Me voici donc installé à la colonie. Cela ne faisait que quelques jours, mais j’avais l’impression que mon arrivé remontait à ce matin. Je me sentais tout de même perdu, malgré que j’aie pensé trouver mes marques dans un nouveau camp militaire. C’était surtout un mix entre une colonie de vacances et un camp militaire. Mais voyant tous ces jeunes dans leur tenue moderne, leur langage bien à eux et toute cette nouvelle technologie, c’était comme se retrouvait sur une autre planète, comme John Carter. Et qu’elle fut ma surprise quand on me présenta les responsables des lieux, un dieu alcoolique et un centaure. Ce dernier était plus accueillant et m’aida rapidement à m’installer dans le bungalow approprié.

Remerciant Chiron, je restais la plupart de mon temps dans ma chambre. Je sortais quand il fallait manger ou se laver. Ainsi que pour m’entraîner. Mais après, je planifié dans ma chambre le reste de mon programme. Je ne comptais pas rester ma vie entière dans cette colonie. Je voulais sortir, voir à quoi ressemblait le monde à présent et peut-être… Retourner à Londres. Tous ceux que j’avais connus sont morts. Mais je voulais y retourner, pour m’aider à terminer ce chapitre et me concentrer sur le futur. Bon sang, il y avait tellement de choses à faire que je ne savais pas par où commencer.

J’étais en train de ranger mes affaires. Enfin, le peu que j’avais sur moi, il faudra que je pense à m’acheter de nouveaux trucs. Je cachais également mes armes, ce camp était essentiellement rempli de gamins, et je ne voulais pas que l’un d’eux tombe sur mon arme. Ils avaient déjà leurs épées et leurs lances pour se blesser, inutiles de leur donner ça en plus. C’est alors que je tombais sur une photo dans ma poche. Une des dernières photos de famille, sans Liz, mais où mon ancienne Fiancée Donna était présente. Je sentais remonter en moi une si lourde peine. J’avais l’impression de les avoir abandonnés.

Apollon - Christopher? Mon fils...

Je me suis immédiatement retourné, surpris par la personne qui venait de m’appeler. Je me retrouvais devant un jeune homme, à l’allure guerrière. Son physique pouvait le faire passer pour un mannequin qu’on verrait sur les pages de magazine. Mais qui était-il ? Un pensionnaire, non il avait dit mon fils et il dégageait une aura mystérieuse et ses yeux étaient aussi brillant qu’un… Non se pourrait-il ? Il s’approcha de moi et se mit à me carrosser le visage. Cela me mit mal à l’aise. Mais son contact doux et chaud me fit bien comprendre qui j’avais devant moi, il n’y avait plus aucun doute.

Apollon - Mon fils... Enfin... Enfin nous nous voyons face à face...

Je ne pouvais plus bouger. C’était comme si j’avais croisé la route de je ne sais plus quel monstre qui pouvait changer en pierre. Jamais je ne me serais attendu à voir cela. Mon père biologique se tenait devant moi, et il me souriait comme s’il était vraiment heureux de me voir. Dans des histoires larmoyantes, on verrait les deux membres de la famille s’enlacer et être heureux de se retrouver, mais moi non. Ce n’était que de la colère qui montait en moi. Sur son cas, je n’avais rien tranché pour le moment, savoir si je lui en voulais ou non. Mais là, je ne pouvais pas contrôler mes sentiments. J’étais en colère, contre lui, contre ce destin cruel, ce qu’il a fait à notre famille. Il vint s’asseoir sur mon lit, ne quittant pas son sourire, ni moi des yeux.

Apollon - Chris... Je suis là pour quelques jours. Tu peux en profiter pour... Me dire ce que tu as à me dire...

Inutile de préciser sur quel ton je lui avais parlé. Il avait ouvert la boîte de pandore et je comptais bien en profiter. J’étais un soldat, entraîné à suivre les ordres et avoir un comportement disciplinaire, mais je n’étais plus à l’armée et j’en avais suffisamment bavé pour excuser mon écart de conduite. Surtout devant lui. Je me mis à lui dire ceux que j’avais à lui dire, il ne manquait plus que de l’écume sortant de ma bouche. Comme un chien enragé.

Chris - Toi ?! Comment oses-tu venir me voir ? Après le mal que tu nous as fait ?!

J’étais peut-être fou de parler à un dieu comme ça. Mais de ceux que je savais d’eux, ils ne me donnaient pas envie de les prier, ni même de les aimer. Connus pour détruire la vie de ceux qui s’opposaient à eux, mais aussi à ceux qui leur étaient fidèles, je ne me gênais pas pour le recadrer. Je n’avais pas peur s’il se mettait en colère, me tuant sur le coup ou me punissant à jamais en enfer. Il s’amusait avec nos vies, il ne méritait aucun respect. Notre famille n’était qu’un jeu pour lui et j’étais convaincu que s’il était venu me voir, c’était pour poursuivre son amusement avec moi. Mais je ne comptais pas lui accorder ce plaisir. Hors de question que je lui pardonne et me mette à l’aimer comme si j’étais un aveugle.

Chris - Tu n'es jamais venu nous voir ! Tu nous as abandonner. En pleine guerre en plus. Tu as arraché notre soeur à nous avant de nous faire perdre toute notre famille ! Tu la détruite ! Alors ne t'attend pas à ceux que je me jete dans tes bras et t'embrasse en t'appelant Père ou Papa. Car cela n'arrivera jamais. J'ai déjà un père, un vrai. Il était bon, courageux et à tojours veillé sur nous, rin a voir avec toi. Il a mérité notre affection, alors n'essaye même pas.

Je me sentais bien mieux après avoir dit tout cela, mais toujours en colère contre Apollon. Je maintenais ceux que je venais de dire et sans regret. Et s’il n’était pas un dieu, du moins s’il n’était pas immortel, j’aurais ressortis mon flingue et l’aurais blessé comme lui nous as blesser. Peut-être que Liz ne me pardonnerait pas de suite, mais ce ne serait que justice. A présent j’attendais sa réponse qui risquait d’être explosive. Dans tous les cas, je ne reculerais pas en me mettant à genoux et implorant pardons, non je voulais lui faire comprendre son erreur.

Apollon resta assit sur mon lit, ne disant rien. Honnêtement, j’aurais aimé qu’il réagisse plus que ça. Qu’il se mette en colère, ou à demander pardon, ou n’importe quoi d’autre. Mais il n’était qu’un dieu de l’Olympe. Il n’avait que faire des mortels et de ses enfants qu’il abandonnait. Nous ne valions rien, nous mourrions comme les autres et sommes oubliés aussi rapidement. Je le voyais alors partir sans dire grand-chose et disparaitre. J’aimerais bien qu’il disparaisse justement, car je ne voulais rien avoir avec lui.

Apollon - Christopher. Excuse-moi de te le dire, mais je suis souvent venu vous voir. Mais je n'avais pas cette forme. Mon père... Ton grand père ne m'a pas laissé vous élever. Si j'avais pu, je l'aurais fait. Je l'ai déjà dit à ta sœur. Tu n'imagines pas à quel point je souffre de ne pas pouvoir vous voir tous grandir, à quel point je souffre quand l'un de vous meurt. C'est pour ça que j'ai sauvé ta soeur...

Il se moquait de moi là. Bien entendu, ce n’était pas de sa faute, mais celle du grand père. Cela me mit davantage en colère. Il n’avait pas le courage d’admettre sa responsabilité. Il n’a rien fait pour contester cette décision, encore moins venir nous voir. Enfin, il disait le contraire, mais je ne le croyais pas. Sinon je l’aurais su, ma mère ne me l’aurait pas caché, ou elle m’aurait dit cela à l’âge de raison. A moins qu’il ne se soit déguisé en chat et nous a surveillé de loin. Et les seuls moments où il venait à notre rencontre, ce serait pour demander nourriture et amour. Non, je n’allais pas croire cela aussi facilement. Je n’étais pas idiot à ce point. Il se mit à souffler, comme si c’était lui qui était fatigué de cette situation, alors qu’il en était le responsable.

Apollon - Christopher. Je ne veux pas remplacer celui qui t'a élevé, mais... J'aimerai que nous créions des liens. Je veux apprendre à te connaitre et je veux que tu apprennes à me connaitre. Je ne t'obliges pas à m'aimer, mais... ta soeur m'a parlé et elle a tenu les mêmes propos que toi. Tu es devenu un beau jeune homme... Je suis fier de toi Chris...

Je ne pouvais que donner raison à ma sœur. Nous étions dans notre droit. Et il désirait vraiment que nous créions des liens ? Seulement maintenant ? Trop facile. Je ne voulais pas faire abstraction de tous ceux qui s’était passé jusque-là et lui tendre mes bras. Lien du sang ou non, il n’avait rien fait pour moi. Et il n’avait que sa parole pour prouver le contraire.

Chris - Tu veux des liens ? Un peu tard non ? Il aurait fallu le faire des dizaines d'années plutôt.

Apollon ne sembla pas m’écouter sur cette réplique. Tout sourire aux lèvres, il lança l’idée qu’il venait d’avoir. Il le faisait comme si c’était l’idée du siècle qui allait tout arrangé, mais j’en doutais fort.

Apollon - Chris, je vais t'offrir un animal de compagnie. ça te va? Dis moi lequel tu veux, ça ne t'engage à rien du tout, je veux juste que tu aies un ami...

Mais il était sérieux ?! Il voulait rattraper le coup en m’offrant une bestiole ? Ça c’était la stratégie des pères absents. Ceux qui n’étaient jamais là pour leurs gosses et qui ne voulaient pas leur accordé de l’amour et du temps. A la place c’était un cadeau et basta. Pour qui il me prenait ? Cela ne fit que renforçait la rage qui m’habitait. Je me mis même à donner un violent coup de pied dans le mur en rugissant. Il ne se souciait que de sa conscience, il voulait avoir l’esprit tranquille en m’accordant une faveur. Il n’en avait rien à faire de moi et que j’ai un ami.

Chris - Un animal ? Tu crois vraiment rattraper ces années d'abandon en m'offrant un stupide cadeau ? Tu me décois. Je n'ai que faire d'un animal. Je ne veux rien de toi ! A part la vie, tu ne nous offre que des malheurs. Quand j'ai faillis me faire tuer par des monstres, ou des demi-dieux... Où étais-tu ? Nulle part ! Je ne dois ma survie qu'à ma soeur et à mes frères.

Je fis plusieurs pas au tour de ma chambre, pour à la fois me calmer, mais aussi pour trouver quoi d’autres à dire. Jusque-là, je me retenais dans mes propos, mais la présence du dieu de la lumière m’héritait de plus en plus. La barrière avait comme céder en moi et je me sentais libre de lui cracher une remarque des plus cinglante pour toucher son cœur, s’il en avait vraiment un. Je le fis avec un demi-sourire :

Chris - Tu dis te soucié de nous, mais je ne le crois pas. Tu passes ton temps à faire des gosses avec des mortelles tout le temps. Et à chaque fois tu les abandonnes à une vie dangereuse. Si tu nous aimais vraiment, tu nous épargnerais cela.

C’est alors que le souvenir de demi-dieux rebelles qui voulaient détruire leur parent divin me revenait en mémoire. Je ressentis l’envie de les rejoindre, juste pour faire souffrir Apollon. Lui faire payer tout le mal qu’il faisait au monde. Je ne savais pas comment, mais c’était comme si cette colère noire me dévorait petit à petit et m’offrait une sensation presque douce. Je ne savais pas si cela était une bonne chose ou non, du moins sur le coup.