-Maman ? Pourquoi le monsieur il a qu'un œil ? Noa observait l'homme depuis les escalators du grand magasin. Sa mère, qui le tenait par la main, ne mit pas longtemps à trouver celui qu'il désignait. Elizabeth Robbins découvrit alors qu'il n'était pas seul, et que deux autres de ces créatures accompagnait la première. Prise d'un élan de survie la jeune femme bouscula quelques personnes, empoignant plus ardemment son enfant, pour se frayer un chemin à travers l'escalier mécanique. Une fois en haut, elle ne se retourna pas et continua de courir jusqu'à la sortie de secours la plus proche. Les cyclopes étaient plus loin, et elle ne pouvait pas se permettre d'attirer plus l'attention sur elle. Courir avait déjà été une trop grande source de considération des autres clients. Madame Robbins allait devoir se faire discrète maintenant. Cependant, on lui avait dit que son fils possédait une odeur particulière, et que les monstres pouvaient facilement le suivre. Aussi, les cyclopes ne mettraient pas longtemps à retrouver leur trace une fois sortie. « Peut-être est-il temps ? » se demanda-t-elle. De toute façon, avait-elle encore le choix ? Repousser cette événement avait peut-être était une erreur pour les autres, mais pas pour elle. Elle ne pouvait pas se permettre d'abandonner Noa dans un endroit qu'elle ne connaissait pas, surtout si l'endroit en question était rempli d'autres enfants comme lui. Elle avait bien remarqué qu'il avait quelques capacités étranges. Il est en effet assez rare de voir un gamin de quatorze ans discuter avec un sèche-cheveux, et pour l'activer sans pour autant le brancher. Sauf quand ce gamin se révèle être le fils d'un Dieu de l'Olympe, Héphaïstos. Lizzie était toujours sceptique, mais Noa avait su lui prouver que l'homme avait qui elle avait eu une relation était bien ce qu'il prétendait être. Elle aurait dû lui faire confiance plus tôt et amener son gosse au Camp des Sangs-Mêlés avant que les monstres ne commencent à pulluler.

Une fois sortie, la femme ne mit pas longtemps à retrouver le parking sur lequel elle était garée. Elle s'attacha en vitesse, et intima à Noa de faire de même. Celui-ci ne comprenait toujours pas. Pourquoi devait-il quitter si vite le magasin alors qu'il n'avait encore rien acheté ? Cependant, il ne dit rien. Sa mère était sa mère, et il ne pouvait se soustraire à son autorité, quoi qu'elle décide. Aussi, il ne dit rien lorsqu'elle lui demanda de ressortir la lettre blanche à l'écriture dorée qui se trouvait dans son sac à main. Lorsque le demi-dieu mit la main dessus, il ouvrit l'enveloppe et put lire une adresse. C'était un endroit perdu, non loin de New-York. Sa mère ne perdit pas de temps et se mit en route, faisant quelques frayeurs à des piétons impatients de traverser la voie.

Après de longues heures de route durant lesquelles aucuns mots ne fut échanger, c'est Elizabeth qui se manifesta la première :

-Écoute mon chéri, je n'ai pas le choix, et je t'assure que si je pouvais faire autrement... Je l'aurais fait mais...
-Maman ?

La mère s'arrêta dans un endroit perdu à côté d'une colline. En haut se trouvait un grand arbre.

-Noa, il faut que tu montes là haut. Dis-leur que tu es le fils d'Héphaïstos. Dis-leur que c'est moi qui t'amène, sous les conseils d'Iris. Tu seras en sécurité là bas.
-Pourquoi ? Je ne suis pas en sécurité avec toi ?
-Malheureusement non... Je t'aime. Allez, file !
-Mais.. Tu viendras me chercher quand ? J'ai pas d'habits en plus, et je connais personne.
-No', vas-y. Je te prendrai quand il n'y aura plus aucuns dangers.
-Promesse de petit doigt ?
-Promesse de petit doigt.

Le gamin n'eut d'autre choix que de sortir de la voiture après avoir enlacé sa mère. Il monta rapidement la colline, se retournant pour regarder une dernière fois sa mère et lui envoyer un baiser avec sa main. Celle-ci lui rendit et lui fit un grand signe. Malgré la distance, Noa pouvait voir une larme perler sur sa joue. Il dépassa alors l'arbre, prenant un instant pour l'admirer. Une aura se dégagea de celui-ci, c'était majestueux. Après quelques secondes de contemplation, il entra dans le camp. La première chose qu'il vit fut une jeune enfant installée à côté d'un feu de bois. Il ne faisait pas froid pourtant. Elle lui fit un signe de la main, et il le lui rendit timidement, n'osant pas s'approcher. Une maison était non-loin. Sur la terrasse se trouvait un homme avec une chemise hawaïenne et un vieux … Avec un corps de cheval. Pris de panique, le jeune Robbins prit ses jambes à son cou en hurlant.

***

Aujourd'hui âgé de 19 ans, Noa s'est bien intégré au camp. Il s'y est fait de nombreux amis ainsi que des ennemis, mais bon, on ne peut pas être ami avec tout le monde ? Il a aussi rencontré des personnes partageant son enthousiasme pour la mécanique et un atelier génial pour y fabriquer des choses. C'est un homme heureux qui passe maintenant toutes ses vacances au camp, même si en dehors de ça il n'a pas de travail et est obligé de faire le ménage dans le cabinet d'avocat de sa mère.