Grogner. Al ne peut pas s'empêcher de grogner légèrement alors qu'il est forcé de suivre un satyre en direction du bureau de Chiron, se demandant ce que le centaure lui veut. Être arraché à son entraînement l'ayant déjà mis de mauvaise humeur, surtout par CE satyre... Le même qui l'a amené au camp presque trois ans plus tôt. Cela dit, s'il n'approuve pas vraiment le fait que Chiron l'empêche de quitter le camp soi-disant pour sa protection, il ne peut pas s'empêcher de le respecter... Peut être à cause de ses souvenirs des "ordres" de ses parents concernant le respect des personnes âgées... A moins que ce soit tout simplement le fait que le vieux centaure a formé des guerriers parmi les plus grands de ce monde depuis des siècles... Et a littéralement demandé à être maudit avec le don d'immortalité jusqu'à ce qu'il ne soit plus utile. Vivre pour toujours ? Voir les personnes qu'on aime le plus pourrir littéralement par la morsure du temps, puis disparaître alors qu'on ne change jamais, demeurant le même pendant plusieurs siècles, tout ça pour pouvoir en plus entraîner des jeunes qui ne sont pas toujours reconnaissants envers son travail ? Rien que pour cela, Algol ne peut pas s'empêcher de respecter l'entraîneur de héros, en dépit de sa haine envers ce mot. C'est pour ça et uniquement pour ça qu'il n'a pas envoyé bouler le satyre et a suivit ce dernier vers a grande maison en espérant cependant que le vieux centaure a une bonne raison d'avoir troublé son entraînement. Alors que le gardien tappe à la porte, il ne peut pas s'empêcher de fermer les yeux, essayer d'enterrer sa colère tandis que le visage de... Cet homme recommence à tourner dans son esprit, le narguant comme d'habitude, chose qui lui fait serrer les poings jusqu'à ressentir une douleur cuisante qui le trouble à peine. Bientôt... Ou bientôt... Il n'a cependant pas le temps d'y penser d'avantage : la porte s'ouvre et la pièce derrière lui arrive aux yeux. Et la première pensé lui arrivant entête est simple :
****Qu'est ce que...****
Le bureau est plus ou moins bien ordonné, avec juste quelques dossiers rangés un peu à la va-vite, dont six posés sur la table derrière laquelle le centaure barbu est assis, son corps chevalin caché dans son fauteuil roulant. Mais ce qui attire le plus son regard est l'enfant assis de l'autre côté. Un petit brun... Quoi qu'actuellement, son corps tout entier, cheveux compris soit recouvert de farine. Légèrement joufflu, le petit garçon ne doit pas avoir plus de six ans et à force de se creuser la tête, Al finit par reconnaître un de ses demi-frères : Carter... Carter comment déjà ? Ah oui... Evans... Un enfant qu'il connait de nom. Cependant, ses souvenirs sur le garçon sont assez confus. Il se souvient en effet que les autres enfants d'Hécate évitent généralement Carter comme la peste. Il n'a jamais demandé pourquoi, s'en moquant même totalement au final, mais par moments, il n'a jamais pu s'empêcher de ressentir une légère curiosité. Cependant, voir le garçon dans cet état lui apprend immédiatement que ce dernier a du faire une bêtise... Surtout lorsqu'il voit le visage de Chiron, habituellement souriant fixer Carter d'un air sévère.
"Euh... Maître Chiron ? Vous... Vous vouliez me voir ?"
"Maître"... Encore une stupide habitude, même si le centaure mérite bien ça. Cependant, cette idée disparaît en flammes lorsque le centaure lui indique que pour la sixième fois, l'enfant a fait une bêtise, ravageant la cuisine... Et ce, après avoir manqué dé détruire la forge, tout ça pour... Des bonbons ? Un bref instant, Al peut sentir son oeil droit tiquer légèrement, sensation augmente encore plus lorsque le centaure lui précise que du coup, le petit garçon va désormais devoir être surveillé de près... Et lui demande de le faire personnellement ce qui lui arrache une grimace hurlant mentalement :
****Il... Il est sérieux là ?! C'est une blague ?!****
Lui, surveiller un enfant ? Non seulement il n'a vraiment pas le temps, mais en plus, il est loin d'être le meilleur exemple ! Son coeur se met à battre fortement, même s'il parvient à garder son visage complètement glacial et il murmure plus ou moins calmement, gardant sa voix la plus froide possible :
"Ma-maître Chiron... Vous... Vous êtes sérieux ?!"
Apparemment oui... Et la première idée qui vient à l'esprit d'Algol est que le centaure est peut être allé voir ses cousins et a du trop pioché dans l'un des tonneaux de vins de la tribu. Lui ? Garder un enfant ?! C'est à peine s'il est capable de prendre soin de lui-même ! Et en plus, sa vengeance est top importante pour qu'il perde du temps à prendre soin d'un petit garçon ! Sa colère explose brutalement, mais il se contente de serrer fortement les poings, son respect pour le centaure chutant dangereusement : encore une tentative pour qu'il oublie ?! Jamais ! Cette idée en tête, il inspire profondément, essayant de rester calme même si ses poings se serrent à nouveau fortement et il murmure d'un ton égal, essayant de cacher sa rage :
"Chiron... Pourquoi moi ? Je suis pas... Le meilleur exemple du camp. Carter a d'autres frères et soeurs qui sont beaucoup plus... Talentueux que moi à ce niveau."
A l'évidence, le fait qu'il ne considère pas les autres enfants d'Hécate comme sa famille a légèrement irrité le centaure à en juger par la très légère pointe de colère et... De déception qu'il peut d'un coup voir dans le regard de ce dernier. Mais il s'en moque complètement : outre le fait que le mot "famille" ne veut pas dire grand chose pour les dieux et donc, pour lui non plus. Déjà que c'est à peine s'il daigne approcher ses cousins et demi frères/soeurs pour les repas, préférant généralement rester seul. Cela dit, l'entraîneur n'a pas l'air décidé à en démordre, lui donnant quelques raisons qui ne font que renforcer sa colère, même s'il n'ose pas la montrer : déjà qu'il se sent toujours surveillé par moments... Ce n'est pas en plus le moment que Chiron se mette à croire qu'il complote quelque chose...
"Je n'ai pas le temps pour ça... Mais je suppose que si je... Si je le fait pas, je vais vous avoir le dos pour la prochaine semaine, pas v-vrai ?"
Ce n'était apparemment pas la bonne chose à dire à en juger par la franche colère qu'il voit d'un coup dans le regard marron habituellement beaucoup plus calme de l'entraîneur, ce qui lui apprend qu'il va certainement regretter son insolence plus tard. Mais pour le moment, il s'en moque totalement, sa propre colère grognant en lui, si bien qu'il se contente de soupirer avant de tourner son regard vers Carter, essayant de prendre un air plus gentil et murmurant froidement :
Bon... Faudrait déjà retirer cette farine, petit frère... Tu viens ?"