Criostal était depuis chargée de la gestion des stocks de l’armurerie. Ce n’était sûrement pas le meilleur métier de la Colonie pour bon nombre de demi-dieux, mais pour elle, c’était le métier rêvé. Pour tous ceux qui détester compter et ranger à longueur de journée des armes, elle adorait cette opportunité et faisait tout sans y passer. Facile, en même temps, quand l’on compte tout sans s’en rendre compte. Enfin, bref, elle ne prenait pas du tout ça comme une corvée et se rendait comme tous les matins à l’armurerie où elle avait repéré toute une étagère de haches rangées dans un ordre pas possible.

Presque arrivée devant l’armurerie, elle s’étonna de voir un groupe de demi-dieux discutant, un sourire narquois sur les lèvres, mais il suffit d’un seul signe de main de sa part pour qu’ils s’arrêtent brusquement et la fixent comme si elle était une intruse. Ok, super. Elle sentit sa gorge se serrer mais se força à détourner le regard et continua son chemin jusqu’à l’armurerie. Etrange, la porte était ouverte… Pourtant, la jeune fille était persuadée de l’avoir fermée la dernière fois qu’elle y était passée. Sans doute quelqu’un avait dû y venir pour y récupérer une arme, rien de bien grave, elle n’avait pas à s’inquiéter !

À l’intérieur, elle posa ses clés sur une petite étagère et appuya sur l’interrupteur pour éclairer la pièce plongée dans le noir. Clignant des yeux après avoir été aveuglée par la lumière, elle les rouvrit quelques instants après… Pour constater que tous les murs étaient vides. Les étagères aussi. Aucune trace d’épées, de lances, d’haches, de boucliers… Juste une pièce vide, et une Criostal abasourdie. Sur l’étagère où elle avait posé ses clés, elle aperçut un petit mot qu’elle saisit d’une main tremblante.

Surprise, fille d’Hypnos !
Où sont passées toutes les armes, te demande-tu ? Bonne question… Tu n’as qu’à les retrouver, tiens, c’est comme une chasse au trésor ! Amuses-toi bien !

Elle sentit sa gorge se serrer davantage. Non, non, ce n’était pas le temps de flancher… Peut-être que les ados qu’elle avait croisés en venant savaient quelque chose sur ce drôle d’incident. Elle sortit donc en trombe, le mot dans la main, et se dirigea vers le groupe.

« Hé ! Je… Je viens de trouver l’armurerie complètement vide, et ce petit mot… Vous avez vu quelqu’un entrer ? Je, c’est trop bizarre, je sais pas quoi faire… » Dit-elle en leur montrant le bout de papier, l’air désespéré.

Deux filles ricanèrent, mais personne ne répondit à sa question. Crio décida de retenter le coup.

« S’il-vous-plaît, ce n’est pas une blague, aidez-moi… »

L’un des garçons sembla s’intéresser au papier, ce qui mit en confiance la fille d’Hypnos, mais dès qu’il fût à côté d’elle il la poussa brutalement au sol et chiffonna le papier de ses mains pour le jeter ensuite sur elle. Le temps qu’elle se relève, ils avaient tous filé en éclatant de rire.

Mais Criostal ne trouvait qu’il n’y avait pas de quoi rire à cette situation.
Frottant ses mains écorchées, elle ramassa le morceau de papier froissé et le déplia. Au dos, elle remarqua une phrase qu’elle n’avait pas vue avant.

Avec un peu de chance, tu les auras toutes retrouvées d’ici quelques jours… Ou plutôt quelques mois !

Elle passa sa main sur sa nuque, se forçant à penser à autre chose, mais des larmes perlèrent au coin de ses yeux. Elle avait l’impression qu’on l’avait poussée dans un trou sans lui donner le moyen d’en sortir… Pourtant, il fallait bien qu’elle en sorte, l’armurerie ne pouvait pas rester vide.

« Ce n’est pas drôle du tout… » Marmonna-t-elle, mais personne ne pouvait l’entendre.

Elle ne savait même pas par où commencer. La situation lui paraissait insurmontable. Elle serra dans sa main ce fichu bout de papier et essuya maladroitement ses larmes avec la manche de son pull.

J'avais, depuis mon arrivée à la colonie, pris l'habitude de déposer mes armes dans l'armurerie. Bien sûr, tout le monde le savait, c'était chaise gardée. La dernière fois que quelqu'un avait osé emprunté une de mes lames pour un entraînement, il avait finis dans le lac. Jamais j'avais été aussi furieux. On m'entendait pesté au loin, dans toute la colline et Chiron m'avait fait récuré les assiettes dans la cuisine pendant quelques semaines. Heureusement, personnes d'autres avaient osé recommencé et je les en remerciais. Passer du temps auprès des harpies n'étaient pas forcément ce que je préférais faire de mes soirées. Il faut dire, ces deux épées comptaient énormément à mes yeux. Depuis que je les avais eu en ma possession, je me sentais plus fort, moins vulnérable et pour ainsi dire, mon pouvoir me permettait de les manier avec force et d'utiliser leurs atouts pour me protéger et pour détruire le plus de monstre possible. J'avais pour habitude d'aller les chercher chaque matin, m'entraînant un peu. Puis, le plus souvent, je demandais à quelques Héphaïstos de les nettoyer. J'étais complètement amoureux d'elles. Certains m'avaient fait remarqué que je ressemblais beaucoup trop aux fils d'Arès mais je m'en fichais. Après tout, toutes personnes normales chériraient les objets qui les rattachent à leur mère, ceux qui vous sauvent la vie plus d'une fois.

J'avais dormi plus longtemps que d'habitude, à cause d'un shooting photo fait la veille qui m'avait épuisée. Olympe avait elle même assistée à cette séance, ne cessant pas de réprimander le photographe pour son travail. Je n'avais pas arrêté et c'était rare. Surtout lorsqu'on travaillait pour la branche mortelle de la marque. Il était plus difficile de poser pour celle divine. Les dieux capricieux souhaitaient des choses beaucoup trop extravagantes et ce qu'on pouvait qualifier d'effets spéciaux à New York n'en était point sur l'Olympe. J'avais plus d'une fois du me battre contre un monstre, avec une caméra qui me tournait autour pour prendre mon meilleur profil. Après avoir donner le reste de mon café noire à ma mère, je me dirigeais vers l'enceint de l'armurerie qui renfermait tous les demi-dieux hyperactifs et turbulents qui restaient dans le coin toute l'année. Un groupe de jeunes que je connaissais pas me percutèrent sans s'excuser et partirent au loin. Ils pouffaient tous de rire. Encore des idiots qui avaient du faire une connerie. C'était beaucoup trop courant. La colonie regroupait beaucoup d'immature. " Faites gaffe. "La porte était grande ouverte et étrangement la lumière allumée. A ma grande surprise, ce ne fut pas la seule chose suspecte. La pièce était vide. Il aurait pu y avoir les étagères sur les murs, certains coffres qui renfermaient les poignards et autres armes de petites tailles, mais non. Rien. Je sentais la colère envahirent mon corps. Les lames noires d'étaient plus là. Je sortis en trombe de la cabane en bois et commençais à fouiller les alentours, bougeant les pierres et autres éléments naturelles qui auraient pu cacher mes précieuses armes. On pouvait entendre mes grognements de frustration et de colère jusqu'à New York. Ceux qui avait osé devaient se planquer quelques parts eux aussi. S'ils tombaient, à leur plus grands malheurs sur moi à ce moment même, ils auraient le reflexe de plonger dans le lac sans se poser de question.

Je continuais de chercher lorsque je tombais sur une jeune fille. Je la connaissais. Je la voyais tous les matins ranger ce coffre fort pour nos armes.  Oui, elle était une fille d'Hypnos. Je le savais parce que j'avais aidé son frère quelques semaines plus tôt. Je savais que les enfants de ce dieu étaient aussi des plus particuliers et étaient le plus souvent mit dans la case des faibles par les autres pensionnaires. J'avoue que j'en fais partie. Mais je n'aimais pas la violence gratuite alors je refusais catégoriquement de les harceler pour leur non bravoure. Après tout, ils avaient leur places dans l'équilibre de cette colonie et on était bien content, tous, de pouvoir compter sur eux lorsqu'on en avait besoin. La jeune fille aux cheveux colorés pleurait. Elle essuyait les jolies perles d'eau avec son pull. A mon avis, elle était tout aussi victime que moi de ce tour ridicule qui pourtant me mettait hors de moi. Il ne perdait rien pour attendre et ils allaient récolter se qu'ils avaient semé. Némésis s'en chargerait, ou moi, qui avait une envie soudaine de frapper quelqu'un. Je décidais de m'approcher. Après tout, elle était la sœur d'Oneiro, alors, autant l'aider elle aussi. " Bonjour. " Je lui tendis ma main, pour qu'elle se relève. " J'ai vu que l'armurerie était vide. Je sais que tu t'en charges. J'imagines que tu ne sais pas où elles sont toi non plus ? "

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