Elle esquissa un sourire en coin, visiblement aussi amusée que lui. Apparemment, son numéro de mentalisme n’avait pas fonctionné. Le serveur vint les interrompre et Angel commanda sa pizza alors que Lyanna lui avec un regard taquin :

- Et dis-moi, tu as trouvé ça comment ? Tu sais, c'est très mal de fouiller dans les affaires des autres ou d'enquêter sur eux.

Angel sourit plus largement. Etrangement, il avait très envie de quitter ce restaurant pour retourner dans le lit. Il fit une moue faussement boudeuse, toujours les yeux rieurs. Néanmoins, dans sa vie assez mouvementée, enquêter sur les autres était primordial pour rester en vie. S’il ne l’avait pas encore fait pour elle, c’est uniquement parce qu’il ne voulait pas trouver quelque chose qui gâcherait l’illusion qu’il s’était construite autour de sa belle mortelle.

- Alors oui. Je suis professeure. Mais c'est d'un ennui mortel. Alors dis-moi plutôt ce que toi tu fais.

D’un ennui mortel ? Angel pouvait le comprendre. Après tout, enseigner à une bande d’étudiants ne lui avait jamais dit. Mais bon, si Lyanna avait choisi ce métier, il y avait bien une raison. Un autre mystère qui alla entourer sa belle.

- Je suis psychiatre, sourit-il.

Le serveur amena les plats et Angel entreprit de découper sa pizza alors que la jeune femme mangeait ses pâtes.

- Et tu fais quoi de ton temps libre pour égayer ta vie ennuyeuse de professeure ?

Il la regarda les yeux taquins.

- A part passer à mon appartement bien sûr… Ce qui n’est d’ailleurs pas pour me déplaire.

Il avait cette étrange sensation qu’une grosse ombre planait sur leur relation. Après tout, Angel ne comptait pas lui dire qu’il était en fait le fils du dieu des Enfers et qu’il passait tout son temps à gérer une organisation terroriste. Les filles avaient beau aimer les mauvais garçons, il n’était pas sûr de la revoir après ça. Néanmoins, il lui restait cette impression qu’elle aussi cachait bien plus qu’elle n’en avait l’air.

Angel était un excellent observateur. Ou du moins, dans sa grande immodestie, il se plaisait à le penser. Or, il nota avec curiosité que sa question déstabilisa la belle demoiselle qui lui tenait compagnie. Attentif, il la regarda boire de l’eau avec avidité. Qu’avait-il demandé de si dérangeant ?

— Pas grand-chose tu sais... J'aime bien me balader, faire un peu de sport, parcourir New York mais très franchement, je préfèrerais avant tout pouvoir courir au milieu des collines écossaises. Ça, c'est vraiment agréable.

En un mot : décevant. Angel choisissait les personnes de son entourage avec soin. Chacune à sa manière avait une petite étincelle dans les yeux qui lui faisaient penser qu’elle était particulière. Et s’il avait choisi Lyanna pour sa mortalité, il était tout de même forcer d’admettre sa déception face à une réponse aussi bateau. Se balader, faire du sport… Aucune originalité. Et le demi-dieu était d’une mauvaise foi surprenante. Il se refusait à penser qu’il s’était trompé. La belle mortelle ne voulait pas lui confier tous ses petits secrets. Et bien tant mieux, ce serait trop facile.

— Je dois tout de même avouer que passer chez toi est presque aussi agréable qu'être en Ecosse... On devrait peut-être y retourner d'ailleurs...

Angel sourit et soudain, sa pizza lui donna moins envie. Il avait plutôt hâte de rentrer pour continuer ce qu’ils avaient commencé. Mais il n’oubliait son objectif du repas. S’assurer qu’elle n’était pas une dangereuse espionne résistante, ce qui serait très fâcheux.

— N’ayant jamais été en Ecosse, je n’ai pas vraiment le pouvoir de comparer mais… Si c’est encore mieux que lorsqu’on est chez moi, je ne peux qu’imaginer la beauté du paysage. J’ai toujours eu envie de visiter le Loch Ness. Et un patient m’a dit que le château d’Edimbourg est époustouflant.

Il lui prit la main avec un sourire.

—  Dis-moi, qu’est-ce qui t’amène aussi loin de chez toi ?

Il voulait réorienter la conversation vers un sujet qui lui permettrait d’être fixé et de pouvoir à l’avenir profiter pleinement de sa relation avec Lyanna sans avoir sans cesse l’ombre de la paranoïa planer sur eux.