Tout allait de travers dans ma vie. Que ce soit Meg, qui enchaînait les conquêtes étranges, mon job, qui me semblait de plus en plus obsolète, mon appartement, ou je peinais à me plaire, et j’en passais. Dans un monde parfait, je serais en couple avec la fille de mes rêves, on pourrait se trouver un appart dans un meilleur coin et vivre heureuses. Mais on ne vit pas dans ce monde parfait, non? C’est dans ce climat que l’envie de revenir aux sources m’a prise. Sans maison et sans famille, ce qui s’en rapprochait le plus pour moi était toujours le camp des sans-mêlés. J’y avait passé une grande partie de ma vie ou j’avais appris à être moi-même, à contrôler mes pouvoirs et à les intégrer à ma vie.

Ce matin, j’avais donc pris mes affaires dans le but d’aller passer quelques temps à la colonie. J’avais envoyer un texto à Meg pour l’en avertir et l’informer aussi que je lui laissais Tilleul pendant ce temps. Comme elle avait elle aussi des chats, je savais qu’elle saurait en prendre soin sans se casser la tête et qu’elle saurait le nourrir comme il faut. Tant qu’elle ne déléguait pas la tâche à une de ses multiples conquêtes tout irait bien pour Tilleul. Empaquetant de vêtements pour trois jours, je lançais le sac dans le vieux camion de mon père, que j’avais gardé à sa mort. Il roulait très bien et ne posait jamais aucun problème, bien qu’il ait un look vieillot.

Je pris mon temps pour me rendre. Bien que le camps soit proche, j’avais envie de prendre le temps qu’il fallait pour arrêter dîner ailleurs et arriver en début d’après-midi. Lorsque je finis par arriver sur les lieux, ce fut pour découvrir un camp transformé. Me tenant loin des sang-mêlés et prise par ma petite vie, je n’ai pas sut pour l’attaque. Je n’ai pas su pour les morts et les blessés. Je n’ai RIEN su. Je n’ai pas fait attention à ceux que je considérais comme était ma dernière famille. Ce fut quelqu’un que j’accrochais au passage qui m’annonça tout cela. Je me dégoûtais. J’aurais du être plus attentive à ce qui se passait au camp et à mes camarades. Je secouais la tête, découragée par moi-même. Dépassant l’entrée du camp, je tentais de trouver quelqu’un qui pourrait m’aider. Je voulais savoir ce que je pouvais pour aider. Je me doutais que depuis le temps, il ne devait sans doute plus rester bien des blessés, mais peut-être pourrais-je aider avec les stocks de l’infirmerie, en préparant des remèdes pour les futurs blessés ou je ne sais encore quoi d’autre. Apperçevant quelqu’un, je le hélais :

- Hey! Dit moi, est-ce que tu pourrais m’aider s’il te plait?

☾ anesidora

- Hey! Dit moi, est-ce que tu pourrais m’aider s’il te plait?

Le jeune que je venais de héler soupira lentement, se retournant. Il avait les bras chargés. Du coup, je lui proposait un coup de main pour transporter ses trucs tout en le questionnant. C’est alors que j’appris l’attaque de la colonie, quelques temps plus tôt, par les résistants… je savais que quelque chose d’anormal s’était produit, ma correspondance avec certains de mes anciens amis s’étant interrompue, mais je ne voulais pas voir. Je ne voulais pas savoir. Après tout, j’avais cotoyé, au courant des derniers temps, plusieurs résistants ou plusieurs personnes à tendance résistante… Et si je me rendais compte de ce qui s’était passé ici, je devais aussi me rendre compte de qui étaient mes fréquentations, et de leurs actes. J’ai entendu de la bouche du jeune homme avec qui je marchais les atrocités commises, le nombre de morts, le nombre de blessés, le nombre de kidnappés. Bref, il me raconta tout ce qui était arrive depuis mon dernier passage ici. Autant cela sembla lui faire du bien, autant cela enfonca le clou dans ma poitrine de plus en plus profondément. Après un moment et quelques voyages de materiel, je laissais le jeune homme retourner à ses occupations. Perdue dans mes pensées, je me dirigeait sans m’en rendre compte vers l’infirmerie.

Ce ne fut qu’une fois arrivée devant le bâtiment que je me rendis compte de l’endroit vers lequel mes pas m’avaient dirigée. Quand j’étais encore à la colonie, je travaillais ici. Cela me fit chaud au coeur, pendant un instant, de me dire que je n’avais pas délaisser mon rêver et que j’étais maintenant devenue une vraie infirmière. Entrant dans le bâtiment, je me dirigeais vers quelqu’un qui semblait y être infirmière. Lui posant quelques questions, je me rendis compte que les stocks d’herbes étaient bas et, faute de pouvoir aider mieux, étant visible plusieurs semaines en retard pour aider aux soins, je lui proposais d’aller en forêt cueillir des plantes. Si, sur le coup, elle me conseilla de faire attention, je lui rappellais que j’étais, moi aussi, une demi-déesse étant passée au camp et que je pouvais fort bien me défendre seule. Bien que cela soit un peu faux, après tout, je n’avais jamais été une lumière en combats… je devrais sans doute travailler sur cela.

Panier en main, je quittais la colonie vers la forêt. Je me souvenais ou trouver quelques plantes utiles aux alentours et, pour les autres, j’irais en ville en chercher plus tard. J’avais entendu parler d’une très bonne herboriste dans une boutique wiccane de New-York. Elle aurait sans doute ce qui me manquerait! Posant mon panier au sol, je commençais à cueillir, réfléchissant à mes options et à ce que je voulais faire… à ce qui me correspondrait le plus. Voulais-je rester les bras croisés et apprendre la mort d’autres de mes amis dans ces circonstances semblables dans le future, ou voulais-je m’impliquer et les sauver?

☾ anesidora