Quelques semaines plus tôt - « Les bras croisés sur sa poitrine, elle le défiait du regard. « Je paris que tu en serais incapable. Et de toute façon, je tiens bien mieux l'alcool que toi. Je suis une fille de Dionysos, alors n'essaie même pas de me battre à ce petit jeu là. » Un simple défis, rien de plus. Elle le connaissait, il était un de ses meilleurs amis, elle savait que oui, cette manche là, elle allait la gagner. En même temps, il était dur de battre les enfants du dieu du vin sur ce genre de jeu débiles. Oh, mais cette fois ci Reynold avait l'air d'avoir envie de jouer. Et Zoey ne faisait rien pour l'arrêter, elle adorait les défis. Elle aimait s'éclater. Et pour une fois que William était ailleurs à faire elle ne savait trop quoi, elle se lâchait un coup »

Son frère avait raison, elle manquait d'entraînement. Il fallait dire que ces jours ci elle en faisait de moins en moins, faute d'envie ou de temps. Car faire la fête avec ses demi-frère et sœur et Sunshine c'était bien plus drôle, ou traîner avec Reynold à la forge c'était plus cool que de s’entraîner à décapiter des mannequins en cartons à coup d'épée mal aiguisée. Alors elle avait eu l'idée du siècle (enfin du siècle), celle qui lui donnerait envie d'aller dans l'arène en tenue de combat et de s'entraîner. Y aller avec Reynold. Alors elle l'avait convoqué, en beau milieu d'après midi. Quelques demi-dieux se trouvaient déjà là, et dans les gradins la fille de Dionysos contemplait son reflet dans la lame de son épée. Elle, ça avait toujours été l'épée. On aurait pu croire qu'elle fasse comme son frère, du tir, mais elle était plus à l'aise avec la proximité. Quand elle se battait, elle aimait faire face à l'ennemi, c'était comme ça et pas autrement. De plus, elle avait toujours trouvé que l'épée lui correspondait bien. C'était une arme de caractère, comme elle. Elle regarda sa montre, en piteux état depuis le jour où elle avait malencontreusement marché dessus. Il ne devait plus tarder à arriver et son entraînement aller pouvoir commencer. Elle passa une main dans ses cheveux, releva la tête et sourit en voyant son partenaire du jour arriver dans l'arène. Elle sauta de son banc et, agitant l'épée dans tout les sens, marcha vers lui, un grand sourire sur le visage. Certains sur les lieux avaient l'air étonné, peut-être parce qu’en temps normal, c'était Sunshine ou encore William qui était à sa place. Elle le salua d'un bref signe de la main avant de lui sauter au cou.

- Alors, prêt ?

Ils avaient beau être un couple, c'était un couple étrange. Zoey l'aimait, vraiment. Mais pas comme il le pensait. Elle traînait souvent avec lui, appréciait sa compagnie, parce que Reynold était l'un de garçon les plus sympathiques qu'elle n'avait jamais rencontré. Les marques d'affections ne publiques ne la gênait pas. Mais il manquait un petit quelque chose, elle ne savait pas vraiment quoi. Elle n'avait jamais été impliqué dans ce type de relation jusqu'à ce jour, jamais. Cela lui avait valu bien des moqueries et un tas de rumeurs à son sujet. Qu'elle avait fait magistralement taire le jour où ils avaient franchis le pas.

Zoey Peverell & Reynold Landers

Flash-Back.
« Je te dis que j'en serai capable ! T'es têtue, putain.
»

Toujours aussi charmant, agréable, et fin dans ses paroles. Ce jour là, il aurait peut-être mieux fait de ne pas trop s'enhardir. Il s'était surestimé, il le savait pertinemment, mais ne s'avouerait jamais vaincu ! C'était sa philosophie : se battre jusqu'à épuisement, sans ne jamais courber l'échine. S'avouer vaincu, c'était pas son truc... Tout le monde à la colonie connaissait l'entêtement du fils d'Héphaïstos, et surtout Zoey qui avait l'habitude de le fréquentait depuis un bail maintenant. Il ne savait pas dire "non" à un défi, elle en avait conscience, et semblait vouloir s'amuser un peu.

Décidé, le barbu frappa du poing sur le comptoir en bois et beugla quelques mots qu'il mâchouillait en les prononçant. Quoi qu'il en soit, ce dialecte fut comprit bien vite par le tenancier qui remplit de nectar une choppe en verre qu'il fit glisser jusqu'à la main ouverte du vingtenaire. Ce dernier attrapa la poignée de la choppe couronnée de quelques bulles qui éclataient les unes après les autres pour ne finalement laisser que le liquide translucide à l'intérieur du récipient. Vas-y, putain. Il déglutit un peu, fit un peu tourner l'alcool en faisant onduler la choppe et; ni une, ni deux; il but goulûment et descendit la quasi-totalité de son breuvage en une seule gorgée. Il déposa la choppe sur le comptoir, écarquilla un peu les yeux et retint un rôt, donnant presque l'impression qu'il allait vomir au visage de son interlocutrice avant de soupirer un bon coup :

« En voilà déjà un ! Conclut-il en finissant le fond du verre. A ton tour, je suis sûr que je t'éclate dès le deuxième ! »

Simple provocation, bien entendu. Il n'était pas né de la dernière pluie : il savait très bien que pour mettre au tapis une fille de Dionysos, il faudrait bien plus de deux choppes de nectar. Un alcool doux, si il devait être comparé à la vodka, par exemple. Reynold connaissait les capacités de sa camarade, il connaissait ses pouvoirs, mais pensait tout de même pouvoir gagner avec un peu de chance alors que l'alcool commençait déjà à embrumer ses pensées. Il n'en dit rien. Il n'allait quand même pas déjà s'avouer vaincu ! Non... Ça n'allait faire que commencer ! Putain.

Fin du Flash-Back.
Il n'était pas encore deux heures de l'après-midi, et la forge était déjà fermée. Curieux, non ? Habituellement, elle fumait jusqu'à ce que le soleil ne disparaisse sous le rideau noir qu'était la nuit. Quoi qu'il en soit, les fours étaient désormais éteints, les dernières cendres balayées et la porte fermée. Une rumeur courait encore à propos de Reynold ces derniers jours... Il était habitué aux rumeurs, mais elles étaient gênantes habituellement et pour la plus, infondées ou alors déformées. Là, celle ci semblait un peu plus costaud que les précédentes. Un demi-dieu avait entendu de la bouche d'un autre, ayant relayé ce propos suite à une conversation entendue par erreur entre deux personnes qui ignoraient encore tout de cela quelques jours plus tôt mais l'ayant crût voir. Dit comme ça, rien n'avait l'air sûr, n'est-ce pas ? Pourtant, la rumeur avait prit de l'ampleur et était bientôt confirmée. Zoey Peverell, la mioche de Monsieur D, serait apparemment en couple avec le grand forgeron, de sept ans son aîné. Partout dans la colonie, on savait qu'il les préférait jeune, mais bientôt, il allait les prendre au berceau...

Le fils du boiteux avait mit le cap vers l'arène. Il n'aimait pas trop cet endroit, trop fréquenté par des types prétentieux, à son goût. Seulement là, il y avait été convié par quelqu'un de relativement important à ses yeux. Vous vous douterez bien qu'après avoir causé de Peverell, il ne s'agit certainement pas de Chiron qui l'attendait là-bas mais bien la jeune femme. Le forgeron avait enfilé pour l'occasion une tenue un peu plus spartiate qu'habituellement, ressemblant en tout point à un soldat avec sa demi-armure de cuir, son espèce de côte de mailles collée à sa peau nue ou encore son épée de bronze céleste, accrochée dans son dos dans un étui usé. Cela faisait un bout de temps qu'il n'avait pas fendu quelque chose, il avait privilégié, ces derniers temps, l'entretien de la forge à son entretien physique. Cette invitation subite était donc toute bénéfique pour la forme de l'ex-texan. Ce dernier pénétra donc dans l'enceinte de l'arène, regardant tout autour de lui, dévisageant comme à son habitude la populace qui s'était attroupée dans les gradins, bavardant bruyamment, riant, et observant du coin de l'oeil la demoiselle qui se tenait déjà au centre de leur terrain d'entraînement.

Il n'eut le temps de faire un pas de plus dans l'arène, foulant le sol sablonneux dont une épaisse poussière se soulevait sous chacun de ses pas, qu'il vit déjà sa future adversaire se diriger vers lui. Elle fit un simple geste de la main pour le saluer, signe assez détaché mais simple, tout en continuant de s'approcher. Un rictus lui échappa quand elle bondit à quelques centimètres de lui pour enrouler ses bras autour de son cou. Quel accueil ! Il n'en attendait pas plus, mais fut tout de même surprit. Il haussa un sourcil en premier lieu avant de rabattre ses mains, forgées par le travail manuel qu'il exerçait constamment, dans le dos de la demoiselle. Par réflexe, il colla un baiser sur les lèvres de sa petite-amie officielle depuis quelques temps, maintenant. Le baiser fut bref, il n'avait pas été fait pour durer, mais plutôt pour la saluer comme elle l'avait fait quelques minutes plus tôt. Il la déposa au sol par la suite, lui adressa un sourire et lâcha :

« Toujours prêt ! Et toi, t'es prête à te prendre une dérouillée, alors ? »

Il avait toujours été assez... Direct, assuré même. A aucun moment, il ne doutait de sa victoire prochaine sur Zoey. Elle avait beau être sa copine, il avait beau l'aimer, il n'allait pas la ménager parce que gagner, c'était pour lui le plus important ! Que voulez-vous ? Dans la vie, il y a les gagnants, et les autres. Rey' avait apprit à être parmi les gagnants, et il ne supportait pas perdre ! La preuve étant, il avait un jour fait la gueule pendant plusieurs heures suite à sa première défaite sur un jeu vidéo... Voyez la maturité du personnage !

Fin prêt, il posa sa main gauche sur son épaule opposée et fit tourner un peu son bras pour en faire craquer les articulations et exerça la même pression, par la suite, sur sa seconde épaule. Il bascula sa tête à droite, puis à gauche, et vint ensuite attraper la poignée de son épée qui se trouvait dans son dos pour la brandir en direction de l'ivrogne, qui lui servait de petite-amie. Il fendit l'air un instant, tenta de retrouver son maniement de l'arme blanche assez rapidement, et balaya d'un coup relativement vif le sol. Un sifflement sourd lui échappa, il rapporta son regard en direction de Zoey et demanda :

« Tu veux quoi, au fait ? J'ai pas trop compris ce que tu m'as dis tout à l'heure avec le bruit environnant dans la forge... Juste te battre ? »

Bon, le bruit n'était pas la seule raison de cette perte d'informations. Il avait l'habitude de ne pas écouter les autres quand il travaillait, et se contentait d'hocher positivement la tête à chaque fin de phrase. Ainsi, elle aurait put lui proposer n'importe quoi, il aurait accepté sans se poser la moindre question ! Il en était donc désolé -'fin, pas trop- mais elle allait devoir réitérer sa requête... Il espérait tout de même ne pas lui avoir accorder quelque chose de trop ennuyeux. Surtout qu'il avait scellé la promesse de venir ici par un baiser, tout à l'heure. Quel merdier, mais qu'est-ce qu'elle était belle... On pourrait lui promettre la lune, à c'te fille !

«  Il pensait sincèrement la battre à ce jeux là ? Elle lui lança un regard amusé et bu à son tour. Pour aller la mettre au tapis... Il allait devoir y aller vraiment, vraiment, vraiment très fort. D'abord parce que son père était Dionysos, et ensuite parce que comme tout les demi-dieux, elle avait hérité de pouvoirs. Et un des siens était certes, nul dit comme ça, mais utile quand on faisait des pari débile avec Reynold. Elle tolérait l'alcool, aussi fort soit-il. Zoey bourrée ? Jamais, on pouvait toujours rêver. « Mais oui, mais oui » Amusée elle enchaîna quatre verre. Elle les buvait vite, le sourire aux lèvres, et rien pour lui dire "regarde, moi j'vais plus vite que toi". C'était parfaitement ridicule au fond, elle le savait. Quelques uns de ses demi-frère et sœur la regardait en rigolant. Ils devaient se dire qu'elle n'était pas sympa de lancer un tel défi à un autre qu'un enfant de Dionysos. Peut importe, elle ne faisait que s'amuser avec un ami. Elle reposa son verre. « Alors ? Tu tente le coup ? » Elle voyait toujours clair, se tenait toujours bien droite sur son siège. »

- Qui a parlé d'une dérouillé ?

Elle avait un esprit de compétition, elle n'aimait pas perde, connaissait bien le fils d’Héphaïstos et savait que de son côté, il était animé du même sentiments. Ils auraient pu être des fils de Niké tout les deux, la belle déesse personnifiant la victoire. Ils en avaient tout deux la trempe. D'un regard elle balaya le terrain sur lequel ils se trouvaient. D'autres demi-dieux étaient là bien sûr, chuchotant par ci par là. Oh, elle savait ce qu'ils étaient en train de se dire. S'ils ne critiquaient pas Reynold, c'était elle.

- Tu veux quoi, au fait ? J'ai pas trop compris ce que tu m'as dis tout à l'heure avec le bruit environnant dans la forge... Juste te battre ? -
- En fait tu ne m'écoutais pas, hein, avoue...

Elle fit mine d'être vexée, mais au fond, il n'en était rien. Elle savait qui était son copain, elle le connaissait suffisamment pour ne pas prendre ce genre de chose trop au sérieux. Zoey était elle une oreille asse attentive. Outre son don pour entendre, épier des conversations qui ne la regardaient pas, avec William elle avait bien du apprendre à écouter de tout et de rien pendant des heures. Qu'elle méchante sœur elle faisait, il était pas si ennuyeux que ça le frère.

- Apprendre tes trucs – elle était sûre qu'il en avait – et faire un vrai duel. Ne me ménage pas.

Parce qu'elle avait bien horreur d'une chose, c'était qu'on la prenne pour une fille fragile. S'en prendre plein la figure elle s'en moquait pas mal. Ce n'était pas parce qu'elle était coquette quand elle le voulait que terminer par terre couverte de poussière la dérangeait. Les idées toutes faites comme quoi elle était le maillon faible du duo Peverell la gonflait plus qu'autre chose. Elle lui faisait confiance pour lui en faire baver. De toute façon avec elle, rien ne se passait jamais comme prévu. Il y avait toujours un élément qui venait tout chamboulé et qui rendait une après midi censé être parfaitement banale, en après midi mouvementé et inoubliable.

- En garde !

Et sans prévenir, elle s’avança la première et engagea les hostilités. Que le meilleur gagne.

Zoey Peverell & Reynold Landers

Flash-Back.
Il aurait mieux fait de se taire. Comme d'habitude, il avait une gueule bien trop grande et ne savait pas quand la fermait, exactement... Dans quel merdier s'était-il encore fourré ? Maintenant qu'il avait lancé les hostilités et fait monter la température d'un cran dans la taverne, sous le regard de tous ses petits camarades, il ne pouvait pas se défiler devant Zoey, même si elle avait un avantage certain sur lui ! Amusée, la demoiselle semblait déterminée à l'humilier une bonne fois pour toute avec ce petit concours qui aurait dût se passer amicalement mais qui, finalement, avait prit une toute autre dimension. Etant tous les deux des concurrents nés, les défis qu'ils se fixaient devenaient très vite des challenges de haut niveau où tous les coups étaient permis pour pouvoir célébrer sa victoire ! Cette facette de leur personnalité était certainement la plus agaçante, mais aussi celle qui leur avait permis de se rapprocher l'un de l'autre... Cette volonté de réussir, de vaincre l'adversité, de se surpasser pour mieux réussir.

Quand la jeune Peverell commença à descendre plusieurs verres d'une traite, Reynold commença à comprendre sa douleur... Il regrettait presque d'avoir soutenu sa camarade en prétextant pouvoir la faire s'écrouler après quelques gorgées. Elle tenait vraiment bien l'alcool, et c'était annonciateur d'une dure soirée pour le forgeron qui, contrairement à son acolyte, avait la particularité de sombrer très vite dans la démence engendrée par cette boisson miracle, symbole même de la suprématie du paternel de Zoey. C'était saoulant... Pour quoi est-ce qu'il allait passer ? Un menteur de première. Une grande gueule toute juste bonne à déblatérer de la merde pour se donner un genre. Et ce ne serait certainement pas Zoey qui aurait le triomphe silencieux, loin de là. Il allait se souvenir longtemps de cette soirée et, quand bien même il l'aurait oublié, elle sera toujours là pour la lui rappeler ! Devant la provocation notoire de la petite brune, l'orphelin lâcha un rictus et reprit une nouvelle choppe après avoir ordonné au barman de la lui remplir entièrement. Il déglutit une nouvelle fois, souleva sa boisson et but goulûment celle ci, non sans faire quelque bruits répugnants avec sa gorge en laissant l'alcool s'écouler dans son gosier grand ouvert. Ayant but avec empressement, quand il retira son verre de devant son visage, il laissa apparaître un peu de mousse dans son épaisse barbe d'ébène. De quoi détendre un peu l'atmosphère, même si celle ci était assez électrique entre les deux adversaires... Sans pour autant être émissaire de conflit prochain.

« Keuf, j'espère que t'as rien de pressant à faire parce que la nuit risque d'être longue, peutiote ! » Lança t-il, bien qu'il se mit très vite à regretter ses paroles.

En effet, il recommanda encore quelques boissons afin d'égaliser très vite le score de son amie et les but d'une traite, l'une après l'autre. Il avait de plus en plus de mal à rester concentré sur ce qu'il faisait, ses gestes se faisaient plus lent, ses paroles étaient plus hachées encore qu'elles ne l'étaient déjà et il semblait presque s'endormir. Néanmoins, il luttait contre cet état second et tapait du poing en mugissant :

« Encore une, garçon ! »

Devant l'état de loque de Landers, certains clients -pour ne pas dire tous- avaient bel et bien compris que l'issue de ce "combat" était déjà décidée. Ils quittèrent tour à tour le bar qui, au bout d'une heure environ, s'était déjà désengorgé. Reynold n'en était qu'à sa sixième boisson et pourtant, il peinait déjà à garder ses paupières grandes ouvertes. Putain...

Fin du Flash-Back
Il retrouvait bien là l'esprit combatif de sa petite amie ! Elle refusait catégoriquement de perdre, tout comme lui. La défaite n'était même pas une option pour elle, et ça c'était vraiment beau à voir; Elle se surpassait constamment, et agissait jusqu'à épuisement. Reynold préférait de loin une fille qui n'était pas dérangée par le labeur, la poussière et les écorchures à une pétasse montée sur talons qui pensaient pouvoir se servir des hommes comme de vulgaires bêtes à monter. On voyait bien, dans les pensées du jeune homme, sa rancune pour les filles d'Aphrodite dont l'une d'elle, Andrea, avait osé se moquer de lui et jouer avec ses sentiments. Alors oui, il avait un jour servi de toutou à l'une de ces filles mais plus jamais il ne souhaitait réitérer cet "exploit"... Loin de là !

Elle avait tout comprit. Non, il ne l'avait pas écouté tout à l'heure. Néanmoins, ce n'était pas non plus parce qu'il n'en avait pas envie... Il était juste occupé. Zoey avait plutôt mal choisi son moment, il était en train de travailler une pièce relativement importante qu'il devait à tout prix délivrer le soir même, et elle fut légèrement récalcitrante... Même pour un artisan de talent, tel que lui. Ainsi, il fut un peu obligé de répondre positivement à chacune de ses requêtes. Sa cadette fit semblant d'être vexée, voire exaspérée, par le comportement de son aîné qui se contenta d'un mince sourire en guise de réponse. Là encore, on voyait bien qu'elle n'était pas une bien grande actrice étant donné que dans la seconde qui suivit, cette mascarade prit fin. La fille de Dionysos, pourtant Dieu du théâtre, laissa très vite tombé sa piètre imitation et expliqua pour la seconde fois à son petit ami ce qu'elle attendait de lui, en plein milieu de cette arène. Elle voulait apprendre ses trucs ? Soit, mais quels trucs ? Enfin, il avait apprit à combattre au corps à corps, oui, également à distance, mais il n'avait pas vraiment de "trucs" à lui transmettre... Il tapait, cassait des gueules et criait victoire, basta ! C'était d'ailleurs pour ça qu'il n'était pas devenu professeur en combat rapproché, maître d'armes ou autre... Il ne savait pas enseigner, mais alors pas du tout ! Autant dire que pour le coup, Zoey avait choisi un piètre professeur ! Certainement le pire de tous...

« 'Fin, tu sais, j'ai pas trop de trucs moi ! Tu risques pas d'apprendre grand chose ! »

A croire qu'elle aussi ne l'écoutait pas... Dans l'immédiat, ou presque, elle s'élança contre lui comme si de rien n'était et laissait sa lame fondre droit sur lui. Par réflexe, il mit en opposition sa propre arme et des étincelles fusèrent entre les deux métaux lorsqu'ils entrèrent en collision. Ce choc traversa le bras de Reynold qui le sentait fourmiller un peu, lui arrachant un petit grognement peine audible alors qu'il se mit à pivoter sur sa gauche suite à ce premier assaut guerrier de sa petite amie et envoya un coup d'épée rotatif en direction des hanches de celle ci, avec le dos de son arme pour ne pas la blesser sévèrement. Ils étaient là pour se battre, oui, pour s'entraîner, également, mais certainement pas pour se charcuter l'un l'autre.

« Elle rigolait carrément. Il fallait dire que voir Reynold dans cet état, c'était vraiment drôle. Il pensait sincèrement battre un enfant de Dionysos à ce jeu là ? Ah, si son frère avait été là, il se serait bien fichu de lui aussi. Elle le regarda s'enfiler les verres, croisa les bras sur son torse, attendant de voir les effets de l'alcool sur l'organisme du fils d'Héphaïstos. Les autres demi-dieux présents dans la pièce le regardaient avec curiosité. Ils avaient peut-être deviné l'issue de cette soirée et eux aussi, étaient mort de rire intérieurement. Quand il en demanda une autre, Zoey haussa les sourcils. Il n'abandonnait vraiment pas. Il allait tomber raide mort sur la table, il n'allait rien comprendre. Elle le voyait déjà, il peinait. Comme pour le narguer, elle passa aussi une autre boisson qu'elle bu en prenant tout son temps. Pour elle c'était comme des jus de fruits. Bon, choisir entre les jus de fruits et un verre comme celui ci, elle prenait le jus de fruit. Elle avait toujours eu une préférence pour les boissons non alcoolisés, aussi étrange que cela puisse paraître pour une enfant de Dionysos. « Alors Rey' ? On va s'arrêter là ? » Et voilà qu'elle en remettait une couche. Pour l'agacer ou le pousser à arrêter, au choix. »

Comment ça il ne risquait pas de lui apprendre grand chose ? Tout le monde avait des choses à apprendre. Tout le monde avait sa petite technique lors des combat, ou un truc dans le genre. Les premiers coups partirent, Zoey s'en mangea un dès le début. Bon. Ça n'allait clairement pas le faire. Elle le savait, par rapport à lui son premier avantage était sa taille. Plutôt petite, Zoey pouvait se mouvoir plus aisément, et éviter certains coups facilement. Certains demi-dieux s'étaient installés dans les gradins, sans doute curieux de voir ce qu'un tel duel donnerait à la fin. Elle tenta plusieurs attaques. Elle osa une attaque progressive vers son adversaire, exécutant divers mouvements d'épée, s’avançant tel un gladiateur avec son filet, vers son petit ami. Une première feinte, puis une deuxième. Quand elle faisait cela, elle se souvenait des matchs d'escrime qu'elle regardait de temps en temps à la télévision, quand elle n'avait encore jamais mit les pieds ici. Elle se souvenait s'être dit que, si elle n'avait pas été une demi-déesse, elle aurait bien aimé pratiquer ce noble sport. Et puis, d'un seul coup, elle s'arrêta, levant les yeux vers le ciel.

- Rey', regarde.

Non non, ce n'était pas une technique pourrie pour lui faire lever les yeux et frapper à nouveau sans prévenir. Elle baissa son arme et plissa les yeux. Il y avait comme une nuée d'oiseaux qui se précipitait vers la forêt de la colonie. Connaissant bien les lieux, elle pouvait facilement en déduire qu'ils fonçaient droit vers la frontière. Quelque chose lui soufflait qu'il y avait quelque chose là-bas. D'anormal sans doute. Et sa curiosité la poussait à vouloir aller voir.

- Tu veux pas qu'on aille voir ?

Entraîner son copain à la limite du camp, voir à l’extérieur était sans nul doute une très mauvaise idée. Mais rappelons le, Zoey était une experte des plans foireux.C'était juste histoire d'aller voir, ils reprendraient leur bataille après. Décidément, peut importe avec qui elle se trouvait, ma petite demi-déesse avait un don pour se fourrer dans des situations pas possibles.

Zoey Peverell & Reynold Landers

Flash-Back.
C'était de plus en plus dur pour Reynold d'avaler, ne serait-ce, qu'une centilitre d'alcool. Sa tête commençait à tourner, il voyait des formes opaques se former juste sous ses yeux et altérer la réalité avec des couleurs invraisemblables. Il passait désormais son temps à ouvrir et fermer ses paupières, écarquillant ses yeux en regardant autour de lui comme si il redécouvrait le monde... Des nausées lui vinrent également, il fut prit par des vertiges soudains et se sentit transpirer. De longues sueurs froides lui parcouraient le dos, et là : il comprit qu'il avait perdu ce satané pari.

Fin du Flash-Back
Le vingtenaire para chacun des coups que désirait lui administrer sa petite-amie. Des étincelles filèrent ici et là à chaque coup, à chaque fois qu'ils croisaient le fer l'un à l'encontre de l'autre. Lorsque l'un des deux prenait l'avantage et que l'autre flanchait, la tendance s'alternait très rapidement. Bien que plus expérimenté que sa compagne, le sang-mêlé devait reconnaître la valeur guerrière de celle ci. Elle agissait avec une dextérité remarquable, savait palier ses faiblesses vis à vis de son opposant sans trop de difficulté et savait exploiter ses points forts à fond. Cependant, Rey' n'en était pas à son coup d'essai non plus. Après plusieurs échecs lors de ses missions, il a fini par se forger une félicité qui s'était traduite par une prise de muscles considérable. Il s'était entraîné et ne s'était plus laissé aller au hasard lors de ses missions. Il se reposait désormais sur sa puissance brute et ses pouvoirs qu'il avait apprit à contrôler au fur et à mesure du temps. Vous savez, neuf ans passés à la colonie avec d'autres énergumènes aux pouvoirs invraisemblables ça aide forcément à apprivoiser ses capacités surhumaines et défiant les lois de la physique...

Zoey tenta quelques feintes de corps à plusieurs reprises qui eurent pour effet de déstabiliser un peu le grand barbu. Celui ci prit donc une posture défensive, mit en opposition son épée mais ne contra rien étant donné que la petite demoiselle s'était joué de lui. Un grognement lui échappa contre son grès. Il détestait se faire tourner en bourrique... Néanmoins, en tant que professeur de substitution, il devait tout de même reconnaître le génie de son adversaire. Voilà, d'ailleurs, quelque chose que l'ex-texan ne savait pas faire en plein combat -comme en dehors- : utiliser sa tête ! Il agissait toujours sans réfléchir, fonçant tête baissée en criant sous l'effort, agitant son arme dans tous les sens dans l'espoir d'arracher quelques membres et pouvoir rentrer à la colonie la tête haute. Voilà pourquoi il ne pouvait rien apprendre réellement à la jeune Peverell... Les quelques conseils qu'il pourrait lui fournir ce serait de se muscler un peu -or, il l'appréciait comme elle était- et de taper les ennemis là où ça faisait mal. Des consignes simples, et pourtant si risquées. Chiron avait par ailleurs toujours refusé que Rey' s'occupe de la formation militaire des nouveaux venus, il risquerait de les porter jusqu'à la Mort avec ses explications bancales et suicidaires. Et pourtant, il avait récemment été chargé de l'éducation guerrière d'un type... Un certain Gaspard dont il ne connaissait rien, pas même le parent divin. Allait donc savoir pourquoi. Chiron s'était peut-être ravisé quant aux capacités du fils d'Héphaïstos à entraîner de jeunes lavettes !

Là, alors que Rey était en train de reprendre le cours du combat en contrant encore et encore les offensives de sa petite amie, celle ci s'arrêta subitement. L'épée de bronze céleste rasa alors le vent. Elle avait baissé sa garde, s'était affranchie de son épée et avait levé le regard vers le ciel. Si le forgeron n'avait pas contracté son bras pour l'arrêter, il aurait certainement coupé sévèrement sa camarade au niveau de son arcade sourcilière. Quel réflexe ! Il avait toujours sût que la jeune fille était inconsciente, mais pas à ce point là... Un soupir franchit alors ses lèvres, soulagé, après qu'il ait réussi à éviter le pire. Il se voyait mal ramener à Monsieur D la tête de sa si jolie fille... D'autant plus que cette fille était la même que celle ci qui avait ravie le coeur du grand brun, comme beaucoup d'autres avant elle. Un véritable coeur d'artichaut, ce pauvre Landers. Si sensible aux charmes d'ici bas. Il tombait en émoi tellement vite que c'en était presque incompréhensible. Et pourtant, malgré tout, il n'avait encore jamais tiré son coup ! Enfin si, une fois, mais pour l'instant c'est secret...

Loin d'être suspicieux quant à la demande de Zoey, le fantassin se retourna sans même se soucier du fait qu'elle avait lâché son épée. Il avait confiance en elle et savait pertinemment qu'elle n'allait pas l'attaquer dans le dos, ou alors ce serait purement amical : elle bondirait sur son dos ou le chatouillerait, rien de plus. Une horde d'oiseaux volait au loin dans une même direction. Une véritable nuée sombre qui virevoltait, des piafs qui s'agitaient à l'unisson. Zoey posa ensuite une question rhétorique à son camarade : avait-il la même curiosité d'esprit qu'elle ? Un léger sourire s'installa alors sur les lèvres du grand barbu qui planta aussitôt son épée dans le sol :

« Est-ce que seulement tu me laisses le choix, Zoey ? »

Il le savait, depuis le temps. Quand bien même il aurait refusé, elle l'aurait traîné jusqu'à la frontière pour découvrir ce qui se tramait par là. Néanmoins, elle aussi le connaissait bien à force de traîner avec lui en dehors des missions. Le danger, ça le connaissait ! Il était presque aussi insouciant que son interlocutrice, et avait la réputation de toujours finir dans de drôles de situations qui étaient, par ailleurs, annonciatrices de rumeurs prochaines à son encontre. Il avait cessé de compter depuis son arrivée le nombre exacte de rumeurs loufoques qui véhiculaient à propos de lui...

« Allez, bouge ton cul, on y va ! » Annonça le garagiste en réajustant ses vêtements un peu, faisant craquer sa nuque, et indiquant le chemin à suivre avec son pouce.

Dans les gradins, personne ne semblait comprendre pourquoi ils s'étaient arrêtés. La majeure partie, cependant, n'en avait que faire étant donné qu'ils étaient surtout là pour bavarder ou pour prendre un bain de soleil sans pour autant paraître inoccupés aux yeux de Chiron. Reynold se tourna alors vers la sortie de l'arène, inspira grandement, et se lança sans plus attendre à l'endroit où tous ces oiseaux s'étaient tassés. Eh merde, j'aurais dût m'habiller mieux... Je vais maintenant courir à travers la colonie en tenue de soldat, j'vais avoir l'air con, putain.

Flash-Back.
Le bar était vide, inanimé, et l'horloge tournait encore... Le barman aussi avait presque disparu dans la pénombre, lavant inlassablement la même choppe depuis dix minutes, à peu près. Reynold, quant à lui, était toujours sur le même verre depuis presque autant de temps. Il le dévisageait, se regarder à travers le liquide, essayait de voir dans quel putain d'état il s'était mit pour prouver l'impossible, ce soir. Quel abruti, putain... Ce qui le dérangeait le plus, ce n'était pas vraiment d'avoir perdu -quoi que, si-, c'était surtout de paraître si ridicule aux yeux de sa camarade. Certes, elle l'avait déjà vu bourré, mais certainement pas autant ! Là, il lui faudra bien plus qu'une nuit pour cuver ! Habituellement, il renonçait au bout de deux verres et était déjà la tête dans la cuvette pour se vider l'estomac le plus rapidement possible. Ce soir, il avait tellement picolé qu'il avait l'impression d'être assommé, tout en étant encore conscient. Douce antithèse pour souligner son état pittoresque.

Il hoquetait. Il menaçait de se vider à chaque bruit guttural qu'il effectuait. Il passa sa main sur son front, la frotta dessus, et râla un peu. Il refuserait l'aide de Zoey si elle venait à se proposer, il était bien trop fier pour cela. Il la repousserait sans ménagement, voulant assumer jusqu'au bout son état actuel. Et comme s'il n'était pas encore satisfait par la situation présente, il souleva faiblement son dernier verre et bût son contenu, cul-sec ! Un de plus, un de moins, franchement... Le résultat sera toujours le même, maintenant ! Le barbu se tourna alors vers sa camarade, un sourire béat aux lèvres, et lâcha :

« Et de douze ! Il ricana un peu, et se reprit : A moins que ce soit la neuvième... Ou la deuxième, voire la sixième... Je suis plus exactement, en fait ! »

Franchement, cela n'avait plus vraiment d'importance maintenant qu'il était au bord du comas éthylique ! Pourtant, il trouvait toujours le moyen de sourire comme un con, fier de lui, de ce qu'il avait accompli ce soir. Pourtant, il devrait en avoir honte. Il savait très bien qu'il ne savait pas boire, et pourtant... Il regarda autour de lui et constata que l'ensemble de ses verres étaient désormais vides, il fronça les sourcils, fit ressortir sa lèvre inférieure pour prendre un air sévère mais également burlesque, plissa ses yeux et tapota de l'index le comptoir :

« Garçon ! Interpella t-il le barman. Remettez moi... Le même ! »

Puis, ne pouvant plus garder son sérieux plus longtemps, il éclata de rire. Un rire poussé par son taux d'alcool dans le sang, bien entendu. En temps normal, il n'aurait certainement pas explosé de la sorte. Il fit ensuite quelques bruitages dignes d'un enfant de quatre ans, rit de plus belle et se tourna ensuite vers sa camarade de beuverie qui ne semblait toujours pas affecté par l'alcool :

« Je vais te battre, Natasha ! Ou... Qui que tu sois, d'ailleurs ! »

Charmant... Son esprit lui jouait décidément des tours, ce soir. Tantôt, il voyait le visage de Sunshine à la place de celui de Zoey, tantôt c'était celui d'une ancienne petite copine qui resurgissait du passé. Un sourire éclaira encore son visage, il se pencha doucement sur elle et déposa un baiser sur ses lèvres sans réfléchir, ne réalisant pas vraiment qui il avait en face de lui, à l'heure actuelle. Il pressa ses lèvres sur les siennes et les entrouvrit, forçant la bouche de la jeune femme avec sa langue. Derrière lui, le barman écarquilla les yeux, et lança un regard interrogatif à la fille de Dionysos... Un regard significatif qui voulait tout dire...
Faites moi signe, si vous voulez que je vous débarrasse de ce type.

Non, elle secoua la tête. Elle ne lui laissait pas vraiment le choix. Elle sautilla sur place (c'est fou ce qu'elle pouvait faire gamine parfois, mais elle ne s'en rendait pas compte, sinon, il était évident qu'elle aurait arrêté) et lui donna une tape sur l'épaule. Elle riait d'avance de voir le fils du Forgerons (avec une majuscule tout de même) se trimballer e armure de combat à travers le camp. Elle avait certes un sens de l'humour particulier qu'elle tenait sans nul doute de son père, mais ce n'était pas le but de la balade. Non, si elle voulait, elle pouvait ridiculiser son copain autrement. En quelques minutes, il seraient à la frontière de la colonie. Elle poussa un cri de guerre et leva son épée au dessus de la tête. Ce n'était sans doute rien, mais la sentinelle qui sommeillait en elle la poussait à aller inspecter leurs frontières.

«  Le bar semblait s'être vidé. Elle était toujours au top de sa forme. Difficile de la faire tomber aussi. Et quand elle regardait de quoi avait l'air son ami elle avait bien du mal à en pas éclater de rire un bon coup. Il fallait dire qu'il avait une de ses têtes... C'était à mourir de rire. Combien d'heures allait-il falloir pour qu'il s'en remette ? La pire cuite de sa vie, elle était prête à le parier.  « Non non, c'est la neuvième. » Elle le taquinait. Elle n'en savait rien. Elle se délectait de le voir comme ça. On ne défiait pas un enfant de Dionysos à faire de telle chose sans en éviter les conséquences. Il en redemanda encore une et cette fois, devant la tête déconfite du pauvre garçon qui le servait depuis le début, elle explosa d'un rire bruyant, typique de Zoey. Imposant, fort. Elle aimait qu'on sache qu'elle était là de toute façon. Elle aimait se faire repérer. « Natasha ? Non, moi c'est Zoey... » Il le sortait d'où ce prénom ? Sa copine secrète ? Une demi-sœur... Ou... Sa mère ? Ou bien il était cuit, complètement. Elle alla lui balancer une vieille blague sur les Natasha sortie de nul part quand il l'embrassa. « Putain mais tu fou quoi là ?! » Elle lui colla une baffe qui résonna, puis une deuxième. Elle tomba à la renverse de son tabouret et se cogna la tête. Complètement sonné, elle se releva et jeta un regard outré au pauvre garçon qui arrêta de servir ses verres. Ce dernier demanda alors à Reynold de sortir de son établissement et Zoey ne se fit pas prier. Il allait voir... Elle l'attrapa par la peau du bras et le traîna dehors. Oh, il avait franchit la ligne à ne pas franchir. « Tu m'expliques ton délire là ? » Sombre idiot, pensa t-elle.  »

La frontière, ils y étaient. Sans l'ombre d'un doute, elle la franchit, aux aguets. Les oiseaux étaient tous là, posé sur un énorme arbre. Ils étaient à quoi, dix mètres de la frontière protectrice ? Sur le coup Zoey n'y fit pas attention et s’avança vers les oiseaux. C'était comme si ils l’envoûtaient.  Et puis d'un coup, elle se tourna vers Reynold. Le temps de lui dire que ces oiseaux avaient une tête étranges, ils plongèrent tous en piquet vers elle, croassant de plus belle. Elle hurla, se jeta par terre, roula, donnant des coups d'épée dans le vide. Elle hurlait le prénom de son compagnon d'infortune. Elle ne su pas combien de temps elle resta là, à lutter contre les oiseaux infernaux, mais bientôt, plus un bruit, plus un mouvement autour d'elle. C'était un mauvais signe. Le signe que quelque chose de plus gros arrivait. Quelque chose qui avait visiblement effrayé les piafs. Et merde...

désolé pour mon retard:

Zoey Peverell & Reynold Landers

Flash-Back
Il profitait, le salaud...
Vous savez... Il ressemblait presque à tous ces clébards en rut qui, à l'arrière boutique, attendent leur bifteack bien juteux en laissant l'écume paraître à leurs babines pendantes... Il dégustait bien, là. Zoey, surprise par le soudain excès d'amour de son habituel "ami", elle, ne semblait pas profiter de la situation présente, au contraire même. C'était à son désavantage. Le bar, vidé, n'avait laissé place qu'aux deux sangs-mêlés et au tavernier qui astiquait inlassablement la même choppe depuis près de dix minutes. Si sur le coup elle resta passive, un peu abassourdie par ce baiser soudain, le retour de flammes ne se fit pas attendre plus longtemps. Alcool ou non, Zoey n'avait pas eu la main douce sur ce coup. Il fallait la comprendre d'un autre côté... Il s'était littéralement jeté sur elle pour l'embrasser alors que la seconde d'avant il l'avait confondu avec une certaine Natasha qui pourrait très bien être l'une de ces dames d'infortune ramenées de l'Est pour satisfaire les fricards américains, bien moins montés que leurs boats chancelants sur une baie au nom évangélistique, bien que leurs intentions n'avaient rien de très catholiques.
La gifle partit, scinda l'air, et claqua sur la joue qui lui était présentée. Bien loin d'être sur ses gardes, d'autant plus que l'alcool avait prit contrôle de lui, Reynold ne put qu'encaisser cette baffe qui était très certainement bien méritée... Il faillit perdre l'équilibre, tenta de se rattraper au comptoir mais dût se résoudre bien assez vite; agita ses jambes comme un bênet et finit enfin par se rendre compte qu'il était loin de chuter. L'alcool avait affecté ses perceptions des distances, de la hauteur, etc... De là où il était, il avait l'impression de faire face à un ravin ardu, un puits sans fin, un véritable black hole, comme on dit dans le jarguon. Le bruit de cette claque soudaine fit écho un long moment, que ce soit dans le bar dépourvu de clients, ou dans l'esprit embrumé par le nectar défendu du fils d'Héphaïstos. Sur le coup, ce fut Zoey qui tomba de haut. Dans les deux sens du terme, elle tomba dénuée, mais aussi de son tabouret. Rey' était encore sonné, il se tenait la joue comme si celle ci était en train de pendre ou qu'elle allait se détâcher de là où elle était ancrée depuis le jour de sa naissance. Il s'en était prit des baffes dans sa fucking vie, que ce soit de la part des poulets, comme il se complaisait à les appeler ou de ses ex-petites amies qui ont toutes finies par le lâcher pour X raison(s). Toutes plus étonnantes les unes que les autres, soit dit en passant. Il y avait juste Charlotte, la dernière en vue, qu'il avait lui-même quitté en apprenant sa parenté avec un dénommé Sonny Gaither, un fils d'Aphrodite... L'un de ces pervers, nymphomanes, coquets à souhait et ne pensant qu'avec ce qui lui servait d'appareil reproducteur. Enfin, d'après les critères établis de manière totalement subjective par Reynold, bien évidemment.

Le gérant du bar ne perdit pas le Nord, il demanda à Rey de quitter illico les lieux. Encore sonné et loin d'être en pleine possession de ses moyens, l'ex-texan le regarda bêtement, sans réellement comprendre, jusqu'à ce que sa camarade ne le saisisse par le bras fermement pour ensuite le traîner dehors afin qu'il ne se fasse pas défigurer par le barman qui avait certainement assez de biceps pour lui tatouer en plein milieu de la face ses phallanges. Une fois à l'extérieur, alors que le ciel était tapissé de noir et parsemé de lanternes célestes, la jeune Peverell reprit avec véhémence ses reproches vis à vis du forgeron. Elle voulait des explications, et vite apparemment...

« Ben... Euh... Commença t-il, sans réellement avancer d'arguments ou de justifications à son acte. J'en sais rien. »

Encore une bien maigre explication, bordel de shit.
Il devait l'avouer, il ne savait plus vraiment comment ni pourquoi il s'était retrouvé à l'embrasser ainsi... L'alcool lui jouait des tours, comme d'habitude. Il altérait certaines de ses perceptions et le faisait agir différamment. Néanmoins, tout cela devait être bien flou aux yeux d'une Dionysos qui n'avait jamais connu que les bienfaits de la boisson. Là encore, le barbu continuait d'être victime d'hallucinations... Tout ondulait autour de lui, sa vision se troublait et alors que certaines choses accélérer leur mouvement, d'autres ralentissaient considérablement. Assit sur un banc de bois, à la sortie du bar, Rey finit par prendre sa tête entre ses mains et se frictionna légèrement les tempes avec ses index et ses majeurs, appuyant bien tout en commençant à râler un peu. La dernière fois qu'il avait autant bu, il s'était retrouvé dans un lit, nu comme un ver, avec une autre sang-mêlé avec qui il avait coupé les ponts depuis... Elle s'appelait Anna, et elle était gérante d'une taverne. A croire qu'après un nombre certain de verres, sa libido explosait au point qu'il se jette au cou de ses meilleures potes...
Pauvre Reynold, va.

Fin du Flash-Back
Eh merde, putain... Il n'aurait pas dût s'habiller ainsi, tel un centurion car le voilà, maintenant, lancé dans une course effrenée au cul de sa petite-amie à se geler les couilles au grès du vent, sa petite jupette virevoltant dans tous les sens, tout ça parce qu'une horde de pigeons avait daigné se regrouper pour fuir un petit quelque chose qui avait attisé la curiosité de Zoey. Il en fallait peu à cette fille là pour s'enhardir et se lancer tête baissée dans la gueule du grand méchant loup. Et c'était peut-être ça qui faisait son charme... D'autant plus que c'était également le genre de Reynold : se mettre dans le pétrin sans raison, si ce n'est satisfaire son insatiable appétit d'aventurier... Un véritable Ace Ventura, en plus moderne et moins soucieux de sa coiffure typée année soixante-dix. Au vu du rythme qu'elle avait imposée, la Peverell ne prit qu'une dizaine de minutes pour rallier l'arène à la frontière de la colonie. Fort heureusement, ils avaient rencontré très peu de gens en allant de ce point A, au B. Un ou deux satyres, des jeunes recrues en pleine formation et un fils de Niké, bien trop timide pour aller crier sur tous les toits qu'il avait vu les roubignoles de Rey'.

Ainsi, ils arrivèrent jusqu'à la barrière protectrice qui reluisait encore sous les rayons solaires qui se réfractaient sur elle. Les différentes couleurs de la lumière étaient scindées et se laissaient entrevoir sous un certain angle, aveuglant un peu le forgeron qui était en train de réajuster son équipement tandis que sa camarade avait déjà repéré les oiseaux, s'avançant vers eux. Une bande de piafs braillards, rien de plus. Du moins, c'est ce que l'Héphaïstos pensait avant que sa petite amie ne se retourne la seconde suivante pour finalement se jeter au sol, esquivant de justesse une première salve d'oiseaux qui avaient plongé sans plus attendre droit sur elle, bec en avant, picorant tout ce qui se dressait devant eux. Tous les oiseaux imitèrent les premiers et piquèrent en direction des deux sangs-mêlés.

« Saloperie de pigeons, je vais vous flamber moi ! » Mugit automatiquement Reynold en attrapant son briquet.

Une... Deux... Trois ! Voilà la première flammèche qui apparaît. Celle ci se met à vasciller, gonfle littéralement au dessus du vulgaire briquet aux reflets métaliques et "explose" en une multitude de projectiles flamboyants, semblables à des fléchettes. D'un simple geste du bras, le barbu lance l'assaut... L'ensemble de ses flèches fonce en direction de l'armée de créatures ailées qui se fait automatiquement transpercé par les flèches avant de flamber, rôtir à petit feu, pour finalement se désintégrer en ne laissant derrière eux que quelques plumes sombres en pleine incandescence.

Un rictus échappa automatiquement au mécano, il était plutôt fier de son coup. Il se tenait encore debout, un peu en arrière, faisant face à une pluie de plumes embrasée et crépitante d'étincelles rougeâtres qui s'estompait peu à peu. L'Héphaïstos regarda les alentours, veillant à ce qu'aucune autre créature ne daigne apparaître et s'attarda un peu sur la barrière protectrice... Une silhoeutte se dessinait dans l'ombre, à l'orée de la forêt qui émergeait sur la colonie, cachée aux yeux du moindre visiteur inopportun n'ayant aucun lien avec les divinités grecques. Prenant les devants, Reynold s'avança jusqu'au muret invisible et passa doucement sa main dessus en fronçant ses sourcils, allant s'allumer un de ses fameux cigares cubains par la même occasion... Alors que la première étincelle peinait à allumer le cigare, quelque chose se projeta en direction des deux amants et, par réflexe, Reynold balança sa précieuse drogue pour finalement se lancer sur la sentinelle, la plaquant avec force au sol tout en couvrant son petit corps avec le sien pour la protéger d'une éventuelle attaque... La bestiole passa au dessus du duo, les rasa même de son corps épais et, dans un grondement, annonça les représailles à venir, tandis que les deux demis-dieux étaient tapis par terre...

Flash-Back
Tout tournait... C'était affolant. Tout était comme aspiré dans une spirale autour du forgeron, il était désormais allongé sur le banc, l'air plaintif et ne cessait de grommeler des choses incompréhensibles, peines audibles. Il gigotait. Il avait l'impression qu'il allait dégobiller l'ensemble de ses verres en un coup, là, sur le champ. Qu'il allait se crâmer la gorge en déchargeant juste devant le bar une bonne gerbe... De quoi faire regretter le tavernier d'avoir fermé si tard ! Dire que si Rey' avait été moins têtu, il n'aurait pas embrassé Zoey... Ou du moins pas dans ses conditions. Car il devait bien l'avouer, elle avait du charme tout de même la petite Peverell ! N'en déplaise à son frère jumeau, William, elle avait le potentiel pour ravir les coeurs des hommes, et des lesbiennes aussi pourquoi pas ! M'enfin, actuellement, ce petit bisou était de loin le dernier des soucis de notre bon Reynold... Là, il était plutôt préocuppé par l'état de son estomac qui ne cessait de se contracter encore et encore; ainsi que de sa tête qui menaçait d'exploser incessament sous peu en un joyeux feu d'artifice de neuronnes peines utilisées par son possesseur qui avait toujours préféré les bancs du parc voisin aux bancs de l'école...

L'enfant de Dionysos ferma les yeux. Bon sang, mais à quoi elle jouait là ? Elle était là, à terre, complètement soumise aux envies mortelles de ces maudits volatiles. Elle hurlait le nom de son petit amie à s'en déchirer les tympans. Rien à rajouter, Zoey Peverell d'ordinaire si brave et tête brûlée était mal en point. Il entendit ses prières. Reynold. Oh, elle savait qu'elle pouvait toujours compter sur lui, c'était pour ça qu'elle l’aimait autant après tout. Elle sentit l'odeur de la combustion. Il avait du faire appelle à son don. Don qu'il tenait de son paternel. On critiquait vraiment à tord les enfants d’Héphaïstos, ils étaient fabuleux. Et même pas moche en plus. Elle sentit quelque chose lui effleurer la joue. Une plume. Enfin, ce qu'il en restait. Elle se permit de lâcher un bref soupire et rouvrit les yeux, apeuré. Bon sang, mais d'où ils sortaient eux ? Elle sentit alors Reynold se jeter sur elle. Auto défense, son instinct ne l'avait pas trompé, les oiseaux n'étaient que le début. Elle se crispa de nouveau. Alors c'était quoi cette fois ci ?

« Zoey Peverell fixait son ami de haut. Enfin, de haut. Façon de parler. Elle avait plongé son regard dans le siens. C'était comme si elle le réprimandait mentalement. Bon, en réalité , c'était exactement ce qu'elle faisait. Elle l'insultait aussi un peu. Elle espérait que sa réaction de tout à l'heure avait eu l'effet escompter sur le jeune homme. « Écoute Rey... » Elle croisa les bras sur son torse. « Tu sais que je t'adore, d'accord ? » Et son regard s'illumina. Comme ça. Une idée venait de germer dans son esprit. Reynold était la solution. Elle l'adorait, vraiment. Il était génial. Il était juste extra. En dehors de son frère jumeau il était peut-être le seul individu de sexe masculin avec qui elle s'entendait aussi bien. « Pense à ce que chuchote les gens... ils te prennent tous pour une incapable... ils racontent des trucs bidons sur toi et William... » Reynold = la solution ? Elle plissa les yeux et un sourire malicieux anima son visage. « Mais je voulais pas que ça se passe comme ça entre toi et moi. Tu comprends ? » Bon sang, mais où allait-elle ? Elle allait le regretter, elle le savait très bien. « Je sais pas trop ce que j'attendais en tout cas mais... Comme premier baiser j’espérais mieux. » Et elle guetta une réaction. Peut importe laquelle. Zoey Peverell avait eu l'idée du siècle. »

- Merde mais c'est quoi ce truc ?!

Elle c'était redressé, dégagé de l’étreinte de son petit ami. Elle souffla une de ses mèches rebelles et dévisagea la créature qui se dressait devant eux. Son pouvoir d'hypnose lui serait inutile dans de tel cas. Les créatures n'étaient pas réceptives, elle avait déjà tenté à plusieurs reprises. Elle avait beau avoir suivis tout les cours dispensés à la colonie, elle était incapable de mettre un nom sur ce terrifiant... Visage. Elle regarda à tour de rôle Reynold, puis le monstre et fronça les sourcils. Elle sentait ses muscles toujours aussi crispé. Bon sang, mais qu'est ce qui lui prenait là ? Elle était Zoey la courageuse ? La bestiole gronda à nouveau et elle avança d'un pas. Son arme était là, juste à quelques mètres. Il lui semblait l'avoir laissé au camp, il fallait croire que non.

- Rey, comment on fait pour tuer ce machin ?

La bête commençait à marcher. Elle les contournait, les regardant avec ses yeux malfaisants. « Bon sang, on est pas sortis de l'auberge... »

Zoey Peverell & Reynold Landers

La bestiole ressemblait en tout point à un bélier, une sorte de créature tout en muscles qui se tenait sur quatre pattes, les narines dilatées avec une fumée qui s'en dégageait, et des yeux de braise braquaient sur le couple semi-divin qu'était Reynold et Zoey. Le monstre arborait deux grandes cornes aux allures de bronze qui scintillaient presque face aux rayons solaires. La créature mythologique était très massive, balançait de droite à gauche sa crinière brune et sa fourrure dorée au rythme de ses mouvements étrangement vifs et agiles qui ne reflétaient en aucun cas la masse importance que devait soulever constamment la bête. Ses sabots talonnaient inlassablement le sol poussiéreux, balançant même sous sa force quelques mottes de terre à chaque coup qui ne faisait pourtant que fêler le terrain. Cette puissance prodigieuse laissait suggérer qu'aucun des deux demis-dieux ne pourraient rivaliser avec la créature au corps à corps. Merde... Reynold n'avait amené que des armes blanches pour son entraînement avec la jeune Peverell et, à moins de balancer son glaive de façon hasardeuse en direction du bestiaux, il ne voyait pas vraiment quoi faire pour l'abattre à distance... Jamais il n'aurait le temps de former un javelot assez grand à l'aide de son pouvoir de feu pour stopper cette bestiole enragée dont deux colonnes de fumée jaillissaient encore de ses narines, alors que ses sourcils se fronçaient davantage sur ses yeux rougeâtres. Tentant de demeurer impassible devant cette situation difficile, Rey' fit claquer sa langue contre son palais en tentant de retenir un grognement significatif qui aurait put laisser entendre sa peine devant pareille situation... Il ne voulait pas que sa copine le pense totalement dépassé -même si c'était le cas- ...

« Ben... Bonne question. On fait comme à l'entraînement, j'pense... »

J'pense... C'était effectivement très rassurant. D'autant plus qu'il prévoyait de faire comme à l'entraînement, entraînement durant lequel il avait bien souligné le fait qu'il ne savait que taper dans le tas sans réelle stratégie, pas comme les fils d'Athéna qui planifiaient tout à l'avance et qui savaient jouer sur les points faibles de leur adversaire, qu'ils devinaient en un coup d'oeil... Maudits Athéna... Ils le faisaient passer pour un naze devant sa copine, maintenant !

Flash-Back.
Reynold se sentait mal. Dans les deux sens du terme à vrai dire. Il s'en voulait un peu de s'être presque jeté littéralement sur elle pour lui voler un baiser, mais aussi parce qu'il avait la gerbe. Ben oui, il tenait mal l'alcool... Très mal ! Il avait encore d'affreuses nausées, la tête qui tournait et titubaient encore un peu, n'étant plus assuré de voir ce qu'il voyait... Compliqué, n'est-ce pas ? Enchaîner deux pas en demeurant droit et en suivant une même ligne était devenu impossible pour le pauvre fils d'Héphaïstos qui n'était vraiment plus à même de marcher sans une aide extérieure. D'où la présence de Zoey. Il pensait que la jeune femme n'était restée avec lui uniquement pour ne pas avoir sur la conscience le fait de l'avoir laissé ivre mort déambuler dehors. Assurément, il se serait même endormi dans son propre vomie et se serait installé par terre, en plein milieu du chemin, réveillant le voisinage avec ses ronflements incessants... Ainsi, il considérait l'aide de la jeune Peverell comme une démonstration de pitié, rien de plus. A aucun moment dans son esprit, il ne se résolvait à concevoir le fait qu'elle puisse l'aider par simple bonté, ou par simple amitié... Voire même par simple autre-chose. Néanmoins, après la récente réaction plus ou moins brutale de Zoey, l'Héphaïstos en doutait un peu...

Le regard de la Dionysos se figea devant celui de son interlocuteur, encore embrumé par l'alcool. Elle semblait fin prête à engager à nouveau la conversation avec lui après ce petit pétage de plombs dans le bar totalement désert, si on omettait la présence du tavernier qui s'était même engager à dégager Reynold à coup de pieds au cul si jamais il venait à retenter d'embêter une charmante demoiselle en état d'ivresse, dans l'enceinte de son bar. Les deux demis-dieux se regardèrent sans que le jeune homme ne laisse échapper un seul mot, même si il pensait au moment présent à mille et une choses concernant un peu tout et n'importe quoi, à vrai dire. L'alcool jouant son rôle, il se laissait aller à des songes bien loins de la situation et se surprit en découvrant jusqu'où pouvait bien aller son esprit lorsque celui ci était envoûté par l'aura de l'alcool, une aura si douce, si parfumée, et si apaisante... Pour les Dionysos seulement. Pensa l'enfant du feu en lâchant un petit rictus, avant que sa camarade ne brise le silence qui s'était intauré entre eux depuis un temps, déjà. Une, deux voire trois minutes, si ce n'est une dizaine... La notion du temps avait également échappé consciemment à Reynold. La demoiselle semblait décidée à mettre les choses au clair et donc, de mettre fin à tout sous-entendu qui aurait put faire que son prétendu ami se jette de la sorte sur elle, en plein bar, pour l'embrasser sur les lèvres. Elle commença doucement, afin de ne pas le brusquer d'autant plus qu'il était dans un état second -même si pour l'occasion, il était plus commateux qu'enragé, comparé à d'autres ivrognes stéréotypés-. L'explication s'atténua avec les mots si bien choisis de la fille du dieu théâtral. Pour entrer en matière, elle lui expliqua qu'elle l'adorait... Et non pas qu'elle l'aimait. Du moins, c'était ce qui était dit implicitement même si cela pouvait paraître explicite tant le sous-entendu était faible et ce, même à l'oreille d'un quasi-sourd comme Reynold qui avait constamment un arrière bruit en tête qui était, par ailleurs, amplifié depuis qu'il avait déversé dans son organisme quelques verres d'alcools divers... Un parfait coktaïl se créait donc présentement dans l'estomac du forgeron qui sentait encore quelques relants venir à lui.

Cependant, elle sembla se raviser. Son intonation, les mots qu'elle choisit, tout cela changea étrangement après un temps de réflexion... La jeune femme continua donc son explication qui se fit un peu plus hasardeuse. Zoey bredouilla donc une explication au fait qu'elle avait repoussé son camarade dans le bar, et parût donc étrangement moins hargneuse envers Rey' qui releva doucement son regard après l'avoir baissé sous la honte d'être ainsi révulsé par sa "meilleure amie" ... Ses paroles, cette fois, traduisait plutôt un malaise dût au fait qu'elle ne s'était tout simplement pas imaginé pareille scène pour ce qu'elle prétendait être son "premier baiser". Cela fit rougir le jeune homme. Il lui avait... Volé son tout premier baiser ? Bien que ivre-mort, l'Héphaïstos se sentait mal à l'aise et encore plus désolé. Il ne le savait que trop bien : un premier baiser pour une fille, c'était sâcré ! Même si elle paraissait plus masculine que féminine, Zoey devait très certainement avoir envisagé ce premier baiser sous bien des angles, dans différents endroits tous plus romantiques les uns que les autres, et certainement avec des hommes bien plus beaux et appréciables que Reynold Landers. Des chanteurs, des stars hollywoodiennes, et peut-être même des princes de dessin-animé aux manières presque obséquieuses et au sourire éclatant. Rey' faisait ainsi bien pâle figure à côté de pareilles idoles !

« Putain... J'savais pas, Zoey. » Soupira t-il dans un murmure.

Le jeune homme se frotta un peu le front et s'affala sur un banc dont seuls les contours -et encore- étaient percevables dans le drapé nocturne qui commençait à s'étendre de plus en plus autour d'eux. Le jeune homme fit une petite moue, regarda la Peverell avec un air sincèrement désolé et lâcha simplement :

« Tu sais... Tu peux m'frapper hein, comme ça on sera plus ou moins quittes je pense... J'aurais pas dût faire ça, même bourré ! Surtout bourré, d'ailleurs. »

C'était limite si il ne lui tendait désormais pas la joue pour qu'elle aille y apposer ses phallanges avec violence dans le but de l'encastrer dans le dossier de son banc en bois qui grinçait déjà un peu sous son poids. Ce ne serait que juste pénitence, simple vengeance, si elle venait à faire ceci et Reynold ne lui en tiendrait pas rigueur. Surtout qu'il l'avait sincèrement bien mérité ! Jamais, ô non plus jamais, il ne se laisserait avoir par un jeu aussi stupide que celui ci -le concours de boisson-, d'autant plus qu'il se savait complètement nul à pareil exercice... Mais que voulez-vous ? Les garçons sont des garçons.

Fin du Flash-Back

Sans crier gare, le bélier aux allures quasi-mécaniques s'élança en direction du duo. Mis en alerte, Reynold bondit sur Zoey et la fit rouler par terre avec lui sur son flanc gauche afin d'échapper à la furie de la créature. Les deux amoureux roulèrent ainsi dans les feuilles mortes et la terre avant de finalement heurter un tronc d'arbre quatre ou cinq mètres plus loin. Installé au dessus de sa jeune camarade après ce bond périlleux, Rey' soupira et la regarda droit dans les yeux et la regarda de haut en bas afin de s'assurer qu'elle n'avait rien de cassé. Néanmoins, il n'eut pas le temps de formuler sa pensée quant à son état physique. Il remarqua, en effet, dans la seconde qui suivit, qu'il avait une de ses mains callée contre la poitrine de la fille de Dionysos et sentit le rouge monter immédiatement à ses joues... En temps normal, cela aurait put être un spectacle fort amusant pour Zoey qui aurait put en profiter pour se moquer de lui en le traitant de tout-ce-dont elle avait envie et surtout, en le chariant encore et encore sur son attitude ou même, comme bon nombre de personnes avant elle l'avait fait, en criant au "pervers" sur tous les bungalows de la colonie. Ben oui, Rey' était surtout connu pour avoir débarqué à la colonie en boxer et aussi pour son prétendu tatouage sur une de ses fesses... Pas facile d'apparaître "normal" avec pareilles rumeurs au cul !

Le bélier, toujours dans son élan, fit une rotation exceptionnelle qui créa comme un écran de fumée autour de son corps massif et musculeux avant de finalement fondre pour la deuxième fois aujourd'hui sur les deux semis-divins. Contraint de reprendre ses esprits plus rapidement que prévu, l'Héphaïstos se retrouva sur ses deux jambes en deux-temps-trois-mouvements et mugit à l'intention de sa copine de bouger de là. Bon, il fallait l'avouer.. Sur le coup, il se prenait un peu pour un héros le Reynold ! C'était rare qu'il puisse briller alors il comptait bien le faire dés aujourd'hui ! Surtout avec une telle spectratrice pour admirer ses talents de toreador !

« Je vais faire de toi du boeuf bourguignon, putain de grosse vache ! »

Quelle vaste connaissance culinaire, dit donc, pour un amateur de fast-food tel que Rey' qui représentait à la perfection l'américain moyen qui ne jurait que par les frites bien grasses et des hamburgers dégouliants de sauce. Il évita un premier coup de cornes de justesse, roula sur le sol une nouvelle fois et sortit dans sa chute son épée de son étui. Certes, il en était venu à la conclusion, plus tôt, que son arme blanche ne lui serait d'aucune utilité mais d'un autre côté, c'était ça ou rien... Jamais de petites fléchettes enflammées comme tout à l'heure pourrait venir à bout d'un gros taureau comme notre ami ici présent qui lâcha un grognement sonore avant de cette fois prendre pour cible Zoey. Reynold haussa un sourcil, regarda la bête, puis sa petite-amie, marqua un temps sans ne rien dire, déglutit et lâcha :

« Bouge de là, Zoey ! »

Le monstre prit ses appuis, fonça à brides abattus et mit le cap en direction de la jeune femme en face de lui. Reynold serra les dents et les poings, grogna avec force et courrut également en direction de la Dionysos afin de la protéger de l'assaut prochain du monstre... L'instant sembla durer une éternité pour le demi-dieu qui se voyait foncer au ralenti, décortiquant de ses propres yeux le moindre mouvement de sa petite-amie, comme ceux du bovidé déchaîné...
Zoey... J'arrive... Pensa t-il encore.