Liées par le glaive | &Marley Mayers (terminé)

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Liées par le glaive.

__Encore une autre escapade nocturne qui prenait fin. Abigaïl rentrait de la forêt, toujours alerte, comme elle en avait prit l'habitude voilà quelques temps de cela. Une seule petite exception, qui pourtant était une avancée énorme dans sa vie, se voyait sur son visage : ses yeux n'étaient plus rouges. Depuis l'intervention de Bane qui l'avait trouvé seule au milieu des arbres, elle ne pleurait plus. Au contraire, elle commençait à apprécier ce moment de solitude, et l'utilisait pour prier son père.
__Abi avait peut être la chance d'avoir son père à portée de main (ou presque), elle préférait quand même ces moments plus intimes pour lui parler. Elle était en fait mortifiée à l'idée d'affronter son géniteur, et de lui exposer ses soucis, et ses pensées, directement. C'était un Dieu, après tout, il ne se souciait vraiment pas de ses problèmes de cœur, ni de ses petits soucis de brosse à cheveux. C'est pourquoi elle se contentait simplement de l'admiration et la peur d'un Dieu, et le respect que l'on doit à un père.
__Elle sentit la fatigue la gagner lorsqu'elle fit face à son lit. Elle était épuisée après les entraînements de ce matin, et savait que dès l'aube, elle devrait se rendre à l'arène une nouvelle fois. La jeune fille n'était pas encore habituée à ces exercices intensifs, mais commençait à prendre la main, et avait acquis les bases de combat en quelques semaines, ce qui était vital pour tout Sang-Mêlé qui espérait survivre. Arcs, épées, poignards, lances, elle ne voyait que cela à longueur de journées, ce qui ne lui donnait pas le temps de réfléchir à quoi que ce soit d'autre que le mouvement d'esquive qui lui permettrait de ne pas avoir à passer par la case Infirmerie. Alors dès qu'elle avait un peu de temps, comme chaque soir après les entraînements… ses pensées l'engloutissaient à la faire devenir folle. Une fois de plus, elle pensât ne pas trouver le repos, mais dès qu'elle posa sa tête lourde sur l'oreiller, elle plongea dans le monde des rêves.

★ ★ ★

__- Pourquoi aucune de ces feignasses ne pense à me réveiller le matin ?!
Elle détestait ça. Se sentir décalée par rapport à la journée. Levée du mauvais pied, elle se changea aussi vite que possible, se débarbouilla et couru jusqu'à l'Arène. Par chance, elle n'avait rien raté ; son cours commença en retard, à cause d'un blessé dans le groupe qui précédait le sien. Elle avait vaguement entendu l'Apollon qui insultait un autre pensionnaire en se tenant le bras, emporté par quelques Satyres. En fait, elle était tellement absorbée par sa course qu'elle n'y avait même pas fait attention.
__Toutefois, pendant l'incident, les membres de son groupe avait déjà décidés des binômes. Et elle était seule. Une fois encore. « Gé-nial » était tout ce qu'elle était en mesure de prononcer, que dis-je, souffler, défaite par sa situation. En s'attachant les cheveux, elle lança un regard peiné à Chiron, qui lui souriait pour lui redonner courage, et Abi lui répondit d'une petite moue boudeuse. Lorsqu'il fit quelques pas de côté, elle vit une autre pensionnaire, seule, qui n'avait pas l'air de vouloir se mêler aux autres.
__D'un regard, elle remercia le centaure, et serra les poings. Il fallait qu'elle y arrive, à briser le silence, à se pousser à aller vers les gens. Elle prit une grande inspiration, et marcha vers elle. À chaque pas, elle gagnait en confiance. Arrivée à son niveau, un sourire sincère mais maladroit se dessina sur son visage.
__- On fait équipe ? dit-elle timidement.
Elle priait presque les Dieux pour qu'elle accepte.

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Marley ne savait même pas comment elle s'était retrouvée là, dans l'arène pour un entraînement de groupe. Le matin même, elle s'était réveillée en pensant pouvoir se rendormir et faire la grasse mat', jusqu'à qu'on l'informe de Chiron voulait la voir. Paniquée, elle sortit de sous sa couette en vitesse, sous les aboiements de son chiot Jack Russel du nom de Myo. Il s'empressa d'enfiler un pantalon, un t-shirt, un pull et des chaussettes et sortit dehors.

Le centaure l'attendait devant le bungalow de Déméter. Elle s'avança jusqu'à lui et s'inclina.

-Bonjour monsieur Chiron !

-Salutations Marley. Tu dois te demander pourquoi je te fais lever aussi tôt, n'est-ce pas ? Et bien j'ai remarqué que tu commençais à aller de plus en plus souvent à l'arène, et ainsi j'ai pensé qu'il était bon que je t'inscrive à l'entraînement avec un professeur à l'arène, même si ta mère est très pacifiste, et que tu sembles l'être aussi. Si mes calculs sont bons, tu as cinq minutes pour t'y rendre, sans être en retard.

Marley resta bouche bée. Il n'avait jamais trop parlé au centaure, elle pensait même qu'il avait beaucoup d'autres préoccupations qu'elle, et pourtant il l'observait. Se rendant alors compte de la situation, elle retourna en vitesse dans le Bungalow, et attache Myo au pied de son lit, pour ne pas qu'il s'enfuit. Elle entreprit alors d'enfiler un jogging et retira son pull. La demie-déesse enfila ses baskets et courut jusqu'à l'arène. Chiron la suivait.

Elle arriva dans l'arène, avec un peu de retard, mais elle n'était pas la seule vu qu'une autre fille arriva en même temps de l'autre côté. Un blessé était en train de se faire emmener à l'infirmerie, tandis que les élèves du cours se mettaient par deux. Certain la regardait, se souvenant d'elle comme "la fille qui s'était faite battre par un mannequin".

Le fille de Déméter croisant les bras. Finalement, la solitude n'était pas ce qu'il y avait de plus mauvais. Elle jeta un coup d’œil au centaure qui épiait quelqu'un, avant de se déplacer. La fille de tout à l'heure se dirigea alors jusqu'à elle, d'un aire assez déterminée.

-On fait équipe ?

Miss Mayers fut surprise, et en resta bouche bée une nouvelle fois. Se rendant compte qu'elle devait avoir l'aire stupide, elle acquiesça. La jeune fille qui venait de l'accoster ne devait pas avoir vu son fiasco de la dernière fois. Elle décida tout de même de se présenter, au cas où elle en aurait eu vent, pour savoir à quoi elle devait s'attendre.

-Marley Mayers, fille de Déméter, enchantée. Lui dit-elle avec un sourire.

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__À l'entente d'une réponse affirmative, Abi se décrispa. Un soupir de soulagement se fit entendre, et avant même qu'elle put dire autre chose, la Sang-Mêlée prit la parole :
__- Marley Mayers, fille de Déméter, enchantée. lui dit-elle avec un sourire.
__Elle s'était présentée. Abi n'y avait même pas pensé. Ce geste de Marley la mit en confiance. Elle avait déjà entendu ce nom quelque pars, mais c'était beaucoup trop vague pour qu'elle se rappelle exactement pourquoi quelqu'un l'avait employé. Il lui semblait que c'était quelques Arès, et que l'un d'entre eux ricanait, mais elle n'avait jamais fait attention à leurs remarques. Peut-être parce que la plupart qui lui avaient été adressées avaient pour sujet son propre talent au combat. Talent qui n'a rien d'exceptionnel, qu'on se le dise.
__Elle avait apprit à ne pas faire attention aux paroles en l'air de la progéniture du Dieu de la guerre. Enfin, plutôt, elle voulait les oublier, en faire abstraction un minimum. Mais pour une jeune Sang-Mêlée qui avait fait du ridicule et du regard des autres ses pires cauchemars, il était encore dur pour elle de ne pas automatiquement prendre une observation mesquine pour argent comptant. Elle essayait, bien sûr, mais la plaie mettait son temps à cicatriser.

__Elle s'excusa machinalement, et se présenta de même. Une fille de Démeter, et une fille de Dionysos, ensemble… Abigaïl se demandait bien ce que cela pourrait donner. Elle ne savait même pas quel genre de dons ils pouvaient exploiter qui feraient d'elles des machines de guerre. Elle n'était pourtant pas très enjouée à l'idée de combattre d'autres pensionnaires, par peur de s'exposer au ridicule en premier lieu, mais aussi parce qu'elle ne cautionnait pas la violence comme la plupart des autres élèves de ce cours. Elle aimait le camp parce qu'il lui offrait une deuxième famille. Pas parce qu'il lui permettait de taper sur des têtes à claques. Tout compte fait, en arrangeant les choses de cette manière..
__Non, en vérité, si Abi prenait tant au sérieux cet entraînement, c'est parce qu'elle souhaitait survivre face aux monstres. Et peut être parce qu'elle se sentait inexistante aux yeux de son père. Ou qu'elle souhaitait être reconnue autrement que par un halo violet au dessus de sa tête... Mais bon, voilà, ça, c'était personnel.

__La jeune femme invita Marley à la suivre vers un coin illuminé de l'arène. Elle sortit de son fourreau la dague prêtée par la Colonie, de laquelle elle ne se séparait jamais, et regarda son visage qui se reflétait sur le bronze poli de la lame pour se redonner courage. Un sourire déterminé se dessina sur son visage, et elle s'adressa à sa coéquipière.
__- Bon, je sais pas ce que tu peux faire, mais apparemment je peux rentrer dans la tête des gens et les rendre fous. Elle marqua une pause un instant. Comme première approche, y'as mieux, je sais, mais j'ai pas vraiment demandé ce pouvoir. Et en plus, je ne sais pas le contrôler. Donc en fait euh, il sera un peu… inutile. Je ne sais même pas pourquoi je t'en parle.

__Ses dernières phrases, elle les avait mâchées, sentant un peu sa honte monter aux joues. Sa bouche se plia en un sourire embarrassé. Elle ne savait définitivement pas parler aux gens. C'était à chaque fois pareil : elle ne savait pas quoi dire, alors laissait tout ce qui lui passait par la tête sortir. Et ça résultait en quelques phrases qui n'avaient pas grand intérêt. Qu'est-ce qu'elle devait penser d'elle ? Elle se ridiculisait peut être. Mais tant pis. Dans une heure, le cours serait finit, et elle n'y pensera plus. Elle continua cependant ;
__- Tu sais faire pousser des trucs ? Si tu savais faire ça, ça m'arrangerait. Je sais quoi en faire après. Des plantes, je veux dire. Je sais quoi en faire une fois qu'elles poussent. Mais je sais pas les faire pousser… Tu comprends?

__Elle remit nerveusement une mèche de cheveux derrière son oreille. Elle voulait que tout se passe bien avec cette Demi-Déesse. Elle qui avait l'air si gentille…

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Marley regarda la jeune femme qui lui faisait face. Elle semblait très gentille. Elle se présenta comme Abigaïl, fille de Dionysos. La pauvre petite. L'Américaine n'aimait pas particulièrement Monsieur D., le trouvant borné et dénudé d'intérêt. Mais il restait le chef de la colonie, même si ce n'était pas du tout désiré. Malgré cela, elle le respectait car il restait un Dieu, et elle ne voulait pas se faire transformer en arbre...

Elle suivit Abi dans un coin de l'arène, et celle-ci dégaina une dague. Marley attrapa machinalement une épée courte et regarda sa congénère. Elle lui expliqua alors la nature de ses dons. Rendre les gens fous par la pensée ? Ah ouais, quand même... Surtout qu'elle ne le contrôlait pas. Elle dévisagea la fille de Dionysos avec un sourire.

-Temps que tu ne l'utilises pas sur moi, moi ça me va ! Répliqua la fille de Déméter en riant.

L'autre Sang-Mêlée lui expliqua alors son deuxième don. Marley se rendit alors compte qu'elle n'avait jamais découvert si elle possédait d'autres dons. Pourtant, Déméter était une grande déesse, sœur des trois grands ! Certes, l'appel du pouvoir ne lui faisait ni chaud ni froid, mais tout de même, la fille de Déméter quoi... Elle revint à la réalité lorsque sa partenaire la questionna.

-Je peux faire pousser toutes sortes de plantes n'importe où. Autant les toxiques que les petites pâquerettes. C'est d'ailleurs pour ça, je crois, que je ne reçois jamais de quête...

C'est vrai quoi, depuis son arrivé, les seules quêtes qu'elle avait reçu étaient "Va ramasser ceci dans la forêt", "fait pousser ça s'il te plaît, pour le dîner de ce soir"... Rien de bien compliqué quoi...

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__- C'est d'ailleurs pour ça, je crois, que je ne reçois jamais de quête...
En entendant ces paroles, la Demi-Déesse sentit une légère honte, mêlée d'appréhension, la traverser. Elle n'était pas présente depuis longtemps, et n'avait pas encore eu l'honneur de recevoir une quête. En vue des paroles de Marley, elle se demanda si elle aurait l'occasion d'en avoir une elle aussi, même minime. Elle doutait tellement de ses capacités, de la confiance qu'on pourrait lui accorder un jour… Sentant sa honte écraser sa confiance, elle se décida à se reprendre en main, lorsque Chiron prit la parole :
__- Prenez cinq minutes pour vous étirer, je ne veux pas qu'un autre se blesse inutilement!
__La séance avait commencée. Les entraînements à la Colonie suivait, au final, le même shéma qu'un banal cours de sport au lycée. Des étirements, de quoi s'échauffer, et on attaquait. Et à la Colonie, ''attaquer'' prenait tout son sens.

__Elles continuèrent de s'échanger quelques paroles pendant l'échauffement. La douceur de Marley la mettait peu à peu en confiance. Parler de ses pouvoirs lors d'une première introduction, entre Sang-Mêlées, cela semblait peut être banal, surtout dans un tel endroit, mais c'était primordial. Si elles devaient se battre contre un autre groupe, peut être à contre cœur, il fallait au mieux savoir ce dont sa partenaire était capable. Cependant, bien que les premières questions avaient été posées dans ce même dessein, celle qui suivit ne sortit que par pure curiosité.
__- Et tu te sens bien ici, toi ?

__Cette interrogation. Combien de fois Abi se l'était posée au coin du feu, toutes ces nuits pendant lesquelles le sommeil était introuvable… Tout ceux à qui elle avait posé cette question – c'est à dire, deux personnes au total, ce n'était pas comme si elle arrivait à parler à tout le monde – lui avaient répondu les mêmes mots. « On y est comme à la maison ».
__Comme à la maison ? Cela sonnait si étranger. Entre les villes australiennes totalement dépouillées, et les buildings menaçants de New York, la seule maison qu'elle eut jamais connu fut les bras de sa mère. Même la présence de son père, H24 dans la Grande Maison, ne pouvait faire de la Colonie un foyer reposant, où elle se sentirat en sécurité ! C'était pourtant ici le seul endroit où l'hyperactivité était chose commune, où la dyslexie n'étaient pas sujet à moqueries, où elle ne devait pas se sentir attaquée par les regards… La Demi-Déesse regretta d'avoir posé cette question. Elle ne se sentait peut être pas chez elle parce qu'elle n'était pas encore familière avec l'endroit, c'était sûrement ça, c'était même sûr !
Enfin, Abi essayait de s'en persuader.

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(Je suis vraiment confus pour se retard impardonnable Sad

)

Sous les ordres de Chiron, Marley commença ses étirements. Enfin un truc sur lequel elle pouvait frimer : sa souplesse. Et oui, telle une belle tige de fleur, la demie-déesse arrivait à se contorsionner. Bon, c'était pas toujours très agréable, mais au moins c'était classe, ou presque.

D'ailleurs, juste pour une petite démonstration devant Abigaïl, la fille de Déméter leva sa jambe bien droite et passa son pied derrière sa tête en tirant la langue. Elle retira ensuite son pied et continua les étirements, un peu rouge. Elle continua de discuter avec sa nouvelle copine. Elle espérait même qu'elles deviennent amies, parce que la demie-déesse la trouvait vraiment sympa, cette fille de Dyonisos ! Pas comme monsieur D. qu'elle trouvait ronchon et renfermé sur lui-même. En plus, il l'appelait souvent "Jennay Bralers", ce qui ne lui plaisait pas vraiment. Mais devant un dieu, on ne se plaint pas.

Sa collègue lui posa alors une question intéressante. Comment Marley se sentait-elle ici ? Les premiers mots qui sortirent de sa bouche furent :

-Comme dans un autre monde. En fait, je ne sais pas trop comment expliquer mais, je me sens chez moi et ailleurs en même temps. Chez mon père j'ai une vie tranquille et calme. Je regarde des films quand je veux, je mange du pop corn et boit du soda. Alors qu'ici, je me sens aussi chez moi, mais d'une autre manière. En fait, comme si tout le monde était de ma famille -ce qui, génétiquement parlant, doit être le cas-. Et puis, je fais beaucoup plus de sports ici. Et je m'y sens bien, même si j'aimerais bien que mon père soit là, et que ma mère me parle un peu plus souvent.

La fille de Déméter reprit son souffle, s'arrêtant dans ses étirements et regardant Abi. Elle espérait juste ne pas avoir fait peur à son amie avec son petit discours. Pour se rattraper, elle continua :

-Bon et sinon, côté garçon, madame à des vues sur quelqu'un ? dit Marley avec un sourire espiègle. La sang-mêlée avait le don de ne pas toujours prendre les choses au sérieux, et de changer de sujet plus vite que son ombre ! Elle voulait juste avoir une conversation de fille, pour une fois. Sans passer pour une Aphrodite bien sûr. L'américaine les trouvait trop superficielles et fausses.

❝The rules of survival never change, whether you're in a desert or in an arena.❞

Liées par le glaive ft. Marley Mayers

- Bon et sinon, côté garçon, madame à des vues sur quelqu'un ?

Mais pourquoi cette question lui faisait-elle autant d'effet ? Abigaïl qui pourtant contrôlait ses sentiments à la perfection et était capable de simuler un calme parfait… n'était actuellement pas capable de simuler un calme parfait. Ses joues déjà rouges par les étirements ne la trahirent guère mais son poud déjà titillé par les étirements s'accéléra à la pensée du jeune homme.

Elle tenta de prendre de grandes respirations, mais en vain. Sur son visage se dessina la timidité et la honte tous deux mêlés en une bouille décomposée. Elle s'empressa de répondre, aussi vite qu'elle le pouvait, pour expédier le sujet et oublier. Abi n'était pas vraiment de nature à y faire face sans légère panique, passagère, qui plus est.

- Tu te marres pas hein ? Euh, c'est, comment dire, un Arès. Un brun.

Elle butait sur les mots, et elle détestait ça. Elle détestait avoir l'air ridicule. Alors elle respira un grand coup. La Sang-Mêlée ne se l'était même pas encore avoué à elle même, mais il fallait bien qu'elle ouvre les yeux : elle en était amoureuse, même si les circonstances ne jouaient pas en sa faveur. Elle jeta un coup d'oeil rapide dans la salle en prétextant un étirement du dos, et reprit :

- C'est… Aaron…

Peut être que Marley ne le connaissait pas, et la conversation se finirait là. Au contraire, peut être qu'elle le connaissait, qu'il n'en valait pas la peine, et en ce cas, ça mettrait fin à un de ses problèmes. Ce n'était pas plus mal. La Demi-Déesse allait lui retourner la question quand elle fut coupée dans son élan par Chiron.

- Allez, une dernière série, et on attaque. Vous serez deux contre deux. Pas d'explosions, pas d'effusions de sang, pas de mort, c'est compris ? C'est Chris du bungalow de Phobos qui vous fera le cours, je retourne à la Grande Maison.

Ainsi dit, il partit au galop. Ledit jeune homme – il avait un peu plus que la vingtaine – prit la place du centaure et regardait les autres, bras croisés dans le dos. Il avait l'air menaçant, musclé, et ses yeux semblaient scanner tous les mouvements des pensionnaires présents au cours. Abigaïl qui avait finit ses étirements avait les yeux rivés sur Marley, de qui elle attendait une intervention dans la conversation. Elle n'espérait pas qu'elle le connaisse, cependant elle avait ce petit espoir ridicule qui naît en vous quoi que vous fassiez, et qui vous fait rêver des milliers d'aventures…

Oui, elle s'attendait à ce qu'il soit l'homme parfait qui sait conduire, qui ne fume ni ne boit, possède un cheval blanc, sauve la veuve et l'orphelin et donne toutes ses pièces aux pauvres. Après tout, l'amour fait subir de nombreuses altérations chez les gens qui en sont touchés, et Abi semblait avoir perdu quelques neurones. Bon d'accord, elle n'avait rien perdu du tout, elle n'était juste plus très lucide...

HRP:

"Un Arès ! Comme c'est meuhgnoooon !" pensa la fille de Déméter avec un grand sourire. Elle n'avait jamais vu Aaron ni en noir ni en blanc, mais rien que le fait de savoir que c'était un fils du Dieu de la Guerre, elle pouvait direct se l'imaginer. Musclé, plein de testostérones et de sueur, un peu idiot et enthousiaste dès qu'il y avait de la baston.

Néanmoins, la Sang-Mêlée ne fit pas de commentaire en voyant la tête que faisait sa collègue. Si Marley avait l'habitude de détendre l'atmosphère, elle pouvait tout aussi bien la rendre tendue en quelques mots. Et cela semblait être le cas. Heureusement que Chiron fit son annonce et déguerpit au grand galop.

La brune regarda le nouveau venu. Ouais, il ressemblait bien à un fils de Phobos. Bon, Phobos est le fils d'Arès, donc entre un Arès et un Phobos, y'a pas énormément de différence. Sauf peut être le fait qu'il pouvait vous faire faire pipi dessus juste d'un regard. Heureusement que la brune était téméraire. Elle soutint le regard de Chris jusqu'à qu'une idée germa dans son esprit. Elle attrapa le bras d'Abi et l'emmena à l'écart puis se mit à chuchoter :

-Voilà le plan. On va jouer les cruches : déjà, on va mal tenir nos épées, comme ça les autres en face seront occupés à rire. On les laisse attaquer en premier. Dès qu'ils chargent, on se jette chacune sur un côté en hurlant comme des fillettes. Là, ils ne sauront plus quoi faire, et je passerai à l'attaque. J'entoure leurs jambes d'orties et toi tu utilises ton don pour les envoyer valser. Ah et, espérons que ton père nous donne un peu d'inspiration théâtrale, que l'on soit crédible ! termina Marley avec un sourire avant de retourner face à Chris.

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D'une certaine manière, elle était satisfaite que Marley ne le connaissait pas. Abi avait feu vert pour découvrir qui il était vraiment, en dehors des quelques conversations – ce qu'elle prenait pour des conversations, en tout cas – qu'elle eut avec lui.

La fille de Déméter lui prit le bras et l'emmena à l'écart, pendant que Chris faisait les équipes. Son plan était parfait : l'effet de surprise. Ils ne verront rien venir, et en plus, il y a des chances qu'elles gagnent le respect de certains pensionnaires. Vu les têtes brûlées qui participaient à ce cours, son plan marcherait ; dans le pire des cas, elles trouveraient bien quelque chose pour se rattraper. Mais Abigaïl sentit qu'elle pouvait faire confiance à Marley.

Pour jouer la comédie, Abi n'était pas à la ramasse. Elle se rappelait ses fausses crises d'angoisse en plein cours pour convaincre son professeur qu'il fallait qu'elle aille à l'infirmerie, d'où elle s'échappait par la fenêtre qui donnait sur le parking. Ou encore sa soudaine assurance et son air plus âgé lorsqu'elle achetait ses cigarettes au tabac du coin, au temps où elle fumait encore. Feindre la peur et se donner en ridicule était assez facile pour elle, bien que ce ne soit pas vraiment un exploit ni un talent. Après tout, elle n'avait pas souvent besoin de surjouer pour vraiment se donner en ridicule…

- Marley-Abigaïl et Elisa-Jaimie ! En place ! somma Chris, qui avait l'air de se plaire dans ce rôle.

Elisa était du bungalow d'Hécate, Jaimie celui d'Athéna. Elle ne connaissait pas la première et n'avait pas particulièrement de préjugés, mais le jeune garçon leur donnerait peut être du fil à retordre. Et s'il était capable de voir clair dans leur jeu ? Non, Abigaïl se consola vite : elle faisait confiance en sa performance. Elle était capable de berner un Athéna, et il ne fera pas exception.

Elle lança un sourire confiant à Marley avant de se mettre en place avec elle devant leurs adversaires. Elle commença son jeu. Son expression ne montrait plus que l'incertitude et la peur, mais dans ses yeux brûlait une nouvelle flamme. Elle fit exprès de tenir son poignard juste devant elle, le bras mal placé, et le tenait à deux mains, ce qui fit soupirer le Phobos. Lui avait déjà mordu. Il ne restait plus qu'à convaincre les deux autres. Lorsque Marley s'approcha un peu trop près d'Abi, elle fit semblant de sursauter, ce qui fit rire l'Hécate.

- Regarde moi cette cruche, Jai', dit-elle.

L'Athéna semblait sûr de gagner. Jackpot, ils étaient tombés dans le piège. Elle lança un regard paniqué à sa coéquipière, et Chris, agacé, siffla et hurla que le match avait déjà commencé. Grâce à ce coup de colère, Abi feigna la peur et lâcha son poignard. Elisa en profita pour charger.

- Pas besoin d'un plan, celles là, on les a direct ! Dit-elle tout sourire en brandissant son épée.

Suivie par Jaimie qui pourtant ne semblait pas être du même avis, elle s'avançait en courant, l'arme à la main. Tournant la tête vers Marley, Abi sourit, puis reprit un air paniqué et hurla. Ce cri, elle l'avait imité des centaines de fois, c'était même sa marque de fabrique. C'était un mélange entre un aboiement de Chien des Enfers et du glapissement d'une Damnée à qui on aurait volé une petite culotte. Elle se jeta sur le côté, évitant l'Hécate qui l'avait prise pour cible. Abi se sécurisa par l'épaule et roula sur le sol. Le plan semblait fonctionner.

Lorsque le combat débuta, Marley se mit à courir dans tous les sens, comme une gamine qui vient de trouver LE t-shirt qui ira avec son nouveau jean. Sauf que là c'était juste pour rattraper son épée qu'elle avait fait tomber exprès, en faisant semblant de ne pas l'avoir fait exprès (Concentrez-vous je vous pris). Mais l'Athéna la fixa rapidement genre "Mais qu'est-ce qu'on va faire d'elle".

Et puis là, ce fut the surprise. Abigaïl était une superbe comédienne, les deux autres idiots étaient tombés dans le piège super facilement. La fille de Déméter revint à côté de sa collègue qui sursauta. Marley sursauta à son tour -pour de vrai cette fois-. Et là, les deux zigotos chargèrent. Abibi se jeta sur un côté, et Marley sur l'autre, poitrine vers le sol, genoux repliés sous son ventre et les deux mains sur la tête.

-AAAAAAH NE ME MANGEZ PAS ! hurla-t-elle. La jeune fille releva la tête. Chris fit un gros facepalm et allait s'avancer pour prendre les choses en main quand Marley se retourna, un sourire avide aux lèvres. Des orties mêlées à des ronces poussèrent le long des jambes des deux idiots.

-A L'ATTAQUE ! cria-t-elle encore, son épée levée, comme si elle ordonnait à une armée invisible de charger. Elle espérait juste qu'Abigaïl soit réactive, que l'effet de surprise ne soit pas gâché. Mais pas soucis de sécurité, la sang-mêlée mit son bouclier devant elle. Si la fille d'Hécate ne la voyait pas, elle ne pourrait pas lui lancer de sort.

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- À l'attaque ! hurla sa coéquipière.

Abigaïl se jeta sur la fille d'Hécate, et bloqua une de ses mains derrière son dos. Pour sa propre sécurité, elle posa le côté non tranchant de son poignard sur le cou de la jeune fille. Cette dernière comprit qu'elle ne pouvait plus bouger. Si elle essayait d'asséner un coup, elle en pâtirait, même si elle ne se couperait pas. Abi, tenant ainsi sa victime, ordonna aux plantes invoquées par Marley de s'enrouler plus haut autour des jambes d'Elisa. Les plantes s'enroulèrent autour de sa taille, et vinrent bloquer la main libre de son adversaire.

Ainsi, Abigaïl se concentra sur un souvenir triste, ce qui était assez soft vu qu'elles n'étaient pas en situation réelle. Ce n'était que pour le spectacle, en quelque sorte. Elle souffla sur une épine, qui devint noire. Elle la pressa contre la peau de l'Hécate, et le poison se mêla à son sang. Elle se mit à pleurer, presque instinctivement. Personne ne pouvait le voir, pas même Abi, mais elle était entrain de revivre un souvenir poignant de son enfance. Pour ceux qui étaient empoisonnés, la situation qu'ils revivaient semblait bien réelle. Si le souvenir contenait des parents, il leur semblait qu'ils étaient devant eux, en chair et en os. Entre deux sanglots, elle lui implora d'arrêter.

La fille de Dionysos commanda aux plantes de se détacher d'elle. Elles obéirent et les lianes se terrèrent d'une traite dans le trou qu'elles avaient creusées pour répondre à l'appel de Marley. Abi retira l'épine empoisonnée de la peau d'Elisa, et une de ses amies, du bungalow d'Aphrodite, s'empressa de la ramener sur le côté, derrière Chris, qui avait remit ses bras derrière son dos. Il avait l'air impressionné, même s'il essayait clairement de le cacher. Il devait bien admettre qu'il n'avait pas du tout vu venir une mascarade de la sorte.

Abigaïl regarda Marley et se demanda comment elle s'en sortait avec l'Athéna.

Marley regarda sa collègue se jeter sur la fille d'Hécate, et sans réfléchir elle chargea le fils d'Athéna. Bon, comme il fallait s'y attendre, il réussit à lui arracher son épée des mains et à la lancer plus loin. Là, la sang-mêlée était dans le pétrin. Jetant un rapide coup d'oeil à son amie, elle remarqua qu'Abigaïl avait réussi à neutraliser Elizabeth.

-Tu triches ! J'vais le dire à mon père ! lança-t-elle avec une voix de gamine pourrie-gâtée. Jamie laissa échapper un ricanement et là la fille de Déméter en profita pour asséner un grand coup de bouclier latéral dans le nez de son adversaire. Surpris, il relâcha sa garde et fit tomber son épée pour se prendre le nez à deux mains.

"On ne frappe jamais un ennemi à terre !" lui avait un jour dit quelqu'un. Heureusement pour l'américaine, Jamie n'était pas à terre, alors elle se releva et le chargea. Peut être qu'elle n'avait pas beaucoup de force, mais un bon croche-patte pouvait vous faire tomber facilement, lorsque celui-ci touchait le derrière des genoux. Le fils d'Athéna se retrouva alors à genoux, sans comprendre ce qui lui arrivait.

"Normalement, c'est lui qui est censé nous berner !" pensa Marley. Mais bon, il n'était toujours pas à terre, du moins pas entièrement. Alors sans chercher à comprendre, elle vint lui aplatir son poing sur la nuque. Bon, elle se fit mal et lâcha un grognement de douleur avant de souffler sur son poing, comme si ça allait calmer la douleur. Mais elle avait tout de même réussit son coup ! Bon, il n'était pas neutraliser, mais à deux contre un, il allait bien abandonner, non ?

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Abigaïl s'élançait pour finir l'Athéna mais Chris siffla la fin du combat. S'en suivit alors un silence de l'assemblée. L'Athéna fut le seul à protester, et, en se relevant, essaya d'asséner un coup à Marley, prétextant qu'il pouvait encore combattre. Abigaïl réussit à le parer avec sa dague, mais trop petite, l'arme ne prévint pas son bras de s'écorcher.

- C'est du foutage de gueule ! cria t-il, visiblement mécontent de la surprise.

Chris essaya d'intervenir, toutefois, l'Athéna n'avait pas dit son dernier mot. Il attrapa le bras saignant de la demi-déesse devant elle et par douleur, elle se mit à genoux. Alors il la jeta en arrière, sur le sable de l'arène qui emplit sa coupure et la brûla au point où elle gémit. Il pointa son épée sur la gorge de la fille de Démeter.

Visiblement, cet Athéna n'avait rien en commun avec sa mère. Il avait été furieux de perdre, de n'avoir pas pu comprendre leur plan à temps. Et alors qu'Athéna prônait la justice et savait s'avouer vaincue lorsque tout combat était vain, lui, au contraire, semblait vouloir la victoire à tout prix. On l'aurait presque confondu pour un Arès à cet instant présent.

- Assez !

Chris intervint. Il attrapa l'épée de sa main nue et la serra, faisant couler son propre sang. Une aura noire l'entourait, et son iris autrefois verte était devenue blanche, de telle sorte qu'il n'avait plus que sa pupille noire pour œil. Il fixait Jaimie d'un air hautain, et ce dernier se fit tout petit. L'expression de fierté mêlée à de la colère qui était précédemment présente sur son visage fut remplacée par un visage livide de terreur. Le prof du cours utilisait son pouvoir de peur panique pour le stopper.

Jamais Abi n'eut autant d'admiration pour un Phobos. Elle lui aurait presque serré la main, si elle ne lui faisait pas aussi mal.

Tout alla trop vite pour Marley. Elle n'eut pas le temps de réagir qu'une lame pointait déjà dans sa direction. Elle fulminait intérieurement et cela se voyait car du basilic poussait aux pieds de Jamie. En langage des fleurs, le basilic signifie "Je vous hais". La fille de Déméter ne le savait même pas, ça venait juste de lui venir à l'esprit. Ah lala, ça mère lui jouait bien des tours parfois.

C'est alors que Chris intervint. Cool, maintenant l'Athéna était totalement neutralisé car pétrifié. La sang-mêlée ne put s'empêcher de lâcher un sourire satisfait en voyant le fils d'Athéna souffrir mentalement.

-C'est bien joué les filles, maintenant allez à l'infirmerie. lâcha sobrement le fils de Phobos. Jamie revint alors à lui, toujours avec cette lueur terrifiée dans les yeux. Marley le regarda avec mépris. Elle attrapa Abigaïl par les épaules avant de commencer à la conduire jusqu'à l'infirmerie.

-Si tu n'étais pas blessée, je te ferais un highfive. Puis, elles passèrent près de Jamie, et Marley s'arrêta quelques secondes puis lui glisser quelques mots :

-Je te jure sur le Styx que si tu t'en prends à Abigaïl quand j'ai le dos tourné, je t'arracherai les deux yeux avec les dents avant d'en faire une offrande à Phobos. Le grondement du tonnerre fit sursauté le fils d'Athéna qui préféra prendre ses jambes à son cou plutôt que de devenir aveugle. Surtout qu'il était rare de voir une fille de Déméter faire ce genre de promesse.

❝The rules of survival never change, whether you're in a desert or in an arena.❞

Liées par le glaive ft. Marley Mayers

Elle s'était relevée lorsque Chris leur avait accordé la permission d'aller à l'infirmerie. C'est Chiron qui va être content, pensa la Sang-Mêlée. Aidée par Marley, elle s'avançaient vers la sortie lorsque son amie s'arrêta un instant pour parler à Jaimie. Abi entendait quelques bribes, et comprenait vaguement le sujet. Ce fut lorsqu'elle entendit le tonnerre suivre leur petite conversation qu'elle en eut le cœur net.

Cette fille qui venait à peine de la connaître avait juré sur le Styx. Et vu ce qui s'était passé, ce n'était pas pour lui promettre de le raquetter en Chocapics tous les soirs à compter de ce jour, non. Elle avait tenu tête à quelqu'un et s'était portée garant du prochain coup de poing qu'il recevrait s'il osait la toucher. Un sourire se dessina sur son visage, et ne la quitta plus. En temps normal, elle aurait eu honte de s'être faite mise au tapis devant tout le monde, elle aurait eu honte de s'être blessée, d'avoir montré une faiblesse, devant tous ces regards critiques…

Mais accompagnée de Marley, elle se sentait soudain plus forte. Il n'était plus question du regard des autres, c'était marcher ensemble qui importait. La force et la gentillesse qui émanait de la jeune fille forçait son admiration. Grâce à elle, Abigaïl avait réussi à braver ses peurs et montrer ses pouvoirs aux autres, avait réussi à embrasser ce qu'elle était vraiment et prouver qu'elle n'était pas que la pauvre bon-à-rien qui se cachait derrière sa mèche de cheveux.

- Merci fut le seul mot qui lui passa à l'esprit, mais c'était aussi le plus sincère qu'elle eut prononcé aujourd'hui.

Elles passèrent le pas de la Grande Maison pour se retrouver nez à nez avec Chiron, qui avait abandonné sa partie de cartes avec Monsieur D pour s'occuper de ses pensionnaires. Il y avait des jours où il semblait que les rôles étaient inversés. Il soupira, exaspéré qu'à chaque heure de cours à l'arène, il fallait que quelqu'un passe par ici. Lorsqu'Abi vit la chemise hawaïenne de son père, elle glapit, et immédiatement, se tint le bras, pour faire passer ce glapissement pour un gémissement de douleur. En vérité, elle évitait son père depuis son arrivée.

Il ne s'était même pas retourné, et sa fille aurait bien aimé que ce soit lui qui s'inquiète, demande des nouvelles, examine sa plaie. Mais non, elle n'avait que l'honneur de voir sa divine chevelure et son hideux déguisement de pécheur cubain. À la place, elle avait un centaure coincé dans une chaise roulante. Ce qui n'était peut être pas si mal finalement. Chiron les escorta donc jusqu'à la porte de l'infirmerie, tout en demandant en chemin ce qui s'était passé. Elles racontèrent brièvement leur combat.

Ce qu'Abigail ignorait, c'est qu'à défaut de se retourner, Dionysos avait l'oreille alerte, et un sourire aux lèvres.

Marley ne put s'empêcher de sourire tout le long du chemin jusqu'à la Grande Maison. Elle n'était peut être pas forte physiquement, mais au moins elle était stratégique. La preuve : elle avait réussit à berner une fille d'Hécate et un fils d'Athéna. Bon, cette stratégie là ne marcherait plus maintenant. La rumeur de sa promesse allait faire le tour du camp. Remarquez, peut être qu'on la laissera tranquille maintenant ?

Lorsqu'elles arrivèrent à la Grande Maison, en pleine partie de carte, Chiron vint à leur rencontre. La fille de Déméter remarqua le malaise d'Abigaïl mais ne dit rien. Elle la laissa raconter le début, et Marley complétait ce que son amie oubliait. Bon, Chiron lui lança un regard très réprobateur quand elle parla de sa promesse, mais l'américaine cru entendre un message dans le petit vent d'été : "N'oublie jamais ta promesse, fille de Déméter.".

La sang-mêlée aurait voulu répliquer que c'était mal d'écouter aux portes, mais elle sera passée pour une cruche à parler toute seule. Et puis bon, c'était Dyonisos quoi, il pouvait se montrer très irritable. Déjà qu'il n'aimait pas le camp, alors si en plus on lui faisait des reproches... Marley n'avait pas envie de se transformer en vigne !

Une fois arrivée à l'infirmerie, la demie-déesse attrapa un gobelet et versa un peu d'ambroisie sur la plaie de son amie.

-Ca va mieux ? Au fait, fais-en sorte que Jaimie ne t'attaque pas. Tu sais, moi et le cannibalisme... dit-elle avec un sourire jusqu'aux oreilles.

❝The rules of survival never change, whether you're in a desert or in an arena.❞

Liées par le glaive ft. Marley Mayers

Arrivées à l'infirmerie, un satyre leur désigna un lit de libre. Abigaïl s'y était donc assise et regardait Marley prendre le petit tabouret devant elle. La Demi-Déesse prit le gobelet d'ambroisie et lui versa dans sa plaie. L'effet fut si doux qu'elle n'en revenait pas. Elle pensait que comme tout antiseptique, cela allait brûler légèrement, ou picoter un peu, mais non. À la place, il dégageait une odeur de parfum de rose.

L'ambroisie a un goût et une odeur particulière pour chaque Sang-Mêlé. Et pour Abi, elle sentait la rose, et avait le goût de la confiture de rose. Cela venait de sa mère, prénommée ainsi. Elle gardait un jardin de roses de toutes les couleurs et adorait en faire des bouquets. Elle arrivait de même à marier les espèces et créait des fleurs violettes, juste pour Abigaïl. Cette couleur représentait la délicatesse, l'humilité surtout, et la profondeur des sentiments. Sa mère s'était mise à lui en faire quand elle avait commencé à fuguer. Et voir une rose accompagné d'un chocolat chaud posés sur son bureau après une dure journée à supporter les moqueries, cela faisait chaud au coeur.

Toujours est-il qu'elles étaient là, face à face. Et que sa plaie se cicatrisait à une vitesse folle. Déjà, elle ne sentait plus la douleur liée à sa blessure. Le temps que Marley fasse une blague sur le cannibalisme et déjà son bras était redevenu intact. Abigaïl afficha le plus beau sourire qu'elle eut fait depuis son arrivée. Elle se leva et prit son amie dans ses bras.

- Merci encore pour aujourd'hui, lui dit-elle, t'étais au top.

Elle ne savait comment exprimer sa gratitude autrement que par ces mots simples. Marley ne lui avait pas seulement sauvé sa journée, mais elle l'avait aidé à aller de l'avant. Elle l'avait accompagnée jusqu'à l'infirmerie, s'était mise entre elle et Jaimie, avait eu un plan d'enfer, bref… Elle avait été géniale. Et Abi aurait aimé lui rendre la pareille.

Alors elle lui proposa d'aller boire un chocolat chaud dans son bungalow.

Aaah, c'était une belle journée qui commençait. Bon, on était au beau milieux de l'après-midi, mais quoi de mieux qu'un p'tit combat pour vous faire perdre la notion du temps ? Bon okay, l'hyperactivité ne donne pas sa part au chien non plus, mais voilà quoi. Remarquez, si c'est un chien des enfers, il faudrait une très grosse part.

En versant l'ambroisie, Marley sentit une agréable odeur de chocolat chaud. Aaah, le chocolat chaud, rien de mieux ! Avec des céréales en plus (c'est pas sa mère qui allait la contredire). Cela lui rappelait les petits déjeuners avec son père, dans le jardin avec un grand soleil. Qu'est-ce qu'elle ne donnerait pas pour pouvoir en profiter un peu de temps en temps.

Sauf que là, elle était occupée à autre chose. Revenant à elle, la fille de Déméter regard Abi' dans les yeux. Et comme si elle avait lu dans ses pensées, elle lui proposa un chocolat chaud au bungalow de Dyonisos. Elle l'avait déjà vu de loin mais ne s'était jamais approché de celui-ci. En règle générale, on n'entre pas dans le bungalow des autres Dieux. Mais quand ceux-ci avaient le dos tourné....

-Allons-y, miss Comédie ! dit Marley, attrapant le bras d'Abigaïl comme un petit couple, et l'accompagnant jusqu'à son Bungalow.

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