Installée dans ma chambre d'hôtel à Las Vegas, je travaillais tranquillement sur mon ordinateur, me reposant. Le trajet en avion depuis New York avait été particulièrement éreintant. Non seulement j'aurai besoin de m'adapter au décalage horaire, mais qui plus est, nous avions décollé avec pratiquement six heures de retard, suite aux intempéries. Il ne me restait donc plus que trois jours. Trois jours pour éliminer le chef d'un petit groupe de dealers. Bien entendu, l'activité de ce type était secondaire. Officiellement, il était à la tête d'une grosse entreprise. Il me fallait donc trouver un moyen de passer outre la sécurité qui l'entourait de toute part. Une tâche difficile, mais loin d'être insurmontable.
   
C'est alors que je vis une annonce, toujours à Las Vegas. Intriguée, et intéressée par le fait de pouvoir remplir deux contrats sur mon séjour, je la parcourrai rapidement. Il s'agissait d'éliminer une fille. Faisant outre tous les noms d'oiseaux qui la qualifiaient dans cette annonce, j'en arrivai à l'essentiel : son identité. Une adolescente d'à peine dix-sept ans. C'était assez surprenant de trouver la demande pour l'élimination d'une personne de cet âge. Ne perdant pas une seconde, j'entrepris de traquer et de remonter jusqu'à l'auteur de l'annonce. Ses défenses étant quasi inexistantes, je pus facilement retrouver son identité dans la vraie vie. Je n'eus alors pas besoin de me renseigner plus sur lui. J'avais déjà travaillé pour son père. Un gosse de riche. Il avait très certainement utilisé l'ordinateur de son père pour poster cette annonce. Bref, il s'agissait d'éliminer une adolescente pour des gamineries. Mon choix ? Accepter la mission. Cruelle me dira-t-on ? Peut-être. Mais si j'acceptais cette mission, c'était pour, exceptionnellement, ne pas la remplir. En effet, en l'acceptant, j'empêchais un autre tueur de prendre la mission à son compte. Plusieurs d'entre-nous étaient sans scrupule et n'auraient pas hésité à éliminer la cible, quelle qu'en soit la raison ou son âge.
   
Maintenant, mieux valait tenter de retrouver la fille, afin de l'avertir. Certains fils à papa pouvaient se révéler un peu fou sur les bords. La géolocaliser s'avéra d'une simplicité à laquelle je pouvais m'attendre. L'annonce étant toute récente, il y avait de fortes chances que cette jeune fille soit dans les parages de Las Vegas. Après avoir lancé l'exécution des logiciels de géo-localisation, je retournais dans la mini-cuisine de l'appartement, pour me préparer une tasse de chocolat chaud. Contrairement à ce que les séries peuvent nous montrer, ce genre de pratique ne se réalise en l'espace de quelques secondes.
   
Les minutes passèrent, et je buvais tranquillement mon chocolat, la tête appuyé contre la fenêtre, me donnant une vue directe sur la boite de nuit voisine à l'hôtel. Cette vision me changeait particulièrement de la tour Grayson, immeuble imposant, que je ne pouvais manquer depuis mon appartement new-yorkais. Chassant ces pensées lointaines de mon esprit, je me concentrais sur les personnes dans la file à l'entrée de la boite. Rapidement, mon attention se porta sur une personne toute particulière. Belle coïncidence que voici. Ma pseudo-cible faisait la queue pour entrer dans la boite juste en face de l'hôtel dans lequel je séjournais. Sans perdre une minute, je me dirigeais prestement dans ma chambre et me préparais. Un petit tour en boite, jusque là imprévu, s'imposait.
   
Une vingtaine de minutes plus tard, je pénétrais à l'intérieur de la boite. J'avais opté pour une robe noire, comme à mon habitude. Sexy, mais pas vulgaire. Je préférais ne pas attirer trop de regards sur moi cette fois-ci. J'avançais alors lentement, ne prêtant pas attention aux regards posés sur moi, mais balayant la salle du mien, à la recherche de la jeune fille. Je la repérais un peu plus loin, sur la piste de danse et me mouvais immédiatement dans sa direction. Afin de ne pas paraître suspect, je décidai de rester à quelques mètres d'elle et à danser, suivant le rythme de la musique, me rapprochement lentement, très lentement, d'elle. Naturellement, je lui lançais :
   
« Hey ! Tu vas bien ? »