Ce matin Pandore avait eu à nettoyer quelques trucs dans un des niveaux du QG et elle était allée s'entraîner un peu. Elle avait besoin de s'entraîner tous les matins, plus pour le combat au corps à corps et avec des armes que pour contrôler ses pouvoirs avec lesquels elle avait peu de difficultés, si ce n'est avec l'électricité qu'elle avait longtemps du cacher aux yeux des autres. La jeune femme avait parfois des difficultés à diriger les éclairs qu'elle envoyait ou les doses d'électricités qu'elle générait.

Quoi qu'il en soit il était désormais l'heure de déjeuner. Tenant Fahrenheit en laisse, Pandore prit l'escalier pour rejoindre le niveau 1 où se trouvait la salle commune pour déjeuner. Elle poussa la porte et entendit quelques voix, peut être moins que d'habitude car la salle semblait plus calme. Laissant son animal la guider, elle se dirigea là où il l'emmenait, vers ce qu'elle comprenait être les plateaux. Prendre sa nourriture était toujours un moment difficile mais elle essayait toujours de le faire seule, comme elle se sentait indépendante il fallait qu'elle prouve qu'elle pouvait l'être. Elle chercha, en suivant la table de ses mains, une assiette à prendre, se fichant pas mal de ce qu'il y avait dedans, car elle n'était pas très difficile côté nourriture. Pandore attrapa se qui lui semblait être un bol et le porta près de son nez. Peu d'odeur. De la salade on dirait, avec un peu de jambon et des morceaux de fromage dont l'odeur ressortait. Ca irait très bien. Elle attrapa un yaourt qui se trouvait à côté des entrées et une assiette chaude lui fit comprendre que le dernier truc qu'elle attrapait était un plat chaud. Un peu désorientée après tout ce périple, elle fit un premier trajet vers la table la plus proche pour déposer son plateau et elle revint chercher le plat de peur qu'elle ne le renverse si elle venait à trébucher. Elle s'assit et commença son repas. Quelques instants après elle sentit une présence se rapprocher d'elle et suspendit son déjeuner. Quelqu'un venait de s'assoir en face d'elle. L'aveugle attendit que cette personne se présente, n'ayant pas d'autres informations sur elle pour l'instant.

"Alors, on ne t'a rien trouvé à faire aujourd'hui ?"

La voix résonna dans son esprit. Une fille. Une voix de la fermeté avec une pointe de douceur et cette colère permanente qui transparaissait dans sa voix. Deux mots avaient suffit pour qu'elle la reconnaisse. Ariane Bianchi. Une fille qu'elle avait rencontré à la colonie, période où elle l'avait détesté. Mais à la résistance c'était différent. Les gens avaient un grand point commun et cela les avaient rapprochées bien qu'elles soient amies un certain froid s'installait parfois. Mais Pandore l'aimait bien. Et puis elle ne faisait pas la difficile ces temps-ci.

"- J'ai nettoyé quelques trucs, barbant quoi. Et toi ?"

Dit elle en reprenant une bouchée de salade. Elle était en confiance avec Adriane et pensait passer un agréable déjeuner, elle qui avait été seule toute la matinée, n'ayant pas eu le droit de sortir du QG à cause de son affectation au rangement.

Elle avait rit. Adriane devait être dans un de ces bons jours, ceux où les deux jeunes femmes peuvent s'entendre, et Pandore espérait fortement que c'était le cas car s'énerver contre quelqu'un n'était pas franchement dans sa todolist du jour. A vrai dire cela aurait même été plus intéressant que ce qu'elle avait bien pu faire dans la matinée mais bon, ici elle n'avait pas les commandes et elle se contentait d'obéir à ce qu'on lui demandait de faire. Un autre jour elle irait dehors et enfin, un jour, ils pourraient réellement prendre part au combat pour lequel ils se tiennent debout : vaincre les dieux.

" - De faction dehors. Dommage, il n'y a eu aucun monstre à pourfendre... D'où mon retour après l'appel de mon estomac.""

Pandore émit un sourire amusé. Bien que cela comptait peu à ses yeux, Adriane était la fille d'Arès, elle avait le sang chaud et besoin de se battre. Tous les demi-dieux ressentaient un besoin d'adrénaline, pour pouvoir exprimer toute l'énergie qu'ils compriment en eux mais les Arès comme on les appelle étaient ceux que Pandore admirait le plus. Si elle avait pu choisir un dieu comme père elle aurait probablement préféré être la fille d'Arès, ou d'Hadès à voir... En tout cas rien ne pouvait être pire que le sien, qui avait rendu folle sa mère, qui l'avait rendu aveugle, qui était la cause de tous les maux qui lui étaient arrivés... Pandore chassa cette idée de son esprit. Manifestement la guerrière qui se tenait en face d'elle avait très faim, et cela se voyait, enfin façon de parler, elle avalait d'énormes bouchées qui lui prenaient un peu de temps à mastiquer et Pandore était sensible aux bruits si insignifiants que vous ne percevez même plus par habitude. Elle termina rapidement sa salade pour suivre le rythme du repas et prit son plat chaud.

" - Toutes façons, j'attends encore qu'on nous fasse faire des trucs utiles..."

Tiens, elle parlait désormais la bouche pleine, plus le temps de finir de mâcher. Les gens pouvaient parfois apparaître bien pressés... Pandore se demandait pourquoi le monde tournait toujours autour du temps. N'était il pas futile en soi ? Si peu important. On lui accorde une trop grande place, il ne faut pas compter nos jours en sachant que l'on va mourir sinon, et bien, l'humanité devient prisonnière de ce temps et de la dépression qu'il engendre. Des gens aux visages tristes, pressés et qui ne prennent jamais le temps de se poser, qui voudrait de ce genre de monde où l'on doit vivre à mille à l'heure ? Personne. Déjà au vingt et unième siècle les gens vont vite et Pandore a parfois du mal à suivre. Elle tourna la tête vers son amie. Faire des trucs utiles hein ? Et bien il faudrait peut être remuer le bras droit et le chef ? Ou leur proposer des choses ? Il ne faudrait pas non plus qu'on pense que tout nous tombe toujours tout cuit dans la bouche. Et parfois certains plans préconisent la patience, il faut calculer beaucoup de choses pour se lancer dans ce genre de guerres. Pandore avait compris qu'en se rendant dans la résistance ce ne serait pas être actif toutes les dix minutes et tuer des gens à tour de bras mais ici au moins, le moment venu, elles feraient partie de ceux qui laisseront échapper leur colère et détruiront l'Olympe et les sangs-mêlés qui se tiendront contre eux.

"- Ca ne saurait tarder je pense. Ils ne peuvent pas nous garder ici comme des lions en cage."

Répliqua alors Pandore. Les résistants deviendraient fou à force de ne rien faire, peut être serait il mieux de recruter en masse, de faire des opérations d'infiltrage, d'envoyer des espions, ce genre de choses qui pourraient réellement leur être utile et les aider à avancer. Lors d'une de ses sorties Pandore a rencontré une gamine d'Athéna qu'elle avait réussi à manipuler de telle sorte qu'elle l'informe sur ce qu'il se passe à la colonie. Ce genre de choses sont utiles, pas nettoyer le sous-sol pour lui trouver une pseudo occupation.

Pandore continua de manger en silence. Elle posa sa fourchette et tatonna à gauche d'elle pour trouver le pot d'eau. Manifestement il n'était pas de ce côté là. Elle changea de main et lorsqu'elle toucha ce qui semblait être la carafe elle remonta délicatement sa main tout du long, pour ne pas le renverser. Se saisissant de son verre qu'elle avait posé, elle s'en rappelait bien, dans un angle de son plateau, elle laissa couler un mince filet d'eau et bu. Pandore réitéra l'action deux fois. En effet elle avait toujours peur de renverser de l'eau, ne sachant pas réellement quand s'arrêter et ainsi elle remplissait toujours très peu le verre. Cela pouvait paraître comique vu de l'extérieur, mais pour elle s'était une frustration, c'était montrer aux gens qu'elle devait vivre différement, et elle détestait cela, essayant autant qu'elle pouvait d'être considérée comme n'importe qui. C'est ce qui plaisait le plus à la demi-déesse à la résistance. Ici elle n'était pas la fille d'un dieu, ni une infirme à protéger, elle était une résistante et elle n'avait pas de traitement de faveur. Elle récupéra sa cuillère pour prendre son dessert lorsque son interlocutrice reprit la parole.

"- Tu sais quoi ? Ce qu'il faudrait c'est un vrai entraînement. En plein air. Pas dans une salle avec deux-trois punching balls. Même moi, j'ai dû prendre 3 kilos et pourtant, je fais du sport tous les jours... En restant comme ça, on a perdu avant même de commencer."

Pandore hocha la tête. Adriane avait raison. Tout le monde perd ses aptitudes, même le meilleur d'entre eux, s'il n'entretient pas ses capacités. Les résistants qui se morfondaient dans l'ennui étaient probablement encore plus touchés par ce mal que les sangs-mêlés de la colonie. Ici personne ne t'expliquait comment te battre, comment gérer tes pouvoirs, tu es seul et tu t'entraînes, parfois ils partagent des techniques, mais on ne leur apprend pas à se battre comme à la colonie, comme une armée. C'est comme ça que Pandore voyait les autres demi-dieux. L'air libre ferait le plus grand bien aux jeunes qu'ils étaient. La jeune femme savait que bien de pouvoirs pouvaient être destructeurs et que parfois se confiner dans une pièce pour s'entraîner à les maîtriser ce n'était pas la meilleure des choses. Rien que les siens nécessitaient d'être dehors, ou tout du moins ça valait mieux pour tout le monde. Pandore se demanda, tout en finissant son dessert, pourquoi Aldric, car c'était lui le vrai chef, ou du moins Cyril, qu'elle avait déjà entendu une ou deux fois, n'avaient pas eu cette idée.

"- Je pense que ça nous ferait du bien en effet. On a besoin de se défouler et de prendre l'air un peu."

Répliqua t-elle à son amie en redressant la tête vers elle et en passant une main dans ses longs cheveux bruns. L'innaction tue, et pas que ceux qui se font attaquer. L'ennui était le pire ennemi des résistants en ce temps de paix, si l'on puit dire. Beaucoup d'entre eux étaient venus ici pour se battre, pour de l'action, pas pour faire la plonge après le repas (Pandore y avait toujours échappé parce qu'elle ne pouvait pas discerner une assiette propre d'une sale, enfin c'est ce qu'elle disait).

"- Pour ce qui est de tes kilos je te plains, je n'en prendrais pas un même si je mangeais énormément."

Rit elle. En effet elle ne grossissait jamais et la remarque d'Adriane l'avait fait sourire. Les gens étaient très obsédés par leur poids. Pandore ne pouvait pas tellement les juger là-dessus puisqu'elle ne voyait pas comment étaient les gros. Pour elle c'était déjà assez difficile d'imaginer les silhouettes des gens bien proportionnés, mais alors les autres... C'était trop lui en demander. L'aveugle se demanda comment était la vie des gens, sans avoir besoin d'être constamment sur le qui-vive, ce devait être reposant.

Ayant fini son repas, Pandore attendit patiemment qu'Adriane ait terminé ce qui était probablement du rab de quelque chose. Cette fille se débrouillait toujours pour avoir plus que les autres, et pas seulement lorsqu'il s'agissait de nourriture, et Pandore trouvait cela honorable : d'arriver à ses fins. On ne pouvait retirer à Adriane sa persévérance et sa combattivité, même si parfois cela allait trop loin.  

" - Faut dire que j'aime manger et que les kilos restent pas longtemps... Après, c'est sûr que toi ça ne peut pas te poser de problèmes quand tu croises un miroir."

Pandore se raidit. Il fallait avoir du cran pour oser lui dire ça, mais elle ne considérait pas Adriane assez proche d'elle pour pouvoir se permettre ce genre de réactions sur sa cécité. Là par exemple, elle était typiquement allée trop loin mais Pandore décida de ne rien dire. Son acolyte se rendrait compte par elle-même que ce n'était pas très approprié. C'était un point sensible mais c'était à moitié vrai. Pandore ne s'était jamais vue, elle ne savait pas à quoi elle ressemblait ni l'image qu'elle dégageait. C'était une des choses qui la dérangeait le plus dans sa vie, ne pas se connaître totalement elle-même : il y avait quelque chose en elle qu'elle ignorait, et que les autres connaissaient... Mais elle aurait su si elle avait été grosse bien évidemment, il n'y a pas que dans un miroir que cela posait problème. Adriane parlait de ses kilos. Comme toutes les filles, encore cette obsession pour le poids. Il était vrai que l'hyperactivité des demi-dieux faisait qu'étant toujours en mouvement et en train de s'entraîner, il y avait peu de chances qu'ils deviennent gros, sans compter que la plupart brûlaient leurs calories très rapidement et qu'ils avaient des régimes équilibrés très particuliers avec beaucoup de protéines, ce genre de choses qu'ont seulement les athlètes.

" - Mais plus important que ton non-reflet, très franchement, il faut que quelqu'un prenne les choses en mains... Et pas sûre que les chefs soient prêts à le faire... Qu'est-ce que t'en dis de les aider à se bouger ?"

En effet, il y avait plus important, et elle lui fut presque reconnaissante de changer de sujet, bien que ce fut elle qui l'avait abordé. Comment aider les gens à se bouger ? Rien de plus simple. Tu lèves tes petites fesses, tu vas toquer chez Cyril ou chez Aldric et tu leur dit : on s'ennuie ici pourquoi est ce qu'on irait pas faire quelque chose d'intéressant pour défendre notre cause au lieu de la laisser s'enliser dans le temps ? Pandore ne savait pas si elle demanderait la permission ou si elle ferait une connerie pour les forcer à réagir; pour leur montrer qu'ici si personne ne leur disait quoi faire, ils prendraient les rennes. Ah tiens, un coup d'état pourquoi pas.

" - J'imagine que tu as déjà réfléchi à la situation."

Qui jetterai ça comme ça sur une table sans avoir au préalable réfléchi à la question ? Personne. Ou presque.

Bizzarement Pandore eu la sensation qu'Adriane comptait se jeter dans quelque chose sans avoir auparavant réfléchit à la question. Se jeter à corps perdu dans la bataille n'était peut être pas la meilleure des solutions, et qui plus est, si l'on avance sans rien savoir. Mais la guerrière n'avait pas l'air sur d'elle, en tout cas dans sa voix, quant au fait de révéler ses plans à Pandore. Après tout elles n'étaient pas les meilleures amies du monde même s'il est vrai qu'elles s'entendaient déjà beaucoup mieux à la résistance qu'à la colonie. Après tout on pouvait difficilement faire pire que la haine qu'elles se portaient et c'est peut être pour cela qu'elles n'étaient pas si proches aujourd'hui, Pandore étant très rancunière et pardonnant peu.

" - D'abord, il nous faut de vrais entraînements tous les jours. Je déteste dire ça mais : comme à la Colonie. Et de VRAIS entraîneurs. Pour le combat et nos pouvoirs. Ensuite, il faut faire du VRAI repérage là-bas et commencer à échafauder des plans de bataille. On ne va pas les faire au dernier moment quand même..."

Le surplus d'informations arriva au cerveau de Pandore en quelques instants, comme un grand coup de vent. Elle essaya de suivre le fil de la conversation mais Adriane parlait rapidement, emportée par sa fièvre d'enfin faire quelque chose. Rien qu'au mot de la colonie Pandore fronça les sourcils. Les sangs-mêlés, pour ne pas dire les hybrides, qui vivaient là-bas étaient vraiment contrôlés par Chiron et Monsieur D. Pour le reste elle était d'accord, le repérage en infiltration devrait pouvoir être intéressant, Pandore avait déjà des sources à l'intérieur. Les plans, elle préférait laisser ça aux gens qui peuvent concrètement voir les champs de bataille, elle se contentant d'analyser les points faibles, et de recevoir le moins d'ordre possible.

Ce que Pandore aimait bien dans l'entraînement qu'ils avaient ici était justement le fait qu'il soit différent de la colonie, qu'ils ne se battent pas comme une armée mais plutôt comme... des mercenaires. Chacun avait son style de combat et c'était cette diversité qui leur permettrait de gagner face à des gens qui ont tous la même technique de combat, qu'eux connaissaient. Ils pourraient surprendre leurs adversaires tout en sachant comment riposter à quelle attaque. Avoir son propre entraînement était pûrement et simplement du génie. Il fallait surtout veiller à ce que tous les résistants s'entraînent. Déjà qu'elle supportait mal l'autorité autre que la sienne, elle se voyait mal obéir à quelqu'un lors d'entraînements.

" - Je ne suis pas d'accord avec toi pour l'entraînement. Je me contente bien de m'entraîner je n'ai pas besoin d'aide."

Et c'était vrai. Chacun pouvait bien se démerder, les résistants n'étaient pas des enfants à prendre par la main tout de même !

Il ne fallait vraiment pas contrarier Pandore aujourd'hui. Cette histoire d'entraînement commençait à l'énerver. Après il faudrait choisir les entraîneurs et Adriane ne manquerait pas de s'approprier ce titre  pour une fois de plus montrer qui était la meilleure et que c'était elle. Mais Pandore n'était pas d'accord. Elle ne pourrait pas suivre les techniques de combat de quelqu'un d'autre, car chacun était différent et aussi car il lui faudrait quelque chose d'adapté.

" - Je ne parle pas de toi. Tout ne tourne pas autour de toi et je sais très bien que tu es capable de te débrouiller toute seule."

La voix de son interloctutrice était sèche et dure avec une pointe d'agacement. La fille de Zeus savait que le monde ne tournait pas autour d'elle et on les gens pensaient souvent que c'était ce qu'elle voulait à cause de son père, mais pas du tout. Ils se méprenaient tous, une fois de plus, sur son compte. Pandore vit rouge. Elle commençait de plus en plus à l'agacer et la jeune femme n'allait pas tarder à rendre l'atmosphère encore plus... électrique. Elle serra son poing sous la table alors qu'elle sentait des petites étincelles au bout de ses doigts. Elle se calma alors que l'autre résistante reprenait la parole :

" - Ce que je veux dire, c'est que certains ont besoin de soutien. Et si on s'entraîne chacun de notre côté et qu'on fait pareil au moment fatidique, ça finira juste en catastrophe. Pour nous. Si on ne suit que nos instincts, on perdra. Il nous faut quelqu'un à suivre, quelqu'un qui sache mettre en place une armée. Si on en est incapables, autant rester ici ou rentrer chez nous."

Elle avait parlé plus calmement. Mais Pandore ne pensait pas pareil. Elle parlait d'un commandant, encore et toujours. Et oui et bien ils avaient un chef et c'était Aldric, et il avait lui-même un second. La résistance était déjà hiérarchisée. Ils n'avaient pas besoin de plus. Et les instincts des animaux permettaient de survivre. Et elle avait tort dans le sens où ils pouvaient toujours s'aider, mais ils étaient libre de faire comme ils voulaient. Oui c'était organisé correctement.

" - Tu parles comme un soldat, tu ne réfléchis pas comme quelqu'un qui cherche à développer tous les talents, juste à conditionner les gens. Et ce n'est pas comme ça qu'on gagne."

Chacun, avec ses points forts peut aider à la réussite d'une cause. On ne pouvait pas gagner en faisant devenir une personne ce qu'elle n'est pas.

Encore une fois, Adriane avait tort. Elle parlait beaucoup, elle faisait de grands discours qui ne prenaient pas avec Pandore. Cette dernière n'était pas du genre à se laisser convaincre ou séduire par une quelconque voix se voulant charismatique. Les leader du monde étaient de très bons orateurs, et il n'était pas totalement faux qu'Adriane pourrait faire partie des dirigeant des mortels si elle le voulait. Cependant ici ce n'était pas possible, car leur cerveau plus aiguisé ne s'arrêtait pas à ses mots parfois attirants qui pouvaient être le fruit de longues heures de travail tout comme celui d'une inspiration soudaine qui soulèverait les foules. Adriane riait, comme pour se moquer de la jeune demidéesse a qui elle parlait. Mais cette dernière ne releva même pas ce rire qui l'agaçait au plus haut point. Elle aussi pouvait bien rire de l'incompétence des autres mais elle ne le faisait pas. Elle trouvait comique les idées d'Adriane mais elle ne riait pas. Par respect pour elle. Mais manifestement, l'heure en était venue où le respect n'existait plus, et l'irrespectueuse Pandore pourrait bien refaire surface, elle et son cynisme si connu.

" - Mais qui a dit que le but n'était pas de développer tous les talents ? Soyons réalistes : avec une simple armée, on perd. Avec une armée remplit de gens bourrés de pouvoirs qu'ils contrôlent, on a une chance de gagner. Ce que je dis, c'est que si on y va tous avec chacun notre but genre "moi, je le dégomme lui", on n'y arrivera pas. Et si personne ne prend en main les choses, forçant les feignants à se bouger, trop de résistants n'auront pas le total contrôle de leur pouvoir et seront donc beaucoup moins utiles."

Pandore écouta attentivement ce qu'elle disait, car il semblait y avoir un malentendu. Justement avec son idée, impossible de développer le talent unique de chacun. C'était faux qui plus est. Les armées, avec ou sans pouvoirs, se retrouvent toujours pour l'une vainqueur, pour l'autre, défaite. Les pouvoirs, tout ceci était tellement cliché que Pandore eu la réaction de quelqu'un qui levait les yeux au ciel. Toujours cette histoire de pouvoir, alors que la plupart d'entre eux en avaient des bien inutiles. Pouvoir regarder le soleil sans lunette pour un Apollon, ou alors être capable de rendre les choses belle pour Aphrodite. Non vraiment certains pouvoirs pouvaient être totalement inutiles en temps de guerre. La chose la plus importante restait de savoir se battre, à l'ancienne, avec des épées, des arcs et des poignards. C'était ce qui déterminerait le sort de la bataille. Ca et la capacité de leurs chefs à élaborer des stratégies. Elle marqua un arrêt. Le deuxième. Qui cassait sa tirade que la fille du ciel n'interrompait pas. Etait elle sure de vouloir se frotter à plus fort qu'elle ? Et se mettre à dos, une fois de plus, quelqu'un d'aussi rancunier ? Manifestement, et cela l'étonna de la part d'Adriane, elle semblait chercher ses mots.

" - Et puis, ça va bien plus loin que nous et nos petites vengeances. Il s'agit d'une cause commune, il faut réfléchir ensemble."

Ce fut au tour de Pandore de rire. Mais pas un rire franc, tout au contraire, cela ressembla plus à un rictus qui s'étira peu à peu sur ses lèvres pour finir par un ricanement hautain. Franchement c'était limite mignon cette histoire de vengeance, de "il faut réfléchir ensemble". Ce n'était pas le monde des bisounours ici. Cette dernière phrase digne des sangs-mêlés de la colonie lui donna presque envie de vomir et termina d'achever toute gentillesse qui sommeillait en elle.

" - Bah voyons, réfléchir ensemble, mademoiselle voudrait peut être qu'on élabore les plans avec toute la résistance ? Attends je sais ! Pourquoi pas une démocratie, avec des votes!"

Rétorqua t-elle d'une voix railleuse, se plaçant volontairement au dessus de tout ça, dénigrant totalement tout ce qu'Adriane pouvait penser. La vie ne fonctionnait pas comme ça. Ce n'était pas des décisions prises par un ensemble de personne, même si les démocraties s'efforcent de le faire croire. C'est un ensemble d'élite qui choisit une personne parmi son élite. Le "pouvoir du peuple" comme il est donné dans le mot même de la démocratie, n'est qu'un mensonge, un prétexte pour que le peuple croit qu'il décide, alors qu'il est dans l'illusion la plus totale.

" - Ou alors, les meilleurs s'imposent comme leaders. Et devine quoi ? C'est déjà le cas."

Sa phrase s'était terminée à la fois ironiquement et fermement tandis qu'elle se levait et pris les bords de son plateau dans les mains, son chien s'étant déjà levé. Pandore pensa à Alice. Elle était forte, elle s'était imposée à côté de Cyril, et c'était bien joué. Adriane aussi s'imposait, avec son tempérament, et elle était aussi forte. Les plus faibles se contentaient de suivre les ordres que donnaient les autres, ici comme ailleurs. Pandore trouvait sa place pour le moment suffisante. Cyril la respectait et veillait à ne pas la froisser, et Adriane ferait bien de faire de même.

Pandore tenait son plateau à deux mains, son chien ayant entouré sa queue autour de son mollet en marchant sur le côté, un peu de travers, pour qu'ils puissent avancer tous les deux en harmonie sans se gêner l'un l'autre. C'était une technique qu'il avait appris jeune pour ne pas déranger sa maîtresse lorsqu'elle avait les mains prises. Pandore toucha du bassin la barre métallique sur laquelle il fallait déposer les plateaux. Elle déposa délicatement le sien dessus d'un air appliqué avant de se retourner pour aller s'asseoir lorsqu'elle entendit la voix d'Adriane résonner.

" - Et c'est vrai qu'on a tous besoin de petites princesses qui se croient supérieures et n'écoutent rien, pas vrai Pandore ?"

La démi-déesse se figea. Bien sûr elle la comparait à une princesse. Elle ne pouvait pas s'en empêcher. Personne ne pouvait jamais s'en empêcher. Dès qu'il s'agissait d'un enfant des trois grands, et plus particulièrement d'elle, fille de Zeus, elle avait droit à "princesse". Et bien quoi son père était le roi des dieux donc oui elle était une princesse et alors ? Tout de suite on sentait cette connotation péjorative voire insultante dans la voix de la fille d'Arès. Bah voyons, serait elle jalouse de quelque chose la pauvre enfant ? Quelle idée de cracher sur les gens ainsi. Pandore sentait la colère monter en elle, ne sachant pas si c'était le fruit des pouvoirs d'Adriane ou bien simplement son caractère irritable et colérique qui avait pris le dessus. Dans les deux cas personne n'avait intérêt à trainer dans le coin car l'ambiance devenait très tendue. Pandore se redirigea vers la table, comme elle avait prévu de le faire, avec une démarche calme. Elle posa sa main sur la table, la contourna en faisant l'angle avec sa main et s'assit à nouveau en face d'Adriane.

Est ce qu'elle était supérieure ? Il y avait de fortes chances que oui par rapport à la plupart des gens. Est ce qu'elle le savait et l'utilisait ? Oui. Personne ne pouvait être équitable il y avait des gens supérieurs et d'autres inférieurs, le monde fonctionnait ainsi. Les demi-dieux étaient pour la plupart supérieurs aux humains. Elle disait bien pour la plupart. Certains humains, comme son frère, étaient juste inclassable parmi les humains. Ils valaient mieux tout simplement.

" - Tu sais quoi Adriane ? Traite moi de princesse autant que tu le veux. A partir du moment où je suis utile à la résistance je ne vois pas pourquoi qui que ce soit, et surtout pas toi, pourrait se permettre de me juger."

L'aveugle planta sa tête droit en face de celle d'Adriane, ses yeux fixés bien devant elle. Pandore était énervée mais avait parlé sur un ton calme car elle ne voulait pas s'emporter, pour ne pas montrer à Adriane que son pouvoir, peut être qu'elle l'utilisait, marchait sur elle. Mais elle n'allait pas tarder à éclater. Fahrenheit s'était assis à côté d'elle et avait posé sa tête sur ses genoux. Elle caressait d'une main nerveuse la tête de l'animal, juste derrière l'oreille droite, un peu en bas, pour se détendre.

Pandore savait que cela allait mal se passer. Pour deux raisons : la première, Adriane venait de la mettre de mauvaise humeur et la deuxième, elle allait probablement utiliser ses pouvoirs "agressifs" contre elle.

" - Surtout pas moi ? Mais il n'y a pas que moi... Et permet moi de te rappeler que pour le moment, tu n'as pas fait grand chose pour la Résistance. On aurait pu s'attendre à mieux venant de toi..."

La jeune femme se rendit comte qu'Adriane n'avait pas changé. Elle avait toujours la même mentalité qu'à la colonie. Toujours cette histoire de parents divins, et les fils d'Arès, cette fois Pandore se permettait d'en faire une généralité, se croyaient manifestement au dessus de tous les autres. Eh quoi leur père était le dieu de la guerre, mais est ce que ça faisait d'eux les meilleurs guerriers ? Non. Ils partaient evidemment avec une longueur d'avance, mais les Athéna aussi. Et pourtant Pandore ne connaissait pas plus arrogante que la fille d'Arès qu'elle avait en face d'elle. Toujours à ne penser qu'à elle et à être madame-je-sais-tout ce qui exaspérait Pandore.

" - Oh bien sur on en attend plus de moi parce que je suis la fille de Zeus. Je croyais qu'ici on ne nous jugeait pas sur nos parents ? Manifestement ton esprit est toujours le même qu'à la colonie.."

Elle sentit que la colère montait en elle. C'était bizarre. Elle se sentait incitée à la violence alosr qu'elle faisait tout pour rester calme. Un mouvement nerveux de son genou cogna la table et elle serra la mâchoire. Ne pas s'énerver. Ne pas faire disjoncter toute la pièce. C'était ce qu'elle se répétait pour éviter que ses pouvoirs ne prennent le dessus. Elle les contrôlait plutôt bien mais ne savait pas comment ils allaient réagir face au pouvoir de rage d'Adriane. Bien sur cette dernière devait s'amuser de la situation. La colère de Pandore n'était pas naturelle, elle pouvait lutter autant qu'elle pouvait cette fois elle ne contrôlait pas sa propre émotion.

" - Je sais très bien ce que tu fais sale morveuse. Tu trouves ça drôle ? Tu veux t'amuser c'est ça ? Tu veux que moi je m'amuse peut être ? PAr contre ça risque d'être douloureux. "

N'ayant même pas terminé sa phrase Pandore avait tendu une paume vers l'avant et un éclair avait jailli, frappant Adriane qui émit un petit cri étouffé et fut probablement jetée au sol par la force électrique de l'éclair. Elle encaissait bien la résistante, mais Pandore n'avait pas que ça à dire.

" - Tu trouves ça intelligent qu'on se batte ? Franchement Adriane je te pensais au dessus de ces petites gamineries forçant les gens à s'énerver contre toi. Si tu voulais de la bagarre tu pouvais aller en chercher à la colonie. Mais non mademoiselle veut que la petite guerre intrinsèque retombe sur Pandore. Quelle idée fourbe et mauvaise, digne d'une pathétique gamine telle que toi."

La rage continuait de monter en elle. Manifestement le pouvoir d'Adriane fonctionnait plutôt bien. Pandore se rassit et essaya de calmer son rythme cardiaque, toujours sur ses gardes.

Le pouvoir d'Adriane continuait de fonctionner sur Pandore qui n'aimait pas l'attitude de la fille d'Arès. Elle faisait la fille calme qui ne comprend pas ce qu'il se passe alors qu'elle provoquait la bagarre. Et cela, la jeune femme ne pouvait le supporter.

"Pathétique et gamine ? Ah vraiment ? Rappelle-moi qui fait joujou avec l'électricité ? Je n'ai rien fait moi... J'ai juste répondu à ta question, par politesse. Mais si tu préfères me griller comme un cochon, vas-y ne te gêne pas et va expliquer ensuite comment ils ont perdu quelqu'un de dévoué à leur cause. "

Oh bien sûr faire joujou avec l'électricité. Bah oui elle faisait joujou avec, mais qui faisait de même avec le sentiment de colère de son... alliée ? C'était Adriane. Elle faisait comme d'habitude la petite fille parfaite mais elle était fausse et foncièrement mauvaise. Pandore ne l'aimait pas et elle n'était probablement pas la seule. Mais tiens donc Adriane s'entendait très bien avec Léo, celui que Pandore considérait comme un potentiel traître, il faisait bon ménage tous les deux tiens ! Mais Adriane n'avait pas tort, la fille de Zeus n'allait pas tarder à griller la blondasse devant elle, comme un rôti qu'on a oublié sur le feu. Et elle ne pouvait pas faire ça. Non pas que tuer lui posât un problème, mais même si elle aurait préféré que ce ne soit pas le cas et qu'elle puisse en faire de la chaire cramoisie, Adriane était une bonne guerrière utile à la résistance, et ils avaient besoin de bons guerriers. Enfin, de guerriers qui suivent le pas quoi. Par politesse bah voyons ! Cette fille avait toujours le mot qui l'énervait. La jeune femme se leva. S'en était trop elle avait péter un durite : littéralement. Les lumières de la pièce vacillèrent. Elle n'en était pas loin.

" - Tu sais quoi Adriane je préfère m'en aller plutôt que céder à la tentation du combat que tu insuffles par ton vil pouvoir. Je ne plierai pas face à cette faible violence qui te vient de ton père. En tout cas saches que tu lui ressembles plus que je ne le pensais et ça me déçois."

Pandore se leva, Fahrenheit se rangea à ses pieds. Probablement qu'Adriane se fichait éperdument de ce que venait de dire l'autre résistante, que le fait qu'elle la déçoive ne l'atteignait pas, ce qui était bien normal, mais Pandore ne savait pas pourquoi elle avait eu de l'espoir lorsqu'elles avaient mis leurs différends de côté. Manifestement Adriane ne pouvait pas le faire trop longtemps. C'était une difficulté de trop pour elle. L'aveugle traça tout droit entre les tables vers la porte, mais son énervement augmenta encore. Ce n'était pas un échec c'est une preuve de mâturité que de s'en aller. C'était ce qu'elle se répétait pour ne pas revenir lui régler son compte. Pandore serra les poings et ses ongles lui rentrèrent dans la peau mais ce fut plus fort qu'elle. La porte claqua derrière elle et toutes les lumières de la pièce explosèrent, des morceaux de verre projetés de partout dans la pièce commune, heureusement qu'il n'y avait plus personne, l'établissement manqua de disjoncter. Pandore sortit à l'extérieur prendre une grande bouffée d'air frais et être libérée du pouvoir d'Adriane.