A l’aéroport, assise avec une nonchalance exagérée sur un siège, Minnie attendait. Elle avait une mine affreuse, la mine de quelqu’un qui regrettait d’être là où elle était. Et pour cause ! Elle était en compagnie de Myria, une jeune femme aux allures de pimbêche échevelée hautaine à souhait. Sans oublier qu’elle semblait fortunée, ce qui ne faisait que déplaire à la fille de Morphée. Tout chez cette fille lui rappelait sa mère, qui pour pouvoir être riche, a décidé d’oublier qu’elle avait eut une fille.
Mais comment en étaient-elles arrivées à attendre un avion en partance pour Paris, avec quelques effets personnels, se regardant en chien de faïence ? Pour cela, il faut revenir quelques heures plus tôt.


« Chiron m’a demandé de venir te chercher. Il t’attend. » fit le satyre face à une Minnie à moitié endormie sous une tonne de coussins et de couvertures, dans son bungalow.
« Dégages ! » dit-elle dans un grommellement quasi inintelligible, mais parfaitement compréhensible au vu du coussin qu’elle balança sans ménagement sur le satyre – qui le reçut en pleine tête, complètement désabusé.

Ce satyre, Minnie le connaissait que trop bien. C’était celui qui l’avait sauvé et amené au camp des sangs mêlés, il y a quelques années de cela. Depuis il prenait à grand cœur son rôle de figure paternel, pourtant elle mettrait sa main à couper qu’il regrettait de l’avoir dans les pattes. C’était quelqu’un d’assez bizarre pour la demi déesse, qui se faisait d’ailleurs un plaisir de le faire chier, et de le surnommer par pleins d’autres noms.

« Ne m’oblige pas à employer la force. »

Minnie se retourna dans son imposant lit, nullement impressionnée par le discours du satyre.
C’est ainsi que Minnie se retrouva trainer sur plusieurs mètres par la jambe, le satyre l’ayant prit par la cheville pour l’entrainer en direction de la grande maison où se tenait Chiron. Le chemin fut laborieux mais il ne manquait pas de force, et était particulièrement insensible aux coups de pieds de Minnie, ainsi qu’aux divers projectiles qu’elle lui balançait lorsqu’elle en trouvait en chemin. Les insultes et autres cris, bien qu’incommodants pour les demi dieux aux alentours, ne semblaient pas non plus le déranger. Au contraire on aurait l’impression qu’il souriait d’amusement – si tant est que ce fusse possible.
Arrivé à quelques pas de Chiron et de l’autre protagoniste, le satyre finit par lâcher la jambe de Minnie, et par s’en aller comme si de rien n’était. La jeune femme se redressa vivement, envoya un dernier projectile dans la direction du satyre avant de se relever, de s’épousseter – ce qui ne servit pas à grand-chose, son pyjama était plein de terre et elle avait quelques éraflures ici et là. Pied nus, elle bouda ostensiblement pendant que Chiron prenait la parole.

« Eh bien… Ok. Donc je vous ai fait venir ici car j’ai une petite mission à vous donner. Il s’agit d’aller chercher un colis qui a besoin d’être surveillé pour pouvoir arriver à bon port. Il se trouve à Paris dans une boutique de mortel. »
« Moi ? Avec ça ? » fit Minnie en désignant négligemment Myria.
« En effet. Je n’accepte aucun refus. Voici vos billets d’avions et le nom de la boutique. J’ai informé le gérant que vous devrez être deux à venir chercher l’objet, avec pour mot de passe « Bouton de miel au sucré salé ». Bon courage ! »

Et il partit sans dire un mot de plus, laissant les deux jeunes femmes plantés là comme des piquets, à se regarder avec des yeux ronds.


« Tss, » fit Minnie, lavée et habillée, fixant sans ciller Myria. « Tu t’es crue à Noël ? T’es habillée comme un sapin. »
« ♪ *Musique d’aéroport* ♪ La direction vous informe que l’avion pour Paris aura quelques heures de retard pour cause de mauvais temps. ♪ »
« Génial. Bon moi j’vais m’chercher à bouffer. »

Et se perdre par la même occasion. C’est avec un sourire qui ne dit rien qui vaille que Minnie se décolla de sa chaise – acte que l’on peut considérer comme un miracle – et c’est sans attendre une réponse de la part de Myria qu’elle décida d’aller s’aventurer dans l’immense aéroport, en prenant bien tout son temps. Etant donné qu’elles devaient absolument être deux, Myria était coincée avec Minnie – et vice versa – donc cette dernière avait bien l’intention de tout faire pour les retarder et la faire chier. A commencer par se perdre dans l’aéroport.

~ Good Cop Bad Cop ~

Mihaela & Myria

"Chiron demande à te voir."

"Maintenant ?"

"Oui."

Je pousse un grognement, j'ai pas mal de cours à réviser là ! J'ai mes examens dans quelques semaines et je n'ai pas envie de les rater ... diantre, le stress est en train de me manger les entrailles. J'ai tellement peur de me louper que je n'arrive plus à dormir la nuit, j'en fais des cauchemars.

Pourtant, comparé au désordre mythologique qui règne, je ne suis pas à plaindre, au contraire ! J'arrive à penser comme une humaine normale, sans aucun pouvoirs. Je n'ai pas le problème d'autres demi-dieux qui doivent sans cesse se cacher des monstres. Je passe une main dans mes cheveux, avec toutes ces émotions, je les perds par poignées.

J'arrive à la Grande Maison, je ronge mon frein, qu'est-ce qu'il veut à la fin ? J'ai des choses à faire ! Une fille arrive les cheveux en pétard et couverte de boue.

« Eh bien… Ok. Donc je vous ai fait venir ici car j’ai une petite mission à vous donner. Il s’agit d’aller chercher un colis qui a besoin d’être surveillé pour pouvoir arriver à bon port. Il se trouve à Paris dans une boutique de mortel. »

« Moi ? Avec ça ? »

« En effet. Je n’accepte aucun refus. Voici vos billets d’avions et le nom de la boutique. J’ai informé le gérant que vous devrez être deux à venir chercher l’objet, avec pour mot de passe « Bouton de miel au sucré salé ». Bon courage ! »


Je reste interdite. C'est moi le ça ? Pourquoi tant de méchancetés gratuites ? Je ne la connais à peine ! Je sais que je peux parfois manquer de tact mais de là à passer pour la peste de service ... Je secoue la tête et attend qu'elle quitte l'endroit.

"Chiron, vous êtes sûr ?"

"Tout à fait, et je ne veux aucun refus, vous allez travailler en équipe."

Le dernier mot sonne. Ok, donc je pars avec une inconnue qui ne peut pas me voir rien qu'en me voyant, pourquoi est-ce que je sens que je vais souffrir dans les jours qui vont suivre ? Remarque, on part à Paris, il y a longtemps que je n'y pas mis les pieds. Et je sens que je ne vais pas pouvoir aller dans les endroits où je le souhaite.

A l'aéroport

« Tss, tu t’es crue à Noël ? T’es habillée comme un sapin. »

« ♪ *Musique d’aéroport* ♪ La direction vous informe que l’avion pour Paris aura quelques heures de retard pour cause de mauvais temps. ♪ »

« Génial. Bon moi j’vais m’chercher à bouffer. »

"Euh bonjour ... ?"

Je me regarde, elle a quoi de bizarre ma chemise ? Au contraire, je suis habillée sobrement en mettant un jean. Je rigole intérieurement, si elle savait ce que je portais quand j'étais en Russie, elle serait tombée à la renverse et c'est le cas de le  dire ! J'ai fait beaucoup d'efforts pour porter des vêtements normaux, pouah, le luxe me manque ! Difficile de s'adapter à la vie réelle quand on a toujours vécu dans un berceau en or et une cuillère en argent dans le bec.

Elle s'en va à grand pas, génial, elle va me faire chier celle-là, je le vois comme un nez au milieu de la figure, fantastique ! Et en plus, je ne peux pas la quitter d'une semelle ? Encore mieux ! Je suis contre la violence et toute forme de méchanceté, heureusement, le sarcasme et le cynisme ne sont pas inclus, heureusement, sinon, je vais avoir du mal à la supporter.

Elle s'en va, pourquoi pas moi ? Je me dirige à l'opposée d'elle, on va voir qui ira chercher l'autre, mais ce ne sera sûrement pas moi, j'ai des limites à la politesse.

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