Au départ, Harmonie a bien aimé cette idée d’organiser des Jeux Funèbres. Ça permettait aux divinités de sortir de leur quotidien d’un ennui mortel et de renouer un peu avec le monde mortel, notamment leurs enfants qui bien souvent se sentaient délaissés. Et puis, c’est aussi une occasion pour eux de se remémorer des temps passés glorieux, l’époque où ils étaient encore adorés et craints par tous… Une époque bien lointaine à présent.

Assise sur l’un des sièges imitant presque ironiquement la salle du conseil de l’Olympe, la déesse observe d’un air distrait les écrans, essayant de reconnaître parmi la foule quelques visages familiers. Tant que Lys ne se retrouvait pas mêlée à ces évènements, le reste importait peu. Son regard glisse ensuite vers le reste des dieux présents, adressant un hochement de tête amical à quelques-uns, son visage restant de marbre pour la majorité. La loge, fermée, lui rappelle presque amèrement le sentiment d’enfermement qu’elle ressentait aux Enfers, une prison aux murs invisibles. Peu importe. Les jeux allaient bientôt commencer, mieux valait ne pas se prendre la tête sur des ressentis superflus.

Sans regarder les écrans, elle reste silencieuse pendant quelques minutes avant de remarquer que quelque chose clochait. Les bruits retranscrits par les micros ne ressemblaient en rien aux bruits d’une foule en délire face à l’émulation des combattants. C’était des cris de surprise, de terreur. Reportant brusquement son attention sur l’un des écrans en même temps que les autres divinités, elle découvre avec horreur l’incident macabre qui se déroule au même moment dans l’arène : les morts ont envahi le monde des vivants.

« Qui a fait ça !? Qui a transformé ces Jeux en nuit de l'horreur !? » S’exclame Niké, qui semble toute aussi surprise que les autres malgré son aide pour l’organisation. Ce qui ne fait confirmer que les interrogations d’Harmonie : cette attaque n’a rien de prévu. Son sang ne fait qu’un tour et elle se lève à son tour, comme sur des ressorts, les yeux toujours rivés sur les écrans.

« Pourquoi faut-il toujours que tout tourne au désastre ? » Soupire-t-elle, pleine de lassitude, se tournant vers le reste des divinités. Il ne faut pas être très intelligent pour comprendre que seul un dieu peut se cacher derrière ça. Reste à savoir lequel… « Une soirée, une simple soirée et nous ne sommes même pas capables de nous mettre tous d’accord sur la règle concernant le sabotage. Bravo pour la collaboration. » Applaudit-elle sans l’ombre d’un sourire. Si ce n’était pas la Résistance qui venait tout gâcher, c’était les autres dieux… Quels piètres modèles devaient-ils être pour leurs enfants.