So' était à New York, dans une ruelle comme une autre. Elle avait décidé de partir pendant deux-trois jours de la colo pour aller voir son père et mettre les choses au clair. Elle avait un poignard en bronze céleste qu'elle avait piqué au camp. Elle n'avait pas ni son arc ni ses flèches. Dommage, elle excellait au tir à l'arc.

Et tandis qu'elle marchait, une main qui semblait être une main d'adulte se posa sur son épaule. Elle ne s'autorisa qu'un bref sursaut et se retourna en brandissant son poignard, prête à l'attaque. Elle ne devait pas se laisser déstabiliser par le grand fossé qu'il devait y avoir entre lui et elle niveau âge. Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais rien ne sortit. L'homme sourit avec froideur. Non. Hors de question qu'il se permette ce genre de sourire, comme si Sophie était sa cible ! Elle continua à le regarder avec mépris, bien qu'elle soit quelque peu inquiète. Mais elle était super forte, pourquoi ne pourrait-elle pas s'en sortir si quelqu'un l'attaquait ? 

- Bonjour, dit-il.

Etait-ce une diversion ? Un simple bonjour ? Pourquoi tenait-il tant à lui parler ? La réponse lui vint presque aussitôt. C'était logique. Il savait qu'elle était une demi-déesse, il devait voir son poignard. Aux yeux des mortels, ce poignard n'était qu'un simple couteau à beurre. C'était déjà mieux... Elle se crispa et répondit sèchement :

- Bonjour. J'ai fait tombé quelque chose ? Il y a un problème ?

Sa voix tremblait très légèrement et elle se maudit de paraître si faible devant cet inconnu. Elle se reprit et continua :- Pourquoi vous me faites perdre mon temps ?Elle le toisa de ses yeux gris orage. Jusqu'à maintenant, elle n'avait pensé qu'avec son instinct, ce qui était, ma foi, une bien mauvaise chose. Elle devait se reprendre. Se reprendre. Se reprendre... Allez, qu'est-ce qu'une fille d'Athéna aurait certainement fait ? Elle se serait reculé par prudence, se serait préparé à se défendre et aurait élaboré des petites feintes si elle devait se battre. Si Sophie aimait se battre, elle ne faisait pas pour le plaisir, même si elle cherchait un peu les monstres, elle veillait à fuir si il était trop fort pour elle. Si elle se battait à la colo, c'était pour s'entraîner. Bien-sûr. Comme Athéna, si elle pouvait stopper un véritable combat, elle le ferait.

Elle se figea en écarquillant les yeux quand l'homme lui baisa la main. Elle détestait ça. Mais il avait de la force et elle ne pouvait se dérober. Elle laissa glisser.

- Désolé ! J'oublie les bonnes manières. Matthew Schaeffer, fils d'Eris ! Et toi, tu es ?

Elle ne répondit pas. Il devait l'avoir compris. Et donner son nom à un inconnu était bien trop stupide. Il commença un bref discours et Sophie perçut l'accent de vérité dès le début du récit.

- Je ne veux pas te faire de mal, tu sais… Simplement, je me demandais pourquoi une gosse qui paraît intelligente telle que toi, s’entête à faire du lèche-cul aux dieux… C’est vrai quoi… Aller, on va dire que t’es une gosse d’Athéna parce que t’en a tout l’air et comme tu ne veux pas me répondre, on va faire des suppositions. Je peux te poser une question ? A laquelle tu répondras en toute honnêteté ? Est-ce que ta maman a été une maman aimante ? Tu ne nourris pas de rancœur à son égard ?

Elle le regarda droit dans les yeux, étonnée de ces questions. Si il lui demandait, ça voulait dire qu'il comptait passer à l'action, ou il voulait juste savoir ? Ou avoir un avis constructif de la part d'une fille d'Athéna ? Mais aussi... elle avait l'impression qu'il insufflait du pouvoir dans ses paroles... Il voulait la convaincre et elle se sentait hésiter. Elle répondit avec franchise bien qu'elle penche plus vers la haine envers sa mère :

- Du lèche-cul aux dieux ? Bah... c'est peut-être nul, d'accord. Mais je ne tiens pas à mourir. Et... oui, oui je suis une fille d'Athéna. Ma mère... (son ton devint froid) elle n'a jamais été là pour moi. Elle m'a offerte à mon ordure de père et c'est tout. Je l'appelle et elle ne répond jamais. Oui, je nourris de la rancoeur à son égard. Oui, j'en suis certaine... (sa voix chancela ; elle ne savait plus, elle était embrouillée par les sentiments de haine et de compassion qu'elle avait pour sa mère). Mais pourquoi tu as besoin de savoir tout cela ? C'est vrai, même si Athéna n'est pas là pour moi, elle m'apporte sagesse et conseils, c'est déjà ça. C'est une très bonne déesse, elle doit juste obéir à Zeus !

Elle s'était emportée vers la fin. Elle ne savait plus quoi penser mais elle sentait le fils d'Eris perdre le contrôle de son pouvoir. Athéna empêchait les guerres et les embrouilles, bien qu'elle se soit faite avoir quand Eris a jeté cette pomme. Sophie suivait son exemple et elle avait l'impression de mieux résister aux pouvoirs de ce genre. Il n'empêche que c'était dur.

Elle se figea en écarquillant les yeux quand l'homme lui baisa la main. Elle détestait ça. Mais il avait de la force et elle ne pouvait se dérober. Elle laissa glisser.

- Je me fiche pas mal de ce que tu peux penser comme conneries.

Elle lâcha un rire moqueur.

- Conneries ? Conneries ? S'ils ne sont pas tous aussi sages que toi, les dieux sont quand même notre seul moyen de vivre. Les demi-dieux et les dieux doivent vivre ensemble. Sans nous, les demi-dieux, nos parents ne pourraient pas exécuter des tâches que seuls nous pouvons accomplir. Tu penses que nous sommes des larbins ? Certes, mais eux, ils nous assurent un minimum de sécurité. Le camp en est la preuve. Et tu sais quoi ? Rien n'est plus puissant qu'un dieu ET un demi-dieu réuni. Et si toi, toi seul croit que tu peux défier les dieux... tu es fou.

Après avoir craché un flot de paroles, elle serra le poing, tandis que Matthew changeait de sujet et dit :

- Tu sais te battre ?
- Oui.

Elle le regarda avec insistance, comprenant où il voulait en venir.

- Mais pourquoi je me battrais contre toi ? Et ce n'est pas de la peur. Je n'ai peur de rien, moi, OK ? Ni de toi, ni de ton poing.

Elle avait un avantage considérable, parce que ses pouvoirs étaient très utiles lors des combats. Le seul souci ? Il avait plus de force. Mais était-il plus rusé ? Peut-être que non. Et beaucoup de techniques pouvaient marcher. Rien n'était perdu, naturellement. Mais il devait donner une raison pour laquelle Sophie se battrait avec lui.

- Donne-moi une raison valable.

Pourquoi, elle, elle ne voulait pas se battre contre lui ? Parce que :

1. Lui montrer ce qu'elle savait faire serait un peu risqué
2. Elle ne voulait pas se battre pour rien, d'autant plus qu'elle était venue voir son père.

Son père. Son père ! Elle l'avait oublié ! Cela faisait un moment qu'elle devait venir le voir. Elle l'avait prévenu par message Iris et maintenant, il paniquerait pour elle... Ou peut-être pas ? 

Il plaqua Sophie au mur avec brutalité.

- Parce que j'en ai envie. Ça te va comme raison valable ? siffla Matthew.

En voyant le poignard du jeune homme, elle voulut utiliser ses pouvoirs.  Elle avait beau se concentrer, imaginer un poignard apparaître dans sa main, elle n'y arrivait pas. Etait-elle trop fatiguée ? Est-ce que Matthew pouvait faire ça ? Eris était aussi la déesse de l'émulation. Pouvait-il la surpasser en lui bloquant ses pouvoirs ? Ça se tenait. Il lui entailla la joue et Sophie sentit le sang couler. Elle demeura impassible, luttant contre la douleur. Allez, aucun pouvoir ne peut tenir éternellement. Il fallait attendre de pouvoir utiliser ses pouvoirs.

- Tu n'as pas peur ?

- A vrai dire, non. Tu m'attaques délibérément. Sans que je ne puisse me défendre ou utiliser une arme, pas même mes pouvoirs. C'est bien joué, tu dois te dire. Sauf que c'est lâche. Tu n'es pas lâche, si ? cracha-t-elle férocement.

Est-ce qu'elle avait peur qu'un homme qui était beaucoup plus fort qu'elle l'attaque ? Oui, elle avait peur. Mais le dégoût de cette lâcheté surpassait cette peur.

Elle bougea un peu ses mains, ses bras retenus par l'emprise de Matthew. Une lueur de colère dans le regarde, elle envoya un coup de genou dans le ventre du fils d'Eris. Elle en envoya deux, trois, quatre... jusqu'à pouvoir le faire lâcher prise. Elle se débattit furieusement en lui écrasant le pied à maintes reprises. Puis, tentant le tout pour le tout, elle planta ses dents dans le bras droit du sang-mêlé. Ridicule et pitoyable ? Oui. Mais efficace malgré tout. Si ça avait une part de risques, ça avait aussi des avantages : cela le troublerait dans sa concentration et son pouvoir pourrait se briser. Et si elle lui faisait mal, elle pouvait espérer pouvoir s'évader afin que le combat, visiblement inévitable, débute réellement.

- Tu as raison ! Je ne suis pas lâche ! Aussi, j’arrête de te priver de tes pouvoirs. Cependant, retiens que j’ai gagné ce combat parce qu’en une pensée, je pourrais t’enlever des pouvoirs et t’épingler au mur avec ce poignard. Alors, ne prends pas ma mansuétude pour une victoire de ta part !

Très convaincant. Mais Sophie chérissait la logique et le développement, aussi, persuasif ou pas, elle n'allait pas laisser Matthew gagner ainsi, juste en lui disant cela.

- Tu n'as clairement pas gagné ce combat, rétorqua-t-elle avec fureur. Si tu crois que le fait de me retirer mes pouvoirs représente en soi une victoire assurée pour toi, c'est que tu es coincé. Tu l'as vu toi-même, je m'en sors très bien sans pouvoir. En fait, ajouta-t-elle en fronçant les sourcils, mon vrai pouvoir, c'est ma tête et tu le sais très bien.

Matthew ajouta :

- Mais, à l’avenir, sache que dans une guerre, il n’y a pas de lâche ou de brave… Il y a seulement la mort ou la vie, et, oh surprise ! C’est souvent les lâches qui vivent et les braves qui meurent !

- Je vais me répéter. Tu es vraiment coincé. La vie ! (elle agita les bras) C'est temporaire. La mort, c'est éternel. On reste là à errer aux Enfers. Si les lâches vivent, ils s'ennuieront voire souffriront éternellement aux champs de l'Asphodèle ou aux Champs des Châtiments. Les braves, comme tu dis, périront mais passeront le reste de leur vie aux champs Elysées, au Paradis si tu préfères.

Elle croisa les bras, espérant avoir bien fait passer le message. Notre vie de mort (si on peut dire) dépend totalement de ce que nous faisons vivants. La lâcheté ? Ça ne méritait pas les Champs Elysées. Pour le narguer, elle rajouta :

- Mais, à l'avenir, sache que dans une guerre, y'a pas de lâche ou de brave... Juste des coincés qui espèrent vivre longtemps et ceux qui espèrent vivre en paix aux Enfers. Ces derniers sont plus sages et ouverts d'esprits.

Oui, OK, elle était partie dans un de ces débats. Mais on rigolait pas avec la vie et la mort.

Soudain, Matthew posa son arme et lui décocha un coup de poing. Surprise, Sophie se le prit dans la joue mais ne se permit pas de gémir. Elle envoya à son tour un coup de poing au fils d'Eris, mais à la gorge.

La situation était sérieuse. Trop sérieuse pour que Sophie ne se laisse faire. Elle se jeta sur lui comme une furie, lui choppa la gorge comme elle le put et l'entraîna de toutes ses forces vers un mur (pas facile facile, mais la détermination et la colère lui donnaient de l'énergie).

Elle lui donna des coups de poing incessants, lui saisit les épaules et essaya tant bien que mal de le frapper contre le mur à maintes reprises. Elle n'arriverait jamais à le tuer. Mais l'amocher un peu, ce serait cool.

Elle le tint par le haut de son crâne, par les cheveux. Elle serra avec force et frappa sa tête contre le mur, une, deux, trois fois.

Elle eut une peur soudaine : et si Matthew la tuait ? Il le pourrait bien. Elle finirait par se fatiguer et il gagnerait le combat. Attendez, coupez-moi ça... Pourquoi vous dites qu'elle a peur que Matthew la tue ? RECTIFICATION : Elle a peur de quelle façon elle va mourir. Noyée, étranglée, assassinée ? 

Au moins, personne ne pourra dire qu'elle ne s'était pas battue. S'il la tuait.

Elle avait l'impression de contrôler la situation lorsque le fils d'Eris la renversa et se mit à califourchon sur elle. Elle ne put s'empêcher de lâcher un gémissement. Il y avait du sang sur le visage de Matthew et ce qu'elle pensa la dégoûta d'elle-même. Elle était ravie de lui avoir fait mal. Ça ne lui ressemblait pas mais elle voulait le voir gémir pour se sentir plus puissante.

Elle écarquilla les yeux quand il lui saisit le cou. So sentait les tremblements de Matthew, comme si il ne savait pas si il devait la tuer ou pas. Il avait un regard de fou. Il resserra son étreinte, la privant de son oxygène.

Il était trop lourd pour qu'elle puisse se redresser ou le renverser à son tour. Il ne lui restait plus beaucoup de solutions. Elle n'utiliserait pas d'armes, ce serait injuste et lâche. T'es entrain de te faire tuer et tu veux pas essayer de faire apparaître une arme ? se dit-elle. Que pouvait-elle faire ? Elle savait bien, mais c'était ridicule et répugnant... Bon, elle pouvait rien faire d'autre de toute façon.

Elle lui cracha un jet de salive au visage, ce qui lui restait dans la bouche en tout cas. Cela lui donna une poussée d'adrénaline, même si elle sentait qu'il lui manquait vraiment d'oxygène. Elle essaya d'envoyer des coups de poing, des coups de pied, agita la tête pour essayer de le perturber. Elle finit par lui agripper miraculeusement les bras. Elle essaya de changer les positions en partant vers la gauche pour se projeter vers la droite. Elle n'y arriverait pas. Mais si ça pouvait le déstabiliser, le faire perdre son contrôle...

Elle cligna rapidement des yeux. Elle n'y arrivait plus. Elle tremblait, elle était morte de trouille. 

Vas-y, vas-y, vas-y ! se hurla-t-elle intérieurement. Tu ne vas pas te laisser tuer par ce crétin ? Elle essaya de relever ses genoux. Ils retombaient sous le poids de Matthew.  

Elle se sentait sombrer. Et maintenant, seulement maintenant, la bonne solution lui vint. Se débattre ne servait à rien. Il fallait utiliser ses bras. Elle y mit toute sa force. Ses bras n'étaient plus sous le fils d'Eris. Sophie lui envoya une nouvelle fois un coup de poing à la gorge. Elle lui griffa les bras, lui lacéra le visage comme une véritable furie. 

Elle lâcha un cri de guerre comme elle le put en envoyant un coup de poing, le plus violent qu'elle n'ait jamais envoyé, dans le nez de Matthew.

Matthew poussa un gémissement en tâtant son nez. Il était retombé sur ses fesses après l'avoir lâché. Sophie s'était un peu éloignée en rampant, à bout de forces. Il lui fallait de l'ambroisie. Or, elle n'avait pas sa ceinture d'armes. Quelle idiote ! Même si elle pouvait faire apparaître des armes, elle n'avait pas la possibilité de faire apparaître de l'ambroisie. Pourtant elle en avait toujours sur sa ceinture.

Elle ne pouvait plus combattre. Mais le fils d'Eris avait l'air d'avoir le nez cassé, ce qui représentait un bel avantage. Oui, mais toi tu dois être deux fois plus fatiguée que lui, se dit-elle. Elle avait encore du mal à respirer. Elle inspirait de grandes bouffées d'air et les expirait rapidement, comme si elle avait peur de manquer encore une fois d'oxygène. 

Elle jeta un coup d'oeil vers Matthew. Il semblait attendre qu'elle attaque. Il était trop calme. Il devait cacher sa douleur, sûrement. Mais son gémissement avait tout gâché, exactement comme pour elle. Sophie ne comprenait pas pourquoi il voulait tant continuer le combat. Juste pour la voir se briser davantage, pour gagner ?

Plusieurs minutes passèrent dans le silence. Elle se sentait déjà un peu rétablie. Elle n'était clairement pas au max, mais être une demi-déesse lui offrait une meilleure résistance physique. Un mortel se serait déjà évanoui, à tout les coups. Encore quelques instants et elle pourrait combattre plus ou moins convenablement. La fille d'Athéna brisa le silence :

- Franchement...

Elle se leva. Lorsque Matthew leva la tête pour écouter, elle se rua sur lui. Elle posa ses deux mains sur ses épaules et le plaqua au sol. Elle lui fourra ses doigts dans les yeux pour faire une diversion et enchaîna avec un violent coup de poing au plexus solaire.

Elle se releva, parce qu'elle savait qu'il tenterait de la renverser. Elle lui envoya un coup de pied dans les côtes. Puis au visage, et au nez, même si ça contenait un brin de lâcheté. Mais elle voulait absolument lui faire mal, parce qu'il avait essayé de la tuer. Si Sophie n'avait pas encore la folie meurtrière, elle voulait déjà faire beaucoup du mal. 

Tout dérapa lorsqu'il l'attrapa par les cheveux et la plaqua contre le mur. Il la frappa tellement de fois qu'elle n'arrivait même plus à gémir. Elle laissait sortir des petits gémissements faibles qu'elle essayait d'étouffer. Elle ne pouvait plus riposter, elle avait mal, ses yeux brillaient de larmes. Ses muscles brûlaient, protestaient contre le moindre mouvement. Matthew dit d'une voix rauque et éraillée :

- Où est donc passé la petite fille qui voulait une raison valable pour se battre ? Et surtout qui est cette fille qui attaque un adversaire à terre ?

Sophie fronça les sourcils en refoulant ses larmes. Elle devait répondre. Elle devait répondre ! Elle essaya de trouver la force de le faire et c'est (malheureusement) eu balbutiant qu'elle dit froidement :

- La petite fille a la même philosophie (elle s'arrêta le temps d'inspirer et d'expirer) que sa mère. Elle s'bat que si... c'est... nécessaire.

Elle attendit un moment. Bizarrement, elle n'avait plus très peur. Etait-ce parce qu'elle pensait que sa fin approchait ? Elle re-réussit à parler et murmura :

- Et... c'est nécessaire. Parc'que j'veux pas mourir. Tu... m'as attaquée. Je me venge. Si... si je vais... loin, je m'en fous. (Elle s'emporta et ça lui donna de la force pour parler) Un gars qui déteste les dieux ne mérite pas autre chose que de crever !

Elle le fusilla du regard. Elle jouait avec le feu. Elle jouait beaucoup trop avec le feu. Elle ne voyait qu'une seule chose à faire actuellement : fuir. Mais elle devait d'abord riposter.

- Je t'ai vu, cracha So. Je t'ai vu prêt à te défendre. Tu as décidé de baisser ta garde. C'est une vengeance que je trouve mesurée. Tu as essayé de m'tuer !  Tu croyais que j'allais sortir une blague et dire "allez poto, on s'y remet ! " ? (Elle péta carrément les plombs) ET ESQUIVER, TU SAIS FAIRE PAR TOUS LES DIEUX ?

C'est à ce moment qu'il recommença à la frapper. Elle se protégea du mieux qu'elle put, envoya elle aussi quelques faibles coups, quand elle gémit atrocement. Il la lâcha et elle s'écroula au sol comme une poupée. Elle saignait du nez. La fille d'Athéna fixait le sol avec des yeux écarquillés et mouillés de larmes. Pour elle, ce n'était plus un combat. Elle ne pouvait plus se limiter aux règles. Elle tombait déjà dans les bras de Morphée. Il devait lui rester un petit peu de force... Juste un petit peu. Elle se poussait trop loin. Mais cet homme allait la rouer de coups encore une fois, elle en était sûre. Autant espérer que cela le fasse partir.

Alors la fille de la sagesse concentra son essence divine dans ses mains et fit apparaître un poignard. A bout de forces, elle le planta dans le pied du fils d'Eris. Elle ne lutta plus pour ne pas s'évanouir, avant de se rendre compte qu'il ne fallait pas laisser une arme à côté d'elle. Elle envoya le poignard un peu plus loin, vers des poubelles qui devraient le dissimuler un minimum.

Là, elle laissa tomber sa tête au sol, ferma les yeux et sombra.