La nuit était tombée, mais les ténèbres apportaient par Nix ne suffirent à dissimuler New-York. Ses immenses tours en acier illuminaient de mille feux, sans compter les lueurs émanant des lampadaires, des voitures, de tout en fait. Jour et nuit, la ville restait en éveille. Par contre, on pouvait passer de façon plus inaperçue la nuit dans la cité. Idéal pour des êtres furtifs ou un peu ténébreux comme moi pour circuler librement à son aise, sans attirer l’attention. Déjà que la brume cachait pas mal de chose aux mortels, là, c’était comme être invisible. Je me trouvais dans un vieux garage désinfecté qui avait fière allure dans les années 10 à l’époque d’Henry Ford. Puis ce fut sur le déclin pour finir à l’abandon jusqu’à maintenant. Je ne connaissais pas très bien en fait l’histoire de ce garage et en réalité, je m’en moquais. Ce qui m’intéressait, c’était son utilité maintenant. À l’intérieur fut aménager des places et une scène. Je me tenais dans les coulisses conçues un peu dans la précipitation, assise sur une chaise, attendant mon moment. Les personnes qui assistaient, étaient nerveuses et s’impatientaient. Quelqu’un parlait sur scène, appelant le silence. Faisait un léger speech, il m’annonça. Des hurlements se firent entendre. Je me levais donc et fis mon entrée sur scène en jouant la star sur tapis rouge. M’arrêtant au milieu de la scène, je fis face à tout ce rassemblement de monstre. Oui, mon publique n’étaient que des créatures. Trop long à faire une liste, mais si vous pensiez à votre monstre préférer ou celui qui vous faisait vraiment peur, à l’exception de Typhon, vous pouviez être sûr qu’il s’y trouvait. Toutes les créatures me hurlèrent dessus, non d’acclamation, mais de colère et de peur. Je tapai d’un coup sur le plancher pour exiger le silence, ce que j’obtenais de suite. Examinant mon auditoire, je commençais enfin :

Méduse – Mais amis… Si je vous ai fait tous réunir ici, c’est pour une bonne raison.  Nous sommes ici pour vaincre nos ennemis mortels en nous alliant.

Monstre – Pourquoi devrions nous t’écouter ?! Tu as pétrifié beaucoup d’entre nous rien que l’autre jour, en sauvant un héros en plus !!!

Les monstres repoussèrent des cris de colères avant de retrouver plus ou moins leur calme.

Méduse – Si j’ai faits ça, c’était pour de bonne raison. Leur sacrifice nous aidera à devenir plus fort contre vous savez qui. Et puis, même pétrifié dans la pierre, les monstres reviennent alors flûte ! Ce que je vous propose, c’est de nous unir pour détruire les demi-héros et les dieux.

Monstre – ça, ça a était déjà fait plus d’une fois. Avec Cronos en plus, on a même perdu lamentablement. Alors maintenant, qu’est ce qui change ?

Méduse – Plein de chose. Déjà, avec l’affaire du voleur de foudre, nous avons plus ou moins agit de notre côté. Même dans l’ancien temps. Nous devons changer de tactique, évoluer dans notre stratégie. Nous avons déjà un avantage, un demi-dieu quand il meurt, il meurt. Alors que nous, nous pouvons revenir.

Monstre – Oui, mais cela prend des semaines, voire des années pour que nous puissions faire notre retour.

Méduse – Tout à fait. Donc, nous pouvons revenir et pour éviter que ce temps d’attente ne nous pénalise, nous devrons opter d’un plan fatal pour nos ennemis. Et justement, je connais un moyen pour nous débarrasser de ce problème, un moyen pour que nous puissions ne plus avoir besoin d’attendre longtemps pour revenir.

Un vacarme eut lieu dans tout le garage après la prononciation de ces mots. Les monstres furent partagés entre la curiosité, la joie et la protestation. Ils risquaient même de se taper dessus à tout moment. Fatigué par ce comportement bestial, je leur proposai de revenir à la prochaine réunion prévue pour plus de détail. Je me congédiai donc. Sortant du bâtiment, j’entendis encore les cris des monstres. J’espérais qu’après plus d’information, ils se montreront plus motivés et agiront avec un peu plus de discipline. Après tout, ce n’était que le début, les premières pièces du puzzle venaient juste d’être posées et j’avais bien en tête l’image finale qui sera donner. Je me promenais un peu dans ces rues sombre et calme, profitant pour me dégourdir un peu les jambes et réfléchir dans le calme. Je pensais pourvoir être tranquille pour un moment lorsque je vis une ombre devant moi. Je lui fis face et m’approchai doucement d’elle. Elle me regardait. D’un ton glacial, je lui demandai :

Méduse – Etes-vous perdu ?

Erin s’était enfui de la colonie au coeur de la nuit. Là-bas, lui qui aimait pourtant être dans la nature, le petit se sentait un peu prisonnier. Dans son esprit d’enfant, il pensait être dans une sorte de prison, où l’excuse servie était leur sécurité à tous et donc, le voici maintenant seul dans les rues de New-York, sans moyen de faire savoir aux autres où il se trouvait, mais pourtant ravi de pouvoir gambader seul. Quand des adultes le stoppait pour lui demander s’il avait perdu ses parents, le gamin répondait que non, il allait justement les retrouver sur leur lieu de travail, non sans afficher un sourire angélique sur son visage… quand les grandes personnes restaient suspicieuses, il s’éloignait sans se retourner, avant de se mettre à courir au premier coin de rue et disparaître dans la foule… et là, cette nuit à la Grosse Pomme, Erin s’était faufilé dans un quartier où personne ne viendrait le trouver. Les gens puaient tellement dans ce coin en plus, que son odeur de demi-dieu devrait être cachée au cas où des monstres rôderaient dans le coin.

Bien entendu, c’était sans savoir que justement, avec sa chance légendaire, il se trouvait sans doute près du plus grand rassemblement de Monstres depuis des lustres, et que de fait, il était un peu l’agneau entouré de loups féroces, capables de ne faire qu’une bouchée de lui s’il ne se montrait pas plus agile ou malin. Surtout que bon, pour être franc, le petit gars n’était pas rassuré en entendant des cris venant d’un bâtiment, car leur nature lui donnait des frissons dans le dos, l’obligeant à faire demi-tour avant de tomber sur des toxicos ou qu’importe qui étaient ces gens.

Pourtant, alors qu’il était en train de se caser dans un endroit tranquille pour espérer dormir sans être embêté, Erin entendit des bruits de pas et, curieux comme à l’accoutumée, le plus jeune se redressait, dardant son regard bleu sur la silhouette qui s’avançait, non sans froncer les sourcils en entendant comme des sifflements lui parvenir, comme si des serpents se disputaient… sauf qu’il n’y avait pas de serpents à l’état sauvage ici, n’est-ce pas ? Il espérait en tout cas… car là, ils étaient nombreux sinon. Dévisager les gens n’étaient pas très poli, et au ton froid de la femme – il devinait maintenant que c’était une femme – l’enfant comprenait avoir été pris la main dans le sac, façon de parler en tout cas, pour se retrouver à bafouiller une réponse à l’étrangère, qui lui semblait justement étrange en bien des points, alors que son instinct lui soufflait de ne pas faire de manière et prendre ses jambes à son cou.

« Oh euh… je crois que je me suis perdu oui, je cherchais… » qu’est-ce qu’il cherchait… vite trouver quelque chose… n’importe quoi… « Une ligne de métro, pour rejoindre mon papa, j’ai du tourner au mauvais endroit... »

Avoir l’air penaud et innocent… ne pas trembler – c’était raté pour ça – et se dire que dans ses moments là, il maudissait son envie de sortir sans surveillance…

« Mais je ne vais pas vous embêter. » se pressait-il d’ailleurs de rajouter, juste quand le vent se mit à souffler dans son dos comme pour trahir son odeur à la créature face à lui, même s’il ignorait qu’elle en était une, et qu’il se frottait les oreilles pour tenter de chasser les sifflements qui ne venaient clairement pas d’un problème d’audition de sa part.

Erin - Oh euh… je crois que je me suis perdu oui, je cherchais… » Il cherchait ces mots. Ce n’était qu’un gosse qui cherchait visiblement à me raconter des mensonges. Le voilà qui le rendait si suspect à mes yeux. Etait-il un peu curieux ? Un espion qui se faufile comme une souris dans les endroits qu’il ne fallait pas. « Une ligne de métro, pour rejoindre mon papa, j’ai dû tourner au mauvais endroit... »

Il aurait pu faire un effort pour rendre son histoire plus crédible. Un gosse perdu ? Non, j’en étais sûr, un vil petit espion. Je le voyais bien, qu’il tremblait et qu’il transpirait pour s’être fait prendre la main dans le sac. Vue son accoutrement, il n’était pas un S.D.F, il devait avoir de quoi survivre. Donc, pourquoi m’espionner ? Pour quel compte ? Je le serais d’une manière ou d’une autre et quant à lui, il ne s’en sortira pas aussi facilement.

Erin - Mais je ne vais pas vous embêter.

Il allait donc partir comme ça. Désoler pour tout et bye ? Non, je ne crois pas, il ne m’échappera pas. Malheureusement pour lui, le vent souffla dans le sens contraire. Son odeur me vint en plein visage et me fit faire un grand sourire. L’odeur d’un demi-dieu, fils de Poséidon. Il était de la colonie, et il voulait m’espionner et enquêter sur ce rassemblement de monstres. Nous n’étions que persécutées, les héros ne voulaient que notre peau, nous ne pouvions même plus nous rassembler pour comploter à l’anéantissement des demi-sang et des dieux. Qui sont donc vraiment les monstres, je vous le demande. Je m’approchai doucement de lui, voulant l’attraper et le faire rejoindre la collection. Après un discours aussi éprouvant, je méritais bien un nouveau bibelot pour la décoration.

Méduse – Quel genre de père… Laisserez son jeune fils seul dans une aussi grande ville ? Voilà qui est irresponsable. En plus à cette heure… C’est là que les monstres sortent. Veux-tu qu’on appelle quelqu’un ?

Je m’attendais à sa réponse. Et ainsi, débutera une nouvelle lutte entre un petit zéros et une magnifique créature de rêve. J’avais déjà pétrifié des héros de tout âge, un de plus ne me dérangerait pas. En plus, je devais l’empêcher de parler s’il avait entendu quoi que ce soit. Mais j’y pense, ceux de la colonie aimaient sortir en petite bande de sauvages. Pourquoi envoyer seul un mioche ? Un piège ? Ils seraient aussi horribles que ça ? Je m’attendais à recevoir une lame par-derrière et donc, je restais sur mes gardes, attendant de voir ce que ce gamin allait me réservait.

Erin pensait s’en être bien tiré pendant un instant, même si ses talent de menteur étaient des plus pitoyables. Mais tout ça, c’était avant que la femme ne vienne à prendre la parole, et que ses choix de mots viennent à éveiller les sens du petit garçon. Il était peut-être jeune, mais il venait aussi de la Colonie et dans son cas, utiliser le mot de monstres, dans un endroit aussi lugubre qu’une rue, suffisait à faire sonner toutes les alertes et faire s’accélérer son cœur, comme s’il sentait déjà que maintenant, tout de suite, il avait de gros ennuis et se trouvait seul.


« Papa travaille tard, il est marin. Je dirais même que c’est un roi dans son domaine. » rétorquait le petit, ne pouvant s’empêcher de laisser son impertinence prendre le dessus par un sourire moqueur, comme il en réservait à certaines personnes, puis de rajouter sur le même temps : « Ne pensez-vous pas être un peu grande pour croire aux monstres, madame ? »


Erin savait qu’en cet instant, leur échange avait déjà pris l’attitude d’une joute verbale, et que de toute manière, la confrontation semblait inévitable et allait forcément avoir lieu. De fait, l’enfant étudiait sa rivale, cherchant qui elle pouvait être, et surtout, pourquoi sa chance l’avait justement amené ici. Ou plutôt, le destin. Toujours est-il que son grand regard cherchait une issue, un moyen de partir rapidement, car contrairement à ce que d’aucun pourrait penser, il n’était clairement pas ici en embûche ou pour casser du monstre, mais juste pour profiter de la liberté, avec toute la stupidité de son âge.


« A moins que vous ne soyez le monstre bien entendu, comme dans Hansel & Gretel, et que vous aimiez faire rôtir des enfants pour votre petit-déjeuner… mais dans ce cas, il faudra déjà m’attraper. »


L’avantage d’être petit. Rapide à sa manière, et il pouvait se faufiler un peu partout, au contraire des grands dadets de la colonie. À nouveau, les sifflements rappelant des reptiles se firent entendre et Erin fronçait les sourcils, avisant alors que la femme portait des lunettes… cela lui rappelait une légende, si ce n’est que les lunettes n’existaient pas à l’époque, et que les yeux étaient cachés par autre chose, plus rudimentaire.


Méduse. Le déclic venait de se faire dans son esprit. Cela pouvait être cette créature, cette femme qui avait été maudite car elle s’intéressait à… son père à lui… oh…


« Oh... » lâchait le gosse, qui venait de comprendre donc, et reculait d’un pas. Là, il pouvait être très embêté… « Hum… non, personne à appeler, je suis contre les effets néfastes des ondes de portables. Ça me file des boutons ! »


Et ça attirait les monstres surtout, ce serait vraiment se balader avec une cible sur le dos. Le seul conseil qu’il avait écouté de la part des adultes du camp.

Erin - Papa travaille tard, il est marin. Je dirais même que c’est un roi dans son domaine.

Sans blague.

Erin - Ne pensez-vous pas être un peu grande pour croire aux monstres, madame ?

Je me mis à rire à sa question. Il semblait bien se douter de quelque chose. Il voulait prendre de l’assurance, me dominer de par son ton pour faire genre « Ouais, c’est moi le plus fort » mais je trouvais cela d’un ridicule. Un vrai gamin. Je pouvais suivre son regard qui analysait son environnement. Il m’étudia de haut en bas avant de regarder autour de lui. Il cherchait à fuir. Il n’était pas du tout un guerrier. Les autres se cachent ou foncent dans le tas avant de frapper. Ah moins de jouer les appâts, je ne voyais pas qu’elle était son plan. Une proie aussi facile ? Non, je ne voulais le croire maintenant.

Erin - A moins que vous ne soyez le monstre bien entendu, comme dans Hansel & Gretel, et que vous aimiez faire rôtir des enfants pour votre petit-déjeuner… mais dans ce cas, il faudra déjà m’attraper.
Méduse – Quelle imagination débordante mon jeune ami. Je ne suis pas une ogresse, il ne faut pas trop lire les contes de fée.

Et il me met au défi. On dirait ces enfants qui veulent toujours jouer avec les grands « Viens m’attraper ! On fait la course ! » Du fait d’être aussi jeune le rendait mignon comme un bébé, mais il était bien bête d’être ici. Ses frères et sœurs ne le surveillaient donc pas ? Le sens de la famille n’était pas un principe chez les dieux grec. J’en aurais presque pitié. Mais bon, nous ne pouvions pas faire autrement, son père m’avait condamné à une vie monstrueuse, il fallait bien que je me venge sur quelqu’un non ? Enfin, je ne pensais pas un instant que Poséidon puisse vraiment se soucier d’un de ces lardons. Combien des siens sont-ils morts ? Bref.

Erin - Oh... Hum… non, personne à appeler, je suis contre les effets néfastes des ondes de portables. Ça me file des boutons !

De quoi il me parlait celui-là ? Il me traitait de monstre et maintenant, il me parlait de portable. Ah oui les demi-dieux sont hyperactifs et notre capacité à suivre les ondes des téléphones… Il faut suivre avec lui. Je m’approchai donc de lui d’un pas tranquille, mains sur les hanches, ne le quittant du regard, je n’allais pas le laisser filer. Je le sentais bien, j’allais beaucoup m’amuser avec lui. Un si jeune enfant, ça aurait mieux si c’était lui que j’aurais présenté au concours. Tant pis, il décorera le bac à poisson mort. Il sera très bien là, avec les plantes et les colons. Cela accentuerait l’aspect lugubre. Je continuais d’avancer vers lui, d’un pas lent et tranquille.

Méduse – Mais cela me rappelle de bien triste souvenir. Je suis né et j’ai toujours vécu au milieu de monstres. J’étais exceptionnel dans un univers bien sombre. Belle et gentil. Je pensais trouver le bonheur avec un marin. Lui aussi il était un roi dans son domaine. Je dirais même, un dieu des océans et des mers. Mais… Il m’abandonna. Il ne voulait qu’une seule chose, énerver une psychopathe qui m’a torturé et détruit ma vie. Depuis, ce n’est que malheur et malédiction.

Heureusement qu’Erin ne lisait pas les pensées, autrement il serait actuellement en train de faire remarquer à Méduse sa stupidité à le juger si hâtivement. Les personnes de son âge n’était-elle pas censé savoir cela ? Car contrairement à ce que pensait cette fête, Erin ne faisait pas son malin à la « je suis le plus fort », il était jeune, un enfant, mais pas non plus aussi stupide que cela. Mais bon, il ne le savait pas, ne pouvait donc pas s’en vexer. Cela étant, en entendant le rire de la gorgone, le plus jeune se renfrognait et la fusillait du regard en s’entant être ainsi remit en place, avant de rétorquer avec tout l’aplomb dont il était capable :

« Les contes sont pourtant très utile, ils nous apprennent l’importance de s’intégrer à un groupe, à dompter nos monstres internes… ce sont de vrais leçons de vie, à moins bien entendu d’être un idiot qui se contente des versions de Disney. » lui avait lu les originaux, plus violent que ceux pour les réels enfants. Ils étaient bien plus amusant pour un petit curieux comme lui.

En tout cas, en voyant comme la créature semblait avoir du mal à le suivre, le petit garçon se retenait difficilement de lever les yeux au ciel. Comment pouvait-on être si vieille – sans rire, elle vivait depuis l’antiquité – avoir vu le monde changer, être capable de s’adapter à tout cela, et peiner à suivre le cheminement d’un pauvre demi-dieu ? Il était déçu… vraiment… parole de petit poisson.

Alors en reculant d’un pas, le fils de Poséidon écoutait les propos de la créature, de plus en plus certain de se retrouver face à Méduse en personne, car il connaissait son histoire avec son père, il savait aussi dans quelles circonstances la jeune femme qu’était à l’époque cette créature s’était retrouvée maudite… sage malgré son âge – mais clairement pas quand il devait assurer sa sûreté – le fils des mers lâchait sans filtre sur ses paroles :

« La malédiction et le malheur, vous vous enfermez aussi dedans. Est-ce que vous avez déjà essayé de passer à autre chose ? Ou vous êtes trop occupée à détester mon père ? »

Bim. Tact d’un gamin !

Ce gamin n’avait pas froid aux yeux. Il voulait vraiment me tenir tête et jouer les gros durs. Comme c’était pathétique. D’ordinaire, les enfants sont terrifiés, prenant du recul, lui, on dirait qu’il cherchait à provoquer et jouer un monsieur, je sais tout. Son père était pareil. Têtu, voulant avoir raison et ayant le sang-chaud. Ses pouvoirs devaient être puissants pour avoir une telle audace, à moins d’être vraiment stupide. Je devais trouver un moyen de le piéger, qu’il soit totalement à ma merci et qu’il devienne une statue.

Erin - Les contes sont pourtant très utile, ils nous apprennent l’importance de s’intégrer à un groupe, à dompter nos monstres internes… ce sont de vraies leçons de vie, à moins bien entendu d’être un idiot qui se contente des versions de Disney.

Oui, si l’on se réfère aux contes sanglants qui finissent mal la plupart du temps pour le héros. J’aurais bien voulu vivre dans cet univers, où les chaperons rouges se font dévorer, la vengeance arrive toujours à ses fins, où le sang coulait à flot… Des leçons de vie, tu parles, juste pour faire peur et rappeler que même un héros quel qui soit peu mourir facilement. Certainement pas pour intégrer un groupe ou savoir vivre. Enfin, il devait vouloir dire quelque chose, mais n’utilisa pas les bons termes. Il en fallait des forces pour réussir à le comprendre, même moi j’y avais du mal et je devais l’avouer, je m’en moquais pas mal.

Erin - La malédiction et le malheur, vous vous enfermez aussi dedans. Est-ce que vous avez déjà essayé de passer à autre chose ? Ou vous êtes trop occupée à détester mon père ?

Je me retenais de rire. Son père… Il avait déjà deviné qui j’étais, mais il m’avoua comme ça qui il était, car je n’avais pas parler de « son père ». Quel idiot, il me donna une bonne raison de m’amuser. Ce n’était pas prudent d’agir ainsi.

Méduse – Ton père ? Hahahaha.

C’est alors que deux personnes arrivèrent derrière moi. Ils s’agissaient de deux cyclopes encore jeunes qui avaient assisté à ma réunion. Ils venaient à ma rencontre.

Cyclope 1 – On t’attends à l’intérieur Méduse. On est à nouveau calme et… Attends c’est quoi ça ? C’est…

Méduse – Oui. Dis-je avec un grand sourie. Un demi-dieu, fils de Poséidon. Il vient de me l’avouer. Il est ici pour espionner et nous tuer. Capturez-le et prévenez les autres.

Un des cyclopes se jeta sur le garçon, tandis que le second partit prévenir les autres rester dans l’entrepôt. Quant à moi, je ne bougeais pas, profitant du spectacle qui s’offrait à moi. Un gamin seul face à une armée de monstre, comment comptait-il s’en sortir ?

Comme Méduse ne semblait pas le croire dans son baratin sur les contes – pourtant, il avait vu cela dans des livres et à l’école, et son prof n’était pas un idiot – Erin avait bien été contraint de changer de sujet, et bien entendu… de purement et simplement mettre les pieds dans le plat concernant l’identité de son père, se privant par la même d’une ultime chance d’espérer se sauver d’ici sans que ce soit avec perte et fracas. Difficilement, Erin déglutissait en se maudissant intérieurement de son manque de… comment dire… du caractère limité de sa capacité à tourner sept fois sa langue dans sa bouche, quand deux monstres surgirent de derrière la Gorgone. Deux cyclopes, d’apparence jeunes mais toujours assez forts pour transformer un gringalet comme lui en galette bretonne… la preuve, le petit garçon ne rétorquait même pas quand le premier mono-oeil venait à parler de lui comme étant un ‘ça’, alors que c’était tout de même vachement rude. Et avant qu’il n’ait le temps de dire le nom de la capitale du Pérou, la vérité à son sujet était déballé, avec l’ajout des élucubrations de la femme, qui le firent bien pester en revanche, car il avait – à tort sans doute – moins peur de Méduse que de ce qui pouvait l’attendre dans ce… quoi… ? Un rassemblement de monstres ? Poisse de poisson…

« Mais vous êtes devenue sourde à force d’entendre vos serpents vous sonner dans les écoutilles ? JE.NE.SUIS.PAS.UN.ESPION ! » pestait-il, avant de rajouter, une once de peur plus que présente dans la voix alors qu’il se trouvait incapable de lutter contre la poigne de la créature qui le retenait, et qu’il se demandait bien comment se tirer de ce mauvais pas, en particulier sans être armé… on lui avait pourtant dit plein de fois… ne sort jamais de la colonie sans avoir de quoi te protéger… mais non, monsieur Erin Llyr se pensait plus malin que tout le monde… « Ouais, je vais vous tuer avec de l’air, vous avez vraiment perdu la raison en même temps que votre beauté, si elle a existé un jour celle-là d’ailleurs ! Ou alors, vous étiez comme ces femmes, trop belle et couplée à une stupidité magistrale ! »

Dans un coin de son esprit, la petite voix de sa conscience lui intimait encore et encore de se taire, alors que le plus jeune fils de Poséidon se retrouvait emmené dans ce hangar, se repère rempli de monstres où il comprenait que sa situation s’avérait plus que critique. Même son bagou ne risquait pas de le sauver là, et courir ? Aussi utile qu’une boîte d’allumettes alors que l’on est coincé en plein incendie…

« Vous faites une énorme erreur… » crachait alors le gamin avec dédain, ne voulant en aucun cas dévoiler sa peur devant ces monstres, alors qu’une idée lui traversait l’esprit. Le genre ‘possible bonne idée’ qui ne devait arriver qu’une fois dans une vie, alors que le petit se reformait un masque, et de s’adresser à ces monstres sans doute plus stupides les uns que les autres. Gagner du temps… voilà ce qu’il devait faire. « écoutez-moi ! » commençait-il, n’obtenant qu’un brouhaha plus grand encore en guise de réponse, avant de hausser la voix pour se faire entendre le plus possible, ou au moins par Méduse, qui semblait être leur leader. « Vous pouvez sentir l’odeur des demi-dieux, vous devez savoir qu’il n’y en a pas d’autre autours… et je ne suis pas venu armé non plus. En plus, je ne tente pas de me protéger en cachant qui je suis… franchement Méduse, êtes vous si stupide ? »

Haut les cœurs, il fallait garder cette insolence, avoir l’air sûr de lui… le temps c’est de l’argent, mais là, il gagnait des minutes de vies surtout.

« Vous ne vous êtes pas dit que c’était un peu trop simple ? Vous ici, un fils de Poséidon qui arrive comme par hasard… ? Vous ne pensez pas une seconde que j’ai été à votre recherche, car je déteste autant que vous mon père, que je n’ai plus envie de jouer mon rôle de ‘petit garçon qui idolâtre son papa’ comme je l’ai fait plus tout ? Non.. Méduse, je suis venu vous proposer votre vengeance, sur Poséidon, puis sur l’Olympe même. Vous serez une bien meilleure souveraine que ces dieux qui prennent la poussière, le derrière vissé sur leurs trônes et se moquant bien des victimes qu’ils sèment sur leur passage. »

Où il avait appris à mentir comme ça ? Disons qu’il traînait beaucoup avec un fils d’Hermès, Jamie de son nom, et qui lui avait enseigné toutes les ficelles du métier quand il était disponible. Sa leçon principale? Laisser de côté son naturel pour jouer un rôle, celui du gamin sûr de lui.

Pendant qu’il fut emmené vers l’entrepôt, ce sale mioche se perdait en insulte et provocation. Il ne faisait rien pour arranger son cas. Ce qui l’aiderait, ce serait de se taire ! « Non ! Je ne suis pas un espion ! » Ou « Vous êtes sourde et moche ainsi que bête ! Etc. » Peu importe qu’il soit un espion ou non, il était un demi-dieu, il devra connaître le même sort. De plus, il n’avait rien à faire ici, sa présence était une provocation en plus de ses propos qui me donnaient une envie de lui en coller une. Par contre, il souleva un point intéressant, aucun autre demi-dieu n’étaient à proximité. Jusqu’ici, il était le seul à empester et donc par logique, il était le seul être venu. Mais bien entendu, rien ne prouvait que d’autres se cachaient dans le coin, un héros aurait pu dissimuler son odeur par un sortilège ou par quelque chose de bien plus puant. Dans tous les cas, il recevrait le même sort. Seul ou à plusieurs, espion ou non… La mort pour cet avorton !

Erin - Vous ne vous êtes pas dit que c’était un peu trop simple ? Vous ici, un fils de Poséidon qui arrive comme par hasard… ? Vous ne pensez pas une seconde que j’ai été à votre recherche, car je déteste autant que vous mon père, que je n’ai plus envie de jouer mon rôle de ‘petit garçon qui idolâtre son papa’ comme je l’ai fait plus tout ? Non.. Méduse, je suis venu vous proposer votre vengeance, sur Poséidon, puis sur l’Olympe même. Vous serez une bien meilleure souveraine que ces dieux qui prennent la poussière, le derrière vissé sur leurs trônes et se moquant bien des victimes qu’ils sèment sur leur passage.

Je manquais de peu de rire. Je ne m’attendais pas du tout à cela. Il croyait que j’allais le croire ? Oui, ma vengeance m’obsédait, mais je n’étais pas stupide au point de croire n’importe qui facilement. Déjà, il me disait n’importe quoi quand j’étais tombé sur lui, puis il se mit à me provoquer en voulant DEFENDRE son père ! Car il m’avait bien dit « La malédiction et le malheur, vous vous enfermez aussi dedans. Est-ce que vous avez déjà essayé de passer à autre chose ? Ou vous êtes trop occupée à détester mon père ? » Sans oublier qu’il me traita de vielle et de stupide. S’il voulait me convaincre de ses bonnes intentions, de son envi d’une alliance, c’était des plus loupé. M’approchant de lui, je lui soufflai :

Méduse – Tu veux me proposer une alliance ? M’aider dans ma vengeance contre ton père, alors que tu me traites de vielle, d’idiote, voulant me faire passer pour une folle à poursuivre cette vengeance contre ton père ? Sans oublier que tu me parlais de contes et autres futilités ? Hahaha ! Tu t’y prends mal pour convaincre qui que ce soit.

C’est alors qu’une idée bien bête, mais horrible me vint à l’esprit :

Méduse – Prouve moi la vérité, jures le sur le STYX !