Il ne sentait rien, rien, les coups que son adversaire lui portait était invisible, il était fait de métal. L'héritier rejetait sa haine, sa colère contre son adversaire, un inconnu, encore, bien plus grand, bien plus musclé et pourtant, c'était lui qui était en difficulté, Orion n'avait aucun problème à le rouer de coups et à le frapper jusqu'au sang. L'héritier rejetait sa haine, sa colère contre son adversaire, un inconnu, encore, bien plus grand, bien plus musclé et pourtant, c'était lui qui était en difficulté, Orion n'avait aucun problème à le rouer de coups et à le frapper jusqu'au sang. Jusqu'à ce que finalement la partie se termine. Il respirait encore, heureusement, cela faisait de la paperasse en moins. Comme à chaque fois, il disparaissait à la fin d'un combat. Il se demandait ce que son ancienne famille penserait de lui à le voir faire ça. En fait, il ne se le demandait pas vraiment, il savait exactement ce qu'elle penserait. Balayant ses idées noires en se changeant, le jeune homme exprimait une figure neutre. Son visage ne comportait aucune égratignure et il n'en avait jamais eu d'ailleurs, c'était ironique que son corps ne puisse jamais être égratigné alors que son esprit était brisé en mille morceaux. Son âme devenait alors un patchwork de noirceur et de douleur. Se regardant devant un miroir, il laissa échapper un rire sourd venant du plus profond de sa gorge. Il posa les boîtes de médicaments et il avala une pilule de chaque boîte. Il avait l'habitude maintenant, ce geste était purement mécanique et il ne savait même plus laquelle était quoi.

Orion avait peut-être perdu, mais il n'était pas un perdant, c'était un battant, mais aujourd'hui, il n'était que l'ombre de lui-même, se contentant de maigre victoire. Rajustant sa capuche, la porte claqua derrière lui lorsque d'un coup, il le sentit. Ce liquide perler quelques part, la douce odeur de la mort, le rouge de la nuit. Alors il fit marche arrière, derrière le Glory&gore et elle se tenait devant lui. À la vue de ce spectacle, il ne pouvait qu'être émerveillé. Le travail était parfait, la violence était omniprésente et seule la perdante gisait au milieu de la rue. C'était parfait pour Orion, il jubilait devant ce spectacle. Ce n'était pas sa victime cette fois. C'était la sienne. L'œuvre était emprunte d'une touche d'innocence, le sang avait beaucoup coulé, tellement qu'il avait semble-t-il, repeint le bitume. Il laissa échapper un sourire. N'importe qui devant la vue d'une aussi grande fresque rouge aurait appeler le 911 ou se serait enfui. Orion n'était pas n'importe qui, et surtout il appréciait de voir autant de rouge dans une œuvre. Peu de gens auraient supporté l'odeur également. Celle-ci était fraîche, on discernait facilement les nuances dans cette senteur infernale. Ce qui rendait la toile parfaite, c'était la touche d'innocence de l'auteure. Orion avait du mal à discerner ses traits dans la nuit, alors il se rapprocha en applaudissant de façon régulière.

« Premier meurtre ? » Fit-il en laissant échapper un rire nerveux. « Bravo, c'est bien réussi. » La lumière du réverbère n'éclairait pas assez loin, mais il pouvait tout de même distinguer les contours de la jeune femme. Pour instaurer une relation de confiance, il rabattit la capuche de son sweat sur ses épaules. Son entrée n'était pas glorieuse, mais elle suffisait. Orion bien qu'aimant le spectacle ne désirait pas en rajouter plus, il y avait suffisamment de beauté dans cette chose et cela n'aurait fait qu’entacher le tableau de noir alors qu'elle était déjà parfaite. La victime était également de sexe féminin, "encore mieux" se dit-il. Deux jeunes femmes qui se battent, il était impatient d'en découvrir toute l'histoire. Le jeune homme aurait pu en rester là, mais il osa faire un énième pas pour se rapprocher encore plus, entrant dans l'espace intime de la brune. La distinguant mieux sous le clair de lune.

 


 

(c) REDBONE

Un tableau. Une sculpture. Qu'est-ce que c'était réellement ? Surement aucune de ces choses-là et pourtant cela méritait bien un titre. "Premier meurtre" ou "Innocence" ou même encore "Plus Jamais", mais c'était particulier, il fallait quelque chose qui en jette. La jeune fille en face de lui était perdue, choquée, en colère ou peut-être tout ça à la fois ? Orion n'avait jamais été doué pour décrypter les émotions des autres et encore moins les comprendre la seule chose qu'il voyait, c'étaient les faits. Pour l'instant, il y avait du sang et quelqu'un qui gisait par terre. « Don't fucking get any closer. » Il a envie de rire, il se retient pourtant. Pourquoi ? À la place, le fils d'Arès ose encore un pas, les mains en l'air, son sourire arrogant sur le visage. Ses traits déformés par la folie pure. « I said, don't fucking come any closer. I'll kill you. Like I did to her. » Encore un pas. La pauvre, elle lève une arme vers lui. Motivé par l'arme, le Russe continue d'avancer dangereusement. Si seulement cette arme pouvait lui faire du mal. Malheureusement, elle n'arriverait même pas à égratigner son visage. C'est lui qui ferait du mal à la dague. Si fine, si douce, si froide. Le sentiment qu'il éprouve actuellement n'est en rien de la pitié, ni de la joie. C'était autre chose de beaucoup plus pervers, indescriptible, inconcevable. Et pourtant, à mesure qu'il se rapproche, il se sent obligé de venir. Il a dans son visage une chose qui lui rappelle une personne lointaine.

D'un seul coup, il se sent submergé par une émotion nouvelle. Qu'est-ce donc ? C'est nouveau ? Il aurait bien envie de hurler, mais ça en devient trop intéressant. Il s'arrête, le visage déformé, une expression neutre. Que ressent-il ? Alors il lève les yeux. C'est elle. Qu'a-t-elle de spécial ? « I won't hesitate. » Il lui lance un regard apeuré, intrigué. Mais qu'est-elle réellement ? Alors il s'approche encore plus. Cette émotion est nouvelle. Ou familière, c'est ce qu'il a ressenti face à son oncle quand celui-ci a menacé de le dénoncer. Cela l'a mis dans une telle rage ce jour-là. Il ne pouvait rien faire, il s'est senti impuissant, pour une fois que c'est lui qui servait de jouet. Il ne pouvait le concevoir. La tueuse en face de lui, dégageait la même impression. Il n'arrivait pas à exposer un mot sur ce sentiment, celui que l'on ressent quand on est menacé. Orion ne comprenait pas, il n'avait aucune raison d'avoir PEUR d'elle. Elle était bien trop innocente encore, malgré qu'à partir d'aujourd'hui, son âme serait à jamais taché de sang. « I won't hesitate. » Lui non plus. Il savait comment avoir du pouvoir sur elle, il lui suffisait de la transformer en marionnette sanguine. Seulement, il ne voulait pas, il n'y arrivait pas. Sa petite voix intérieure lui intimait de ne rien faire, elle était spéciale. Intéressante. Il fallait qu'il en sache plus. Surtout qu'elle ne semblait pas être un simple jouet que l'on manipule. Parfois, il y a un mécanisme complexe à percer à jour avant de pouvoir le manipuler correctement.

Elle s'avance l'arme prête à frapper. Il ouvre les bras, prêt à l'accueillir. Il ne craint rien. Tout ce qu'il attrape, c'est une jeune femme en train de pleurer, tâchant les vêtements d'Orion de sang. Elle l'agrippe, elle le tient. Il n'ose pas la lâcher et c'est trop tard. Son sourire carnassier est déjà affiché. Il est trop tard pour elle. Sa poigne est forte, mais il la tient bien lui aussi, elle ne pourra pas s'échapper. Elle pleure, elle le frappe, chaque coup sonne sur lui, il ne sent rien. Alors au bout d'un moment, il attrape son poing et le deuxième, l'empêchant de le frapper. « The colors fits perfectly with you. » Rouge, cette fille baigne dans le rouge. Il est trop tard. Pourtant, c'est ce qu'il pense réellement, cette œuvre est magnifique. La signature est maintenant à tout jamais posé sur ce patchwork de douleur. Partout où elle irait et quand elle recommencerait ce sera la même signature. Surement pas le même modèle, mais toujours la même trace, indélébile. « This is art ! » Un rire sourd sort de sa gorge. Rajoutant un grain à ce tableau de folie, avec un simple geste du doigt, les gouttes de sang, tachant son sweat s'envolent par fine particule, se mêlant aux nuances de rouge du bitume. Encore plus beau. « Who are you sweetie ? »