Ça fait des mois depuis les évènements qui se sont produits ici, à la colonie. Des mois que l’un de mes enfants a périt dans cet incident. Des mois que les blessés ont pansés leurs blessures. Des mois que mon fils a été torturé. Pourtant, je ne peux m’empêcher de venir ici. Je n’entre pas, bien entendu, mais j’observe, de l’extérieur des murs. Je ne peux m’empêcher de me demander si les choses auraient pu être différentes. Si j’avais été présente, aurais-je pu préserver mes enfants? Je ne sais pas. Et malgré que je tente d’être présente pour chacun d’entre eux, le fait que je me soit coupée du monde mythologique semble apparemment m’avoir empêchée de voir ceci venir. Conséquences regrettables de mon entêtement. Mais ce ne sont ni la culpabilité, ni le remord, qui ont entraîné mes pas ici. C’est plutôt… l’envie d’aider, je dirais? De voir si, malgré tout, je suis en mesure de faire quoi que ce soit pour aider nos enfants, à nous, les dieux.

Ce cheminement de pensé, ces interrogations, ne me vinrent pas d’un seul coup. Après ma première visite à la colonie, je rentrais à mon appartement de New-York. Le lendemain… je ne pus m’empêcher de retourner sur les lieux et de me mettre à fixer, encore une fois, la barrière. Ce manège dura quelques jours. Enfin, je crois. Disons que ma notion du temps n’est pas toujours exacte. Je prenais soin de camoufler ma présence et de me cacher lorsque des gens, demi-dieux ou pas, passaient dans le coin, question de ne pas éveiller de questions ou soupçons. Mais après quelques jours, ma garde devait s’être relâchée, sans doute, puisque j’entendis des pas venir dans ma direction, comme si la personne m’avait vue. Je me tournais donc dans sa direction.

Force me fut de constater que c’était effectivement le cas : on m’avait vue. Je soupirais donc de mécontentement. Moi qui espérait ne pas me dévoiler… c’était raté. Lorsque l’individus fut assez près, je lui souris :

- Bonjour!

☾ anesidora