Apples aren't always an appropriate apology ~ PV Percy

Dès le premier instant Criostal avait senti que cela allait être une mauvaise journée. Premièrement, elle avait fait un cauchemar durant la nuit, normal me direz-vous pour une demi-déesse… Mais cela n’avait jamais marché comme ça pour elle. Elle avait toujours été épargnée par ce genre de trucs et dormait toujours comme un loir… Jusqu’à cette nuit. Deuxièmement, ses cheveux avaient radicalement changé de couleur et étaient devenus bleus. BLEUS. Et alors là, rien à y faire, ils refusaient tout bonnement de changer ne serait-ce que les racines. Elle avait donc été obligée de se coltiner cette couleur digne des plus grands festivals de mauvais goût toute la journée. Et, pour ne pas arranger tout cela… Elle avait endormi Percy Jackson. Oui, LE Percy, celui qui avait sauvé la Colonie et eut plus d’aventures que tous les autres réunis, celui qui avait refusé l’immortalité. Alors qu’en temps normal, elle maîtrisait son hypnokinésie à la perfection, du moins le croyait-elle. Visiblement, ses dons semblaient déconner à la moindre perturbation comme l’avaient prouvé plus tôt ses cheveux. Mais tout de même… Percy Jackson quoi. Elle l’avait juste bousculé accidentellement et là, avant même d’avoir eu le temps de dire ouf, il s’était effondré au sol. Bien entendu, elle avait alors eu la réaction la plus sage possible : s’enfuir en courant. Son cerveau avait tout bonnement arrêté de fonctionner et, les jours qui suivirent, elle se contenta tout bonnement de l’ignorer, se sentant mal à l’aise dès qu’il se trouvait dans un rayon de dix mètres.

Deux semaines depuis étaient passées… Mais la gêne avait laissé place à un sentiment beaucoup plus pénible pour elle : la culpabilité. Car si faire une sieste n’était pas fatal, elle avait suffisamment discuté avec les autres demi-dieux pour savoir que ce qu’on pouvait voir dans son sommeil était des fois horribles. Et puis, elle commençait à avoir peur que quelqu’un d’autre aille le trouver pour lui annoncer : « Hey ! Tu sais grâce à qui tu t’es tapé un somme il y a 15 jours ? La petite fille là-bas, avec les cheveux bleus comme Macaron le Glouton ! » Ce qui en soit n’était pas si horrible que ça, mais Criostal était complètement terrifiée à l’idée que cela se produise vraiment. C’est pourquoi, en cette matinée pluvieuse, elle décida de prendre son courage à deux mains et d’aller s’excuser auprès du fils de Poséidon. Certes, cela allait faire presque trois semaines, mais mieux valait tard que jamais… Et puis, Hypnos était connu pour être un dieu flemmard et sur ce point-là, elle tenait beaucoup de son père.
La jeune fille avait donc passé toute sa matinée à chercher une trace de Percy dans toute la Colonie. Mais, que ce soit à l’arène, la grande maison, les écuries, la forêt… Rien. Elle avait fini par le trouver sur l’une des rives du lac et s’était alors sentie assez stupide : après tout, pour un fils de Poséidon, n’était-il pas normal d’être proche de l’eau ? Elle avait ensuite passée une vingtaine de minutes à l’observer en silence, puis une autre dizaine de minutes à essayer d’empiler des pierres en équilibre jusqu’à ce que le tas s’effondre et l’éclabousse au passage. Finalement, elle décida qu’elle ne pouvait pas se cacher indéfiniment derrière des cailloux et elle sortit enfin de sa cachette, affichant une mine déterminée bien qu’un petit peu bizarre. Après avoir maladroitement tenté de marcher de rocher en rocher pour ne pas trop se mouiller les pieds, elle finit –enfin- par le rejoindre et alla se planter devant lui. Ses cheveux avaient maintenant des tons bleus canard et étaient vaguement dissimulés par sa capuche.
« H-Hey. » Dit-elle d’une voix assez hésitante, avec un accent espagnol à faire frémir n’importe qui. Puis, prenant une grande inspiration, elle rassembla tout son courage et poursuivit.
« Je m’appelle Criostal. Criostal Dun. Du bungalow d’Hypnos. Je, hum… Suis venue m’excuser. Pour t’avoir endormi. Il y a vingt jours. » Néanmoins, sa voix avait si rapidement diminué de volume que la fin ne fut plus qu’un murmure. Et puis, lentement, elle fourra l’une de ses mains dans la poche de son k-way et en sortit une pomme qu’elle lui tendit, l’air de dire « c’est pour toi ».

Allongé au bord de l'eau, mes pieds nus baignaient dans l'eau rafraîchissante du lac de la colonie. Cette eau qui pourrait sembler glaciale pour n'importe quel autre pensionnaire me convenait parfaitement et calmait mes tensions musculaires. Je ne portais qu'un mini-short en jean qui me couvrait du bas de mon ventre jusqu'au dessus de mes genoux afin que je puisse avoir le maximum de peau dans l'eau. Le vent froid de la matinée passait ainsi sur mon torse nu comme s'il n'était qu'une simple brise d'été sans me faire frisonner. À vrai dire, je ne ressentais rien à la température. Je savais très bien que ce vent était normal au début de la matinée et que le soleil allait augmenter dans une ou deux heures. Comme toujours à la colonie des sangs-mêlés.

C'est dans cette position de calme que je repensais à ce sommeil soudain. Je n'avais aucun souvenir de ce qui avait pu se passer à part un léger contact contre mon corps puis pouf. Le noir total et une série de rêves comme tous les autres. En ce moment je rêvais principalement de mes anciennes aventures mais surtout du combat final contre l'armée de Chronos. Habituellement je me réveillais en voyant le Drakon foncer sur mon armée et je me réveillais en sursaut, couvert de sueur et de spasmes. Mais j'avais vécu cette fois le rêve en continue, comme s'il se reproduisait à l'infini. Je n'avais non plus aucune idée du temps de ce sommeil mais en tout cas pas plus que quelques heures. Bien que j'aurais aimé savoir ce qui avait pu produire ce sommeil, je ne cherchais pas le pensionnaire qui l'avait fait. Je n'avais pas du tout une personnalité de rancunier et je pardonnais facilement. Dans tous les cas je ne passerais pas un savon à la personne qui avait fait ceci. Surtout inconsciemment.

J'avais aperçu à plusieurs reprises une jeune fille aux cheveux colorés qui fuyait à chaque fois que je croisais son regard. J'ignorais pourquoi elle ne voulait pas être proche de moi et je pensais que si c'était elle qui m'avait endormi elle avait peur de me l'avouer. C'est vrai que je pouvais passer comme une personne qu'il ne fallait pas toucher suite à mon passé d'aventures plus magnifiques et respectueuses les unes que les autres mais je restais une personne douce et aimante comme mes débuts à la colonie. À part mes capacités rien n'avait vraiment changé depuis mon arrivée à la colonie au niveau de ma personnalité. J'avais certes mûri et gagné du courage et un peu d'insolence. Certains de mes amis me reprochaient d'être aussi familier et même insolent avec certains dieux mais je ne pouvais rien y changer.

Alors que je me relaxais avec délicatesse le long des rochers de lac, j'entendais des bruits de pas qui se rapprochaient dans ma direction. Il fallait toujours être prudent même dans la colonie des sangs-mêlés, j'avais de mauvais souvenirs des diverses créatures qui s'étaient introduites. Décalant mon regard devenu vif et observateur, j'attrapais mon stylo-bille du bout de mes doigts en la décapuchonnant fermement. Le stylo changeait alors totalement de forme en prenant la forme d'une épée à double tranchant. Je m'étais redressé sur mes genoux et je m'apprêtais à frapper quand j'ai aperçu la jeune fille aux cheveux colorés. J'avais retransformé le plus rapidement impossible mon arme en stylo-bille et revenu dans l'eau à une vitesse inhumaine. Mon regard émeraude était plongé dans le sien alors que je lui souriais chaleureusement.

— H-Hey.

Balbutia-elle du haut de ce qui semblait être de la timidité et de la peur. Mais elle n'avait rien à craindre de moi et je commençais vraiment à penser que s'était elle qui m'avait plongé dans le sommeil maladroitement.

— Je m’appelle Criostal. Criostal Dun. Du bungalow d’Hypnos. Je, hum… Suis venue m’excuser. Pour t’avoir endormi. Il y a vingt jours..

Et bingo. Qui c'est qui avait raison une nouvelle fois ? Afin de la réconforter et de la mettre dans un meilleur état mental, je lui répondais dans une voix douce en lui baissant légèrement sa capuche en effleurant la peau de sa joue du bout de mes doigts. Le simple contact de mes doigts contre sa peau lui faisait normalement ressentir une grande sensation de relaxation et d'eau chaude. Une chose logique pour un enfant de Poséidon.

— Ce n'est pas grave du tout ! Tu m'as endormi maladroitement et je te le pardonne de tout mon cœur.

Je détournais mon regard enchanteur en direction de la pomme en la saisissant avec délicatesse d'entre ses doigts en continuant de lui sourire chaleureusement. Croquant fermement dans la chair du fruit, je lui parlais entre chaque bouchées.

— Merci - pour - ta - pomme. J'adore vraiment la couleur de tes cheveux, est-ce que c'est naturel ?

Mais mais mais… C’était quoi cette drôle de sensation qu’elle ressentait depuis qu’il lui avait touché la joue ? C’était comme de l’eau chaude, un truc super apaisant et… Et des nuggets de poisson – probablement le plat préféré de la jeune fille.

« Ce n'est pas grave du tout ! Tu m'as endormi maladroitement et je te le pardonne de tout mon cœur. »

Criostal se sentit instantanément beaucoup plus légère. Elle serait probablement morte s’il lui avait dit qu’il en voulait, sans exagération. Une petite voix dans sa tête lui murmura que finalement, ce Percy devait plutôt être un chic type.

« Merci - pour - ta - pomme. J'adore vraiment la couleur de tes cheveux, est-ce que c'est naturel ? »

Après l’avoir observé prendre et manger sa pomme d’excuse non sans une certaine satisfaction, sa bouche se tordit en une légère grimace quand il aborda le sujet épineux qu’étaient ses cheveux. Comme par hasard, elle ramena l’une de ses mèches derrière son oreille et fit une petite moue.

« Non, enfin oui, enfin c’est spécial… C’est un des dons que j’ai hérité de mon père, mais lui peut se transformer en tout ce qu’il veut, même en animal, du coup c’est beaucoup plus pratique que ce que je peux faire moi. Je peux pas gagner des combats avec ça. »

Elle haussa négligemment les épaules et passa à nouveau la main dans ses cheveux avant d’enfin remarquer que Percy n’était pas vraiment beaucoup habillé. Et, avec le ciel qui se couvrait de plus en plus, il allait finir par attraper froid, à moins qu’il ne soit devenu insensible à la maladie durant l’une de ses nombreuses aventures – mais ça, elle n’y croyait pas trop. Après avoir cherché ses mots quelques instants, elle fronça légèrement les sourcils et leva la tête pour observer le ciel.

« Tu ferais mieux d’aller te couvrir un peu, sinon quand il pleuvra tu sentiras le chien mouillé. » Lui dit-elle tout en lui adressant un petit sourire. Elle-même commençait à se sentir glacée sous son k-way mais ça, c’était surtout dû à son habitude de la chaleur sèche qui régnait durant la saison chaude en Argentine. Ici, le climat était très différent de ce à quoi elle avait été habituée et elle avait encore du mal à se faire à l’idée qu’en dehors de l’été, le temps n’était pas très chaud.

Je semblais l'avoir gênée en abordant le sujet de ses cheveux, un détail venant de son père qui ne semblait pas lui plaire autant que ça. Pourtant je trouvais que cette variation de couleurs lui donnait un charme certain. Je ramenais mes propres cheveux en arrière en passant ma main droite sur ceux-ci, remontant les quelques mèches rebelles qui remuaient sur le long de mon front. Cette jeune femme me plaisait bien.

— Non, enfin oui, enfin c’est spécial… C’est un des dons que j’ai hérité de mon père, mais lui peut se transformer en tout ce qu’il veut, même en animal, du coup c’est beaucoup plus pratique que ce que je peux faire moi. Je peux pas gagner des combats avec ça.

C'est vrai que ce petit atout ne pouvait pas vraiment lui servir dans n'importe quel type de combat. Mais pour séduire une personne c'est pas mal comme atout. Mais j'imaginais déjà que si elle pouvait déplacer cet effet de changement sur ses bras elle pourrait changer sa peau en une matière résistante. De quoi pouvoir se défendre facilement et prendre par surprise ses adversaires sans avoir besoin d'une arme mais seulement d'un bon niveau au combat rapproché. Je reprenais alors la parole en l'invitant à s'asseoir sur ma droite.

— Tu ne penses pas que tu serait capable de déplacer ce changement sur ta peau pour lui faire prendre la forme d'une matière résistante ?

J'avais remarqué qu'elle observait que j'étais légèrement dévêtu mais la température ne me faisait absolument aucun effet. L'invincibilité aux dégâts physiques correspondait aussi à tout type de changement de température, me permettant d'être à moitié nu sous n'importe quel type de changement météorologique. Et beaucoup de personnes souhaiteraient pouvoir faire comme moi. Gardant mon regard sur elle, je l'écoutais toujours avec attention.

— Tu ferais mieux d’aller te couvrir un peu, sinon quand il pleuvra tu sentiras le chien mouillé.

Mon sourire se mit à s'agrandir sur mon visage alors que je riais légèrement. Ce n'était pas un rire moqueur mais plutôt intéressé de l'attention qu'elle me portait. Je ne risquais pas du tout de tomber malade.

— Oh, ne t'inquiète pas pour moi. Et puis tu sais il ne pleut jamais dans la colonie des sangs-mêlés sauf sous la volonté d'une divinité. Par contre toi tu sembles être totalement gelée.

Je glissais ma main droite dans la sienne en serrant ses doigts dans les miens, étudiant avec concentration sa prochaine réaction suite à mon geste. Dès que ma peau touchait la sienne, elle pouvait ressentir une chaleur profonde qui envahissait son corps. Comme sous un soleil ardent et éclatant. J'arrivais ainsi à la réchauffer seulement grâce à mon don d'hydrokinésie.

— Est-ce que ça va mieux comme ça ?

Dis-je en lui adressant toujours le même sourire naturel. Je me relevais devant elle en prenant avec la délicatesse la plus sincère qui soit ses deux mains dans les miennes. La chaleur fut quasiment doublée dans le corps de la jeune femme.

— Tu ne veux pas aller te baigner ? Je te présenterais les nymphes des eaux qui vivent dans le lac.

« Tu ne penses pas que tu serait capable de déplacer ce changement sur ta peau pour lui faire prendre la forme d'une matière résistante ? »

Face à la question de Percy quant à ce qu’elle pourrait faire par rapport à ce don, Criostal parût quelques instants déconcertée puis fronça les sourcils, mémorisant les mots qu’il venait de prononcer. Puis, lentement, elle secoua la tête négativement.

« Non, je ne crois pas que cela soit possible. Ca serait cool mais un peu bizarre, non ? J’essaierais de demander à mon… Non, rien. »

Elle se tût brusquement et passa une main sur sa nuque, l’air d’avoir dit quelque chose qu’elle ne voulait pas. Après avoir balayé des yeux le paysage, elle osa enfin les reposer sur Percy à qui elle adressa l’ombre d’un sourire tandis qu’il reprenait la parole.

« Oh, ne t'inquiète pas pour moi. Et puis tu sais il ne pleut jamais dans la colonie des sangs-mêlés sauf sous la volonté d'une divinité. Par contre toi tu sembles être totalement gelée. »

Et il avait vu juste. S’il ne pleuvait jamais à la Colonie des Sang-Mêlés, il semblait pourtant possible qu’il fasse froid, du moins assez frais pour que Criostal ait froid. Si un dieu s’amusait à ce moment-là à la faire regretter de ne pas avoir mis son blouson, elle l’aurait probablement détesté jusqu’à la fin de ses jours. Alors qu’elle s’était à nouveau plongée dans ses pensées, le contact avec la main tiède de Percy la fit sursauter et elle eut un mouvement de recul. Cependant, elle sentit instantanément son corps se réchauffer et ne pût s’empêcher d’esquisser un petit sourire.

« Est-ce que ça va mieux comme ça ? »

Elle hocha doucement la tête et ne réagit pas immédiatement quand il lui prit sa seconde main, bien qu’une petite voix dans sa tête lui souffla que ce n’était peut-être pas la meilleure attitude à adopter face à un garçon. Mais, puisqu’il lui faisait office de radiateur ambulant, elle n’allait tout de même pas s’en séparer tout de suite.

« Tu ne veux pas aller te baigner ? Je te présenterais les nymphes des eaux qui vivent dans le lac. »

Mais, dès qu’il évoqua l’idée d’aller se baigner, son sourire disparut et elle se mit à le regarder comme s’il était fou – ce qu’il devait probablement être pour lui avoir proposé une activité pareille. Si déjà la température de l’air était aussi basse, elle n’osait même pas imaginer la température de l’eau.

« Tu as de drôles d’idées, toi ! On va mourir congelés, enfin je vais mourir congelée ! Enfin, je vais mourir congelée si je vais me baigner. Mais c’est hors de question que je me baigne ! Je… Je ne sais même pas nager, à vrai dire. » Lui dit-elle d’un ton assez brusque, lui faisant comprendre implicitement qu’il n’avait pas à se moquer de cela. Ce n’était pas vraiment comme si elle en avait honte, on lui avait raconté qu’il y avait toujours des gens qui ne savaient pas nager à l’âge de 40 ans, mais elle n’aimait pas s’étaler sur le sujet. Lâchant les mains de Percy, elle fit quelques pas sur le côté et fourra ses mains dans les poches de son k-way, certes pas aussi réconfortantes et chaudes que celles qui l’avaient tenu quelques instants plus tôt mais au moins elle n’aurait pas à se sentir mal ou gênée.