Sophie avait un peu la tête à l’ouest quand elle regagna le campement des Chasseresses au cœur de la forêt. En même temps, avec un visage couvert de bleus et le regard un peu fatigué, n’importe laquelle de ses amies, et plus encore la déesse Artémis, pourrait aisément deviner qu’il lui était arrivé quelque chose de pénible et de dangereux. Sophie espérait simplement ne pas tomber sur Artémis, histoire que ses agresseurs ne soient pas réduits en poussière instantanément. Et elle savait que la déesse en serait capable. Or, elle leur en voulait, mais pas au point de leur infliger une mort aussi cruelle.

Le camp semblait désert. Tout le monde devait, soit la chercher, soit participer aux tâches courantes du camp. Elles étaient sûrement un peu inquiètes. Sophie savait qu’elles étaient toutes comme des sœurs, mais elle savait que la plus inquiète de toutes ne montrerait rien, pas une émotion, se contentant de la chercher avec le plus d’ardeur et de trucider tout ceux qui se mettraient en travers de sa route, plus spécialement si elle soupçonnait qu’ils aient pu lui faire du mal. C’était Lia. Et Sophie songea d’ailleurs qu’elle risquait de se faire bien disputer pour avoir réussi à se perdre.

En réalité, heureusement que Hero l’avait retrouvée. Elle ne savait pas pourquoi elle avait perdu ses moyens devant ces loubards, mais ce qui était sûr, c’était qu’elle n’avait aucune raison de craindre quoi que ce fût à présent, et il allait juste falloir qu’elle reprenne confiance en elle.Ne sachant pas comment le camp s’était organisé en son absence, Sophie décida d’attendre Beth pour avoir ses directives. Elle alla au petit cours d’eau proche, y trempa un mouchoir et s’en frotta le visage. Puis, elle revint s’asseoir dans le camp et pour ne pas rester inoccupée, sortit un couteau et se mit à fabriquer des flèches pour toutes les filles.

Les craintes de Sophie se virent couronnées de vérité. La première à revenir au campement fut Lia, et elle semblait en proie à un mélange de colère et d’inquiétude qui ne promettait rien de très bon pour les fesses de la jeune chasseresse. En fait, Lia pouvait parfois faire très peur quand on était un de ses proches et qu’on n’avait pas fait assez attention à soi. Mais finalement, la façon dont la jeune femme se vit faire la morale et le calme flegmatique de la jeune chasseresse qui était en face d’elle, c’était quelque chose de plutôt rassurant. Sophie avait eu peur de se faire carrément disputer.

« Je suis désolée de vous avoir fait peur. J’ai… j’ai fait une mauvaise rencontre, mais… »

Elle n’eut pas le temps d’en dire plus. Lia passa doucement sa main sur le visage de Sophie. La jeune fille détourna le regard, le rouge lui montant aux joues. Elle avait honte de ce qui lui était arrivé. Mais un sourire très léger lui monta aux lèvres quand elle entendit son amie menacer ses agresseurs.

« Ne t’en fais pas », dit-elle en la suivant. « Hero s’en est chargé. Il est tombé sur nous par hasard, et il m’a aidée. Je m’en serais sortie seule, mais j’avais perdu mon arc dans la bagarre et ils étaient nombreux. Hero voulait me conduire à l’hôpital mais je voulais vous retrouver au plus vite. Je savais que vous seriez inquiètes. »

Les soins de Lia lui faisaient du bien. Les demi-dieux guérissaient plus vite, c’était aussi le cas des Chasseresses d’Artémis, mais il allait quand-même falloir du temps et les soins que lui prodiguaient son amie l’aideraient bien. Elle se sentit un peu coupable d’avoir inquiété tout le monde, mais elle n’avait pas fait exprès d’être séparée de la Chasse. Si ce monstre ne l’avait pas balancée trois rues plus loin, elle n’aurait perdu de vue les autres filles. Sophie sourit devant les questions de Lia.

« Tu sais que tu es très mignonne quand tu nous couves comme ça ? »