C’était la première nuit de Cissy dans le bungalow de Dionysos. La veille, elle avait ainsi appris qu’elle était la fille du dieu de la fête. Tant mieux au fond. On arrêterait peut-être de l’embêter à ce sujet maintenant. Ça lui ferait une excuse.

Tant qu’elle n’était pas fille d’Athéna, d’Arès ou d’un des trois grand dieux… on ne lui demanderait pas de faire « honneur » ou d’autre truc du genre typiquement mythologique.

Très peu pour elle.

Ainsi, elle se rappelait être rentrée tard au bungalow la veille. Et même qu’elle avait failli s’étaler par terre, ayant eu la flemme d’allumer la lumière pour y voir clair. Et oui. Parce que même si elle devrait visiblement être obligée de jouer avec des épées et autres armes du genre, elle n’allait pas pour autant changer ses habitudes.

« Hey la belle au bois dormant, faut se réveiller si tu ne veux pas rater le petit déjeuner ! » entendit-elle alors, la tirant de son sommeil.

Le petit déjeuner. Manger. Manger était un des nombreux plaisirs de la vie. Elle n’allait pas rater ça, oh non !

Mais attendez… on était à la colonie... ça sentait le gag à plein nez.

« Je ne mangerai pas de la harpie, ok ? » dit-elle encore à moitié endormie. La rencontre avec son père la veille, l’avait clairement refroidie.

Puis après une seconde ou deux de réflexion, elle se demanda seulement qui avait bien pu lui parler.

Se rappelant qu’on lui avait expliqué plus tard que les bungalows n’abritaient que les enfants du dieu concerné, elle comprit qu’elle n’était plus enfant unique.

Cissy se redressa et regarda la concernée non loin d’elle, les yeux d’abord écarquillés puis se mettant à rire toute seule.

« Oh bon sang ! Bon sang de bon soir ! J’ai une sœur ! » dit-elle employant ainsi ses expression démodées, à la fois ahurie et hilare en même temps.

Il y avait donc belle et bien une chance pour elle de trouver une compagne de délires et qui lui ressemblerait peut-être dans ce camp pour enfant perturbés ?

« Et oui, Sherlock ! Je suis ta soeur, enfin ta demi-soeur mais ce n'est qu'un détail » dit sa sœur comme réponse. « Au fait, je suis Rosemay mais appelle-moi Charlie » ajouta-t-elle.

« Extra, les petites sœurs c’est chouette ! Surtout quand elles ne sont pas trop petites ainsi on pourra faire la fête à deux ! » répondit Cissy en se doutant que Charlie ne devait pas avoir la cinquantaine comme elle-même. « Moi c’est Cissy, mais appelle-moi Cissy. » ajoute-t-elle un sourire jusqu’aux oreilles. Elle s’appelait en réalité Cilia, mais hors de question qu’elle prenne le risque qu’on l’appelle ainsi. Elle lui dirait surement certes, mais plutôt une fois que « Cissy » serait assez bien ancré.

« Donc ! » dit-elle brusquement en se levant du lit. « Petit déjeuner tu disais ? »

Cissy chercha après ses affaires qu’elle avait déposé la veille en arrivant et les retrouva enfin dans un coin.

« Et vous mangez quoi au petit déjeuner donc ? » demanda-t-elle plus sérieusement cette fois, regardant en même temps dans son sac.

Heureusement, Roger, le satyre qui l’avait ramenée vivante jusqu’ici était assez prévoyant. Il lui avait fait acheter des vêtements de l’époque. Autrement elle se serait retrouvée avec sa tenue des années 70 au milieu de jeunes des années 2010..

« N’empêche, même si vos musiques sont loin d’être top... Vos vêtements, eux, sont extra ! » marmonna-t-elle en utilisant encore une expression qui au fond n’était plus non plus très à la mode.

Fallait-t-il encore qu’elle sache ce qui était désormais à la mode car après tout, dans sa tête, on était en 1977 il n’y avait encore que quelques semaines d’ici.

« Et si tu m’aidais à trouver une tenue convenable ? » demanda Cissy, ne sachant pas trop quoi accorder avec quoi. En 40 ans, les gouts et les couleurs avaient bien changés...