DARE!

ARTHUR & JAYAN

Arthur s'était levée encore plus excitée que d'ordinaire, ce matin-là. Déjà suffisamment hyperactive, elle avait but deux cafés, pour être sûre de tenir toute la journée. Elle avait occupé sa matinée en accomplissant quelques tâches dans la Colonie, tout en évitant les terrains d'entraînement et l'arène. Ce dernier endroit était réservé à l'après-midi qu'elle allait passer... en compagnie de Jayan.
Arthur lui avait déjà parlé de l'entraînement et avait tenté de le convaincre, mais Jayan avait semblé peu enthousiaste. Pourtant, Arthur, persuadée de bien faire, était déterminée. Selon elle, le poignard était l'arme qui correspondait le mieux à Jayan. Il était petit, discret et ses pouvoirs sur les ombres ou la nuit pouvaient rapidement lui donner l'avantage. Elle en avait conclu qu'il devait apprendre à manier ne serait-ce qu'un poignard. Dès aujourd'hui, qu'il le veuille ou non.
Après avoir déjeuné, Arthur quitta le pavillon-réfectoire pour se rendre à l'arène, où Jayan devait la rejoindre. Elle attendit cinq, dix minutes, tournant en rond dans l'arène presque vide. Il devait être quatorze heures. Jayan n'avait toujours pas pointé le bout de son nez. Puisqu'Arthur s'énervait toute seule à ne rien faire, elle décida d'aller le chercher elle-même.
Elle arriva devant le bungalow d'Hermès et tambourina contre la porte usée par le temps. « Jayan, je sais que t'es là ! Debout ! » De quoi déranger ou réveiller le peu de personnes qui se trouvaient à l'intérieur.

La porte s'ouvrit alors qu'Arthur tapait encore dessus. Elle arrêta son poing juste avant qu'il ne heurte le visage du jeune homme. Un des nombreux fils d'Hermès. « Qui est-ce que tu cherches ? » « Jayan » répondit simplement Arthur. « Qui ça ? » Arthur lâcha un soupir d'agacement. Elle détestait employer le surnom de celui qu'elle considérait comme son petit frère. Mais visiblement, le grand benêt qui lui faisait face ne le connaissait que sous le nom du « Paresseux. Ou le paresseux, peu importe comment tu l'appelles. Le fils de Nyx. » Le jeune homme haussa les épaules. Soit il ne voyait vraiment pas de qui elle parlait, soit il ne savait pas où Jayan était. Arthur se pencha un peu, osa un coup d’œil à l'intérieur du bungalow, aussi bordélique que sa propre chambre. Pas de Jayan. Elle s'en alla, soufflant un bref « merci » au fils d'Hermès.
Arthur s'arrêta près du foyer autour duquel étaient regroupés les bungalows. Elle réfléchissait, cherchant où Jayan pouvait être. Manquerait plus qu'il m'attende déjà dans l'arène ! Si ça se trouve, on s'est croisés... Arthur repartit aussitôt. Elle retournait au point de rendez-vous.
Dès qu'elle foula le sable, elle le vit. Non loin des bancs, allongé par terre comme dans un lit. « C'est pas possible... » Elle le rejoignit presque en courant. « Par les dieux, Jayan ! T'es en avance ou c'est moi qui rêve ? »

Son cri réveilla Jayan, qui se releva, l'air de rien, tous sourires. « Je suppose que j'aurais du t'attendre ici un peu plus longtemps. Ça nous aurait évité de perdre du temps. » À ces mots, Arthur s'apprêta à sortir une de ses deux lames lorsque Jayan la devança et lui révéla son arme.
Arthur resta muette pendant quelques secondes, aussi impressionnée par le poignard que Jayan l'était lui-même. « Wow, il est magnifique. » Aussitôt, la machine à questions s'alluma dans sa tête et elle débita tout ce qui lui venait à l'esprit. « Comment tu fais pour l'enduire de poison ? Il possède une réserve dans le manche peut-être ? Tu l'as trouvé où ? Il est vraiment superbe ! Je ne sais pas s'il est très utile contre les monstres puisqu'il n'est pas en bronze céleste, mais le poison est une excellente idée. » Elle lui fit un clin d’œil et sortit son propre poignard. « Jayan, je ne te présente pas mon arme... puisqu'elle n'a pas de nom. » Elle haussa les épaules et plaça la lame face à celle de Jayan. Elle était très commune à un poignard normal, à la seule différence près qu'elle était en bronze céleste.
« Bon, j'imagine que tu ne t'en es jamais servit. Et puisque je sais que tu n'apprécies pas de te battre, je vais d'abord te montrer comment te servir de ça (Elle leva son poignard.) sans avoir à l'utiliser au corps à corps. » Poignet fléchi, elle prit un peu d'élan puis lança l'arme, qui se ficha dans une cible à quelques mètres d'eux. Arthur se retourna vers Jayan et lui sourit. « Tadam ! »

Arthur écouta attentivement la réponse qu'apportait Jayan à toutes ses nombreuses questions. Elle sourit à l'évocation des blockbusters et de la mégère. Jayan souriait, lui aussi. Et Arthur était heureuse de le voir si content.
Elle sortit ensuite un de ses deux poignards et le lança dans la cible la plus proche, annonçant ainsi la teneur de l'entraînement qui allait suivre. La lame atteignit le centre de peu et Jayan la félicita. « Merci ! Avec un peu d'entraînement, tu pourras bientôt arriver au même résultat. À toi ! »
Jayan imita en tout point la position d'Arthur et jeta l'arme en direction de la cible. Sans pour autant réussir à la toucher. Arthur allait rassurer Jayan - après tout, ce n'était que le premier lancer -, lorsqu'il tomba à ses pieds. « Qu'est-ce que... » Elle s'accroupit et secoua doucement le corps immobile de son petit frère. Elle crut un instant qu'il s'était endormit délibérément et s’apprêtait à le réveiller sans ménagement, lorsqu'elle remarqua l'entaille. Une légère coupure au doigt dont commençait à perler du sang.
Arthur se laissa tomber sur le sable chaud et ne pu retenir un rire. Loin d'elle l'idée de se moquer de Jayan, mais la situation était trop improbable pour qu'elle n'en rit pas. « Blessé avec ta propre arme. Je maintiens ce que j'ai dit : tu ne t'en es jamais servi. » Elle redressa Jayan, le tenant assis en face d'elle. « J'aurais dû te demander ça dès le début, en fait... Combien de temps durent les effets du poison ? Tu peux parler au moins, j'espère..? » Dans la voix d'Arthur perça comme un pointe d’inquiétude. L'entraînement avait à peine débuté que l'un d'eux risquait déjà de finir à l'infirmerie.

Finalement, les effets du poison s'estompèrent assez vite.
Au lieu de laisser Jayan allongé dans le sable de l'arène, Arthur l'avait déplacé jusque dans les gradins. Pas seulement à cause du fait de rester par terre, mais aussi parce qu'elle avait failli recevoir un coup d'épée de la part d'un autre demi-dieu qui s'entraînait. Puis elle avait attendu, parlant parfois toute seule, espérant vaguement que Jayan puisse enfin lui répondre. Elle dut tout de même contenir son impatience pendant une bonne demi-heure.
Dès que Jayan fut sur pieds, sa motivation refit surface. « On va laisser de côté le lancer de poignard pour aujourd'hui. Autant voir tout de suite ce que tu vaux au corps à corps. Et puis si l'un de nous deux est encore touché par ta redoutable lame, on arrêtera là. »

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