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Sujet: Un petit tour à la forge [PV Reynold] (TERMINE) Mer 10 Juin - 14:04
feat. Reynold Landers
Un petit tour à la forge
« Hé merde »
Voilà ce que déclara Jade en voyant ses poignards se briser en plusieurs morceaux, après un assez intensif entraînement avec : après huit années de bons et loyaux services, ils rendaient l'âme. La demoiselle réfléchit quelques instants en prenant ses débris de poignards : était-il possible de les réparer, ou devait-elle investir dans une autre paire ?
Son choix se fit rapidement : elle irait à la forge pour tenter de faire réparer ses poignards, et si la réparation était impossible, elle demanderait à ce que l'on lui en fasse une nouvelle paire. Sans ses poignards, elle avait l'impression de ne pas être grand-chose...
Ramassant ses débris et les tenant contre elle précieusement, elle se dirigea vers la forge, sans prendre le temps de se changer et de prendre une douche : tant pis si elle faisait "peur" vêtue d'une brassière et d'un short, l'aspect vestimentaire était quelque chose de totalement futile pour elle.
Une fois arrivée à la forge, elle passa la tête dans l'encadrement de la porte et appela :
Toc toc toc ? Y a quelqu'un dans cette fournaise ?
N'entendant pas de réponse, elle pénétra dans la forge, tenant toujours ses débris contre elle, et laissa sa curiosité fureter un peu partout : des inventions jonchaient le sol par-ci, par-là, et le bruit du marteau tapant sur l'enclume résonnait dans toute la pièce. Ça devait être difficile de s'entendre, dans ce fracas et cette fournaise...
Pendant quelques instants, Jade se trouva seule dans la forge, s'amusant à regarder tout ce qui l'entourait, sans se douter que quelqu'un se trouvait avec elle, dans l'ombre. Assez vite, la patience de Jade atteingit sa limite, et elle posa son petit tas sur le comptoir le plus proche, avant de retourner à la chasse aux curiosités.
Dure journée. Putain de journée... Landers aimait bien se retrouver seul dans la forge, cela lui permettait de se concentrer au mieux sur le travail qu'il avait à faire mais certainement pas par cette chaleur ! Certes, il avait enfilé son sweat spécial, fourni par son paternel peu de temps après son arrivée à la colonie, mais il était tout de même peiné de voir par la fenêtre de la forge ardente les autres demi-dieux s'amusaient à l'extérieur, se pavanaient et rire à gorge déployée. Quand il y pensait, Reynold n'avait jamais vraiment profité de son temps libre pour faire des rencontres, s'exerçaient avec les autres grâce à différents jeux dans lesquels il pouvait mettre ses pouvoirs à profit comme la capture de l’étendard, jeu très prisé ici à en croire l'engouement qui se formait autour de cet événement. La dernière fois qu'il avait participé cela ne faisait qu'un an qu'il était à la colonie et... Comment dire ça... Il s'était fait ridiculisé ! Déjà qu'il avait une certaine réputation ici autrefois -six missions ratées sur six, tout de même !- là, il avait été la risée du camp pendant des semaines et des semaines... C'était peut-être ce drôle d'événement qui avait fait qu'il s'était remit en question un jour. Eh oui, n'allez pas croire que le fils d'Héphaïstos avait toujours été si bien formé, mesdemoiselles ! Non, il y avait tout un travail herculéen qui lui avait permis de se forger autre chose que des armes.
Par cette chaleur étouffante, Reynold fut contraint d'enfiler son sweat sombre dont la capacité était de protéger son utilisateur des fortes chaleurs, et même des flammes qui pouvaient être utilisées contre lui lors d'un combat : très efficace quand on est forgeron. Néanmoins, à force de rester cloîtrer à l'intérieur de ce sauna, il commençait à ressentir les ardentes vapeurs de son art. Des gouttes de sueur ruisselaient encore sur son front et dégoulinaient le long de son visage trapu, il fronçait les sourcils, tapait avec son marteau de fer sur sa création rougit par le feu, et s'y reprenait encore et encore pour donner la forme adéquate à cette épée. Une commande d'un fils d'Arès, présomptueux personnage qu'il ne pouvait habituellement pas saqué pour son arrogance et son trop plein de confiance en lui. Sur ce coup, il avait fait abstraction de sa rancoeur pour le jeune homme sur demande de Monsieur D en personne, le fils d'Arès en question devant partir incessamment sous peu en mission très importante. Bien entendu, le texan refusa l'espace d'un instant pour faire bonne mesure, demeura têtu comme à son habitude, mais finit par se résoudre à faire cette épée. Il ne voulait pas avoir la mort de ce gars là sur la conscience, il avait déjà bien assez de problèmes sans être l'instigateur d'un meurtre prochain. Alors, il mit toutes ses tripes à l'ouvrage comme il en avait l'habitude, bien que l'agacement se faisait ressentir lorsqu'il claquait sa langue contre son palais avec insistance et que de longs râles lui échappaient dès qu'il tapait par erreur l'enclume au lieu du bronze malléable qui devait former la lame de son artefact. Certes, il n'avait pas le talent de son père : ça, c'était sûr, mais il n'en était pas moins un forgeron expert ! Peut-être même le meilleur de la colonie, à en croire les louanges qu'il entendait à propos des armes qu'il construisait. Cela lui faisait chaud au coeur, mais il comprenait également que certaines éloges n'étaient en fait là que par pure politesse. Jamais son labeur n'égalerait celui de son père qui avait, jusqu'à aujourd'hui, forgé les lames les plus tranchantes, les lances les plus perçantes et les flèches les plus vives que l'Olympe n'eut jamais connu. Par exemple, jamais Athèna ou Apollon ne viendrait lui prêter commande alors qu'ils avaient le dieu des volcans à leur disposition. Néanmoins, cela ne le dérangeait guère. Tout ce qui l'importait, c'était de forger, de travailler, et de donner de sa personne dans ce qu'il entreprenait et ce, quoi qu'on pouvait en dire. Prenez par exemple tout ces étranges objets qui gisaient par terre dans la forge poussiéreuse, ou qui étaient accrochés au mur : tout cela résultait du travail de Reynold. Il s'agissait d'inventions saugrenues, des bagatelles sans aucun intérêt et qui n'avaient, pour la plus part, servi qu'une ou deux fois tout au plus. Son véritable passe-temps ce n'était pas vraiment de forger monts et merveilles, ce qui l'intéressait vraiment c'était de construire, de réparer des choses en tout genre. Il s'intéressait donc à un plus large horizon que celui de la confection d'armes.
Pour tout dire, il ne forgeait que quand le besoin s'en faisait sentir ou qu'il avait une commande pressante. La plus part du temps, il bichonnait sa vieille voiture de collection, héritée par son père adoptif; ou se rendait au garage tenu un migrant mexicain du nom de Franco, là où il bossait en dehors de la colonie pour pouvoir continuer à vivre aux contacts des non-divins. Il occupait, pour tout dire, les forges à temps-partiels et exerçait donc un boulot moindre à la colonie, comparé aux autres.
Aujourd'hui, par ce bel après-midi, alors que tout le monde semblait avoir déserté les alentours, Reynold entendit un bruit en provenance de l'entrée de la forge. Ce dernier avait donné le dernier coup de marteau sur l'arme qu'il confectionnait depuis des heures et s'était donc empressé de se débarrasser des litres de sueurs qui s'écoulaient sur son corps et ce, d'un simple coup de serviette qu'il balança ensuite sur son épaule. Vêtu de son sweat anti-chaleur, et d'un banal jean troué au niveau des genoux, le forgeron haussa un sourcil et se dirigea vers l'entrée de la forge. Putain, encore un client. Pensa t-il à ce moment là alors qu'il s'avançait, les mains dans les poches après s'être mit un cigare cubain entre ses lèvres. L'embout du cigare commençait à se consumer petit à petit, des cendres tombèrent juste devant le sang-mêlé qui ne s'arrêta pas pour autant bien que, de temps à autre, ces mêmes cendres tombaient sur ses chaussures calcinées et poussiéreuses, ou son jean tirant sur le gris à force d'être sali.
Lorsqu'il arriva à l'entrée de la forge, endroit le moins chaud du domaine mais également le plus fourni en inventions dantesques, il s'adossa à l'un des murs en briques et tira une nouvelle bouffée en retirant son cigare de sa bouche pour cracher une longue traînée fantomatique qui s'éleva jusqu'au plafond, stagnant là un long moment, juste au dessus de la tête de la nouvelle venue. Il la connaissait de vue, enfin il croyait. Il ne connaissait pas son nom, ce serait trop lui demander, mais il connaissait au moins son parent divin. Hermès. Ou alors, elle traînait souvent du côté de son bungalow. Il la jaugea un instant, la scrutant de bas en haut alors qu'elle aussi menait son inspection dans la forge, identifiant chacun des objets loufoques présents ici. Après quelques minutes camouflé dans l'ombre de la pièce, le fils d'Héphaïstos se racla la gorge deux ou trois fois pour attirer l'attention de la demoiselle. Une fois qu'elle s'eût retourné pour lui faire face, il ramena son cigare à sa bouche et lâcha de sa voix rauque :
« Tu veux... ? »
Il avait toujours l'air si... Accueillant dans sa façon de s'adresser aux autres. D'un autre côté, il avait toujours eut un aspect toujours vulgaire dans sa façon de parler et de se comporter. Il n'avait pas l'air sympathique à prime abord, et pourtant... De plus, la fille d'Hermès n'avait vraiment pas de chance car son interlocuteur n'était, aujourd'hui, pas de très bon poil. Lui qui avait planifié d'autres activités pour cet après-midi, le voilà à enchaîner deux commandes à la forge alors que son petit frère, Alejandro, n'était pas là pour le remplacer. Ils me cassent les couilles, aujourd'hui... Ils se sont passés le mot ou quoi, bordel de merde ? Tant de poésie en un seul homme.
Invité
Sujet: Re: Un petit tour à la forge [PV Reynold] (TERMINE) Jeu 11 Juin - 14:53
Un petit tour à la forge
Tout en continuant à fureter dans les moindres coins et recoins de la forge, Jade sursauta et se cogna la tête, alors qu'elle se trouvait à quatre pattes sous une table, ayant repéré un objet brillant, lorsqu'une voix masculine se fit entendre derrière elle :
Tu veux... ?
Grimaçant et se massant le dessus du crâne, Jade émergea de sous la table et fit face au détenteur de la voix masculine : Reynold Landers, fils d'Héphaïstos. Et vu sa tête, il s'était levé du pied gauche. Gloups... Bon, tant pis, elle allait subir les foudres d'un forgeron de très mauvais poil.
Souriant et se redressant, elle prit un air innocent et joueur avant de répondre :
Oh, salut ! Excuse-moi si je te dérange, mais j'ai eu un petit souci... Tu veux bien m'aider ?
Elle alla chercher les débris de poignards qu'elle avait posés sur une table et les tendit, toute innocente et un peu désolée en les regardant, à Reynold :
Et si c'est pas possible de les réparer... T'en aurais en réserve ? Et si je t'embête vraiment, je m'excuse d'avance, mais j'en ai besoin, de ces poignards.
Elle se rendit soudainement compte qu'elle avait pris une bouille d'ange, un sourire un peu naïf sur son visage, et elle toussa pour reprendre son sérieux. Bon, d'accord, elle avait un peu fait exprès de prendre une tête innocente pour attendrir le forgeron, mais quand même...
Elle se mit à bouger sur ses pieds, dansant sur l'un puis sur l'autre, en attendant une réponse du forgeron. Il était long à répondre, d'ailleurs... Soudain, elle se demanda s'il l'autoriserait à regarder comment ça marche, une forge : sa curiosité naturelle venait de reprendre le dessus au galop, et la vue de toutes ces inventions géniales ou ratées n'allait guère arranger la situation.
Jade Taylor. C'était bien elle. Son nom lui était revenu à l'esprit entre temps, il l'avait jaugé du regard, avait prit le temps de fouiller son esprit encombré par milles et un patronymes différents et avait -enfin- réussi à mettre un nom sur ce visage. Ne lui en tenez pas rigueur ! Il avait déjà grand mal à se souvenir du nom de ses proches -tant ils étaient nombreux, certainement- alors ce n'était pas pour se souvenir de l'identité d'une personne qu'il ne connaissait que de vue. Il avait dût lui parler une ou deux fois depuis son arrivée à la colonie et encore, ce fut certainement pour des projets bénins sans aucune importance ou encore par simple politesse -chose rare de sa part-. Tout ce qu'il savait d'elle, en somme, c'était qu'elle était fille d'Hermès et donc, potentiellement une voleuse ! Aussi méfiant puisse t-il être, le grand gaillard veilla à ce qu'elle s'éloigne le plus possible de ses biens les plus chers et garda ses yeux rivés sur ses mains. Peut-être avait-elle déjà dérobé quelque chose... Non, il n'allait pas procéder à une fouille, il était bien trop maladroit avec les dames pour lui demander une chose pareille et avait également peur de paraître ridicule, mais aussi insultant vis à vis de cette remarque qui lui trottait encore dans la tête. Ce serait bien dérangeant de demander à une cliente si elle était venue ici pour lui voler quelque chose. Néanmoins, un grognement sourd lui échappa.
Après avoir raclé sa gorge et l'avoir interpellé, Reynold constata que la jeune femme ne s'attendait vraiment pas à ce que quelqu'un l'attende dans l'ombre et la poussière de la pièce. Elle était là, accroupie, tapis par terre, comme si elle recherchait quelque chose dans la forge. Les soupçons se faisaient de plus en plus fondés... Mais encore une fois, il n'en dit rien. Il ne voulait pas se faire insultant, déjà qu'il était de mauvaise humeur et qu'elle allait devoir subir ses foudres le temps de sa visite, il n'allait pas en rajouter par dessus le marché. Elle sursauta, se cogna l'arrière du crâne qu'elle massa automatiquement par réflexe et se redressa en deux temps trois mouvements, faisant ainsi valoir son agilité. Le forgeron lui, resta impassible, les bras croisés contre son sweat cendré, mâchouillant l'embout de son cigare qui s’émiettait petit à petit sous la houle de la flammèche qui le décomposait crescendo, le rendant à l'état de fumée qui tourbillonnait par dessus les deux demis-dieux. Si au départ le texan avait prit la décision de fumer le cigare pour se donner un style, un peu comme les parrains mafieux qu'il avait l'habitude de voir dans ses films favoris, il avait finalement prit goût au tabac de luxe, préférant délaisser ses vieilles clopes qui pourrissaient encore dans leur emballage, caché dans un coin de son bungalow pour que le jeune Alejandro évite de les consommer. Tout le monde dans la colonie savait que Rey' était le seul amateur de ce tabac âcre et puissant qui faisait fuir tout demi-dieu à la ronde. Fort heureusement, il ne fumait qu'à la forge et en dehors de la colonie après avoir reçu des avertissements plus ou moins fondés de la part des hauts-placés... Putain.
La fille d'Hermès semblait assez mal à l'aise. Peut-être avait-elle comprit qu'elle s'était faite prendre la main dans le sac, en train de fouiller dans une forge qui ne lui appartenait guère. Elle devait certainement se sentir oppressée, comme si l'étau s'était refermé sur elle sans qu'elle ne puisse rien y faire. Quoi qu'il en soit, elle prit la parole et s'excusa bien vite de sa venue, ayant compris que son interlocuteur semblait agacé par la situation présente et que le fait qu'elle soit ici n'allait que l'enhardir plus encore... Comme la logique le voulait, elle demanda l'aide du forgeron. Que répondre à ça, franchement ? Dégage de là, j'ai pas que ça à faire, morveuse ! Certainement pas. Il avait beau être vulgaire, il n'en était pas moins hypocrite à ce point. Il allait l'aider, bien sûr, mais certainement pas dans la bonne humeur. Il sentait encore la sueur suintait sur son corps, sa respiration se restaurait tout juste et ses mains, endolories, se détendre doucement. Sans plus tarder, la demoiselle alla chercher ses poignards brisés qu'elle avait installée sur une table pour mieux fouiller dans la forge, et les tendit au fils d'Héphaïstos. Ce dernier retint un soupir. Elle les avait bien cassés, pas de doute là dessus. Il ne savait même pas si il allait pouvoir les restaurer tels quels dans l'immédiat. Certes, c'était un forgeron doué, mais pas un faiseur de miracles ! Pour paraître tout de même un minimum plausible aux yeux de la jeune Taylor, il prit les débris dans ses mains, les palpa avec prudence et regarda les morceaux à la lumière du soleil qui entrait par l'une des rares fenêtres de la fournaise. On voyait clairement des éraflures, des brisures plus ou moins significatives qui pouvaient être réparées. Il lâcha un petit grognement, à nouveau, et marmonna dans sa barbe quelques observations quant à l'état des ferrailles.
La gamine se faisait insistante. Elle les voulait à tout prit ses dagues, hein. Si il en avait eut l'audace, Reynold aurait très bien put faire un chantage vicelard, et elle aurait accepté en échange de ses armes. Elle devait vraiment en avoir besoin... Peut-être partait-elle en expédition avec l'autre fils d'Arès pour qui il avait dût forger une arme, précédemment. Oh, et puis, il s'en bat littéralement les bourses ! Après tout, ce n'est pas son problème. Tant qu'il a le droit à une poignée de drachmes à la suite de son labeur, les raisons de la venue de Jade ne l'intéressaient guère. Il prit cependant le temps de bien lire sur le visage de celle ci l'air angélique qu'elle tentait de prendre, et cela fit rougir le grand forgeron. Putain, elle me drague là... ? C'était bien une première. Enfin, si on omettait la fille d'Aphrodite qui s'était servi de lui comme d'un bon chien de garde, lors de son arrivée à la colonie. Il détourna son regard d'elle, préférant favoriser l'observation des poignards et lança, après un temps de réflexion :
« T'y as pas été de main morte... Ils sont bien amochés, hein. »
Très fine observation. Il en était sûr, même elle l'avait compris ! Il ne fallait pas être un forgeron de renom, ou un maître épéiste, pour comprendre que ces fichus poignards étaient cassés ! Il se sentait un peu crédule, après avoir dit ça. Il racla un peu sa gorge, prit un simple morceau -assez petit- du poignard et l'observa attentivement, prenant un air d'expert :
« Je pense que je peux te les refaire, mais ça sera pas gratuit, gamine. »
Il tenta d'additionner quelques chiffres en rapport avec l'opération qu'il allait faire quelques minutes plus tard, fronça un peu ses sourcils et évalua le coût final de cette réparation plus rapidement qu'il ne l'eut crût. Il déposa les brisures sur un coin de table, retira son cigare de sa bouche pour en écraser l'extrémité sur un rebord de mur, qui fut donc inondé de cendres brûlantes, toussa un peu et lança d'une voix enrouée par la fumée qui s'était précipitée par accident dans sa gorge :
« Une quinzaine de drachmes suffiront. Mais tu les auras pas aujourd'hui, alors reviens dans... Deux-trois jours, je sais pas trop. »
Il prit appuie sur le rebord de mur où siégeaient encore ses cendres, soutint le regard de la demoiselle et gratta sa barbe noire avec son pouce. Rapidement, il fit voyager son regard un peu partout dans la pièce, tout en se demandant si elle n'avait rien prit pendant qu'il frappait le métal, tout à l'heure. Ce serait regrettable que l'une de ses inventions, ou l'un de ses outils, ne finisse dans la poche de cette fille d'Hermès. Néanmoins, comme il ne remarqua rien et qu'il n'avait aucune preuve inculpant directement Jade, il ne dit rien et se contenta d'un râle peine audible.
Invité
Sujet: Re: Un petit tour à la forge [PV Reynold] (TERMINE) Ven 19 Juin - 15:50
Un petit tour à la forge
Nan, décidément, Jade tombait bien mal. En plus, elle avait un peu l'impression qu'il la soupçonnait de vouloir dérober quelque chose dans la forge, alors que franchement, même si elle était curieuse, elle ne laisserait jamais son penchant toujours refréné prendre le dessus. Sauf en cas d'extrême nécessité.
Prenant les brisures, Reynold marmonna qu'elle n'y était pas allée de main-morte, et Jade baissa la tête, un peu honteuse. Elle n'avait pour ainsi dire que très rarement pensé à prendre soin de ses armes, pour des raisons diverses et variées ; c'était donc clairement de sa faute si ses poignards avaient fini par rendre l'âme.
Il avança ensuite le coût de l'opération : quinze drachmes. C'était pas trop cher, pour Jade, qui avait, heureusement pour elle, gardé un petit pécule en drachmes grecques antiques trouvées par-ci par-là. Par contre, le délai de trois jours pour refaire ses poignards l'embêtait un peu... Elle demanda, un peu timidement :
Et... Y aurait moyen de mettre ces trois jours à profit pour que tu m'expliques comment ça marche, la forge ? Parce que j'ai eu le temps de voir les œuvres qui trônent dans la forge, et je trouve ça... wahou. Ça te dérange pas, dis ?
La perspective de voir un maître se mettre à l'ouvrage et réaliser de très belles pièces de forge enthousiasmait la Voleuse, qui en salivait d'avance. Et si Reynold refusait, elle pourrait toujours tenter de regarder de manière illégale... Mais valait mieux ne pas commencer à imaginer des plans tordus pour parvenir à ses fins, quelque chose lui disait que, malgré sa mauvaise humeur, Reynold apprécierait la présence de quelqu'un d'assez curieux pour satisfaire sa soif d'apprendre. Enfin, s'il n'était pas aussi rustre qu'en apparence...
Quinze drachmes. Un prix fort raisonnable en vue de l'état des deux armes. Ce n'étaient désormais plus que des reliques, aux yeux de quiconque tandis que pour Reynold, elles étaient encore réparables. Réparables, oui, mais encore fallait-il se mettre au travail... Le grand brun s'était laissé, pour ce coup, une marge de quelques jours, étant donné qu'il n'avait pas vraiment l'esprit à se remettre à la forge. Il avait tapé bien assez de métaux pour aujourd'hui, alors la demoiselle allait devoir prendre son mal en patience ! Le forgeron inspecta encore les brisures qui, pour la plus part, étaient entaillées et blanchies à certains endroits ce qui démontrait bien l'usure causée par le temps. Ces poignards ne devaient pas être tout récent, c'était certain. Ils avaient dût connaître bien des coups, avaient longtemps servis leur bretteuse mais avaient fini par céder. Fort heureusement pour elle, ils n'ont pas été brisé au cours d'une mission, cela aurait put être problématique... Imaginez vous donc désarmé face à deux gros chiens des enfers, ou à une chimère déchaînée : les Hermès n'étaient pas forcément réputés pour leur maîtrise exceptionnelle de leurs pouvoirs, ou encore la voracité de leurs capacités, comme cela pouvait être le cas pour les enfants d'Héphaïstos par exemple qui, pour la plus part, savaient manipuler le feu ou le décliner sous diverses formes. N'allez pas croire que Reynold était en train de se jeter des fleurs, il ne faisait que constater et se "réjouir" que son interlocutrice ait brisé ses lames à la colonie, et non pas à l'extérieur.
Se rendait-elle seulement compte de la situation ? Elle avait eut bien de la chance... Reynold ne sous-entendait pas par là qu'elle aurait forcément perdu la vie, en mission, sans ses dagues; mais la tâche aurait été bien plus ardue. Là encore, il n'en dit rien. Il se tourna, ferma doucement ses paupières, et allait retourner à ses fourneaux quand la demoiselle l'interpella, apparemment embêtée par le délais d'attente. J'suis pas une machine, putain. Pensa l'ex-texan. Laissez moi un peu de répit, bordel de merde... Cependant, il se ravisa bien vite quant à ses songes. Le fils d'Héphaïstos fit volte-face, interloqué par la proposition de la jeune femme, et haussa même un sourcil des suites de cette demande fort étonnante. Jade voulait le regarder travailler, apprendre à forger ? Elle ? La fille d'Hermès ? Un peu gêné, mais surtout surpris, le vingtenaire passa une main dans ses cheveux humides et la regarda sans vraiment savoir ce qu'il allait lui répondre. De plus, elle lui jetait littéralement des fleurs maintenant... Voulait-elle le faire tourner en bourrique, comme l'avait déjà fait une fille d'Aphrodite par le passé ? Sur le coup, Reynold ne se posa même pas cette vulgaire question.
« Tu veux me regarder bosser ? »
Il se sentait vraiment honoré... Peut-être qu'il ne fallait pas, mais c'est ce qu'il ressentait à ce moment là. Un sourire apparu subitement sur son visage, le laissant presque paraître amusé par la proposition de Taylor, et plissa un peu ses lèvres sur le côté, écrasant ainsi la commissure de celles ci, crispant légèrement le côté gauche de son visage. Il fit mine de réfléchir et, sans même mesurer ses pensées, sans même délibérer, il lâcha finalement :
« C'est d'accord, mais me gêne pas pendant que je bosse ou sinon, autant que tu retournes à ton bungalow ! »
Sans même se soucier d'elle, il s'enfonça à nouveau dans la fournaise des lieux. Si au début elle trouvera juste l'atmosphère ardente et pesante, avec le temps, elle finira par ressentir une oppressante chaleur qui l'étouffera presque. Ainsi, Rey' prit la décision de s'arrêter tous les quarts d'heure pour pouvoir la laisser respirer mais aussi pour qu'il fume un peu. Il lui était déjà arrivé quelques malheurs auparavant, alors qu'il fumait le cigare pendant le boulot... Eh oui, c'est connu, les hommes ne savent pas faire deux choses à la fois ! Keuf, encore une réplique toute faite de donzelle, ma parole... Pensa encore le grand gaillard en saisissant au passage son fidèle maillet pour pouvoir battre le métal. Comme pour impressionner sa visiteuse, il fit tourner son petit marteau dans sa main par la poignée qu'il fit passer entre et au dessus de ses doigts avant de saisir fermement la garde, il se tourna vers elle, gardant son air froid et distant -bien qu'il l'était moins que tout à l'heure- et tendit l'outil de forgeron à la sang-mêlée :
« Vas-y, prend le ! Essaie juste de pas te blesser, j'ai déjà envoyer assez de personnes à l'infirmerie, ces derniers temps ! »
Que de vantardise ! D'autant plus qu'il savait bien mentir étant donné qu'il n'avait blessé personne depuis un bon bout de temps... Néanmoins, comme elle semblait apprécier ses créations, le forgeron s'était senti poussé des ailes et était donc devenu assez confiant... Pourtant, habituellement, le grand gaillard était plutôt mal à l'aise en présence d'une jeune fille qui se comportait bien avec lui... Il était, pour ainsi dire, maladroit et en émoi aussitôt. Un vrai coeur d'artichaut !
Pendant qu'elle s'exerçait un peu à la manipulation du maillet, le forgeron posa les restes des deux poignards dans un coin et prépara la forge pour une nouvelle construction... Il prit avec précaution l'arme qu'il venait tout juste de façonner, la lame étant encore orangée, brûlante et fumante, alors il la saisit prudemment par la poignée -partie la moins chaude de l'arme- et la tira jusqu'à un établi en désordre qu'il balaya d'un revers du bras pour faire un peu plus de place, grognant un peu pour lui-même :
« Les autres pourraient quand même débarrassés un peu... Déjà qu'ils sont pas là très souvent... »
Il réajusta un peu son sweat magique, lâcha un rictus et fit ensuite volte-face pour se retrouver nez-à-nez avec la jeune femme. Ils allaient pouvoir se mettre au boulot... Ou du moins, il allait pouvoir. Il ne comptait certainement pas la laisser prendre les rennes dès le début, il allait lui montrer les manoeuvres, les mesures de sécurité, et tout l'attirail nécessaire pour devenir un bon forgeron et ensuite, il verrait ! Il reprit son maillet, joua encore un peu avec et demanda finalement :
« Tiens au fait... Pourquoi il te les faut au plus vite tes couteaux, là ? »
Invité
Sujet: Re: Un petit tour à la forge [PV Reynold] (TERMINE) Dim 28 Juin - 12:07
Un petit tour à la forge
Reynold avait l'air surpris lorsque Jade lui demanda si elle pouvait le regarder bosser ; à croire que les gens avaient l'habitude de laisser leurs commandes à la forge et de filer ensuite à l'anglaise. Quel gâchis...
Il réfléchit quelques instants puis annonça :
C'est d'accord, mais me gêne pas pendant que je bosse ou sinon, autant que tu retournes à ton bungalow !
Jade hocha la tête, toute excitée, et suivit Reynold dans les tréfonds de la forge, celui-ci attrapant au passage le marteau, outil de prédilection de tout forgeron qui se respecte. Bon, il aurait pu se passer de frimer en faisant tourner le marteau entre ses doigts, mais il surprit Jade en lui tendant l'outil :
Vas-y, prend le ! Essaie juste de pas te blesser, j'ai déjà envoyer assez de personnes à l'infirmerie, ces derniers temps !
La Voleuse sourit et prit le marteau comme elle prendrait une haltère, avec facilité. Elle s'entraîna à maîtriser le maillet, le faisant tourner entre ses doigts fins, imitant le geste d'un forgeron tapant sur son produit avec le marteau. Elle l'entendit marmonner comme quoi les autres auraient pu ranger, mais le bordel ne la dérangeait pas trop ; les Hermès avaient quelque peu l'habitude, pour la majorité, d'être bordéliques au possible. Même si elle essayait de les inciter à ranger un peu, mais fallait pas rêver, chassez le naturel, il revient au galop.
Elle finit par se retrouver nez-à-nez avec Reynold, plongeant son regard noir dans le sien ; celui-ci, reprenant son maillet, demanda :
Tiens au fait... Pourquoi il te les faut au plus vite tes couteaux, là ?
Parce qu'une bonne Sentinelle se doit d'avoir toujours ses armes sur elle afin de pouvoir attaquer en cas de besoin, répondit Jade en souriant.
Puis elle recula pour laisser Reynold lui montrer, restant quand même suffisamment près pour bien voir ce que le forgeron allait lui apprendre. Quelque chose lui disait qu'elle allait se découvrir une nouvelle passion, après ça.
Il réorganisa un peu la forge. Reynold avait laissé sa camarade sang-mêlé derrière lui pour pouvoir peaufiner un peu son lieu de travail, le rendant ainsi un peu plus présentable et moins négligé aux yeux de sa visiteuse surprise. Bien sûr, comme à son habitude, le fils d'Héphaïstos pesta contre les autres enfants du feu qui avaient laissé en pagaille le lieu après leur départ. Il ne savait pas vraiment qui de tous ses frangins avait laissé ce lieu dans pareil désordre mais une fois était sûre, ce dernier allait entendre parler du direct du droit de son frère Rey'.
En lui laissant son maillet, Reynold avait cru pouvoir gagner quelques minutes mais vraisemblablement, la fille d'Hermès avait plus de poigne qu'elle ne le laissait croire. Avec une certaine dextérité, elle avait réussi à manipuler le marteau poussiéreux, comme si un automatisme s'était déclenché chez elle. Après tout, peut-être était-elle mécanicienne ou bricoleuse, qui sait. Une Hermès maçon ou menuisière, ce serait du jamais vu ! Habituellement, les enfants de ce vile serpent sont coursiers ou impliqués dans des fluctuations boursières incompréhensibles. Si une moitié s'occupe des pièces, l'autre est toujours en vadrouille aux quatre coins du monde comme leur paternel. Près à braver tous les dangers en courant tels des fiottes ! Encore une fois, il se laissait aller à des idées reçues, véhiculées depuis son arrivée au camp... Il faut dire que les rumeurs courent plus vite que tous les Hermès de la colonie, ici ! Des ragots, en veux-tu, en voilà ! Il existe différentes moqueries, différents stéréotypes de demi-dieux à la colonie. Par exemple, les Héphaïstos sont réputés pour ne pas être très beaux à cause du fait que leur père est défiguré, dans les mythes. La preuve que non ! Rey' n'est pas un top-modèle mais n'est pas non plus un cageot ! Certes, il ne se souvient pas avoir déjà tiré un coup -ne se souvenant plus de son expérience passée avec Anna, la faute à l'alcool- mais il n'en est pas pour autant repoussant ! Il suffirait de raser un peu sa barbe par ci, par là, et il serait même parfait notre dom juan des bacs à sable !
En pleins préparatifs, Rey' se tourna et tomba nez à nez avec la jeune Taylor qui semblait avoir fini de jouer avec l'instrument de travail de son aîné. Alors qu'il injuriait encore mentalement ses demi-frères, Rey' décida de briser le silence pesant dans la forge en demandant à sa camarade pourquoi elle désirait obtenir ses couteaux le plus rapidement possible. Bien évidemment, par "couteaux" il entendait "poignards", ou "dagues", mais ce terme ci était plus péjoratif et moqueur. Il n'était pas très fan de ces armes discrètes à petite lame qui pourraient servir de cure-dent à n'importe quel monstre mythologique au cours d'une mission. Bourrin comme il était, l'Héphaïstos préférait de loin ramener une grosse claymore, une hallebarde ou même une massue en bronze céleste plutôt que deux petits poignards, utiles uniquement pour des assassinats, comme dans les jeux-vidéos dont il était friand. Après, il était sûr qu'au vu de ses bras, Jade ne pourrait très certainement pas porter un artefact trop imposant des heures durant lors d'une mission; et le soulever à de multiples reprises pour décapiter une bestiole comme une hydre, par exemple. Ces poignards là devait servir tout au plus à trancher la jugulaire à des monstres aux allures humanoïdes, ou à des demi-dieux renégats, qui sait.
Grâce à cette question anodine, Reynold en apprit un peu plus sur sa nouvelle amie. Vraisemblablement, elle faisait partie de ces patrouilleurs nocturnes qui assuraient les arrières des demi-dieux... Enfin, Rey' se souvenait surtout des patrouilleurs nocturnes répondant au nom de "sentinelles", plutôt que leurs homologues qui déambulaient dans la colonie en journée, étant donné que c'était bien ces gardes de la nuit qui osaient le réveiller ! A cette pensée, un grognement quasi-sourd lui échappa. Il osait espérer que la jeune femme ici présente ne faisait pas partie de ces rigolos qui osaient le tirer des bras de Morphée en pleine nuit ! Hum, c'est assez bizarre d'employer l'expression "bras de Morphée" en connaissant l'existence du monde mythologique, finalement... Cela pourrait sous-entendre une relation homosexuelle, or Rey' s'y refusait ! A cette pensée, il ferma ses paupières, crispa un peu son visage, claqua sa langue contre son palais puis ouvrit grand ses yeux en les écarquillant par la même occasion. Il tenta de faire disparaître cette horrible image de son esprit, puis soupira d'aise une fois cela réussi. Il n'était pas homophobe non, il était juste hétéro... A cent pour cent !
Une autre chose préoccupait Reynold pour l'heure. Jade servait de sentinelle à la colonie, certes, mais avec pareilles armes ? Fort heureusement pour le bien de la colonie, les lames n'ont pas brisé lors d'une confrontation avec un intrus potentiellement dangereux... Elle devrait vraiment prendre plus soin de son matériel, l'entretenir plus souvent et surtout, y aller moins fort. Si elle voulait véritablement taper fort sans se soucier de la fragilisation, elle aurait plutôt dût faire d'une claymore ou d'une épée bâtarde son arme de prédilection. Ce type d'armes aurait duré bien plus longtemps et est également bien plus utile, selon le forgeron en herbe qu'était le vingtenaire ici présent. Un rictus lui échappa alors, il tapa avec prudence l'enclume pour voir si elle était opérationnelle et hocha positivement la tête. Il mit tout en place pour pouvoir débuter, il disposa tout comme il l'entendait, se saisit de son outil qu'il fit à nouveau tourner entre ses doigts par habitude, mais aussi et surtout pour frimer. Pendant ce temps, il lança :
« Je vais essayer de rendre tes p'tits couteaux plus performants, encore ! Je suis sûr qu'on peut booster leur rendement à deux, à condition que tu bosses bien ! »
Nouveau challenge... : réussir à améliorer ces petites armes sans en changer leurs atouts, à savoir : leur maniement, leur discrétion, leur rapidité et leur efficacité. Un soupire passa doucement les lèvres du forgeron qui disposa avec attention les morceaux de métal qui frémirent un peu sur l'enclume chaude, et rougirent même après quelques secondes seulement. Il attendit, les bras croisés contre son torse jusqu'à ce que finalement le métal devint malléable après quelques coups de maillet dessus, faisant résonner dans la forge le bruit d'un choc métallique, d'un cliquetis aiguë qui pouvait surprendre à prime abord. Rey' se souvenait de son tout premier cours dans la forge, il l'avait trouvé long, ennuyeux, barbant même. Et le voilà aujourd'hui, neuf ans plus tard, dans cette même forge, en train de taper sur le métal inlassablement sous les yeux de sa toute première élève... Une fille d'Hermès qui plus est ! Étonnant, non ?
Invité
Sujet: Re: Un petit tour à la forge [PV Reynold] (TERMINE) Sam 11 Juil - 14:23
Un petit tour à la forge
Après la réponse de Jade, Reynold ne perdit pas un instant. Il vérifia que son enclume était prête, puis refit tourner son marteau entre ses doigts - pour frimer, sans nul doute - avant de lancer à la Voleuse :
Je vais essayer de rendre tes p'tits couteaux plus performants, encore ! Je suis sûr qu'on peut booster leur rendement à deux, à condition que tu bosses bien !
Le ton de défi qui résonnait dans ses phrases fit sourire la jeune femme ; un nouveau challenge l'attendait, et elle trépignait déjà d'impatience, sans le montrer, trop polie qu'elle était. Jade le vit déposer ses morceaux de poignards sur l'enclume, donnant de temps en temps un coup de maillet jusqu'à ce que le métal devienne malléable à souhait. La transformation des armes allait commencer.
Jade observait sagement les moindres gestes de Reynold, enregistrant tout dans sa mémoire, se préparant à prendre le relais quand Reynold le déciderait. Elle ne put s'empêcher, cependant, de poser une question :
Excuse-moi, mais... que voudrais-tu qu'on fasse, exactement ? Ce ne sont que des poignards qui ne me servent qu'au corps-à-corps... Tu voudrais les renforcer ou... ?
Elle sentait qu'elle pouvait être agaçante avec ses questions, mais une légère inquiétude avait pris le dessus : qu'est-ce qu'ils allaient bien pouvoir faire avec ces bouts de métal ?
Elle se mura ensuite dans le silence, s'en voulant de poser des questions qui pourraient déconcentrer son maître improvisé, observant attentivement les moindres gestes qu'il effectuait. Sous ses mains, les poignards reprenaient doucement leur forme de départ, mais il manquait quelque chose... Mais quoi, exactement ? Peut-être un mécanisme particulier qui ferait de ces poignards des armes exceptionnelles... La Voleuse s'aventurait en terrain inconnu en imaginant de pareilles idées, et cela pouvait être risqué. Mais drôle à imaginer, en même temps.
L'enclume fumait. Le métal rougissait, semblait se détendre, il crépitait même un peu, s'enflammait et devenait même presque méconnaissable. Le forgeron prit du recul avec son bras et tapa sur un premier morceau, le plus gros parmi tous. Le cliquètement raisonna dans la forge, se faisant écho sur les murs de pierre. Le sang-mêlé sentait encore un frisson parcourir son bras et faire se dresser ses poils sur celui ci, sous son sweat sombre; cadeau de son père : Héphaïstos.
Comme d'habitude, Rey' laissait aller son esprit créatif à la confection de l'arme tant espérée. Comme les jeunes disaient, il y allait au feeling, tel un artiste. Il se laissait submerger par ses idées et tapait le fer sans vraiment avoir une idée fixe de la forme finale de l'arme qui ne demandait qu'à apparaître. L'image de celle ci, dans l'esprit de l'Héphaïstos, n'était pas constante, éternelle, fixe. Elle ne cessait de varier, de se modifier. Il voyait tant de possibilités face à lui. L'imagination débordante de l'ex-texan suggérait bien des choses, réalisables comme irréalisables. Bien évidemment, son champ des possibles était relativement restreint comparé à son père. Comparé à son paternel, il n'était qu'un vulgaire amateur, un apprenti lambda, certainement limité mentalement comparé au Dieu des volcans dont la maîtrise du maillet n'avait plus aucun secret, dont l'enclume n'était rien d'autre qu'une vulgaire table de chevet, un artifice banal pour lui. Reynold lui, ne passait pas tout son temps à taper du fer, loin de là. Il aimait se divertir en jouant à des jeux vidéos avec ses amis, ou sa demie-famille de plus en plus grande; il aimait se balader, s'entraîner en bonne compagnie; il aimait prendre l'air, se promener dans sa vieille bagnole, seul réel héritage de son beau-père... Feu Benjamin Landers.
Reynold devait beaucoup à son beau-père, c'était lui qui l'avait éduqué, qui lui avait inculqué différentes notions importantes à respecter, une façon de vivre, etc... En quelque sorte, c'était Ben qui avait forgé le jeune homme qui se tenait là, aujourd'hui, dans cette forge ardente. Sous l'oeil attentif de l'Hermès, le jeune américain continuait de taper pour faire prendre une nouvelle forme à un morceau de métal qui s'éparpillait lentement sur l'enclume pour finalement aller se joindre petit à petit aux ordres morceaux dispersés ci-et-là. Méticuleux et silencieux, Reynold n'avait rien d'un professeur pour le moment. Il travaillait comme il en avait l'habitude, ne prenant pas le temps de donner divers conseils à sa spectatrice du jour. Pour tout dire, il n'avait pas vraiment l'habitude d'être épier pendant qu'il travaillait alors, il n'avait pas non plus l'habitude de commenter ses agissements. Elle observait donc. Se tapissait dans l'ombre. Elle allait apprendre, certes, mais en déchiffrant les actes de son pseudo-maître, purement et simplement. L'objectif principal du jeune Landers était de finir son labeur, rien de plus. Il était bien évidemment honoré que son travail intrigue de la sorte une fille du Dieu messager qui n'avait pourtant aucun prérequis à devenir forgeron. Peut-être était-elle tout simplement trop polie pour lui dire qu'elle n'était là que pour superviser les préparatifs de ses poignards... Qui sait ?
Les tapes se faisaient de plus en plus régulières. Le travail commençait véritablement maintenant... La fumée se faisait de plus en plus dense, presque tangible à vue d’œil, bien qu'il n'en était rien. Celle-ci serpentait lentement entre les deux individus et allait finalement se condenser au dessus de leur tête, s'échappant par une fente creusée dans le plafond pour pouvoir se débarrasser de cette accumulation de carbone rejeté par le réchauffement du métal. Ce rejet opaque formait comme une barrière entre les deux sangs-mêlés, un rideau fantomatique qui s'élevait inexorablement vers la sortie. Des étincelles fusaient dans tous les sens dès que l'Héphaïstos tapait le fer, un véritable feu d'artifices qui explosait soudainement, provoquant une faible lumière instantanée, d'un orange similaire à celui qui entourait, telle une aura, les métaux disposés sur l'enclume.
Soudain, le silence fut brisé. Jade reprit la parole. Elle le questionnait sur ce qu'il avait en tête. S'inquiétait-elle du résultat final ? N'avait-elle pas confiance ? Non, c'était tout à son honneur. Après tout, elle allait payer pour ses nouveaux poignards alors autant qu'elle se renseigne sur ce qui allait en résultait. Un léger rictus échappa au forgeron qui fit lentement coulisser son marteau sur le métal brûlant pour le retirer de là. Il reporta son regard sur son interlocutrice et fit mine de réfléchir. Comme dit précédemment, il n'avait pas réellement d'idée fixe concernant ses nouveaux poignards... Un design audacieux, des lames plus acérées, le top du top, quoi. Après quelques secondes, le barbu répondit :
« Bah... Bonne question ! »
Bonne question, certes, mais pas bonne réponse. D'un autre côté, qu'allait-il lui répondre ? Qu'il avait commencé le boulot sans vraiment avoir d'idée de départ ? Elle allait certainement s'énerver et demander un autre forgeron. Ce ne serait pas pour déplaire à Reynold, mais quand il commence quelque chose, il aime le finir ! Et puis, sa réputation en prendrait un sacré coup si il venait à se faire ainsi "insulter" par une cliente qui ne voyait pas en lui un génie artistique, tel qu'il se sentait lorsqu'on lui confiait un maillet. Qu'il aille se rhabiller, le Michel Ange ! Soit dit en passant, Reynold avait toujours trouver le sens des proportions assez illogique chez ce type là... Ben oui, c'est vrai quoi ! Le David est censé représenter la virilité même, et niveau virilité, il s'y connaît le Rey ! Alors il s'est toujours demandé... Comment le David il peut être viril avec une troisième jambe si ridicule ? Si ça n'avait dépendu que de Rey, le David serait devenu échassier avec son membre viril !
« Je pense que je vais les rendre plus facilement maniables, les lames un peu plus courbées pour faciliter la découpe sans pour autant rendre la lame circulaire. Commença t-il. Ensuite, je pense que creusé un peu les lames en profondeur pour dessiner des machins tribaux, là. C'est "moderne" apparemment. Pis en aplatissant un peu les lames, ça rendra tes poignards plus vifs ! »
Ben voilà, elles sont finalement arrivées les idées ! C'était un pari audacieux, mais c'est ça qui rendait le challenge... Intéressant. L'Héphaïstos tendit ensuite le maillet à sa camarade en lui indiquant quelques mesures de sécurité pour ne pas être victime des cendres volantes ou pour ne pas inhaler trop de fumée, histoire de ne pas se remplir les poumons à l'étouffée. Il lui tapota l'épaule gauche et partit se mettre à l'arrière avant de finalement lâcher in extremis, avant qu'elle ne commence à bosser selon les consignes rudimentaires -très rudimentaires- de son nouvel ami :
« Oh, attend... J'avais oublié ! »
Reynold retira son sweat, ayant un peu de mal à sortir sa tête, et le balança sur la jeune femme en lui faisant un clin d'oeil, restant quant à lui en débardeur blanc alors qu'il mit ses mains dans les poches de son jean usagé. Sans ce sweat, elle risquait de se brûler... Ce vêtement était un cadeau de son paternel ayant le pouvoir de résister aux fortes chaleurs alors, même si elle venait à recevoir une salve brûlante, elle serait saine et sauve :
« Prends-en soin ! C'est un cadeau de mon père. Avec ça, t'es sûre de ressortir d'ici sans être cuite ! »
Maintenant, c'était à elle de jouer... Reynold observa les premiers mouvements de la jeune femme avec la plus grande attention, la corrigeant si nécessaire sur certains points, mais trouvant que dans l'ensemble, elle s'en sortait tout de même. Finalement, elle apprenait vite cette gamine !
Invité
Sujet: Re: Un petit tour à la forge [PV Reynold] (TERMINE) Sam 1 Aoû - 13:04
Un petit tour à la forge
Même si elle essayait de ne pas trop le montrer, par fierté personnelle, Jade crevait littéralement de chaud. Même en tenue adaptée au combat en plein soleil, laissant de nombreuses parcelles de son corps à l'air libre, elle avait l'impression d'être au cœur d'un volcan, dans cette forge... Pour un enfant du dieu forgeron, cela ne devait pas poser de souci, mais pour d'autres, c'était juste insupportable.
Reynold finit par lui faire part de son idée concernant les poignards, trop occupé à y réfléchir pour remarquer que la jeune femme se liquéfiait littéralement :
Je pense que je vais les rendre plus facilement maniables, les lames un peu plus courbées pour faciliter la découpe sans pour autant rendre la lame circulaire. Commença t-il. Ensuite, je pense que creusé un peu les lames en profondeur pour dessiner des machins tribaux, là. C'est "moderne" apparemment. Pis en aplatissant un peu les lames, ça rendra tes poignards plus vifs !
Wow... La Voleuse était impressionnée par l'idée, et elle put aisément la visualiser : dieux que ça allait rendre méga bien ! Elle en oublia presque qu'elle se trouvait dans une fournaise, et revint brutalement sur terre lorsqu'un sweat atterrit sur sa tête, et la voix de Reynold se fit entendre :
Prends-en soin ! C'est un cadeau de mon père. Avec ça, t'es sûre de ressortir d'ici sans être cuite !
Mais je vais encore plus crever de chaud, répliqua Jade en enfilant le sweat.
Quelle ne fut sa surprise de voir que, de fait, il n'arrangeait peut-être pas la situation, mais il ne l'aggravait pas non plus... Les premiers instants de surprise passés, elle se mit au travail, sous l'œil attentif de Reynold qui intervenait pour la corriger, mais au final, elle se débrouillait pas trop mal pour quelqu'un qui débutait.
Quelques temps plus tard, ses lames étaient presque prêtes, il ne fallait plus que les laisser refroidir et elles seraient terminées. Mais la Voleuse n'était pas en état de continuer, cette atmosphère pesante lui oppressait la poitrine ; il fallait qu'elle sorte avant de tourner de l'œil. Elle lança à Reynold :
Excuse-moi, mais... je vais essayer de prendre l'air, je me sens mal...
Elle tituba en se dirigeant vers la sortie, mais il fallait tellement chaud que ses jambes se dérobèrent sous elle, la faisant tomber et cogner sa tête sur un coin de table. Et merde...
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Mer 10 Juin - 14:04
