Chris haussa les épaules avec une certaine nonchalance. Mais Matthew n’y crut pas une seconde. Il se contenta de le fixer, tentant d’adoucir son regard. Allez quoi. Chris était son ami, il fallait que Pandore arrête de le perturber au point qu’il ne devienne méfiant avec ses amis. Elle le rendait parano. Il enfourna une grande fourchette et peina à tout avaler.

- On peut dire ça comme ça…

Chris s’approcha, comme pour lui faire une confidence, si bien que Matthew arrêta de manger momentanément pour l’écouter attentivement. Il s’était lui-même un peu approcher, pour entendre le fameux secret.

- Tu peux peut-être m’aider si tu la connais…

Matthew faillit lâcher un rire jaune. N’importe qui serait plus à même que lui de l’aider. Pandore et lui ne se parlaient plus. Pire, elle le détestait. Il le sentait, et ça le détruisait. Cela empoissonnait ses nuits, et même ses journées. Elle l’obnubilait. Son humeur était affectée et il ne pensait qu’à elle. Alors si même Chris parlait d’elle, il ne s’en sortirait jamais. Il soupira, tout de même curieux.

- Dis toujours.

Chris sembla prit dans une profonde hésitation si bien que l’inquiétude de Matthew revint au galop. Et bien quoi ? Pourquoi ne se jetait-il pas à l’eau au lieu de le faire mariner ? Matthew détestait les surprises. Et le suspens avec.

- Je l’aime…

Il y eut un grand blanc. A mi-chemin entre le rire et le désespoir, il chercha ses mots. Une profonde jalousie lui monta à la poitrine et son ami lui parut tout à coup insupportable. L’envie violente de lui faire bouffer la table lui fit crisper ses poings.

- T’as aucune chance.

Les mots avaient surgi sans qu’il ne puisse les retenir et il maudit son impulsivité. Il y avait sûrement des moyens plus diplomates de lui dire. Avec gentillesse, par exemple. Il toussota donc, gêné de sa réponse abrupte. Comment lui expliquer gentiment que Pandore était à lui. Enfin, pour l’instant, il avait rompu tout type de relations avec elle et elle lui planterait sûrement un poignard dans la poitrine s’il osait dire qu’elle était à lui mais cette possessivité qu’il découvrait était irrépressible.

- Enfin… Je veux dire… Pandore n’est pas le genre a tombé amoureuse du premier venu, d’accord ? Et je crois qu’en ce moment, ce n’est pas sa première préoccupation.

Chris sembla assez mal prendre sa réponse. A vrai dire, si un regard pouvait tuer, alors Matthew serait mort sur-le-champ. Son ami se leva avec violence alors que le fils d’Eris resta penaud, assis à la table. Pandore faisait craquer ses nerfs. Il n’arrivait même plus à se montrer délicat. Il hocha vaguement la tête à la tentative d’explication de Matthew, mais il ne sembla pas vraiment satisfait. En fait, il avait plutôt l’air de vouloir l’épingler sur la table. Et malheureusement, Matthew vit rouge. Il y pouvait quelque chose lui si Pandore ne voulait pas de lui ? Non, pas qu’il sache. Et l’expression de Chris lui donnait des envies de meurtres. Il fallait qu’il redescende d’un cran. Il se leva à son tour, un peu froissé.

- Allez vieux ! Y’a d’autres filles sur terre, ok ? Je crois que Pandore est déjà prise de toute façon.

Il n’avait pas plus s’en empêcher. Mais sa jalousie maladive le poussait à bien faire comprendre à son ami que Pandore était inaccessible. Pourtant, si elle avait été avec Chris, la vie aurait été plus simple. Pour eux trois sans doute. Mais, le destin en avait voulu autrement. Il donna une tape amicale sur l’épaule du demi-dieu, tentant de faire redescendre la pression. Mais visiblement, plus il faisait d’efforts, plus la tension augmentait. Avec un soupir agacé, il fit un effort pour garder son calme. Bon, il voulait bien se montrer compatissant, mais il ne fallait pas abuser non plus. Chris s’en remettrait. Il comprenait parfaitement son attirance pour Pandore – après tout, lui-même était fou amoureux d’elle – mais il n’allait pas jouer son psychologue… Un peu froid, il ajouta :

- Mec… Sérieux ! Tu vas pas me faire une scène pour elle quand même ?

Chose totalement paradoxale car lui-même était tenté de le frapper pour elle. Enfin, si Chris se calmait, tout rentrerait dans l’odre…