Ce pauvre mannequin n'avait rien demandé. Pourtant Rheïma s'y acharnait sans retenue, le tapant avec son épée. Le pauvre gugusse fait de paille et d'une vieille armure tenant à peine subissait les coups sans grande force de la demie-déesse depuis une bonne heure. La sueur, ses bras douloureux et l'échec total de son objectif qui était de trouver ce que voulait dire son père par "Elle sera le prolongement de ton pouvoir", ne l'arrêtait pas. Elle, désignait son épée, sa longue épée sans nom qui semblait être la représentation de l'Hiver. Boh, c'est logique en même temps. Mais Rheï n'arrivait pas à trouver en quoi et comment, l'arme pourrait être la prolongation de son si génial et si foireux pouvoir ... D'ailleurs, l'épée devait servir à tuer quelques monstres, aussi ... non ? Ah mais, comment l'utiliser, cette épée ? A part frapper le mannequin comme elle le faisait, Rheïma ne savait absolument pas s'en servir. Personne n'était là non plus, pour lui montrer, et elle n'avait pas un talent inné comme certains pour le combat. En conséquence, jamais elle ne se verrait confier de quête, jamais elle ne prendrait part aux Capture l’Étendard (qui avait l'air si sympathique) ou n'aura pas le plaisir de tuer des monstres. En gros, la demi-déesse estimait qu'elle n'avait pas sa place à la Colonie, puisqu'elle lui était inutile.
  Plongée dans ses pensées, Rheïma continuait à frapper le mannequin avec son épée. Au fur et à mesure, la rage grimpait. La fille de Borée cognait de plus en plus fort, mais autre chose se passait sans qu'elle ne s'en rende compte. L'armure du pauvre mannequin commençait à se couvrir d'une fine couche de givre à l'endroit des coups (soit en fait un peu partout). Rheï s'arrêta une fois qu'elle remarqua que le côté gauche de l'armure du gugusse de paille était premièrement toute cabossée, et secondement rempli de glace. Elle laissa tomber ses bras - étrangement lourds, d'ailleurs - le long de son corps, et regarda le mannequin avec stupéfaction. Elle commençait à comprendre quel était le pouvoir de cette épée. Il fallait qu'elle réessaye. A nouveau, alors, elle frappa l'humanoïde. Rien ne se produisit. Rheïma soupira et commença à se dire qu'il fallait peut être renoncer ...
  Soudain, une sensation désagréable et familière lui courut l'échine. Elle n'eu pas une seconde pour réfléchir, ses instincts de demi-dieu prenant le dessus. Elle raffermit sa prise sur son épée, se retourna d'un bond, menaçant l'intruse de son épée. Rheïma avait son épée à quelques millimètres du visage d'une jeune femme d'une étrange beauté, et sans aucune expression de surprise ou de crainte face à la situation.