Revelations & Pain

Un mois. Cela faisait un mois que tout ceci était arrivé. Depuis, aucun contact, certes cette mission pour capturer Ether. Rien de plus. Un mois de silence radio, et Pandore savait que ça continuerait comme ça pour un bon bout de temps, ils avaient besoin de temps pour se pardonner, et pour comprendre que ça ne marcherait jamais, qu'ils étaient bien trop nocifs l'un à l'autre, que la douleur de la séparation n'était rien comparée à celle qu'ils ressentaient lorsqu'ils étaient ensemble. La demi-déesse chassa cela de son esprit : elle avait un problème plus grave. Quelque chose clochait, et elle avait besoin d'en avoir le coeur net. C'était donc la boule au ventre qu'elle était allée en pharmacie acheter ce dont elle avait besoin. L'aveugle était ensuite retournée au QG, le plus rapidement possible, pour essayer de se débarrasser de ce mauvais pressentiment. Un retard... cela pouvait bien tout simplement être un retard. Elle prit une profonde inspiration et toqua à la porte d'Alice. Il était tard dans l'après-midi, mais pas assez pour qu'Alice soit déjà partie au nightclub dans lequel elle travaillait. Elle devait être encore dans sa chambre avec un peu de chances. Cette dernière lui ouvrit et l'odeur du parfum de sa meilleure amie lui emplit ses narines. Elle s'écria un "pandy" à la fois heureux et interrogateur et la prit dans ses bras. Pandore se laissa aller contre Alice puis rentra dans l'appartement, guidée par la fille d'Hadès qui la fit assoir sur un fauteuil :

" - Eh bien ma belle Pandy, qu'est ce qui t'amène ?"

Elle lui sourit mais refusa le verre d'alcool que son amie lui proposait. Pandore n'était pas gênée, mais elle ne savait pas comment amener le sujet sur la table. Elle ne pouvait pas voir, il était donc impossible pour elle de lire, et personne sur terre n'avait sa confiance au point qu'elle lui demande une chose pareille. Ce n'était pas un boulot d'homme, Jason n'aurait pas pu l'aider. Il n'y avait qu'Alice. Oui Alice serait la première à savoir si le problème devenait une réalité, et la première à la soutenir, Pandore n'avait aucun doute là dessus.

" - J'ai besoin que tu me rendes un service. Elle avait dit cela d'une voix très sérieuse, qui avait dû piquer la curiosité d'Alice. Par contre je dois d'abords utiliser tes toilettes."

La Résistante savait où c'était. Après tout, il était symétrique à celui de Matthew dans lequel elle avait vécu pendant des semaines. Pandore ressortit quelques instants plus tard et tendit à Alice son test de grossesse :

" - Ôtes moi d'un affreux doute. Dis moi que ça ne fait pas un mois."

Le visage de Pandore était crispé, son corps tendu pour éviter de trembler des pieds à la tête. C'était une des rares fois de sa vie où Pandore se sentait réellement mal, à la fois dans le stress et le noir le plus total, à tout point de vue. t le fait qu'elle ne contrôle pas la situation l'affectait d'autant plus... Alice n'avait pas intérêt à jouer avec ses nerfs.

Ice

Revelation & Pain

Pandore était dans un état de stress qu'elle n'avait jamais connu. De la réponse d'Alice pouvait découler toute sa vie. Elle élimina rapidement certains hommes de son esprit jusqu'à n'en trouver que deux. Car maintenant elle ne se demandait même pas si oui ou non elle était enceinte, mais plutôt de qui. La boule au ventre elle attendait la réponse d'Alice, qui allait déterminer qui de Matthew ou de Morigan était réellement le père de son enfant. Dans les deux cas la jeune femme en souffrirait énormément. Comment faire face à Matthew si c'était lui ? Et comment accepter de porter l'enfant d'un ennemi, si c'était le fils de Léthé ? Elle serra naturellement les poings. Et Alice mit fin à son supplice sans plus attendre :

" - Si tu me dis "affreux" doute c'est que tu n'en veux pas, j'ai donc le regret de t'annoncer que t'es enceinte d'un mois mon coeur !"

Pandore sentit son monde s'écrouler, comme si on venait de lui marteler le crâne avec une massure jusqu'à ce qu'elle tombe inconsciente. Ainsi elle portait l'enfant de Matthew. Elle posa la main sur son ventre et se laissa aller contre l'épaule d'Alice, et si elle avait pu pleurer, elle aurait versé toutes les larmes de son corps. Elle avait tant de douleur à laisser s'échapper. Ses bras entourèrent le corps d'Alice et elle la serra fort dans ses bras de peur de se retrouver seule. S'il ne l'avait pas abandonné, s'il ne lui avait pas tourné le dos, cette annonce aurait pu être la chose la plus heureuse de sa vie, mais maintenant elle savait qu'elle devrait affronter Matthew une nouvelle fois, et même être liée à lui pour toujours. Car elle ne comptait pas tuer son enfant, elle comptait l'éduquer comme Alice avait éduqué Kelly, et si elle savait que son amie s'en était bien sortie, seule, elle était persuadée que Matthew voudrait s'occuper de leur enfant. Et c'était peut-être cela qui lui faisait le plus de mal. De devoir côtoyer l'homme de sa vie toutes les semaines, sans pouvoir être avec lui, mais en devant prétendre être assez détachée... comment pouvait-elle se détacher de lui s'il devait être omniprésent dans sa vie ? Si son enfant à chaque instant le lui rappelait ?

Puis la jeune femme se rendit compte qu'elle était d'un égoïsme sans nom. Elle ne pensait qu'à elle, et même pas à la petite vie qui grandissait dans son ventre. Cet enfant, allait avoir besoin de son père, et Pandore sentit déjà qu'elle sacrifierait tout, son propre bonheur y compris, pour qu'il soit heureux. Alors oui ce serait difficile, mais jamais elle ne tuerait un enfant, jamais elle ne tuerait son enfant. Et peut-être qu'au fond d'elle, une petite voix lui murmurait que cela pourrait s'arranger, avec le temps, entre elle et Matthew.

" - Eh... eh... t'en fais pas, je serais toujours là moi ! Et si t'en veux pas t'as pleins de moyen, mais crois moi: c'est génial d'avoir un bébé !"

Pandore fut soulagée par les mots d'Alice et le poids de son coeur s'allégea. Elle laissa glisser sa main le long du bras d'Alice pour lui prendre les mains afin de rester accrochée à elle, qui semblait être sa seule bouée de sauvetage pour le moment. Être enceinte, cela lui faisait peur à vrai dire. Elle avait peur de ne plus rien pouvoir faire pendant encore huit mois, de se retrouver vulnérable, de tout perdre son pouvoir, de mal faire les choses... Qu'adviendrait-il d'elle alors ? Elle n'avait pas prévu d'avoir un enfant dès maintenant. Elle n'avait même pas de relation stable, et à vrai dire elle n'avait jamais pensé à avoir un enfant. Pandore avait toujours considéré que c'était comme le mariage : pas trop pour elle. Mais le destin venait de lui tomber dessus. Cela ne lui était jamais arrivé, elle prenait toujours ses précautions pour ne pas avoir de soucis, mais là... Là elle ne l'avait pas fait. Trop choquée peut-être pour réagir après l'abandon de Matthew.

" - Alice je... qu'est ce que je vais dire à Matthew ?"

Elle était totalement paniquée, trop de questions se posaient dans sa tête, trop de possibilités pouvait advenir. Elle se laissa tomber sur un fauteuil, complètement chamboulée par tout ce qui lui tombait dessus, incapable de tenir une réflexion cohérente.

Ice

Revelation & Pain

Alice caressa doucement les cheveux de Pandore qui essayait de conserver son calme. Céder à la panique et au doute était probablement la chose qui s'offrait à elle de la façon la plus simple, mais la fille de Zeus sentait qu'elle ne devait pas se laisser aller à cette facilité. Mais Pandore était fatiguée, fatiguée de se battre contre toute chose, contre tout les êtres de ce monde. Chaque jour de sa vie n'était que combat, et cela en devenait pesant. La seule chose dont elle ne doutait pas c'était de son combat contre les dieux, de sa haine perpétuelle envers son père. Non cela elle en était renforcée chaque jour. Mais l'amour, l'amitié, tout cela, peut-être que ce n'était finalement que des sentiments qu'elle devait chasser, dont elle devait se séparer pour ne pas en pâtir. Cela signifierait fermer son coeur, tout quitter, redevenir froide, revenir en arrière sur tous les efforts qu'elle avait fait. Le point de non retour. Elle sentait qu'elle en était là avec elle-même. Après la mort de son premier amour elle avait pensé refermer son coeur à jamais, et puis Matthew était arrivé, il lui avait donné l'espoir qu'on pouvait aimer, petit à petit elle s'était laissée glisser à nouveau dans ce sentiment amoureux, mais le piège s'était refermé sur elle alors qu'elle s'était pleinement engouffrée dedans. Et maintenant que faire ? Rejeter toute personne qui lui donnait un peu d'amour ?

" - Chuuuttt... T'inquiète pas, on trouvera. Si il est bien le père il faudra que tu lui dise c'est certain. Mais tu sais, si tu ne veux plus de Matt mais quand même du bébé, tu peux le garder, et Matt verra l'enfant quand il le veut mais séparément de toi, si c'est ce que tu veux."

Non. Il ne fallait pas tout rejeter, pas tout mettre dans le même sac. Alice avait son amitié et elle lui prouvait une nouvelle fois qu'elle en était digne, elle qui l'avait toujours compris, ne l'avait jamais abandonnée, ni fait du mal... Pandore sentit Alice se détacher un peu d'elle et la jeune femme sourit tristement. Bien sur que c'était Matthew, elle n'avait pas besoin d'un quelconque test pour le savoir. Bizarrement elle avait mis du temps à digérer qu'il soit parti, au point d'en être venue à être dégoûtée des relations pour un temps. Alors elle avait quelques semaines abandonné ses pratiques, qui n'auraient pu que lui rappeler à quel point son absence se faisait ressentir. Et puis il y avait eu Morigan. Lui avait tout relancé de cela. Il lui avait montré qu'elle valait mieux que de dépérir après le départ de Matthew, qu'elle était tout autant désirable et qu'elle restait la puissante fille de Zeus qui avait son destin en main. En fin de compte Morigan lui avait redonné goût à la vie.

Pandore ne savait pas comment tout cela allait se passer. Peut-être que Matthew n'en voudrait pas de cet enfant après tout... Mais elle en doutait. A voir la douleur qu'il avait eu à la mort de sa fille, alors même qu'il ne la connaissait pas, elle savait qu'il ne perdrait pas la chance de se rattraper avec un autre enfant. Ils auraient la garde partagée alors... Pandore serra les dents.

" - Mais ce que je te conseille, c'est de lui en parler, calmement, et juste vous deux. Voyez ensuite ce que vous voulez faire par la suite. Si vous voulez garder l'enfant ou non, si vous voulez vous remettre ensemble si... bref voyez ça tout les deux."

Bien sur elle devrait lui en parler. Mais comment aborder, le sujet, que dire, comment l'annoncer en douceur ? Eux qui ne se parlaient plus depuis un mois, ils devenaient plus liés qu'ils ne l'avaient jamais été. Non ce n'était pas possible. Il faudrait prendre des pincettes pour l'annoncer, et sa réaction que serait-elle ? Pandore qui savait si bien anticiper Matthew, au moins l'ancien Matthew, était complètement perdue. Ce qui était sur c'était qu'elle n'allait pas se remettre avec lui. Elle n'était pas prête à se forcer, à accepter et tout oublier, juste pour pouvoir élever un enfant. Cela ne marcherait pas, cela n'était pas bénéfique pour lui, forcément que cela exploserait à un moment ou à un autre. Alors que s'ils étaient déjà séparés... cela ne le traumatiserait pas... Pandore soupira. Elle avait tellement d'amour à offrir à Matthew, tellement d'amour qu'elle lui avait fait comprendre et qu'il avait balayé d'un revers de la main. Oui il avait dit l'aimer, mais se faisant il s'était éloigné, alors toute la joie immense que cela aurait dû provoquer, s'était muée en une forme de désespoir profond. Alice déposa un baiser sur son front. Elle était passée par là elle aussi après tout. Elle était la mieux placée, la plus à même de comprendre la situation.

" - Mais peu importe ce que tu choisira, moi en tout cas je serais toujours là ma Pandy."

Pandore serra les mains d'Alice dans les siennes. Parmi tous les gosses des dieux, Alice était vraiment la seule à la comprendre, la seule qui méritait vraiment une vie bien meilleure, et elle était une des seules qui donnaient encore plus envie à Pandore de détruire les dieux. Elle savait bien que pour Alice, il s'agissait de détruire la colonie, mais c'était en ça qu'elles se complétaient et alimentaient la haine de l'autre pour son propre combat.

" - Merci d'être là pour moi tout le temps Alice..."

La demi-déesse s'était redressée. Elle avait repris une position droite sur ses deux pieds, ferme et déterminée. Il fallait être prête à assumer les conséquences de ses actes, elle devait affronter les choses la tête haute comme la fille de Zeus et pas comme une vulgaire femme qui ne savait que faire. Elle sourit à son amie pour cacher sa peine.

" - Allez, je veux pas te mettre en retard pour ton boulot ma jolie, défonce tout ce soir"

Elle lui posa un baiser sur ses mains puisque c'était le seul contact qu'elle avait avec elle et lui demanda de la guider vers la porte. Elle avait besoin de se retrouver un peu seule pour reprendre ses esprits, pour essayer de déterminer comment s'y prendre, digérer le surplus d'informations et de sentiments qui la submergeaient. Pandore posa sa main sur le mur pour se guider jusqu'en haut.

***

Pandore arriva chez elle après quinze minutes de trajet. C'était Lucror, qui l'avait emmenée chez elle, et le trajet en pégase était beaucoup plus rapide qu'en voiture ou en taxi. Il se posa sur le toit et Pandore se laissa guider par lui jusqu'à la porte. Finalement elle le caressa et le laissa s'envoler à nouveau. Lucror restait à la Résistance où il y avait un box pour lui, ici en plein centre de New York, ce n'était pas l'endroit pour un Pégase qui avait besoin d'air frais. Elle descendit les quelques marches du toit jusqu'à son appartement et se laissa tomber dans un fauteuil.

Tout ceci était beaucoup trop pour elle. D'un côté ses sentiments très forts pour Matthew la poussaient à le pardonner, à faire table rase de toute leur histoire et tout recommencer, pour essayer de construire quelque chose pour leur enfant. De l'autre côté son amour propre lui disait qu'elle ne pouvait pas faire une telle chose. Que faire ? Laisser la vie à cet enfant n'était pas négociable, non il fallait voir comment l'éduquer toute la question était là. Pandore se tortura l'esprit, assise dans son canapé, pendant plus d'une heure. Il était trop difficile pour elle de décider, de faire la part des choses. Et puis elle s'était rendue compte qu'elle avait l'impression que Matthew était un étranger pour elle. Il avait tant changé depuis son départ précipité au Brésil. Puis son retour, étrange, parfait, atroce... Et depuis.... Le silence radio. Pandore ne savait pas ce qu'il avait fait de son dernier mois, elle était dans le flou total. Peut-être même avait-il une petite amie. Il aurait pu se marier qu'elle n'en aurait pas entendu parler tant elle s'était fermée aux nouvelles qui parlaient de lui. Tout le monde à la Résistance évitait de lui en parler, on savait qu'il ne fallait pas la brusquer, et elle en était presque venue à ne plus remarquer qu'il était rentré, même si sa douleur était vive.

Pandore finit par se rendre compte que son amour pour Matthew était bien trop fort pour qu'elle le laisse filer. Il ne serait pas possible pour elle d'élever leur enfant sans lui. Au moins elle se devait d'essayer de recoller les morceaux. La résolution prise, elle voulait tout de même avant d'aller le voir, le coeur battant, savoir s'il méritait cet enfant, s'il serait un bon père, chose dont elle s'était permise de douter étant donné qu'il l'avait abandonné deux fois... Mais Pandore n'avait aucun moyen de connaître les faits et gestes de Matthew depuis leur dispute. Depuis leur séparation. Personne ne pouvait savoir ce qu'il y avait dans son coeur et ce qu'il avait fait de ses relations sentimentales. Personne ne pouvait avoir toute ces informations. Personne d'humain. Pandore serra les dents. Elle haïssait les dieux, elle avait voué sa vie à les détruire, et elle se suiciderait plutôt que d'avoir à demander de l'aide à l'un d'eux. Mais depuis quelque heure elle ne réfléchissait plus que pour elle. Elle réfléchissait à la fois pour elle, mais aussi pour la vie qui se développait en elle. Et si elle voulait être sure de donner la meilleure vie à son enfant, elle devait se sacrifier.

Pandore ferma les yeux et serra les dents. Il lui en coûtait plus que tout que d'exécuter ce qu'elle s'apprêtait à faire. Elle prit encore trente minutes pour réfléchir. Ce qu'elle allait demander ne serait pas sans contrepartie elle le savait. Mais son désir de tout connaître du dernier mois de Matthew était plus fort que tout. C'était pour son enfant. Pour leur enfant. Alors Pandore ferma les paupières et, tout son corps crispé car elle savait qu'elle ne pouvait plus faire demi-tour, elle appela Aphrodite. Seule la déesse de l'amour pouvait lui assurer que Matthew était plus qu'apte à être père... ou pas. Pandore ne savait pas comment on contactait un dieu, mais elle espérait fortement que simplement prononcer son nom avec une forte volonté de demander une faveur amoureuse suffirait à la déesse. Et à peine avait-elle prononcé son nom, qu'une énorme boule au ventre la prit. C'était fait, si Aphrodite venait elle se retrouverait à marchander avec un dieu, chose qu'elle condamnait plus que tout. Pandore tenta de se persuader que c'était dans le but de donner une meilleure vie à son enfant.

Ice

Ma soirée avait commencé parfaitement bien: j'étais partis en voyage d'affaire pendant quelques jours en Espagne, et là je me trouvais sur une plage avec le beau Eduardo en train de boire un cocktail, mon assistant ne m'ayant pas accompagné je devais bien séduire quelqu'un d'autre. Comment pourrais-je donner conseil aux autres si moi-même n'était plus capable de séduire ? Mais justement mes conseils allaient être demandé visiblement car j'entendis que l'on m'appela. Je soupirai et posai mon verre et remettant mon paréo autour de moi quand Eduardo me retint le bras avant de dire avec son accent espagnol:

Eh où vas-tu ma belle colombe ?

Je reviens vite mon beau, j'ai seulement une urgence je dois...

Ne te justifie pas, vas-y alors si c'est urgent.

Puis j'eu droit à un sourire aux dent aussi blanches que mes colombes justement. Je partis donc de son champs de vision et en une fraction de seconde je passai de la belle plage espagnole au coucher de soleil éclatant et à ma tenue de bimbo des plages à la ville en pleine nuit avec un manteau couleur crème. Je soupirai et entrai dans le domaine de la maison. J'avais laissé une demi heure entre le moment où j'avais été demandé et le moment où je frappai à la porte, histoire d'être désiré un peu plus. Quand on vint m'ouvrir...

Bonsoir fille de Zeus, contente de voir qu'enfin tu fais appel à mes service... petite soeur.

Et j'entrais en commençant à enlever mon manteau. J'étais venue au nom de l'amour, je n'avais que faire de leurs petites gueguerres ridicules pour le pouvoir. Les guerres au nom de l'amour étaient bien plus passionnées et plus intéressante m'enfin bon. Pandore était une des filles que j'avais le plus de mal à "aider", j'avais réussi à placer sur son chemin Matthew mais leur relation ne s'était jamais passé comme je l'avais imaginé... J'étais à l'origine de bien des couples en ce monde et parfois cela ne marchait pas, mais là je ne pouvais même pas dire que c'était un échec, la situation était bien plus complexe. Je m'attendais donc à ce qu'elle me demande comment reconquérir Matt, l'élu de son cœur, son prince charmant. La situation devait vraiment être "grave" car pour qu'elle demande de l'aide à une déesse... Elle qui était si remontait contre les dieux, surtout envers notre père qui lui avait retiré la vue. Quel gâchis... elle ne pourrait jamais voir la beauté de ce monde, pire encore ! MA beauté... mais bon elle avait au moins des yeux tout simplement sublime, c'était déjà ça dirons nous.

Je prendrais bien un peu de thé, tu en as chérie ?

Revelation & Pain

Elle n'était pas venue. Manifestement ce n'était pas de la sorte qu'on invoquait une divinité. La jeune femme se laissa tomber dans un des fauteuils du salon. D'un côté elle était soulagée : son moment de faiblesse serait sans incidence, elle ne serait redevable à personne, et elle savait qu'elle n'avait toujours pu compter que sur elle-même. Finalement elle en venait déjà à regretter d'avoir pu agir de manière si lâche. Son coeur était empli d'une haine des dieux, elle préférait mourir plutôt que de faire appel à eux. Elle se maudit intérieurement : son amour pour Matthew et la jalousie maladive qui en découlait, ce désir compulsif de tout savoir de ses actes, de ses pensées, de ses sentiments, tout cela l'avait aveuglée, détournée du but qui animait sa vie. Elle qui ne flanchait jamais, qui n'avait qu'un but en tête, détruire l'Olympe, s'était laissée allée à l'affaiblissement par l'amour, par un amour violent et destructeur qui ne lui avait jamais apporté que quelques heures de réconfort dans une vie d'infortune : Pandore avait le sentiment de s'être trahie. Elle s'enroula dans le plaid qui traînait toujours sur le canapé et se laissa aller à la procrastination.

Comment était-il possible d'aimer ainsi ? D'aimer autant ? D'aimer à s'en briser, à s'en laisser détruire sans réagir, sans même chercher à se venger de peur de souffrir à nouveau ? Des cendres de ce qu'elle avait cru être son seul amour, elle ne pensait voir naître que brouillard et condoléances, tristesse et souvenir amer, mais avait germé au milieu de ce désert gris, une lumière, éblouissante, attirante, à laquelle les barrières qu'elle avait tenté de mettre avait cédées. Alors elle s'était laissée happer par cette lumière, par sa chaleur réconfortante qui contrastait avec le froid qu'elle connaissait si bien. Mais son corps n'était pas habitué, son coeur ne l'était pas, et ce n'était qu'illusion que cette douceur et cette chaleur. A trop s'approcher de cette lumière elle s'y était brûlée, à se perdre en elle elle s'était consumée, et quand elle avait voulu reculer c'était trop tard, la lumière l'avait prise, l'empêchait de s'en détacher, la consumait toute entière, bois mort qu'elle était, tentant de vainement de revenir à la vie : désormais il ne restait plus rien, plus rien que des cendres à nouveau, chaudes sur les anciennes. Et pourtant la lumière, la lumière qui lui avait tout pris, qui n'avait rien laissé d'elle, continuait de brûler sur les cendres, ravivait les braises, et ne cessait de détruire sa vie.

Elle en était là quand une bruit l'extirpa à demi de sa torpeur. On frappait. Avec difficulté, nonchalamment, ce qui n'était plus qu'un corps sans âme se leva. Elle ne compta pas les pas jusqu'à la porte, elle ne savait plus compter, son esprit était brouillé, abimé, détruit. Elle se heurta à une table. Il n'y eu aucune douleur. Il n'y avait plus de sentiments, plus de vie, plus que cette lumière dévastatrice qui avait tout balayé. Pandore ouvrit la porte. Elle ne chercha pas à savoir qui c'était, ne se présenta pas, ne parla pas, se contentant de faire demi-tour pour retourner dans son canapé. Qui que ce fut ce ne pouvait pas être quelqu'un d'important. Rien n'était plus important pour elle. Plus rien... Elle entendit une voix, secoua la tête, il y avait quelque chose d'important, elle ne se souvenait seulement plus quoi.

" - Bonsoir fille de Zeus, contente de voir qu'enfin tu fais appel à mes service... petite soeur."

La voix d'Aphrodite résonna dans son esprit comme un souffle, soulevant les cendres grises, laissant naître une autre lumière au milieu de ce monde dévasté. Ce n'était pas la même lumière, non ce n'était pas la lumière aveuglante de l'amour, c'était celle douce et fragile de la vie. Le plaid tomba sans bruit sur le sol. Pandore s'était redressée : de la jeune femme abattue qu'elle avait laissé entre-apercevoir il ne restait plus rien. Les murs de son coeur s'étaient reconstruits, elle bâtissait une muraille autour de cette faible lumière de vie qui était en elle, pour ne pas qu'elle soit détruite par l'amour néfaste et dévastateur qu'Il avait eu sur elle. Elle se tourna vers celle qui osait se présenter comme sa soeur.

" - Je prendrais bien un peu de thé, tu en as chérie ?"

La demi-déesse serra les dents, il faudrait être poli, bien sûr qu'il faudrait être poli, mais ce n'était pas vraiment pour prendre le thé en discutant que Pandore avait appelé Aphrodite. Certes cela aurait pu, si elles avaient été amies, soeurs, et non ennemies mortelles. Pandore pointa du doigt le salon à la déesse :

" - Installe toi, je vais te chercher ce que je trouverai."

Elle se rendit elle-même dans la cuisine afin de reprendre ses esprits. D'une main, elle attacha ses longs cheveux noirs en un chignon un peu négligé, ouvrit placard après placard à la recherche d'une boîte en fer rectangulaire qui faisait office de boîte à thé. Elle la trouva finalement, l'ouvrit pour en humer la senteur afin de ne pas se tromper avec la boîte de gâteaux. Aphrodite était dans son appartement. Quelle phrase étrange qui résonnait dans sa tête en boucle. Aphrodite, malgré toute la haine que Pandore lui vouait en tant que déesse, était venue à son secours lorsqu'elle l'avait appelée. 30 pauvres minutes s'étaient peut-être écoulées entre temps, elle n'en savait trop rien, mais pour elle ce n'était pas ce qui comptait le plus. Son coeur oscillait entre désir de tout connaître et volonté de la tuer, de lui dire que ce n'était rien, qu'elle s'était trompée... Elle attrapa deux tasses et chercha la bouilloire. Elle mit l'eau à chauffer, difficilement, en renversant un peu sur les côtés, mais finit par y arriver. Moins d'une dizaine de minutes plus tard elle revenait vers elle les bras chargés de tasses, thé et eau, calés un peu sous ses bras et dans ses mains, n'ayant pas réussi à mettre la main sur un plateau, le tout tenant miraculeusement sans tomber. Elle réussit par magie à tout déposer sans que l'eau ne se renverse et pointa le tout d'un mouvement du menton pour inviter la déesse à se servir. Elle s'était déjà sentie assez humiliée de s'être perdue dans sa préparation pour en plus en mettre de partout devant elle. Vraiment ce n'était pas sa journée. Pandore ne savait pas par où commencer mais ne voulait pas laisser un blanc s'installer entre la déesse de l'amour et elle. Elle décida donc d'être totalement franche, à quoi cela lui servirait de mentir à une déesse ?

" - J'avoue que je ne savais pas trop à qui demander ça autre qu'à toi. Sinon tu imagines bien que je l'aurais fait."

Commença-t-elle alors. Bien sur que si quelqu'un avait pu lui donner tous les renseignements elle n'aurait jamais rien demandé à une divinité. Mais elle n'avait rien vu d'autre que cela, qui pouvait le voir dans ces moments qu'il partageait avec des femmes, qui pouvait entrer dans ses pensées amoureuses si ce n'était Aphrodite ? Pandore avait posé une tasse pour elle mais ne se servit pas. L'annonce par Alice quelques heures plus tôt qu'elle attendait un enfant l'avait trop choquée, trop usée pour qu'elle puisse avaler quoi que ce soit.

" - Tu connais déjà toute ma vie sentimentale et l'état dans lequel je me trouve j'imagine alors je ne vais pas te faire un dessin. J'aimerais que tu me dises ce qu'il est arrivé à Matthew depuis que... elle marqua une pause, ils n'avaient jamais vraiment été ensembles.Enfin depuis qu'on a passé la nuit ensemble. Qui il a embrassé, Quelles filles ont été dans son lit, ce qu'il pensait, ce qu'il ressentait, pour elles, et par dessus tout ce qu'il ressent pour moi.

Elle déglutit après son petit discours, prononcé presque d'une traite. Ce n'avait pas été facile pour elle et un petit peu plus elle n'aurait pas pu. Pourtant elle savait qu'il fallait une explication à tout ça. Pourquoi demander, par pure jalousie, non bien sur ce ne pouvait être que la simple et bonne raison, elle aurait pu tout simplement lui demander à lui, mais ce qu'elle voulait c'était des sentiments, du désir, savoir si tout ceci n'avait été pour lui que le but de la détruire, comme il savait si bien le faire, par deux fois. Lui qui connaissait tout d'elle, à qui elle avait révélé toutes ces douleurs, les moments les plus difficiles de sa vie, il l'avait trahi, il les avait utilisés contre elle, pour la faire souffrir, sachant appuyer où il fallait pour qu'elle souffre, et pour cela elle devait savoir quelle forme de monstre il était réellement.

" - J'ai besoin de savoir... pour mon enfant. Elle prit une inspiration.S'il te plait."

Pandore déglutit, serra les dents, complètement tendue par la situation. Il lui en coûtait tant d'entreprendre cela, de faire appel à un dieu. Où serait sa crédibilité si les autres venaient à le savoir. Cela la terrorisait, elle se dit qu'ils ne le sauraient jamais, ils n'en avaient pas besoin. Et puis, elle avait haït Até et Chioné, les deux déesses avec qui la résistance avait pu s'allier, cela avait été stupide, mais elle au moins... elle au moins le faisait pour des raisons plus importantes qu'un simple QG. S'ils étaient prêts à leur laisser la vie sauve au moment de l'attaque ultime, si Aphrodite lui demandait quelque chose de similaire, elle ne pourrait refuser. Mais si elle lui demandait son enfant, son amour, ou une dévotion éternelle, que répondrait-elle ? La question qu'elle se posait maintenant était alors : jusqu'où suis-je prête à aller pour offrir à mon enfant la vie qu'il mérite ?

Ice

Installe toi, je vais te chercher ce que je trouverai

Elle partit en direction de la cuisine et quant à moi je pris le temps de m'installer. Je croisai les jambes après m'être assise sur son canapé et regardai un peu l'état des lieux un petit moment avant de sortir un petit miroir et de me refaire une beauté le temps qu'elle revienne. Elle revint chargée de tout ce qu'il fallait et après avoir tout déposé elle m'invita à me servir. Je me servis un peu de thé avec deux sucres et me réinstallai sur le canapé, bien droite. Elle ne pouvait certes pas me voir mais on ne change pas ses bonnes manières pour autant !

J'avoue que je ne savais pas trop à qui demander ça autre qu'à toi. Sinon tu imagines bien que je l'aurais fait.  Tu connais déjà toute ma vie sentimentale et l'état dans lequel je me trouve j'imagine alors je ne vais pas te faire un dessin. J'aimerais que tu me dises ce qu'il est arrivé à Matthew depuis que... [...] Enfin depuis qu'on a passé la nuit ensemble. Qui il a embrassé, Quelles filles ont été dans son lit, ce qu'il pensait, ce qu'il ressentait, pour elles, et par dessus tout ce qu'il ressent pour moi.

Elle venait de tout dire d'une traite, et je ressentais en elle un véritable trouble sentimentale, elle était sincèrement perdue.

J'ai besoin de savoir... pour mon enfant. [inspiration] S'il te plait.

Je souris, pour qu'elle, une des demi déesse les plus en colère contre les dieux et la moins prête à faire des concessions avec eux, puisse en venir à me demander de l'aide c'est que c'était réellement digne d'intérêt. Alors pour la déesse de l'amour, pardon de l'Amour, que je suis j'étais pleinement satisfaite qu'une fille aussi extrémiste face aux dieux me demande de l'aide. Je bu un peu de thé avant de descendre lentement la main vers mes jambes croisés. Je dis alors d'une voix douce, calme et mélodieusement magnifique:

Tu as peur pour ton bébé et c'est normal, mais si je te donne ces informations, serais-tu prête à faire quelque chose pour moi ?

Ça dépend quoi

Je posai ensuite ma tasse sur la table et lui pris les mains.

Un service d'un dieux n'est pas gratuit très chère, mais puisque c'est toi et que ta vie sentimentale est déjà assez à la ramasse je vais déjà te donner une première information qui te rendra peut être plus apte à accepter mes revendications.

Je fermai les yeux et je lui fis ressentir de l'amour, un amour puissant et passionnel.

Sens-tu cette amour ? C'est le feu qui animait Matthew il y a quelques années. Il a aimé une autre femme, si fortement qu'il en a failli se marier. C'est une femme que tu connais et dont je te donnerai le nom ainsi que d'autres informations qui t'importeront encore bien plus que celle-ci une fois que tu auras accepté ma demande: je veux une immunité totale. C'est à dire que si la résistance tente de me traquer, de me capturer, de m'attaquer, d'attaquer l'Olympe ou peu importe, eh bien je demande à être invulnérable. Débrouille toi comme tu le souhaite, fais le discrètement pour ne pas qu'ils s'en rendent compte ou dit leur directement de ne pas me toucher mais je veux être totalement protégée. Tu as carte blanche mais tu dois simplement veiller à ce que ton groupe ne m'attaque jamais.

C'était une demande qui allait lui en coûter, je n'avais insuffler en elle que les sentiments qu'avaient ressentie Matthew pour Megara Gallagher mais j'espérais que cela suffisse pour attiser sa curiosité. D'autant plus que c'était loin d'être la seule chose que je comptais lui faire part.

Revelation & Pain

Intérieurement elle était torturée. A peine avait elle invoqué Aphrodite qu'elle s'en était sentie coupable et avait regretté son geste. Mais maintenant qu'elle était là, bafouant les désirs les plus profonds et la ligne de conduite de la demi-déesse, tout semblait différent. Aphrodite n'était plus à ses yeux une déesse, mais surtout un puits d'informations. Quelqu'un qui pouvait lui dire sur commande ce qu'elle désirait entendre, ce qu'elle voulait apprendre. Et pourtant, cette part divine qui ressortait d'elle et que Pandore, malgré sa cécité, pouvait percevoir, la rappelait toujours à la dure réalité : elle était dans le désespoir le plus total, et ce service, ne serait pas gratuit.

" - Tu as peur pour ton bébé et c'est normal, mais si je te donne ces informations, serais-tu prête à faire quelque chose pour moi ?"

Pandore serra les dents. Voilà qu'elles en étaient à discuter du prix à payer pour une telle information. Elle savait que la déesse de l'amour ne serait pas du genre à l'épargner sur le prix. Après tout, elle faisait partie des demi-dieux les plus dangereux qui vouaient leur vie à sa perte. La possibilité de l'avoir entre ses mains, de la tenir à la gorge sans qu'elle ne puisse rien faire d'autre qu'accepter, devait fortement réjouir la déesse, et énervait au plus haut point la Résistante, qui se demandait si son acte était toujours justifié et s'il n'était pas temps de faire marche arrière. Le temps en était à la négociation. Comment faire pour éviter une peine trop forte ? Il fallait le jouer subtilement, Pandore le sentait, mais il fallait tout de même jouer, et ne pas se plier à ce qu'elle allait lui dire, du moins, pas directement.

" - Ca dépend quoi."

Elle n'était pas prête à accepter aveuglément n'importe quoi. Si elle était réellement inquiète pour le futur de son enfant, ce n'était pas pour elle une raison valable d'accepter sans en connaître les conditions, un pacte avec un dieu. Elle entendit le faible bruit significatif d'une tasse que l'on repose sur la table. Manifestement la déesse avait quelque chose derrière la tête, qui n'allait probablement pas lui plaire, et qui nécessitait toute son attention, pour ne pas se faire berner. Attentive aux paroles de la déesse, elle écouta ces mots :

" - Un service d'un dieux n'est pas gratuit très chère, mais puisque c'est toi et que ta vie sentimentale est déjà assez à la ramasse je vais déjà te donner une première information qui te rendra peut être plus apte à accepter mes revendications."

Pandore eut une expression de surprise sur le visage. Ce n'était pas vraiment à ça qu'elle s'attendait. Etait-elle en train de lui dire qu'elle allait lui donner un avant-goût gratuit de ce qui risquait de lui tomber dessus si elle acceptait le marché ? C'était ce que la demi-déesse venait de comprendre. Elle sentit alors Aphrodite prendre ses mains. Sur le coup, elle voulut retirer les siennes, puis se dit qu'elle ne le faisait pas de gaieté de coeur, mais qu'elle avait probablement quelque chose à lui montrer, ou plutôt, à lui faire ressentir. Et la déesse ne se fit pas prier. Pandore ressentit une vive vague de chaleur qui la frappa en plein coeur et, si elle avait été debout, elle aurait probablement chancelé. Cela ressemblait à de l'amour, l'amour comme elle ne le connaissait pas. Un amour fort, qui lui semblait pouvoir traverser toutes les tempêtes, un amour passionné, empli d'un désir incontrôlable, d'un désir sans limites, et au milieu de tout cela une femme, une femme qui était le centre de tout cet amour. Cet amour qui ne semblait pas humain à Pandore, trop fort pour être contenu dans un coeur, trop ardent pour ne pas détruire ceux qui le possédaient. Qu'était-il ? Et qui était cette femme au centre de ce tumultueux vent de passion d'amour et de désir ? Silencieusement, elle espérait que ce fût elle, tandis qu'une voix dans son coeur meurtri lui faisait comprendre qu'il ne pouvait en être ainsi.

" - Sens-tu cette amour ? C'est le feu qui animait Matthew il y a quelques années. Il a aimé une autre femme, si fortement qu'il en a failli se marier."

Pandore lâcha les mains d'Aphrodite. Elle ne voulait plus le ressentir, elle ne voulait pas savoir. Si cet amour l'avait intrigué, maintenant il la blessait, s'il l'avait attirée, il la repoussait, si elle l'avait trouvé doux et empli de sens, elle ne voulait qu'une chose, le détruire. Les paroles de la déesse avait fini de piétiner le reste du coeur de Pandore. Se marier. Sa tête chancela. Comment avait-il pu vouloir se marier, comment avait-il pu aimer une femme à ce point sans jamais en parler avec elle ? Pandore se rendit compte que tout son corps était entré à un niveau de tension telle que si un mortel entrait en contact avec elle, il en serait mort. Même son amitié avec Matthew semblait partir en fumée. Leur amitié qu'elle croyait profonde et forte, n'avait été que tissus de mensonges, secrets inavoués... Entre sa relation avec Chioné, celle avec Alesya, et maintenant cette fille, qu'il aurait pu épouser, qui aurait pu, était peut-être toujours sans qu'il ne lui dise, la femme de sa vie. Etait-il allé la retrouver ? Etait-ce pour elle qu'il avait quitté Pandore. Mais alors lui avait-il menti en disant l'aimer ? Elle ne voulait plus rien entendre de lui, elle ne croyait plus en lui. Tout ce qu'il avait pu lui dire, toutes les choses, tous les mots, tout n'était plus que du vent qui passait en elle. Pandore se remémora leur rencontre, la chaleur du soleil sur sa peau, et la présence de son corps allongé à côté du sien. Elle eut un sourire triste et fermant les paupières fit de ce jour un jour de deuil, remplaça la chaleur d'été par un froid d'hiver, et la présence de Matthew par celle d'un fantôme, se disant que si leur rencontre lui paraissait moins parfaite, plus illusoire, alors le reste s'ensuivrait. Si seulement elle pouvait l'oublier... Lui et l'amour qu'elle lui portait... Elle pensa à Morigan, qui réchauffa un instant son coeur, Morigan et sa tendre douceur, Morigan et les moments de plénitude qu'il lui avait apporté, puis Aphrodite la replongea dans le désespoir.

" - C'est une femme que tu connais et dont je te donnerai le nom ainsi que d'autres informations qui t'importeront encore bien plus que celle-ci une fois que tu auras accepté ma demande: je veux une immunité totale. C'est à dire que si la résistance tente de me traquer, de me capturer, de m'attaquer, d'attaquer l'Olympe ou peu importe, eh bien je demande à être invulnérable. Débrouille toi comme tu le souhaite, fais le discrètement pour ne pas qu'ils s'en rendent compte ou dit leur directement de ne pas me toucher mais je veux être totalement protégée. Tu as carte blanche mais tu dois simplement veiller à ce que ton groupe ne m'attaque jamais."

Sa douleur était telle qu'elle en aurait presque accepté la clause les yeux fermés. Mais désormais, si Matthew ne devait plus importer dans sa vie, elle ne voulait pas qu'il soit le responsable de la défaite de son combat contre les dieux. Mais la déesse avait bien joué... Qui pouvait donc être cette femme qu'elle connaissait ? Elle ne chercha pas à savoir d'elle-même. Elle connaissait tellement de gens, pria seulement pour que ce ne fût pas quelqu'un de qui elle était proche, espéra que ce ne fut pas Alice, se ressaisit : Alice et lui étaient trop amis, si un amour aussi fort l'avait animé pour une femme, leur relation ne pouvait pas être au beau fixe si cela était terminé... Pandore ne douta pas un instant de l'amour qu'Aphrodite lui avait fait voir, elle aurait pu la tromper, lui mentir, mais il lui paraissait si véritable qu'il en était encore plus difficile à supporter. Avec toute la contenance qu'elle réussit à rassembler, Pandore redressa la tête, le visage marqué d'une impassibilité durement travaillée :

" - Je te protégerai. Seulement une fois."

Le compromis lui paraissait bon. Aphrodite allait lui donner des informations seulement sur la vie amoureuse de Matthew, elle la protégerait donc une fois. Respirant doucement, frappée par ce qu'elle venait d'entendre, Pandore posa une main sur son ventre encore plat. Pourquoi par Zeus avait-elle dû avoir un enfant de ce monstre ?

Ice

Ce que je venais de lui faire ressentir l'avait je pense encore plus fais mal qu'elle ne souffrait jusqu'ici. Je m'en serais voulu si ce n'était pas ce qu'elle m'avait demandé, car après tout elle voulait la vérité, je ne comptais pas l'enrober de douceurs fausses et totalement dénuées de sens. Elle retira vivement ses mains et me dis:

Je te protégerai. Seulement une fois.

Je réfléchis un instant, après tout c'était assez non ? Il fallait déjà que la résistance arrive jusqu'à moi pour avoir besoin d'être protégée, alors si ils avaient de la chance et m'atteignaient une fois elle serait là pour me défendre, et ils ne m'atteindraient plus jamais car je ferais en sorte que cela ne se reproduise plus. Le compromis était viable après tout.

Bien alors laisse moi reprendre tes mains.

Elle voulait ma mort mais je lui parlais d'une voix presque maternelle, toujours avec douceur. J'étais venue au nom de l'Amour et parce qu'elle était réellement en détresse sentimentale cette pauvre petite.

Es-tu certaine de vouloir absolument tout savoir ?

Elle me répondit donc un "Oui" qui me signifiait que malgré son animosité envers les dieux et malgré mes conditions, elle était prête à sacrifier cette part d'elle pour son amour, pour son enfant. Je lui repris alors doucement les mains qu'elle retira une fois de plus.

Ai confiance mon enfant, tu connaîtras bientôt la vérité.

Je tentai donc de lui reprendre encore ses mains, je sentis son hésitation et je voyais qu'elle était tendu mais elle finit par accepter.

Maintenant abandonne-toi à toutes sensations...

Puis je soufflai doucement en sa direction, ce qui la "transporta" dans un flot de sentiments. Elle était aveugle et même avec mes pouvoirs je ne pouvais la faire voir, en revanche je pouvais lui faire ressentir. Je la faisais "marcher" dans un long tunnel noir, plein de ressentis.

Entend-tu ma voix fille de Zeus ? Laisse toi aller à ces sentiments, ne cherche pas à les contrer. Et n'ai pas peur non plus, je ne te piège pas, tu es dans un état second mais au nom de l'Amour je ne te laisserai jamais comme cela.

Elle était en effet déconnecté de la réalité, son corps était totalement à ma merci, mais j'étais venue lui apporter mon aide, lui apporter ce qu'elle m'avait demandé, pas lui faire quoi que ce soit sous prétexte qu'elle est de la résistance.

Concentre toi sur mes dires, et laisse parler d'eux-mêmes les sentiments que tu perçois. Tout à commencé avant que tu ne connaisse Matthew, il eu une aventure assez forte avec Megara Gallagher, la fille d'Arès. Tu la connais, tu ne l'aime déjà pas et je perçois en toi la colère qui t'habite à sa pensée. Oublis ces sentiments et ressens ceux qui gravitent autour de toi. Matthew a aimé cette personne si fortement qu'il en failli se marier, elle l'aimait aussi, mais il l'a laissé.

Cela devait déjà être beaucoup pour elle, mais ce n'était pas tout ce qu'elle avait besoin de savoir, la suite risquait de la blesser aussi mais c'est ce pourquoi elle m'avait invoqué.

Maintenant tu dois savoir que depuis votre dernière dispute, il est retourné la voir et ils ont à nouveau coucher ensemble. Matthew est habité d'une grande tristesse, d'une grande détresse sentimentale comparable à la tienne. Il ne l'aime plus, il l'a aimé de tout son cœur mais il n'a plus de sentiments, du moins aussi fort, à son égard. Contrairement à toi: toi, et même encore à ce jour, il t'aime d'une puissance rare. Le vide que tu laisse dans son cœur ne pourra jamais être comblé. Tu porte son enfant, et quand il l'apprendra il voudra tout faire pour cet enfant car il a en lui cet instinct paternel. Tu veux savoir si il ferait un bon père ? Oui, ô grand oui. Sera tu capable de lui pardonner ? Ça tu es la seule à en décider. Mais cet homme t'aime, même à ce jour où ses sentiments sont confus, il y a l'amour que je vois en lui par dessus tous, l'amour pour toi...

Je lui lâchai ensuite doucement les mains pour la faire revenir.

Chuutt.. calme toi mon enfant, tu es de retour. J'en ai finis avec les informations. A présent que tu as toutes les cartes en mains, toi seule est à même de décider quoi faire, petite sœur.

Revelation & Pain

Elle accepta et un poids dans le coeur de Pandore s'envola. Elle avait réussi à négocier de ne pas la protéger pour toujours mais seulement une seule fois. Au fond, elle en était presque venue à être fière de son coup, si elle pouvait parler ainsi. C'était un compromis qui lui paraissait le meilleur, et peut-être qu'Aphrodite, touchée par la détresse sentimentale de Pandore, n'avait pas osé pousser trop loin, de peur qu'elle se rétracte totalement sur elle-même, ce qui ce serait probablement passé.

" - Es-tu certaine de vouloir absolument tout savoir ?"

Sa voix était douce, maternelle, elle la mettait mal à l'aise, comme s'il y avait derrière ces paroles, un désir sadique de l'avoir à ses pieds. La jeune femme se mit à réfléchir. Etait-ce une forme de mise en garde ? Ce qui se cachait derrière pouvait-il être pire que ce que la jeune femme venait de subir ? Elle savait qu'elle ne pouvait plus rien supporter de plus, que c'était déjà trop lourd, mais s'étant décidée à être écrasée sous ce poids elle avait abandonné toute résistance, elle se laissait aller à être noyée sous la douleur, alors elle pouvait toujours en rajouter, à la fin il n'en résulterait qu'une chose : on ne verrait plus d'elle qu'un corps vide, au coeur meurtri. Son esprit divergea un instant vers l'enfant qu'elle portait. Ses doutes se dissipèrent. Elle voulait tout savoir. Car elle était fatiguée. Fatiguée des secrets, de cet amour à double tranchant, de ce "blesse-moi je te pardonne, pardonne-moi je te blesse", des amours futiles qu'ils pensaient pouvoir cacher l'un à l'autre, qu'ils pensaient pouvoir les guérir, qu'ils utilisaient comme des pansements à leurs plaies et qui pourtant n'agissaient que comme des illusions. Mais où était-il ? Où était-il passé cet amour qui les ramenait toujours, inéluctablement, l'un à l'autre ?

Pandore hocha la tête, elle voulait tout savoir. Aphrodite attrapa ses mains. C'était trop. Pandore les retira. Elle ne voulait pas de ce contact. Il venait de la faire tant souffrir. Quelques paroles encourageantes, qui se voulaient probablement rassurantes, mais qui ne firent que douter la demi-déesse une fois de plus, vinrent accompagner un nouveau contact des mains d'Aphrodite. Bien sur elle ne pouvait que lui communiquer les choses de la sorte, comment autre que par le contact ? C'était toujours là que les pouvoirs qui agissaient sur l'esprit passaient. Elle ferma les paupières. Morigan aussi avait besoin de ce contact. Morigan et ses pouvoirs enivrants, et ses baisers timides... Elle se souvint de leur première rencontre dans les cachots et un sourire apaisé paru sur ses lèvres, quelques secondes elle se laissa aller à une forme de rêverie, de ce moment où elle avait encore eu le contrôle, le contrôle sur sa vie. Puis un souffle frais atteint son visage et la voix d'Aphrodite la guida vers de nouveaux sentiments qui n'étaient plus les siens.

" - Entend-tu ma voix fille de Zeus ? Laisse toi aller à ces sentiments, ne cherche pas à les contrer. Et n'ai pas peur non plus, je ne te piège pas, tu es dans un état second mais au nom de l'Amour je ne te laisserai jamais comme cela."

Elle entendit sa voix comme d'outre-tombe. C'était comme si... comme si elle était dans un rêve, transporté par quelque chose, par ce souffle, transporté dans un lieu noir où la seule chose qui pouvait la guider, c'était cette voix, cette voix haïe, qui prononçait des paroles qu'elle ne voulait pas entendre, mais elle se laissa aller... Elle n'était pas la fille de Zeus, ce fut la dernière pensée consciente qu'elle eut, puis son esprit sombra. Ils revinrent. Toujours aussi puissant, ses sentiments qui l'avaient ébranlée quelques minutes plus tôt. Ils étaient comme une douleur sourde, qui ne voulait pas la quitter, ils s'accrochaient à elle pour lui montrer qu'un amour véritable et qui menait au bonheur pouvait exister, mais qu'il n'était pas pour elle. Pandore serra les dents sous le choc qu'elle prenait à nouveau, et la douce voix de celle qui était sa demi-soeur n'aidait en rien à supporter le poids des sensations :

" - Concentre toi sur mes dires, et laisse parler d'eux-mêmes les sentiments que tu perçois. Tout à commencé avant que tu ne connaisse Matthew, il eu une aventure assez forte avec Megara Gallagher, la fille d'Arès. Tu la connais, tu ne l'aime déjà pas et je perçois en toi la colère qui t'habite à sa pensée. Oublis ces sentiments et ressens ceux qui gravitent autour de toi. Matthew a aimé cette personne si fortement qu'il en failli se marier, elle l'aimait aussi, mais il l'a laissé."

La voix la faisait, comme avancer à travers ce tunnel d'amour tumultueux. Avant que tu ne connaisses Matthew... Cela fit écho en elle, et elle sut que c'était faux, peut-être qu'Aprhodite l'ignorait, mais son coeur lui disait que c'était faux. Lorsqu'elle prononça le nom de Megara cela ne fit que préciser son jugement. Ils ne se connaissaient pas depuis plus longtemps. Pandore eut le coeur qui se serra, dans New York, on entendit un violent orage éclater. Elle. Quelque chose en elle se durcit. Elle. Megara Gallagher. Elle ne voulait plus jamais entendre prononcer son nom. Elle n'était pas digne d'Alice, elle ne la méritait pas. La pluie battait les vitres, les éclairs tombaient çà et là sur les hauts grattes-ciel de la ville : Alice ne s'était autorisée à aimer qu'une seule femme, qui l'avait détruite, elle lui avait pardonné une première fois, mais cela, Pandore ne le pardonnerait jamais à cette garce. Cette fille de la guerre était incapable d'amour, ne portait en elle que le malheur et la solitude, elle n'était rien qu'un parasite à éradiquer. Elle avait manipulé Alice. Pandore ne se laisserait pas manipuler. Ce couple maudit que formaient l'homme qu'elle aimait et cette chimère, qui ne méritait même pas le nom de femme, elle ne les laisserait pas la manipuler ou jouer avec ses sentiments. Pandore respirait difficilement. Les sentiments puissants qui semblaient unir ces deux êtres la dépassaient, elle voulait les détruire. La haine. Puissante. Forte. Grandissante. La haine monta en elle, doublée d'une colère sans nom qu'elle ne contrôlait pas, à moitié en transe à cause du souffle d'Aphrodite, n'ayant plus aucun contrôle sur son corps qui déchaînait la tempête sur New York.

Le mariage. Il ne lui en avait jamais parlé. Comment avait-il pu lui cacher une chose pareille ? Comment avait-il pu aimer cette femme à ce point ? Et qu'avait-elle donc de plus qu'elle ? Elle n'était qu'une moins que rien, une ratée, une fille brisée qui ne savait que faire de sa vie alors qui tapait sur tout ce qui bougeait. Pandore serra les dents et tenta de bloquer les ondes de sentiment que sa soeur lui envoyait. C'en était trop. Elle ne voulait pas voir jusqu'où les sentiments de Matthew étaient allés. Alors elle créa un mur dans son esprit, et la vague de sentiments d'Aphrodite s'y heurta, et si Pandore était tenace, elle ne pouvait rien faire contre les pouvoirs d'une déesse. Sa tentative de résistance ne la fit que souffrir encore plus et elle banda tous ses muscles pour endurer ce qui agissait sur elle comme une énorme souffrance. Sa barrière se brisa. Son corps lâcha. Il n'y avait plus en elle que cette représentation des sentiments de Matthew pour Megara, qui la parcourait toute entière et qui lui arrachèrent un cri de douleur.

" - Maintenant tu dois savoir que depuis votre dernière dispute, il est retourné la voir et ils ont à nouveau couché ensemble. Matthew est habité d'une grande tristesse, d'une grande détresse sentimentale comparable à la tienne. Il ne l'aime plus, il l'a aimé de tout son cœur mais il n'a plus de sentiments, du moins aussi fort, à son égard. Contrairement à toi : toi, et même encore à ce jour, il t'aime d'une puissance rare. Le vide que tu laisse dans son cœur ne pourra jamais être comblé. Tu porte son enfant, et quand il l'apprendra il voudra tout faire pour cet enfant car il a en lui cet instinct paternel. Tu veux savoir si il ferait un bon père ? Oui, ô grand oui. Sera tu capable de lui pardonner ? Ça tu es la seule à en décider. Mais cet homme t'aime, même à ce jour où ses sentiments sont confus, il y a l'amour que je vois en lui par dessus tous, l'amour pour toi..."

Pandore reçut l'information comme une flèche en plein coeur. Il était retourné vers elle. Il était retourné avec elle. La chose tourna dans son esprit, ne la quittait plus. Elle pouvait presque sentir la peau de Matthew contre celle de Megara, leurs baisers brûlants dans la nuit, leurs corps s'appelant, leurs voix se répondant. Elle secoua la tête pour se défaire de cet affreux cauchemar. Il ne la quittait plus. Elle se sentit souillée. Comment avait-il pu lui faire ça à elle ? La question ne se posait plus. IL ne l'aimait pas. Elle ne réfléchissait plus pour elle mais pour une autre. Comment avait-il pu faire ça à Alice ? Une vitre se brisa sous les assauts du vent et de la pluie. Peut importe l'amour qu'il pouvait lui porter désormais, il y avait cette femme qu'il était retourné voir, il l'avait aimée à nouveau, quoi qu'Aphrodite pouvait en dire il l'avait aimée à nouveau, d'un amour charnel et interdit, d'un amour qu'elle ne pouvait supporter et ne voulait pas avoir à supporter. Et il avait trahi à la fois Pandore, qu'il avait tant de fois déçue, mais aussi Alice qui avait été là pour eux à chaque instant de leur misérables existences. Et Alice ne méritait pas ça. Alice ne méritait vraiment pas ça.

" - Chuutt.. calme toi mon enfant, tu es de retour. J'en ai finis avec les informations. A présent que tu as toutes les cartes en mains, toi seule est à même de décider quoi faire, petite sœur."

L'esprit de Pandore retrouva la réalité, les sentiments s'évanouirent à l'instant où Aphrodite rompit le contact, et elle se rendit compte qu'elle s'était allongé sur le canapé, les jambes ramenées contre son torse. Elle plongea sa tête dans ses genoux, la sueur perlait de son front, elle avait l'impression d'avoir livré bataille pendant des heures tant elle était exténuée. Peu à peu elle reprit le contrôle de son corps, l'orage s'apaisa, mais son esprit tourmenté laissa tomber la pluie, une pluie forte et continue, à l'image des larmes qu'elle voudrait pouvoir verser tant la peine écrasait son coeur. Son crâne la lançait, elle ne bougeait plus, roulée en boule sur ce canapé, aussi misérable qu'elle ne s'était jamais vue. Pandore ferma les paupières, tentant d'assimiler avec objectivité ce que lui avait dit la déesse, mais ce qui en résultait c'était toujours cette souffrance, cette souffrance si grande et si forte qui était collée à elle comme une seconde peau. Elle ne dit rien, ne bougea pas, elle souffrit, tout simplement dans le silence de son coeur.

Ice

Revelation & Pain

Pandore sentit qu'Aphrodite la quittait, ou du moins, elle sentit qu'il n'y avait plus aucune présence autre qu'elle-même dans la pièce. Roulée en boule sur son canapé, elle voulut s'endormir, mais les sensations données par la déesse ne la quittaient pas. Elle frissonna. Elle avait froid, elle avait froid et pourtant elle n'osait pas bouger, ne voulait pas tendre le bras pour récupérer ce plaid qui était tombé sur le sol, qui lui aurait pourtant offert une chaleur réconfortante et apaisante. Maintenant qu'elle avait "toutes les cartes en main", comme lui avait dit Aphrodite, elle était sure de ne plus rien vouloir à faire avec Matthew. Certes sa soeur lui avait dit qu'il avait ce côté paternel qui ferait de lui un bon père, et au fond d'elle, elle n'était pas capable d'en douter, sachant que s'il avait pu il se serait occupé de la fille qu'il avait eu avec Chioné, mais le problème était le suivant : Matthew ne savait pas être un adulte. Comment confier son enfant à un homme qui avait une attitude puérile, qui ne savait pas affronter les choses, qui, à la moindre difficulté de la vie, s'enfuyait au lieu de lui faire face ? Un homme incapable d'aimer, voilà ce qu'il était. S'il ne pouvait pas l'aimer elle, s'il l'avait blessée à maintes reprises, comment pouvait-elle lui faire confiance pour qu'il ne blesse pas leur enfant ? Cette petite chose si fragile qui grandissait en elle et qu'elle sentait déjà qu'il fallait protéger envers et contre tout. La chose était simple, elle ne pouvait pas.  Sa décision était prise, elle ne laisserait pas Matthew approcher son enfant. Quelque part elle aurait voulu lui laisser une chance de faire ses preuves, mais son esprit lui disait qu'il en avait déjà eu trop...

Pandore sentit quelqu'un entrer dans la pièce et, tentant de se calmer, elle fit comme si elle dormait. Bientôt elle sentit les mains de Jason autour d'elle, qui la soulevèrent et vinrent la déposer sur son lit, avant qu'il ne remonte la couverture sur elle. Pandore se laissa aller à l'idée que si son enfant n'aurait pas de père, il aurait cependant un oncle parfait. Son corps tout entier se détendit alors, ses muscles se délassèrent, et elle se laissa sombrer dans un sommeil qu'elle espéra calme et réparateur.

***

Etrangement, elle passa une bonne nuit. Lorsqu'elle se réveilla, Pandore se sentit fourbue de s'être battue intérieurement contre les attaques d'Aphrodite, et la première chose qui lui vint à l'esprit fut que l'amour pouvait réellement faire mal, plus qu'elle ne l'avait soupçonné. Elle posa un pied sur le sol, aujourd'hui marquait un tournant dans sa vie. Elle ne devait montrer à personne à quel point elle était intérieurement détruite, à quel point elle ne sentait plus rien que du vide en elle. Ravagée par l'amour, elle se sentait ballotée par lui, souffrant de ses bourrasques violentes qui venaient la faire flancher, la faire perdre pied lorsqu'elle tentait de s'accrocher à ce qui restait de solide dans sa vie. Pandore percevait pourtant, comme un rocher qui ne cillait pas, l'amour pour son enfant, indestructible, qui devait désormais la guider. Mais elle le rejeta au loin. Elle restait seulement animée par les sentiments de colère contre Matthew et son désir de vengeance sur son père. Pandore avait appris à transformer toutes ses haines en une seule, à les rediriger toutes contre son père, ce qui alimentait cette rage qui brûlait en elle comme une carburant lui permettant de vivre, ce qui laissait aux hommes, le bénéfice d'une seconde chance. Cette fois-ci, c'était beaucoup plus difficile, de n'en vouloir qu'à Zeus pour ce qui lui arrivait était impossible, non cette fois-ci sa rage se déportait sur Matthew, et elle savait devoir se calmer, sans quoi elle se savait capable de le réduire en cendres. Mais comment l'affronter ? Comment lui dire face à face la vérité ? Elle essaya de ne pas y penser, pour le moment, il fallait reconstruire cette muraille impénétrable qui lui servait de coquille, et qui lui permettait de se protéger des attaques extérieures.

Pandore se leva. Alice. Elle se laissa retomber sur son lit. Alice. La tête dans ses mains elle se rendit compte que la Destinée lui incombait encore la souffrance. Alice. Elle se leva et passa dans son dressing, attrapant les vêtements que son frère posait toujours au même endroit pour elle et les passa. Alice. Alice et son amour inconditionné pour Megara, Alice la fille qui n'avait su aimer que cette garce, Alice qui l'aimait à en crever, et qui avait déjà souffert par sa faute, Alice sa meilleure amie qui l'avait toujours soutenue, Alice enfin à qui elle ne pouvait pas cacher ce qu'elle venait d'apprendre : Alice à qui elle allait briser le coeur.

Elle appela un taxi pour qu'il la conduise au night club. Elle ne savait pas pourquoi, son instinct lui disait de s'y rendre. Pandore avait repris sa contenance habituelle, son visage impassible, pourtant plus difficile à tenir, et elle tentait tant bien que mal de trouver les bons mots, d'imaginer la scène, les réactions de son amie lorsqu'elle arriverait. La trahison. Voilà le mot qui lui venait à l'esprit. Tant Matthew que Megara avaient trahi Alice, et elle en souffrirait d'autant plus qu'il était peut-être son meilleur ami, qu'elle ne pouvait haïr, alors qu'il était plus facile pour Pandore de détester celle qui l'avait fait sombrer. Descendant du taxi, elle demanda au chauffeur de l'aider à entrer dans le night club. Il hésita un instant, elle lui lança énervée qu'elle ne le payerait pas s'il ne lui faisait pas descendre les marches. L'homme la conduisit. Elle ne paya pas. Sa voix sèche et violente avait suffit au chauffeur pour qu'il abandonne l'idée de lui faire une quelconque remarque. Bien trop occupée à réfléchir sur les paroles qu'elle allait utiliser, Pandore entra dans le nightclub qu'elle supposait vide à une telle heure :

" - Je cherche Alice Waller."

Elle avait parlé fort, dans la salle qu'elle savait grande, pour que n'importe qui qui puisse être dedans puisse l'entendre, ne sachant pas si la pièce était vide ou non. Finalement ce fut Alice elle-même qui la rejoint. Pandore attrapa sa main et lui fit un sourire triste qui ne devait pas alarmer Alice, après tout, elle avait appris la veille qu'elle attendait un enfant de son ex.

" - J'ai quelque chose à te dire, c'est important."

Pandore se laissa mener à un siège par son ami. La boule au ventre, elle avait l'impression d'être une jeune adolescente, se retrouvant face à son amoureux du moment, et à qui elle devait annoncer la chose. Sauf que cette fois-ci, les conséquences en étaient bien plus terribles. Une fois assise, elle ne lâcha pas les mains d'Alice, et prit une profonde respiration. Comment annoncer cela de sorte qu'Alice ne soit pas trop blessée ? C'était impossible. Ce que Pandore savait désormais, c'était qu'elle devrait être forte, forte pour empêcher la fille d'Hadès de laisser exprimer sa colère et sa souffrance en pouvoirs dévastateurs si elle réagissait de façon explosive, forte pour la soutenir dans les larmes si elle craquait devant elle, forte dans tous les cas, pour ne pas sombrer elle-même dans le profond désespoir. Elle avait appris la chose la première : c'était à elle de soutenir Alice, son temps d'assimilation à elle, était passé, elle devait vivre avec, et aider son amie à survivre avec.

" - Megara a couché avec Matthew."

Elle n'avait pas besoin de préciser de quelle source elle tenait l'information. Jamais Pandore n'aurait fait une blague pareille à Alice, jamais elle ne lui aurait dit cela sans savoir au préalable que c'était la vérité. Serrant les mains de son amie, alors que sa voix se brisait, elle continua :

" - Ils ont été ensemble il y a quelques années. Et voulaient se marier."

Le coeur de la demi-déesse se serra lorsqu'elle prononça ses mots qui avaient tant d'importance pour elle. Le mariage auquel elle avait décidé de se refuser, tenant trop à son indépendance, comme sa mère avant elle, et qui pourtant signifiait tellement de promesses d'un "toujours" qu'elle savait Matthew incapable de tenir envers elle, voilà qu'elle apprenait qu'il les offrait à une autre. Elle garda sa tête face à celle d'Alice, attendant une quelconque forme de réaction, espérant qu'elle n'allait pas se replier sur elle-même et tenter d'affronter ça toute seule, car bien qu'elle connaissait assez son amie pour savoir qu'elle était une femme forte, elle sentait que cela engendrerait une profonde douleur en elle, qui laisserait une plaie béante à la place de l'ancienne blessure que Megara lui avait infligée, et qui cicatrisait à peine. Pandore garda sa main serrée dans celle d'Alice : quelle douleur que ce soit, elle voulait la partager avec elle.

Ice

Revelation & Pain

Alice eu d'abord un rire, nerveux et incontrôlé, qui témoignait de son incompréhension et de sa peine. Son histoire avec Megara était bien plus compliquée qu'il n'y paraissait, et à dire vrai, même Pandore n'était pas toujours certaine de tout comprendre, entre les amours et les haines, les abandons et les retrouvailles, elle ne savait où donner de la tête, mais ce dont elle était sûre, c'était qu'il y avait chez son amie, un amour qu'elle ne lui connaissait pas. Mais celle-ci semblait rentrer dans un état typique d'Alice, qui en réalité, avait bien du mal à se contrôler. La fille d'Hadès lâcha sa main, et sa respiration était saccadée. Pandore se massa les tempes. Evidemment elles ne réagissaient pas de la même manière, et elle-même avait été très heurtée, abîmée même, en comprenant à quel point Matthew avait pu le trahir, comment il avait souillé l'amour qu'elle lui portait et qu'elle se croyait digne de recevoir. Alice les insulta, traite la femme qu'elle aimait de garde, et quelque part c'était compréhensible, Pandore aussi aurait bien voulu les insulter, probablement qu'elle l'avait fait dans son esprit, mais à ses yeux l'heure n'était plus aux insultes, elle n'était pas au pardon non plus, elle était au recueillement, et sa volonté non pas de comprendre mais de guérir sa douleur pour elle-même et pour son amie, était plus grande que le reste.

Alice était debout, à taper contre les murs, à probablement démolir les meubles tandis que Pandore était assise, silencieuse, entendant vociférer des insultes qui lui faisaient mal au coeur. Alice et elles étaient finalement si différentes... Jamais Pandore ne pourrait souhaiter la mort de Matthew, ni même lui souhaiter les pires horreurs, puisqu'elle se savait follement amoureuse de lui, et que si quoi que ce soit de mal lui arrivait, elle n'arriverait pas à en trouver une quelconque satisfaction. Et son amie était là, à proférer des menaces de mort, qu'elle ne voulait pas entendre et qui lui faisaient plus de mal que de bien. Chacun sa douleur. Chacun sa peine. Chacun son fardeau. Ce que Pandore aurait voulu partager avec Alice, elle se rendit compte qu'elle ne pouvait le supporter qu'elle-même. Comment faire d'un seul les deux poids qu'elles ressentaient sur leurs épaules ? Elles vivaient si différemment cette blessure que Pandore ne pouvait même pas rester là à Alice insulter ceux qui leur avait fait du mal.

La Résistante sentit une force obscure autour d'elle, et su qu'Alice perdait le contrôle sur ses pouvoirs, ce qui ne l'étonna guère étant donné la nouvelle qu'elle venait de lui annoncer et le caractère de son amie. Mais lorsqu'elle entendit des bruits de verre brisé autour d'elle, Pandore sentit que cette fois c'en était trop. Elle serra les poings, prête à tout arrêter elle-même si elle le devait, prête à laisser elle aussi s'exprimer sa haine dans une forme de répression des pouvoirs d'Alice, de peur que la fille d'Hadès ne pète un plomb. Puis elle se calma et ne s'autorisa pas à laisser la haine l'envahir, tandis qu'Alice lui sautait au cou pour la prendre dans ses bras, sanglotant à moitié, ayant peut-être plus besoin de cette étreinte que Pandore, qui pourtant portait en elle l'enfant de l'homme qu'elle considérait plus comme un lâche qu'autre chose.

" - Je ne sais pas ce que je ferais quand je les reverrai, je n'ai qu'une envie c'est leur mort, mais mon amour pour eux deux est peut être trop grand pour que je puisse faire quoi que ce soit... Je suis perdu Pandore... Il y a peu j'étais dans un état similaire bien que moindre et j'ai réussi à remonter la pente en jurant que ça n'arriverai plus. Et là regarde le résultat... je méprise les faibles mais regarde moi, un seul événement et je rechute ! Il n'y a beau avoir qu'elle qui me met dans cet état, il n'y a qu'en toi que j'accorde une confiance aveugle ma Pandy."

La mort. Encore la mort. Frappant irrémédiablement ceux qui entouraient Pandore. Non elle ne voulait pas leur mort, ce qu'elle voulait c'était les voir souffrir, longtemps, durement, mais pas irrémédiablement. Elle ne voulait pas de séquelles physiques, seulement psychologiques, plutôt sentimentales à dire vrai. Alice lui dit alors qu'elle avait pour elle une confiance aveugle, et si ce n'était pas le mot qu'elle aurait choisi, Pandore se sentit pourtant touchée. Mais là elle ne voulait juste pas, elle ne pouvait pas, supporter les plaintes d'Alice et ses accès de colère. Venir ici aurait pu être une idée judicieuse si elle avait su partager avec elle ce fardeau, mais là elle se sentait au lieu d'être allégée, allourdie d'un poids nouveau, comme si en plus de prendre soin d'elle-même et de son enfant seule, elle devrait aussi veiller à l'équilibre mental et sentimental d'Alice. Et Pandore décida alors d'être égoïste. Déposant une caresse sur la joue de son amie, elle se leva. Alice répéta une nouvelle fois, dans un élan de tristesse, qu'elle voulait voir Megara mourir, et cela suffit à Pandore pour décider que son choix était le bon. Avec l'assurance qu'on lui connaissait, elle se tourna et s'éloigna vers la porte dont elle venait, se dirigeant avec l'électricité ambiante qui se situait autour d'elle, pour repérer la source électrique des videurs de l'entrée.

" - La mort n'est pas la solution Alice. Pas dans ce cas-là."

Elle sourit tristement à son amie et quitta l'endroit, le coeur lourd, l'esprit embrouillé, âme en peine recherchant un refuge qu'elle ne savait où trouver.

Ice