Mais que faisait donc Minnie ? Rien. A question idiote, réponse idiote. N’importe qui, connaissant un minimum la chef du Bungalow de Morphée, saurait exactement quoi répondre à cette question. Plus exactement, ce n’était pas « rien ». Non, elle faisait quelque chose : elle faisait en sorte, de ne faire rien. Ce qui reviendrait à ne rien faire me direz-vous, mais pour pouvoir ne rien faire, il faut pouvoir ne rien faire. Eh oui, il y a une différence entre pouvoir faire, et faire tout court !
Vous avez 4h.

Reprenons notre sérieux en resituant la position de Minnie. Elle était encore dans son bungalow, à préparer ses affaires. Elle était normalement censée avoir un entrainement physique avec le très sportif Warren, qui était aussi dirigeant par intérim le temps que Dionysos finissait de se faire chauffer les fesses par El Padre divin – Zeus pour les intimes. Ou « mon éclair au chocolat ». Minnie doutait fortement que Zeus apprécierait qu’on le surnomme ainsi, et se nota dans un coin de la tête que si elle souhaitait survivre au moins jusqu’à avoir un enfant – beurk – mieux valait ne pas surnommer Zeus « mon éclair au chocolat ». Mais comme il était coutume chez la jeune femme, il y avait fort à parier qu’elle allait oublier cette note, et que si par malheur elle se retrouvait face à Zeus, son espérance de vie diminuerait drastiquement.
Espérons que cette possibilité n’arrive jamais.
Ou alors il faut que quelqu’un la camisole et la bâillonne. Ça peut fonctionner.

Donc ! Minnie préparait quelques affaires… mais pas pour son entrainement physique. Bien que l’idée de se retrouver toute transpirante à échanger quelques coups – de rein – avec Warren n’était pas forcément déplaisante, la douleur en revanche, l’était beaucoup plus. Donc, Minnie passait lar-ge-ment son tour. Elle n’était pas dépourvue de ressource question combat, néanmoins bien qu’il lui manquait de l’endurance et de l’expérience, elle préférait se reposer sur les ressources qu’elle avait déjà pour se sortir de mauvais pas. Ce qui signifie : sécher les cours d’entrainement – au cas où tu ne l’aurais pas compris, cher lecteur.
C’est donc au lac, ou du moins proche du lac, que Minnie décida de sécher les cours. Le bungalow était beaucoup trop visible et évident si jamais Warren décidait d’aller la chercher – car ce n’était pas la première fois qu’elle faisait acte d’absence (un dérivé de « l’acte de présence »). En effet elle avait repéré, proche de la berge, quelques arbres disparates, dont deux qui avaient poussé à une distance parfaite ! … Pour un hamac.
Oui, Minnie est allée au lac et a mis en place son hamac, au calme, sans pression, avec un peu de sable sous elle pour que si jamais le hamac décide de lâcher pour des raisons obscures – comme son propre poids dont elle ne fera pas l’étalage – elle ne risquait pas d’avoir trop mal. Peut-être un peu car elle a le coccyx sensible, mais sinon ce sera moins dur que du béton, c’était certain.
Alors ! Minnie s’installa confortablement dans son hamac. Elle avait même apporté un coussin et un plaid pour ne pas avoir trop froid. Certes les températures n’étaient pas aussi froides qu’en dehors du camp des sangs mêlés, mais il faut savoir que Minnie était naturellement frileuse, et que la recette pour un bon dodo était un petit balancement léger (grâce au hamac) et un environnement douillet (grâce au plaid). Sinon elle était habillée d’un pantalon ample en tissu fin resserré à la cheville, couleur « vert armé camouflage », et un débardeur blanc. Elle avait aussi apporté un petit calepin et un crayon de papier gomme inclus, pour pouvoir dessiner. Plus exactement, elle dessinait une représentation chimérique des rêves qu’elle avait vu, que ce soit les siens, ou ceux des autres. Il était d’ailleurs plus probable que ce soit ceux des autres que les siens, étant donnés que quand elle dormait, son pouvoir devenir incontrôlable, et le plus souvent les rêves qu’elle faisait n’étaient en fait que les rêves des autres dont elle a été témoin par inadvertance. C’était assez énervant pour elle, puisqu’elle avait cette manie de quasiment toujours se souvenir de ses rêves, tandis que le commun des mortels ne se souvenait que du quart de leur rêve. Comme elle les enviait.

Et puis Minnie s’endormit. Son dessin inachevé donnait approximativement un monstre à 4 bras, une bouche rempli de dents aiguisés et un regard fou, mais le bas du corps sombra dans le sommeil de Minnie, qui, comme à sa mauvaise et inconsciente habitude, s’infiltra dans le rêve d’une naïade.