Jusqu'à maintenant, tout allait bien, ou presque. La Résistance tournait rond avec Cyril qui gérait l'affaire avec brio, malgré son bras mort, et Aldric avait fini par se reposer complètement sur son bras droit. Au final, même s'il était dans l'ombre, et que personne, à part Cyril, ne savait à quoi il ressemblait, cela ne le dérangeait nullement.

C'était sans compter le karma qui, un beau jour, décida de s'acharner sur lui ; toutes les compagnies d'assurance auxquelles il avait souscrit le contactèrent pour lui signifier qu'à cause d'un bug informatique, il avait été radié des listes et n'était donc plus couvert jusqu'à résolution du problème, ce qui risquait de prendre pas mal de temps, et d'autres lui firent des offres qu'il ne pouvait que refuser tellement elles étaient ridicules. Déjà qu'il n'avait pas l'administration de base, là il avait une raison de plus de la détester... Pire que tout, un jour faudrait vraiment pouvoir changer le système de fond en comble.

Quelques semaines plus tard, le téléphone d'Aldric sonna ; un numéro qu'il ne reconnaissait pas... Méfiant, il décrocha et une voix masculine lui lança :

Monsieur Leavary ? Oui ici Monsieur Grayson de l'entreprise Grayson Incorporation. Je vous appel en tant qu'assureur. En effet nous avons été prévenue comme vous n'êtes plus couvert par aucunes assurances et nous sommes prêt à vous avoir parmi nous.

Holà, songea Aldric en fronçant les sourcils alors que Grayson lui faisait la publicité des offres d'assurance qui pourraient lui correspondre. C'était trop beau pour être vrai, autant il savait que les compagnies d'assurance étaient capables de tout pour se récupérer les clients des unes des autres, autant là c'était vraiment pas honnête... Mais en même temps, avait-il le choix ? Pas tellement, s'il n'était pas couvert par une quelconque assurance il risquait d'avoir des soucis. Et les offres de Grayson n'étaient pas si terribles, pour être honnête.

Quand Grayson eut fini, il reprit :

Alors Monsieur Leavary, seriez-vous intéressé par notre entreprise ? Si l'offre vous tente nous pouvons convenir d'un entretien à mon bureau sous peu. Cela ne vous engage en rien.

Hé bien... Ce peut être intéressant, effectivement. Même si je suis curieux de savoir comment vous avez pu savoir que je n'avais plus d'assurance, répliqua Aldric. Quand seriez-vous disponible pour que nous en discutions ?

Grayson éclata de rire au téléphone avant de répondre :

Nous le savons de la même façon que les autres assurances ont su aussi, je suis certain de ne pas être le premier à vous appeler tout de même si ? Nous sommes dans un monde où les infos circulent vite, surtout dans notre milieu ahaha ! Enfin bref ! Eh bien disons demain ? J'ai quelques créneaux, si l'un d'eux vous convient, partons là dessus.

Ils convinrent d'un rendez-vous pour le lendemain 15h, et Aldric raccrocha avant de se pincer l'arête du nez avec agacement. Bon sang qu'il n'aimait pas que les gens le prennent pour un abruti ou le regardent de haut ! Le fils d'Hermès avait sa fierté, tout de même.

Les deux semaines qui suivirent se passèrent sans encombre pour Aldric, qui resta à la Résistance. Moins il sortait, moins il se mettait en danger, et moins il aurait à user d'assurances. Quelque chose lui inspirait moyennement confiance dans la relation qu'il avait forgée avec Grayson, mais quoi... Mystère et boule de gomme.

Mais bon, passer sa vie dans le nouveau QG de la Résistance, pour l'instant ce n'était pas à l'ordre du jour, alors au bout de deux semaines Aldric ressentit l'envie de prendre l'air pour un moment. Et pour une fois que le soleil était au rendez-vous, autant en profiter. Il prit donc sa voiture et se rendit à New York pour se promener tranquillement et laisser le soleil caresser sa peau.

Alors qu'il marchait tranquillement dans la rue, il fut bousculé par quelqu'un dont la voix qui s'excusa lui parut familière :

Excusez moi monsi... Monsieur Leavary ?

Pas de problème, monsieur Grayson, répondit Aldric avec un sourire.

Ça par hasard ! Je venais justement de transférer votre contrat à l'un de mes employés ce matin même ! Sacré coïncidence ! Comment allez-vous ?

Ma foi, il fait beau, j'en profite, donc ça va. Et vous ?, demanda le fils d'Hermès en remettant les mains dans les poches. Hé bien, puisque vous êtes là, autant faire un bout de chemin ensemble. J'allais jusqu'à Central Park, j'aime bien cet endroit, ça me détend, ça vous tente ?

Il reprit sa marche tranquillement vers Central Park, dans un premier temps sans se préoccuper de savoir si Grayson le suivait ou non ; là, ce qui lui importait, c'était de profiter de l'instant présent, oubliant presque la Résistance. La vie, il n'y avait rien de mieux pour se détendre et penser à autre chose qu'aux tracas du quotidien...

Ils discutèrent tout le long de la promenade, de tout et de rien, mais aussi de Grayson qui semblait être connu dans la ville. Mais comme Aldric ne sortait que très peu, il n'était pas forcément au fait de tout, notamment de la notoriété de son assureur. Et dans le fond, il s'en fichait un peu, il fallait bien l'avouer.

A un moment, ils arrivèrent dans un endroit de Central Park où il n'y avait pas beaucoup de passage, l'endroit rêvé pour méditer sur la vie et l'avenir en général, et Aldric ne broncha pas lorsque Grayson fit une pause pour refaire ses lacets. Il était tellement loin de se douter de ce qui allait se passer...

Quand Grayson se releva, il se mit à sourire, ce qui mit la puce à l'oreille d'Aldric. Pourquoi il souriait comme ça, maintenant ? Ce fut quand la lame traversa sa gorge qu'il ne comprit que trop tard qu'il s'était fait manipuler depuis le début. Mais quel idiot... Alors qu'il titubait, il fut rattrapé par Grayson qui l'allongea sur le sol avant de le fixer dans les yeux et lui dire en levant sa lame au-dessus de son cœur :

Aldric Leavary, fils d'Hermès et dirigeant de la résistance. Tu as voué les derniers instants à ta vie à une cause que tu jugeais noble: éliminer les dieux. Malheureusement cela t'aura coûté la vie. Sache seulement que ce n'est pas un simple mortel qui aura eu raison de toi, mais un traqueur aguerrit. Tu n'es pas le seul demi dieu à mourir de ma main, et tu ne seras pas le dernier. Sache que c'est Zeus en personne qui a commandité ton assassina, soit fier d'avoir paru dangereux aux yeux des dieux au point de faire peur au roi des dieux lui-même. Ton combat continuera après ta mort soit en certain, et la résistance feront de toi un martyre: tu leur donnera la rage nécessaire pour aller jusqu'au bout et conquérir l'Olympe. Ils s'en sortiront, ils en sont capable. A présent trouve le repos dans la mort, puisse-tu trouver la paix à laquelle tu aspire.

Aldric n'eut pas le temps de répliquer quoi que ce soit. La dernière image qui lui resterait par-delà la mort serait la main de Grayson qui lui fermait les yeux après avoir enfoncé sa lame dans la poitrine du fils d'Hermès. Et sa dernière pensée fut de vouer Grayson aux Gémonies, avant de sombrer dans le sommeil éternel qui serait sien désormais.