable de compliquer n'importe quelle histoire et Neal l'imaginait très bien en train de se pencher sur eux, du haut de l'Olympe, et se dire « Oh, mais cette histoire est intéressante ! Rajoutons des obstacles ! ». Neal se sentait maudit, par moment, comme condamné à perdre tout ce qui lui tenait à coeur. Il avait eu un but, il s'était envolé. Il avait eu des amis, disparus aussi. Maintenant il aimait la seule fille qui lui était inaccessible. Quand Grace l'entraîna ailleurs, loin des brutes sans cervelle qui fêtaient leur victoire à coupe de chope de bière, le garçon ne résista pas. Il avait bien le droit d'être avec elle, après tout, il ne faisait absolument rien de mal. Artémis ne serait peut-être pas d'accord avec lui mais peu importe. Si la toucher lui était interdit, il pouvait au moins la voir. Neal n'avait d'ailleurs pas quitté sa demoiselle des yeux. C'était tellement inespéré de la revoir en vie, marchant, parlant, en bonne santé... Quand il l'avait laissé là, sur la rive, avec les fleurs, ses yeux étaient clos et elle se respirait plus. Elle était... morte. Un frisson bizarre remonta le long du dos du garçon. En plus d'être compliquée, leur histoire était mortelle et glauque. « Si je voulais noyer mon chagrin, je serais devenu alcoolique. Là, je tirais dessus à pleine puissance. » Voilà que Neal faisait de l'esprit à présent. Il avait déjà testé l'alcool, après la mort de ses camarades de quête. Puis il avait rencontré une demoiselle - Léonie si ses souvenirs étaient corrects - qui lui avait parlé d'un autre Neal, tout aussi malheureux. Il avait laissé tomber : il ne voulait pas être comme cet autre Neal. Lui, il voulait tout ravager. Le paintball était une bonne opportunité et ça le préparait à la suite. D'une pierre, deux coups. Il avait bien fait en définitive, puisqu'il était retombé sur Grace. Sa Grace, encore en vie. Son coeur hurlait silencieusement sa joie, son visage ne laissait pas paraître grand chose. Bon dieu, c'était interdit ! Deux demi-dieux paumés et une tragédie grecque débarquait au grand galop. S'ils avaient été de vulgaires mortels, ils auraient pu s'embrasser dans les lieux publics, ils auraient pu s'aimer sans jeter de regards apeurés par-dessus leur épaule. Ils auraient vraiment connu la vie comme elle devait l'être : simple, malgré les petit problèmes courants, sans interdictions, sans trop de limites. Eux, il y avait des barrières partout, c'était... Neal avait presque envie de crier.

Faire avec ? Grace était marrante en fait. Bien sûr qu'ils pouvaient faire avec, jusqu'au jour où les dieux s'en apercevraient. Être un demi-dieu, c'était compliqué parce que la famille n'était pas tendre. Elle ne laissait rien passer, les erreurs se soldaient par des malédictions affreuses ou des morts douloureuses. Les vies finissaient rarement dans la douceur et dans la joie. « As-tu lu les histoires anciennes ? » Neal jouait les couillons, les durs à cuire, les héros et tout ce qu'on voulait, il n'en était pas moins cultivé. Il avait lu l'histoire d'Hélène et Pâris, il avait lu les divers ouvrages qui illustraient le genre. C'était triste, c'était sale, c'était injuste. « Les dieux sont nos maîtres. » C'était ça, en fait. En tant que demi-dieux, ils étaient uniquement l pour décorer, pour les occuper. Il suffisait de voir Artémis qui réunissait des gamines en les empêchant de grandir ou de la trahir, tout ça pour aller courir les bois. Et Aphrodite, qui compliquait horriblement la vie de ses mômes et de ceux des autres. Sans parler des diverses malédictions données par les uns et les autres. Mais là, Neal se cherchait des excuses. Toutefois, Grace n'était pas très romantique pour une fille de la déesse de l'amour et ses... indélicatesse firent redescendre la tension. « C'que tu parles bien, boulette. » Voilà, il y avait moins de gène mais Neal avait toujours le coeur en pièce. Il tendit une main hésitante et ses doigts frôlèrent ceux de la jeune fille. Le fils de Déméter prit une grande inspiration silencieuse, son courage à deux mains, et serra plus fort. « Mais tu as raison, allons faire un tour, d'accord ? » Grace lui faisait enchaîner les bêtises mais tant pis, son coeur était heureux, c'était tout ce qui comptait pour le moment. « Tu as fait quoi, après ta résurrection ? »

Boulette ? Il pouvait parler lui... il était aussi doué qu'elle du peu qu'elle avait pu voir. L'ambiance semblait s'être d'avantage détendu et la jeune femme en profita. Il lui proposa d'aller faire un tour, elle lui attrapa et les mains et c'était partis, nouvelle connerie en avant. Mais pour une fois, elle s'en foutait pas mal. Oui oui, ils étaient jeunes, ils verraient après. Si on ne pouvait plus profiter de rien, alors la vie était triste. Certes, si elle pouvait changer et redevenir une demi déesse sans engagements ni rien, elle le ferait sauf qu'elle avait fait son choix il y a des années et qu'elle ne pouvait plus revenir en arrière. La seule chose qu'elle pouvait faire, enfin, qu'ils pouvaient faire, c'était de trouver uN moyen de rompre son engagement mais dans tout les cas, Grace savait qu'elle ne grandirait pas, et lui si. Dilemme. Il allait falloir chercher et trouver.

Chui retourné dans ma secte... C'était génial. Ma petite chef m'a enguirlandé comme pas possible, j'ai du fournier des explications alors j'ai dis que j'étais partis voir une pote. Elle m'a demandé où étaient passés mes habits et là je me suis écroulés de rire en pensant à tout c'qu'on avait fait. Et puis comme si ça suffisait pas, elle a bien sentit que j'avais un peu abusé de la boisson alors elle en a remit une couche. Bref, c'était bien sympathique comme retrouvailles. Heureusement qu'Artemis était en voyage avec son frangin... Imagine sinon. Quelques jours se sont écoulés et sans rien et un beau jour, elle m'a encore engueulé. J'avais mal rangé le matos, un truc dans le genre... Ou alors c'était ma remarqué déplacé à table ? Ouais, elle sont un poil susceptible sur les trucs heu... Bref. Et puis elle m'a assigné à entraîner les nouvelles. Je trouvais les nouvelles recrues trop stupides, alors j'ai dis qu'on allait faire un cache cache ludique, elle se sont cachées, je me suis barrée et me voilà ! Ouais, j'avais envie de faire une partie de paint-ball, j'en avais jamais fait avant ! C'est plutôt cool comme jeu. Je sais pourquoi à la colonie on avait jamais organisé un tournois... Imagine... Trop fun !

Elle reprit son souffle, sourire aux lèvres. Pas de doute, à son retour, elle allait se faire découper en rondelles par celle qui se prétendait être la reine du monde. Rah, cette fille elle ne pouvait pas la voir en peinture. Cette petite blondinette infernale, kleptomane par dessus le marché, merci bien. Si la jeune femme avait bonne mémoire, elle ne connaissait même pas son prénom à cette fille. Sans doute parce qu’elle n'avait jamais cherché à le savoir et qu'elle se faisait appeler « chef » en permanence... Pouah, un jour, Grace se jura de prendre sa place. Elle le tira un peu vers elle, et passa son bras par dessus le siens.

Donc voilà, rien de très spécial et toi alors ? Tu avais l'air de bien t'amuser tout à l'heure, tu étais un adversaire redoutable, fit-elle en riant.

« Mon dieu, on aurait dit un vieux couple que se raconte des histories de vacances... » pensa Grace. Elle ne savait si elle devait trouver ça comique ou pathétique. Elle opta pour le premier choix. Si elle commençait à s'en faire, elle n'allait pas tenir longtemps. Pour le moment, elle se devait d'en profiter. A l'horizon, personne de connu, elle pouvait presque faire ce qui lui plaisait, personne ne serait là, pour surgir par derrière et rappeler les règles sur lesquels elle avait jurés, il y a quelques années de ça. « Ne le quitte pas des yeux... » Comme si Neal allait s'envoler vers d'autres cieux (lol).

Neal écouta Grace lui raconter ses mésaventures après qu'elle soit morte et qu'elle ait miraculeusement ressuscitée. Le temps qu'elle lui parle de sa chef insupportable, de ses obligations envers les Chasseresses et compagnie, Neal avait oublié leurs problèmes. Il vieillirait mais pas elle ? Elle ne pourrait jamais vraiment être avec lui ? Leur situation était bloquée et il n'existait sans doute rien pour les réunir ? Le fils de Déméter oublia tout cela le temps de l'écouter. « C'est clair qu'un match de paintball aurait été carrément génial à la Colonie. Si un jour on y revient tous les deux, on pourra leur soumettre cette idée. » Des paroles vaines car revenir ensemble à la Colonie, c'était une chimère, un simple rêve. Grace y passerait en tant que chasseresse, donc entourée des membres de sa « secte » comme elle disait, lui... Eh bien, il n'avait absolument aucune idée de la façon dont il remettrait les pieds là-bas. Il était sensé être mort après tout. « Eh bien moi, j'ai erré un peu, j'ai trucidé une bonne dizaine de monstres puis je suis venu ici pour m'entraîner. J'avais comme projet de réaliser un pistolet acceptant les balles en bronze céleste. Ce serait tellement plus pratique et moins moyenâgeux que le reste... Bref, il fallait bien que je m'entraîne à tirer et les paintball, c'est juste parfait. Et puis c'est marrant en plus, et ça défoule bien de tirer sur les autres sans risquer de les tuer - pour une fois. » Bah oui, la vie d'un demi-dieu n'était qu'une succession de combats à mort où il fallait tuer ou être tuer. Le pire dans tout ça, c'est que les ennemis étaient parfois des monstres, mais il pouvait aussi s'agir d'autres demi-dieux ayant mal tournés ou encore d'humains redoutables.

« Tu sais quoi, on devrait passer une bonne soirée tranquille dans un hôtel et s'éclater à fond pour nos retrouvailles. » Neal et Grace avaient quitté le stade de paintball et avançaient à présent le long d'un petit chemin. Passer une nuit dans un hôtel hors de prix ne faisait pas peur au garçon : il en avait les moyen. Ce n'était pas parce qu'il errait en permanence, seul, qu'il n'avait pas d'argent. Être un demi-dieu présentait quelques avantages comme être effronté ou sans peur et Neal avait déjà cambriolé une boutique et piqué la caisse, tout comme il avait détourné de l'argent. Entraînant son amie, Neal et elle entrèrent donc dans un grand hôtel. L'après-midi avait bien avancé, à tel point que la nuit tombait sur la ville. La salle de jeux de l'hôtel commençait à se remplir lentement. « Peut-être que pour une fois, on pourra passer une bonne soirée tranquille ? Des fois, j'aimerais bien être un simple mortel. La vie doit être une facile. Babyfoot ? » Pendant que Neal parlait, il ne vit pas l'ombre dans un coin de la vaste pièce, une ombre souple, noire et indubitablement menaçante. Comme quoi, les demi-dieux n'étaient pas destinés à être heureux. Jamais. Sauf peut-être pendant de courts instants comme celui que partageaient Neal et Grace pile à ce moment là, autour d'un babyfoot. Neal éclata de rire avec un « Et je maarque ! ». L'ombre, elle se rapprocha. Elle sauta silencieusement sur une table de billard et les mortels éclatèrent de rire, ne voyant là qu'un simple chien. Un caniche même. Un caniche mortel.

S'ils revenaient tout les deux. Dans le fond l'idée avait l'air belle, mais en réalité elle était impossible. Ils ne reviendraient jamais tout les deux, ensemble. D'abord parce que Grace se déplaçait avec sa « meute » et que Neal le fils de Déméter était présumé mort. Pas très pratique donc. Neal ne s'était pas ennuyé durant sa mort. Grace avait cru comprendre qu'il avait prit goût à la chasse au monstres. Et son projet de pistolet, Grace le trouvait pour le moins original. Bon, son arme de prédilection à elle c'était l'arc et les flèches, elle savait très bien les manier et s'en servir, souvent au bon moment. Et alors il proposa l'idée de l'hôtel. Grace essaya de se souvenir de la dernière fois où elle avait mit mes pieds dans un hôtel, mais ne trouva pas. Pour la simple et bonne raison qu'elle n'avait jamais mis les pieds dans un tel endroit, même l’hôtel avec une étoile. Elle se retint de demander qui allait payer la note, peut être que Neal était en réalité un demi dieu très riche... Il l’entraîna dans la salle de jeu de l’hôtel et Grace ne pu s'empêcher de poser ses doigts partout et de regarder chaque personne vivant ou travaillant sur les lieux.  

Moi aussi, quand on les voit ainsi, on se dit que leur vie est juste... Terriblement banale. Mais à des gens comme nous, çà ne ferait pas de mal. Babyfoot, pourquoi pas !

Et alors ils commencèrent à jouer. Il était doué, et Grace, avec son esprit de mauvaise perdante, se refuser de le lui dire. Évidement, elle n'allait pas se laisser écraser si vite, il fallait qu'elle apprenne bien d'abord et ensuite seulement une victoire était peut être envisageable. Et tout comme Neal, elle ne vit pas la danger qui commençait à rôder autour d'eux. Non, elle ne sentit pas la présence d'une intrus, ou d'une personne leur voulant du mal, elle s'amusait bien trop. Pour une fois qu'elle pouvait s'éclater avec un garçon sans finir bourré, en sous vêtement et avec une armée de nymphe à ses trousses... Sauf que la danger en question se montra plus rapide qu'eux. Une ombre sauta sur la table où jouait les deux jeunes demi dieu et Grace eu n léger écart. D'abord la brume opéra à merveille, dévoilant un simple caniche un peu baveux et à qui il manquait quelque touffes de poils, mais bien tôt sa visions changea. Elle passa en mode « monde mythologique du 21ème siècle ». Orthos, parce que ce nom lui disait quelque chose et que la créature qui venait de se dresser face à eux lui ressemblait beaucoup. Un chien à deux tête, petit format, poil noir et dent bien acérées. Fantastique. Et une mortelle se risqua à le prendre en photo avec son portable, si seulement elle savait...

NEAL !

Et Grac ene perdit pas instant, en un rien de temps son arc fut dans sa main droite et elle était prêt à tirer. Le monstre avait commencé à manger les petites joueurs de foot bleu et rouge et les mortels trouvait alors le chien un poil horripilant. Oui après tout, il était en train de manger leur babyfoot ! « 'Tain c'est pas vrai ça sort d'où ?! »

Faut qu'on se barre d'ici, et vite !

Sauf que la bête ne le voyait pas de cette œil là. Elle fit un bond magnifique avant atterrir devant eux, Grace tira un premier coup et le manqua de peu, prise de panique. Elle prit la mains de son camarade d'infortune et traça, sortant au plus vite de la salle.

Merde merde, c'est où la sortie ?

Oui parce qu'au fond, ils n'avaient pas vraiment prit le temps de visiter en arrivant. Alors elle se lança dans un des grands escaliers sans savoir q'il menait au premier étage des chambres de luxes, avec vu sur la ville et jacuzzi en terrasse. Elle ne se doutait pas non plus que ce chien horrible avait la ferme intention de les suivre jusqu'au bout et de les manger tout les deux. Et quand Grace arriva sur le palier du premier étage richement décoré, qu'elle emprunta un couloir de chambre, elle ne se doutait pas qu'une sens inverse arrivait un convoie de grooms portant des plats bien chaud en direction d'une suite de luxe. Ils courraient. Trois secondes. Deux secondes. Une secondes. Choc, boum.

Neal ne se posait pas, jamais. Sa vie n'était qu'une longue suite de déménagements, de combats, de mensonges et de cachette. Le jour où il s'était dit « tiens, et si je me faisais passer pour mort histoire que la Colonie me foute la paix ? », il n'avait pas réalisé à quel point ce serait compliqué. Et risqué. Et déplaisant. Car au final, excepté quelques rares personnes se révélant plus ou moins de confiance, il ne donnait jamais son vrai nom. Un véritable fantôme, ce Neal, qui existait presque plus sous son homonyme de Léo, fils d'Apollon. Ha, fils d'Apollon, comme c'était crédible quand on croisait le sang-mêlé, qui souffrait d'un vertige carabiné. Avec un grand cri de joie parfaitement enfantin, il plaça un nouveau but et leva les deux mains. « Youhou, mais j'suis trop fort en fait ! » C'était bien la première fois qu'il s'amusait tranquillement - enfin en hurlant de joie, mais tranquillement quand même - avec une fille qu'il appréciait sans risquer de mourir. Sa conception de rendez-vous romantique jusqu'ici, ça avait plutôt été du découpage sévère de monstre doublé d'une folle course-poursuite. Et avec Grace, c'était encore pire. En plus d'être deux sangs-mêlés, ils étaient tous deux dotés d'une malchance assez extraordinaire et se retrouvaient généralement dans des situations improbables. Et mortelles, tant qu'à faire.
Neal s'apprêtait à marquer un nouveau but et en souriait d'avance lorsqu'un caniche bondit sur le babyfoot. La première réaction du sang-mêlé fut de rire - un caniche, c'était... voilà quoi - puis la Brume cessa d'agir sur les deux demi-dieux qu'ils étaient. En un éclair, Neal tira sa vieille épée en bronze céleste de son fourreau et se mit en garde. Le monstre n'avait visiblement pas l'intention de les laisser s'échapper. La porte se trouvait juste derrière l'animal, grande ouverte et magnifique invitation à la fuite. Neal déglutit avec difficulté, un poil de déception se peignant sur ses traits. Il avait simplement souhaité une soirée tranquille avec celle qui ne deviendrait jamais sa petite copine, puis leur malchance s'en était mêlée. Parfois, il se demandait si Aphrodite n'était pas coupable dans cette histoire. Une romance impossible, ça devait lui plaire à fond, à la déesse de l'amour et généralement, elle aimait en faire voir de toutes les couleurs aux deux principaux intéressés. La colère froide qui avait envahi le fils de Déméter devant cette suite d'injustices flagrantes l'avait visiblement cloué sur place car il sursauta quand Grace l'entraîna derrière elle. Réagissant ensuite au quart de route, il lui emboïta le pas et grimpa les escaliers à fond le train. Et puis l'impact.

Sonné, Neal regarda le bordel qui l'entourait. Des dizaines de plats s'étaient renversés tout autour d'eux, éclaboussant murs et gens. Sept grooms s'activaient déjà, se répandaient en excuse - sauf un qui râlait après ces « gamins qui courraient dans tous les sens, et les parents indignes qui ne les surveillaient pas - auprès des deux jeunes gens, et ramassaient les débris d'assiettes, poulets et autres aliments échoués. Les larmes aux yeux à cause de la douleur, Neal s'essuya vivement le bras et constata les dégâts : une splendide brûlure qui lui laisserait une énième trace. Il n'était plus à ça près mais il lui arrivait de se demandait si les blessures en tout genre cesseraient un jour. Un hurlement à faire peur résonna soudainement derrière eux et Neal se jeta sur son épée, dont la garde apparaissait sous un plat de nouilles. Il se fit l'effet d'un crétin en brandissant cette vieille épée qui avait connu des jours meilleurs et aujourd'hui recouverte de sauce carbonara mais cela eut au moins le mérite de stopper l'animal à deux têtes dans sa course folle. Avec un sourire narquois, Neal recula, trébucha dans une casserole et s'étala de tout son long avec un gémissement surpris. Se retrouvant de nouveau assis au milieu des diverses sauces, il leva un regard surpris sur la chose qui le contemplait avec un mélange de pitié et de gourmandise. Et puis Neal hurla. Comme ça, là, à pleins poumons. Ça n'avait pas de but précis mais le cri surprit tellement l'animal que le sang-mêlé eut le temps de s'enfuir en courant. Piétinant plats, débris et grooms surpris, il prit littéralement les jambes à son cou et détala. « GRACE ! GRACE ! PAR LÀ ! » Le demi-dieu ouvrit brutalement une porte, interrompant clairement un couple en train de faire de vilaines choses sous la couette, bondit sur le lit et se remit en garde. La Brume jouait sans doute très bien son rôle car la voix du type à poil qu'il écrasait lui parvint, un tantinet étouffée. « Jeune homme, posez ce chandelier, enfin ! » Comme hypnotisé, fixant la porte en attendant le monstre - et Grace - Neal ne l'entendit même pas.

Quand Grace se prit une tarte dans la figure, elle fit mine que tout allait pour le mieux, alors qu'au fond, elle était à deux doigts d'exploser. Quand son pied gauche s’enfonça dans une mousse au chocolat elle poussa un juron et quand elle se prit les mains dans un chiffon elle hurla carrément. Bon sang, mais ils n'auraient donc jamais la paix ? Elle s'excusa à sa façon auprès des pauvres serveurs presque affolés et se redressa, écartant ses mèches brunes qui recommençaient à faire n'importe quoi. La chose en question était sortie de nul part ! Et Neal avait beau agiter son épée, rien n'y faisait. Elle agita aussi son arc, et une flèche partit droit sur la créature qui fini par l'esquiver. « Bon sang, je manque de pratique... Ça va pas du tout là ! » Elle vit Neal s'étaler de tout sn long et éviter de terminer comme lui. Et puis plus rien, il fila, elle fila à son tour, mais la créature lui bondit dessus, toute griffe dehors. Quand l'horrible monstre lui lacéra l'épaule, elle hurla encore plus fort et plusieurs clients de l’hôtel ouvrirent leur porte de chambre pour voir qui faisait tout ce remue ménage.

A qui est ce chien ?
Mon dieu, mais il a sûrement la rage !
Pauvre fille !
Pourquoi lui tape t-elle dessus avec un bâton ?
Il faut faire quelque chose !

Sauf qu'au goût de Grace, les mortels étaient trop mou et surtout inconscient du danger qui était en face d'eux. Mais où était donc passé Neal ? Elle ouvrit les ports une à une et termina par déboucher dans la bonne, qu'elle referma à clef aussitôt. Oui cela ne freinerait pas le monstre pour longtemps mais bon. Et il était là, sur un lit, avec deux mortels en train de... s'amuser à leur façon. Elle bondit sur les draps pour le rejoindre et s'arma d'une nouvelle flèche. La dame poussa un petit cri et Grace lui jeta un regard mauvais.

Nous réquisitionnons ce lit ! Ouste !
Mais enfin !
BARREZ VOUS !

Et une Grace en colère ce n'était jamais bon à voir. Elle donna un grand coup d'arc dans la tronche du mortel qui glissa du lit entraînant ses oreillers. La femme se jeta hors du lit, cachant sa poitrine et tout le reste avec un bout de drap. Elle alla se cacher dans un coin de la pièce avec son amant et Grace donna un coup de coude à Neal.

Il sort d'où ce putain de monstre ? On était tranquille y'a deux minutes !
- Quel monstre ? demanda la femme qui commençait à pleurer sérieusement.
Rooh vous la ferme ! Et cachez moi ça ! C'est pas comme si vous étiez bien foutue quoi ! Espèce de gros boudin.

Elle éclata carrément en sanglot et la porte vola en éclat. D'accord, la jeune femme aurait p s'abstenir d'être méchante, mais les enfants d'Aphrodite n'était pas malhonnête sur ces choses là. Ils avaient tendance à dire ces trucs en face. Le monstre s’avança vers leur lit, et jeta un regard au mortels qui eux, voyait toujours un caniche un peu trop baveux.

Ne faite pas de mal à ce chien !

Trop tard, une flèche partit se loger entre les deux yeux et la créature tomba raide. L'homme hurla et la femme plaqua une main contre sa bouche. Grace sauta du lit et regarda Neal. Il avait l'air mort là comme ça leur monstre...

Tu crois qu'il est mort ce machin ?

En tout cas il ne bougeait plus. Et la seconde manche commença quand une armée de vigile déboulèrent dans la chambre, braquant arme et badge de policier sous leur yeux.

On ne bouge plus ! Où sont vos parents ?

Neal n'avait jamais trop compris pourquoi il aimait Grace. Enfin, pourquoi il aimait Grace plus qu'une autre fille. Elle était jolie, c'était vrai et ça jouait sans doute un peu. Mais surtout... Elle était incroyablement elle-même. Elle vivait et donnait envie de vivre. Et c'était ce dont avait besoin Neal Evans à ce moment-là de sa vie. S'ils ne finissaient pas en cellule avant, bien évidemment. « Merde, les flics. Il ne manquait plus que ça. » « Mais qui sont ces gamins ! » « LA FERME. » « Sans doute des petits jeunes des banlieues... » Non mais c'est que cette bonne femme, même paralysée par la peur et le choc, n'avait pas l'intention de se taire ! Neal s'apprêtait à lui jeter un coup d'oeil assassin quand l'un des policiers se glissa prudemment jusqu'à eux, gardant les deux sangs-mêlés dans sa ligne de mire. « Venez madame... Vous aussi monsieur. La situation est entièrement sous contrôle. » Une fois les deux vacanciers "à l'abri", la troupe pénétra dans la chambre. « J'te propose on court. » Ni une ni deux, Neal fonça dans le tas. C'était parfaitement irréaliste de croire qu'il pourrait s'enfuir. C'était même parfaitement idiot, et c'est probablement ce qui lui permis d'atteindre le bout du couloir. Pas plus loin, certes, mais c'était déjà un début. Traînant sa demoiselle derrière lui, il comptait bien dévaler les escaliers de service quand une lourde masse s'abattit sur eux. « Humph...! » BOUM. A plat ventre sur le plancher parfaitement lustré de l'hôtel, complètement sonné, Neal sentit le poids lourd se retirer et les menottes serrer ses poignets. C'était une sensation nouvelle : il n'avait jamais été arrêté de sa vie. Jamais. Les dieux seuls connaissaient le nombre de conneries qu'il avait pu faire mais jusque là... Il avait toujours été assez malin pour s'enfuir à temps. Sauf qu'il n'y avait pas Grace, à l'époque. « Ne faites pas les crétins, gamins, ne jouez pas contre vous-même. » Un policier releva le fils de Déméter sans la moindre douceur et l'entraîna à travers l'hôtel. « De vrais délinquants, à ce que j'ai vu... » « Ils ont ravagé l'hôtel... » « On n'est en sécurité nul part de nos jours... » « ... hôtel de luxe et pourtant... » « BANDE D'IMBÉCILES ! » « Ferme-la, gamin, avance. » Neal adressa un ultime regard plein de colère à l'adresse des touristes en pyjama qui s'amassaient à chacune des portes de chambre.

La cellule de garde-à-vue en elle-même n'avait rien d'exceptionnel en soi. Petite, vide si on oubliait Neal et Grace - la soirée devait être calme dans ce quartier -, il n'y avait rien d'autre qu'un banc soudé au mur en béton. « Génial. On fait quoi maintenant ? » Neal avait compté sur le trajet en voiture pour s'enfuir mais l'occasion ne s'était pas présentée pour la simple et bonne raison qu'il était épuisé. Et désarmé. Sa tige métallique - ou son épée mais les humains étaient vraiment aveugles - lui avait été enlevée et ses pouvoirs l'avaient lâchement abandonné au plus mauvais moment.

Grace ne s'était jamais fait arrêté avant aujourd'hui. Grande première donc. Oui elle n'aurait jamais cru que cela arriverait dans de telles conditions mais décidément les dieux devaient bien se moquer d'eux, tout là haut. Elle se retint de leur déballer tout le lot d'insulte qu'elle connaissait, ainsi que ces habituels moues et se laissa embraquer. Elle mit quelques secondes à s'apercevoir qu'elle avait perdu une de ses chaussures dans sa courses folles. Elle entendait la pauvre femme pleurer pour le caniche, et les policiers complètement outrés.

Ils lui ont tiré une flèche dans la tronche ! Pauvre bête, je ne sais pas qui est le propriétaire,e mais il va être tellement triste !

Ah, s'ils seulement ces pauvres mortels savaient. Grace ne pouvait bien évidement pas leur dire qu'il s'agissait en réalité d'un monstre tout droit sortit de la mythologie grecque, ils la prendraient pour une dingue si ce n'était pas déjà fait. Quand elle s'assit sur le banc de la cellule, aux côté de Neal, Grace leva les yeux au ciel et soupira.

M'ont volé mon arc ces cons.

Le policer qui était censé les surveiller rigola, en murmurant que l'arc en question n'était qu'un vulgaire chandelier. Elle se tourna vers Neal et lui lança un regard du style « je sais pas toi, mais j’aimerais bien dormir dans un lit ce soir » et elle se leva.

Mademoiselle, tenait vous bien s'il vous plaît.

Elle lui jeta un regard noir et continua ses allers et retours dans la petite cellule. Elle passa en revu tout ce qu'elle avait à sa disposition pour s'enfuir avec Neal. Elle ne pouvait pas compter sur ses changement de traits physique, ni sur son don pour s'adapter facilement au milieu d'un nouveau groupe de personne. En revanche, il y avait quelques chose en quoi tout les enfants d'Aphrodite excellait. Certains enjôlaient avec leur voix, d'autre le regard, un rire, et la spécialité de Grace, c'était leur pleurs. Elle avait toujours trouvé cela parfaitement ridicule, parce qu'elle se voyait comme une dur à cuir, et une dur à cuir qui pleur, cela n'existait pas. Mais pour une fois, elle voulait bien faire impasse et essayer de faire couler quelques larmes. L'avantage qu'avait la jeune femme à ce moment là était qu'elle était bonne comédienne, et que pleurer sur commande ne lui posait pas franchement de soucis.

Je vais devoir vous demander vos identités, vos âges, votre métier si vous en exercer un et votre adresse.

Allons bon, il ne pouvait pas la laisser méditer tranquille ? Elle se rapprocha des grilles en sautillant et afficha son plus beau sourire.

Mais bien sûr, prenez donc note ! Grace Turner, dix neuf ans pour l'éternité, je travaille dans une secte, j'habite dans les bois avec mon équipe de tireuse à l'arc et mon patron c'est Artémis.

Et bien sûr le policier n'avait pas prit en note, tant il était déstabilisé. Elle leva les sourcils. Évidement, il devait se dire « nan mais c'est quoi cette folle qui me sort des bêtises... ». Grace cru alors bon de faire un peu bouger les choses et ses yeux s’humidifièrent.

Mais ne le dite pas à mon patron, je vous en supplie. Si jamais il apprend que je traîne avec un homme il va être jaloux. Il ne veux pas qu'on soit heureux vous comprenez ? - elle renifla bruyamment de manière forte élégante et reprit son speech – et s'il vient me chercher.... Je ne reverrais plus jamais la lumière du jour ! Il me tuera !

Et la machine s'enclencha, les larmes coulèrent à flot et l'homme en uniforme lui attrapa les mains. Elle y était presque, pauvre esprit fragile...

Pauvre petite... Si jeune...

Oh, s'il il savait. Mais Grace se retint bien de lui dire qu'elle n'avait plus dix neuf ans depuis longtemps et continua de jouer le jeu, séchant ses larmes à moitié. Elle fit discrètement signe à Neal se s'approcher. Et l'homme ouvrit les grilles. Et Grace lui sauta au coup.

Ooh ! Vous êtes trop bon monsieur !

Le policier afficha un sourire gaga et ne vit pas venir le poing de la jeune fille. Il tomba raide et Grace sécha ses larmes. Elle se gratta la gorge et attacha ses cheveux. Elle se tourna vers Neal avec un grand sourire et lui attrapa la main.

Si tu répète ce que tu viens de voir, j'te boude. Je hais utiliser ce truc, fit t-elle en désignant ses yeux encore humide.

Se retrouver en garde-à-vue n'avait rien d'amusant : c'était long, généralement malodorant et inconfortable, et cette fois-ci, leur situation était carrément catastrophique. Après avoir foutu un bordel innommable dans un hôtel riche et réputé de New-York, les flics ne les laisseraient certainement pas rentrer chez eux tranquillement au petit matin. Surtout qu'ils n'avaient pas de chez eux, ce qui rendait la situation quelque peu... inconfortable. Mais bien sûr, c'était sans compter sur la capacité de Grace à raconter des craques... Et à être cru. Elle avait sa recette secrète, la Grace : quelques larmes, un ton malheureux comme des pierres et un soupçon de pouvoir divin et le tour était joué. « Pauvre petite... Si jeune... » Ben voyons. Les mortels étaient terriblement crédules, quand ils s'y mettaient. Dix minutes plus tard, le policier était complètement KO sur le sol du commissariat et Neal et Grace étaient libres. « Si tu répète ce que tu viens de voir, j'te boude. Je hais utiliser ce truc. » « Pourquoi, c'est génial ! Vraiment ! » Neal ne s'enthousiasmait jamais pour les autres, jamais, mais c'était Grace alors... C'était sans doute un peu particulier.

Il leur fallut un peu de temps pour sortir de New-York avec discrétion (autant dire qu'après cette petite escapade, ils risquaient d'être sur la liste noire des commissariats pendant quelques temps) et ils échouèrent finalement dans un parc. « J'imagine que tu dois rentrer retrouver les chasseresses. » C'était un ton plein de déception que Neal avait adopté, pourtant il se doutait bien qu'elle n'avait pas franchement le choix. Si Artémis n'était pas la pire des divinités... Elle avait quand même un côté assez cruel. « Enfin, tu vas me manquer mais c'est pas comme si nous n'allions plus nous revoir, hein ! » Le sang-mêlé lui déposa un très bref baiser sur les lèvres, lui serra une dernière fois la main avant de s'échapper. Les adieux inutiles l'avaient toujours mis mal à l'aise, ce n'était pas aujourd'hui qu'il allait changer ça. Et il avait assez confiance en le destin, lui et Grace se retrouvait toujours.