Parce que notre amitié m'est aussi précieuse que ce château

Sora et Percy

Nous sommes en Avril, j'adore vraiment ce mois, je sens la chaleur revenir, l'eau se réchauffe et le vent emmène mes peines sans la moindre peine. Pourtant, cela ne suffit pas, je suis heureuse. Je me lève dans le bungalow d’Éole, je regarde la couchette de Pandore et le malheur m'envahit

Vide.

Je suis toute seule, abandonnée, sans aucun repères. Je retiens mon envie de pleurer. Pandore me manque tellement ! C'est ma grande sœur, je peux me confier quand cela ne va pas. Je l'admire vraiment. Je ne peux pas croire qu'elle est morte, elle est si forte, si impressionnante ! Elle est mon idole. Pendant la guerre contre Cronos, elle a disparu alors qu'elle se trouvait près de moi. Si seulement j'avais été plus forte, j'aurais pu la sauver. J'ai brûlé son linceul sans conviction, je refuse le deuil, je jure de la trouver, car mon coeur me dit qu'elle est près de moi. Je le sens.

En attendant, je suis plus malheureuse que les pierres, je ne supporte pas la solitude. C'est horrible ! Si seulement mon fichu père l'avait sauvé ! Il ne paye rien pour attendre ce traître de dieu ! Voilà comment il récompense le sacrifice de ses filles: le néant le plus total. Je retiens un sanglot, il faut que j'arrête de pleurer un peu ! Je dois me ressaisir ! Mais comment ? J'en ai fichtrement aucune idée. Il faut que je sorte d'ici, je suis en train d'imploser dans la colonie.

Je claque la porte de mon bungalow furieuse contre moi-même. Je ne sais pas quoi faire, je déambule dans la colonie, le regard hagard, sans aucun but, un spectre entouré de vivants qui n'ont que faire de moi. Je ne sais comment j'atterris sur la plage, l'air est plus fort sur la grève, on dirait que ces deux éléments sont liés par une force inconnue. Je laisse les vagues lécher mes pieds nus. La température de l'eau est glaciale, j'ai l'impression qu'on me plante des aiguilles sur les doigts de pied. Je grimace. Le vent fouette mon visage. Je ferme les yeux, la brise marine me requinque, je sens mes pouvoirs décupler. Comme si ma soeur venait me donner la force de changer, mais quoi ?

Je crois que j'ai besoin de quelqu'un.

S'il y a quelqu'un, qu'il vienne me voir et qu'il me laisse pleurer sur son épaule, qu'il me laisse hurler ma colère, qu'il comprenne mon désespoir, et qu'enfin, il redonne la force à aller de l'avant, que je puisse retrouver mon intégrité psychologique. Je ne supporte pas d'avoir perdu un autre être cher à mes yeux. Maman et Pandore, s'il vous plaît, donner moi la force de trouver ce quelqu'un !

Parce que notre amitié m'est aussi précieuse que ce château

Sora et Percy

Parce que notre amitié m'est aussi précieuse que ce château

Sora et Percy

- Bonjour, je suis Percy. Ça ne va pas ?

Je sursaute, je ne l'ai pas vu arriver. je me tourne vers lui et détourne un instant, gênée de le voir ... en maillot de bain ? Attends mais c'est qui ce gars ? L'eau doit être aux alentours de 10 degrés et il sort comme un prince " ouais le froid, c'est pour les tapettes !". Je cligne des yeux plusieurs, totalement surprise et reprends contenance au bout de quelques secondes. J'essuie mes larmes avec le revers de ma manche. Je dois avoir le nez qui coule, les yeux bouffis et un regard triste, à donner envie de se pendre.

"Je m'appelle Sora, bonjour. Je heu ..."

Je n'arrive pas à finir ma phrase, un nouveau sanglot monte dans ma gorge, je le retiens avec toutes les peines du monde. Je regarde le dénommé Percy avec mon regard le plus affligé qui soit.

"Je viens de perdre ma soeur, je heu ... enfin tu vois."

Là-dessus, je me remets à pleurer, le poids est trop lourd à porter sur mes épaules, je m'effondre dans les vagues, je suis trempée et j'en ai rien à faire. J'en ai rien à faire de ce que pense ce jeune homme trempé lui aussi qui ne souffre sans le moindre problème du froid, je veux juste me laisser mourir là, à cet instant tant la douleur me comprime la poitrine, j'ai envie de hurler mais à quoi ça sert ?

Je lève les yeux vers Percy qui semble pour le moins le plus désemparé possible, sûrement gêné de me voir pleurer. Je le regarde, il doit être plus grand que moi d'une bonne tête, il semble tout chétif, un regard plein de gentillesse pourtant. Pas le genre de personne à vouloir vous faire du mal. Je me méfie, après tout, les êtres maléfiques apparaissent sous des traits gentils. En fait je m'en fiche. Je me redresse péniblement, comme si c'était un acte le plus difficile qui soit.

Je regarde Percy, je suis couverte de sable et je suis mouillée. Je lève les bras et invoque un vent du Sud, le plus chaud possible. Le vent nous enveloppe, comme un gros manteau, il nous sèche tous les deux. Je le fais suffisamment fort pour que le sable qui m'enveloppe s'enlève. En a peine 10 secondes, nous sommes secs. Je le regarde et lui fait un pauvre sourire:

"Je suis la fille d'Eole, ravie de faire ta connaissance."

Je me rapproche de lui, il y a quelque chose dans son regard qui m'attire, un je ne sais quoi que j'aime déjà.

Parce que notre amitié m'est aussi précieuse que ce château

Sora et Percy

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Sora et Percy

- Je vais allez remettre mon t-shirt et je reviens.

Je hausse un sourcil, un peu surprise, c'est bien la première fois qu'un garçon me fuit de la sorte, le coup du pudique, c'est nouveau tiens. Je reste plantée là, comme un piquet, muette. Le vent tourne autour de moi, comme si il avait pris une sorte de conscience, en quelques secondes, je me retrouve ébouriffée. Ah ! Un esprit du vent, je cache mon agacement en souriant de plus bel.

"Tiens, excuse-moi, j'ai oublié de te faire une offrande, tiens ! Et merci pour ton aide !"

Je lui tends un carré d'ambroisie, tout en souriant. L'esprit du vent disparaît, enfin satisfait. J'oublie qu'à chaque fois que je veux utiliser un sort puissant, je suis obligée d'invoquer un esprit du vent. Il faut vraiment que je trouve quelqu'un qui puisse m'aider à développer à mes pouvoirs, je ne supporte pas invoquer des esprits qui servent mon père, personnage hautement détestable selon moi. Je plisse les yeux, croise les bras et prends mon menton avec ma main, une pose qui ressemble un peu au penseur. Je suis perdue dans mes pensées, j'en oublie complétement le monde autour de moi.

Je dois m'entraîner, je dois devenir plus forte, je veux pouvoir égaler Tyler ou même Neven, je ne supporte d'être à bout de force tandis qu'eux sont à peine échauffés. Je dois trouver quelqu'un qui peut m'aider à repousser mes limites. Je veux m'entraîner en secret, je veux épater tout le monde. Si seulement Pandore était là, elle pourrait peut-être m'aider, Ciel ! Que tu me manques sœurette ! Je ferme les yeux, laissant le vent matinal me bercer tandis que les vagues lèchent mes pieds, le froid ne m'atteint plus enfin, et c'est un délice que de ne plus avoir mal à cause du froid. J'ouvre enfin les yeux, chassant les souvenirs de ma sœur, je suppose que porter le deuil est mon fardeau, être heureuse doit m'être interdit. Mon regard se perd dans vers le large, comme mes pensées.

- Voilà, je suis de retour.
Je connais une technique pour lutter contre la tristesse. C’est une technique que m’a appris ma mère adoptive quand je suis arrivé chez eux.
Il s’agit simplement de faire un château de sable avec quelqu’un.

Je me retourne, j'avais oublié Percy, occupée à me morfondre sur mon cas, il faut vraiment que je me ressaisisse pour de bon. Je dois faire comme j'ai fait pour Maman, avancer, c'est difficile, je sais de quoi j'ai besoin.

Un ami.

Je regarde Percy et de sa proposition étrange, pourquoi pas essayer, et puis, il a l'air tellement sincère. Je le regarde avec un sourire doux. Je lui tends la main.

"Percy, ça m'a l'air d'être une proposition parfaite pour mon morale. Je te fais confiance !"

Je lui attrape la main, nous marchons quelques instants sur la plage, pour trouver l'endroit idéal. Quand nous nous arrêtons après quelques pas, je remarque que je lui tiens la main, je lui souris, gênée et retire ma main de la sienne. Je sens que je rougit. Je m'agenouille dans le sable et commence à creuser. Au bout d'un moment, je demande:

"Dis moi Percy, tu as un drôle d'accent, tu es étranger ? Parle moi un peu de toi."

Parce que notre amitié m'est aussi précieuse que ce château

Sora et Percy

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Sora et Percy

- Je viens de la France, j’habitais au bord d’une plage Vendéenne.

En France ? Genre de l'autre côté de l'Atlantique ? Cela me paraît si loin, surtout pour un demi-dieu, l'Europe n'est pas un endroit recommandé en raison des monstres qui semblent beaucoup plus puissant sur le vieux continent que dans le Nouveau-Monde, je suppose qu'ils sont plus résistants, plus coriaces à tuer, enfin, je n'ai pas très envie d'aller tester personnellement. Je me mets à sourire.

-Tu sais, je ne sais pas si ça se voit mais ma mère était japonaise, elle est née à Okinawa, là-bas, c'est l'été tout le temps, un jour, j'aimerais bien y aller, peut-être que j'ai encore de la famille là-bas.

Je me redresse sur mes genoux, je sais que ma mère est partie après une dispute avec ses parents, par rapport à un mariage arrangé, ma mère a refusé et a décidé ni plus ni moins que de mettre les voiles suffisamment loin du berceau familial pour qu'on lui fiche la paix. Il n'y a rien à dire, mais elle avait du cran. Je me demande si mes grands-parents, si ils sont encore en vie, voudraient d'une petite fille née de l'union d'un dieu et d'une mortelle. Je devrais essayer, quand la situation le pourra, je rentrerai d'abord à la maison en Floride, je suis sûre que la bâtisse cache encore quelques secrets de famille. Et après, je mettrai les voiles pour retourner au pays de mes ancêtres. J'en oublie presque Percy qui continue son monologue:

- Je suis parti à New York en décembre, j’étais en train de m’acheter un jeu et tout à coup toutes les personnes de la ville se sont endormies. Je suis allez me réfugier dans mon hôtel quand j’ai vu des ados, je pense que c’était des demi-dieux qui se battait contre une armée de monstre, j’ai voulu allez les aider, mais je n’avais pas d’arme…
Je me suis donc fais attaquer par un monstre et je me suis réveiller à l’hôpital, et la voix de mon père m’a dit de venir ici.

Je pince les lèvres, alors, il était là au moment de la bataille. Je le regarde, un peu froidement je crois, et rétorque:

"Tu n'aurais pas dû intervenir, tu aurais pu te faire tuer. Je suppose que ton parent divin t'a protégé. On t'a ramené ici et te voilà ! Remercie les dieux que tu aies survécu. Maintenant, tu vas pouvoir devenir un héros et servir les dieux."

Je crache cette dernière phrase, je commence à en avoir marre de n'être vu que comme un instrument, qu'on remplace dès qu'il est endommagé. Je voudrais qu'enfin, on me reconnaisse comme une héroïne, pas juste comme une sorte d’exécutante. J'essaie de me radoucir mais déjà mon regard se perd dans le sillon des vagues.

"Tu sais Percy, j'y étais à cette bataille, crois-moi, elle a fait beaucoup de dégâts. Tu as tellement de chance d'avoir survécu, tant de gens que je connaissais sont ... sont partis."

Je ne pleure plus, peut-être parce que j'ai déjà trop pleuré, j'ai connu tant de deuil que maintenant, voir quelqu'un mourir ne fait plus rien, je suis triste un peu, mais l'habitude a fait que je garde une certaine distance. La seule mort qui m'a bouleversée, c'est celle de Pandore, je suppose que le fait que ce soit ma sœur me touche plus.

"N'oublie pas que tu es en vie grâce à ces personnes. Fais honneur à leurs mémoires en restant en vie."  

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Sora et Percy

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Sora et Percy

- Et si nous continuons notre château ?

Je lui souris, il me paraît si naif à cet instant. Il ne se rend pas encore compte dans quel monde il vit: sinistre et tellement fataliste. Il me fait cet impression de petit garçon chétif qui croit encore à un monde beau et plein d'amour. Je pensais comme ça avant. Avant de voir mes amis mourir les uns après les autres, les voir agonisant sur le macadam, se vider dans leur sang, appelant à l'aide en vain, leurs rêves et leurs espoirs disparaître dans le néant le plus total. J'entends encore leurs cris qui résonnent dans mes oreilles. Je ferme les yeux un instant, une seule seconde, je me retrouve devant l'Empire State Building, en armure déchirée , mes épées ensanglantées dans mes mains, couverte de poussière, je retrouve cette vieille sensation que j'avais oublié: la peur, elle irradie mon être de tout son éclat.

J'ouvre les yeux vivement, je serre les poings violemment, je ne dois pas me laisser submerger par autant d'émotion aussi néfaste, quoique je fasse, je ne pourrais pas revenir en arrière, je ne pourrais juste que pleurer et porter un deuil éternel. Je le refuse, je ne veux plus laisser autant d'émotions néfastes m'envahir, je veux prendre le contrôle, je ne veux plus subir, je veux agir. Je regarde Percy qui continue à faire son pâté de sable, heureux comme tout. Je l'aide à mon tour, mettant les mains dans le sable, essayant d'oublier le monde moi aussi, être insouciante comme avant, je veux oublier.

Une fois le monticule construit, Percy me demande doucement:


" Comment allons-nous l’appeler ?"

"Hum pourquoi pas Friendship 's Cattle ? Il est très bien ce nom non ?"

Je me mets à rire doucement, c'est un nom assez mignon et très enfantin, c'est parfait, une nouvelle relation pure et pleine de bonne sentiment, c'est cette relation que je veux avec Percy. Je me lève, époussetant le sable sur mes jambes, je vais reprendre une douche moi, je suis vraiment pas belle à voir.

"Tu sais Percy, j'aimerais que ce château de sable ne puisse jamais s'effriter, qu'il soit éternel."

Je fais quelques pas, songeuse. Je me retourne vers Percy, tout à coup philosophe, ce que je ne suis pas souvent, je l'avoue

"Mais après tout, les choses ne sont-elles pas plus belles justement parce qu'elles ne sont pas éternelles ? Je me le demande."