♛ discussion au muséee

ft. damon.

Il s'était réveillé tranquillement, et comme tout les matins il exécutait la même routine. Se laver, manger, se brosser les dents, partir au travail à pieds... Même si tout était similaire, ça ne dérangeait pas le demi-dieu le moins du monde. Après tout, quoi de plus sécuritaire que deux choses identiques ?
Ce jour là, tout semblait normal. Anubis marchait dans la rue en sortant de la petite boulangerie du coin de la rue, son sandwich bacon-salade-tomate-avocat en main. Il prenait si souvent la même chose que la boulangère -toujours la même- finissait par connaitre par coeur ce qu'il souhaitait. Parfois même, elle lui donnait une petite bouteille d'eau fraiche gratuitement avec ce plat. C'était toujours les meilleures journées. Ensuite, il traversait la rue et marchait paisiblement. Mais aujourd'hui, un groupe de six personnes tentèrent de le plaquer pour ... surement lui chaparder tout ce qu'il possédait, à savoir un sandwich, beaucoup d'argent, un iPhone X, et des vêtements. Mais, malgré tout, il gardait son calme impassible, un sourire un peu insolent aux lèvres. Il patienta un peu, observant leur très faible force, avant de leur montrer à chacun leur mort. Paniqués, ils décampèrent très rapidement sans demander de reste. En jetant un coup d'oeil autour de lui pour vérifier, sans trop s'en inquiéter, que personne ne l'avait vu. En l'occurrence, un homme semblait le regarder, comme intéressé. Surement un fou, pensa Anubis. Et ce n'était donc pas très grave, puisque voir ceci ne devait pas changer de sa vision folle du monde. Alors il partit, et se mit au travail.

Trois jours plus tard, il le revit, au musée. Anubis dépoussiérait quelques tombes ancestrales lorsqu'une voix retentit :

« Excusez-moi ? Bonjour. Je m’appelle Damon, je vous avais remarqué il y a quelques jours dans les rues de New-York et je voudrais discuter de quelques petites choses avec vous, si vous me le permettez. »

Un peu déconcerté, Anubis fronça les sourcils et toussa un peu dans son poing avant de déclarer :

« Mrff... Pardon. Enchanté, monsieur Damon. Je me nomme Anubis Amon-Rê, que puis-je faire pour vous ? »

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Damon répliqua :

« Intéressant comme nom, Anubis le dieu de la mort et Amon-Rê le dieu du soleil. Il y a quelque chose de presque oxymorique là-dedans. Vous venez d’Égypte du coup, assurément ? »

Il y avait quelque chose d'attirant, de sombre dans le jeune homme. C'est pourquoi Anubis, malgré son  scepticisme évident, répondit :

« Je viens d'Égypte, en effet. Vous avez l'air renseigné, vous vous intéressez à ce pays ? »

Damon dégageait une aura de confiance, ainsi Anubis lui prêta la sienne. Et au fond, il savait bien qu'il y avait quelque chose, mais quoi ?

« Je crois que nos regards se sont croisés il y a quelques jours, et j’aimerais vous faire part de quelques réflexions que j’ai eues. J’aimerais aller droit au but, je sais que vous êtes un demi-dieu. J’en suis un moi aussi, et j’aimerais discuter avec vous de l’état du monde mythologique. Vous êtes au courant de la situation actuelle ? »

Et il était là. Anubis semblait perplexe, suspect, sceptique, tous les adjectifs auraient pu coller à cette situation. Donc cet inconnu, qu'il venait de rencontrer et à qui pourtant il faisait confiance, était en réalité un demi-dieu, tout comme lui. Mais alors... Il y avait tant de questions dans sa tête, et pourtant il n'y en avait aucune. Après tout, de la manière dont il le disait, tout semblait clair, parfaitement limpide. Anubis lança alors :

« La situation actuelle ? Non, pas vraiment. Je préfère rester en dehors de tout ça, mais il y a bien la Résistance, dont personne ne connait grand chose, et la Colonie, c'est exact ? Personnellement je connais mon statut de demi-dieu -fils de Moros- mais je préfère ne pas m'impliquer là dedans. Mais que diriez vous d'aller ailleurs pour parler de tout cela ? Je doute que les Mortels soient au courant de ce genre de choses. »

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Damon arborait toujours un petit sourire, tandis qu'Anubis se forçait à avoir l'air le plus impassible possible, s'obligeait à garder un visage de marbre, lisse de toute émotion. L'inconnu répondit :

-Je m’intéresse à un peu tout, à vrai dire. L’Egypte a toujours retenu une attention particulière de ma part, cependant. Je trouve sa culture tout simplement fascinante.

Un érudit, donc. Cela fit faire au fils de Moros un léger sourire. Cet homme l'intéressait de plus en plus, il était ... raffiné, intelligent, curieux. Étrange, c'est rare les gens comme ça ces temps-ci. Anubis hocha la tête, laissant la conversation continuer. Damon ajouta alors :

-Tout comme cet endroit d’ailleurs. C’est amusant, j’ai souvent visité ce musée sans vous y avoir aperçu, nous avons dû nous manquer. À l’occasion, il faudrait que vous me fassiez faire une petite visite, je serais bien curieux d’en apprendre plus.

Anubis lui répondit :

-Oui, bien sûr, je serai ravi de vous y aider !

Ensuite, les deux hommes se rendirent au restaurant du musée, ne parlant pas durant le court trajet. Arrivés à l'endroit, Damon lui demanda comment le fils de Moros prenait son café, ce à quoi il répondit noir mais avec trois sucres. En effet, il ne buvait de café que pour se donner un style, et comme le goût de ce dernier lui était déplaisant, il mettait toujours du sucre pour le rendre plus doux. Et enfin, la conversation commença vraiment. L'homme déclara :

-Vous êtes rares, vous qui ne désirez pas prendre part aux conflits en cours. Je trouve ça louable de votre part. Ce n’est pas toujours facile de rester neutre dans des conflits idéologiques comme celui-ci. Mais avant d’aborder des sujets aussi lourds, j’aimerais en savoir un peu plus sur vous. Le pouvoir que vous avez utilisé l’autre jour semblait intéressant. Vous êtes fils de Moros, c’est ça ? Je suis curieux quant à vos pouvoirs.

-Je suis d'accord. Et quant à mes pouvoirs...

Tout d'abord, il commença par se rendre invisible, restant néanmoins bien assis à sa place. Il continua :

-Pas très original... Mais utile. Et ensuite, j'aurais aimé directement vous montrer le deuxième mais je ne pense pas que vous auriez apprécié. Je peux montrer leur mort aux gens en posant ma main sur une partie de leur corps, surtout la nuque. Qu'en pensez-vous ?

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Anubis avait toujours adoré le goût des plats de ce restaurant, ce dernier toujours prêt à surprendre le demi-dieu. Chacune des saveurs était si... Particulière, individuelle ? Bref, il appréciait son breuvage, Damon semblait faire de même. Après lui avoir montré son premier pouvoir et expliquer le deuxième, l'homme rétorqua :

Approprié pour le dieu de la mort fatidique. C’est un pouvoir très intéressant. Ça me mène à ma prochaine question. Que diriez-vous de mettre ce pouvoir au service d’une grande cause ? Voyez-vous, je fais partie de la résistance. Nous avons la conviction de pouvoir changer le monde, de le rendre un endroit meilleur. Nous avons besoin de jeunes gens comme vous pour nous aider à porter le flambeau du changement, et votre puissance nous serait des plus utiles.

La Résistance...?, dit-il. Étrange question. Elle était si attirante, si bien qu'il hésita à dire "oui" directement. Non, il fallait se ressaisir, il devait avoir été payé pour faire ça. Mais après tout, quoi de mal avec ça ? Leurs idéaux semblaient bon, il avait tout de même besoin de temps. Damon parlait si bien, si bien qu'il avait failli le convaincre en quelques secondes. Anubis reprit : C'est intéressant, très intéressant même... Mais je ne sais pas, j'ai peur de trop m'impliquer et que cela me fasse souffrir et puis... J'aime ma neutralité.

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Damon acquiesça. Normalement, c'était Anubis qui menait les conversations, qui manipulait tout le monde. Mais aujourd'hui, en cet instant, c'était cet inconnu charismatique qui menait la danse comme un père qui allait l'éduquer dans l'art de la manipulation. Et pourtant, Anubis était comme sa marionnette, s'il lui avait dit d'aller à la Colonie peut-être et surement l'aurait-il écouté. Mais pour la Résistance, c'était plus compliqué. Plus de routine, trop de dangers, trop de dangers, la mort. Et ça, ce n'était pas possible. Ça ne pouvait tout simplement pas arriver. D'un autre côté, comme il allait le dire plus tard, la Résistance offrait une protection qui ne pouvait pas se refuser.
C’est respectable, louable même. Mais ne pensez-vous pas que la neutralité est ennuyante parfois ? La résistance vous offrirait un cadre, un support. Être notre allié peut être très profitable, et nous aurions sincèrement besoin de gens comme vous. Et je sais pas, ne vous sentez-vous pas concernés par les injustices qui secouent le monde mythologique ? Je sais que moi oui.

J'aime beaucoup ma routine, même si elle est toujours la même. J'aime aussi ma neutralité, même si,
comme vous le dites, elle est parfois et souvent ennuyante. Néanmoins, est-ce que l'ennui ne fait pas partie de notre vie ? Est-ce qu'elle n'aide pas à imaginer ? Mais comme vous le dites, cette injustice est parfois... révoltante.

Au fond, il savait qu'il avait tort. Mais serait-il prêt à sacrifier sa chère routine pour ce Damon ?

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Damon esquissa un sourire. Qu'avait-il en tête ? Surement quelque chose, mais il était illisible, impossible à déchiffrer, comme un livre ouvert écrit avec des symboles. C'est soudain que sortit de ses lèvres le discours le plus convainquant jamais entendu par le fils de Moros.

L’ennui ne peut être apprécié que si notre vie a ses moments d’excitation. Et la résistance n’empièterait pas complètement sur votre vie, au contraire. Elle ne ferait au pire que la complimenter. Vous pourriez découvrir des endroits nouveaux, des nouveaux aspects de vous, rencontrer des personnes intéressantes. J’ai tellement appris sur moi-même durant ces dernières cinq années passées à la résistance, vous n’avez pas idée. En faire partie m’a poussé à devenir une meilleure personne. Et puis, elle vous remplit d’un but, elle vous offre un cadre à respecter. Vous aimez les habitudes, la sécurité d’un cadre. La résistance peut vous donner ça.


Anubis resta sans mots, bouche bée, accroché aux phrases si éloquentes du Résistant. Il bredouilla alors :

Oui... Oui, enfin vous avez entièrement raison. C'est..., il s'arrêta, se gratta le crâne et continua, je voudrai bien, c'est évident. Mais serait-il possible de garder ma neutralité en n'effectuant que quelques missions ponctuelles avec la résistance si cette dernière m'appelle ? Ou si je viens à vous bien sur.

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ft. damon.

Nous ne sommes pas difficiles. Une main qui se veut aidante ne peut être refusée. Si cela signifie que vous nous viendrez en aide de temps à autre, sans nous trahir pour l’alliance cela va sans dire, alors vous êtes le bienvenu pour établir toutes les conditions que vous voulez.

Anubis ne pouvait mentir, il était attiré par l’idée d’une grande cause à servir. Il se sentait souvent perdu dans ce pays nouveau, l’Egypte lui manquait, il était seul sans sa famille et sans amis. Il avait trouvé un peu de réconfort dans ce musée dans lequel il travaillait, motivé par sa passion pour la culture Égyptienne. Mais il se sentait tout de même vide, limité, il lui manquait quelque chose. Peut-être qu’aider la résistance était ce qui lui manquait. Il ne risquait pas grand-chose à les aider de temps à autre, et il était curieux de découvrir le monde mythologique, qu’il ne connaissait qu’à peine.

Du coin de l’œil, il aperçut son superviseur qui semblait le chercher. Il en avait presque oublié qu’il était supposé travailler. Il se tourna vers Damon avec un sourire et lui écrit son numéro de téléphone sur un bout de papier.

J’en serais ravi. Si vous voulez bien m’excuser, je crois que le devoir m’appelle, mais j’ai beaucoup aimé notre petite discussion, c’est toujours un plaisir de rencontrer d’autres demi-dieux. Au plaisir de vous recroiser, n’hésitez pas à m’appeler si vous avez besoin d’aide.

Il s’avanca pour serrer la main de Damon avant de retourner travailler.