Léo Fabiani ft. Alice Waller

Léo était dans la salle de stockage des armes. Cela faisait plus de trois heures qu'il y était pour déplacer des cartons et ranger toutes sortes d'épées, de sabres et d'arcs. C'était une mission de la plus haute importance d'après Cyril. Cet idiot ne savait pas quoi faire de Léo alors il lui avait donné de quoi l'occuper pour tout un après midi. Le fils de Notos était humilié, jamais personne ne lui avait donné ce genre de travail qu'il considérait inutile ou même débile. Depuis qu'il était dans la résistance, il n'avait eu que des grandes missions ou des quêtes. Et puis là il se retrouvait à faire le ménage parce que son chef lui avait ordonné de le faire.

Cyril. Un grand homme haut placé dans la résistance, bien sûr. Cependant, aux yeux de Léo, c'était un type comme tout le monde. Un sang mêlé, fils de la déesse des plantes, Déméter. Tout le monde était un demi dieu ici alors pourquoi fallait qu'il y ait des personnes supérieures aux autres ?
Franchement, l'italien ne comprenait pas et puis de toute façon il s'en fichait. Côtoyer trop d'étudiants en droit lui faisait se poser de questions...

Il méprisait tout le monde. La résistance accueillait des jeunes sangs mêlés rebelles haïssant les dieux plus que tout. Pourtant, lorsque Léo les observait tout la journée, il se disait qu'ils se donnaient beaucoup de mal pour eux malgré leur haine. C'était étrange et contradictoire comme attitude. Pourtant, il était le seul à s'en rendre compte. Parfois, il ne comprenait même pas Adriane.

S'il devait dire quelle personne il détestait le plus, il répondrait : Alice. Cette fille d'Hadès qui détestait profondément son père alors qu'elle était pire que lui, une vipère et une vraie tarée. Léo avait presque de la pitié pour le dieu des enfers d'avoir enfanté une garce pareille. Elle aurait jamais le genre de boulot que Léo faisait en ce moment. Il était sûr qu'elle couchait avec Cyril, c'était pour ça qu'elle bossait jamais...

Le fils de Notos fit une pause en s'asseyant sur une cagette. Il sortit une cigarette de la poche, l'alluma et fuma en contemplant son travail. Il avait plutôt bien bossé pour quelqu'un qui avait failli tabasser son supérieur.

Soudain, il entendit des pas venir vers lui. Léo ne prit pas la peine de se retourner, continuant à fumer sa cigarette en expirant de grosses bouffées de fumées.

Léo Fabiani ft. Alice Waller

- Il te reste une clope pour moi Léo?

Léo ne se retourna pas. Il se doutait bien que c'était cette Alice derrière lui. Cette voix stridente à ses oreilles, le bruit de ses talons contre le carrelage et le puissant parfum à la rose qu'elle portait prouvaient que c'était cette fille. L'italien se demandait bien comment elle faisait pour ne pas se faire repérer avec tout les indices qu'elle laissait traîner lors de ses missions...

Il hésitait à lui donner une cigarette. En temps normal, il l'aurait fait avec n'importe quel collègue en signe de politesse. Mais elle, se n'était pas n'importe qui, c'était Alice quoi. Cette fille utilisait son corps pour se faire servir de n'importe quel mec et qu'il fasse ce qu'elle voulait. Il pensait à Cyril notamment. C'était tout simplement pathétique. Heureusement, qu'il ne voyait pas toujours ces représentations de scènes d'une parfaite lèche botte. L'université lui sauvait bien plus la vie qu'il ne le pensait...

Léo pensait lui répondre d'un simple "non" ou l'ignorer tout en continuant à expirer cette fumée puante pour ceux qui n'avait pas l'habitude de fumer. Mais après s'être remis encore en question, il tendit à Alice le paquet de cigarettes en attendant qu'elle se serve. Il le rangea dans sa poche puis fixa la montagne de cartons en face de lui.

- Pourquoi t'es là? Tu me veux quoi?

Il savait qu'Alice n'était pas juste venue quémander une cigarette. Cette fille était coriace et il sentait qu'elle allait le faire chier. Il n'avait jamais le droit d'avoir un peu répit dans son boulot...

 

Léo Fabiani ft. Alice Waller

Léo se sentait mal à l'aise. En fait c'était Alice qui le mettait dans cet état qui l'énervait légèrement. Il savait qu'elle allait jamais le laisser tranquille. Cette fille était une vrai sangsue, quand elle voyait sa victime, elle restait collée à elle et personne peut s'en débarrasser. Léo regardait les piles de cartons. Il se disait qu'avec l'autre folle, il n'allait jamais terminer son boulot. Même s'il s'en fichait de se faire disputer par Cyril, il préférait terminer les choses à temps.

- Je me fais carrément chier, du coup vu que t'es l'un des seuls à être dans l'entrepôt, je viens là.

Alice savait que Léo le détestait et que sa présence le gênait. Alors pourquoi s'obstinait-elle à rester avec lui?
L'Italien savait qu'elle allait le torturer tout l'après midi...

- T'as du feu s'tep?

Elle commençait déjà. Léo soupira et lui prêta un briquet. Il attendit qu'elle se serve avant de le reprendre. Un silence s'installa entre les deux résistants. Alice le brisa.

- Tu sais si Cyril nous met ensemble pour une mission va falloir m'accepter sinon tu risques de tout faire foirer...Et ça le flic va pas aimer, encore moins Aldric.

Léo  roula des yeux. C'était de la provocation, il s'attendait à ça. Il serra les poings. Alice n'était là que depuis quelques minutes et il avait déjà envie de la jeter dehors. Heureusement qu'il n'était pas de nature violente...

- Et alors? Cyril ne m'a donné aucune mission à part de jouer la femme de ménage dans cet entrepôt de merde. De toute façon, toi t'as jamais ce genre de boulot, hein. Je me permets de rajouter que dans la vie on fait pas ce qu'on veut. Si je devais faire une mission avec toi, je dirai rien, je m'en foutrai.

Léo jeta sa cigarette par terre, se leva et se posta devant la fille d'Hadès.

- Allez vas-t'en, j'ai du boulot moi.

 

Léo Fabiani ft. Alice Waller

Après lui avoir demander poliment de s'en aller, Alice ne semblait pas vouloir bouger ce qui mettait Léo dans un état d'exaspération total. Il n'espérait pas que son petit discours allait la faire réagir, loin de là mais sur le moment, il ferait n'importe quoi pour se débarrasser de cette folle qui commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs. Franchement, quel mot elle ne comprenait pas dans "Allez va-t'en j'ai du boulot moi". Léo se remettait souvent en question sur son accent italien qui pourrait déstabiliser certaines personnes qui ne pourraient pas le comprendre mais après cinq ans à vivre aux Etats Unies sans réflexion sur son accent, il pouvait en conclure qu'i parlait très bien anglais et qu'Alice était tout simplement là pour le faire chier.

Elle se posta devant lui en affichant un petit sourire que Léo trouvait pitoyable.

- Alors c'est donc ça... tu es jaloux peut être de ma position ? Hum... non tu serai trop fier pour l'avouer, même te l'avouer à toi même d'ailleurs. Mais tu sais, si je n'ai pas de boulot MOI, ce n'est parce que je couche avec Cyril ou d'autres, c'est parce que je n'accepte pas certaines tâches qu'ils me confient, si je n'ai pas envie de faire quelque chose, je ne le fais pas. TU ne fais pas ce que tu veux dans ta vie, moi j'en ai décidé autrement. Tu as fais un choix, et je ne cherche pas à te montrer que ma vision de la vie est mieux que la tienne, mais alors ne dis pas que ON ne fais pas toujours ce qu'on fait, c'est toi et toi seul qui fais tes choix. Moi je fais le choix de ne prendre que le meilleur de la vie, enfin... selon moi.


Il avait décroché au bout de la deuxième phrase. Son petit discours était tout aussi pitoyable que son sourire, sa situation, sa vie quoi. Léo avait poussé de longs soupirs et avait fait quelques gestes de la main pour se moquer du monologue de la fille. Quand elle eut fini, il mit un main dans la poche et utilisa l'autre pour masser sa tempe tellement il était énervé.

- Oui bon si on peut appeler cela le meilleur de la vie... et je ne serai jamais jaloux d'une...d'une prostituta.

Il croisa ses bras en lui lançant un regard noir. Et dit d'un ton ironique.

- Bon t'as fini? Je dois assumer mon choix là.