Debout depuis facile 3h du matin, Leslie n'avait pas traîné pour se préparer à partir en mission avec Adriane et Alice, sa valise étant prête depuis la veille. Si l'idée de côtoyer Adriane ne l'enchantait qu'à moitié, être avec Alice promettait d'être assez folklorique. Et puis ça lui occuperait l'esprit pour ne pas penser au fiasco de la fête foraine...

Dès qu'elle fut prête, la magicienne sortit de sa chambre et alla rejoindre le hall, où elle fut rapidement rejointe par Adriane à qui elle adressa un signe de la tête. A 4h, c'est Alice qui les rejoignit en lançant :

On y va ? On a une grosse demi heure de route et l'avion va pas nous attendre. En route pour Rio les filles !

La magicienne esquissa un sourire et suivit la fille d'Hadès et celle d'Arès jusqu'à la voiture, se glissant sur le siège derrière Alice avant de somnoler jusqu'à l'aéroport. Quand elles arrivèrent, la magicienne fut la première à sortir, attrapant sa valise et sortant celles des filles avant de se diriger vers la douane, son passeport à la main. Elle ne put retenir un sourire quand Alice leur lança de nouveau :

Dites les filles, vous avez pensé à vos maillots de bains j'espère ? Parce qu'après les 10h de vols croyez moi que j'aurais qu'une envie c'est d'aller piquer une tête dans la piscine de l'hôtel ! D'autant qu'on arrivera en fin d'après-midi, alors le temps de prendre la voiture de location et d'aller jusqu'à la ville que Cyril nous a indiqué il sera déjà "tard". Alors autant commencer à enquêter que demain.

Très franchement, ce n'est pas ma priorité. On retrouve les autres et on se casse, répondit Adriane assez sèchement en présentant son passeport au douanier. Ce à quoi Leslie répondit :

Relax, Adriane, en arrivant tu seras bien contente de profiter de la piscine !

Elle alla ensuite en direction de l'avion, laissant sa valise prête à embarquer, et quand l'heure arriva elle monta à bord et rejoignit sa place bien tranquillement : c'était parti pour dix heures de vol.

Leslie a raison, et puis Adri, on ne pourra commencer le "boulot" que demain. Il sera trop tard. Les filles ? Pour contenter tout le monde je vous propose qu'une fois à l’hôtel, on s'installe tranquillement, qu'on se fasse une bonne bouffe et qu'on attende la nuit pour sortir. Les gangs avec qui l'escouade était censés faire du business on tout un réseau nocturne, on pourrait déjà observer discrètement ce qu'il s'y fait.

Leslie hocha la tête quant à la proposition d'Alice : ça lui permettrait de se remettre éventuellement du voyage, c'était la première fois qu'elle prenait l'avion et elle n'était pas spécialement rassurée pour le coup... Elle activa discrètement sa magie pour essayer de se détendre devant les films que proposait la compagnie, et contre toute attente réussit à s'endormir.

Quand elle se réveilla, l'avion coupait à peine les moteurs, aussi fut-elle légèrement en panique pour ramasser sa veste et toutes ses petites affaires avant de descendre de l'avion pour récupérer les valises et rejoindre la voiture de location, qui serait conduite par Alice. Quand elles arrivèrent à l'hôtel, Alice lança :

D'après le gps c'est ici, mwouais c'est sympa. Et j'ai vu une boite de nuit en arrivant. Bien sûr je compte y aller pour enquêter, car dans ce genre d'endroit on peut facilement trouver des petits dealeurs, et ils peuvent conduire aux fournisseurs et donc peut être les trafiquants qu'on recherche..

Ce à quoi Adriane répondit :

Alors je te préviens. On ne te perds pas de vue dans cette boîte. Il est hors de question de te rajouter à la liste des gens qu'on doit retrouver.

Là, pour une fois, je suis d'accord avec Adriane. J'ai pas non plus envie de devoir utiliser ma magie en public pour te retrouver, renchérit Leslie en attrapant les valises du coffre avant de suivre Alice jusqu'à leur chambre. Si on pouvait appeler ça une chambre : c'était immense, il y avait une vue sur la plage... Le paradis en somme.

Leslie posa sa valise à côté de son lit et s'étira pendant qu'Adriane se changeait avant de lancer :

Alors on y va ?

Ma foi, chais pas quelle heure il est mais j'ai pas encore totalement faim... Ceci dit, on peut aller faire un tour sur la plage avant d'aller manger, proposa la magicienne en s'asseyant en tailleur sur son lit. Et après manger, on ira faire un tour, mais juste le temps de glaner deux trois indices ok ?

Leslie ne broncha pas lorsqu'Alice répondit :

Alors déjà moi je vais sur la plage je confirme, on ira manger que d'ici une heure ou deux, fin moi en tout cas. Ça ne sert à rien d'y aller trop tôt. Le monde de la nuit ne s'ouvre que la nuit, logique.

Oui, sauf que Leslie n'était certainement pas une créature de la nuit. Et mine de rien, le jet lag se faisait sacrément ressentir, alors bon, s'il y avait moyen de rester tranquille... La magicienne n'allait pas cracher dessus.

Alice reprit, sans que Leslie ne sache réellement ce qu'elle faisait :

Hum... et je pense qu'après avoir bien mangé on aura même encore le temps de revenir ici prendre une douche, s'habiller, maquiller etc. Oui je sais ce que vous allez dire mais si on veut avoir des infos on peut en obtenir autrement qu'en arrivant tel des flics. Au pire vous savez quoi ? Si vous n'avez pas envie de faire comme moi ou que vous n'aimez pas mes méthodes, faites comme bon vous semble mais je vous demande juste de pas m'empêcher de faire à ma façon. D'accord ? Bon c'est pas tout ça mais je dois me faire un peu repérer avant ce soir ! Si on me cherche je suis sur la plage, d'ici une heure et demi je serais de retour dans la chambre et j'irai manger. A vous de voir ce que vous voulez faire.

Leslie grommela dans sa barbe alors que son amie s'en allait à la plage : la flemme de bouger l'avait décidément prise, et en plus elle n'aimait pas quand il y avait trop de monde. On sait jamais, sa magie pouvait s'activer un peu aléatoirement, alors quand on peut éviter un mouvement de foule... Et bon sang, qu'est-ce qu'elle rêvait de pouvoir piquer un somme là tout de suite ! Mais Adriane en décida autrement :

Tu veux aller à la plage ? Très peu pour moi. Je comptais aller voir les alentours, voir s'il y aurait des indices. Tu préfères quoi ?

Tant qu'il n'y a pas trop de monde ça devrait aller. J'peux toujours piquer un petit somme plus tard, je suppose, répondit Leslie en se redressant sur son lit. Et puis bon, on est toutes les deux majeures et vaccinées donc on est pas obligées de suivre Alice tout le temps... On devra la surveiller ce soir, c'est déjà pas mal. Tu veux commencer par où ?

Sans venir aider Leslie qui se relevait avec peine du lit, Adriane lui lança :

Et bien on pourrait commencer par les quartiers populaires, voir ce qu'ils nous disent là-bas, voir si certains ont vus des "gringos" se promener dans le coin. Qu'en dis-tu ?

Que je ne parle pas le portugais mais que ça m'étonnerait que "gringos" en soit, du portugais, répliqua Leslie en atterrissant au pied de son lit. Mais ouais, c'est une idée, les quartiers populaires. Par contre, je te préviens : on nous emmerde, on fonce dans le tas, ok ?

Elle claqua des doigts et en quelques secondes se retrouva habillée en pratique : pantalon fluide, T-shirt blanc et surtout, surtout, des baskets. Toujours pratiques, les baskets, pour courir en cas de besoin. Dès qu'elle fut prête, elle suivit Adriane et quitta l'hôtel avec elle à la recherche d'indices, après avoir laissé un petit mot à Alice comme quoi elles s'absentaient et reviendraient assez vite.

Elles arrivèrent assez vite aux quartiers populaires, et très vite, Leslie se sentit observée. Comme si quelqu'un les surveillait parce qu'elles étaient étrangères au quartier et qu'elles n'apporteraient que des problèmes. Sur ses gardes, la magicienne regarda autour d'elle avant de souffler :

On est clairement pas les bienvenues ici... Tu remarques quelque chose de particulier ou pas ? Faudrait pas qu'on rate Alice à l'hôtel si on doit aller dans le monde de la nuit ce soir...

Elle se tint prête à réagir en cas de besoin, bougeant les doigts pour faire croire que le vent s'était levé dans le quartier ; elle serait effectivement beaucoup mieux si elle n'avait pas à user de ses pouvoirs, mais des fois, pour calmer les gens, c'était assez efficace. Surtout quand on se sent en danger comme ça...

Du calme. On ne risque rien. Enfin je crois... Mais tout me paraît normal... Pas de traces de sang ou de cartels. Pas visibles en tous cas.

Leslie resta tendue malgré l'assurance d'Adriane, alors que cette dernière jetait un coup d'oeil à sa montre. Vivement qu'elles retournent à l'hôtel ne serait-ce que pour se sentir en sécurité et se remplir la panse après...

Alors qu'Adriane faisait demi-tour, suivie par Leslie toujours aux aguets, un homme dans la force de l'âge leur barra la route, affichant un air agressif, et leur lança dans un anglais de cuisine :

Vous n'avez rien à faire ici. Il n'y a rien pour les gens comme vous. Partez ou bien...

Là, la magicienne était prête à lui montrer qu'elle était capable de se défendre, mais Adriane en décida autrement et la prit par la main pour l'éloigner avec elle de l'endroit, alors que les habitants fermaient les volets et les portes à double tour et que l'homme vérifiait qu'elles s'éloignaient bien. Quand elle fut assurée de ne plus être dans son champ de vision, Leslie se retourna et lança un petit sortilège qui ricocha sur les poubelles du quartier, histoire de marquer les esprits, puis reporta son attention sur le chemin du retour qui se passa heureusement sans encombre.

Alors qu'elles s'approchaient de l'hôtel, Leslie demanda :

Bon, puisqu'on part en vadrouille ce soir, on prend de quoi se défendre ? Ou on y va les mains dans les poches ?

Elles arrivèrent rapidement à la chambre et Leslie fut presque soulagée de voir qu'Alice y était, aussi lui lança-t-elle :

Contente que tu sois revenue ! C'était bien ta vadrouille à la plage ? T'as pu avoir des infos ?

Elle lança un coup d’œil à Adriane avant de reprendre :

Au fait, faudrait peut-être pas trop tarder à manger avant de sortir ce soir, non ?

Alors j'ai fais un petite rencontre, un mec d'ici qui bosse pour un certain "Rico" et qui semble-t-il dirige un cartel dans le coin. D'après le sous-fifre que j'ai vu il est même le plus gros... mais après vous savez ce qu'on dit sur les mecs et la taille hein... Mais bref, ce soir je vais devoir jouer les bimbo à l'étage de la boite de nuit où nous voulions aller ! J'espère que c'est une vraie piste parce que même si me déhancher ne me dérange pas, perdre mon temps en revanche m'insupporte ! On a donc eu une bonne intuition en voulant y aller. Quant à partir manger ouais ouais, je me maquille et m'habille et après que vous soyez prête on peut y aller. Et sinon vous ça a été ? Vous avez eu des infos plus utiles que les miennes peut être ?

Alice avait répondu à la question de Leslie avec un peu trop d'enthousiasme au goût de la magicienne, qui n'en montra rien pour autant, se contentant de s'étirer avec attention tout en réfléchissant à la tenue qu'elle pouvait mettre et écoutant Adriane répondre :

Je ne sais pas... C'était... Etrange. On verra je suppose.

Là-dessus, Leslie se retrouva vêtue d'une espèce de tunique - robe noire par-dessus un legging de la même couleur, et chaussée d'une paire de talons noirs pas trop hauts : pratique pour pouvoir éventuellement se battre en cas de besoin. Dès que les trois femmes furent prêtes, elles partirent manger comme prévu.

Alors qu'Alice se dirigeait vers la piste de danse et Adriane vers le bar, Leslie se retrouva bien seule sur le coup, ne sachant pas trop où aller. Et cette foule... Instinctivement Leslie alla se mettre dans un coin, tranquillement, bien en vue d'Adriane quand même en cas de besoin - puisqu'Alice était suffisamment grande pour gérer la situation de son côté, à une table un peu à l'écart où elle fut rapidement importunée par de jeunes hommes - ou femmes, c'était un peu difficile de distinguer avec cette ambiance un peu sombre - qui fondaient sur elle comme des vautours sur une proie. Si au début elle fit preuve d'indifférence, elle finit par montrer de l'agacement et probablement un peu de l'étendue de ses pouvoirs, que les autres mirent sur le compte de l'alcool avant de s'éloigner. Vivement qu'elles se barrent de cet endroit...

Soudain, elle vit la silhouette d'Adriane bondir vers elle et lui lancer :

Regarde le type là-bas. C'est celui de tout à l'heure. Et je mettrai ma main à couper qu'il nous cachait quelque chose et qu'il en savait plus que ce qu'il ne voulait bien le dire. On le prend à part ?

Leslie mit quelques secondes à repérer l'inconnu qui les avait abordées quelques instants plus tôt, et un sourire se dessina sur son visage alors qu'elle répondait :

Avec plaisir. Tu veux que je l'emmène dehors ? C'est facile pour moi de me dissimuler...

D'un claquement de doigts elle fit apparaître un loup qui masqua son visage avant de se diriger vers l'inconnu, en espérant qu'il se laisserait séduire et qu'elle pourrait, une fois dehors, lui rappeler que c'est elle la patronne. Elle arriva avec détermination et sensualité - mon Dieu, elle se mettait à faire comme Alice - vers leur inconnu, qui remarqua tout de suite la jolie créature qui venait vers lui : en quelques instants, c'était plié, et Leslie l'emmena dehors, en espérant qu'Adriane intervienne rapidement pour faire l'interrogatoire dans les règles...

L'homme avait suivi Leslie jusque dehors, la demoiselle usant de ses charmes peu orthodoxes pour parvenir à ses fins, mais très vite elle sentit que la situation lui échappait un peu : à la base, elle voulait juste titiller la curiosité de l'homme, pas son appétit de prédateur...

Fort heureusement, Adriane intervint rapidement, justement alors que Leslie allait subir les assauts du Brésilien, lui permettant de se reculer pour se mettre en soutien et de se remettre un peu de ses émotions alors que la fille d'Arès mettait les points sur les i et les barres sur les t d'entrée de jeu en mettant son poignard sur la gorge du Brésilien :

Tu sais quelque chose. Tu en as vu d'autres comme nous. Tu as trois secondes pour nous dire ce que tu sais sinon, crois-moi, tu préféreras que je te tranche la gorge plutôt que d'avoir affaire à elle.

Leslie fit bouger légèrement ses doigts pour montrer de quoi elle était capable, faisant bouger le couvercle de la poubelle la plus proche, ce qui suffit au Brésilien pour balancer tout ce qu'il savait : effectivement, il avait vu des gens comme Adriane et Leslie, et qu'ils s'étaient mis à dos un gang reconnu pour ses mercenaires et autres joyeusetés du même genre. C'est alors que Leslie vit du coin de l’œil Alice couverte du sang et se tourna lorsque celle-ci lança :

Il dit vrai, le chef du gang en question se fait appeler "le tigre", et c'est un dur, selon Rico. Et je sais comment l'atteindre.

Bon, hé bien dans ce cas ne perdons pas de temps, répondit Leslie en regardant Adriane.

Il était temps d'accélérer la cadence, maintenant qu'elles avaient un objectif précis. Des vies étaient potentiellement en jeu, et si elles pouvaient éviter d'en perdre une ou deux au passage, ce serait préférable.