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your soul is my eternal bruise + léo

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MessageSujet: your soul is my eternal bruise + léo your soul is my eternal bruise + léo Icon_minitimeMar 1 Aoû - 13:34

Beaucoup de choses se sont passées ces derniers mois. Beaucoup plus que ce que Neven pouvait ne serait-ce qu’envisager. Pouvait-elle un jour se douter de tous les problèmes qui occupaient le monde des mortels, du temps où perchée dans le ciel elle contemplait la terre d’un air rêveur? Tout ça lui semble loin à présent. La Colonie a été ravagée. La Grande Maison a brûlé, les bungalows ont été pillés, les sangs-mêlés blessés sous ses yeux. Elle est une nymphe, qu’aurait-elle pu faire ? La guerre n’est pas faite pour elle. Sa place n’est pas parmi les mortels, malgré tout son acharnement pour prouver le contraire. Tout cela ne fait que le prouver et remettre les choses en perspective.

Dans sa main, un bout de papier froissé où une adresse est griffonnée. Cela va faire des années qu’elle n’y est pas retournée, mais elle ne peut chasser ce souvenir de sa tête. Il la hante la nuit, elle le voit dans la fumée du feu qui crépite, dans les ombres que font les arbres la nuit, dans le silence qui pèse dans sa chambre. Elle ne parvient pas à oublier son visage. Léo. Elle n’aurait jamais pensé le revoir un jour, surtout dans de telles circonstances. Mais il était sorti de nulle part dans le chaos de la Colonie, entre les flammes et le sang, et son visage s’était imprimé dans sa mémoire. Malgré toutes ces années, elle ne l’a pas oublié. Elle n’a pas oublié tout le mal qu’il lui a fait et qu’il a continué de faire quand elle a vu quel camp il avait choisi.

Devant elle, la porte d’un appartement dont elle se souvient encore des détails. Elle se demande un instant si les choses ont changé depuis la dernière fois qu’elle est venue – sûrement, cela fait si longtemps. Elle sait les traces indélébiles qu’elle a laissé dans les pièces, ces traces dont il a sûrement voulu se débarrasser ensuite, quand tout a dérapé. Elle ne peut pas lui en tenir en rigueur, pas pour ça. Pour le reste oui, mais pas ça.

Ses doigts trouvent naturellement la sonnette et l'effleurent sans qu’elle ne parvienne à appuyer dessus. Étonnement, elle ne tremble pas. Elle pensait qu’elle tremblerait mais la détermination a pris le dessus. Elle est déterminée à régler cette histoire. Trop de choses ont été laissées en plan, la blessure n’a jamais été entièrement soignée. Dans son cœur, la flamme de la haine continue de la consumer. Les hostilités de la Colonie n’ont fait que raviver la douleur. Elle le haït, elle le haït plus que tout et aujourd’hui, elle compte bien le lui cracher à la gueule.

« Léo ! » Ses doigts quittent la sonnette. Il ne mérite pas sa politesse, il ne mérite pas sa douceur. Alors elle tambourine sur la porte de toutes ses forces. « Léo ! Ouvre cette putain de porte ou c’est moi qui le ferait et je casserais ta gueule avec ! » Hurle-t-elle, s’assurant qu’il puisse l’entendre. Il n’a pas le droit de lui échapper et de prendre la fuite. Il doit payer pour tous ses crimes.
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MessageSujet: Re: your soul is my eternal bruise + léo your soul is my eternal bruise + léo Icon_minitimeVen 11 Aoû - 10:23




Your soul is my Eternal bruise

neven & léo

And you are passive-agressive, passive-agressive.

Quand Léo se voyait devant une glace, il avait envie de gerber. Il observait ce reflet miteux qui était son image la plus pitoyable. Les cheveux en pagaille, la barbe de plusieurs semaines et les yeux vitreux, ce portrait plus que grotesque ne lui inspirait guère qu’un profond mépris pour lui même. Il n’était plus rien, à part un monstre de la pire espèce et lâche par dessus tout. Devant ses yeux fatigués, il se remettait constamment en question. Pourquoi avoir sacrifié tant de choses pour ne rien obtenir ? La vie était injuste envers l’italien. Il avait essayé de bâtir de nouvelles ambitions depuis qu’il s’était donné à la résistance mais visiblement, il les avait depuis longtemps oublié. Ce qui devait être au début qu’une simple vengeance contre les Dieux s’était transformée en un affreux cauchemar. La résistance qui semblait être un refuge pour les sangs mêlés déçus n’était qu’en fait un lieu insalubre, dirigé par un chef incompétent tellement qu’il était débordé, et remplis de personnes assoiffées de haine et plus méprisables les unes que les autres. Il ne s’était jamais intégré dans cet endroit. Pour compenser son manque de sociabilité (et surtout pour montrer qu’il était pas si nul que ça), il avait entraîné une pauvre fille complètement amnésique dans la résistance et s’était enfuie avec de précieuses informations. Le boulet avait voulu se rattrapper en ramenant sa tendre petite chérie dans cet endroit infernal ; résultat, elle était plus que jamais malheureuse par sa faute.

Mais ce qui faisait de lui un véritable lâche, était le fait qu’il avait abandonné la Résistance en plein milieu des combats contre les alliés. S’il avait réussi à échapper à Luke, il ne pouvait échapper à la promesse qu’il s’était faite: trahir la Résistance. Leur faire payer le cauchemar qu’il vivait depuis des mois et le peu de chose qu’elle lui avait apporté. Alors, il était parti, avec son épée qui avait à peine servie. Et depuis ce jour, il n’était jamais revenu au QG. De toutes façons, d’après son coloc’ Hero, ils avaient changé de cachette.

Maintenant, l’italien n’était plus qu’un petit étudiant de rien du tout, diplômé tout de même - et c’était sa seule fierté - qui vivait reclu dans son appartement. Il passait ses journées à se lamenter sur son sort et surtout à se demander pourquoi il avait entraîné la femme de sa vie dans cette histoire. Il savait qu’il risquait de la perdre, il savait surtout qu’il allait effectivement la perdre. Et il en était dévasté.

Alors devant cette mine de désarmé que lui reflétait cette glace, il avait porté le couteau de cuisine à quelques centimètres de sa poitrine. Il soufflait des paroles pour se rassurer, il n’allait manquer à personne. Mais soudain, la porte se mit à tambouriner. Des paroles haineuses vinrent s’accompagner avec ce concert de violence “Léo ! Léo ! Ouvre cette putain de porte ou c’est moi qui le ferait et je casserais ta gueule avec ! “. OH PUTAIN. Non. Tout mais pas elle. Léo jeta son couteau par terre et vint ouvrir la porte. Encore une fois, il se tenait face à son passé. Neven, son ex qu’il avait fait souffrir, était là pour régler ses comptes. Dans un soupir, le sang mêlé se contenta de lui dire: “Qu’est-ce que tu me veux ? Je ne suis pas d’humeur pour parler avec toi aujourd’hui. Reviens un autre jour, quand j’aurais envie de parler avec une délurée.” Mais dans un autre soupir, il préféra ajouter: “Fiche le camp d’ici.”
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Dernière édition par Léo Fabiani le Dim 24 Déc - 16:22, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: your soul is my eternal bruise + léo your soul is my eternal bruise + léo Icon_minitimeDim 27 Aoû - 23:53

Elle entend un bruit de métal tinter, comme si quelque chose était tombée par terre, mais n’a pas le temps de se poser davantage de questions : la porte s’ouvre et laisse se dévoiler un Léo totalement différent du souvenir qu’elle avait de lui. Les traits tirés, de grandes cernes sous ses yeux, il semble avoir pris subitement dix années de plus. Il a perdu l’étincelle rieuse de son regard, celle dont elle se rappelle toujours avec un pincement au cœur. Il a même perdu cet air cruel, celui qu’elle avait découvert quand leur relation était tombée en ruines et qu’il avait dévoilé son vrai visage, celui du monstre qu’il était. À présent il semble aussi transparent qu’un fantôme, comme si les horreurs de la vie l’avaient brusquement rattrapé et qu’il avait enfin dû payer ses crimes.

Et elle a beau se répéter qu’il ne mérite pas sa pitié, qu’il n’avait pas à se comporter en connard fini et qu’il l’avait bien cherché, elle ne peut s’empêcher de sentir son cœur se serrer, comme il l’avait fait des années auparavant alors qu’ils venaient à peine de se rencontrer. Qu’est-ce qu’il lui est arrivé pour qu’il change ainsi ? C’est presque comme si elle était en face d’une nouvelle personne.

« Qu’est-ce que tu me veux ? Je ne suis pas d’humeur pour parler avec toi aujourd’hui. Reviens un autre jour, quand j’aurais envie de parler avec une délurée. » Même sa voix a changé, elle est plus lasse, comme un soupir. Il semble presque trop fatigué de vivre. « Fiche le camp d’ici. »

Neven reste interdite pendant quelques secondes, oubliant momentanément la raison de sa venue ici. Jamais elle n’aurait imaginé voir Léo changer ainsi. Ces années passées loin de lui avaient aidé à diaboliser son souvenir de lui, le transformant en démon suprême dont elle n’avait été que la pauvre victime, de A à Z. Il l’avait trompée, utilisée et jetée une fois sa vraie nature révélée. Elle avait fait exprès d’oublier qu’il était humain parce que c’était plus facile ensuite pour elle de le détester et de lui en vouloir. Transformez quelqu’un en monstre et vous n’aurez aucun remord à le haïr.

« Dans tes rêves. » Lui balance-t-elle en passant sa main dans l’ouverture de la porte et la bloquer. Peu importe dans quel état lamentable ce pauvre con est, elle compte bien lui régler son compte. La raison de sa venue lui revient petit à petit en tête ainsi que sa colère, les sentiments venimeux qui ne cessaient de l’infecter depuis qu’elle avait revu son visage à la Colonie. Il ne lui échapperait pas cette fois.

Elle lui donne un coup d’épaule pour le dégager et rentre dans son appartement sans entendre ses protestations. Malgré elle, le contact de leurs peaux a l’effet d’une décharge électrique et elle se surprend à frissonner. Elle a beau le détester pour ce qu’il lui a fait, elle a été amoureuse. Ça rend les choses encore plus douloureuses mais elle ne compte pas se laisser amadouer. Sans ménagement, elle avance dans l’appartement, donnant des coups de pieds dans les fournitures par terre, qu’importe le bordel qu’elle puisse causer, qu’importe les affaires qu’elle puisse casser. Elle s’en fout qu’il soit pas d’humeur, elle s’en fout que ce soit pas le bon moment. Elle se retourne vers lui, les mains posées sur ses hanches, furieuse comme jamais elle ne l’a été.

« Je savais que tu étais une ordure mais jamais j’aurais pensé que tu serais capable de tomber encore plus bas. Mais félicitations, t’as bien réussi à me surprendre ! » Elle sait qu’elle n’est pas claire mais s’il ne saisit pas de quoi elle veut parler, cela risque de l’énerver encore plus. Prenant une grande inspiration, elle reprend. « Alors tu comptais me dire que tu étais un sang-mêlé avant ou après que je te parle de ma vraie nature ? Probablement jamais, hein ? J’imagine que le fait que tu sois du côté des Résistants devait aussi rester secret. Et bah dommage pour toi, si tu comptais garder ça pour toi, il fallait pas venir attaquer la Colonie avec tes petits copains ! » Elle fait un pas vers lui et le pousse de toutes ses forces en espérant qu’il tombe sur la tête et redevienne enfin le gars décent dont elle était tombée amoureuse. Et c’est avec ce même désespoir mêlé de colère qu’elle se jette sur lui, martelant son torse de ses poings comme si elle pouvait briser cet être minable qu’il était devenu, comme si tout ça n’était qu’une carapace et qu’il restait encore un peu de lumière derrière ce masque. «  Pauvre con ! Tu pensais à quoi en faisant ça, hein, dis-le moi ?! » Elle sert à présent le col de son teeshirt entre ses mains, son visage à quelques centimètres du sien, les dents si serrées qu’elles lui font mal. « Tu t’es senti supérieur, c’est ça ? T’as retrouvé ce sentiment d’ivresse, le même que t’avais quand tu me savais dépendante ? C’était jouissif, hein ? Voir tous ces gens tomber autour de toi, tout ce chaos, je suis sûre que tu as adoré. Et pendant quelques instants t’as presque failli oublier le pauvre mec que t’es, hein ? Tu peux me le dire à présent, tu sais, t’es pas obligé de te cacher. Je connais ton vrai visage. » Sa voix s’est baissée pour au final presque se briser sur les derniers mots. Elle se souvient trop bien des cadavres de tous ces jeunes morts sans qu’elle ne puisse rien faire pour les défendre. Tous ces petits corps qu’elle a tenus entre ses bras, sanglotant silencieusement, tous ces visages qu’elle ne réussira jamais à oublier. Elle est restée des jours à côté de leurs tombes, à l’orée de la forêt, sans jamais se faire à l’idée qu’ils étaient partis pour toujours. Et Léo était responsable de tout cela. Il était le coupable, le meurtrier sanguinaire. Quelle injustice qu’il ait survécu quand tant de petits y avaient laissé la vie. Lentement elle finit par lâcher le tissu, les jointures blanches à force d’avoir trop serré. Elle fait un pas en arrière, ses cheveux ébouriffés par le mouvement, sa frange en désordre masquant son regard. Elle ne pleure pas mais c’est tout comme.

Son regard parcourt la pièce délabrée, cet endroit qu’elle avait fini par connaître par cœur à force d’y séjourner, comme une petite bulle loin de l’épuisante Colonie. Tout semble sans dessus-dessous – elle-même a contribué à ce bordel : des emballages de nourriture traînent ici et là à côté de vieux papiers et de vêtements sales, comme si Léo vivait reclus entre ces quatre murs depuis des semaines. Elle n’a pas le temps de s’apitoyer sur son sort ; son regard se pose sur un objet étincelant qui trône parmi toute cette crasse, un aigle parmi les pigeons. La lame effilée d’un couteau de cuisine, bien loin de son tiroir habituel. Il ne lui faut pas beaucoup de temps pour qu’elle fasse le lien avec le bruit qu’elle avait entendu derrière la porte.

« Léo… Pourquoi il y a ce couteau par terre ? » Sa voix est encore tremblante, toujours pas remise de ses émotions. Elle passe d’un extrême à l’autre, de la colère la plus brûlante à la plus profonde mélancolie, déchirée entre le souvenir de leur relation et la haine qui a infesté son cœur. Mais à cet instant précis, elle ne peut détacher ses yeux de cette lame et de tout ce qui aurait pu se passer – tout ce qui pourrait se passer à cet instant précis.
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MessageSujet: Re: your soul is my eternal bruise + léo your soul is my eternal bruise + léo Icon_minitimeMar 29 Aoû - 9:50




Your soul is my Eternal bruise

neven & léo

And you are passive-agressive, passive-agressive.


La colère, la haine, la tristesse, le désir de vengeance … Léo ressentait toute la douleur de Neven à travers ses yeux qui exprimaient un profond et lointain chagrin jamais consolé jusqu’à maintenant. Elle avait promis de revenir pour obtenir sa revanche et maintenant elle était là, sous ses yeux, prête à l’étrangler. Sa plus grande volonté à cet instant était de se débarrasser d’elle. Ce n’était pas le moment. Elle n’aurait jamais dû le déranger. Il aurait pu mettre fin à sa misère si facilement. Alors pourquoi l’avait-elle interrompue ? C'était encore le destin qui se payait de sa tête. La fille qui le détestait le plus au monde venait de lui sauver sa vie. Mais quelle ironie pouvait prendre l’existence quand elle voulait ! D’ailleurs en regardant sa mine complètement dépitée, Neven troqua son visage colérique avec un autre visage plus surpris, choqué même. Léo faisait tellement pitié qu’il avait le pouvoir de déstabiliser les autres si bien que son ex semblait avoir oublié toute sa haine. Mais cela avait duré que très peu de temps.

Neven le poussa le violemment et pénétra dans l’appartement de Léo. Elle y découvrit tout un monde désordonné et répugnant constitué à l’image de l’humeur de l’occupant. Elle demeura une nouvelle fois surprise mais ne se laissa pas déstabilisée et commença à exprimer toute sa colère en donnant des coups aux affaires qui traînaient par terre. L’italien se mit en rogne, prêt à buter cette fille qui se donnait l’illusion de pouvoir rendre la monnaie de sa pièce. “Neven ! Dégage ! Tu n’as pas le droit de rentrer chez moi comme ça ! En plus je partage l’appartement avec quelqu’un d’autre ! Alors tu DÉGAGES TOUT DE SUITE ! “ L’ouranie restait insensible à ses protestations. Elle se déchaîna quelques instants contre des affaires de bureau et finit par arrêter son carnage et se tourner vers Léo. “Je savais que tu étais une ordure mais jamais j’aurais pensé que tu serais capable de tomber encore plus bas. Mais félicitations, t’as bien réussi à me surprendre ! Alors tu comptais me dire que tu étais un sang-mêlé avant ou après que je te parle de ma vraie nature ? Probablement jamais, hein ? J’imagine que le fait que tu sois du côté des Résistants devait aussi rester secret. Et bah dommage pour toi, si tu comptais garder ça pour toi, il fallait pas venir attaquer la Colonie avec tes petits copains !”

Comment savait-elle ? Il avait réussi à conserver sa véritable identité pendant des années. Cette Neven l’avait donc espionné ? Si à ce moment précis, il avait eu le courage de lui demander, il était sûr de se prendre son poing dans la figure. Il préféra attendre la suite des événements de la même manière qu’un prisonnier qui attendait silencieusement sa sentence. La créature se rapprocha de lui, il ne recula pas, trop curieux de savoir comment les choses allaient tourner. Elle le poussa. Il atterrit par terre. Elle se mit à le frapper de toutes ses forces en prononçant le discours le plus haineux qu’il ait jamais entendu: “Pauvre con ! Tu pensais à quoi en faisant ça, hein, dis-le moi ?! Tu t’es senti supérieur, c’est ça ? T’as retrouvé ce sentiment d’ivresse, le même que t’avais quand tu me savais dépendante ? C’était jouissif, hein ? Voir tous ces gens tomber autour de toi, tout ce chaos, je suis sûre que tu as adoré. Et pendant quelques instants t’as presque failli oublier le pauvre mec que t’es, hein ? Tu peux me le dire à présent, tu sais, t’es pas obligé de te cacher. Je connais ton vrai visage.” Des mots cruels arrivaient dans sa face. Les coups de Neven se prolongeaient, toujours aussi puissants. Pourtant le monstre qu’il était se sentait à peine affecté. Des mots n’étaient que des mots, les gestes faits avec impuissance. Il avait l’impression de se faire frapper par une petite mouche et que s’il le voulait, d’un revers de la main, il l’aurait dégagé.

Elle finit par se relever, fatiguée de s’être autant défoulée sans pour autant être satisfaite. Léo non plu n’était pas satisfait. Il aurait préféré qu’elle l’achève. Pourtant, il avait juste l’impression qu’elle avait retenu ses coups. Le fils de Notos le savait, Neven était encore amoureuse de lui, elle était elle-même retenue par ce sentiment qui la rendait si maléfique. Lui, qui n’avait jamais rien éprouvé pour elle, ne comprenait pas toute la peine qu’elle se donnait pour satisfaire sa colère. Il préféra passer outre ayant renoncé depuis longtemps à comprendre les femmes. Neven fut attirée par le couteau qu’il avait lâché quelques instants plus tôt. Cet objet brillant semblait se rire de l’ancien couple. De son aspect dangereux, il aurait pu malgré tout rendre la liberté à Léo. “Léo… Pourquoi il y a ce couteau par terre ?”. L’homme en question baissa les yeux. Elle l’avait percé à jour cette salope. En quelques minutes à peine, elle avait comprit. Ou presque. Elle n’avait pas l’air de connaître toute l’histoire.

Léo se jeta sur elle. D’un geste brusque, il lui prit le bras dans la volonté de la foutre à la porte. En fait, il ne pouvait pas. Il avait envie de tout lui raconter. Il avait besoin de se confier à elle, comme avant. Alors envahi par une colère brutale, il se mit à hurler. “T’es qu’une abrutie ! Tu ne m’as jamais compris ! Et tu continues encore à me voir comme si j’étais le dernier des cons !” Le poignet de Neven était si mince comparé à celui du garçon. Il pensait qu’il pouvait le briser d’une seule pression. Mais il se retint, il lui avait fait assez de mal comme ça. “T’as fini de te défouler à ce que je vois. Pourquoi t’es revenu ici ? Je compte encore pour toi ? Oui je suis une ordure. De la pire espèce. Ces derniers mois n’ont fait que de le prouver. Je ne sais pas rester fidèle à une cause. Car je vais t’apprendre un truc: lors de la bataille contre la colonie, j’ai tué personne. Parce que je me suis enfui avant la fin. Parce que la Résistance ne m’a pas apporté grand chose. Je ne me sentais pas supérieur. Je n’ai pas été gagné par un quelconque sentiment d’ivresse. Je me suis senti vide. Ma vengeance n’a pas été comblée. Mes amis sont toujours morts, ma mère malade. Rien n’a changé. Et je l’ai compris trop tard. Mais je reste un connard car j’ai lâché tout le monde.”

Il lâcha Neven et ramassa le couteau, d’un air obstiné. Le sang mêlé la regarda en serrant le couteau de toutes ses forces. La voix tremblante, les yeux bleus transformés en océan car secoués de larmes qu’on pourrait confondre avec des vagues, il dit d’un ton las: “J’aurais préféré avoir la vision d’une autre personne devant moi avant de mourir mais puisque tu es là … tant pis.” La main tremblante, il lâcha pourtant l’instrument, décidement pas prêt à se laisser emporter par la mort.
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Dernière édition par Léo Fabiani le Dim 24 Déc - 16:27, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: your soul is my eternal bruise + léo your soul is my eternal bruise + léo Icon_minitimeSam 16 Sep - 13:42

Le regard de Léo se baisse, honteux et le silence se prolonge. Con comme il est, Neven ne s’attend pas vraiment à ce qu’il réponde à sa question – ou du moins, pas sincèrement. Elle continue pourtant de fixer son visage à la recherche d’une réponse, d’un indice, n’importe quoi qui pourrait l’aider à comprendre ce qui s’était passé dans la vie de son ex pour qu’il en arrive à cet instant fatal.

Mais Léo lui laisse pas le temps de trouver ses réponses. Il se jette sur elle et attrape fermement son bras, ses doigts gelés s’enfonçant dans la peau étincelante de la nymphe. Dans la violence de ses gestes, elle revoit en flashback les scènes précédant leur rupture, l’alcool dans le sang et la haine dans le cœur, alors comme dans un instinct de survie jusque-là endormi elle commence à se débattre en hurlant à plein poumons, autant pour le déstabiliser lui que se rassurer elle-même. Seuls les dieux savent à quoi elle pourrait penser si elle ne criait pas.

« T’es qu’une abrutie ! Tu ne m’as jamais compris ! Et tu continues encore à me voir comme si j’étais le dernier des cons ! » Mais sa voix vient couvrir ses cris et sans trop savoir pourquoi Neven retrouve le silence, comme si les paroles de Léo pouvaient l’intéresser. Elle l’écouterait presque s’il n’y avait pas l’étau de sa main sur son poignet lui faisant mal à en pleurer, s’il n’y avait pas ce couteau à leurs pieds porteur de fatalité. Mais elle ne dit plus rien. Elle est suspendue à ses lèvres, attendant d’autres mots, d’autres explications qu’elle n’avait pas réussi à trouver en sondant son regard. « T’as fini de te défouler à ce que je vois. Pourquoi t’es revenu ici ? Je compte encore pour toi ? Oui je suis une ordure. De la pire espèce. Ces derniers mois n’ont fait que de le prouver. Je ne sais pas rester fidèle à une cause. Car je vais t’apprendre un truc: lors de la bataille contre la colonie, j’ai tué personne. Parce que je me suis enfui avant la fin. Parce que la Résistance ne m’a pas apporté grand chose. Je ne me sentais pas supérieur. Je n’ai pas été gagné par un quelconque sentiment d’ivresse. Je me suis senti vide. Ma vengeance n’a pas été comblée. Mes amis sont toujours morts, ma mère malade. Rien n’a changé. Et je l’ai compris trop tard. Mais je reste un connard car j’ai lâché tout le monde. »

Son étreinte se défait alors et comme par réflexe elle fait un saut en arrière, se précipitant à quelques centimètres du sol pour se tenir éloignée de lui, pour ne plus ressentir ses mains sur sa peau. Ses mots l’ont heurtée plus qu’elle n’ose ne l’imaginer. Elle le contemple encore, à contre-cœur, essayant d’associer ces mots qu’il lui dit au Léo d’autrefois, à ce diable qui n’était capable que de blesser ceux autour de lui. À présent il lui fait presque pitié avec son air dépité et malheureux, comme s’il avait tout perdu. Beaucoup de choses se chamboulent dans son cœur. La haine continue de lui tordre les entrailles mais quelque chose d’autre s’est rallumé, plus doux, plus chaleureux, plus tendre. Elle est tiraillée entre deux extrêmes, aider Léo malgré le mal qu’il lui a fait ou terminer ce pour quoi elle était venue le trouver, qu’importe ce qui lui est arrivé depuis. Comment choisir ? Est-elle seulement capable de faire un choix ?

Elle se rapproche de lui, encore hésitante, mais c’est là qu’il ressaisit le couteau, oublié à leurs pieds. Et c’est comme si le temps venait de s’arrêter, suspendu au bout de cette lame aiguisée. Neven se fige, retombe au sol sans s’en rendre compte – le poids sur ses épaules est trop lourd à porter. Ses yeux champagne, autrefois rempli d’éclats dorés, viennent chercher le regard de son ex, mais ils ne voient qu’un océan de larmes flou et désespéré. L’air ne rentre plus dans ses poumons, aucun son ne sort de sa bouche. Il y a juste Léo et ce couteau, si près et pourtant si éloigné ; et elle paralysée par tous les sentiments qui se chamboulent dans son cœur.

« J’aurais préféré avoir la vision d’une autre personne devant moi avant de mourir mais puisque tu es là … tant pis. »

Non.

« Léo… » Sa voix se brise.

Non. Non ! Sa volonté dépasse son cœur et elle se précipite vers lui au même instant où l’instrument tombe par terre. Pas le temps de se poser des questions, de se demander si ce qu’elle fait est bien ou mal, si elle va le regretter. Son pied envoie balancer le couteau de l’autre côté de la pièce, entre quelques vêtements abandonnés et boîtes de pizza usagées. Sans réfléchir elle passe ses bras autour de son cou et se serre contre lui, s’agrippant à lui comme l’on s’agrippe à la vie. Difficile de discerner qui des deux tremble le plus.

« Bien sûr que tu comptes pour moi. Plus que ce que tu pourras jamais imaginer. Plus que ce que j’ai jamais voulu m’avouer. » Dit-elle d’une voix étouffée. « Malgré tout le mal que tu m’as fait, malgré tous les mauvais souvenirs que j’ai de toi, malgré tout ça, je suis revenue te voir. Bien sûr que j’étais en colère après t’avoir vu à la Colonie et que je voulais te le faire payer… Mais une partie de moi voulait tout simplement te revoir et comprendre. Parce que je… » Elle se tait brusquement, réalisant enfin ce qu’elle est en train de dire, cette vérité qu’elle ne voulait jamais dévoiler à qui que ce soit. La raison la rattrape aussitôt : la première fois ne lui avait pas suffi ? ne se souvenait-elle pas de ce qui s’était passé la dernière fois qu’elle s’était confiée à Léo ? Et si tout ça n’était qu’une énième stratégie de sa part pour qu’elle retombe dans ses filets ? Les souvenirs ressurgissent, témoins des horreurs qu’il lui avait fait subir la première fois, et son corps se crispe.

Tu peux pas aimer et haïr quelqu’un en même temps.

Elle recule brusquement, essayant d’ignorer les gémissements d’une partie de son cœur qui disparaissent peu à peu sous les élans de sa colère qui vient de se réveiller. Elle ne peut pas tout lui pardonner, qu’importe la situation ou la mise en scène qu’il a créé. Il doit payer ses crimes. Elle croise les bras, essayant de cacher le tremblement de ses mains qui n’arrive pas à s’arrêter malgré toute sa volonté.

« Mais j’oublie pas que t’es une ordure et que tu mérites tout ce qui t’arrive. Je pense même que les Parques ont été trop généreuses avec toi et que tu n’as pas assez souffert. » Pourtant, elle vient de l’empêcher de se tuer. Quel étrange paradoxe, à l’image de ses sentiments – mais ça, il ne faut pas le laisser savoir. « T’as besoin que je te félicite pour t’être rendu compte de tes conneries ? Parce que je le ferais pas. Ça ne te lave pas de tes erreurs. Ça ne m’empêche pas d’oublier tout le mal que tu as fait, Léo. Tout le mal que tu m’as fait. Et tu crois pouvoir t’en sortir en te tuant ? Être lâche jusqu’au bout ? » Les mots sont durs, elle le fait exprès même si elle n’aime pas ça. Elle n’a pas d’autre solution : c’est soit ça, soit admettre une autre de ses faiblesses. Et la dernière fois qu’elle l’avait fait avec Léo ça s’était mal passé. Ses cicatrices ne lui rappellent que trop bien son erreur, elle ne la refera pas deux fois. Alors même si c’est pénible, même si c’est douloureux, elle fait un pas vers lui et plante à nouveau son regard dans le sien, cette fois-ci bien plus sévère et colérique, pour ne rien laisser passer.

« Je t’interdis de mourir Léo. Je veux que tu vives avec tes erreurs. Et si un jour tu dois mourir, ce sera moi qui te tuerait. »

Elle aurait aimé détourner le regard à ce moment-là pour ne pas le laisser entrapercevoir la lueur de regret qui y scintille en même temps qu’elle prononce ces mots. Mais elle a fait son choix et elle doit s’y tenir jusqu’au bout.
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MessageSujet: Re: your soul is my eternal bruise + léo your soul is my eternal bruise + léo Icon_minitimeJeu 28 Déc - 12:01




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neven & léo

And you are passive-agressive, passive-agressive.


La vue de ce couteau pointée vers son torse lui coupa toute envie de le planter dans son corps. L’arme pesait lourd dans sa main, son froid métallique frigorifiait ses doigts et sa brillance parfaite renvoyait une lumière agressive dans ses yeux. L’arme était belle, majestueuse dans sa capacité à terroriser celui qui la possédait. Elle était si parfaite, pas une trace ne souillait la blancheur de la lame. C’était une sorte de provocation. Le couteau parfait se riait de Léo en affichant sa beauté terrifiante, comme s’il le mettait au défi de salir sa lame si bien aiguisée, si droite, si belle. C’était cette silencieuse provocation qui décourageait le jeune homme de souiller l’instrument de son sang de traître. Le fils de Notos ne valait pas la qualité de cette lame tranchante. Quoique, au fond, il était lui même une arme destructrice. Il était un couteau ambulant qui avait tranché un grand nombre de coeurs et de sentiments. Il continuait à être cette arme destructrice où les pleurs des femmes qu’il avait trahi se versait sur sa lame. Il était ce genre de couteau assassin, jamais propre, facilement dissimulable derrière un sourire mais toujours à porté de main, prêt à être dégainé à n’importe quel moment. Il était une arme sanglante, qu’on rejetait lorsque le sang avait coulé à flot, dégouliné jusqu’au manche même. Il était une arme de traître qui se partageait la chair des victimes avant de sacrifier celle du possesseur.

Léo ne valait pas mieux qu’une arme. Alors à quoi bon se mesurer à elle ? Dans cette décision qu’il avait prise sur un coup de tête, une seule réflexion lui était venue à l’esprit. À quoi servait-il ? Sa conscience lui envoyait peut être une dernière alerte, faite pour qu’il se remette encore une fois en question avant de véritablement en finir. Il n’était pas grand chose, il l’avait compris trop tard. Enfin si, il savait au moins une chose: qu’il était un sombre connard. Au fond, c’était quoi un connard ? Une belle erreur de la nature, impossible à corriger, laissée à l’abandon en espérant que cette erreur n’allait pas trop causer d’ennuie dans ce monde où la perfection était la chose la plus recherchée voire la plus désirée. Oui, Léo était un peu cela. Sa vie n’était que errance. Il s’accordait à un groupe social, pour ensuite le quitter et en intégrer un autre. Il changeait d'identité sociale probablement comme il changeait de chemise. Un jour, on faisait sa connaissance, on commençait à s’attacher à lui et puis pouf, il disparaissait, ne laissait aucune trace. Toute sa vie était basée sur ce dispositif de lâcheté. Il se comportait de la même manière avec les femmes et Neven était la première à témoigner. Et elle était surtout la première à vouloir se venger, à détruire toutes les bases qui avaient construit la vie de l’italien. Au fond, peut être que Léo attendait d’être délivré.

“Léo…”. Le pied de Neven envoya valser le couteau que tenait le sang mêlé. Le jeune homme se sentait comme libéré du poids de ses erreurs qui pesait lourd sur sa main, sur corps tout entier. Il se sentait libéré de ce duel idiot qu’il s’était infligé. Le couteau n’était plus dans sa main, il avait le sentiment de revivre juste un instant, le temps de se rendre compte que pour une fois, il n’avait pas commis une autre erreur. Il regarda Neven d’un air surpris. Il ne comprenait pas pourquoi elle avait agit de la sorte. Il ne comprenait pas pourquoi elle était venue se coller contre lui. Il ne comprenait surtout pas comment elle avait pu prononcer des choses pareilles: “Bien sûr que tu comptes pour moi. Plus que ce que tu pourras jamais imaginer. Plus que ce que j’ai jamais voulu m’avouer. Malgré tout le mal que tu m’as fait, malgré tous les mauvais souvenirs que j’ai de toi, malgré tout ça, je suis revenue te voir. Bien sûr que j’étais en colère après t’avoir vu à la Colonie et que je voulais te le faire payer… Mais une partie de moi voulait tout simplement te revoir et comprendre. Parce que je…”. Léo était sidéré. Comment la créature avait-elle pu changer le jugement qu’elle avait sur lui ? Elle était venue régler ses comptes et maintenant, elle lui déclarait presque qu’elle l’aimait encore. C’était insensé. L’italien la laissa faire, la regardant froidement, presque plein de mépris pour elle. Il méprisait son ex d’aimer une ordure pareille. Elle ne méritait d’éprouver le moindre sentiment envers lui, pas même du dégoût. De plus, tous les sentiments qu’elle avait éprouvé pour lui, Léo ne les avait jamais rendu. Oui, c’était mal. C’était facile de rendre responsable une personne de faire du mal à l’autre parce qu’il ne l’aimait pas. Mais au fond, était-ce encore une erreur ? Était-ce la faute de Léo de n’avoir jamais aimé cette fille ? Parce que étrangement, ne pas éprouver le moindre sentiment envers une personne, pouvait peut être faire autant de mal que d’aimer passionnément quelqu’un. Il y avait quelque chose de terrifiant dans le déni que Léo connaissait, que Léo subissait. Parce qu’avec un peu de recul, ses absences d’amour avaient pourri sa vie. Peut être même encore plus que quand il avait aimé.

“Mais j’oublie pas que t’es une ordure et que tu mérites tout ce qui t’arrive. Je pense même que les Parques ont été trop généreuses avec toi et que tu n’as pas assez souffert. T’as besoin que je te félicite pour t’être rendu compte de tes conneries ? Parce que je le ferais pas. Ça ne te lave pas de tes erreurs. Ça ne m’empêche pas d’oublier tout le mal que tu as fait, Léo. Tout le mal que tu m’as fait. Et tu crois pouvoir t’en sortir en te tuant ? Être lâche jusqu’au bout ?”. Le fils de Notos serra ses poings. Neven était comme une girouette qui se laissait guider par ses sentiments. Dès que le vent tournait, elle faisait de même, prête à pointer ses aiguilles de fer vers une autre direction. Maintenant, ses élans d’amour étaient passés. Léo en était d’ailleurs presque soulagé, il retrouvait enfin le véritable visage de la femme qu’il avait quitté. Au moins, elle restait fidèle à elle-même, il devrait y prendre de la graine. “Je t’interdis de mourir Léo. Je veux que tu vives avec tes erreurs. Et si un jour tu dois mourir, ce sera moi qui te tuerait.”.
Léo explosa. Un rire sinistre sortit de sa gorge, ravageant tout l’appartement de son cynisme. Son hypocrisie était revenue, prête encore une fois à blesser la femme qui se tenait face à Léo. Sa folie octroyait toute morale. Sa méchanceté n’avait encore une fois aucune limite. “Sérieusement Neven ? De quels droits tu me donnes des leçons ? Et surtout, pourquoi je devrais les écouter ? Pour qui te prends-tu, vraiment ?”. La colère prenait le dessus sur son rire. Son accent italien se glissait dans chaques mots. C’était un étrange mélange. Des mots odieux exprimés avec un accent chaleureux. “Tu n’as jamais compté pour moi. Tu n’es rien pour moi. Je n’ai aucune obligation de les écouter. T’es comme les autres, tu me reproches un tas de choses. Oui, j’ai fait des erreurs. Oui, je dois les assumer. Mais s’il te plaît, tu m’as toujours fait pitié. Enfin c’est ta naiveté qui me fait pitié. Mais je suis déçu que tu sois comme tous les autres, à toujours cracher sur les conneries du voisin sans regarder ses propres conneries. Pourquoi t’es venue ? C’est pour te venger ? Parce que je ne t’ai jamais aimé ? Mais, c’était de ma faute ou de la tienne ? Neven, si tu m’as aimé, c’est entièrement de ta faute, pas de la mienne. Et cette connerie que tu as faite en m’aimant, tu l’as assumé ou pas ? Tu viens te venger pour nier ta propre responsabilité dans tes sentiments ou pour me faire payer le fait que je n’aurais jamais dû être la personne que tes sentiments visaient ?”

Il se noyait dans un tas de paroles, un tas de questions qui étaient juste faites pour provoquer cette pauvre fille qui avait eu le malheur de l’aimer. C’était aussi un bon moyen de défendre ses actions, donner une excuse à toutes les horreurs qu’il a fait à Neven. Pourquoi faire ? Pour le rendre plus légitime ? Quel con. Il continuait encore à lui faire du mal. Il continuait à se remuer dans la plaie de Neven. Il la regarda dans les yeux. La fragilité de son ex se ressentait dans son regard malgré son désir de montrer qu’elle était une femme forte. Un sourire passa sur son visage. C’était une grimace amère, quelque chose de plus repoussant qu’autre chose. Il s’avança vers elle et déposa ses lèvres contre les siennes. C’était un baiser sans passion comme une caresse sans chaleur. Une sorte de haine qui scellait à jamais l’ancien couple. Il écourta ce rapide baiser et lui jeta un regard mauvais. “ Un jour, ce sera toi qui me tuera ? Pourquoi “un jour” ? Pourquoi pas maintenant ? À moins que ce soient tes sentiments te rendent encore incapable de le faire.”


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MessageSujet: Re: your soul is my eternal bruise + léo your soul is my eternal bruise + léo Icon_minitimeDim 11 Mar - 18:09

Les mots sont comme de minuscules doses d’arsenic. Au départ on ne réalise pas qu’on en prend, on les avale sans vraiment y faire attention. C’est comme s’il n’y avait aucun effet. Et puis ça nous heurte d’un coup, une fois que le poison est bien répandu partout dans notre corps et qu’on ne peut plus retourner en arrière. Alors l’effet toxique se fait ressentir et on est fait prisonnier. Il n’y a plus moyen de s’en sortir, on a beau tout essayé, c’est impossible, on est coincé. On en redemande encore et encore même si l’on sait que ces mots nous tueront. On ne sait plus faire autrement, on n’a plus de contrôle sur quoique ce soit. On a juste besoin de notre dose d’arsenic.

Avec Léo ça n’avait jamais fonctionné autrement. Il répandait ses mensonges tout autour de lui comme un nuage toxique et Neven avait bu ses paroles sans prêter attention au poison lui brûlant la gorge. Elle était devenue accro, addict à ses beaux discours emplis d’hypocrisie, accrochée à lui comme l’on s’accroche à une bouée. Il l’avait traînée, écrasée, déchirée, elle ne voyait rien du mal qu’il lui faisait. Il suffisait qu’elle s’éloigne de quelques mètres de lui pour oublier comment respirer, alors elle finissait toujours par revenir à lui, incapable de vivre sans ses mensonges. Elle avait beau sentir le venin passer dans sa gorge lorsqu’elle l’embrasser, rien n’était plus enivrant que le parfum de ses lèvres – à l’époque, ça éclipsait tout le reste. Toutes les morsures, toutes les plaies, toutes les écorchures qui avaient meurtri son âme et continuaient de lui faire mal aujourd’hui, bien dissimulées sous toutes les couches de confiance qu’elle avait accumulées.

Enfin, elle avait fini par comprendre. Elle pouvait détruire le monde pour lui, détruire sa vie pour lui – et lui, quoi ?  Léo n’avait jamais été rien d’autre qu’un tissu de mensonges et de lâchetés, traître à sa cause et son identité. Quand elle avait alors voulu lutter contre l’intoxication, elle avait crû bon de choisir l’alcool comme antidote. Mais l’alcool l’avait ruinée, empirant la situation déjà critique. Léo avait le dessus et il l’aurait toujours, qu’importe ce qu’elle ferait. Alors elle s’était mise à genoux, le suppliant de sortir de sa vie, de la laisser enfin être en paix avec le dur poids de son immortalité. Mais il avait juste esquissé un rictus. Son rictus à lui, oiseau de malheur, porteur de tragédies et de mauvaises nouvelles. Il s’était contenté de ricaner sans même lui adresser un regard. Pas parce qu’il ne pouvait pas affronter la détresse de ses yeux – parce qu’il était déjà passé à autre chose ; parce qu’il n’avait jamais accordé d’importance à Neven en premier lieu. C’était ça qui l’avait achevée. Pas une énième insulte, un énième bleu à l’âme, une énième blessure au cœur. C’était son indifférence qu’il n’avait jamais eu besoin de cacher.

Aujourd’hui il refait le même cinéma. Il n’a pas changé Léo, il reste toujours le même, mensonge monté de toutes pièces, imposteur de sa propre existence. Il va de lieu en lieu, répandant dans son sillon ce nuage de malheurs qui le caractérise si bien, comme un pestiféré cherche à contaminer les autres dans l’espoir de se délivrer du poids écrasant de la solitude. Il ne sait que blesser les autres. C’est la seule chose qui le fasse sentir vivant et qui arrive à donner un sens à sa misérable vie. C’est la seule illusion de contrôler qu’il parvient à trouver.

Alors il rit, il explose d’un rire empli d’éclats de verre brisés, un rire qui n’a encore une fois rien de vrai. Il continue de faire semblant. Il a oublié ce que ça fait d’être vrai.

« Sérieusement Neven ? De quels droits tu me donnes des leçons ? Et surtout, pourquoi je devrais les écouter ? Pour qui te prends-tu, vraiment ? » Il la provoque. Il continue toujours de faire les mêmes erreurs. « Tu n’as jamais compté pour moi. Tu n’es rien pour moi. Je n’ai aucune obligation de les écouter. T’es comme les autres, tu me reproches un tas de choses. Oui, j’ai fait des erreurs. Oui, je dois les assumer. Mais s’il te plaît, tu m’as toujours fait pitié. Enfin c’est ta naïveté qui me fait pitié. Mais je suis déçu que tu sois comme tous les autres, à toujours cracher sur les conneries du voisin sans regarder ses propres conneries. Pourquoi t’es venue ? C’est pour te venger ? Parce que je ne t’ai jamais aimé ? Mais, c’était de ma faute ou de la tienne ? Neven, si tu m’as aimé, c’est entièrement de ta faute, pas de la mienne. Et cette connerie que tu as faite en m’aimant, tu l’as assumé ou pas ? Tu viens te venger pour nier ta propre responsabilité dans tes sentiments ou pour me faire payer le fait que je n’aurais jamais dû être la personne que tes sentiments visaient ? » Il a besoin d’une réponse.

Mais Neven est paralysée, tous ses membres engourdis. Chacun des mots de l’italien a réveillé en elle un nouvel incendie et pourtant, elle n’arrive pas à articuler le moindre mot. Bien sûr qu’il la cherche, qu’il appuie là où ça fait mal, bien sûr qu’il veut qu’elle s’énerve.  Et elle a envie de répondre, de se jeter sur lui et de le marteler de coups et de mots, de lui faire payer toutes les fois où il lui a fait du mal, toutes les fois où elle s’est heurtée à un mur alors qu’elle cherchait juste quelqu’un à qui offrir son cœur. Elle a envie de lui faire autant de mal qu’il lui a fait, de lui cracher toutes les horreurs qu’il lui craché, de lui infliger tous les coups qu’il lui a infligé. Et pourtant, la seule chose à laquelle elle peut penser en le regardant c’est l’expression de son visage, deux secondes plus tôt, et sa main tremblante tenant la lame si près de son cou.

Elle le déteste pour ça.

Il s’avance vers elle lentement, comme un serpent glisse vers sa proie. Ses pieds sont comme ancrés dans le sol. Elle le laisse approcher, à la fois furieuse et vulnérable, incapable de détourner ses yeux des siens. Il pose ses lèvres contre les siennes, glaciales - le froid d'une statue ou d'un mort, peut-être un peu des deux. Il n’y a aucun amour dans ce baiser, aucune passion. Pourtant elle ne peut s’empêcher de s’accrocher à lui, s’accrocher à ses lèvres comme si elle pouvait le sauver en l’embrassant suffisamment longtemps, comme si elle pouvait réveiller l’image de l’homme qu’elle continue d’imaginer sous tous ces artifices. Si Léo ne recule pas à ce moment-là, elle aurait continué. Peut-être même qu’elle n’aurait jamais arrêté.

Et elle se déteste pour ça.

« Un jour, ce sera toi qui me tuera ? Pourquoi “un jour” ? Pourquoi pas maintenant ? À moins que ce soient tes sentiments te rendent encore incapable de le faire. »

Le monde devient flou autour d’eux. Neven a soudainement l’impression d’être en funambule sur une corde au milieu du vide, suspendue dans l’instant présent. Il suffit d’un faux-pas pour qu’elle tombe et cette fois, elle sait qu’elle ne pourra pas voler pour y échapper. Elle déglutit péniblement, ses yeux toujours plantés dans les siens pour lui montrer qu’elle ne le laissera pas l’écraser une fois de plus. Leurs visages sont encore suffisamment proches pour qu’elle sente son souffle sur sa peau et qu’elle puisse compter chacun de ses grains de beauté. Surtout, elle peut voir toute l’expression de dégoût dans son regard, ce mépris qui lui est si caractéristique et qu’elle a pourtant refusé de voir pendant des années.

Et puis le coup part. Soudain. Fulgurant. Imprévu. Elle se demande même pendant quelques instants si ce n’est pas juste le fruit de son imagination, mais non. Les couleurs écarlates que commence à prendre la joue de Léo et les picotements au bout de ses doigts sont là pour lui montrer que c’est réel. Elle vient de le gifler.

« Mais pour qui tu te prends ?! » Sa voix fuse et se répercute sur tous les murs de la pièce, répétant en écho les paroles de Léo. « Je suis pas une meurtrière ! Je suis pas comme toi ! N’essaie pas de m’entraîner avec toi en pensant que ça te fera sentir un peu moins coupable. » Elle pose ses mains sur ses épaules, cherchant à le pousser mais ses gestes ressemblent plus à des caresses agressives qu’à de véritables coups. « N’essaie pas d’échapper à tes fautes Léo. Tu n’es pas celui qui ne m’aime pas, tu es celui qui ne sait pas aimer. Tu ne sais que faire du mal aux autres parce que tu espères au fond de toi que cela te fera sentir un peu mieux. Regarde où cela t’a mené. »

Elle désigne d’un geste du menton le couteau toujours au sol, si loin et pourtant si proche, comme si elle pouvait encore voir le bout de la lame pointé sous sa gorge, instrument fatal du destin.

« Tu veux que je reconnaisse mes erreurs ? La seule que j’ai faite ça a été de tomber amoureuse de toi. » Ses yeux brillent mais impossible de déterminer s’il s’agit de rage ou de regret. « Le pire a été de croire que tu pourrais un jour m’aimer en retour. Mais ton cœur est pourri Léo. Tu n’as aucune idée de ce qu’est l’amour. Tu blesses tout ceux autour de toi et ensuite tu les repousses en leur disant que c’est de leur faute, qu’ils n’avaient qu’à faire attention et qu’ils ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes. Mais tu sais très bien que c’est faux Léo. Tu ne laisses même pas les gens t’aimer. Pas étonnant que tu te retrouves seul. »

Pas étonnant que de tout l’univers ce soit Neven qui soit témoin de sa tentative de suicide. C’est peut-être la seule personne que Léo connaisse qui n’ait jamais totalement abandonné après qu’il l’ait repoussé tant de fois. La seule personne qui n’ait jamais cessé de totalement l’aimer malgré ses crasses et ses coups bas. La seule personne qui, au fond, n’ait pas envie de vivre dans un monde sans lui.
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