Son pied dérapa sur un rocher et Juliette dévala le reste de la courte pente sur le dos. « Putain... » Le talkie-walkie accroché à sa ceinture crachota trois secondes avant qu'une voix d'homme se s'élève dans la caverne. « Tout va bien, Juliette ? » Elle éluda soigneusement la question de son partenaire sur New-York et prit un ton agacé. « Pourquoi ça n'irait pas ? » Son accent français était à couper au couteau et sa phrase n'était probablement pas grammaticalement juste mais... Comment dire qu'elle s'en foutait pas mal en cet instant ? « Ben je sais pas, tu ne jures en français que quand... » « La ferme. » Le talkie-walkie se tue et le silence revint dans la grotte. « Crétin... » Juliette essuya une goutte de sueur qui lui coulait le long de la tempe. La caverne était vaste, plus que ce que la demoiselle avait cru au premier abord, mais un type était mort là-dedans, elle devait le récupérer. Mission qui ne l'enchantait pas particulièrement, soit dit en passant. Les cadavres, très peu pour elle : si elle avait l'occasion de les éviter, elle sautait dessus. Dévalant un nouvel éboulis, le fond de la grotte – enfin le fond, disons le fond de ce qui était facilement atteignable – se dessina devant elle. Le cadavre était bien là, allongé sur le dos.

« Corps trouvé. » « Bien, cache toutes les... » « Oui. » Bref, démolir encore davantage le cadavre de cette pauvre fille qui devait avoir quoi, aller... Treize ans ? Il n'y avait pas tant de sang que cela – et Juliette n'allait pas s'en plaindre – mais la blessure béante que la gamine portait à l'épaule n'avait rien d'humaine. Ni même rien d'animal. « Je ne sais pas ce que tu avais de spécial, petite demoiselle, mais la créature a dû bien apprécier ton sang. » Sans un mot supplémentaire, Juliette se mit au travail. Il n'était pas exclu que la créature revienne et elle était à peine armée. Le corps de la gamine serait vite découvert, elle ne se faisait pas trop de soucis là-dessus – une grotte pareille devait être plutôt bien fréquentée, surtout au printemps – mais elle n'avait pas la moindre envie de la rejoindre dans la mort. Penchée sur le corps, tout à son travail de dissimulation de blessure monstrueuse, elle ne vit pas la silhouette qui se glissait dans la grotte. En revanche, elle finit par percevoir un léger mouvement du coin de l’œil. Se forçant à ne pas s'immobiliser, elle poursuivit sa besogne, tendant l'oreille à s'en faire éclater les tympans. Le petit pistolet, seule arme qu'elle avait sur elle, était trop loin pour être attrapé rapidement. Voilà ce qui arrive quand on est trop confiante, Ju'... « Bon, je t'ai vu, qu'est-ce que tu veux ? » Gonflée. Elle était gonflée de dire ça alors qu'elle se trouvait penchée sur le corps du fillette d'un peu plus de dix ans.

Voilà une bonne heure que je cherche. Les ordres d'Artémis avaient été clairs, je devais trouver un monstre qui sévissait dans la forêt. Voilà bien 1 semaine qu'il semait ses victimes aux quatre coins de la forêt. La premières fois que nous étions tombés sur un corps plusieurs chasseresses avaient hurlée de peur en voyant la plaie béante sur le corps de jeunes enfants.  Toujours de jeunes enfants, une inique plaie sur une partie du corps, jamais la même. Pourquoi m'avoir confié cette mission à vrai dire je n'en savais rien et je n'en avais trop rien à faire. Je pistais les traces de sang qui s'étaient échappées du corps que j'avais trouvé avec le groupe. C'est chiant, c'est long et ça ne mène à rien. Pour le moment je n'ai que trouvé un charognard. C'était cette bête d'ailleurs qui avait semé les gouttes de sang en emportant un bout de bras pour nourrir ses petits affamés. Retour à la case départ. Ce n'est pas si facile que ça de chasser une créature dont on ne connait rien. N'y l'odeur, n'y la taille...rien. Mais je devais le faire, parce que d'une part on ne refuse pas une mission d'Artémis et de deux, ce monstre tue des gosses ? Faut être mentalement instable pour faire ça quoi. Non pas que j'aime me salir les mains en plus, c'est vraiment dégueulasse les cadavres. Je m'en passerais bien en tout cas.

- Putain...

Rien à dire, c'était une voix féminine. Je saisi mon arc et une flèche au cas où elle s'avérerait être une psychopathe, on ne sait jamais après tout. La suivant discrètement. Elle parlait avec d'autres personne avec une espèce de radio. Eux aussi avaient trouvé un corps. Ou...peut-être étais-ce elle qui avait tué cette pauvre gamine ? Disposant le corps dans une grotte pour que l'on croie à l'attaque d'un animal sauvage affamé. Discrètement j'entrée dans la grotte en me cachant dans un coin sombre pour ne pas être vue. Sauf que n'étant pas de nature discrète je me fis immédiatement repérée. "Bon, je t'ai vu, qu'est-ce que tu veux ?" La poisse sérieux. Je m'avançais vers elle bandant la corde de mon arc, une flèche accrochée visant son cœur. -"J'espère pour toi que tu n’es pas le monstre qui lui à fais ça."  

Elle avait peut-être joué un coup de poker en supposant une autre présence que la sienne dans cette grotte, n’empêche qu’elle avait eu raison. Et ce n’était absolument pas une bonne raison pour se réjouir. N’osant par se retourner de peur de se retrouver face elle ne savait quoi, Juliette se contenta de mettre ses mains bien en évidence. « Franchement, j’ai la tronche d’un monstre mangeur de fillettes ? Je préfère quand il y a davantage de viande, perso. » Son anglais avait beau être mauvais, elle restait à peu près compréhensible quand elle faisait l’effort de l’être. La Française accrocha un sourire candide à ses lèvres et retourna lentement tout en se redressant. Elle n’était peut-être pas armée mais se retrouver en dessous du regard de la demoiselle – car la voix était nettement féminine – ne l’attirait pas plus que cela. « Cela dit, tu sembles bien sereine pour quelqu’un qui trouve un cadavre et son potentiel agresseur. » Juliette n’était pas naïve : dire qu’elle n’avait pas tué cette fillette ne faisait pas d’elle l’innocence incarnée. « Donc je te retourne la question : est-ce toi ? » Dialogue de sourds uniquement pour donner le change le temps que chacune ne s’adapte à la situation. « Tu te promènes quand même dans la forêt ave un arc. » Sans parler des fringues. Son petit pistolet se trouvait coincé dans sa ceinture, sous son tee-shirt, mais même maintenant un geste brusque pour l’attraper ne serait pas suffisant.

Le cœur de Juliette battait à tout rompre, sa radio brillait par son silence – pour une fois qu’elle aurait eu besoin d’un peu d’aide extérieure, voilà que son partenaire choisissait de bouder – et la fille se trouvait entre elle et la sortie. Dernière carte… L’amabilité. Son sourire s’agrandissant, elle tendit brusquement une main aimable vers la demoiselle à l’arc (soit les Américains étaient vraiment particuliers, soit un concours de tir à l’arbre avait lieu dans les bois sans qu’elle en fut informée mais…). « Bon sinon non, mon passe-temps ne consiste pas à arracher des bouts d’épaules de gamines, je suis flic. Lieutenant de police plus exactement. Juliette Ouest Sartène. J’ai affaire à…? » Quel accent épouvantable… Elle se faisait presque de la peine à elle-même.

Franchement, j’ai la tronche d’un monstre mangeur de fillettes ? Je préfère quand il y a davantage de viande, perso. Cela dit, tu sembles bien sereine pour quelqu’un qui trouve un cadavre et son potentiel agresseur.

Franchement ? Tu veux une réponse franche ou j’ai le droit de mentir ? Youpi, je suis tombée sur une cannibale. Avec un mauvais accent qui plus ait, aucun américain n’aurait de mal à reconnaitre l’accent typique des français. Parce qu’elle croit qu’Artémis aurait choisie une simple bleue pour une affaire si délicate ? Qui je suis moi ? En voilà une bonne question. Pour elle, je suis déjà catégoriser comme une folle qui se promène dans la forêt avec un arc et des flèches. Mauvais pour mon image d’être confondu avec robin des bois.

-« Je ne sais pas, chacun de nous cache une part d’ombre, qui choisi souvent le mauvais moment pour resurgir. Cela fait plusieurs semaines que je traque le monstre qui lui à fait ça, je n’en suis pas à mon premier cadavre, merci de t’en inquiéter. »

Marquant une petite pause je restais à bonne distance d’elle. On ne sait jamais avec les français, ils sont vicieux d’après ce qu’on dit d’eux. Pas de très bonne compagnie également. M’enfin bon, dans l’histoire ce n’est pas moi le personne qu’il faut suspecter.

Bon sinon non, mon passe-temps ne consiste pas à arracher des bouts d’épaules de gamines, je suis flic. Lieutenant de police plus exactement. Juliette Ouest Sartène. J’ai affaire à…?

Une flic ? Sérieusement ? Qu’est-ce qu’elle pense, trouver un dangereux psychopathe ? Un 2nd Freddy ? Ou peut-être un nouveau Jack. Honnêtement, qu’est-ce qu’elle fiche ici, sur un territoire qui n’est surement pas le sien, si loin de son pays d’origine.

-« Philippa Spring, ce n’est pas mon passe temps non plus, et cette chose que tu poursuis, ne peux être attrapée par un simple lieutenant de Police. Retourne jouer avec ton pistolet ailleurs, c’est pas pour les gamines ici. »

Juliette continuait à sourire mais ce dernier commençait à devenir légèrement crispé. La réponse de la fille à l'arc acheva de la laisser perplexe – et vaguement méfiante. C'était très poétique le coup de la part d'ombre, et la lieutenant de police ne doutait pas que ça soit la plus stricte vérité mais... Disons que la plupart des gens ne réagissaient pas ainsi. « Ah oui, une minette traque un terrible monstre dans la forêt en suivant les cadavres... » Ben voyons, et les poules sont des reptiles dissimulés aussi. Autre possibilité, la fille avait connaissance de l'existence des monstres et travaillait soit pour son compte, par plaisir de découper de la créature sans risque d'être punie (rappelons que les monstres ne sont pas censés exister), soit elle travaillait pour à peu près les mêmes personnes que Juliette. Ou soit elle vivait carrément dans cet univers dément et la lieutenant de police ne répondait alors plus de rien. Bref, cette fillette devenait franchement insupportable et Juliette leva les yeux au ciel. « Et bla bla bla, et bla bla bla... C'est dingue, où je j'aille je tombe toujours sur des mademoiselle je-sais-tout pensant avoir perçé à peu près tous les secrets du monde. Manque de bol pour toi, tu ne sais pas de quoi tu parles... Particulièrement me concernant. Donc laisse-moi avec mon petit pistolet que je m'amuse ici, j'ai du boulot et tu me gènes. Repars jouer les nymphes des bois et on en parle plus, d'accord ? »

Son sourire n'était pas exactement aimable, peut-être vaguement provoquant mais certainement pas insultant. La présence de la fille la gênait, son sweatshirt trop grand lui donnait horriblement chaud et elle commençait à avoir franchement mal au dos. Le talkie-walkie à sa ceinture grésilla une seconde. « Juliette ? Des nouvelles du monstre ? » Toujours au bon moment, celui-là. Quand Juliette aurait bien eu besoin de lui il n'y avait eu personne, et voilà qu'il causait pile-poil quand il ne fallait pas – et en n'ayant rien écouté de la conversation entre Juliette et sa mystérieuse interlocutrice. « Aucune nouvelle, je suis coincée avec Robin des Bois. » « ... » Le talkie-walkie grésilla mais aucune réponse n'en sortit, témoignant de la perplexité de son collègue. Lui bien sûr était au courant de tout, il travaillait dans le même département de police que Juliette mais faisait aussi partie de leur petit club de falsificateurs de preuves et disparitions des traces mythologiques.

Ah oui, une minette traque un terrible monstre dans la forêt en suivant les cadavres...

Inspirant profondément je fit mine de garder mon calme alors que la jeune flic venait de m'insulter de fillette. Oui, oui c'est une insulte ! Je suis une chasseresse pas un simple morveuse d'écolière perdue dans les bois à la recherche d'une flèche égarée, fille de Perséphone qui plus est alors commence pas à me chercher la bleue sinon y'aura du sang qui va gicler et je parle pas du mien.

Et bla bla bla, et bla bla bla... C'est dingue, où je j'aille je tombe toujours sur des mademoiselle je-sais-tout pensant avoir percé à peu près tous les secrets du monde. Manque de bol pour toi, tu ne sais pas de quoi tu parles... Particulièrement me concernant. Donc laisse-moi avec mon petit pistolet que je m'amuse ici, j'ai du boulot et tu me gènes. Repars jouer les nymphes des bois et on en parle plus, d'accord

Pfff, elle croit vraiment que c'est de ma faute si j'en connais plus sur le milieu mythologique qu'elle ? Elle, une simple flic qui cours après un monstre dont elle ne soupçonne certainement pas l’existence c'est pas crédible. Si seulement elle était tombée dessus avant moi et qu'il l'avait bouffé, mon dieu que ça aurait été pratique. Mais non à la place de ça mademoiselle est parfaitement en vie et traque un monstre hideux sans même le savoir. Rah, quelle plaie.

-"Hum, ce n'est pas de ma faute si tu ne sait pas ce que tu traques, qu'est-ce qu'on retrouve très souvent près des cadavres ?"*en disant cela je m'avançais vers la fillette en découvrant quelques peut son corps, me relevant avec des plumes noires tâchées de sang pourpre.* -"Des plumes. Toujours les mêmes. Et la blessure que cette jeune fille à sur l'épaule semble indiquer que larme utilisée est un mélange de serre et de griffes. Tout ça n'à rien de normal, alors tu dois en savoir plus que tu ne le dis ou bien, tu n'es pas une simple flic."

J'haussais les épaules en prenant la direction de l'entrée tout en passant devant la femme. Souriant gaiement comme à mon habitude lorsque mon simple but était d'énerver les gens. Qui elle est, en fait maintenant je m'en fiche. Les pistes sont rares mais je n'aurais qu'à en chercher une autre, la créature sème des cadavres un peu partout de toute manière, si je me fait confiance je devrais en trouver un autre d'ici un jour ou deux. Alors je me retournais vers la jeune femme, enfin, Juliette vu que c'était son nom.

-"Enfin, je suppose que vous n'êtes pas du genre à renoncer facilement, la prochaine fois je ferais en sorte de trouver le cadavre avant vous, j'éviterais ainsi de vous recroiser à l'avenir et je continuerais mon investigation, de mon côté et avec mes connaissances."

Juliette se tint coi tout le temps de la démonstration de la gamine, gardant son silence et son calme. Elle était presque fière d'elle tant elle rêvait de l'envoyer chier un bon coup. Elle pouvait lui montrer toutes les plumes qu'elle voulait, lui déclamer toutes les théories qui lui passait par l'esprit, Juliette n'allait pas lâcher le morceau. Que cette fille appartienne ou non à l'univers mythologique l'intriguait mais ce n'était pas pour autant qu'elle allait faire un petit strip-tease. pour lui dire « Hey toi, on appartient au même monde alors ferme-la un bon coup et si t'as rien à faire, tu n'as qu'à me dire ce qu'il en est ! Ça nous ferait gagner tellement de temps... » Jamais de la vie. « Très intéressant miss, j'avais noté la présence de plumes sur les cadavres. Comme je disais, tu ne me connais pas donc merci de ne pas me faire la leçon. Aller, à plus, va chasser les monstres dans ton coin et laisse-moi à mon boulot. Les grandes personnes travaillent, elles, plutôt que de jouer aux scouts aventuriers. » Sans plus accorder un regard à la fille, sans doute partie depuis le temps, Juliette se replongea dans l'analyse du cadavre. Elle sortit un téléphone de sa poche et photographia soigneusement la scène, les blessures et autres détails pouvant servir plus tard. Ça, c'était pour les besoins de l'enquête, pour que son petit club de suppresseurs de preuves trouve quel accident terriblement triste et fortuit collerait aux dommages du corps. Une heure plus tard, elle avait terminé chacune de ses observations. Elle se releva avec une grimace, enleva son sweat – elle aurait bien peu de chance si quelqu'un la croisait au beau milieu des bois, et encore moins de chance s'il parvenait à la voir pour ce qu'elle était vraiment. Et puis dans le pire des cas, il croirait avoir vu un ange, le raconterait et serait pris pour un dingue.