Athéna se promenait dans les jardins de l'Olympe dans le but de se ressourcer. En effet elle avait eu une semaine plutôt éprouvante et malgré ses longues heures passer à essayer de trouver des solutions à certains problèmes, elle ne trouvait pas. Cela avait le don de l'énerver, elle qui faisait très peu face à l'échec, et elle ne voulait pas être énervée, car cela perturbait ses pensées et son jugement. Ainsi donc elle se sentait au calme dans les jardins, et les effluves des fleurs apaisaient son esprit tourmenté. La déesse faisait de grands pas, arpentant les roseraies, errant sans réel but, faisant le tour du jardin depuis déjà presqu'une heure. Elle marchait les yeux dans le vague, la tête légèrement penchée sur le côté gauche, signe indubitable qu'elle réfléchissait.

A vrai dire, il n'y avait aucun moment où elle ne réfléchissait pas. Elle avait considéré comme moments d'inconscience les seuls moment où elle s'était sentie très proche de mortels. Mais il n'en avait résulté que de bonnes choses, à part peut être qu'elle n'était restée avec aucun d'eux, la déesse leur avait laissé de beaux présents. Ses enfants. Elle y pensa alors qu'elle cueillait une rose blanche dont elle caressait lentement les pétales d'une douceur incomparable. Les dieux n'avaient pas le droit de voir leur progéniture, et bien qu'au départ cela ne dérangeait pas tellement la déesse de la sagesse, cette dernière commençait à ressentir un instinct maternel, et jalousait presque les autres dieux, qui réussissaient malgré les interdictions, à avoir des relations avec les demi-dieux. Quant à elle, qui aimait cette histoire de relations, elle était toujours en retrait par rapport à ses enfants, de peur que les voir ne la perturbe dans son rôle de déesse de la sagesse. Mais Athéna était en train de se rendre compte que c'était plutôt l'inverse qui était en train de lui arriver. Elle afficha un large sourire, sa méditation commençant à porter ses fruits.

Ainsi donc, ce point qui la perturbait était réglé. Elle décida donc de reporter toute son attention sur les guerres qui agitaient le monde. Arès avait sa manière sauvage de faire la guerre tandis ce qu'Athéna était plus du genre à réfléchir. Les hommes se jetaient beaucoup trop dans le tas, et les mortels, bien que les dieux leur aient donné un cerveau, semblaient résignés à ne pas vouloir l'utiliser. Ainsi donc leur incompétence jouait avec les nerfs de la déesse. Sa principale préoccupation était donc désormais de trouver à quel leader faire confiance car l'art de la guerre n'était pas donné à tous. Si cela ne tenait qu'à elle, Athéna irait choisir elle-même les dirigeants, en leur expliquant tout ce qu'ils devaient faire, et à vrai dire, elle avait déjà réalisé ce genre d'exploits, mais tout ne tournait pas qu'autour d'elle et ce serait péché que d'interférer trop souvent dans le monde des mortels, et dans leurs puériles guerres de pouvoir. Cette pensée l'amena au fait que les dieux avaient parfois ce caractère enfantin des mortels. Ils se battaient souvent pour le trône, c'était d'ailleurs là le point d'ancrage de toute leur longue vie. Si son père dirigeait pour l'instant l'Olympe, tout n'était pas gagné pour autant car les tentatives pour le renverser pouvaient à tout moment s'avérer efficaces et la déesse s'était rendue compte que les gens qui tentaient de le détrôner commençaient à comprendre comment faire. En parlant du caractère parfois puéril des dieux, Athéna se mit à penser à certains d'entre eux qui vraiment, n'était pas assez... matures, bien qu'ils aient des milliards d'années d'existence et d'expérience à leur actif. Elle était en train de réfléchir à cela lorsqu'un bruit vint perturber le calme du havre de paix dans lequel elle se trouvait. Athéna s'arrêta, sa longue robe blanche qui traînait derrière elle s'immobilisa également, et la déesse inclina sa tête en avant, sans se retourner, et écouta le pas de celui qui venait d'arriver. Hermès.

Pour la première fois depuis ce qui pourrait être une éternité pour lui, Hermès se posait enfin sur l'Olympe, chez lui. En compagnie de sa belle Iris, il prenait enfin le temps de penser à lui, après des mois et des mois à courir partout...

Regardant le visage de sa dulcinée, endormie sur son lit et enroulée dans les draps en soie, il sourit et déposa un tendre baiser sur sa joue avant de se lever sans bruit pour se rendre sur sa terrasse, faisant apparaître une tasse de nectar dans sa main et se vêtant d'un short et d'un T-shirt ; c'était les vacances, autant en profiter un peu...

Assis à sa terrasse, il put remarquer le calme et la sérénité des jardins de l'Olympe, ce qui le surprit un peu : était-il si pris que cela, pour ne pas le remarquer depuis quelques millénaires ? Fallait croire que oui... Soudain, il vit sa très chère sœur, Athéna, déesse de la Sagesse et de la Stratégie guerrière, se promener dans les jardins. Entre les deux, il y avait un gouffre d'incompréhension, elle parce qu'elle le trouvait immature - en quoi l'était-il, bonne question -, lui parce qu'il la trouvait trop sérieuse - et c'était vrai. Il était temps, peut-être, de mettre fin à cette incompréhension, songea le dieu, qui se leva de son fauteuil, tasse à la main, pour se diriger vers Athéna.

Il ne chercha pas à être discret, n'ayant pas l'intention de la faire sursauter ; souriant, il lui lança une fois à son niveau :

Hé bien, ma chère sœur, il est rare de te voir te promener dehors... Ça va ?

Avec élégance, il se pencha et cueillit une fleur rouge, qu'il accrocha à la tunique de son aînée avant de reprendre une distance respectueuse ; il connaissait le fait qu'Athéna n'était pas tactile pour deux sous...

Le pas à la fois léger et puissant du messager des dieux se rapprocha. Il arriva à sa hauteur et elle le vit, vêtu simplement d'un short et d'un tee shirt, tenue très... mortelle. Cela ne choqua pas la déesse qui avait pour habitude de vivre sous couverture dans le monde humain et qui, par voie de conséquence, ne s'habillait pas toujours comme une déesse, mais elle faisait toujours l'effort lorsqu'elle retournait sur l'Olympe.

"Hé bien, ma chère sœur, il est rare de te voir te promener dehors... Ça va ?"

La voix guillerette d'Hermès la tira de ses pensées. Elle reporta toute son attention sur son frère qui venait de déposer une fleur pourpre sur sa tunique, le sourire aux lèvres, avant de reculer de quelques mètres. La déesse lui rendit son sourire. Hermès était certes un peu enfant dans ses habitudes, mais cela ne l'empêchait pas d'être quelqu'un de souriant et qui, contrairement peut être à certains dieux, n'était pas hautain. Il avait parfois une allure de mortel dans la quarantaine qui collait parfaitement à son caractère. De plus, il respectait le fait qu'Athéna n'aimait pas trop le contact et n'était pas trop intrusif. Elle se remit en marche aux côtés de son frère, arpentant les jardins en sa compagnie.

"-Il est vrai que je sors peu en ce moment, je suis occupée dans le monde des mortels. Mais je me porte bien. Et toi, tu cours toujours dans tous les sens ?"

Hermès étant le dieu des voleurs mais aussi le messager des autres dieux, il lui arrivait très souvent de courir de l'un à l'autre pour transporter des missives. Ce devait être un travail fatiguant et surtout prenant. Imaginez que vous êtes tranquillement chez vous et d'un coup vous devez porter une lettre urgente. Il y a quand même plus plaisant comme situation. Cependant le côté positif était que le dieu visitait de nombreux lieux, pouvait se promener partout à sa guise, et il rencontrait beaucoup de monde. Être sociable n'était pas le plus grand trait de caractère d'Athéna, mais elle pouvait comprendre la volonté des gens d'en rencontrer d'autres.

"Il suffit d'un grand morceau de ciel, et le calme revient dans les cœurs trop tendus"

"Je chapeaute, je chapeaute, mais là je prends quelques vacances, sinon je ne serai pas efficace"

Dit il, bras croisés sur le torse, s'adossant à un arbre comme le font souvent les adolescents mortels lorsqu'ils discutent. Il prenait cet air désinvolte qui montrait bien le gouffre qui se trouvaient entre eux deux. Hermès était très surmené par les dieux et il avait peu de temps de pauses il fallait l'admettre et ses vacances devaient lui faire le plus grand bien. Athéna n'avait jamais réfléchi à prendre des vacances car pour elle ce n'était pas nécessaire. Son travail sous couverture à New York lui permettait de se débarrasser de sa carapace de déesse lorsqu'elle travaillait uniquement pour les mortels et à vrai dire, c'était pour elle un moment de détente que de faire des recherches. Loin de tous les problèmes du monde, des dieux, de tous ces gens qui l'ennuyaient. Elle se frottait dans ces moments-là à des personnes qui portaient un réel intérêt à tout ce qu'elle aimait et elle pouvait bien admettre que les dieux avaient bien gâtés certains mortels. L'intelligence de certains la surprenait même.

"Avoue que ça te plairait d'aller aux Antilles, en Nouvelle-Zélande... Y a pas à dire, ce sont des endroits magnifiques, non ? Tu sais, j'ai emmené Artémis en Irlande, il y a quelques temps, et elle a a-do-ré. Pourquoi tu ne prendrais pas de vacances, toi aussi ? Je peux t'organiser un voyage et un séjour de rêve où tu veux, où tu prendrais le temps de penser à toi pour une fois... Mais ce n'est pas gratuit."

La remarque d'Hermès fit réfléchir la déesse. En réalité c'était encore pour elle une stratégie du dieu pour gagner encore beaucoup d'argent, mais la déesse de la sagesse n'était pas du genre à dépenser des drachmes à tour de bras simplement pour une escapade folle et puérile dans quelques îles. En tant que déesse elle pouvait se rendre partout, prendre toutes les formes, et ce, sans payer quoi que ce soit. Non pas qu'Athéna soit une personne avare ou égoïste mais la façon qu'avait eu son frère de demander dans le seul but de s'enrichir l'avait un tant soit peu agacée. Hermès avait une bonne stratégie de vente elle pouvait lui concéder cela. Attirer par le voyage d'Artémis et décrire une parfaite idylle avant de souligner, comme si c'était un petit détail, qu'il fallait énormément payer. C'était très commercial mais très vil à la fois. Même s'il avait un bon fond, son discours n'avait pas conquis Athéna, à qui il en fallait plus pour qu'elle soit impressionnée.

"- Je te remercie mon cher frère mais je n'ai pas besoin de vacances."

Lui répondit-elle en souriant.

Les tentatives de marketting et de publicités de son frère reprirent bon train. On pouvait dire qu'il ne lâchait pas l'affaire et c'était probablement ce qui faisait de lui un bon vendeur.

"Très bien, je n'insiste pas. Mais si un jour tu en ressens le besoin, je te ferai un prix sur le séjour que tu voudras tester. D'ailleurs, j'en connais un que je me tenterai bien d'offrir à Iris...Un séjour spa, hamam, bien-être et tout le tintouin, quelque part dans les Caraïbes. Ça ne te tenterait pas, toi ? Etre chouchoutée par des mortels ? Oublier tes prérogatives quelques heures, voire quelques jours, avant de repartir du bon pied ?"

La déesse leva les yeux au ciel. Non vraiment s'en était trop. Elle n'était pas du genre à se prélasser ainsi comme le font les gens en vacances, car ce n'était pas ce qu'elle aimait faire. Une bibliothèque immense avec les plus grands ouvrages de tous les temps, des choses à apprendre, une source de savoir, cela pourrait lui faire plaisir. Mais un hamam ? Transpirer et avoir chaud jusqu'à n'en plus pouvoir respirer ? Ce n'était pas vraiment dans les priorités de la déesse. Et être "chouchouté" comme il disait, par des mortels n'était pas vraiment non plus quelque chose qui tentait réellement Athéna. Ce qu'elle aimait c'était l'action, les guerres, voir les gens réfléchir, pas se faire masser par un quelconque arnaqueur qui se ferait payer le triple de ce qu'il mérite. Le caducée d'Hermès apparut dans sa main tandis ce que ce dernier s'excusait de l'autre auprès de sa soeur. Cette dernière regarda la scène sans piper mot, le dieu messager écoutant ce que lui disaient les serpents. Manifestement il était question d'Iris. C'était la dulcinée d'Hermès, pour sortir les grands mots. Et cela n'étonnait guère Athéna. Son frère pouvait être très volage puisqu'il voyageait beaucoup, mais en fin de compte il avait choisit une déesse. Car rien ni personne ne surpasse les dieux c'est bien connu. Bien qu'Athéna n'aimait ni les relations ni les contacts elle trouva le regard de son frère empli d'amour lorsqu'il s'excusa pour la rejoindre:

"Pardonne-moi, ma chère sœur, mais j'ai une déesse à combler avec un petit déjeuner de derrière les fagots. Réfléchis bien à ma proposition, si ça te tente, viens me voir."

Le dieu s'inclina devant sa soeur avant de prendre conger de cette dernière pour retrouver celle qui venait probablement seulement de se réveiller.

"-Que ta journée sois emplie de sagesse mon frère."

Dit elle en s'inclinant à son tour avant de le regarder se retirer. La déesse reprit sa marche. Sa conversation avec son frère l'avait tout de même bousculée car elle n'avait pas un lien très proche avec lui et qu'il s'était montré très doux malgré leurs différends.