Une mission sanglante pour une rencontre inattendue

Rencontre avec la fille de Poséidon

Je marchai à travers les longs couloirs du Palais du royaume des Enfers à la recherche de la salle du trône. Je connaissais par cœur cet endroit l’ayant parcouru à mainte reprise pour des affaires sanglantes et sans pitié. Au fil des années, j’avais acquis un certain sang-froid, tuant des personnes sans regret et n’ayant en tête que l’objectif donné. Je n’avais pas peur de ces âmes meurtries pouvant me tourmenter, j’étais assez forte et entourée de magie pour faire fuir n’importe quel homme raisonnable. Malheureusement, je prenais des formes humaines innocentes et ne faisant apparaître aucune forme de méfiance et de danger potentiel. Mes responsabilités me demandaient aucune forme de pitié et me faisant même oublier mes propres valeurs de la justice. Mais je ne pouvais désobéir, j’étais pied et poing lié à ce monde obscur et m’en défaire serait annoncée ma mort prochaine. Puis, j’aimais beaucoup trop ma vie divine pour l’abandonner pour des choses telles la culpabilité et l’honneur.  Mes pas résonnaient sur la marbre noir du couloir alors que je bifurquais à gauche pour être nez à nez à une salle riche et sentant la mort. A ma grande déception, le maître des lieux était absent et j’avais en face de moi l’un de ses chiens. Il s’avança, me fit une fine courbette avec un sourire charismatique. Cet homme faisait bonne allure et essayait d’avoir mes bonnes grâces. J’émis un simple hochement de tête attendant patiemment les instructions. Il toussota un peu, fit apparaître une tablette et toucha l’écran avec l’un de ses doigts. Je fus surprise d’entendre à travers cet objet technologique la voix du dieu. « Chère Hécate, je m’excuse d’avance de n’être pas là pour t’accueillir dans mon humble demeure. Mais je n’ai pas le temps de prendre le thé en ta compagnie, j’ai une mission pour toi. Je veux un bain de sang à ces traîtres, je veux qu’il hurle et qu’il n’oublie pas qui contrôle ce business. Ah… N’oublie pas de veiller à les placer dans la partie des enfers que je préfère. Bonne chasse ! » Je fixai silencieusement l’écran, pensif et me préparant mentalement à être des plus cruelles. L’homme recula d’un pas et dit simplement. « Ils se sont rassemblés dans cette boîte de nuit… Il me montra l’établissement à l’aide de son gadget. A cette heure-ci, elle sera ouverte et blindée de monde mais je vous fais confiance sur l’usage de la brume. Ah, j’allais oublier, ils sont en leur possession d’un demi-dieu et d’un monstre, n’ayez aucune pitié, ils sont tous des traîtres. » J’eus envie de poser une question comme pourquoi ? Mais, cela aurait été déplacé et le meilleur moyen d’avoir des réponses était de plonger dans l’esprit de ses vauriens. Une identité à prendre, j’avais une idée, pourquoi pas leur nouveau jouet ?

Je ne pris pas le temps de saluer ce pion que je m’étais déjà téléportée à deux ruelles de l’établissement. Je pris ma forme humaine habituelle, celle qui ressemblait plus à la déesse que j’étais et je m’habillais d’une façon très provocatrice en l’accentuant avec un maquillage prononcé. Je me sentais assez cruche comme ça mais il semble que la mode actuelle était de ressembler à une garce. Sur mes hauts talons, je m’approchai du videur de la boîte et lui fis mon plus beau sourire. Sans un mot, il ouvrit le cordon et me laissa entrer comme une personne importante. Le bruit, les odeurs et l’obscurité m’entourèrent et me laissèrent sur mes lèvres un petit dégoût. Seule la nuit éveillait une certaine passion en moi surtout que la lune était absente. Hadès avait bien choisi sa nuit pour faire appel à moi, il savait que j’adorais chasser à la nouvelle lune car mes pouvoirs étaient des plus conséquents. Un halo blanc m’entourait me faisant presque disparaître de la vue des autres mortels. Ainsi, j’étais invisible et libre de mes mouvements, je passais tel un spectre dans cette foule fonçant droit vers la porte menant dans le carré V.I.P. Je dispersais ce halo tout autour de la grande salle pour réduire les futurs hurlements de mes victimes. Puis, je me présentais devant l’homme faisant office de gardien de ce carré et sans plus attendre, il me fit entrer. J’humai l’air et la senteur particulière du sang-mêlé me donna l’identité de son parent divin. Je ne fus pas du tout étonné dans son sang coulait la tromperie, la déception, la perfidie et cela correspondait bien à son rôle de traître. J’avançai d’un pas assuré et ayant dans ma main une épée courte en forme de croissant de lune. Le demi-dieu serra des dents en m’apercevant et il s’avança vers moi. Je ne lui laissai pas le temps que je fus déjà derrière lui avec mon arme sous sa gorge. « Alors je croise l’un des fils d’Apaté… Ton rôle correspond parfaitement à ton sang et bientôt, il coulera telle la fontaine de jouvence sur ce sol. Es-tu prêt à vivre tes derniers instants, sang-mêlé ? » Ma voix était plus voluptueuse laissant échapper un peu de mon pouvoir et de ma domination. Ce petit être fragile entre mes doigts tremblait de peur et je mis à ricaner d’une façon malsaine. Mon esprit rentra en contact avec le sien et je piochais les informations m’intéressant. « Ta passion pour cette jolie femme t’a rendu totalement fou… Tu as essayé de t’infiltrer dans les enfers et t’empoissonner Cerbère pour récupérer l’âme de cette mortelle. Tu n’as pas de chance, j’ai eu ordre de te tuer et tu n’auras pas la chance d’être dans le même monde qu’elle… » J’allais poursuivre son histoire mais je sentis une queue de serpent m’entourait à la taille. Une Echidna en guise de monstre faisait siffler ses serpents sur sa tête. Je me mis à rire en faisant trembler la terre sous mes pieds. « Tu crois réussir à tuer une divinité, tu es bien plus bête que je le pensais, cher Artos. » Un sourire sadique s’afficha sur mes lèvres alors qu’une masse de serpent envahissait la pièce. C’était mon animal non le sien ! Les hommes de ce sang-mêlé se mirent à hurler sous les multiples morsures des serpents et d’un coup adroit, je tranchais la tête de ce monstre. Son corps se décomposa en une fine poussière arborant le sol. Les pas du demi-dieu m’alertèrent car il essayait de fuir. Alors qu’il était sorti du carré V.I.P, je réapparus devant lui et ma main plongea dans son torse et fermement, je lui arrachais son cœur dans un dernier soupir de sa part. Son expression était déformé par la peur alors qu’entre mes mains reposaient son cœur. Le corps s’effondra par terre sans alerter aucun mortel qui continuait de se dandiner sur la piste. Mais alors que je lançais un sort pour envoyer l’âme à l’endroit voulu, je fus des plus surprises. Mon sourire s’évanouissait sous le regard horrifié de la sang-mêlée. Je la connaissais et sous le choc de sa présence, je restais telle une statuette avec toujours l’organe de ma victime entre mes doigts ensanglantés de sang.

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Mon visage restait figer en fixant la jeune sang-mêlé et je ne repris mes esprits seulement lorsqu’elle commença à fuir. Mon expression à ce moment était une belle grimace et une pensée. *Reprends-toi, tu as un travail à finir*. Je me mordis la lèvre inférieure laissant échapper un léger filet de sang divin et je remis à sa place le cœur de ma victime. Dans ma main, je fis apparaître un couteau tranchant et une poussière. En quelques secondes, un dessin particulier entourait le cadavre alors que je me coupais ma paume en murmurant dans une langue très ancienne. Chaque mot de ma bouche provoquait de légères secousses et toute la pièce fut plonger dans une obscurité malsaine. Une furie apparut devant moi en s’inclinant légèrement vers moi et emportant le corps à sa destination. Seulement, au moment où celle-ci disparut, je me sentis étrange et ma vision devint petit à petit floue. La force se vida en moi et je me tenais au sol à l’aide des bras. J’entendis un rire qui hantait mes pensées et la salle entière. Mon corps fut secoué de spasme avant que je m’écrase de tout mon être sur le sol sanglant de la discothèque. J’avais été trompée, j’avais été sotte et j’allais le regretter.

Un être prit place au-dessus de moi et me souleva d’une force invisible en serrant fortement le cou. Mes yeux virent une horreur et celle-ci continua de ricaner. « On ne tue pas ainsi mes fils et cela tu vas le regretter chère déesse ! Vois-tu, j’ai une idée qui germe en moi et je sais comment te faire du mal ? Ton rituel m’a plutôt bien aidé car ton sang m’a permis de prendre contrôle de ton corps… » Sa voix était sifflante et calme alors que ma patience prenait fin et qu’une rage naissait en moi. « Tu ne sais pas ce que tu fais ! Je te conseille de vite me rendre mon corps et de partir. » Son rire continua de résonner dans mes oreilles et je ne pus même pas me mettre mes mains sur mes oreilles pour atténuer ce bruit horrible. Je n’avais plus aucun contrôle, seul mon esprit semblait être là. Elle continua de parler. « Ah oui ? Je crois que tu n’es pas en position de me menacer… Tu sembles énerver, aurais-tu oublié de quoi je suis capable ? Allez, je vais t’expliquer ce que je vais faire de toi car je ne peux te contrôler indéfiniment à ma plus grande déception… Je serai si puissante en t’ayant comme marionnette mais passons… Tu vois dehors, cette jeune femme qui te fuit et bien, je te la donne comme cible et tu ne peux refuser car je te contrôle… Ta mission t’échappe ! » J’aurais voulu serrer les poings et lui en mettre une. Mais j’étais un pantin entre ses mains et il me restait que mes grands discours pour faire tourner la roue. « Tu veux t’en prendre à une fille de Poséidon, mais tu as perdu la tête. Je ne peux te laisser faire, je ne peux assister à ça ! Je vais me battre et crois-moi que quand je retrouverai mon corps, tu vas passer un très mauvais quart d’heure ! » Elle s’approcha de moi, me chuchota simplement à l’oreille. « Tu ne comprends pas, je ne serai pas liée à cette histoire donc tu seras coupable du crime de cette jeune fille… Et tu n’auras personne pour te croire car ta réputation à l’Olympe n’est plus aussi brillante depuis que tu es avec le fils du dieu des Enfers… Ils penseront qu’il t’a mis des idées en tête. Mais je n’ai pas envie de discuter davantage avec toi donc au travail ! »

A ces mots, mon corps se mit en marche et il se rapprochait de plus en plus de Lucianna. J’aurais aimé être foudroyée par Zeus à ce moment ou même écraser par un géant. Je n’aimais pas ce qui se passait à ce moment et j’éprouvais une haine grandissante à l’égard de cette misérable déesse. Pourtant, j’essayais de ralentir la cadence mais cela n’influençait rien à mon allure et encore moins au rire de cette folle. Je l’entendais dans mes pensées et elle semblait de plus en plus réjouie de la situation. La silhouette de la jeune sang-mêlé apparut avec à ses côtés son griffon. Son animal voyait ce qu’il se passait car elle n’aurait jamais été aussi repoussante en ma présence. La voix de Lucianna me refroidit même si elle ne savait pas ce qui se passait, elle avait peur de moi. J’avais honte car cette petite, je l’avais aidée et je l’aidais toujours. Voir son visage déformé par la peur me faisait frissonner même si je ne pouvais vraiment le faire. « Hé...Hécate ? » Ma main s’emparait déjà mon épée courte et il fallait que je réagisse. Je me concentrais fermement sur la poignée de l’arme et je vis que ma paume s’ouvrit laissant tomber l’épée par terre. C’était le moment, c’était le moment. « Lucianna… Je suis désolée de ce qui va se passer mais tu dois te battre… N’hésite pas à me blesser et vise le cœur ! Je ne serai pas une personne facile à toucher… Mais je subis mes actes et une déesse a pris contrôle de mon corps… Je ne mourrai pas mais on peut affaiblir une divinité et cette faiblesse pourrait t’être profitable… Luci... » Ma bouche se ferme sans que je ne veuille et le rire d’Apaté résonna dans la ruelle. Je pouvais sentir sa présence non loin de la scène et je pus distinguer sur son visage un sourire et un clin d’œil. Elle me provoquait… Alors que je m’énervais comme une idiote, je fus invisible et je marchais silencieusement derrière la jeune sang-mêlé. Ma lame étincela et elle se préparait à lacérer son bras.

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J’étais prisonnière et cela me rendait malade. Je ne pouvais supporter une seconde de plus contrôler par ce démon, je devais résister, je devais me battre mais comment ? Son sort était marqué par mon sang et peu de chose peut annuler de telle magie. Pourtant, j’étais une experte en la matière mais la solution semblait s’écarter au fils des secondes. J’étais telle une enfant apeurée regardant avec tristesse cette scène où je plantais ma lame maudite dans le bras de la demi-déesse. C’était inacceptable, jamais j’aurais fait une telle chose ! Surtout à Lucianna, j’étais sensée protéger et à cet instant, j’étais responsable de cette violence. Que les dieux aient pitié de moi… A ces mots, je fus plongée dans l’obscurité avant d’apercevoir un lieu qui m’était familier. J’étais au centre attaché par des chaînes en or et hurlant à l’aide. En face de moi, un monstre se dressait en face de moi et avait une main posée sur mon cœur et mon âme. Il voyait tout ce que je ressentais et tout ce que j’avais pu vivre. Il ricanait en me fixant de ses yeux de flamme. A ce regard d’effroi, je cessais tout d’un coup de crier et je fus muette. Il approcha ses lèvres de mon oreille pour y chuchoter. « Ton esprit est des plus intéressants, je crois que je ne vais pas lever ma punition… Puis, de toute façon, personne ne te viendra en aide, jeune titan » J’essayais de me débattre mais à chacun de mes semblants de mouvement, je sentais des dents de fer m’empêchant de mouvoir comme je l’aurais souhaité. Mon visage était déformé par la terreur. Sa main enserra mon cou et il y mit beaucoup de force. Je ne pus plus respirer et mon teint devint d’une couleur blafarde. Seulement, à ce moment, je repris possession de mon corps et j’hurlai dans une langue étrangère. « L’esprit nous appartient, seul la mort nous l’enlève et personne ne peut le contrôler. Ô homme qui semble me contrôler, sais-tu que l’esprit ne te répond pas et ne t’écoutera jamais. Je suis maître de mon corps et de mon esprit et à ce titre, tu recevras une énorme déception. » Mes yeux s’illuminèrent d’un halo blanc et il entoura petit à petit chaque parcelle de mon corps. Puis, il provoqua une énorme onde de choc, me déliant de mes liens et me permettant de respirer à nouveau. Mais avant que je pus faire me moindre pas, mon corps s’effondra sur le marbre noir et je perdis tout simplement connaissance.

Mes yeux se rouvrirent de nouveau, du moins mon esprit reprit sa place habituelle et je visualisais la jeune sang-mêlé dans sa bulle d’eau. Son sang ne coulait plus, elle semblait guérie et prête à m’assainir un coup adroit dans mon cœur. Seulement, lorsqu’elle se mit à appeler Tyler, je fus des plus confuses, la regardant moi-même d’un air mauvais. Que se passait-il entre eux deux ? Devais-je avoir peur et la voir comme une menace ? Cette pensée appela ma marionnettiste et sa voix des plus énervantes hanta mon esprit. « Serait-ce de la jalousie ? Tu sembles avoir un but similaire, n’est-ce pas ? Il est si facile de jouer avec toi… » Je ne devais l’écouter, je devais rester dans l’objectif d’aider Lucianna et non de rentrer dans son jeu. Je venais de lui donner un bout de mon esprit et elle s’amusait à me monter contre sa cible. Que devais-je faire ? Si seulement je n’avais pas été si idiote ou si seulement Tyler avait été là. Il aurait pu me calmer et empêcher qu’elle ne me contrôle car il n’y a rien de plus puissant que l’amour. Or, j’étais seule face à ce problème et si celui-ci tournait mal, je pouvais dire adieu à ma vie de déesse et aller faire un tour au Tartare en compagnie de mes frères titans. La voix de Lucianna me sortit quelque peu de mes pensées et malgré sa crainte, elle semblait reprendre du courage. «Hécate !? Arrête je t’en supplie. Elle fit une pause et reprit de plus belle. Alors la Déesse de la Magie n’est pas capable de résister à un sort ? N’est-ce pas elle qui les lance ? » Sa dernière phrase me fit à la fois sourire et m’énerva en même temps. Mais elle avait raison… Le seul moyen était-il de m’infliger une blessure mortelle ? Les mots ne seraient pas assez forts pour déjouer une fourberie d’Apaté, je le savais et il ne me restait que cette option. Bien sûr, si j’aurais été maître de mon corps, j’aurais pu la réduire en cendre mais la magie n’est pas que l’esprit sans un corps, il n’est qu’une fine particule alors que le corps permet la communication avec cette force illimité. Je forçais mon esprit à reconnecter mon corps pendant un instant. Je sentais une faille et j’allais en profiter. Une seconde, je n’avais qu’une seconde devant moi. Je disparus et réapparus prenant pendant ce court instant le bras de Lucianna et pointa la lame vers mon cœur. Je soutenais son regard et d’une voix féroce. « Transperce-moi ! Tu n’auras pas meilleure occasion ! » La voix de la déesse éclata dans la ruelle et elle apparut juste à côté de moi. « Cette gamine n’arrêtera pas ma vengeance. J’aurais bien voulu ta mort Hécate mais tu es immortelle donc c’est la fille ! » Je n’eus pas le temps de lui foutre un poing dans la tête de la déesse. Je fus surprise et ma main enserra le cou de Lucianna. J’implorais de mon regard de faire ce qu’elle avait à faire tout en chuchotant. « Dès que je serai remise de ma blessure, on fera une chasse à Apaté ! »

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Ma main continuait de serrer la gorge de cette jeune fille alors que je n’aurais jamais osé lever la main sur elle. La vie était injuste et je sentais quelque chose qui allait mal tourner. Seul mon esprit restait dans ce chaos et ma perception était bien différente que celle habituelle. Je distinguais parfaitement chaque once de magie, chaque once de puissance mais aussi les esprits des autres et celle de cette jeune sang-mêlé. Elle hésitait alors qu’il ne fallait pas hésiter et viser seulement mon cœur. La magie utilisée était un lien de sang, une magie puissante et qui était très difficile à rompre. Bien sûr, j’aurais été libre de mes mouvements, j’aurais pu m’en défaire sans aucun problème mais j’étais emprisonnée dans mon esprit et pouvant seulement admirer le spectacle. Je me sentais si inutile et si faible que j’avais honte de moi. Comment ai-je pu me faire avoir ? Comment cette vermine a pu avoir un aussi bon timing ? Je me le demandais. Me surveillait-elle ? Avait-elle déjà tout prévu à l’avance ? Je ne savais pas mais elle avait un but et pas seulement la vengeance. J’ai tué bon nombre de sang-mêlé pour Hadès et je n’avais jamais eu encore de telle réaction de la part du parent divin.  Malheureusement, j’avais tué le mauvais sang-mêlé et j’étais actuellement dans de beaux draps. J’aurais aimé à ce moment avoir un autre dieu à mes côtés car il aurait su renverser la balance. Cette jeune sang-mêlé n’avait pas de maîtrise de la magie et donc je devais en quelque sorte me sacrifier. J’appréhendais la douleur malgré que je la connaisse. Cette sensation de mourir et de revenir était si étrange qu’à l’époque, j’en avais été quelque peu traumatisé par l’expérience. L’immortalité a beaucoup d’aspect vicieux telle la souffrance mais aussi le fait d’être vulnérable sans l’être. Je fixai de mes yeux bleus Lucianna sentant toujours contre ma poitrine la froideur de la lame maudite et parsemé de diamant noir. Seulement, la voix d’Apaté dans mes pensées me perturba. *Tu préfères souffrir le martyre que de tuer cette sang-mêlé ? Tu as bien changé Hécate, je te connaissais plus avide de violence. En tout cas, même si tu as tué l’un de mes fils, tu n’es pas si bête que ça, ta connaissance en magie te fait l’éloge. Dommage, je me serai bien amusée davantage*. Je me mis à rire fort et comparable à une folle tout en lui répondant *Tu as bien joué mais bientôt tout cela sera finie car je vais te poursuivre et je veillerai à te choisir la meilleure des cellules au Tartare. Profite de tes dernières années car tu vas connaître le désespoir et la souffrance*.

A ces mots, je sentis une douleur atroce parcourir chacun de mes tissus. Je mis une main devant ma bouche et une autre devant la blessure. Je me mis à tousser du sang et je sentais mon corps s’échappait de moi. La force fut nulle et je perdis l’équilibre en embrassant de plein fouet le sol. Cette impression de se vider de son sang était affreuse et encore plus celle de ne plus pouvoir respirer à cause de l’accumulation du sang dans les poumons. Je m’étouffais de mon propre sang et ma vision se déclinait petit à petit. Des tâches rouges et noires emplissaient la nuit étoilée. Je pouvais entendre une sorte d’onde me réduisant petit à petit les bruits environnants. Mon aura s’affaiblissait aussi redevenant un instant une simple mortelle. Je me mis à hurler mais je savais que mes bruits étaient presque inaudibles à cause du sang m’empêchant de sortir le moindre mot. Puis, cette sensation de se détacher petit à petit de son propre corps et de voyager à la vitesse de la lumière dans un royaume de non-retour. Je connaissais parfaitement ces murs mais surtout cette porte et cette personne la gardant. Je ne sus son expression mais il me barra fermement la route et j’eus un chemin retour. Au moment de rouvrir les yeux, je savais que mon corps avait stabilisé la blessure sans pour autant la guérir. Je n’avais plus la force de mouvoir ma main pour en sentir les conséquences. Pourtant, tout autour de moi, ma magie m’entourait dans une bulle protectrice, entourant moi et la jeune sang-mêlé. Une larme coula le long de mon visage tout en continuant de sentir cette douleur palpable dans tout mon corps. J’avais l’impression qu’on m’ouvrait de l’intérieur et qu’on en jetait les parties importantes genre le corps, les poumons, l’estomac et plein d’autre organe. La seule bonne nouvelle était que mon esprit était toujours intact. Combien de temps se passerait-il entre cette blessure et ma remise en forme ? Normalement, pas tant de jours mais seul le destin avait réponse à ce genre de question. Mon regard se concentra avec difficulté sur la forme de la demi-déesse. J’ouvris avec difficulté ma mâchoire et je me mis à articuler des phrases dans un chuchotement. « Ne t’inquiète pas… Je vais… Assez bien si on oublie cette douleur… Mais n’oublie pas qu’un lien de sang sans magie se défait seulement par une mort. Je me mis à tousser bruyamment avant de reprendre. Prends dans ma poche un papier épais et donne-le moi… Merci de m’avoir défait de ce lien, ton coup était précis. » J’aurais voulu émettre un petit ricanement mais j’étais trop faible et le simple fait de parler était un combat contre mon corps. Je crois que les dieux comprendront que j’ai besoin d’un peu de vacances… Enfin, j’espère.

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Ma main caressa le papier épais sentant le flux de puissance entre mes doigts. C’était ma seule porte de sortie avant que des divinités mal attentionnés me capturent ou tentent quoi que ce soit de stupide. J’étais faible et par conséquence très manipulable. C’était une situation que je détestais par-dessus tout mais je n’avais pas eu le choix. Je luttais pour ne pas m’endormir, je luttais pour ne pas hurler et je luttais pour ne pas perdre le contrôle de mon corps. A chaque pulsion de mon cœur, la moitié du contenu se vidait à l’intérieur de mon abdomen, je perdais beaucoup trop de sang et même si la mort ne pouvait m’emporter, mon corps aurait des faiblesses pendant un moment. Mes yeux visualisaient avec difficulté Lucianna, je la sentais attristée mais surtout en plein panique. Je comprenais ce qu’elle ressentait et si j’avais pu, je l’aurais prise dans mes bras pour la calmer. Malheureusement, j’étais impuissante et je n’avais pas la force de lever mon bras. Une goutte de sang rentra en contact avec le papier et celui-ci se mit à luire d’une lueur verte. C’était le signe que le message avait été reçu et il ne faudrait que quelques minutes avant que ma horde vienne me chercher. L’utilité de ce papier était pour ce genre de situation et je ne regrettais d’avoir fait ce sceau. Je sentis les mains de la jeune femme sur ma blessure, je fis un léger gémissement à cause de la douleur mais son contact ne dura que quelques secondes. La voix de la sang-mêlé m’inquiéta et ces mots davantage. « Hécate… tu… tu es… blessée... Hécate ! Tu… tu m’avais dit… que… que tu guérirais… pourquoi…. Pourquoi tu ne guéris pas ? » Alors ainsi, mon corps ne faisait rien contre une telle blessure. C’était impossible, mon sang divin avait des facultés de régénérations comme toutes les divinités. Je ne comprenais pas. Avais-je oublié quelque chose dans ce lien de sang ? Avait-il amoindris ma régénération ? Je ne savais pas et cela me semblait farfelu. Mais dans tous les cas, ce n’était pas normal et il faudrait que je trouve très rapidement une solution.  Or, dans ma réflexion, j’entendis un corps s’effondrer et frémir. C’était Lucianna, je sentais son aura vibré et cela était signe de crise de panique. Je devais me relever, je devais faire quelque chose car je ne pouvais la laisser dans un tel état. Je serrai les dents tout en relevant mon buste et en échappant un cri de douleur. Son corps était proche du mien et avec détermination, je posai l’une de mes mains ensanglantées sur son épaule. J’usais un peu de mon pouvoir pour essayer d’apaiser la sang-mêlé mais si ma réserve était presque vide. Même la nuit paraissait plus sombre et je ne percevais que des tâches de couleurs.

Je me sentais misérable telle une mortelle ayant reçu un coup mortel. Même si la fin était différente si j’étais une mortelle, je me sentais aussi faible qu’eux. Je respirais un grand coup avant d’articuler quelques mots à l’encontre de Lucianna. « Ce…Ce n’est pas le moment de perdre ton contrôle… Je n’ai pas réponse à tes questions mais… Mais ne culpabilises pas… Tu n’y es pour rien, tu as juste fait ce qu’il fallait et en soi, il n’y a eu aucun mort. Je fis une pause en toussotant encore avant de poursuivre. Mes empuses vont venir me chercher… Pendant ces prochains jours, tu seras seule Lucianna, je ne pourrais te protéger… Je t’enverrai un message quand je serai en forme… Pour le moment, seul le destin décidera de ma guérison. » Des hurlements de chien se faisaient entendre à l’horizon et je sus que c’était mes chiens. Une brume entoura petit à petit la ruelle et mon propre corps. Puis, à travers ce filet de poussière, je pus discerner les traits de mes servantes et derrière elle, ceux de ma horde de chiens infernaux. L’une de mes servantes courut en ma direction et elle émit un cri de surprise. « Maîtresse… Mais… Mais vous êtes très gravement blessée, si j’aurai su, je vous aurai accompagné. » J’aurais aimé faire un sourire rassurant mais je n’en avais pas la force et je fixai Délia tout en murmurant. « L’immortalité est utile en ces temps… Vous autre, assurez-vous que la jeune sang-mêlé aille bien et toi là, envoie un message à Hadès lui annonçant la gravité de la situation. Je me mis une main devant la bouche pour m’essuyer un filet de sang avant de baisser la tête et d’adresser mes mots à ma servante. Nous avons un léger problème… Mon corps semble ne pas guérir de lui-même, j’espère avoir quelque chose dans mes livres mentionnant cet état. » Le visage de Délia s’assombrit un moment avant d’hocher la tête et d’attendre mes instructions. Je tournais légèrement la tête pour observer Lucianna et je faillis oublier l’essentiel. Tyler ? Je me demandais comment il allait réagir… Il devait être au courant mais pas par rapport à la déesse. Je ne voulais pas créer une vendetta mais je lui dirais la vérité un jour, je l’espère. Je pris une voix assez inquiète en parlant à l’attention de la sang-mêlé. « Puis-je compter sur toi pour avertir Tyler avant que son père le fasse ? Mais promets-moi de garder cette histoire pour toi et d’inventer une histoire où il n’est pas question de déesse. Je me vengerai lorsque je serai en état… Tu pourras te joindre à moi quand le temps sera venu… » Je regardais en sa direction, attendant une approbation de sa part avant de m’envoler vers les enfers et d’être recluse pendant un long moment. Bientôt, même l’Olympe sera au courant de mon état.

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En remarquant l’air étonné de Lucianna, je me souvins n’avoir jamais fait mention de ma relation avec Tyler. J’avais pris l’habitude que la rumeur à ce sujet avait fait le tour de l’Olympe et que par de fines oreilles, la colonie aussi. Cette rumeur m’avait coûtée beaucoup de moquerie de la part de mes frères mais surtout de l’incompréhension total. Je n’avais jamais goûtée au fruit de l’amour et du jour au lendemain, je le fus. Enfin de compte, cette blessure m’arrangeait car je ne supportais plus leurs sourires hypocrites et l’épée qui tournait autour de ma tête. Je risquais ma place au près des trois grands, les deux par simple mécontentement et l’autre car c’était son fils et donc sa possession. Malgré ces multiples tensions, je ne regrettais en rien mes sentiments car j’étais si bien au côté de Tyler que j’en oubliais vite ce que j’étais réellement : une déesse ayant des responsabilités. Je fis une légère grimace en sentant une substance sur ma blessure et en relevant les yeux, l’une de mes empuses appliquait une sorte de cataplasme à l’odeur infecte. Les traits qu’avait pris mon visage, furent pour ma servante un moyen de faire un bond en arrière et de s’excuser de vive voix. Elles n’avaient pas le droit à l’erreur car si elles me perdaient, elles perdaient aussi leur privilège dont l’immortalité. Alors que j’allais grogner à son encontre, la douce voix de Lucianna m’arrêta dans mon impulsivité et je l’écoutais attentivement malgré le bourdonnement dans les oreilles et la douleur à en couper le souffle.

« Si tu veux. Maintenant je ne vois pas vraiment l'intérêt de prévenir Petit Diable de ton état...enfin Tyler. C'est pareil. Elle prit une profonde inspiration avant de reprendre son discours. Ah...suis-je bête. Tu dois être la Déesse avec qui il sort ? Je suppose. Ou alors je viens de faire une gaffe. Elle eut un rire stressant signe de sa panique. Je ne pense pas être apte à prendre une décision la tout de suite maintenant. Rappelle le moi plus tard. »

Je la fixai de mes grands yeux bleus tout en ayant une légère déception en moi. J’avais besoin d’elle pour que Tyler ne soit pas pris d’une envie de vengeance. Je ne voulais aucun autre bain de sang, pas pour le moment et je savais comment tirer cette histoire au clair tout en punissant cette déesse. Je sentis la panique reprendre le dessus sur la sang-mêlé. Puis, je la vis se relever d’un coup et se rapprocher de moi en évitant soigneusement mes empuses. J’eus un léger sourire si on peut dire car mes lèvres bougent de façon très aléatoire.

«Hécate, ne me laisse pas seule. Elle...elle peut revenir ! »

J’aurais voulu la prendre dans mes bras, mais le simple fait de mouvoir mon petit doigt me demandait un effort surhumain. J’étais faible et je devais au plus vite me rendre dans les enfers où je serais en sécurité car n’importe quelle divinité pouvait m’enlever et me faire faire des choses abominables. Être déesse de la magie pouvait vous donner une certaine valeur aux yeux des divinités. Je toussotais pendant quelques secondes avant de commencer à parler et à avoir une voix rocailleuse.

« Tyler est mon petit-copain mais je suis aussi obligée d’insister. Je ne te demande pas de prendre une quelconque décision, juste de ne pas faire mention de divinité lors de l’accident. Tu peux simplement raconter que j’ai eu la malchance de tomber sur un sang-mêlé déterminé à me blesser… Enfin je ne sais pas. Je fis une pause et ma empuse m’essuya le coin de mes lèvres. Lucianna… Tu n’as rien à craindre, la déesse est aussi dans un piteux état et actuellement, elle est en train de se régénérer alors ne perds pas une seconde et retourne à la colonie. L’une de mes empuses t’accompagnera jusqu’à l’arche de la colonie pour qu’aucun monstre ne tente quoique ce soit. Quoiqu’il en soit, je vais m’en aller et j’espère te revoir bientôt… Bien sûr, on évitera que cela se finisse avec une lame déchirant mon cœur. Que le destin te sourît jeune sang-mêlé, pour l’heure, je ne pourrais jeter les dés à ta place. »

L’une de mes empuses me prit simplement dans ses bras et me déposa avec délicatesse sur le dos d’un des chiens infernaux. Mais en ces heures sombres, je sentais que quelque chose avait changé en moi et que j’en serais bientôt la vérité.