D’aussi loin qu’elle se souvenait, Chiara n’avait jamais connu la modération. Jamais. Après tout, elle était la fille du dieu de la démesure et des excès, c’était dans ses gênes. La jeune fille n’avait jamais connu la demi-mesure. Quand elle faisait une bêtise, elle s’arrangeait pour toujours rajouter quelque chose. Et quand il s’agissait de boire dans un bar, Chiara ne buvait jamais avec la personne qui s’appelait modération. C’était ce qui s’est passé quand elle est sortie de son travail pour aller décompresser dans un bar qui se trouvait un peu loin de la tour. Vêtue d’un blouson qui lui tenait chaud, un jean noir moulant et des bottines noires à talons. Chiara avait bu plus que de raison et elle allait devoir subir les conséquences de ses actes demain au travail.

Quittant le bar alors que le char d’Apollon commençait à décliner dans le ciel pour laisser place à sa sœur Artémis. Hyménia s’effaçant pour laisser place à sa mère Nyx. C’était très tôt selon Chiara. Il lui était déjà arrivé de revenir vers 3h du matin à la tour Grayson , voir pas du tout. Marchant dans les rues grouillantes de vie de New-York, les joues rougies par l’alcool et le froid de dehors. Ses bottes claquaient sur le béton du trottoir. Le bruit faisait parti de sa vie. Elle avait toujours vécu à New-York sauf qu’avant, elle n’était pas dans Manhattan mais dans un appartement minable de Brooklyn. Heureusement que son cousin avait fini par l’aider, à ce qu’elle s’en sorte.

Sa mère qui vivait toujours à Brooklyn, se fichait d’elle et ne voulait pas la voir. Quant à son père, elle ne savait pas vraiment en quoi penser de lui et ne préférait pas s’étendre sur ce sujet. Chiara avait une famille dysfonctionnelle. Et encore, elle ne considérait pas cela une famille. Son cousin l’était. Il était le seul à s’occuper d’elle, à l’aider et avoir confiance en elle. Il lui avait donné un travail, ce qui pour elle, était plus de l’inconscience. Après tout, Chiara n’était déjà pas assez mature pour se réveiller à l’heure, alors un travail. Elle avait 16 ans en plus, il devrait lui laisser son adolescence car sa mère ne lui avait pas laissé son enfance à elle. Chiara avait encore besoin de trouver sa place en ce monde, se trouver une place au moins.

Chiara décida de quitter les rues grouillantes de New-York pour rentrer dans un parc non loin de la tour Grayson. Ignorant les klaxons qui vrillaient ses tympans. Un peu pompette, elle rentrait dans le parc qui semblait plus paisible par rapport aux rues bétonnés de New-York. Etant la fille du dieu de la nature sauvage, Chiara se sentait bien lorsqu’elle rentrait dans une forêt ou lorsqu’elle était proche de la nature, des arbres. Apaisée, elle avançait dans le parc lorsqu’elle entendit des gens murmurer que quelqu’un faisait un câlin à un arbre. Fronçant les sourcils mais curieuse, elle s’avançait vers les murmures. Deux personnes parlaient en regardant une fille rousse qui lui semblait familière enlacer un arbre. Avançant vers elle, ignorant les voix. Chiara s’aperçoit qu’elle connaissait cette fille. Mila. Une fille de Déméter. Elle devait être bien ivre parce que d’après la Chiara sobre, Mila restait à l’année là-bas.
Elle arrivait vers Mila, sa longue chevelure flamboyante ne lui adressait pas sa rétine. Chiara les trouvait plutôt beau, même.

-Mila ? C’est toi ? Demanda Chiara essayant de ne pas tomber.

Elle penchait la tête, ses longs cheveux noirs tombant en cascade sur ses hanches. Elle la regardait avec un petit sourire.

-Tu ne devrais pas enlacer cet arbre, plein de chiens ont fait pipi dessus, s’enquit la jeune fille.

Elle aimait bien Mila à la colonie. Rare était les gens qu’elle adorait là-bas. Mila était la plus douce fille qu’elle ait rencontrée. Tout son contraire, si Chiara était l’exubérance, Mila était la douceur de la vie. Cependant, elles arrivaient à s’entendre. C'était étrange mais Chiara pensait que cela pouvait être complémentaire.

-Que fais-tu ici ? Demanda Chiara curieuse.

Chiara connaissait beaucoup de monde à la colonie. Beaucoup d’enfants étaient des demi-dieux en réalité. Bien sûr, il y avait beaucoup d’enfants normaux dans ce monde mais il y avait plus de demi-dieux qu’on pouvait l’imaginer. L’été, la colonie était en ébullition, des flèches tirées par des arcs, des fils d’Apollon jouant au volley ball, des demi-dieux s’entraînant au combat tandis que certains s’occupaient des champs de fraises. Chiara était plutôt celle qui s’occupait des champs de fraises, s’entraînant parfois bien que la plupart du temps, elle restait tranquille avec sa sœur, jouant parfois avec les fils d’Apollon. Chiara s’entendait plutôt bien avec les gens de la colonie sauf certains Arès.  Peut-être parce que c’était génétique, étant donné que son père semblait s’entendre avec la plupart des dieux, peut-être que ses enfants seraient pareils. Chiara réussit à rappeler Mila à l’ordre. La jolie rousse se détacha du bel arbre avant de regarder Chiara. Celle-ci eut un sourire qui se voulait rassurant avant de se faire prendre dans une étreinte avec celle-ci. Surprise d’avoir une telle affection de la part d’une quasi inconnue, Chiara se laissa faire, cependant. Elle n’était pas une personne tactile mais si cela semblait soulager la belle rouquine, elle se laissera faire.

Mila était hystérique et à la fois soulagée d’avoir quelqu’un de familier. Soudain, elle vint à lui parler. L’envoyer ? Personne n’aurait osé envoyer Chiara. Enfin personne de la colonie. Chiara était indigne de confiance et ce n’était pas faux.

-Euh, personne ne m’envoie. C’est plutôt le hasard qui m’a fait venir jusqu’ici, il semblerait que les Moires semblent m’avoir envoyé, répondit-elle incertaine.

Elle regardait la belle rouquine, des yeux noisette rencontrant ceux de Mila. Elle semblait quelque peu névrosée. Elle lui parlait de New-York et de sa folie. Il était vrai que New-York n’était pas fait pour tout le monde. Une fille de Déméter n’avait pas sa place dans cette vie bruyante où la pollution régnait en maître.

-Calme-toi Mila, respire, tu me sembles sur le point d’exploser, tenta Chiara pour l’apaiser.

Elle ne savait pas si cela marchait sur Mila, en tout cas, cela ne marchait pas sur Chiara. Généralement, elle s’énervait lorsqu’on lui demandait de se calmer. Chiara était une personne vive et qui avait la bougeotte, lui demander de ne pas bouger était de la torture pour elle.  C’était même en enfer surtout si on lui disait de se taire. Mila se détachait quelque peu de Chiara, un air choqué parce qu’elle était ivre. Cela fit rire quelque peu Chiara.

-Ivre, je ne pense pas, sinon, je ne t’aurais pas reconnu mais pompette sans doute, répondit Chiara. Que fais-tu ici ? Je veux dire, t’es pas à la colonie ? Ajouta-t-elle.

Chiara tendit la main vers Mila, elles devraient s’éloigner des messes basses qui parlaient encore sur les deux énergumènes du parc.

-Viens, je t’offre un starbuck, invita la belle brune avec un petit sourire. Tu me raconteras tout, s’enquit-elle.

Elle allait devoir aider la belle rousse à s’en sortir, à lui tendre la main. Certes, demain, elle devait se lever très tôt mais elle ne pouvait pas laisser Mila toute seule dans les rues cruelles de New-York.

Chiara observait la jolie rousse qui semblait perdue dans cette grande ville. Elle se souvenait d’elle quand elle la croisait à la colonie. C’était une jeune fille timide et qui ne faisait pas un seul bruit comparé aux enfants d’Arès et d’Hermès. Elle était plutôt isolée tandis que Chiara était de quelqu’un de très sociable. Mila devait l’être sans aucun doute, mais elle était plus réservée tandis que Chiara disait ce qu’elle avait envie de dire. D’ailleurs, la fille de Dionysos n’avait pas de filtre entre sa bouche et son cerveau. Franche et peu délicate dans ses paroles et ses gestes, Chiara ne faisait pas l’immunité mais elle avait des amis là-bas, de la famille. Mila ne semblait pas vraiment à sa place à New-York, Chiara la voyait plutôt dans une clairière, en pleine nature, entourée de fleurs. Mila était si proche de la nature comparée à Chiara. A vrai dire, elle n’osait le dire à personne mais elle aimait la nature, étant la fille de Dionysos, c’était une évidence. Cependant, elle pouvait s’adapter à tout, à n’importe quelle situation. De plus, Chiara était née ici, avait vécu ici, grandi à New-York. Elle était habituée aux bruits et à la pollution qui régnaient en maître ici.

Chiara avait décidé de l’emmener dans un Sarbuck, c’était un endroit plutôt cosy et un peu plus silencieux, de plus, le café ou le chocolat chaud lui permettra de la dessaouler un petit peu. Bien qu’elle n’était pas vraiment ivre, son cerveau semblait tourner au ralentit cependant, et elle était bien incapable de bien réfléchir. La guidant dans les rues bondées de New-York, elles arrivèrent bien vite au Starbuck du coin. Un endroit plutôt cosy dans les tons assez sombres mais chaleureux tout de même. Elle fixait la belle rousse commander un chocolat chaud et Chiara prit un café avant qu’elles s’installent à une table un peu éloignée et où elle avait un vis-à-vis sur ce qui se passait autour d’elles. Deux demi-déesses olympiennes, buvant quelque chose pouvaient attirer des monstres ou des chasseurs. Mila vint lui poser une question et Chiara lui offrit un petit sourire.

-Oui, je suis née et j’ai grandi ici et toi ? Tu ne m’as pas l’air d’une citadine, s’enquit-elle.

Elle but une gorgée de sa boisson préférée, amère, chaude et sucrée. Son cerveau eut un rebond et semblait repartir normalement.

-Pourquoi es-tu parti de la colonie ? Demanda Chiara curieuse et inquiète pour la jeune fille face à elle.

Chiara était une jeune fille indépendante et débrouillarde, elle s’était faite seule mais Mila, elle ne savait pas.