i'ts been a long way...

Sa proposition sembla faire de l’effet à Adriane qui s’élança vers le stand, le tirant par la main comme une enfant.

« Oh oui ! J'adore ça et je meurs de faim ! Allons réaliser ton plus grand rêve de gosse ! » S’écria-t-elle avec un certain entrain. Il eut un petit sourire et la suivit, oubliant aussitôt les mauvaises nouvelles qu’avaient apporté son portable.

« À la tienne ! » Dit Adriane après lui avoir tendu le plus gros cornet de churros qu’il avait vu de toute sa vie. Il baissa les yeux, sortit un billet froissé de sa poche et le posa sur le comptoir avant de trinquer en riant. L’odeur sucrée lui emplissait les narines et lui rappelait à quel point il avait faim. Sans plus attendre, il en arracha un morceau et le mit dans sa bouche, savourant aussitôt le churros. C’était encore meilleur que tout ce qu’il avait pû imaginé.

« Je me demandais comment on ferait pour finir ces cornets… » Marmonna-t-il entre deux bouchées. « … Mais en fait, je crois que deux cornets ne seront même pas suffisants. C’est juste trop bon. Je ne sais pas pourquoi j’ai attendu aussi longtemps pour en goûter. » Dit-il, un doigt dans la bouche – il ne fallait rien gâcher, après tout.

Avec à présent deux cornets immenses de churros, ils s’éloignèrent du zoo, pénétrant à nouveau dans Central Park. Quelques joggeurs les dépassèrent mais Hero préférait largement manger des sucreries plutôt que de courir à un moment pareil. Il n’aurait rien voulu changer de cette journée, quand bien même celle-ci avait mal commencé. Ses yeux glissèrent doucement sur Adriane alors qu’ils continuaient de marcher. Au final, leur relation avait souvent été comme ça. Ils leur arrivaient de s’engueuler pour un rien, de se balancer des horreurs à la figure… Mais ils avaient toujours fini par se réconcilier, par un miracle du siècle. Personne ne pouvait l’expliquer, c’était juste comme ça, aussi évident que 1 et 1 font 2.

« Je suis vraiment content de t’avoir revue. » Souffla-t-il après un moment de silence, des miettes et quelques éclats de sucre éparpillés sur son teeshirt et les coins de ses lèvres.

GALLINEA (c)

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Adriane pouffa de rire et lui répondit.

« Je me pose la même question... Mais fais gaffe sinon tu vas attraper du diabète. »

Hero haussa nonchalamment les épaules. Diabète ou pas, rien ne l’empêcherait de finir ce cornet de churros et d’en faire la base principale de son alimentation.

« Je suis vraiment content de t’avoir revue. » Finit-il par souffler, des miettes plein le teeshirt et le coin de ses lèvres.

La fille d’Arès s’arrêta et lui adressa l’un de ses sourires à la Adriane -le genre de sourires qui font que les disputes ne durent jamais très longtemps, avant d’éclater de rire. Il fronça automatiquement les sourcils, ne comprenant pas ce qui pouvait la faire rire, jusqu’à ce qu’elle époussette son teeshirt… Et qu’elle essuie le sucre autour de sa bouche du bout des doigts. Le cerveau d’Hero s’arrêta de tourner pendant quelques instants et il parvint vaguement à l’entendre quand elle reprit.

« Moi aussi j'en suis très contente. Tu m'avais manqué. »

Il hocha bizarrement la tête, affichant un sourire étrange, et regarda ailleurs. Ce contact avait eu l’effet d’une décharge électrique, lui rappelant tout ce qu’il avait pu ressentir alors qu’ils étaient encore à la Colonie. Ouais, sauf que ça date d’un autre temps, mon gars. L’eau avait coulé sous les ponts.

« Ouais… » Marmonna-t-il en retournant la tête vers elle. Il la fixa quelques instants dans les yeux, avant de baisser son regard pour regarder à son tour ses lèvres. Elle, elle n’avait pas de sucre autour des lèvres. Mais qu’est-ce que tu fiches, Hero ? Il passa sa main sur sa nuque, atteint d’une gêne dont il n’avait pas vraiment l’habitude, cherchant à balancer quelque chose, n’importe quoi. Et arrêter de la fixer comme ça, peut-être. Il balança négligemment son bras contre son corps, cherchant à concentrer son attention sur autre chose. Il avait relevé les yeux et fixait à présent le regard électrique de la blonde. Qu’est-ce que tu fiches, Hero ? Il prit une grande inspiration, fit taire le vacarme dans sa tête, prit son visage entre ses mains et posa soudainement ses lèvres contre les siennes. Il eut une nouvelle décharge électrique et, quelques secondes plus tard, il recula brusquement, prenant sa propre tête entre ses mains, les yeux écarquillés.

Qu’estcequetasfoutupauvreidiotespècedecretinàquoitupensais???

« Je… C’est pas ce que… » Dit-il en posant ses doigts sur ses lèvres. Il avait apprécié le contact. Peut-être que si l’idée de la perdre à nouveau ne le hantait pas, il ne se serait pas reculé. Non non non, tu peux pas penser comme ça. Tu n’as pas le droit de penser comme ça. « Je suis désolé, je voulais pas… » Tu t’enfonces, crétin. Il ferma les yeux et se pinça l’arête du nez. « Quel abruti. » Marmonna-t-il pour lui-même.

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Hero sentit sa main se poser sur son bras et eut un mouvement de recul un peu trop violent. Adriane voulut planter ses yeux dans les siens, mais il était bien décidé à éviter son regard jusqu’à la fin de ses jours.

« Hero... C'est rien tu sais mais... »

Non, bien sûr, c’est rien. Il ferma les yeux et grimaça. Ce n’était pas rien. C’était tout. Et il avait été trop con pour s’en rendre compte, trop con pour agir comme ça. Pourquoi t’agis toujours comme un véritable demeuré Hero ? Pourquoi tu réfléchis toujours avec tes pieds ?

« Tu es mon ami Hero. Avant ça aurait été possible mais plus maintenant... »

Il aurait dû s’en douter, depuis le début. Il pinça les lèvres et continua de fixer le sol. Il ne pouvait que fixer le sol, de toute manière, il ne pouvait pas soutenir son regard. Quel crétin. Il ne pouvait pas s’empêcher de se le répéter. Il avait agi comme un abruti.

« Mais je t'aime. Vraiment. Plus comme ça, c'est tout. »

Et c’était ça le problème. Il ne faisait pas la différence entre son amie et celle qui lui plaisait, celle qu’il avait aimé un jour. Il discernait pas la frontière. Il discernait plus rien du tout.

« C’est… » Il serra la mâchoire. Humiliant, voilà ce que c’était. Humiliant car il avait agi comme un crétin, humiliant parce qu’elle continuait de lui parler comme si de rien n’était, humiliant parce qu’il savait que ce sera toujours comme ça. « C’est gênant. » Réussit-il à lâcher en esquissant un sourire crispé. « Si je pouvais effacer ta mémoire et la mienne, je le ferais. Vraiment. Je voulais pas… C’est plus qu’embarrassant. Je suis un abruti. »

Il serra les poings. Comment pouvait-elle continuer de lui parler ? À sa place, il se serait donné une gifle. D’ailleurs, il ne savait pas ce qui l’en empêchait… Contemplant sa main aux jointures abîmées, il prit une grande inspiration. Calme-toi. Ne gâche pas tout. Enfin, ne gâche pas le peu de choses qu’il te reste.

« Je voudrais m’assommer et m’enterrer sous terre. » Articula-t-il en se forçant à rire. Puis, se rappelant brusquement qu’il avait encore un cornet à moitié rempli de churros, il en saisit un morceau et le fourra dans sa bouche, espérant s’étouffer avec pour ne plus avoir à supporter cette gêne.

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« Mais non... C'est faux. Et ça arrive à tout le monde... » Lui répondit-elle maladroitement. Certes, ça arrivait à tout le monde mais il se fichait bien de ça à l’instant-même.

« Je voudrais m’assommer et m’enterrer sous terre. » Articula-t-il en se forçant à rire. Puis, se rappelant brusquement qu’il avait encore un cornet à moitié rempli de churros, il en saisit un morceau et le fourra dans sa bouche, espérant s’étouffer avec pour ne plus avoir à supporter cette gêne.

Visiblement, Adriane trouva sa remarque drôle car elle éclata de rire et déposa un baiser sur sa joue, ce à quoi il répondit en lui grimaçant un sourire, la bouche encore pleine de churros.

« Et tu me laisserais toute seule ? » Lui demanda-t-elle en lui adressant un grand sourire.
Il haussa les épaules.

« Tu as ton fanclub de la fin des dieux, tu n’es pas seule. Mais si tu veux, je peux t’enterrer avec moi, même si ça ressemblera furieusement à un meurtre. » Lui répondit-il en esquissant un sourire en coin. En fait, il ne prévoyait pas du tout de la laisser toute seule, après ces quelques mois où il la croyait morte.

« Et puis franchement, tu crois que je serais bien pour toi ? Je suis une plaie et tu le sais... » Il haussa un sourcil. Une plaie ? Et lui il était quoi, alors ? La pire des ordures ?

« Si je suis en train de te parler en ce moment, tu penses vraiment que je te considère comme une plaie ? » Lui demanda-t-il après avoir avalé une bouchée de churros. « De toute façon, je ne veux plus en parler. Faisons comme si rien ne s’était jamais passé, d’accord ? » Il lui désigna son cornet. « Ils sont vraiment bons ces churros, je regrette pas de les avoir achetés. »

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« Et puis franchement, tu crois que je serais bien pour toi ? Je suis une plaie et tu le sais... »

Il avait haussé un sourcil, avant de répondre du tac au tac. « Si je suis en train de te parler en ce moment, tu penses vraiment que je te considère comme une plaie ? De toute façon, je ne veux plus en parler. Faisons comme si rien ne s’était jamais passé, d’accord ? » Et il avait aussitôt baissé les yeux sur son cornet quasiment vide. « Ils sont vraiment bons ces churros, je regrette pas de les avoir achetés. »

Adriane, ayant fini son cornet, lui piqua l’un des derniers churros après un nouveau bisou, tout sourire. Puis elle passa son bras sous le sien et lui dit d’un air soudainement timide.

« J'en suis contente. Et j'espère que tu passes une bonne journée, j'aurais au moins fait ça pour toi. »

Il haussa nonchalamment les épaules.

« Je passe une excellente journée, t’inquiètes. En temps normal, j’dois courir partout, me prendre la tête avec des abrutis, régler deux trois affaires sans utiliser la méthode douce… Tout ça sans me faire chopper par la police. Alors cette sortie, ça me permet de souffler un petit peu, le temps d’une journée, tu vois ? » Lui assura-t-il en esquissant un sourire. Puis, ayant terminé le dernier churros, il jeta le cornet d’un geste distrait quand ils passèrent à côté d’une poubelle. Le goût sucré avait repris dessus sur le goût amer qui lui était resté en travers de la gorge.

« Je suppose que pour toi aussi, la vie n’est pas de tout repos. Je veux dire, non seulement tu es une sang-mêlée, mais en plus, toute la Colonie te croie morte. Tu dois faire super gaffe histoire que des abrutis de la Colo’ ne te recroisent pas et t’engueulent pour avoir disparu et suivi tes convictions. » Rajouta-t-il en grimaçant un sourire. Une façon maladroite de s’excuser pour s’être comporté comme un abruti tout à l’heure.

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« En fait, ça n'arrive pas très souvent. Tu n'imagines pas le nombre de gens qui ont pu m'oublier... Mais tant mieux d'un côté ! Ca m'évite de devoir manger trop de churros ! Et puis, je n'ai pas forcément envie de tous les revoir... »
Il hocha la tête. Adriane avait raison, la Colonie oubliait bien vite. Les enfants des méchants restaient des méchants. C’était comme vouloir sortir de son propre corps : on était assigné à des identités qui ne nous correspondaient même pas.

« Ouais… Attends, ça veut dire que tu serais capable de manger des churros avec quelqu’un d’autre que moi ? » Dit-il d’un air faussement énervé qu’il garda à peine quelques secondes avant de se fendre d’un énième sourire amusé.

Il baissa ensuite les yeux sur le sol et fixa le bout de ses godasses défoncées.

« À chaque fois que je retourne sur New York, ça me rappelle à quel point je n’ai aucune attache à la Colonie. Je veux dire, j’ai mon bungalow, mes fringues et un accès illimité aux armes de l’armurerie, ce qui en soi est plutôt cool… Mais c’est tout. Tous ces gens sont des fantômes pour moi. Il n’y aura personne pour venir me courir après si je décidai de partir définitivement. Personne pour pleurer si ces histoires de gangs finissaient par me tuer. Personne. »

Il pinça ses lèvres, se questionnant momentanément sur l’intérêt de raconter ça. Décidément, il avait un réel don quand il s’agissait de casser l’ambiance.

« Remarque, en dehors, c’est pas mieux. Quasiment tous ceux que je fréquente veulent ma peau. Mais j’ai de la chance, maintenant, j’ai quelqu’un avec qui partager des churros.  Et toi, tu as au moins une personne qui ne t’a pas oubliée. » Dit-il en agrandissant son sourire.

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Adriane esquissa un sourire triste que Hero ne manqua pas de remarquer avant de déposer un nouveau bisou sur sa joue, comme si elle comprenait son sentiment.

« Tu sais que je suis plus qu'une amie à churros... Et tu me manquerais à moi alors essaie de ne pas te faire tuer s'il-te-plaît. » Elle marqua une pause, réfléchissant, avant de reprendre. « Et surtout, si tu as le moindre souci, je suis là. D'accord. Tu sais à quel point j'aime me battre... »

Cela fit esquisser un sourire sur le visage du demi-dieu : en effet, Adriane ne manquait jamais une occasion de se battre, comme si elle ne se fatiguait jamais. Cela devait sûrement avoir avec son lien de parenté avec Arès qui avait la réputation d’être un sacré combattant, cherchant sans cesse de nouveaux adversaires.

« T’inquiètes. Si je suis pris dans la baston du siècle, je ne manquerais pas à déposer un petit mot sur le petit banc du parc pour que tu me rejoignes. Ensemble, on brisera bien la jolie gueule à quelques enfoirés. Crois-moi, c’est presque aussi amusant que de combattre des monstres. » Déclara-t-il en jouant à plier et déplier ses doigts marqués par la dureté de la vie, le bout jauni à cause de la cigarette - entre autres. « En plus, tu es beaucoup plus douée que moi pour te battre. Je suis sûr que tu aurais ta place dans un gang. » Puis, il songea à ce groupe de demi-dieux dont elle lui avait parlé, en quelque sorte, c’était un gang, le côté divin en plus.

« Enfin bref. Il commence à se faire tard et je n’ai toujours pas trouvé un moyen de me faire du fric pour les jours suivants. Je te dirais bien que je ne veux pas te retenir, sauf que j’en pense pas un mot. Si tu connais un endroit où je n’ai pas déjà travaillé qui veut bien de moi, je suis preneur… » Il passa une main dans ses cheveux, grimaçant. « Je suis pas doué pour dire au revoir, en général. »

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