“Qui porte des chaussures ignore la souffrance de qui marche pieds nus.”
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“Qui porte des chaussures ignore la souffrance de qui marche pieds nus.”

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MessageSujet: “Qui porte des chaussures ignore la souffrance de qui marche pieds nus.” “Qui porte des chaussures ignore la souffrance de qui marche pieds nus.” Icon_minitimeMar 19 Avr - 8:44

Les Jardins de Déméter. De superbes plantes, de toutes sortes, paraissant sous un soleil resplendissant qui illuminait les structures en marbre blanc du Mont Olympe. Les demeures, les fontaines, tout était nimbé d'une aura brillante et chaleureuse. Les parfums lourds et plus aimables se réunissaient dans ce cocon coloré. Tous les sens étaient en alertes, même les oreilles se voyaient chatouillées par de discrets gazouillis d'oiseaux. Les nuages ne souillaient en aucune façon l'immense horizon couleur de mer tropicale. Zeus était serein aujourd'hui, voilà plutôt une bonne nouvelle. Au loin on pouvait d'ailleurs apercevoir son immense palais, mais ici le Maître des Enfers était dans un tout autre univers. Cela ne faisait que deux ans qu'il refoulait, de ses pas impérieux, le sol de la montagne des dieux. C'était court, très court, pour un être éternel. On ne pouvait pas dire qu'il avait réussi à s'adapter à toute cette lumière, à toutes ces odeurs, à toute cette beauté éclatante, presque phosphorescente. Le pauvre Hadès semblait bien pâle, presque maladif, à côté de tous ces Olympiens à la peau gorgée de soleil. Enfin... ce n'était pas comme s'il s'en souciait beaucoup. Aucun n'avait vécu ce que lui avait subit, aucun ne méritait donc d'être appelé « dieu » comme lui. Il était l'un des trois piliers de ce monde, il en dirigeait les fondations mêmes, le peuple qui l'entourait était bien ignorant des réalités de l'univers. Des imbéciles heureux.

Heureusement, ou pas, il demeurait des exceptions à cet édit divin qu'il avait lui-même prononcé en silence. Il y avait, dans toute cette masse grouillante de bonheur, un être imparfait, boiteux, dont les souffrances étaient ignorées par bien des résidents du Mont Olympe. Si seulement ils savaient... si seulement ils savaient que souffrir était ce qui rendait plus puissant dans ce monde. Plus un homme souffre, et plus il est prêt à affronter le reste de la Terre, dans ce qu'elle a de plus cru et de plus immonde. Qui pourrait faire cela ici, hein ? Emmitouflés dans leur nectar fade, qu'ils boivent au biberon depuis leur naissance ! Mettez-les face à la vérité, face à l'horreur que vivent chaque jour les mortels ordinaires, ils se transformeront alors en poussière. Faites leur connaître la faim, la douleur, la mort, à tous ces pseudo-divins pédants ! Voilà pourquoi Hadès n'était pas encore habitué à vivre à l'Olympe, il y avait trop de choses qu'il détestait, ici, mais il allait bien finir par s'y habituer. Il s'était battu bec et ongle pour rejoindre ce sanctuaire millénaire où il était né. Il ne renoncerait pas à une place si chèrement acquise, pas même pour tout le bonheur du monde.

L'une des seules personnes dont il appréciait la compagnie, ici, allait bientôt arriver. Un jour de splendide humeur, Hadès songea qu'il devait renouer un peu avec la famille qu'il venait de retrouver. Il entreprit donc d'inviter chacun des « dieux majeurs » à parler avec lui, soit ici dans les splendides jardins de Déméter, soit directement dans son royaume, aux Enfers, lorsque le mal du pays se faisait trop pressant et qu'il voulait afficher un peu plus sa puissance. Le premier divin qu'il voulut voir était sans conteste son neveu, le forgeron Héphaïstos. C'était bien l'un des seuls ici qu'il était intéressant d'écouter. Ce grand garçon claudiquant avait une vision si unique du monde qui l'entourait. Il ne pensait ni à son propre pouvoir, ni à fricoter avec de belles mortelles. Il vivait pour son travail, pour ses créations, il excellait dans son art. Et puis, il avait toujours d'hilarantes histoires à raconter. Le dieu de la mort se souviendrait toujours de celle du piège pour surprendre Aphrodite avec son neveu Arès. Il en riait encore tout seul, au milieu des jardins. C'était un homme comme lui qui rendait la vie plaisante à l'Olympe pour le Roi du Monde Souterrain, et qui l'empêchait de regretter, par moment, son trône de fer et de pierre qui l'attendait toujours, là-dessous. De tous les dieux, il était le plus drôle, et le moins farfelu.

Même au sanctuaire divin, Hadès conservait ses vêtements de l'ordinaire. Il était hors de question qu'il mette une de ces toges ridicules, qui sentent la violette et l’hypocras. Il faisait donc un peu tâche, tout bardé de cuir, de clous et de bagues. Au moins le reconnaissait-on, c'était bien là le plus important. Il avait installé, sur une terrasse un peu à l'écart des plantes, une table et deux fauteuils, pour lui et son invité. Même s'il n'était pas complètement sur son territoire, Hadès conservait son sens de l'hospitalité. Un pichet de nectar, et deux coupes d'or, étaient disposés bien en évidence. Il n'était pas bien difficile d'imaginer qu'à force de forger au cœur d'un volcan, la soif finissait par vous tenailler. Le Maître des Enfers, debout, ses pupilles sombres perdues dans le lointain brumeux, attendait donc l'arrivée du grand boiteux. La journée s'annonçait agréable, pour une fois.
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MessageSujet: Re: “Qui porte des chaussures ignore la souffrance de qui marche pieds nus.” “Qui porte des chaussures ignore la souffrance de qui marche pieds nus.” Icon_minitimeDim 15 Mai - 19:13

Il était rare que Héphaïstos s'attarde à monter sur l'Olympe. Généralement, il était trop occupé à travailler à la forge, forgeant les métaux dans la fournaise de l'Etna. Enfin fournaise... telle était la connotation que lui attribuaient ceux qui y étaient étrangers. Non, la forge du dieu était parfaite en tout point. Tellement parfaite qu'elle pouvait presque tourner toute seule durant l'absence de son propriétaire. Pendant que ce dernier marchait les mains dans les poches, pensif, tout en évitant les satyres qui courraient après les nymphes. Les cyclopes devaient travailler sous les ordres de quelques automates. Ces créatures à l'oeil unique n'étaient pas de mauvais bourgres, simplement ils ne connaissaient pas le rangement, et s'entêtaient à tout laisser en vrac. En bref, Héphaïstos pouvait prendre congé de sa forge aujourd'hui.
C'était son oncle qui lui avait, en quelque sorte, donné rendez-vous. Hadès, le dieu le moins bavard dira-t-on, semblait avoir envie de se délier la langue. Certains idiots affirmeraient qu'il préparait un coup fouré, une ruse, visant à piéger quelqu'un. Pourtant, le Forgeron affirmait que non. Allons donc, le dieu des sous-terrains ne pouvait-il pas se comporter comme ses frères et ses neveux ? Était-ce si difficile à croire que la sombre divinité voulait trouver sa place au milieu de sa famille, laquelle lui avait autorisé d'avoir un siège à L'Olympe ? Apparemment, oui. Mais le temps démontrerai certainement que non. En bref, Héphaïstos répondait volontiers à l'invitation de son oncle, et c'était bien pourquoi il marchait maintenant dans le jardin de Demeter, là où il lui avait donné rendez-vous. Et Hadès l'attendait, se détachant du somptueux paysage par son style vestimentaire (bien que le Forgeron ne lui reproche pas). Il devait être le seul à ne pas porter de tauge sur l'Olympe. Le Forgeron lui même avait - non sans ronchonner contre cet accoutrement - une tauge sur lui en ce moment. Le seul fait d'avoir un peu de suie tâchant son visage quelques peu déformé lui valait des regards assassins de la part de sa mère. Bah, il avait déjà subit la chute vertigineuse du haut de l'Olympe, et ce dès sa naissance. Il n'avait donc aucune envie de recommencer (bien qu'il doute que Hera en viendrai à de telles hostilités pour une simple marque de suie... Mais bon, avec la déesse, tout était possible).

Hadès avait déjà installé tout un petit attirail de confort sur une terrasse à l'écart des fleurs. Héphaïstos le rejoignit de son pas boiteux et lourd, essayant autant qu'il le pouvait de ne pas écraser ne serait-ce qu'un brin d'herbe, sans quoi il s'attirerait les foudres de Déméter. À la vue de son oncle, un grand sourire se dessina sur les lèvres du dieu.

"Mon oncle, quel plaisir de te voir !"

Héphaïstos lui tendit une poignée de main amicale, se disant que le dieu des Enfers n'était pas très friant des grandes embrassades.
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MessageSujet: Re: “Qui porte des chaussures ignore la souffrance de qui marche pieds nus.” “Qui porte des chaussures ignore la souffrance de qui marche pieds nus.” Icon_minitimeLun 16 Mai - 14:23

Le Seigneur des Enfers avait entendu son neveu bien avant que celui-ci ne le salue. Qui pouvait ne pas entendre cette lourde silhouette, cette démarche claudicante qui faisait trembler même le marbre Olympien sous ses pas. Hadès était par trop familier de ce genre d’avertissement sonore. S’il appréciait autant Héphaïstos, il était aussi probablement celui qui le connaissait le mieux parmi les immortels. Ce n’était pas de son fait, bien sûr, mais il devait pousser le forgeron à se confier. En tout cas, ses récits étaient toujours d’une saveur inouïe aux oreilles du Maître des Morts. Finalement, lorsqu’Héphaïstos fut suffisamment près de lui, Hadès consentit à se retourner pour admirer ce chef d’œuvre de l’imperfection, ce visage ravagé, il sentait le fer brûlé et la suie, malgré sa toilette originale.

- Mon oncle, quel plaisir de te voir ! Lança-t-il.

Face à autant de joie, le dieu des Enfers ne pouvait que sourire en retour. Bien peu de gens réagissaient ainsi en sa présence. C’était peut-être mieux, au final. Avec une vigueur peu commune, il saisit la main que lui tendait son neveu, et s’autorisa même à rire de sa voix de cuivre. En même temps qu’ils se serraient la main, Hadès esquissa un juste de politesse peu coutumier chez lui : il inclina légèrement, et très rapidement, la tête.

- Mon cher neveu ! C’est un plaisir partagé, crois-moi. Viens, installe-toi !

Il lui présenta, d’un geste du bras, la table et les rafraichissements qu’il avait déjà préalablement installé. Il attendit que son invité s’installe avant de prendre l’autre chaise et de s’asseoir face au dossier, à la manière de ces flics dans les séries télé. Mais là il ne s’apprêtait pas à tenir un interrogatoire, le dieu de la forge parlait déjà, bien souvent, par lui-même. D’un geste distrait, le sombre sire servit du nectar dans les deux coupes dorées tout en entamant la conversation.

- Alors, petit, tout se passe bien dans le cratère de ton volcan ? A en juger par ton maquillage, tu dois avoir du travail à la pelle.

Héphaïstos devait être habitué aux petites piques du Roi des Enfers, celui-ci n’y faisait même plus attention. C’était sa façon de parler, son esprit. Quiconque hésitait à le lui reprocher finissait souvent par abandonner le projet. On ne se moquait pas d’un immortel impunément. Mais son neveu n’était pas de cette trempe-là. Il avait tant vécu, tant souffert, qu’il parvenait sans peine à discerner les légères moqueries de la véritable méchanceté. Une autre facette du dieu que Hadès désespérait de ne pas voir plus souvent.
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MessageSujet: Re: “Qui porte des chaussures ignore la souffrance de qui marche pieds nus.” “Qui porte des chaussures ignore la souffrance de qui marche pieds nus.” Icon_minitimeMar 5 Juil - 0:04

C'est une poigne de fer qui rejoignit celle d'Héphaïstos, et paradoxalement assez forte. Si on aurait pu penser que le Seigneur du Royaume des morts arborait l'air macabre autant symboliquement que physiquement, ce geste démontrait la pensé. Le dieu Forgeron le savait, il était l'un des rares à bénéficier d'un tel traitement de la part d'Hadès, et la sympathie était réciproque. De toute façon, à part Arès, Héphaïstos aimait presque tout le monde. Mais le courait passait mieux avec certains qu'avec d'autres, et les liens se faisaient parfois étranges d'un point de vue externe. Peu étaient ceux qui voyaient sympathique le sombre dieu des Enfers. Mais à en juger par le comportement de la divinité face à son neveu, les apparences étaient trompeuses. Par politesse, Héphaïstos imita le même geste fait précédemment et rapidement par son oncle, il inclina la tête.

"Mon cher neveu ! C’est un plaisir partagé, crois-moi. Viens, installe-toi ! "

L’intéressé esquissa un sourire et s'installa jambes et bras croisés - comme à son habitude - sur l'une des chaises présentes, tandis qu'Hadès imitait la position de ces personnages de série télé policière (si bien qu'on aurait pu croire que c'était lui qui était à l'origine de cet assise). Bientôt, celui qui l'avait invité lui donna un verre de nectar, et il le remercia, tout sourire, tandis que la conversation fut entamée.

" Alors, petit, tout se passe bien dans le cratère de ton volcan ? A en juger par ton maquillage, tu dois avoir du travail à la pelle. "

Héphaïstos rit doucement, habitué aux petites piques lancées par son oncles en toute sympathie. A vrai dire, si Arès avait été le commanditaire d'une telle parole, la réaction n'aurait pas du tout était la même. Le Forgeron avala une gorgée du précieux liquide des divinité avant de répondre.

" Tout va très bien, mon oncle ! Les commandes sont nombreuses et diverses ... comme toujours, bien que tout cela soit plutôt calme, ces derniers temps."

Pour une fois, pas d'énorme ragot à raconter, pas de maladresse de la part de quiconque dans la forge, à part deux trois petits détails.
Légèrement pensif à ce qu'il pourrait raconter, le dieu avala une seconde gorgée du délicieux nectar avant de continuer la conversation.

"Et toi, quels sont les derniers murmures dans ton royaume ?"

Tentative plus ou moins maladroite d'un quelconque jeu de mot ... certainement l'une des choses qui font le charme de cet affreux dieu. Bizarrement, celui qui semblait le plus doué pour ces petits point d'humour semblait être Hadès. Encore un paradoxe pour le dieu qui semblait néanmoins apprécier les plaisanteries du Boiteux.
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